Titre : Le Moniteur de la Lozère : journal d'annonces
Auteur : Union républicaine (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Mende)
Date d'édition : 1871-02-26
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328188053
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 février 1871 26 février 1871
Description : 1871/02/26 (A8,N9). 1871/02/26 (A8,N9).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG48 Collection numérique : BIPFPIG48
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t53546532f
Source : Archives départementales de la Lozère, 1 PER 204
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/09/2023
■OHITEUR DE LA LOZÈRE
JOURNAL DE L'UNION ET DE LA DÉFENSE NATIONALE.
prix d'abonnement :
Mende . un an, 10 fr. ; six mois, 5 fr. 50 o. ; trois mois, 3 fr. ; dans
le département, un an, 11 fr. ; six'mois, 6 fr. ; trois mois, 3 fr.
50 o. ; hors du département : un an , 12 fr. ; six mois, 6 fr. 50 c. ;
trois mois, M. HA.VAS, rue Jean-Jacques-Rousseau , 3 , et MM. LAFFITTE ,
BULLIER et C1", place de la Bourse, 8, sont seuls chargés, à Paris,
de recevoir les annonces pour le Moniteur de la Lozère.
8rac ANNÉE — N° 9
Dimanch.©, 36 février 1871.
prix DES insertions :
Annonce» judiciaires, 20 c. la ligne; diverses, 25 c. ; réclames, 30
c. — Le prix des insertions peu être exigé à l'avance.
Les annonces ordinaires doivent être remises le jeudi avant midi. Si
les annonces sont longues ou si elles présentent des difficultés d'exé¬
cution , l'imprimeur se réserve de demander le temps qu'il jugera
nécessaire pour faire la planche.
On s'abonne ; chez M°* Veuve Camille IGNON, à Mende ; DALLO
à Marvejots ; LOMBARD, à Florac.
Mende, le 26 février 1871.
DISCOURS
Prononcé par M. Thiers, chef du pouvoir exécutif de la
République Française, à la séance de l'Assemblée Natio¬
nale du 19 février 187 i.
Messieurs,
Je dois, avant toutes choses, vous remercier ,
non pas du fardeau accablant dont vous venez
de me charger, mais du témoignage de confiance
que vous m'avez donné dans la journée d'avant-
hier. Quoique effrayé de la tâche difficile, péril¬
leuse et surtout douloureuse qui m'est imposée ,
je n'ai éprouvé qu'un sentiment, un seul, celui
de l'obéissance, immédiate, absolue, à la volonté
du pays (Très-bien ! ) qui doit être d'autant plus
obéi, d'autant mieux servi, d'autant plus aimé
qu'il est plus malheureux. (Oui! oui! — vive
adhésion. )
Hélas ! oui, il est malheureux plus qu'il ne le
fût à aucune époque de son histoire, si vaste, si
accidentée, si glorieuse, où on le voit tant de fois
précipité dans un abîme d'infortune, pour remon¬
ter tout à coup au faîte de la puissance et de la
gloire, (Mouvement.) et ayant constamment la
main dans tout de qui a été fait de grand, de
beau, d'utile à l'humanité ! (Nouveau mouve¬
ment. — Oui ! oui ! C'est vrai ! )
Il est malheureux, sans doute, mais il reste
l'un des pays les plus grands, les plus puissants
de la terre, toujours ferme, fier, inépuisable en
ressources, toujours héroïque surtout, témoin
cette longue résistance de Paris qui demeurera
l'un des monuments de la constance et de l'éner¬
gie humaines ! ("Vif élan d'adhésion.)
Plein de confiance dans les puissantes facultés
de notre chère patrie, je me rends sans hésitation,
sans calcul, à la volonté nationale par vous ex¬
primée, et me voici, à votre appel, à vos ordres ,
si je puis dire, prêta vous obéir, avec une ré¬
serve toutefois, celle de vous résister si, entraînés
par un sentiment généreux mais irréfléchi, vous
me demandiez ce que la sagesse politique con¬
damnerait, comme je le fis il y a 8 mois, lorsque
je me levai soudainementpour résister aux entraî¬
nements funestes qui devaient nous conduire à
une guerre désastreuse. (Sensation.)
Dans l'intérêt de l'unité d'action, vous m'avez
laissé le choix de mes collègues; je les ai choisis
sans autre motif de préférence que l'estime publi¬
que universellement accordée à leur caractère, à
leur capacité; et je les ai pris, non pas dans l'un
des partis qui nous divisent, mais dans tous,
comme a fait le pays lui-même en vous donnant
ses votes, et en faisant figurer souvent sur la
même liste les personnages les plus divers, les
plus opposés en apparence, mais unis par le pa¬
triotisme, les lumières et la communauté des
bonnes intentions. (Très-bien ! très-bien !)
Permettez-moi de vous énumérer les noms ,
les attributions des collègues qui ont bien voulu
me prêter leur concours :
M. Dufaure, ministre de la justice ;
M. Jules Favre, ministre des affaires étran¬
gères ;
M. Picard, ministre de l'intérieur;
M. Jules Simon, ministre de l'instruction pu¬
blique ;
M. de Larcy, ministre des travaux publics ;
M. Lambrecht, ministre du commerce;
■ M. le général LeFlô, ministre de la guerre ;
M. l'amiral Pothuau, ministre de la marine;
Dans celte énumération manque le nom du
ministre des finances. Le choix est déjà arrêté
dans la pensée du conseil; mais l'honorable mem¬
bre auquel seraattribué ce département n'étant
point encore à Bordeaux, je n'ai pas cru devoir
livrer son nom à la publicité.
Yous avez remarqué sans doute que je ne me
suis chargé d'aucun département ministériel,
afin d'avoir plus de temps pour amener à une
même pensée, entourer d'une même vigilance
toutes les parties du gouvernement de la France.
Sans vous apporter aujourd'hui un programme
de gouvernement, cequiesttoujours un peu vain,
je me permettrai de vous présenter quelques ré¬
flexions sur cette pensée d'union qui me dirige,
et de laquelle je voudrais faire sortir la reconsti¬
tution actuelle de notre pays.
Dansune société prospère, régulièrementcons-
tituée , cédant paisiblement, sans secousse, au
progrès des esprits, chaque parti représente un
système politique, et les réunir tous dans une
même administration, ce serait, en opposant
des tendances contraires qui s'annuleraient réci-
proquementou se combattraient, ce serait aboutir
à l'inertie ou au conflit.
Mais, hélas ! une société régulièrement cons¬
tituée, cédant doucement au progrès des esprits,
est-ce là notre situation? (Mouvement.)
La France, précipitée dans une guerre sans
motif sérieux, sans préparation suffisante, a vu
unemoitiéde son sol envahie, son armée détruite,
sa belleorganisation brisée, sa vieille et puissante
unité compromise, ses finances ébranlées, la plus
grande partie de ses enfants arrachés au travail
pour aller mourir sur les champs de bataille, l'or¬
dre profondément troublé par une subite appa¬
rition de l'anarchie, et, après la reddition forcée
de Paris, la guerre suspendue pour quelques
jours seulement, et prête à renaître si un gouver¬
nement estimé de l'Europe, acceptant courageu¬
sement le pouvoir, prenant sur lui la responsabi¬
lité de négociations douloureuses, ne vient met¬
tre un terme à d'effroyables calamités !
En présence d'un pareil état de choses, y a-t-il
peut-il y avoir deux politiques ! Et, au contraire,
n'y en a-t-il pas une seule , forcée , nécessaire ,
urgente, consistant à faire cesser le plus promp-
temeht possible les maux qui nous accablent !
Quelqu'un pourrait-il soutenir qu'il ne faut
paslcplustôt, le plus complètement possible, faire
cesser l'occupation étrangère, au moyen d'une
paix courageusement débattue et qui ne sera
acceptée que si elle est honorable? (Très-bien !
très-bien ! — Applaudissements sur plusieurs
bancs. )
Débarrasser nos campagnes de l'ennemi qui
les foule et les dévore; rappeler des prisons
étrangères nos soldats, nos officiers, nos généraux
prisonniers, reconstituer avec eux une armée
disciplinée et vaillante; rétablir l'ordre troublé ;
remplacer ensuite et sur le champ les administra¬
teurs démissionnaires ou indignes, reformer par
l'élection nos conseils généraux, nos conseils
municipaux dissous (très-bien ! très-bien!) ; re¬
constituer aussi notre administration désorga¬
nisée; faire cesser des dépenses ruineuses; rele¬
ver sinon nos finances, ce qui ne saurait être
l'œuvre d'un jour, du moins notre crédit, moyen
unique de faire face à des engagements pressants;
renvoyer aux champs, aux ateliers, nos mobiles,
nos mobilisés; rouvrir les routes interceptées,
relever les ponts détruits, faire renaître ainsi le
travail partout suspendu, le travail, qui peut seul
procurer le moyen de vivre a nos ouvriers, à nos
paysans ! (oui ! oui ! très-bien ! )
Y a-t-il quelqu'un qui pourrait nous dire qu'il
y a quelque chose de plus pressant que tout cela?
et y aurait-il, par exemple, quelqu'un ici qui
oserait discuter savamment des articles de cons¬
titution, pendant que nos prisonniers expirent de
misère clans des contrées lointaines ou pendant
que nos populations mourantes de faim sont
obligées de livrer aux soldats étrangers le dernier
morceau de pain qui leur reste? (sensation
marquée.)
Non, non, messieurs,pacifier, réorganiser, rele¬
ver lecré lit, ranimer le travail, voilà la seule politi¬
que possible et même concevable en ce moment.
A celle-là, tout homme sensé, honnête, éclairé,
quoi qu'il pense sur la monarchie ou sur la
république, peut travailler utilement dignement,
et n'y eût-il travaillé qu'un an, six mois, il pourra
rentrer dans le sein de la patrie le front haut, la
conscience satisfaite. (Très-bien ! très-bien ! )
Ah ! sans doute, lorsque nous aurons rendu à
notre pays les services pressants que je viens
d'énumé^er, quand nous aurons relevé du sol où
il gît le noble blessé qu'on appelle la France,
quand nous aurons fermé ses plaies, ranimé ses
forces, nous le rendrons à lui-même , et, rétabli
alors, ayant recouvré la liberté de ses esprits, il
verra comment il veut vivre. (Vive approbation.)
Quand cette œuvre de réparation sera terminée,
et elle ne saurait être bien longue, le temps de
discuter, de peser les théories de gouvernement,
sera venu ; et ce ne sera plus un temps dérobé au
salut du pays. Déjà un peu éloignés des souffran¬
ces d'une révolution, nous aurons retrouvé notre
sang froid ; ayant opéré notre reconstitution sous
le gouvernement de la république, nous pourrons
prononcer en connaissance de cause sur nos des¬
tinées, etcejugementseraprononcé, non par une
minorité, mais par la majorité des citoyens,
c'est-à-dire par la volonté nationale elle-même.
(Nouvelle approbation.)
Telle est la seule politique possible, nécessaire,
adaptée aux circonstances douloureuses où nous
nous trouvons. C'est celle à laquelle mes hono¬
rables collègues sont prêts à dévouer leurs fa¬
cultés éprouvées ; c'est celle à laquelle pour ma
part, malgré l'âge et les fatigues d'une longue vie,
je suis prêt à consacrer les forces qui me restent,
sans calcul, sans autre ambition, je vous l'assure,
que celle d'attirer sur mes derniers jours, les
regrets de mes concitoyens (mouvement sympa¬
thique. — Vifs applaudissements) ; et permettez-
moi d'ajouter, sans même être assuré, après le
plus complet dévouement, d'obtenir justice pour
mes efforts. Mais, n'importe, devant le pays qui
souffre, qui périt, toute considération personnelle
serait impardonnable.
Unissons-nous, messieurs, et disons-nous bien
qu'en nous montrant capables de concorde et de
sagesse, nous obtiendrons l'estime de l'Europe,
avec son estime sur concours, déplus le respect
de l'ennemi lui-même, et ce sera la plus grande
force que vous puissiez donner a vos négociateurs
pour défendre les intérêts de la France dans les
graves négociations qui vont s'ouvrir.
Sachez donc renvoyer à un terme qui ne sau¬
rait être bien éloigné les divergences dé princi¬
pes qui nous ont divisés, qui nous diviseront peut-
être encore ; mais n'y revenons que lorsque ces
divergences, résultat, je le sais, des convictions
sincères, ne seront plus un attentat contre l'exis¬
tence et le salut du pays. (Bravos prolongés et
double salve d'applaudissement.)
Pour copie conforme :
Pour le Préfet de la Lozère :
Le secrétaire général ,
Louis JOURDAN.
JOURNAL DE L'UNION ET DE LA DÉFENSE NATIONALE.
prix d'abonnement :
Mende . un an, 10 fr. ; six mois, 5 fr. 50 o. ; trois mois, 3 fr. ; dans
le département, un an, 11 fr. ; six'mois, 6 fr. ; trois mois, 3 fr.
50 o. ; hors du département : un an , 12 fr. ; six mois, 6 fr. 50 c. ;
trois mois,
BULLIER et C1", place de la Bourse, 8, sont seuls chargés, à Paris,
de recevoir les annonces pour le Moniteur de la Lozère.
8rac ANNÉE — N° 9
Dimanch.©, 36 février 1871.
prix DES insertions :
Annonce» judiciaires, 20 c. la ligne; diverses, 25 c. ; réclames, 30
c. — Le prix des insertions peu être exigé à l'avance.
Les annonces ordinaires doivent être remises le jeudi avant midi. Si
les annonces sont longues ou si elles présentent des difficultés d'exé¬
cution , l'imprimeur se réserve de demander le temps qu'il jugera
nécessaire pour faire la planche.
On s'abonne ; chez M°* Veuve Camille IGNON, à Mende ; DALLO
à Marvejots ; LOMBARD, à Florac.
Mende, le 26 février 1871.
DISCOURS
Prononcé par M. Thiers, chef du pouvoir exécutif de la
République Française, à la séance de l'Assemblée Natio¬
nale du 19 février 187 i.
Messieurs,
Je dois, avant toutes choses, vous remercier ,
non pas du fardeau accablant dont vous venez
de me charger, mais du témoignage de confiance
que vous m'avez donné dans la journée d'avant-
hier. Quoique effrayé de la tâche difficile, péril¬
leuse et surtout douloureuse qui m'est imposée ,
je n'ai éprouvé qu'un sentiment, un seul, celui
de l'obéissance, immédiate, absolue, à la volonté
du pays (Très-bien ! ) qui doit être d'autant plus
obéi, d'autant mieux servi, d'autant plus aimé
qu'il est plus malheureux. (Oui! oui! — vive
adhésion. )
Hélas ! oui, il est malheureux plus qu'il ne le
fût à aucune époque de son histoire, si vaste, si
accidentée, si glorieuse, où on le voit tant de fois
précipité dans un abîme d'infortune, pour remon¬
ter tout à coup au faîte de la puissance et de la
gloire, (Mouvement.) et ayant constamment la
main dans tout de qui a été fait de grand, de
beau, d'utile à l'humanité ! (Nouveau mouve¬
ment. — Oui ! oui ! C'est vrai ! )
Il est malheureux, sans doute, mais il reste
l'un des pays les plus grands, les plus puissants
de la terre, toujours ferme, fier, inépuisable en
ressources, toujours héroïque surtout, témoin
cette longue résistance de Paris qui demeurera
l'un des monuments de la constance et de l'éner¬
gie humaines ! ("Vif élan d'adhésion.)
Plein de confiance dans les puissantes facultés
de notre chère patrie, je me rends sans hésitation,
sans calcul, à la volonté nationale par vous ex¬
primée, et me voici, à votre appel, à vos ordres ,
si je puis dire, prêta vous obéir, avec une ré¬
serve toutefois, celle de vous résister si, entraînés
par un sentiment généreux mais irréfléchi, vous
me demandiez ce que la sagesse politique con¬
damnerait, comme je le fis il y a 8 mois, lorsque
je me levai soudainementpour résister aux entraî¬
nements funestes qui devaient nous conduire à
une guerre désastreuse. (Sensation.)
Dans l'intérêt de l'unité d'action, vous m'avez
laissé le choix de mes collègues; je les ai choisis
sans autre motif de préférence que l'estime publi¬
que universellement accordée à leur caractère, à
leur capacité; et je les ai pris, non pas dans l'un
des partis qui nous divisent, mais dans tous,
comme a fait le pays lui-même en vous donnant
ses votes, et en faisant figurer souvent sur la
même liste les personnages les plus divers, les
plus opposés en apparence, mais unis par le pa¬
triotisme, les lumières et la communauté des
bonnes intentions. (Très-bien ! très-bien !)
Permettez-moi de vous énumérer les noms ,
les attributions des collègues qui ont bien voulu
me prêter leur concours :
M. Dufaure, ministre de la justice ;
M. Jules Favre, ministre des affaires étran¬
gères ;
M. Picard, ministre de l'intérieur;
M. Jules Simon, ministre de l'instruction pu¬
blique ;
M. de Larcy, ministre des travaux publics ;
M. Lambrecht, ministre du commerce;
■ M. le général LeFlô, ministre de la guerre ;
M. l'amiral Pothuau, ministre de la marine;
Dans celte énumération manque le nom du
ministre des finances. Le choix est déjà arrêté
dans la pensée du conseil; mais l'honorable mem¬
bre auquel seraattribué ce département n'étant
point encore à Bordeaux, je n'ai pas cru devoir
livrer son nom à la publicité.
Yous avez remarqué sans doute que je ne me
suis chargé d'aucun département ministériel,
afin d'avoir plus de temps pour amener à une
même pensée, entourer d'une même vigilance
toutes les parties du gouvernement de la France.
Sans vous apporter aujourd'hui un programme
de gouvernement, cequiesttoujours un peu vain,
je me permettrai de vous présenter quelques ré¬
flexions sur cette pensée d'union qui me dirige,
et de laquelle je voudrais faire sortir la reconsti¬
tution actuelle de notre pays.
Dansune société prospère, régulièrementcons-
tituée , cédant paisiblement, sans secousse, au
progrès des esprits, chaque parti représente un
système politique, et les réunir tous dans une
même administration, ce serait, en opposant
des tendances contraires qui s'annuleraient réci-
proquementou se combattraient, ce serait aboutir
à l'inertie ou au conflit.
Mais, hélas ! une société régulièrement cons¬
tituée, cédant doucement au progrès des esprits,
est-ce là notre situation? (Mouvement.)
La France, précipitée dans une guerre sans
motif sérieux, sans préparation suffisante, a vu
unemoitiéde son sol envahie, son armée détruite,
sa belleorganisation brisée, sa vieille et puissante
unité compromise, ses finances ébranlées, la plus
grande partie de ses enfants arrachés au travail
pour aller mourir sur les champs de bataille, l'or¬
dre profondément troublé par une subite appa¬
rition de l'anarchie, et, après la reddition forcée
de Paris, la guerre suspendue pour quelques
jours seulement, et prête à renaître si un gouver¬
nement estimé de l'Europe, acceptant courageu¬
sement le pouvoir, prenant sur lui la responsabi¬
lité de négociations douloureuses, ne vient met¬
tre un terme à d'effroyables calamités !
En présence d'un pareil état de choses, y a-t-il
peut-il y avoir deux politiques ! Et, au contraire,
n'y en a-t-il pas une seule , forcée , nécessaire ,
urgente, consistant à faire cesser le plus promp-
temeht possible les maux qui nous accablent !
Quelqu'un pourrait-il soutenir qu'il ne faut
paslcplustôt, le plus complètement possible, faire
cesser l'occupation étrangère, au moyen d'une
paix courageusement débattue et qui ne sera
acceptée que si elle est honorable? (Très-bien !
très-bien ! — Applaudissements sur plusieurs
bancs. )
Débarrasser nos campagnes de l'ennemi qui
les foule et les dévore; rappeler des prisons
étrangères nos soldats, nos officiers, nos généraux
prisonniers, reconstituer avec eux une armée
disciplinée et vaillante; rétablir l'ordre troublé ;
remplacer ensuite et sur le champ les administra¬
teurs démissionnaires ou indignes, reformer par
l'élection nos conseils généraux, nos conseils
municipaux dissous (très-bien ! très-bien!) ; re¬
constituer aussi notre administration désorga¬
nisée; faire cesser des dépenses ruineuses; rele¬
ver sinon nos finances, ce qui ne saurait être
l'œuvre d'un jour, du moins notre crédit, moyen
unique de faire face à des engagements pressants;
renvoyer aux champs, aux ateliers, nos mobiles,
nos mobilisés; rouvrir les routes interceptées,
relever les ponts détruits, faire renaître ainsi le
travail partout suspendu, le travail, qui peut seul
procurer le moyen de vivre a nos ouvriers, à nos
paysans ! (oui ! oui ! très-bien ! )
Y a-t-il quelqu'un qui pourrait nous dire qu'il
y a quelque chose de plus pressant que tout cela?
et y aurait-il, par exemple, quelqu'un ici qui
oserait discuter savamment des articles de cons¬
titution, pendant que nos prisonniers expirent de
misère clans des contrées lointaines ou pendant
que nos populations mourantes de faim sont
obligées de livrer aux soldats étrangers le dernier
morceau de pain qui leur reste? (sensation
marquée.)
Non, non, messieurs,pacifier, réorganiser, rele¬
ver lecré lit, ranimer le travail, voilà la seule politi¬
que possible et même concevable en ce moment.
A celle-là, tout homme sensé, honnête, éclairé,
quoi qu'il pense sur la monarchie ou sur la
république, peut travailler utilement dignement,
et n'y eût-il travaillé qu'un an, six mois, il pourra
rentrer dans le sein de la patrie le front haut, la
conscience satisfaite. (Très-bien ! très-bien ! )
Ah ! sans doute, lorsque nous aurons rendu à
notre pays les services pressants que je viens
d'énumé^er, quand nous aurons relevé du sol où
il gît le noble blessé qu'on appelle la France,
quand nous aurons fermé ses plaies, ranimé ses
forces, nous le rendrons à lui-même , et, rétabli
alors, ayant recouvré la liberté de ses esprits, il
verra comment il veut vivre. (Vive approbation.)
Quand cette œuvre de réparation sera terminée,
et elle ne saurait être bien longue, le temps de
discuter, de peser les théories de gouvernement,
sera venu ; et ce ne sera plus un temps dérobé au
salut du pays. Déjà un peu éloignés des souffran¬
ces d'une révolution, nous aurons retrouvé notre
sang froid ; ayant opéré notre reconstitution sous
le gouvernement de la république, nous pourrons
prononcer en connaissance de cause sur nos des¬
tinées, etcejugementseraprononcé, non par une
minorité, mais par la majorité des citoyens,
c'est-à-dire par la volonté nationale elle-même.
(Nouvelle approbation.)
Telle est la seule politique possible, nécessaire,
adaptée aux circonstances douloureuses où nous
nous trouvons. C'est celle à laquelle mes hono¬
rables collègues sont prêts à dévouer leurs fa¬
cultés éprouvées ; c'est celle à laquelle pour ma
part, malgré l'âge et les fatigues d'une longue vie,
je suis prêt à consacrer les forces qui me restent,
sans calcul, sans autre ambition, je vous l'assure,
que celle d'attirer sur mes derniers jours, les
regrets de mes concitoyens (mouvement sympa¬
thique. — Vifs applaudissements) ; et permettez-
moi d'ajouter, sans même être assuré, après le
plus complet dévouement, d'obtenir justice pour
mes efforts. Mais, n'importe, devant le pays qui
souffre, qui périt, toute considération personnelle
serait impardonnable.
Unissons-nous, messieurs, et disons-nous bien
qu'en nous montrant capables de concorde et de
sagesse, nous obtiendrons l'estime de l'Europe,
avec son estime sur concours, déplus le respect
de l'ennemi lui-même, et ce sera la plus grande
force que vous puissiez donner a vos négociateurs
pour défendre les intérêts de la France dans les
graves négociations qui vont s'ouvrir.
Sachez donc renvoyer à un terme qui ne sau¬
rait être bien éloigné les divergences dé princi¬
pes qui nous ont divisés, qui nous diviseront peut-
être encore ; mais n'y revenons que lorsque ces
divergences, résultat, je le sais, des convictions
sincères, ne seront plus un attentat contre l'exis¬
tence et le salut du pays. (Bravos prolongés et
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