Titre : Le Moniteur de la Lozère : journal d'annonces
Auteur : Union républicaine (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Mende)
Date d'édition : 1872-02-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328188053
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 février 1872 25 février 1872
Description : 1872/02/25 (A9,N8). 1872/02/25 (A9,N8).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG48 Collection numérique : BIPFPIG48
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t53546237g
Source : Archives départementales de la Lozère, 1 PER 204
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/09/2023
LOZÈRE
JOURNAL DE L'UNION RÉPUBLICAINE.
I>IUX I) AUONNKMENT :
Mende : un an, 10 fr. ; six mois, 5 fr. 50 c.; trois mois, 3 fr. ; dans
le département . un an , 11 fr. ; six mois, 6 ; trois mois, 3 fr.
50 c. ; hors du département ; un an, 12 fr. ; six mois, 6 fr. 50 c. ;
trois mois, 4 fr. — Chaque exemplaire séparé , 25 c.
IIAVAS , rue Jean-Jacques-Rousseau , • 3 , et MM. LAFFITfÉ ,
BULLIER et C1', place do la Bourse, 8, sont seuls chargés, à Paris,
de recevoir les annonces pour le Moniteur de la Lozère.
9m" ANNÉE
N° 8
Dimancîie, 25 février* 1872,
PRIX DES INSERTIONS :
Annonce., judiciaires, 20 c. la ligne; diverses. 25 c. ; réclames, 30
c. — Le prix des insertions peut être exigé à l'avance.
Les annonces ordinaires doivent être remises le jeudi avant midi. Si
les annonces sont longues ou si elles présentent des difficultés d'exé¬
cution , l'imprimeur se réserve de demander le temps qu'il jugera
nécessaire pour faire la planche.
On s'abonne: chez M"' Veuve Camille IG1SON, à Mende ; DALLO,
à Marvejols ; LOMBARD, à Florac.
Mende, le 25 février 1872.
L'Assemblée nationale a décidé
qu'à l'avenir cc tous les rôles, cotes,
quittances et autres pièces officielles,
relatifs aux impôts nouveaux, et aux
augmentations d'impôts anciens, né¬
cessités par la guerre contre la
Prusse, porteront en caractères ap¬
parents la mention suivante :
cc Frais de guerre contre la Prusse,
déclarée -par Napoléon 111, 1870-
1871. »
Cette mention fera-t-elle com¬
prendre aux électeurs incrédules
que les rois et les empereurs ne
sont institués que pour faire tuer les
gens ou leur faire payer des impôts ?
Si on en est encore à chercher une preuve
de la décadence de l'idée monarchique, il faut
voir les efforts désespérés de ses partisans pour
la mettre hors des atteintes de la critique, pour
l'élever au-dessus des lois du raisonnement et
de la raison, au rang des dogmes qui ne se
discutent pas. L'Union ne s'inquiète pas de
savoir si M. le comte de Chambord a quelques
chances humaines d'être couronné roi de
France à Notre-Dame, elle ne se demande pas
s'il possède pour parvenir l'une au moins de
ces deux choses essentielles : ou bien un pro¬
gramme politique qui correspond au sentiment
général du pays, ou bien des hommes de main
et de tête , prêts à braver les derniers périls
et capables de subjuguer la souveraineté natio¬
nale; non , l'Union annonce avec certitude la
venue prochaine de celui qu'elle nomme déjà
Henri V , parce qu'elle reconnaît en lui tous
les traits distinctifs d'un second et vrai messie.
C'est dans un style de prophète que le journal
de la légitimité annonce au monde ce prochain
avènement. Quelques députés de la droite sont
allés soumettre à M. de Chambord un pro¬
gramme de monarchie constitutionnelle ; il
s'agit bien de discuter des constitutions avec
l'envoyé direct de la Providence! « Ces Mes¬
sieurs voudraient prendre leur précautions,
dit l'Union , avant de consentir aux destins
nouveaux qui doivent s'accomplir; on dirait
qu'ils demandent des garanties à la Provi¬
dence. » Et ailleurs ; « A moins que nous ne
soyons condamnés dans les plans divins — et
nous ne le croyons pas, dit l'Union — il y a
dans la mission que la conscience humaine
donne à Henri V la certitude même de son
avènement. Nous découvrons en lui tous les
caractères d'un royal prédestiné. » Ces quel¬
ques citations donnent une idée exacte de l'état
d'esprit dans lequel se trouvent actuellement
les adeptes de la légitimité, et l'on peut ici
loucher du doigt les progrès de la décadence
et de l'irrémédiable corruption de l'idée mo¬
narchique.
Plus la monarchie semble condamnée chez
les hommes , plus ses vrais et fidèles partisans
s'efforcent de lui faire une admirable place
dans les nuages. Plus le principe de la monar¬
chie a été discuté et reconnu faux par l'expé¬
rience moderne , plus ses dévoués serviteurs
s'efforcent de l'élever au-dessus de toutes les
conditions de la politique. Il n'y a pas à dis¬
cuter avec le roi. Les légitimistes les plus purs
ne sauraient sans sacrilège soumettre leurs
respectueuses observations à celui qu'ils appel¬
lent de leurs vœux. Le prince légitime est
comme l'incarnation miraculeuse de nous ne
savons quel droit spécial à toutes les constitu¬
tions , à toutes les lois humaines. Nous n'exa¬
minerons pas ce que cette théorie de la royauté
porte en elle de garantie, de périls, de mé¬
pris souverain pour les peuples et pour les
particuliers. Il suffit à notre instruction de
constater cette progression croissante dei'infa-
tualion des rois et de leurs prophètes , et de
reconnaître que cet orgueil a chez les uns et les
autres le mérite de la plus absolue sincérité.
L'Union n'est pas d'un caractère à renouveler
les flatteries des rhéteurs sceptiques qui com¬
paraient , sans y croire , leurs Césars aux
dieux. Ce que dit l'Union , elle le croit ;
c'est une doctrine chez elle , c'est plus ,
c'est une religion , religion nouvelle qui ne
se trouve nulie part chez les anciens docteurs
du droit monarchique , mais religion néces¬
saire , formée el développée sons les coups
successifs des révolutions modernes. Aussi
longtemps que la royaulé a paru d'accord avec
le sentiment national , les législateurs et les
historiens de la monarchie n'ont pas songé à la
représenter comme l'expression d'une Provi¬
dence invisible; et comme ils n'avaient pas
besoin de cet expédient, il ne se présentait
même pas à leur esprit. Les temps sont chan¬
gés. La monarchie n'a plus rien de conforme
avec le génie, les mœurs , les besoins des con¬
temporains. Elle a subi des défaites si com¬
plètes et se complétant toutes les unes les autres
jusqu'à un tel degré d'anéantissement, que
les croyants eux-mêmes n'y peuvent pas croire.
C'est alors que le dogme du droit divin appa¬
raît , se précise, se développe à mesure que
disparaît la réalité monarchique et finit par
revêtir les formes du mysticisme et de la lé¬
gende que nous lui voyons aujourd'hui dans
l'Union.
On dirait une mythologie qui commence,
un paganisme nouveau qui naît dans le monde,
enveloppé de tous les nuages du style et de la
pensée. La personne de M. le comte de Cham¬
bord n'est pas seulement en principe « insé¬
parable de l'idée même de la justice, » elle est
en fait désirée, attendue, appelée « parles
âmes les plus pures sur toute la surface de la
terre. » C'est bien, on le voit, un nouveau
messie qui va naître et qui fait à notre pays la
grâce de le choisir pour son royaume. « L'Eu¬
rope sent qu'elle a besoin d'Henri' V ; » et à
part M. de Bismark « qui écarte la restauration
du roi, parce qu'elle serait la restauration de
la France, » à part le gouvernement italien
« qui a trop violé le droit pour désirer le
triomphe du droit parmi nous , » à part aussi
l'Espagne sans doute, que le prophète oublie
de nommer, « les divers Etats européens ne
comprennent pour la France d'autre solution
que l'intronisation » du roi légitime. On ne
voit pas bien quels peuvent être ces divers
Etats de l'Europe suspendus à la fortune de M.
le comte de Chambord , lorsqu'on en a excepté
l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et la France;
mais le raisonnement, les faits, les mœurs,
l'histoire, vont se défigurer de plus en plus dans
cette fable déjà si complète et qui ne com¬
mence qu'à naître.
Nous espérons qu'elle restera inoffensive ,
nous l'espérons pour l'honneur et le salut de
l'esprit français; il peut être bon de se rappeler
toutefois qu'il y a des fables terribles et que la
plupart du temps les peuples ne se sont égorgés
que pour des fantômes. La raison humaine a
subi dès éclipses qu'il a fallu des siècles de la¬
beurs studieux et de guerres, pour parvenir à
dissiper. Si la République française devait
disparaître aujourd'hui , au milieu d'on ne
sait quelles convulsions nul ne peut promet¬
tre que le génie français survivra à la lutte.
L'intégrité de notre indépendance et de notre
esprit a sans doute échappé jusqu'à présent à
bien des crises, et c'est le propre de notre
nature de ne pas apercevoir au milieu des évé¬
nements compliqués, l'issue souvent facile qui
s'ouvre à quelques pas devant nous; on attend
avec un effroi mêlé de vanité des catastrophes
telles que les hommes n'en auront jamais
souffertes de semblables ; puis tout se déroule
et se dénoue et confond nos calculs. Cette ex¬
périence souvent renouvelée peut amener cer¬
tains hommes à traiter légèrement les périls
qui accompagneraient tout attentat contre la
République. La France, disent-ils, supportera
bien une révolution de plus , et nous aurons
fondé à ce prix une monarchie définitive, dont
l'avenir nous saura-gré ; impie et dangereux
calcul qui peut être confondu tout aussi bien
que"'ces autres calculs dont nous parlions tout
à l'heure ! Il y a six mois vous vous êtes cru
perdus et vous avez été sauvés; tout vous pa¬
raissait impossible et tout vous a réussi ; mais,
hommes sans prévoyance, par un effet sem¬
blable , tout pourrait vous être impossible au
moment où vous croiriez trop facile. Il y a un
jour où les peuples qui ont supporté le plus de
révolutions deviennent par cela même, inca¬
pables de surmonter la dernière. C'est le der¬
nier effort qui semble à lui seul briser les
jambes et mettre à bas une monture trop fati¬
guée ; et lorsqu'il s'agit d'un peuple, d'un peu-
pie dont nul ne connaît la provision de forces,
dont personne n'a mesuré l'élasticité, lorsqu'il
s'agit de la patrie , ose-t-on bien proposer de
faire sur elle cette expérience, qu'on appelle ,
sans savoir ce qu'on dit, la dernière !
H. Dépassé. (Avenir national.)
Le Temps, après avoir démontré l'impuis¬
sance des divers partis monarchistes dans l'As¬
semblée , ajoute :
Malheureusement, si la République a la
force négative qui provient de l'impuissance de
ses adversaires, elle manque de force positive,
en reste au provisoire, ose à peine s'affirmer.
Et cependant il faudra bien qu'elle s'affirme le
jour où il sera démontré qu'il ne nous reste
plus qu'elle et que sa cause se confond avec
celle du pays et de la société.
Ce jour dont parle le Temps, où la Répu¬
blique doit s'affirmer, n'est-il pas arrivé? Faut-
il attendre que le pays , fatigué des agitations
et des incertitudes qui depuis six mois énervent
tout le monde , n'ait même plus la force d'une
affirmation quelconque ?
Le conseil municipal de Paris a décidé , le
18 février , à une majorité de 10 voix , que
désormais les écoles primaires nouvelles, dont
il déciderait la création , seraient confiées ex¬
clusivement à des instituteurs laïques.
Nous lisons dans l'Avenir National la dé¬
pêche suivante :
Il paraît se confirmer que toutes les frac¬
tions de la droite sont d'accord pour signer le
programme des 80. On compte ainsi réunir
environ 200 voix. On ajoute que le centre
droit n'a pas signé ce programme, mais qu'il a
envoyé une lettre d'adhésion remarquablement
écrite. On compte réunir environ de ce côté ,
150 voix, ce qui, d'après des espérances
exprimées par la droite, ferait un total de 350
à 400 voix acquises au programme.
Le comte de Chambord est toujours à An¬
vers. Plusieurs députés sont allés lui rendre
visite, mais aucune députation n'a été officiel¬
lement envoyée auprès de lui.
Les princes d'Orléans n'ont pas signé la
lettre d'adhésion du centre droit, mais on
assure qu'ils ont activement engagés leurs
amis à la signer.
On dit que la gauche républicaine ne fera
pas de programme, mais qu'elle répondra aux
affirmations monarchiques de la droite en pré¬
sentant des projets de loi tendant à la consoli¬
dation de la République, tels que le renouvel¬
lement partiel de l'Assemblée, la création de
deux Chambres et la présidence à vie.
On télégraphie de Versailles à l'Agence
Eavas :
Versailles, le 19 février.
Le centre gauche s'est réuni aujourd'hui à
midi pour une délibération qu'on dit très-
importante.
On assure que, si l'entente de la droite et du
centre droit se confirme, le centre gauche
prendrait l'initiative de propositions constitu¬
tionnelles.
La lettre d'adhésion du centre droit affirme
les points suivants :
Monarchie traditionnelle et parlementaire ;
Responsabilité des ministres ;
Etablissement de deux Chambres ;
Liberté civile, politique et religieuse.
Cette lettre déclare aussi que le centre droit
n'entend nullement renverser l'état de choses
provisoire fondé à Bordeaux et veut seulement
être prêt pour l'éventualité d'une crise.
La gauche républicaine s'est réunie hier à
Paris.
M. Cochin, préfet de Seine-et-Oise, est
atteint d'une fluxion de poitrine.
Une réunion de généraux a eu lieu samedi,
chez M. Thiers, on s'y est occupé de diverses
questions militaires.
Les nominations de M. Berthemy à "Was¬
hington, du vice-amiral Laroncière à Rome,
de M. de Saint-Féréol à Athènes, de M. de
Gabriac à Stockholm, et de M. Fournier à
Copenhague, sont considérées comme très-
probables.
L'élection des questeurs de l'Assemblée aura
lieu demain.
L'autorité a arrêté la vente d'un certain
nombre de brochures, la plupart bonapartistes,
quelques-unes radicales.
Le principe de la République est tous les
jours de plus en plus nettement affirmé par
les hommes qui s'inquiètent du possible et
non de la réussite d'une intrigue. Voici com¬
ment s'exprime l'Opinion nationale :
La République, c'est-à-dire le gouverne¬
ment exclusivement fondé sur la volonté
nationale, sur le principe des majorités, pur
de tout compromis, de toute transaction plus ou
moins bâtarde avec le principe d'hérédité, est
le seul gouvernement fort et durable que nous
puissions espérer aujourd'hui. .
Et maintenant que les monarchistes de toute
couleur baragnonnant à leur aide les plus
savantes intrigues ! Ils peuvent, hélas ! agiter,
troubler le pays, l'exposer aux discordes civi¬
les, à l'invasion étrangère, au démembrement.
Mais ils ne restaureront point le principe d'hé¬
rédité, à jamais ruiné dans les esprits et les
consciences.
La loi sur le service militaire est à l'étude
daus les bureaux de l'Assemblée ; le jour
de sa discussion, en séance générale, approche.
C'est la jeunesse, qui, la première, est in¬
téressée à cette loi : Il est naturel qu'elle vienne,
en une forme légale, exprimer son sentiment.
Avec celte pensée, se sont réunis plusieurs
étudiants des Facultés de Paris: ils ont cons¬
titué une Commission d'initiative. Us propo¬
sent aujourd'hui à toute la jeunesse française
de signer une pétition.
A MM. les Membres de l'Assemblée.
Messieurs,
Nous, soussignés, avons l'honneur de de¬
mander à l'Assemblée, qu'il lui plaise d'établir,
pour tous, sans exception, le service militaire
obligatoire.
ASSEMBLEE NATIONALE.
Séance du 19 février 1872.
Présidence de M, dûtes Grévy.
La séance est ouverte à deux heures et
demie.
Lecture du procès-verbal.
Rectification de M. de Tiliancourt.
Réorganisation du conseil d'Etat.
L'ordre du'jour appelle la première délibé-
JOURNAL DE L'UNION RÉPUBLICAINE.
I>IUX I) AUONNKMENT :
Mende : un an, 10 fr. ; six mois, 5 fr. 50 c.; trois mois, 3 fr. ; dans
le département . un an , 11 fr. ; six mois, 6 ; trois mois, 3 fr.
50 c. ; hors du département ; un an, 12 fr. ; six mois, 6 fr. 50 c. ;
trois mois, 4 fr. — Chaque exemplaire séparé , 25 c.
IIAVAS , rue Jean-Jacques-Rousseau , • 3 , et MM. LAFFITfÉ ,
BULLIER et C1', place do la Bourse, 8, sont seuls chargés, à Paris,
de recevoir les annonces pour le Moniteur de la Lozère.
9m" ANNÉE
N° 8
Dimancîie, 25 février* 1872,
PRIX DES INSERTIONS :
Annonce., judiciaires, 20 c. la ligne; diverses. 25 c. ; réclames, 30
c. — Le prix des insertions peut être exigé à l'avance.
Les annonces ordinaires doivent être remises le jeudi avant midi. Si
les annonces sont longues ou si elles présentent des difficultés d'exé¬
cution , l'imprimeur se réserve de demander le temps qu'il jugera
nécessaire pour faire la planche.
On s'abonne: chez M"' Veuve Camille IG1SON, à Mende ; DALLO,
à Marvejols ; LOMBARD, à Florac.
Mende, le 25 février 1872.
L'Assemblée nationale a décidé
qu'à l'avenir cc tous les rôles, cotes,
quittances et autres pièces officielles,
relatifs aux impôts nouveaux, et aux
augmentations d'impôts anciens, né¬
cessités par la guerre contre la
Prusse, porteront en caractères ap¬
parents la mention suivante :
cc Frais de guerre contre la Prusse,
déclarée -par Napoléon 111, 1870-
1871. »
Cette mention fera-t-elle com¬
prendre aux électeurs incrédules
que les rois et les empereurs ne
sont institués que pour faire tuer les
gens ou leur faire payer des impôts ?
Si on en est encore à chercher une preuve
de la décadence de l'idée monarchique, il faut
voir les efforts désespérés de ses partisans pour
la mettre hors des atteintes de la critique, pour
l'élever au-dessus des lois du raisonnement et
de la raison, au rang des dogmes qui ne se
discutent pas. L'Union ne s'inquiète pas de
savoir si M. le comte de Chambord a quelques
chances humaines d'être couronné roi de
France à Notre-Dame, elle ne se demande pas
s'il possède pour parvenir l'une au moins de
ces deux choses essentielles : ou bien un pro¬
gramme politique qui correspond au sentiment
général du pays, ou bien des hommes de main
et de tête , prêts à braver les derniers périls
et capables de subjuguer la souveraineté natio¬
nale; non , l'Union annonce avec certitude la
venue prochaine de celui qu'elle nomme déjà
Henri V , parce qu'elle reconnaît en lui tous
les traits distinctifs d'un second et vrai messie.
C'est dans un style de prophète que le journal
de la légitimité annonce au monde ce prochain
avènement. Quelques députés de la droite sont
allés soumettre à M. de Chambord un pro¬
gramme de monarchie constitutionnelle ; il
s'agit bien de discuter des constitutions avec
l'envoyé direct de la Providence! « Ces Mes¬
sieurs voudraient prendre leur précautions,
dit l'Union , avant de consentir aux destins
nouveaux qui doivent s'accomplir; on dirait
qu'ils demandent des garanties à la Provi¬
dence. » Et ailleurs ; « A moins que nous ne
soyons condamnés dans les plans divins — et
nous ne le croyons pas, dit l'Union — il y a
dans la mission que la conscience humaine
donne à Henri V la certitude même de son
avènement. Nous découvrons en lui tous les
caractères d'un royal prédestiné. » Ces quel¬
ques citations donnent une idée exacte de l'état
d'esprit dans lequel se trouvent actuellement
les adeptes de la légitimité, et l'on peut ici
loucher du doigt les progrès de la décadence
et de l'irrémédiable corruption de l'idée mo¬
narchique.
Plus la monarchie semble condamnée chez
les hommes , plus ses vrais et fidèles partisans
s'efforcent de lui faire une admirable place
dans les nuages. Plus le principe de la monar¬
chie a été discuté et reconnu faux par l'expé¬
rience moderne , plus ses dévoués serviteurs
s'efforcent de l'élever au-dessus de toutes les
conditions de la politique. Il n'y a pas à dis¬
cuter avec le roi. Les légitimistes les plus purs
ne sauraient sans sacrilège soumettre leurs
respectueuses observations à celui qu'ils appel¬
lent de leurs vœux. Le prince légitime est
comme l'incarnation miraculeuse de nous ne
savons quel droit spécial à toutes les constitu¬
tions , à toutes les lois humaines. Nous n'exa¬
minerons pas ce que cette théorie de la royauté
porte en elle de garantie, de périls, de mé¬
pris souverain pour les peuples et pour les
particuliers. Il suffit à notre instruction de
constater cette progression croissante dei'infa-
tualion des rois et de leurs prophètes , et de
reconnaître que cet orgueil a chez les uns et les
autres le mérite de la plus absolue sincérité.
L'Union n'est pas d'un caractère à renouveler
les flatteries des rhéteurs sceptiques qui com¬
paraient , sans y croire , leurs Césars aux
dieux. Ce que dit l'Union , elle le croit ;
c'est une doctrine chez elle , c'est plus ,
c'est une religion , religion nouvelle qui ne
se trouve nulie part chez les anciens docteurs
du droit monarchique , mais religion néces¬
saire , formée el développée sons les coups
successifs des révolutions modernes. Aussi
longtemps que la royaulé a paru d'accord avec
le sentiment national , les législateurs et les
historiens de la monarchie n'ont pas songé à la
représenter comme l'expression d'une Provi¬
dence invisible; et comme ils n'avaient pas
besoin de cet expédient, il ne se présentait
même pas à leur esprit. Les temps sont chan¬
gés. La monarchie n'a plus rien de conforme
avec le génie, les mœurs , les besoins des con¬
temporains. Elle a subi des défaites si com¬
plètes et se complétant toutes les unes les autres
jusqu'à un tel degré d'anéantissement, que
les croyants eux-mêmes n'y peuvent pas croire.
C'est alors que le dogme du droit divin appa¬
raît , se précise, se développe à mesure que
disparaît la réalité monarchique et finit par
revêtir les formes du mysticisme et de la lé¬
gende que nous lui voyons aujourd'hui dans
l'Union.
On dirait une mythologie qui commence,
un paganisme nouveau qui naît dans le monde,
enveloppé de tous les nuages du style et de la
pensée. La personne de M. le comte de Cham¬
bord n'est pas seulement en principe « insé¬
parable de l'idée même de la justice, » elle est
en fait désirée, attendue, appelée « parles
âmes les plus pures sur toute la surface de la
terre. » C'est bien, on le voit, un nouveau
messie qui va naître et qui fait à notre pays la
grâce de le choisir pour son royaume. « L'Eu¬
rope sent qu'elle a besoin d'Henri' V ; » et à
part M. de Bismark « qui écarte la restauration
du roi, parce qu'elle serait la restauration de
la France, » à part le gouvernement italien
« qui a trop violé le droit pour désirer le
triomphe du droit parmi nous , » à part aussi
l'Espagne sans doute, que le prophète oublie
de nommer, « les divers Etats européens ne
comprennent pour la France d'autre solution
que l'intronisation » du roi légitime. On ne
voit pas bien quels peuvent être ces divers
Etats de l'Europe suspendus à la fortune de M.
le comte de Chambord , lorsqu'on en a excepté
l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et la France;
mais le raisonnement, les faits, les mœurs,
l'histoire, vont se défigurer de plus en plus dans
cette fable déjà si complète et qui ne com¬
mence qu'à naître.
Nous espérons qu'elle restera inoffensive ,
nous l'espérons pour l'honneur et le salut de
l'esprit français; il peut être bon de se rappeler
toutefois qu'il y a des fables terribles et que la
plupart du temps les peuples ne se sont égorgés
que pour des fantômes. La raison humaine a
subi dès éclipses qu'il a fallu des siècles de la¬
beurs studieux et de guerres, pour parvenir à
dissiper. Si la République française devait
disparaître aujourd'hui , au milieu d'on ne
sait quelles convulsions nul ne peut promet¬
tre que le génie français survivra à la lutte.
L'intégrité de notre indépendance et de notre
esprit a sans doute échappé jusqu'à présent à
bien des crises, et c'est le propre de notre
nature de ne pas apercevoir au milieu des évé¬
nements compliqués, l'issue souvent facile qui
s'ouvre à quelques pas devant nous; on attend
avec un effroi mêlé de vanité des catastrophes
telles que les hommes n'en auront jamais
souffertes de semblables ; puis tout se déroule
et se dénoue et confond nos calculs. Cette ex¬
périence souvent renouvelée peut amener cer¬
tains hommes à traiter légèrement les périls
qui accompagneraient tout attentat contre la
République. La France, disent-ils, supportera
bien une révolution de plus , et nous aurons
fondé à ce prix une monarchie définitive, dont
l'avenir nous saura-gré ; impie et dangereux
calcul qui peut être confondu tout aussi bien
que"'ces autres calculs dont nous parlions tout
à l'heure ! Il y a six mois vous vous êtes cru
perdus et vous avez été sauvés; tout vous pa¬
raissait impossible et tout vous a réussi ; mais,
hommes sans prévoyance, par un effet sem¬
blable , tout pourrait vous être impossible au
moment où vous croiriez trop facile. Il y a un
jour où les peuples qui ont supporté le plus de
révolutions deviennent par cela même, inca¬
pables de surmonter la dernière. C'est le der¬
nier effort qui semble à lui seul briser les
jambes et mettre à bas une monture trop fati¬
guée ; et lorsqu'il s'agit d'un peuple, d'un peu-
pie dont nul ne connaît la provision de forces,
dont personne n'a mesuré l'élasticité, lorsqu'il
s'agit de la patrie , ose-t-on bien proposer de
faire sur elle cette expérience, qu'on appelle ,
sans savoir ce qu'on dit, la dernière !
H. Dépassé. (Avenir national.)
Le Temps, après avoir démontré l'impuis¬
sance des divers partis monarchistes dans l'As¬
semblée , ajoute :
Malheureusement, si la République a la
force négative qui provient de l'impuissance de
ses adversaires, elle manque de force positive,
en reste au provisoire, ose à peine s'affirmer.
Et cependant il faudra bien qu'elle s'affirme le
jour où il sera démontré qu'il ne nous reste
plus qu'elle et que sa cause se confond avec
celle du pays et de la société.
Ce jour dont parle le Temps, où la Répu¬
blique doit s'affirmer, n'est-il pas arrivé? Faut-
il attendre que le pays , fatigué des agitations
et des incertitudes qui depuis six mois énervent
tout le monde , n'ait même plus la force d'une
affirmation quelconque ?
Le conseil municipal de Paris a décidé , le
18 février , à une majorité de 10 voix , que
désormais les écoles primaires nouvelles, dont
il déciderait la création , seraient confiées ex¬
clusivement à des instituteurs laïques.
Nous lisons dans l'Avenir National la dé¬
pêche suivante :
Il paraît se confirmer que toutes les frac¬
tions de la droite sont d'accord pour signer le
programme des 80. On compte ainsi réunir
environ 200 voix. On ajoute que le centre
droit n'a pas signé ce programme, mais qu'il a
envoyé une lettre d'adhésion remarquablement
écrite. On compte réunir environ de ce côté ,
150 voix, ce qui, d'après des espérances
exprimées par la droite, ferait un total de 350
à 400 voix acquises au programme.
Le comte de Chambord est toujours à An¬
vers. Plusieurs députés sont allés lui rendre
visite, mais aucune députation n'a été officiel¬
lement envoyée auprès de lui.
Les princes d'Orléans n'ont pas signé la
lettre d'adhésion du centre droit, mais on
assure qu'ils ont activement engagés leurs
amis à la signer.
On dit que la gauche républicaine ne fera
pas de programme, mais qu'elle répondra aux
affirmations monarchiques de la droite en pré¬
sentant des projets de loi tendant à la consoli¬
dation de la République, tels que le renouvel¬
lement partiel de l'Assemblée, la création de
deux Chambres et la présidence à vie.
On télégraphie de Versailles à l'Agence
Eavas :
Versailles, le 19 février.
Le centre gauche s'est réuni aujourd'hui à
midi pour une délibération qu'on dit très-
importante.
On assure que, si l'entente de la droite et du
centre droit se confirme, le centre gauche
prendrait l'initiative de propositions constitu¬
tionnelles.
La lettre d'adhésion du centre droit affirme
les points suivants :
Monarchie traditionnelle et parlementaire ;
Responsabilité des ministres ;
Etablissement de deux Chambres ;
Liberté civile, politique et religieuse.
Cette lettre déclare aussi que le centre droit
n'entend nullement renverser l'état de choses
provisoire fondé à Bordeaux et veut seulement
être prêt pour l'éventualité d'une crise.
La gauche républicaine s'est réunie hier à
Paris.
M. Cochin, préfet de Seine-et-Oise, est
atteint d'une fluxion de poitrine.
Une réunion de généraux a eu lieu samedi,
chez M. Thiers, on s'y est occupé de diverses
questions militaires.
Les nominations de M. Berthemy à "Was¬
hington, du vice-amiral Laroncière à Rome,
de M. de Saint-Féréol à Athènes, de M. de
Gabriac à Stockholm, et de M. Fournier à
Copenhague, sont considérées comme très-
probables.
L'élection des questeurs de l'Assemblée aura
lieu demain.
L'autorité a arrêté la vente d'un certain
nombre de brochures, la plupart bonapartistes,
quelques-unes radicales.
Le principe de la République est tous les
jours de plus en plus nettement affirmé par
les hommes qui s'inquiètent du possible et
non de la réussite d'une intrigue. Voici com¬
ment s'exprime l'Opinion nationale :
La République, c'est-à-dire le gouverne¬
ment exclusivement fondé sur la volonté
nationale, sur le principe des majorités, pur
de tout compromis, de toute transaction plus ou
moins bâtarde avec le principe d'hérédité, est
le seul gouvernement fort et durable que nous
puissions espérer aujourd'hui. .
Et maintenant que les monarchistes de toute
couleur baragnonnant à leur aide les plus
savantes intrigues ! Ils peuvent, hélas ! agiter,
troubler le pays, l'exposer aux discordes civi¬
les, à l'invasion étrangère, au démembrement.
Mais ils ne restaureront point le principe d'hé¬
rédité, à jamais ruiné dans les esprits et les
consciences.
La loi sur le service militaire est à l'étude
daus les bureaux de l'Assemblée ; le jour
de sa discussion, en séance générale, approche.
C'est la jeunesse, qui, la première, est in¬
téressée à cette loi : Il est naturel qu'elle vienne,
en une forme légale, exprimer son sentiment.
Avec celte pensée, se sont réunis plusieurs
étudiants des Facultés de Paris: ils ont cons¬
titué une Commission d'initiative. Us propo¬
sent aujourd'hui à toute la jeunesse française
de signer une pétition.
A MM. les Membres de l'Assemblée.
Messieurs,
Nous, soussignés, avons l'honneur de de¬
mander à l'Assemblée, qu'il lui plaise d'établir,
pour tous, sans exception, le service militaire
obligatoire.
ASSEMBLEE NATIONALE.
Séance du 19 février 1872.
Présidence de M, dûtes Grévy.
La séance est ouverte à deux heures et
demie.
Lecture du procès-verbal.
Rectification de M. de Tiliancourt.
Réorganisation du conseil d'Etat.
L'ordre du'jour appelle la première délibé-
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