Titre : Le Moniteur de la Lozère : journal d'annonces
Auteur : Union républicaine (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Mende)
Date d'édition : 1868-02-08
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328188053
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 février 1868 08 février 1868
Description : 1868/02/08 (A5,N6). 1868/02/08 (A5,N6).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG48 Collection numérique : BIPFPIG48
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t535456631
Source : Archives départementales de la Lozère, 1 PER 204
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/09/2023
5mo ANNEE.
N° 6
SAMEDI, 8 FÉVRIER 1808. V
Mi
PRIX I) ABONNEMENT :
Meude : un an, 10 fr. ; six mois, 5 fr. 50 c.; trois mois, 3 fr. ; dans le département: un an, 11 fr. ;
six mois, 6 fr. ; trois mois, 3 fr. 50 c. ; hors du département : un an , 12 fr. ; six mois, 6 fr. 50 c.;
trois mois, 4 fr. — Chaque exemplaire séparé, 25 c. — L'abonnement au Moniteur de la Lozère doit
être payé dans le ■!" trimestre.
M. HATAS, rue Jean-Jacques,--Rousseau , 3, et MM. LAFFITTE, BULLIER et Cia, place de la Bourse, 8,
sont seuls chargés, à Paris, de recevoir -lés annonces pour le Moniteur de la Lozère.
Le prix des insertions peut
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces judiciaires, 20 c. la ligne; diverses, 25 c. ; réclames, 40 e.
être exigé à l'avance.
La publication légale des actes de société est obligatoire dans le Moniteur de la Lozère.
Les annonces ordinaires doivent être remises le jeudi avant midi. Si les annonces sont longues ou si elles
présentent des difficultés d'exécution, l'imprimeur se réserve de demander le temps qu'il jugera néces¬
saire pour faire la planche.
Lés manuscrits envoyés, insérés ou non, ne seront pas rendus.
On s'abonne: chez M M. Camille IGNON, à Mende ; DALLO, à Marvejols; LAIIOTTE, à Florac.
Mende, le 8 Février 1868.
BULLETIN POLITIQUE.
Les articles I et % du projet de
loi sur la presse ont été votés par
le corps législatif dans la séance du
4 février. Ces articles portent :
« Art. 1er. Tout Français majeur et jouis¬
sant de ses droits civils et politiques peut, sans
autorisation préalable, publier un journal ou
écrit périodique paraissant soit régulièrement
et à jour fixe, soit par livraisons et irréguliè¬
rement. »
« Art. 2. Aucun journal ou écrit périodique
ne peut être publié s'il n'a été fait : à Paris, à la
préfecture de police, et dans les départements,
à la préfecture, et quinze jours au moins avant
la publication , une déclaration contenant :
» 1° Le titre du journal ou écrit périodique
et les époques auxquelles il doit paraître;
» 2° Le nom, la demeure et les droits des
propriétaires autres que les commanditaires ;
» 3° Le nom et la demeure du gérant ;
» 4° L'indication de l'imprimerie où il doit
être imprimé.
» Toute mutation dans les conditions ci-des¬
sus énumérées est déclarée dans les quinze
jours qui la suivent.
» Toute contravention aux dispositions du
présent article est punie des peines portées
dans l'article 5 du décret du 17 février '! 852. »
L'article 1er, qui est l'article ca¬
pital de la loi, a été voté, après un
discours de M. Boulier, à la majo¬
rité de âio voix contre 7.
Voici la teneur de l'article 3 qui,
au moment où nous écrivons, est
l'objet d'une longue discussion :
« Art. 3. Le droit de timbre, fixé par l'ar¬
ticle 6 du décret du 17 février '1852, est réduit
à cinq centimes dans les départements delà
Seine et de Seine-et-Oise, et à deux centimes
partout ailleurs.
» Les journaux et écrits périodiques unique¬
ment consacrés aux lettres, aux sciences, aux
beaux-arts et à l'agriculture, sont exempts de
timbre, à moins qu'ils ne contiennent desavis,
réclames ou annonces de quelque nature qu'ils
soient. Dans ce cas, les journaux et écrits pério¬
diques sont assujettis à des droits de timbre,
dont la quotité est fixée à deux centimes dans
les.départements de la Seine etde Seine-et-Oise,
et à un centime partout ailleurs.
» N'est pas considéré comme avis, réclame
ou annon e, la publication pure et simple:
» 1° Des mercuriales et bulletins des foires
et marchés;
» 2° Des cours officiels des valeurs cotées aux
bourses françaises. »
Nous ne voulons pas et nous ne
pouvons pas entreprendre le narré
des péripéties par lesquelles est déjà
passé le projet de loi sur la presse.
Nous risquerions de donner à ce
narré les allures d'un compte-rendu,
et si analytique que fût ce compte-
rendu , il serait trop scabreux de s'y
engager. Mais nous répéterons, à la
suile d'un grand nombre de jour¬
naux , que le projet de loi sur la
presse, qui, d'après desora dit, devait
être retiré , a été maintenu, el que
l'adoption des premiers articles allir-
me que les orateurs officiels n'ont
cessé de prêter à ce projet l'appui
le plus constant el le plus ferme.
Quoiqu'on en ait dit, le gouverne¬
ment ne s'est ému ni des irritations
injustes el outrées de ses ennemis,
ni des craintes manifestées par cer¬
tains de ses amis, et il a fidèlement
suivi, sans la moindre déviation , la
ligne tracée par la lettre mémorable
de l'Empereur, datée du 19 janvier
■1867.
C'est là un fait irréfutable qui de¬
vrait, si l'hostilité des hommes de
parti n'était implacable, rendre
moins acre la malveillance d'une
infime minorité ; mais ce fait cons¬
taté , el tout en désespérant de voir,
dans des esprits, la modération et la
justice succéder à la violence et à la
passion, nousnous permettrons quel¬
ques réflexions qui auront inévitable-
rnentplusd'un pointde ressemblance
avec d'autres réflexions faites dans
la presse ou ailleurs , mais qui, ce¬
pendant, serontloin d'êtreun plagiat,
puisqu'elles ne feront que reproduire
des pensées exprimées plus d'une
fois dans notre feuille et bien avant
qu'il -ne fût-question du projet de loi
sur la presse.
Ainsi, pour pousser le gouverne¬
ment de la France dans la voie d'une
liberté sans limites, on lui a montré
sans cesse, on lui met encore tous
les jours sous les yeux l'exemple de
l'Angleterre, de la Belgique , des
Etats-Unis, etc., et cependant rien
n'est plus dépourvu de logique et
nous dirions volontiers de Bon
sens que de vouloir donner à la
France une somme de liberté pa¬
reille à celle des nations dont nous
venons de parler. Nos goûts, nos
mœurs , nos idées, nos aspirations,
ne peuvent s'accommoder d'un ré¬
gime de liberté illimitée. Ce ne se¬
rait plus de la liberté, ce serait une
licence sans frein qui nous condui¬
rait à l'essai d'une foule d'utopies
plus insensées les unes que les autres
et à un vrai chaos.
En Angleterre, on se réunit dans
des meetings, et un homme du peuple
(le fait nous a élé rapporté par un
témoin oculaire) montera sur l'es-
tradeettouchera du doigt un des prin¬
cipaux hommes d'Etat en disant :
cc Tenez, en voilà un que je vous dé¬
nonce comme un triste homme. y>
Les uns grogneront, les autres riront,
les autres applaudiront, et tout sera
fini. Dans la pressé, on discute chau¬
dement, on met en cause tel ou tel
ministre, et tout cela n'a pas la moin¬
dre conséquence fâcheuse. Autrefois
les chartistes formaient des proces¬
sions interminables, aujourd'hui en¬
core les réformistes s'assemblent et
crient à qui mieux mieux; mais est-ce
que jamais laforme gouvernemen laie
a subi la moindre atteinte, et sitôt
que le nom de la reine est prononcé,
tout ne renlre-t-il pas dans le silence ?
S'il surgit une guerre à laquelle l'An¬
gleterre doit prendre part ou même
si elle est déjà eu ligne, est-ce que les
feuilles publiques ne s'imposent pas
une prudente réserve? est-ce que le
patriotisme ne fait pas battre à l'unis¬
son toutes les poitrines, et y a-t-il un
seul Anglais qui, soit de vive voix ,
soit par écrit, ose laisser percer des
pensées en faveur des ennemis de
son pays? Mais voyez celte Angle¬
terre si libérale quand, dans son
sein, il naît une faction quia pour
but de renverser sa forme gouver¬
nementale , voyez-la en présence du
fénianisme. Elle fait ce que certai¬
nement en France on n'oserait pas
faire. Les journaux les plus libéraux
crient de courir sus aux fénians
comme sur des bêtes fauves, et les
juges anglais savent bien trouver
dans l'arsenal de leurs lois libérales
des sentences de mort contre des
individus qu'on hésiterait à condam¬
ner en France à quelques années de
prison, et contre lesquels les preuves
de culpabilité ne paraîtraient peut-
être môme pas suffisantes pour déter¬
miner cette condamnation. Le gou¬
vernement anglais semble donedire :
cc Causez à votre aise sur tout ce que
vous voudrez ; mais si vous me
mettez en cause, si vos actes tendent
à vouloir me renverser, je vous
inflige la pendaison jusqu'à ce que
mort s'en suive. » Toutes les phrases
faites pour nous inciter à imiter l'An¬
gleterre, déblayées de ce qu'elles ont
de pompeux et de brillant, la con¬
clusion de sa liberté est celle que nous
venons de traduire d'une manière
crue, mais vraie.
En Amérique, un individu s'em¬
parera d'une chaise, il se plantera
dans un carrefour et, du haut de cette
tribune improvisée , il parlera à son
aise de la politique et de la religion ;
mais s'il osait attaquer la forme répu¬
blicaine, il serait bientôt écharpé.
Les journaux aussi fulmineront con¬
tre les hommes; ils n'épargneront pas
le président Johnson lui-même; mais
aucun ne sera jamais assez hardi
pour manifester ses préférences en
faveur d'un gouvernement monar¬
chique.
En Belgique , on renverse des mi¬
nistères, mais le roi restera tranquille
et inébranlable sur son trône.
Ainsi, les Anglais, les Américains,
les Belges croient posséder ce qu'il
y a de mieux en fait de forme gouver¬
nementale, et à quoi leur serviraient
alors des restrictions, des entraves à
l'expansion de la liberté de la presse,
du droit de réunion , etc. ?
Ailleurs donc, ceà quoi on n'a son¬
gé qu'en dernier lieu, ce à quoi même
on ne songe pas du tout, c'est à ren¬
verser legouvernement. En France,
c'est la première chose que l'on a eu
constamment en vue depuis 1789.
Ainsi l'infortuné Louis XVI, après
son arrestation à Yarennes, vitencore
son palais envahi et devint un roi
martyr ; Robespierre, devenu un ob¬
jet d'exécration et acculé dans la
voie de sang où il s'était engagé, se
fit justice de ses propres mains; le
Directoire s'affaissa de lui-même ; Na¬
poléon, empereur, qui avait succédé
à Bonaparte, premier consul, se
trouva en bulle à la plume des pam¬
phlétaires ; mais le flot populaire ne
fiteependant contrelui aucune ten-
tativesérieuse,etce fut l'étranger qui
le renversa; l'émeute reprit son rôle
dedestruclion en 1830, etsapremière
attaque fut dirigée contre les Tuile¬
ries , d'où elle expulsa Charles X ; elle
revint, grondante et armée, au palais
des rois en 1848 , et Louis-Plûlippe
prit le chemin de l'exil; quelque
temps après, Barbès, avec ses hom¬
mes , violait l'enceinte des représen¬
tants du peuple et tentait de renver¬
ser la Constituante ; enfin , une im¬
mense acclamation de neuf millions
d'hommes faisait sombrer la répu¬
blique et mettait à sa place un em¬
pereur.
Il ressort de cet aperçu historique
J que, contrairement à ce qui se passe
en Angleterre , en Amérique et ail¬
leurs , ce n'est pas aux hommes des
gouvernements que l'esprit d'oppo¬
sition s'est attaqué, mais au principe
même de ces gouvernements. Notre
but n'est pas d'examiner ce que tel
ou tel de ces gouvernements a pu
avoir de défectueux, nous constatons
seulement que ce que l'émeute a d'a¬
bord voulu en tentant une œuvre de
démolition , c'est le renversement
des monarchies ou des républiques
de la France.
Avons-nous la satisfaction dépen¬
ser qu'à l'heure où nous sommes,
notre pays , après avoir parcouru ,
comme l'Angleterre, une ère de di¬
visions et de révolutions, est plus
rassis , plus mûr , tout-à-fait dégagé
d'anciennes attaches, et que, sous
un gouvernement dont la forme est
monarchique, mais dont le fond est
démocratique , il est apte présente¬
ment à supporter toutes les libertés
qui doivent un jour ou l'autre for¬
mer le couronnement de l'édifice
impérial ?
Assurément ils sont clair-semés ,
ceux qui rêvent encore des boule¬
versements ; mais il faudrait fermer
les yeux et les oreilles pour no pas
voir et entendre des opposants quand
même qui n'ont d'autre but que de
provoquer ou d'entretenir le malaise,
en inventant ou en grossissant les
misères publiques, en noircissant
l'horizon , en découvrant sans cesso
le spectre de la guerre, en rapetissant
notre politique, en cherchant à lui
créer des entraves, en laissant trans¬
pirer des vœux (c'est ce qu'il y a de
plus pénible, de plus triste à cons¬
tater) en faveur des ennemis de la
France.
Est-ce en présence de ces objurga¬
tions injustes, de ces tendances révo¬
lu lionnaires, de ces maximes corrosi-
ves cl menaçantes pour tout ordre,
toute société, toute religion, qu'il faut
dire à des hommes possédés de l'esprit
de vertige : c Vous comprenez enfin
que les révolutions entraînent après
elles la misère publique, quelquefois
môme la décadence- d'une grande
nation ; vous oies susceptibles de
vous laisser gagner par un sentiment,
N° 6
SAMEDI, 8 FÉVRIER 1808. V
Mi
PRIX I) ABONNEMENT :
Meude : un an, 10 fr. ; six mois, 5 fr. 50 c.; trois mois, 3 fr. ; dans le département: un an, 11 fr. ;
six mois, 6 fr. ; trois mois, 3 fr. 50 c. ; hors du département : un an , 12 fr. ; six mois, 6 fr. 50 c.;
trois mois, 4 fr. — Chaque exemplaire séparé, 25 c. — L'abonnement au Moniteur de la Lozère doit
être payé dans le ■!" trimestre.
M. HATAS, rue Jean-Jacques,--Rousseau , 3, et MM. LAFFITTE, BULLIER et Cia, place de la Bourse, 8,
sont seuls chargés, à Paris, de recevoir -lés annonces pour le Moniteur de la Lozère.
Le prix des insertions peut
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces judiciaires, 20 c. la ligne; diverses, 25 c. ; réclames, 40 e.
être exigé à l'avance.
La publication légale des actes de société est obligatoire dans le Moniteur de la Lozère.
Les annonces ordinaires doivent être remises le jeudi avant midi. Si les annonces sont longues ou si elles
présentent des difficultés d'exécution, l'imprimeur se réserve de demander le temps qu'il jugera néces¬
saire pour faire la planche.
Lés manuscrits envoyés, insérés ou non, ne seront pas rendus.
On s'abonne: chez M M. Camille IGNON, à Mende ; DALLO, à Marvejols; LAIIOTTE, à Florac.
Mende, le 8 Février 1868.
BULLETIN POLITIQUE.
Les articles I et % du projet de
loi sur la presse ont été votés par
le corps législatif dans la séance du
4 février. Ces articles portent :
« Art. 1er. Tout Français majeur et jouis¬
sant de ses droits civils et politiques peut, sans
autorisation préalable, publier un journal ou
écrit périodique paraissant soit régulièrement
et à jour fixe, soit par livraisons et irréguliè¬
rement. »
« Art. 2. Aucun journal ou écrit périodique
ne peut être publié s'il n'a été fait : à Paris, à la
préfecture de police, et dans les départements,
à la préfecture, et quinze jours au moins avant
la publication , une déclaration contenant :
» 1° Le titre du journal ou écrit périodique
et les époques auxquelles il doit paraître;
» 2° Le nom, la demeure et les droits des
propriétaires autres que les commanditaires ;
» 3° Le nom et la demeure du gérant ;
» 4° L'indication de l'imprimerie où il doit
être imprimé.
» Toute mutation dans les conditions ci-des¬
sus énumérées est déclarée dans les quinze
jours qui la suivent.
» Toute contravention aux dispositions du
présent article est punie des peines portées
dans l'article 5 du décret du 17 février '! 852. »
L'article 1er, qui est l'article ca¬
pital de la loi, a été voté, après un
discours de M. Boulier, à la majo¬
rité de âio voix contre 7.
Voici la teneur de l'article 3 qui,
au moment où nous écrivons, est
l'objet d'une longue discussion :
« Art. 3. Le droit de timbre, fixé par l'ar¬
ticle 6 du décret du 17 février '1852, est réduit
à cinq centimes dans les départements delà
Seine et de Seine-et-Oise, et à deux centimes
partout ailleurs.
» Les journaux et écrits périodiques unique¬
ment consacrés aux lettres, aux sciences, aux
beaux-arts et à l'agriculture, sont exempts de
timbre, à moins qu'ils ne contiennent desavis,
réclames ou annonces de quelque nature qu'ils
soient. Dans ce cas, les journaux et écrits pério¬
diques sont assujettis à des droits de timbre,
dont la quotité est fixée à deux centimes dans
les.départements de la Seine etde Seine-et-Oise,
et à un centime partout ailleurs.
» N'est pas considéré comme avis, réclame
ou annon e, la publication pure et simple:
» 1° Des mercuriales et bulletins des foires
et marchés;
» 2° Des cours officiels des valeurs cotées aux
bourses françaises. »
Nous ne voulons pas et nous ne
pouvons pas entreprendre le narré
des péripéties par lesquelles est déjà
passé le projet de loi sur la presse.
Nous risquerions de donner à ce
narré les allures d'un compte-rendu,
et si analytique que fût ce compte-
rendu , il serait trop scabreux de s'y
engager. Mais nous répéterons, à la
suile d'un grand nombre de jour¬
naux , que le projet de loi sur la
presse, qui, d'après desora dit, devait
être retiré , a été maintenu, el que
l'adoption des premiers articles allir-
me que les orateurs officiels n'ont
cessé de prêter à ce projet l'appui
le plus constant el le plus ferme.
Quoiqu'on en ait dit, le gouverne¬
ment ne s'est ému ni des irritations
injustes el outrées de ses ennemis,
ni des craintes manifestées par cer¬
tains de ses amis, et il a fidèlement
suivi, sans la moindre déviation , la
ligne tracée par la lettre mémorable
de l'Empereur, datée du 19 janvier
■1867.
C'est là un fait irréfutable qui de¬
vrait, si l'hostilité des hommes de
parti n'était implacable, rendre
moins acre la malveillance d'une
infime minorité ; mais ce fait cons¬
taté , el tout en désespérant de voir,
dans des esprits, la modération et la
justice succéder à la violence et à la
passion, nousnous permettrons quel¬
ques réflexions qui auront inévitable-
rnentplusd'un pointde ressemblance
avec d'autres réflexions faites dans
la presse ou ailleurs , mais qui, ce¬
pendant, serontloin d'êtreun plagiat,
puisqu'elles ne feront que reproduire
des pensées exprimées plus d'une
fois dans notre feuille et bien avant
qu'il -ne fût-question du projet de loi
sur la presse.
Ainsi, pour pousser le gouverne¬
ment de la France dans la voie d'une
liberté sans limites, on lui a montré
sans cesse, on lui met encore tous
les jours sous les yeux l'exemple de
l'Angleterre, de la Belgique , des
Etats-Unis, etc., et cependant rien
n'est plus dépourvu de logique et
nous dirions volontiers de Bon
sens que de vouloir donner à la
France une somme de liberté pa¬
reille à celle des nations dont nous
venons de parler. Nos goûts, nos
mœurs , nos idées, nos aspirations,
ne peuvent s'accommoder d'un ré¬
gime de liberté illimitée. Ce ne se¬
rait plus de la liberté, ce serait une
licence sans frein qui nous condui¬
rait à l'essai d'une foule d'utopies
plus insensées les unes que les autres
et à un vrai chaos.
En Angleterre, on se réunit dans
des meetings, et un homme du peuple
(le fait nous a élé rapporté par un
témoin oculaire) montera sur l'es-
tradeettouchera du doigt un des prin¬
cipaux hommes d'Etat en disant :
cc Tenez, en voilà un que je vous dé¬
nonce comme un triste homme. y>
Les uns grogneront, les autres riront,
les autres applaudiront, et tout sera
fini. Dans la pressé, on discute chau¬
dement, on met en cause tel ou tel
ministre, et tout cela n'a pas la moin¬
dre conséquence fâcheuse. Autrefois
les chartistes formaient des proces¬
sions interminables, aujourd'hui en¬
core les réformistes s'assemblent et
crient à qui mieux mieux; mais est-ce
que jamais laforme gouvernemen laie
a subi la moindre atteinte, et sitôt
que le nom de la reine est prononcé,
tout ne renlre-t-il pas dans le silence ?
S'il surgit une guerre à laquelle l'An¬
gleterre doit prendre part ou même
si elle est déjà eu ligne, est-ce que les
feuilles publiques ne s'imposent pas
une prudente réserve? est-ce que le
patriotisme ne fait pas battre à l'unis¬
son toutes les poitrines, et y a-t-il un
seul Anglais qui, soit de vive voix ,
soit par écrit, ose laisser percer des
pensées en faveur des ennemis de
son pays? Mais voyez celte Angle¬
terre si libérale quand, dans son
sein, il naît une faction quia pour
but de renverser sa forme gouver¬
nementale , voyez-la en présence du
fénianisme. Elle fait ce que certai¬
nement en France on n'oserait pas
faire. Les journaux les plus libéraux
crient de courir sus aux fénians
comme sur des bêtes fauves, et les
juges anglais savent bien trouver
dans l'arsenal de leurs lois libérales
des sentences de mort contre des
individus qu'on hésiterait à condam¬
ner en France à quelques années de
prison, et contre lesquels les preuves
de culpabilité ne paraîtraient peut-
être môme pas suffisantes pour déter¬
miner cette condamnation. Le gou¬
vernement anglais semble donedire :
cc Causez à votre aise sur tout ce que
vous voudrez ; mais si vous me
mettez en cause, si vos actes tendent
à vouloir me renverser, je vous
inflige la pendaison jusqu'à ce que
mort s'en suive. » Toutes les phrases
faites pour nous inciter à imiter l'An¬
gleterre, déblayées de ce qu'elles ont
de pompeux et de brillant, la con¬
clusion de sa liberté est celle que nous
venons de traduire d'une manière
crue, mais vraie.
En Amérique, un individu s'em¬
parera d'une chaise, il se plantera
dans un carrefour et, du haut de cette
tribune improvisée , il parlera à son
aise de la politique et de la religion ;
mais s'il osait attaquer la forme répu¬
blicaine, il serait bientôt écharpé.
Les journaux aussi fulmineront con¬
tre les hommes; ils n'épargneront pas
le président Johnson lui-même; mais
aucun ne sera jamais assez hardi
pour manifester ses préférences en
faveur d'un gouvernement monar¬
chique.
En Belgique , on renverse des mi¬
nistères, mais le roi restera tranquille
et inébranlable sur son trône.
Ainsi, les Anglais, les Américains,
les Belges croient posséder ce qu'il
y a de mieux en fait de forme gouver¬
nementale, et à quoi leur serviraient
alors des restrictions, des entraves à
l'expansion de la liberté de la presse,
du droit de réunion , etc. ?
Ailleurs donc, ceà quoi on n'a son¬
gé qu'en dernier lieu, ce à quoi même
on ne songe pas du tout, c'est à ren¬
verser legouvernement. En France,
c'est la première chose que l'on a eu
constamment en vue depuis 1789.
Ainsi l'infortuné Louis XVI, après
son arrestation à Yarennes, vitencore
son palais envahi et devint un roi
martyr ; Robespierre, devenu un ob¬
jet d'exécration et acculé dans la
voie de sang où il s'était engagé, se
fit justice de ses propres mains; le
Directoire s'affaissa de lui-même ; Na¬
poléon, empereur, qui avait succédé
à Bonaparte, premier consul, se
trouva en bulle à la plume des pam¬
phlétaires ; mais le flot populaire ne
fiteependant contrelui aucune ten-
tativesérieuse,etce fut l'étranger qui
le renversa; l'émeute reprit son rôle
dedestruclion en 1830, etsapremière
attaque fut dirigée contre les Tuile¬
ries , d'où elle expulsa Charles X ; elle
revint, grondante et armée, au palais
des rois en 1848 , et Louis-Plûlippe
prit le chemin de l'exil; quelque
temps après, Barbès, avec ses hom¬
mes , violait l'enceinte des représen¬
tants du peuple et tentait de renver¬
ser la Constituante ; enfin , une im¬
mense acclamation de neuf millions
d'hommes faisait sombrer la répu¬
blique et mettait à sa place un em¬
pereur.
Il ressort de cet aperçu historique
J que, contrairement à ce qui se passe
en Angleterre , en Amérique et ail¬
leurs , ce n'est pas aux hommes des
gouvernements que l'esprit d'oppo¬
sition s'est attaqué, mais au principe
même de ces gouvernements. Notre
but n'est pas d'examiner ce que tel
ou tel de ces gouvernements a pu
avoir de défectueux, nous constatons
seulement que ce que l'émeute a d'a¬
bord voulu en tentant une œuvre de
démolition , c'est le renversement
des monarchies ou des républiques
de la France.
Avons-nous la satisfaction dépen¬
ser qu'à l'heure où nous sommes,
notre pays , après avoir parcouru ,
comme l'Angleterre, une ère de di¬
visions et de révolutions, est plus
rassis , plus mûr , tout-à-fait dégagé
d'anciennes attaches, et que, sous
un gouvernement dont la forme est
monarchique, mais dont le fond est
démocratique , il est apte présente¬
ment à supporter toutes les libertés
qui doivent un jour ou l'autre for¬
mer le couronnement de l'édifice
impérial ?
Assurément ils sont clair-semés ,
ceux qui rêvent encore des boule¬
versements ; mais il faudrait fermer
les yeux et les oreilles pour no pas
voir et entendre des opposants quand
même qui n'ont d'autre but que de
provoquer ou d'entretenir le malaise,
en inventant ou en grossissant les
misères publiques, en noircissant
l'horizon , en découvrant sans cesso
le spectre de la guerre, en rapetissant
notre politique, en cherchant à lui
créer des entraves, en laissant trans¬
pirer des vœux (c'est ce qu'il y a de
plus pénible, de plus triste à cons¬
tater) en faveur des ennemis de la
France.
Est-ce en présence de ces objurga¬
tions injustes, de ces tendances révo¬
lu lionnaires, de ces maximes corrosi-
ves cl menaçantes pour tout ordre,
toute société, toute religion, qu'il faut
dire à des hommes possédés de l'esprit
de vertige : c Vous comprenez enfin
que les révolutions entraînent après
elles la misère publique, quelquefois
môme la décadence- d'une grande
nation ; vous oies susceptibles de
vous laisser gagner par un sentiment,
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