Titre : Le Moniteur de la Lozère : journal d'annonces
Auteur : Union républicaine (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Mende)
Date d'édition : 1871-01-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328188053
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 janvier 1871 22 janvier 1871
Description : 1871/01/22 (A8,N5). 1871/01/22 (A8,N5).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG48 Collection numérique : BIPFPIG48
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t535453259
Source : Archives départementales de la Lozère, 1 PER 204
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/09/2023
JOURNAL DE L'UNION ET DE LA DÉFENSE NATIONALE.
W
PRIX I) ABONNEMENT :
Mendo . un an, 10 fr. ; six mois, 5 fr. 50 o. ; trois mois , 3 fr. ; dams
le département . «n an, 11 fr. ; six mois, 6 fr. ; trois inûis , 3 fr.
50 c. ; hors .du département : un an , 12 fr. ; six mois , 6 fr. 50 c. ;
trois mois, 4 fr. — Chaque exemplaire séparé, 25 c.
M. HAVAS, rue Jean-Jacques-Rousseau , 3, et MM. LAFFITTE ,
BULLIER et C'1, place de la Bourse , 8, sont seuls chargés , à Paris,
de recevoir les annonces pour le Moniteur de la Lozère.
8me ANNÉE
N° 4
Dimanclie, 22 janvier 1871.
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces judiciaires, 20 c. la ligne; diverses, 25 c. réclames,
c. — Le prix des insertions peu être exigé à l'avance.
Les annonces ordinaires doivent être remises le jeudi avant midi. Si
les annonces sont longues ou si elles présentent des difficultés d'exé¬
cution , l'imprimeur se réserve de demander le temps qu'il jugera
nécessaire pour faire la planche.
On s'abonne: chez M™' Veuve Camille IGNON, à Mende ; DALLO
à Marvejots ; LOMBARD, à Florac.
Mende, le 22 janvier 1871.
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
GOUVERNEMENT DE LA DEFENSE NATIONALE.
Nous dénonçons aux cabinets eu¬
ropéens , à l'opinion publique du
monde, le traitement que l'armée
prussienne ne craint pas d'infliger
à la ville de Paris. — Voici quatre
mois bientôt qu'elle investit cette
grande capitale et tient captifs ses
deux millions quatre cent mille ha¬
bitants. — Elle s'était flattée de les
réduire en quelques jours ; elle
comptait sur la sédition et la défail¬
lance. Ces auxiliaires faisant défaut,
elle a appelé la famine à son aide.
Ayant surpris l'assiégé privé d'armée
de secours, et même de gardes na¬
tionales organisées , elle a pu l'en¬
tourer de travaux formidables , hé¬
rissés de batteries qui lancent, la
mort à huit kilomètres. Retranchée
derrière ce rempart, l'armée prus¬
sienne a repoussé les offensives de
la garnison , puis elle a commencé
à bombarder quelques-uns des forts.
—- Paris est resté ferme alors, sans
avertissement préalable , l'armée
prussienne a dirigé contre la ville
les projectiles énormes dont ses re¬
doutables engins lui permettent de
l'accabler a deux lieues de distance.
Depuis quatrejours, cette violence
est en cours d'exécution. La nuit
dernière, plus de deux mille bombes
ont accablé les quartiers de Mont-
rouge , de Grenelle, d'Auteuil, de
Passy , de St-Jacques et de St-Ger-
main. — Il semble qu'elles aient été
dirigées à plaisir sur les hôpitaux, les
ambulances , les prisons, les écoles
et les églises. —Des enfants et des fem¬
mes ont été broyés dans leurs lits. Au
Val-de-Grâce, un malade a été tué
sur le coup, plusieurs autres ont été
blessés. — Ces victimes inoffensives
sont nombreuses et nul moyen ne
leur a été donné de se garantir con¬
tre cette agression inattendue. Les
lois de morale la condamnent hau¬
tement , elles qualifient justement
de crime la mort donnée hors des
nécessités cruelles de la guerre. Or
ces nécessités n'ont jamais excusé
le bombardement des édifices privés,
le massacre des citoyens paisibles, la
destruction des retraites hospitaliè¬
res. La souffrance et la faiblesse ont
toujours trouvé grâce devan t la force,
et quand elles ne l'ont pas désarmée,
elles l'ont déshonorée. Les règles mi¬
litaires sont conformes à ces grands
pincipes d'humanité. Il est d'usage,
dit l'auteur le plus accrédité , en pa¬
reille matière, que l'assiégeant an¬
nonce, lorsque cela lui est possible,
son intention de bombarder la place,
afin que les non combattants, spé¬
cialement les femmes et les enfants,
puissent s'éloigner, pourvoir à leur
sûreté. Il peut cependant être néces¬
saire de surprendre l'ennemi afin
d'enlever rapidement la position et,
dans ce cas, la non dénonciation du
bombardement ne constituera pas
une violation des lois de la guerre.
— Le commentateur de ce texte
ajoute : Cet usage se rattache aux lois
de la guerre qui est une lutte entre
deux Etats et non entre des particu¬
liers. User d'autant de ménagements
que possible envers ces derniers, tel
est le caractère dislinctif de la guerre
civilisée. — Aussi, pour protéger les
grands centres de population contre
les dangers de la guerre, on les dé¬
clare , le plus souvent, villes ouver¬
tes. Même s'il s'agit de places fortes,
l'humanité exige que les habitants
soient prévenus du moment de l'ou¬
verture du feu , toutes les fois que
lesopérations militaires le permettent
— Ici le doute n'est pas possible ; le
bombardement infligé à Paris n'est
pas le préliminaire d'une action mi¬
litaire, il est une dévastation froide¬
ment méditée, systématiquement ac¬
complie et n'ayant d'autre but que de
jeter l'épouvante dans la population
civile au moyen de l'incendie et du
meurtre. — C'est à la Prusse qu'était
réservée cette inqualifiable entre¬
prise sur la capitale, qui lui a tant de
fois ouvert ses murs hospitaliers.
Le Gouvernement de la défense
nationale proteste hautement, en
face du monde civilisé, contre cet
acte d'inutile barbarie et s'associe de
cœur aux sentiments de la popula¬
tion indignée, qui loin de se laisser
abattre par cette violence, y puise
une nouvelle force pour combattre
et repousser la honte de l'invasion
étrangère.
Signés : Général Trochu, Jules
Favre, Emmanuel Arago,
Ernest Picard, Jules Ferry,
Garnier-Pagès, Jules Simon,
Eugène Pelletan.
Les membres de la délégation du
gouvernement de ladéfense nationale
établis à Bordeaux déclarent s'asso¬
ciera la proclamation solennelle con¬
tre le bombardement de Paris signée
par leurs collègues.
Ad Crémieux, Glais-Bizoin, Four-
richon, Léon Gambetta.
Aux HABITANTS DE LA LOZÈRE ,
Citoyens,
Je ne puis retenir mon indignation.
Qui se croirait au XIX' siècle avec le
fléau d'une pareille guerre et de pa¬
reils monstres pour souverains ? La
Prusse répond au patriotisme de la
France, à l'héroïsme de Paris parla
destruction et le massacre. C'est elle
qui a imaginé de faire de la dévasta¬
tion après la victoire une règle fon¬
damentale de l'art de la guerre !
Est-ce la haine des peuples qui re¬
commence? Quand les idées victo¬
rieuses de 921 ont fait le tour du mon¬
l
de , quand les principes de la frater¬
nité universelle, aidés par les che¬
mins de fer et les télégraphes avaient
fait disparaître les frontières, quand
de toutes parts étaient proclamés et
reconnus le devoir et les bienfaits de
la paix, le peuple allemand serait
heureux de détruire le peuple fran¬
çais?
Voilà la conséquence des ambi¬
tions royales et des dominations
despotiques. Les richesses de la
France ont tenté l'avidité et la jalou¬
sie d'un nouveau roi barbare ; ses
principes libéraux et son influence
démocratique ont effrayé le despote
de la Germanie et il a précipité con¬
tre la nation dangereuse ses peu¬
ples dociles et obéissants. Et tout
sera massacré sur la route de l'in¬
vasion: hommes et villes pour que
le conquérant ait la gloire, en pre¬
nant le titre d'Empereur, de se pro¬
clamer le dominateur de l'Europe.
On devait espérer que les autres
peuples n'auraient point laissé
accomplir de pareils crimes ; qu'ils
se seraient empressés de venir au
secours de Paris, la glorieuse ville
des sciences et des arts, la capitale
de la civilisation, toujours ouverte à
tous. Qu'ils auraient eu le courage,
sinon de la reconnaissance pour la
nation généreuse, du moins de leur
intérêt politique; qu'ils se seraient
dits : il faut sauver la France; c'est
pour la liberté, c'est pour la démo¬
cratie une question de vie ou de mort.
Mais les monarchies qui sont assez
puissantes pour faire renaître des
haines éteintes et des guerres qu'on
croyait impossibles ont su paralyser
les sympathies des peuples envers
nous; elles sont heureuses de l'es¬
poir de voir refleurir le despotisme
dans toute sa pureté et félicitent déjà
le nouveau César.
C'est encore à la France de sauver
la liberté et la civilisation.
Energiques et résolus, les enfants
de la République se lèvent. Ce sont
lesfils des glorieux défenseurs de 92,
donc ils ne craignent pas la mort.
Us savent que la défaite n'est pas une
honte. L'histoire ne flétrit pas les
peuples qui disparaissent, mais ceux
qui ont la lâcheté de se rendre. Et
Paris serait forcé de capituler que la
lutte continuerait jusqu'à l'extermi¬
nation du dernier soldat. Qui oserait
conseiller la paix aurait perdu le sen¬
timent de l'honneur et du devoir.
Mais d'ailleurs l'empereur d'Alle¬
magne est loin d'avoir accompli son
œuvre. Et il suffit que la France sache
être aussi obstinée qu'elle est coura¬
geuse dans sa résistance pour qu'elle
ne tarde pas à voir l'armée Allemande
reculer et disparaître. L'Allemagne
commence à comprendre qu'elle se
ruine pour la gloire d'un roi et la
perte de ses libertés; et ses soldats
veulenten finir.
Donc, pas d'hésitation, pas d'in¬
quiétudes ; persévérance malgré tous
les désastres passés et à venir. Et
unissons-nous sans arrière - pensée
pour le salut de la France et le
triomphe de la République.
Le Préfet de la Lozère,
TRUCHARD-DUMOLIN.
Dépêches Télégraphiques.
Bordeaux le 16 janvier 1871, à 4 h. 27 m. s.
Intérieur à MM. les Préfets, etc.
Hier, l'armée du général Bourbaki s'est
battue toute la journée, elle a occupé Montbé-
liard Sans le château, Byans, Tavoy Avisevaux,
Cautbenans et Chancey.
Une partie de l'armée du général Changy a
été attaquée de nouveau de la manière la plus
pressante Le 21e corps a bien tenu et même
fait de prisonniers. Le 16e corps a soutenu
une lutte acharnée. L'amiral Jaurréguibérrv a
eu son cheval tué sous lui et son chef-
d'état-major tué à ses côtés. Les autres corps
ont opposé moins de résistance. Malgré le mau¬
vais temps et le troubleapportépar ces attaques,
la retraite ordonnée continue sans abandon de
matériel. Nos troupes ont repris Gien avant-
hier.
Bordeaux , le 47 janvier 4S74, à 3 h 5 t.
Intérieur à MM. les Préfets etc.
La retraite de l'armée du général Changy s'est
continuée dans d'assez bonnes conditions
malgré le très-mauvais temps. L'ennemi n'a
été pressant sur aucun point, nos reconnnais-
sances ont même fait des prisonniers. L'ennemi
est entré hier matin à Alençon où il aurait eu la
veille un engagement avec des francs-tireurs de
Paris et des mobilisés. — L'armée du général
Bourbaki s'estde nouveaubattuetoute lajournée
d'hier, elle a pris la position de Chenobier et
sur tous les autres points elle a conservé ses po-
si tions elle a occu péun instant quelques maisons
d'Héricourt, mais n'a pu les conserver. L'armée
du Nord a avancé le 14 de Bapaume à Albert où
elle est entrée sans coup férir, le 1 " corps prus¬
sien s'étantrepliédevanlelle, chaqnejourellefait
quelques prisonniers. Le ballon de Vaucanson
tombé daus le Nord confirme le peu d'effet ma¬
tériel et moral du bombardement de Paris.
Bordeaux, le 18 janvier 1871, à 12 h. soir.
Intérieur à MM. les Préfets etc.
Le 17, une brigade de l'armée du Nord a
délogé quelques bataillons prussiens du bois
de Buire prèsTempleux. Lemêmejour un corps
prussien a abandonné Vernaud à l'approche de
nos troupes. Le 18, dès le matin nos troupes
ont étéattaquéespar une partie du corps du géné¬
ral Goestein une de nos divisions a combattu
toute lajournée dans une position en avant de
\ernaud où elle s'est maintenue. Il y a eu hier
desescarmouchesprèsdeGien etprèsdeTours.
L'ennemi s'est montré à Montlouis, près de
Lahutte les francs-tireurs Lipowski ont eu un
petit engagement et ont tenu longtemps contre
des troupes cinq ou six fois plus nombreuses.
Bordeaux, le 18 janvier 1871 à 5 h. m. soir.
Intérieur à MM. les préfets etc.
L'armée du général Bourbaki a de nouveau
éxécuté hier une attaque générale.
L'ennemi s'est tenu sur une défensive cons¬
tante et a subi des pertes sérieuses. Mais
grâce aux renforts qu'il a reçus de tous côtés, il
a pu résister à tous nos efforts, et sa ligne n'a
pas été entamée. La ville d'Avalon bombardée
lundi a eu une vingtaine de maisons plus ou
moins gravement atteintes et a été abandonnée
depuis par l'ennemi.
W
PRIX I) ABONNEMENT :
Mendo . un an, 10 fr. ; six mois, 5 fr. 50 o. ; trois mois , 3 fr. ; dams
le département . «n an, 11 fr. ; six mois, 6 fr. ; trois inûis , 3 fr.
50 c. ; hors .du département : un an , 12 fr. ; six mois , 6 fr. 50 c. ;
trois mois, 4 fr. — Chaque exemplaire séparé, 25 c.
M. HAVAS, rue Jean-Jacques-Rousseau , 3, et MM. LAFFITTE ,
BULLIER et C'1, place de la Bourse , 8, sont seuls chargés , à Paris,
de recevoir les annonces pour le Moniteur de la Lozère.
8me ANNÉE
N° 4
Dimanclie, 22 janvier 1871.
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces judiciaires, 20 c. la ligne; diverses, 25 c. réclames,
c. — Le prix des insertions peu être exigé à l'avance.
Les annonces ordinaires doivent être remises le jeudi avant midi. Si
les annonces sont longues ou si elles présentent des difficultés d'exé¬
cution , l'imprimeur se réserve de demander le temps qu'il jugera
nécessaire pour faire la planche.
On s'abonne: chez M™' Veuve Camille IGNON, à Mende ; DALLO
à Marvejots ; LOMBARD, à Florac.
Mende, le 22 janvier 1871.
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
GOUVERNEMENT DE LA DEFENSE NATIONALE.
Nous dénonçons aux cabinets eu¬
ropéens , à l'opinion publique du
monde, le traitement que l'armée
prussienne ne craint pas d'infliger
à la ville de Paris. — Voici quatre
mois bientôt qu'elle investit cette
grande capitale et tient captifs ses
deux millions quatre cent mille ha¬
bitants. — Elle s'était flattée de les
réduire en quelques jours ; elle
comptait sur la sédition et la défail¬
lance. Ces auxiliaires faisant défaut,
elle a appelé la famine à son aide.
Ayant surpris l'assiégé privé d'armée
de secours, et même de gardes na¬
tionales organisées , elle a pu l'en¬
tourer de travaux formidables , hé¬
rissés de batteries qui lancent, la
mort à huit kilomètres. Retranchée
derrière ce rempart, l'armée prus¬
sienne a repoussé les offensives de
la garnison , puis elle a commencé
à bombarder quelques-uns des forts.
—- Paris est resté ferme alors, sans
avertissement préalable , l'armée
prussienne a dirigé contre la ville
les projectiles énormes dont ses re¬
doutables engins lui permettent de
l'accabler a deux lieues de distance.
Depuis quatrejours, cette violence
est en cours d'exécution. La nuit
dernière, plus de deux mille bombes
ont accablé les quartiers de Mont-
rouge , de Grenelle, d'Auteuil, de
Passy , de St-Jacques et de St-Ger-
main. — Il semble qu'elles aient été
dirigées à plaisir sur les hôpitaux, les
ambulances , les prisons, les écoles
et les églises. —Des enfants et des fem¬
mes ont été broyés dans leurs lits. Au
Val-de-Grâce, un malade a été tué
sur le coup, plusieurs autres ont été
blessés. — Ces victimes inoffensives
sont nombreuses et nul moyen ne
leur a été donné de se garantir con¬
tre cette agression inattendue. Les
lois de morale la condamnent hau¬
tement , elles qualifient justement
de crime la mort donnée hors des
nécessités cruelles de la guerre. Or
ces nécessités n'ont jamais excusé
le bombardement des édifices privés,
le massacre des citoyens paisibles, la
destruction des retraites hospitaliè¬
res. La souffrance et la faiblesse ont
toujours trouvé grâce devan t la force,
et quand elles ne l'ont pas désarmée,
elles l'ont déshonorée. Les règles mi¬
litaires sont conformes à ces grands
pincipes d'humanité. Il est d'usage,
dit l'auteur le plus accrédité , en pa¬
reille matière, que l'assiégeant an¬
nonce, lorsque cela lui est possible,
son intention de bombarder la place,
afin que les non combattants, spé¬
cialement les femmes et les enfants,
puissent s'éloigner, pourvoir à leur
sûreté. Il peut cependant être néces¬
saire de surprendre l'ennemi afin
d'enlever rapidement la position et,
dans ce cas, la non dénonciation du
bombardement ne constituera pas
une violation des lois de la guerre.
— Le commentateur de ce texte
ajoute : Cet usage se rattache aux lois
de la guerre qui est une lutte entre
deux Etats et non entre des particu¬
liers. User d'autant de ménagements
que possible envers ces derniers, tel
est le caractère dislinctif de la guerre
civilisée. — Aussi, pour protéger les
grands centres de population contre
les dangers de la guerre, on les dé¬
clare , le plus souvent, villes ouver¬
tes. Même s'il s'agit de places fortes,
l'humanité exige que les habitants
soient prévenus du moment de l'ou¬
verture du feu , toutes les fois que
lesopérations militaires le permettent
— Ici le doute n'est pas possible ; le
bombardement infligé à Paris n'est
pas le préliminaire d'une action mi¬
litaire, il est une dévastation froide¬
ment méditée, systématiquement ac¬
complie et n'ayant d'autre but que de
jeter l'épouvante dans la population
civile au moyen de l'incendie et du
meurtre. — C'est à la Prusse qu'était
réservée cette inqualifiable entre¬
prise sur la capitale, qui lui a tant de
fois ouvert ses murs hospitaliers.
Le Gouvernement de la défense
nationale proteste hautement, en
face du monde civilisé, contre cet
acte d'inutile barbarie et s'associe de
cœur aux sentiments de la popula¬
tion indignée, qui loin de se laisser
abattre par cette violence, y puise
une nouvelle force pour combattre
et repousser la honte de l'invasion
étrangère.
Signés : Général Trochu, Jules
Favre, Emmanuel Arago,
Ernest Picard, Jules Ferry,
Garnier-Pagès, Jules Simon,
Eugène Pelletan.
Les membres de la délégation du
gouvernement de ladéfense nationale
établis à Bordeaux déclarent s'asso¬
ciera la proclamation solennelle con¬
tre le bombardement de Paris signée
par leurs collègues.
Ad Crémieux, Glais-Bizoin, Four-
richon, Léon Gambetta.
Aux HABITANTS DE LA LOZÈRE ,
Citoyens,
Je ne puis retenir mon indignation.
Qui se croirait au XIX' siècle avec le
fléau d'une pareille guerre et de pa¬
reils monstres pour souverains ? La
Prusse répond au patriotisme de la
France, à l'héroïsme de Paris parla
destruction et le massacre. C'est elle
qui a imaginé de faire de la dévasta¬
tion après la victoire une règle fon¬
damentale de l'art de la guerre !
Est-ce la haine des peuples qui re¬
commence? Quand les idées victo¬
rieuses de 921 ont fait le tour du mon¬
l
de , quand les principes de la frater¬
nité universelle, aidés par les che¬
mins de fer et les télégraphes avaient
fait disparaître les frontières, quand
de toutes parts étaient proclamés et
reconnus le devoir et les bienfaits de
la paix, le peuple allemand serait
heureux de détruire le peuple fran¬
çais?
Voilà la conséquence des ambi¬
tions royales et des dominations
despotiques. Les richesses de la
France ont tenté l'avidité et la jalou¬
sie d'un nouveau roi barbare ; ses
principes libéraux et son influence
démocratique ont effrayé le despote
de la Germanie et il a précipité con¬
tre la nation dangereuse ses peu¬
ples dociles et obéissants. Et tout
sera massacré sur la route de l'in¬
vasion: hommes et villes pour que
le conquérant ait la gloire, en pre¬
nant le titre d'Empereur, de se pro¬
clamer le dominateur de l'Europe.
On devait espérer que les autres
peuples n'auraient point laissé
accomplir de pareils crimes ; qu'ils
se seraient empressés de venir au
secours de Paris, la glorieuse ville
des sciences et des arts, la capitale
de la civilisation, toujours ouverte à
tous. Qu'ils auraient eu le courage,
sinon de la reconnaissance pour la
nation généreuse, du moins de leur
intérêt politique; qu'ils se seraient
dits : il faut sauver la France; c'est
pour la liberté, c'est pour la démo¬
cratie une question de vie ou de mort.
Mais les monarchies qui sont assez
puissantes pour faire renaître des
haines éteintes et des guerres qu'on
croyait impossibles ont su paralyser
les sympathies des peuples envers
nous; elles sont heureuses de l'es¬
poir de voir refleurir le despotisme
dans toute sa pureté et félicitent déjà
le nouveau César.
C'est encore à la France de sauver
la liberté et la civilisation.
Energiques et résolus, les enfants
de la République se lèvent. Ce sont
lesfils des glorieux défenseurs de 92,
donc ils ne craignent pas la mort.
Us savent que la défaite n'est pas une
honte. L'histoire ne flétrit pas les
peuples qui disparaissent, mais ceux
qui ont la lâcheté de se rendre. Et
Paris serait forcé de capituler que la
lutte continuerait jusqu'à l'extermi¬
nation du dernier soldat. Qui oserait
conseiller la paix aurait perdu le sen¬
timent de l'honneur et du devoir.
Mais d'ailleurs l'empereur d'Alle¬
magne est loin d'avoir accompli son
œuvre. Et il suffit que la France sache
être aussi obstinée qu'elle est coura¬
geuse dans sa résistance pour qu'elle
ne tarde pas à voir l'armée Allemande
reculer et disparaître. L'Allemagne
commence à comprendre qu'elle se
ruine pour la gloire d'un roi et la
perte de ses libertés; et ses soldats
veulenten finir.
Donc, pas d'hésitation, pas d'in¬
quiétudes ; persévérance malgré tous
les désastres passés et à venir. Et
unissons-nous sans arrière - pensée
pour le salut de la France et le
triomphe de la République.
Le Préfet de la Lozère,
TRUCHARD-DUMOLIN.
Dépêches Télégraphiques.
Bordeaux le 16 janvier 1871, à 4 h. 27 m. s.
Intérieur à MM. les Préfets, etc.
Hier, l'armée du général Bourbaki s'est
battue toute la journée, elle a occupé Montbé-
liard Sans le château, Byans, Tavoy Avisevaux,
Cautbenans et Chancey.
Une partie de l'armée du général Changy a
été attaquée de nouveau de la manière la plus
pressante Le 21e corps a bien tenu et même
fait de prisonniers. Le 16e corps a soutenu
une lutte acharnée. L'amiral Jaurréguibérrv a
eu son cheval tué sous lui et son chef-
d'état-major tué à ses côtés. Les autres corps
ont opposé moins de résistance. Malgré le mau¬
vais temps et le troubleapportépar ces attaques,
la retraite ordonnée continue sans abandon de
matériel. Nos troupes ont repris Gien avant-
hier.
Bordeaux , le 47 janvier 4S74, à 3 h 5 t.
Intérieur à MM. les Préfets etc.
La retraite de l'armée du général Changy s'est
continuée dans d'assez bonnes conditions
malgré le très-mauvais temps. L'ennemi n'a
été pressant sur aucun point, nos reconnnais-
sances ont même fait des prisonniers. L'ennemi
est entré hier matin à Alençon où il aurait eu la
veille un engagement avec des francs-tireurs de
Paris et des mobilisés. — L'armée du général
Bourbaki s'estde nouveaubattuetoute lajournée
d'hier, elle a pris la position de Chenobier et
sur tous les autres points elle a conservé ses po-
si tions elle a occu péun instant quelques maisons
d'Héricourt, mais n'a pu les conserver. L'armée
du Nord a avancé le 14 de Bapaume à Albert où
elle est entrée sans coup férir, le 1 " corps prus¬
sien s'étantrepliédevanlelle, chaqnejourellefait
quelques prisonniers. Le ballon de Vaucanson
tombé daus le Nord confirme le peu d'effet ma¬
tériel et moral du bombardement de Paris.
Bordeaux, le 18 janvier 1871, à 12 h. soir.
Intérieur à MM. les Préfets etc.
Le 17, une brigade de l'armée du Nord a
délogé quelques bataillons prussiens du bois
de Buire prèsTempleux. Lemêmejour un corps
prussien a abandonné Vernaud à l'approche de
nos troupes. Le 18, dès le matin nos troupes
ont étéattaquéespar une partie du corps du géné¬
ral Goestein une de nos divisions a combattu
toute lajournée dans une position en avant de
\ernaud où elle s'est maintenue. Il y a eu hier
desescarmouchesprèsdeGien etprèsdeTours.
L'ennemi s'est montré à Montlouis, près de
Lahutte les francs-tireurs Lipowski ont eu un
petit engagement et ont tenu longtemps contre
des troupes cinq ou six fois plus nombreuses.
Bordeaux, le 18 janvier 1871 à 5 h. m. soir.
Intérieur à MM. les préfets etc.
L'armée du général Bourbaki a de nouveau
éxécuté hier une attaque générale.
L'ennemi s'est tenu sur une défensive cons¬
tante et a subi des pertes sérieuses. Mais
grâce aux renforts qu'il a reçus de tous côtés, il
a pu résister à tous nos efforts, et sa ligne n'a
pas été entamée. La ville d'Avalon bombardée
lundi a eu une vingtaine de maisons plus ou
moins gravement atteintes et a été abandonnée
depuis par l'ennemi.
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