Titre : Le Moniteur de la Lozère : journal d'annonces
Auteur : Union républicaine (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Mende)
Date d'édition : 1868-03-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328188053
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 mars 1868 07 mars 1868
Description : 1868/03/07 (A5,N10). 1868/03/07 (A5,N10).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG48 Collection numérique : BIPFPIG48
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t535451172
Source : Archives départementales de la Lozère, 1 PER 204
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/09/2023
5ra0 ANNEE.
Nu -10.
SAMEDI, 7 MARS 1808.
iSi
rillX I) ABONNEMENT :
Mendé : un an, 10 fr. ; six mois, 5 fr. 50 o. ; trois mois, 3 fr. ; dans le département: un an, 11 fr. ;
six mois, 6 fr. ; trois mois, 3 fr. 50 c. ; hors du département : un an, 12 fr. ; six mois, 6 fr. 50 e.;
trois mois, 4 fr.— Chaque exemplaire séparé, 25 e. — L'abonnement au Moniteur de la Loxère doit
être payé dans le I" trimestre.
M. IIA.VAS, rue Jean-Jacques-Rousseau , 3, et MM. I.AFFITTE, BULLIER et C'*, place de la Bourse, 8,
sont seuls chargés, à Paris, de rqgfevoir'des annonces pour le Moniteur de la Loxère.
PUIX DES INSERTIONS :
Annonces judiciaires, 20 c. la ligne; diverses, 25 c. ; réclames, 40 g. — Le prix des insertions peu
être exigé à l'avance.
La publication legaie des actes de société est obligatoire dans le Moniteur de la Loxère.
Les annonces ordinaires doivent être remises le jeudi avant midi. Si les annonces sont longues ousi elles
présentent des dillicuités d'exécution , l'imprimeur se réserve de demander le temps qu'il jugera néces¬
saire pour faire ia planche.
Les manuscrits envoyés, insérés ou non. ne seront pas rendus.
On s'abonne : chez MM. Camille 1RNON, à Mende ; I)ALLO, à Marvejols; LAHOTTE, à Florac.
Mende, le 7 Mars 1868.
BULLETIN POLITIQUE.
On a déposé au corps législatif
les articles du projet de loi sur la
presse qui avaient été renvoyés à
la commission. Nous publierons la
loi en entier si elle est volée et lors¬
qu'elle aura été promulguée. Nous
disons si elle est votée, parce que
l'opposition sème tant d'entraves,
provoque tant de tempêtes, affiche
des passions si violentes, qu'on se
demande parfois si les esprits vrai¬
ment et sagement libéraux ne se
laisseront pas, à la fin, gagner par
la lassitude, et s'ils n'en viendront
pas à penser qu'il serait mieux d'at¬
tendre des temps meilleurs, des
temps plus calmes, ou plutôt des
temps où certains esprits ne pren¬
dront pas à tâche de surexciter, d'ir¬
riter, de détruire, pour octroyer
des lois libérales.
L'Angleterre a attendu long-temps
avant d'en venir au degré de liberté
qu'elle a atteint; elle a attendu que
les passions fussent calmées, que
les violences des partis, que les
pariîs' eux-meintîS fussent éteints,
que le principe gouvernemental fût
sacré pour tous. À des lois terribles
tombées en désuétude, mais non en¬
core abrogées, qui commandaient le
mutisme à la voix et à la plume, et qui
font ressortir la bénignité des nôtres,
succéda un certain relâchement; une
compression des plus tyranniques
fit place à un régime plus doux,
et, enfin, quand les esprits n'eurent
plus qu'une pensée, qu'un but, per¬
fectionner la forme gouvernemen¬
tale, mais professer un profond
respect pour le gouvernement lui-
même, une large liberté fut oc¬
troyée. De cette liberté, qui ne le sait,
aucun Anglais ne songe à en faire
un mauvais usage, et on huerait ou
bien on couvrirait d'horions celui
qui oseroit murmurer : A bas la
reine! La plupart de nos modernes
démagogues français, ceux-là même
qui n'ont pas voulu faire plier la
rigidité de leurs principes devant
l'oubli du passé , devant la grâce
que leur accordait le généreux chef
de la nation, et qui ont opposé un
refus à l'offre que leur faisait l'Em- j
pereur de rentrer dans leur patrie,
ceux-làmème, disons-nous, ontsu im¬
poser silence à leur antipathie contre
la forme monarchique , et ils, s'in¬
clinent, et ils savent se taire devant
une femme , mais d'une femme qui
est reine.
Qu'ils profitent donc là des bonnes
leçons qu'ils ont sous leurs yeux,
qu'ils cessent de ruminer des projets
de révolution, de renversement et
de bouleversement, q u'ils rentrent en
France avec la ferme résolution de
perfectionner la loi fondamentale
que ses auteurs eux-mêmes ont décla¬
rée perfectible, et alors, une liberté
sans limites sera assurément oc¬
troyée. Mais tant qu'on songera à
se glisser dans les ténèbres pour
assister à des conciliabules, tant
qu'on cherchera à surexciter les po¬
pulations, à leur montrer le mal là
où est le bien, tant qu'on opinera
pour le noir par le fait seul que
le gouvernement aura proposé le
blanc, tant qu'on exloilera une mi¬
sère passagère, la stagnation mo¬
mentanée du commerce, des mal¬
heurs accidentels, pour créer des
ennemis à l'ordre de choses existant,
tant qu'il se trouvera des journaux
qui proclameront leurs sympathies
pour les ennemis de la France, et
qui inciteront ces ennemis à nous
faire la guerre, tant que nous ver¬
rons certains de nos nationaux for¬
tement soupçonnés et compromis
dans la perpétration de forfaits épou¬
vantables, dans la confection d'en¬
gins diaboliques, dans l'envoi d'hom¬
mes tels qu'Orsini, nous dirons que
l'œuvre d'apaisement n'est pas en¬
core faite en France, et que comparer
la France à l'Angleterre, c'est dé¬
raisonner ou c'est pactiser avec ceux
qui espèrent, à l'aide d'une licence
sans frein, pêcher un jour en eau
trouble.
Laissons donc cette comparaison
qu'on nous répète à satiété et qui
heurte aussi bien la logique que le
bon sens, ne songeons pas à établir
un parallèle entre deux pays dont
les idées, les tendances, les aspi¬
rations sont diamétralement oppo¬
sées, cl chez lesquels pendant qu'en
Angleterre, on cherche à consolider
le principe gouvernemental, l'oppo¬
sition met tout en œuvre en France
pour le miner et pour l'abattre.
Nous l'entendions dire naguère à
un de nos éminenls Lozériens qui
s'est trouvé dans nos grandes assem¬
blées délibérantes , et nous le répé¬
tons, le grand malheur, c'est qu'en
France , nous n'avons pas une oppo¬
sition de perfectionnement, mais une
opposition de renversement. Abat¬
tons d'abord, semble-t-clledire, fai¬
sons table rase de tout, et nous ver¬
rons ensuite qui des démolisseurs, des
blancs ou des rouges, l'emportera.
Eli bien ! pour si modeste que soit
le rôle de notre feuille , nous décla¬
rons que ce serait une imprudence
que de mettre dans les mains des ,
démolisseurs, sans exiger d'eux au¬
cune garantie, sans leur imposer
certaines conditions , des outils dont
le premier usage serait de battre en
brèche ceux qui les leur auraient
donnés.
Ainsi donc nous sommes en France
et non en Angleterre, et nous devons
être régis comme des Français ver¬
satiles et non comme des Anglais
tenaces et constants ; nous devons
attendre patiemment que notre tem¬
pérament se fasse, par une liberté
graduelle, à une liberté sans limi¬
tes. Nous faisons les vœux les plus
ardents pour qu'il en soit ainsi le
plus tôt possible; mais puisqu'on
nous prêche tant l'exemple de l'An¬
gleterre, nous rééditerons, en termi¬
nant cette série de réflexions, une
pensée que nous avons déjà expri¬
mée. En Angleterre, dans ce pays
de liberté illimitée, il est né depuis
peu une opposition de renversement :
on l'appelle le fenianisme. Or, des
principaux fenians, tout le monde
sait ce qu'on en fait... on les pend
jusqu'à ce que mort s'en suive. Veut-
on que, par esprit d'imitation, dans
cette France que certains traitent de
rétrograde, on en fasse autant des
chefs de l'opposition?. Nous nous dou¬
tons un peu de la réponse que s'em¬
presseraient de faire ces chefs-là en
portant instinctivement la main à la
téle, et pour notre part, nous opi¬
nons pour qu'on n'imite pas plus
l'Angleterre dans ce cas-là que dans
beaucoup d'autres.
On a essayé de réveiller au corps
législatif l'affaire Kerveguen dont
nous avons parlé dans notre dernier
numéro. Nous renvoyons nos lec¬
teurs à ce que nous dit à ce propos
notre correspondant parisien. Mais
du Palais-Bourbon l'affaire est passée
dans le domaine de la presse , et
voilà le Pays qui déclare posséder
des pièces cc de nature à éclairer l'opi¬
nion publique sur les rapports qui
ont existé entre une partie de la
presse française et des gouverne¬
ments étrangers.
d Ces pièces, ajoute le même
journal, signées de ministres étran¬
gers, énonçant des envois d'argent
et des envois de décorations, sont
entre nos mais »
• Il va sans dire que les journaux
nominativement désignés, le Siècle,
Y Opinion nationale, les Débats, la
Liberté, l'Avenir national, la Revue
des Deux-Mondes, onténergiquemenl
protesté contre les allégations du
Pays. Leurs rédacteurs ont signé et
adressé au Pays la déclaration sui¬
vante :
« Les soussignés autorisent le journal le
Pays à publier toutes les pièces qu'il a déclaré
être dans sesùnains, et renoncent expressément
à exercer aucune poursuite judiciaire motivée
parle fait de celte publication.
» E. de Girard in , Ad. Gùéroult, F. Buloz,
L. Haviri, E.-F. Berlin , Jules Mallias. »
En grand ou en petit, on peut être
dévoué au gouvernement de son
pays , et être l'organe sincère et con¬
vaincu tic ce gouvernement; on peut
partager les opinions d'un groupe
d'hommes appartenant à l'opposition
et fondateurs d'une feuille publique,
et se faire l'interprète de cette oppo¬
sition, on peut même voir un jour¬
nal ne relevant que d'un seul homme
(c'est là le cas de M. le dépu té Lalour-
Dumoulin); mais être en France et
tenir une plume agréable à des gou¬
vernements étrangers ! il faut être
Saint-Thomas là-dessus, et ne croire
qu'en mettant le doigt sur des preu¬
ves irrécusables.
Il y aura procès sans doute et nous
ferons connaître le dénouement du
procès. — Camille Ignon.
Nous avons reçu deux lettres de
Paris: l'une qui précède, par la date,
la reprise des séances du corps légis¬
latif et qui ne nous est parvenue
qu'après l'impression de notre der¬
nier numéro ; l'autre, qui est plus
récente. Elles renferment l'une et
l'autre des détails qui nous ont paru
intéressants, et nous en extrayons les
passages suivants :
Paris, 29 février /S68.
La reprise des travaux du Corps législatif
aura lieu lundi prochain, et les articles de la loi
sur la presse renvoyés à la commission seront
soumis à de nouveaux débats publics. La com¬
mission seule travaille au Palais-Bourbon, et
sa tâche n'est pas des moins laborieuses. Je vous
ai dit combien d'amendements nouveaux lui
avaient été adressés.
Le répit parlementaire m'autorise à aborder
les nombreux sujets qui occupent l'attention
publique. D'abord c'est l'effet considérable pro¬
duit à Paris par la nouvelle de la mise en accu¬
sation du président des Etats-Unis. C'est la pre-
mière'fois qu'une résolu tionaussigraveaélé prise
par la représentation nationale de la République
américaine. Peut-être le parti radical, qui
pousse au renversement du chef de l'Etat, as-
su me-t-il, devant son pays et devant la postérité,
une responsabilité bien lourde. Il faut qu'on
n'ignore pas, en effet, que le président John¬
son, arrivé au pouvoir suprême après le crime
qui donna à la gloire de Lincoln l'auréole du
martyre, trouva l'œuvre de reconstitution de
l'Union ébauchée à peine, et cette œuvre de¬
vait être poursuivie sans relâche. Les radicaux
du Nord voulurent maintenir contre les anciens
Etats rebelles la tutelle militaire des vainqueurs,
et c'est sur les points innombrables de cette re¬
constitution, où Johnson apportait au moins
une grande prudence et un rare esprit de con¬
ciliation, que survinrent les premières diffi¬
cultés entre la législature des Etats-Unis et le
président de la République. Les choses sont
trop loin de nous pour qu'elles puissent solli¬
citer une narration qui ne serait pas toujours
d'un véritable intérêt; mais il y a lieu de préci¬
ser l'événement qui nous occupe aujourd'hui
en disant que c'est à la suite du refus du prési¬
dent d'accepter M. Slanton comme ministre de
la guerre, déjà destitué et cette fois imposé par
le congrès, que. le sénat américain a pris texte
d'uneprétendue violation de la Constitution pour
■ entendre l'acte d'.ac usation contre M. Johnson.
Les événemens vont suivre rapidement aux
Elats-Unis. Dans, une crise de cette nature, — et
Dieu veuille qu'aucun redoutable conflit ne
vienne encore une fois allumer la. guerre civile
sur le sol de la République, — dans une crise
semblable, disons-nous, il sera intéressant de
suivre les péripéties diverses et émouvantes de
celle lutte entre le pouvoir exécutif et le pou¬
voir législatif aux Etats-Unis. J'aurai soin de
vous tenir an courant des détails particuliers et
exacts qui serontà ma disposition.
Un autre fait, — mais avec des conséquences
bien plus rassurantes, — c'est la démission de
lord Derby comme chef du cabinet britannique.
L'âge et la fatigue imposent àcet homme d'Etat
une retraite définitive, et M. Disraeli devient le
chef du gouvernement. On pense encore au¬
jourd'hui à Paris que la démission de lord
Derby n'entraînera pas celle desautres membres
du cabinet. Cependant, aux termes de la cons¬
titution anglaise , il en devrait ctre ainsi. Quoi
qu'il en soit, les membres restants recevront
une nouvelle confirmation de leurs fonctions par
M. Disraeli.
C'est à ce ministre qu'incombe la lâche si
périlleuse de l'apaisement de l'Irlande. La doc¬
trine de Sluart Mill sera-t-elle-enfin . adoptée
par le gouvenemenl : il faut que la terre ir¬
landaise appartienne à ceux qui la cultivent?
Là est toule la question .
Nu -10.
SAMEDI, 7 MARS 1808.
iSi
rillX I) ABONNEMENT :
Mendé : un an, 10 fr. ; six mois, 5 fr. 50 o. ; trois mois, 3 fr. ; dans le département: un an, 11 fr. ;
six mois, 6 fr. ; trois mois, 3 fr. 50 c. ; hors du département : un an, 12 fr. ; six mois, 6 fr. 50 e.;
trois mois, 4 fr.— Chaque exemplaire séparé, 25 e. — L'abonnement au Moniteur de la Loxère doit
être payé dans le I" trimestre.
M. IIA.VAS, rue Jean-Jacques-Rousseau , 3, et MM. I.AFFITTE, BULLIER et C'*, place de la Bourse, 8,
sont seuls chargés, à Paris, de rqgfevoir'des annonces pour le Moniteur de la Loxère.
PUIX DES INSERTIONS :
Annonces judiciaires, 20 c. la ligne; diverses, 25 c. ; réclames, 40 g. — Le prix des insertions peu
être exigé à l'avance.
La publication legaie des actes de société est obligatoire dans le Moniteur de la Loxère.
Les annonces ordinaires doivent être remises le jeudi avant midi. Si les annonces sont longues ousi elles
présentent des dillicuités d'exécution , l'imprimeur se réserve de demander le temps qu'il jugera néces¬
saire pour faire ia planche.
Les manuscrits envoyés, insérés ou non. ne seront pas rendus.
On s'abonne : chez MM. Camille 1RNON, à Mende ; I)ALLO, à Marvejols; LAHOTTE, à Florac.
Mende, le 7 Mars 1868.
BULLETIN POLITIQUE.
On a déposé au corps législatif
les articles du projet de loi sur la
presse qui avaient été renvoyés à
la commission. Nous publierons la
loi en entier si elle est volée et lors¬
qu'elle aura été promulguée. Nous
disons si elle est votée, parce que
l'opposition sème tant d'entraves,
provoque tant de tempêtes, affiche
des passions si violentes, qu'on se
demande parfois si les esprits vrai¬
ment et sagement libéraux ne se
laisseront pas, à la fin, gagner par
la lassitude, et s'ils n'en viendront
pas à penser qu'il serait mieux d'at¬
tendre des temps meilleurs, des
temps plus calmes, ou plutôt des
temps où certains esprits ne pren¬
dront pas à tâche de surexciter, d'ir¬
riter, de détruire, pour octroyer
des lois libérales.
L'Angleterre a attendu long-temps
avant d'en venir au degré de liberté
qu'elle a atteint; elle a attendu que
les passions fussent calmées, que
les violences des partis, que les
pariîs' eux-meintîS fussent éteints,
que le principe gouvernemental fût
sacré pour tous. À des lois terribles
tombées en désuétude, mais non en¬
core abrogées, qui commandaient le
mutisme à la voix et à la plume, et qui
font ressortir la bénignité des nôtres,
succéda un certain relâchement; une
compression des plus tyranniques
fit place à un régime plus doux,
et, enfin, quand les esprits n'eurent
plus qu'une pensée, qu'un but, per¬
fectionner la forme gouvernemen¬
tale, mais professer un profond
respect pour le gouvernement lui-
même, une large liberté fut oc¬
troyée. De cette liberté, qui ne le sait,
aucun Anglais ne songe à en faire
un mauvais usage, et on huerait ou
bien on couvrirait d'horions celui
qui oseroit murmurer : A bas la
reine! La plupart de nos modernes
démagogues français, ceux-là même
qui n'ont pas voulu faire plier la
rigidité de leurs principes devant
l'oubli du passé , devant la grâce
que leur accordait le généreux chef
de la nation, et qui ont opposé un
refus à l'offre que leur faisait l'Em- j
pereur de rentrer dans leur patrie,
ceux-làmème, disons-nous, ontsu im¬
poser silence à leur antipathie contre
la forme monarchique , et ils, s'in¬
clinent, et ils savent se taire devant
une femme , mais d'une femme qui
est reine.
Qu'ils profitent donc là des bonnes
leçons qu'ils ont sous leurs yeux,
qu'ils cessent de ruminer des projets
de révolution, de renversement et
de bouleversement, q u'ils rentrent en
France avec la ferme résolution de
perfectionner la loi fondamentale
que ses auteurs eux-mêmes ont décla¬
rée perfectible, et alors, une liberté
sans limites sera assurément oc¬
troyée. Mais tant qu'on songera à
se glisser dans les ténèbres pour
assister à des conciliabules, tant
qu'on cherchera à surexciter les po¬
pulations, à leur montrer le mal là
où est le bien, tant qu'on opinera
pour le noir par le fait seul que
le gouvernement aura proposé le
blanc, tant qu'on exloilera une mi¬
sère passagère, la stagnation mo¬
mentanée du commerce, des mal¬
heurs accidentels, pour créer des
ennemis à l'ordre de choses existant,
tant qu'il se trouvera des journaux
qui proclameront leurs sympathies
pour les ennemis de la France, et
qui inciteront ces ennemis à nous
faire la guerre, tant que nous ver¬
rons certains de nos nationaux for¬
tement soupçonnés et compromis
dans la perpétration de forfaits épou¬
vantables, dans la confection d'en¬
gins diaboliques, dans l'envoi d'hom¬
mes tels qu'Orsini, nous dirons que
l'œuvre d'apaisement n'est pas en¬
core faite en France, et que comparer
la France à l'Angleterre, c'est dé¬
raisonner ou c'est pactiser avec ceux
qui espèrent, à l'aide d'une licence
sans frein, pêcher un jour en eau
trouble.
Laissons donc cette comparaison
qu'on nous répète à satiété et qui
heurte aussi bien la logique que le
bon sens, ne songeons pas à établir
un parallèle entre deux pays dont
les idées, les tendances, les aspi¬
rations sont diamétralement oppo¬
sées, cl chez lesquels pendant qu'en
Angleterre, on cherche à consolider
le principe gouvernemental, l'oppo¬
sition met tout en œuvre en France
pour le miner et pour l'abattre.
Nous l'entendions dire naguère à
un de nos éminenls Lozériens qui
s'est trouvé dans nos grandes assem¬
blées délibérantes , et nous le répé¬
tons, le grand malheur, c'est qu'en
France , nous n'avons pas une oppo¬
sition de perfectionnement, mais une
opposition de renversement. Abat¬
tons d'abord, semble-t-clledire, fai¬
sons table rase de tout, et nous ver¬
rons ensuite qui des démolisseurs, des
blancs ou des rouges, l'emportera.
Eli bien ! pour si modeste que soit
le rôle de notre feuille , nous décla¬
rons que ce serait une imprudence
que de mettre dans les mains des ,
démolisseurs, sans exiger d'eux au¬
cune garantie, sans leur imposer
certaines conditions , des outils dont
le premier usage serait de battre en
brèche ceux qui les leur auraient
donnés.
Ainsi donc nous sommes en France
et non en Angleterre, et nous devons
être régis comme des Français ver¬
satiles et non comme des Anglais
tenaces et constants ; nous devons
attendre patiemment que notre tem¬
pérament se fasse, par une liberté
graduelle, à une liberté sans limi¬
tes. Nous faisons les vœux les plus
ardents pour qu'il en soit ainsi le
plus tôt possible; mais puisqu'on
nous prêche tant l'exemple de l'An¬
gleterre, nous rééditerons, en termi¬
nant cette série de réflexions, une
pensée que nous avons déjà expri¬
mée. En Angleterre, dans ce pays
de liberté illimitée, il est né depuis
peu une opposition de renversement :
on l'appelle le fenianisme. Or, des
principaux fenians, tout le monde
sait ce qu'on en fait... on les pend
jusqu'à ce que mort s'en suive. Veut-
on que, par esprit d'imitation, dans
cette France que certains traitent de
rétrograde, on en fasse autant des
chefs de l'opposition?. Nous nous dou¬
tons un peu de la réponse que s'em¬
presseraient de faire ces chefs-là en
portant instinctivement la main à la
téle, et pour notre part, nous opi¬
nons pour qu'on n'imite pas plus
l'Angleterre dans ce cas-là que dans
beaucoup d'autres.
On a essayé de réveiller au corps
législatif l'affaire Kerveguen dont
nous avons parlé dans notre dernier
numéro. Nous renvoyons nos lec¬
teurs à ce que nous dit à ce propos
notre correspondant parisien. Mais
du Palais-Bourbon l'affaire est passée
dans le domaine de la presse , et
voilà le Pays qui déclare posséder
des pièces cc de nature à éclairer l'opi¬
nion publique sur les rapports qui
ont existé entre une partie de la
presse française et des gouverne¬
ments étrangers.
d Ces pièces, ajoute le même
journal, signées de ministres étran¬
gers, énonçant des envois d'argent
et des envois de décorations, sont
entre nos mais »
• Il va sans dire que les journaux
nominativement désignés, le Siècle,
Y Opinion nationale, les Débats, la
Liberté, l'Avenir national, la Revue
des Deux-Mondes, onténergiquemenl
protesté contre les allégations du
Pays. Leurs rédacteurs ont signé et
adressé au Pays la déclaration sui¬
vante :
« Les soussignés autorisent le journal le
Pays à publier toutes les pièces qu'il a déclaré
être dans sesùnains, et renoncent expressément
à exercer aucune poursuite judiciaire motivée
parle fait de celte publication.
» E. de Girard in , Ad. Gùéroult, F. Buloz,
L. Haviri, E.-F. Berlin , Jules Mallias. »
En grand ou en petit, on peut être
dévoué au gouvernement de son
pays , et être l'organe sincère et con¬
vaincu tic ce gouvernement; on peut
partager les opinions d'un groupe
d'hommes appartenant à l'opposition
et fondateurs d'une feuille publique,
et se faire l'interprète de cette oppo¬
sition, on peut même voir un jour¬
nal ne relevant que d'un seul homme
(c'est là le cas de M. le dépu té Lalour-
Dumoulin); mais être en France et
tenir une plume agréable à des gou¬
vernements étrangers ! il faut être
Saint-Thomas là-dessus, et ne croire
qu'en mettant le doigt sur des preu¬
ves irrécusables.
Il y aura procès sans doute et nous
ferons connaître le dénouement du
procès. — Camille Ignon.
Nous avons reçu deux lettres de
Paris: l'une qui précède, par la date,
la reprise des séances du corps légis¬
latif et qui ne nous est parvenue
qu'après l'impression de notre der¬
nier numéro ; l'autre, qui est plus
récente. Elles renferment l'une et
l'autre des détails qui nous ont paru
intéressants, et nous en extrayons les
passages suivants :
Paris, 29 février /S68.
La reprise des travaux du Corps législatif
aura lieu lundi prochain, et les articles de la loi
sur la presse renvoyés à la commission seront
soumis à de nouveaux débats publics. La com¬
mission seule travaille au Palais-Bourbon, et
sa tâche n'est pas des moins laborieuses. Je vous
ai dit combien d'amendements nouveaux lui
avaient été adressés.
Le répit parlementaire m'autorise à aborder
les nombreux sujets qui occupent l'attention
publique. D'abord c'est l'effet considérable pro¬
duit à Paris par la nouvelle de la mise en accu¬
sation du président des Etats-Unis. C'est la pre-
mière'fois qu'une résolu tionaussigraveaélé prise
par la représentation nationale de la République
américaine. Peut-être le parti radical, qui
pousse au renversement du chef de l'Etat, as-
su me-t-il, devant son pays et devant la postérité,
une responsabilité bien lourde. Il faut qu'on
n'ignore pas, en effet, que le président John¬
son, arrivé au pouvoir suprême après le crime
qui donna à la gloire de Lincoln l'auréole du
martyre, trouva l'œuvre de reconstitution de
l'Union ébauchée à peine, et cette œuvre de¬
vait être poursuivie sans relâche. Les radicaux
du Nord voulurent maintenir contre les anciens
Etats rebelles la tutelle militaire des vainqueurs,
et c'est sur les points innombrables de cette re¬
constitution, où Johnson apportait au moins
une grande prudence et un rare esprit de con¬
ciliation, que survinrent les premières diffi¬
cultés entre la législature des Etats-Unis et le
président de la République. Les choses sont
trop loin de nous pour qu'elles puissent solli¬
citer une narration qui ne serait pas toujours
d'un véritable intérêt; mais il y a lieu de préci¬
ser l'événement qui nous occupe aujourd'hui
en disant que c'est à la suite du refus du prési¬
dent d'accepter M. Slanton comme ministre de
la guerre, déjà destitué et cette fois imposé par
le congrès, que. le sénat américain a pris texte
d'uneprétendue violation de la Constitution pour
■ entendre l'acte d'.ac usation contre M. Johnson.
Les événemens vont suivre rapidement aux
Elats-Unis. Dans, une crise de cette nature, — et
Dieu veuille qu'aucun redoutable conflit ne
vienne encore une fois allumer la. guerre civile
sur le sol de la République, — dans une crise
semblable, disons-nous, il sera intéressant de
suivre les péripéties diverses et émouvantes de
celle lutte entre le pouvoir exécutif et le pou¬
voir législatif aux Etats-Unis. J'aurai soin de
vous tenir an courant des détails particuliers et
exacts qui serontà ma disposition.
Un autre fait, — mais avec des conséquences
bien plus rassurantes, — c'est la démission de
lord Derby comme chef du cabinet britannique.
L'âge et la fatigue imposent àcet homme d'Etat
une retraite définitive, et M. Disraeli devient le
chef du gouvernement. On pense encore au¬
jourd'hui à Paris que la démission de lord
Derby n'entraînera pas celle desautres membres
du cabinet. Cependant, aux termes de la cons¬
titution anglaise , il en devrait ctre ainsi. Quoi
qu'il en soit, les membres restants recevront
une nouvelle confirmation de leurs fonctions par
M. Disraeli.
C'est à ce ministre qu'incombe la lâche si
périlleuse de l'apaisement de l'Irlande. La doc¬
trine de Sluart Mill sera-t-elle-enfin . adoptée
par le gouvenemenl : il faut que la terre ir¬
landaise appartienne à ceux qui la cultivent?
Là est toule la question .
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