Titre : L'Armoricain : journal politique, commercial, maritime et littéraire ["puis" journal de Brest et du Finistère...]
Éditeur : [s.n.] (Brest)
Date d'édition : 1863-04-30
Contributeur : Bouët, Alexandre (1798-1857). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32702269v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 avril 1863 30 avril 1863
Description : 1863/04/30 (A30,N4608). 1863/04/30 (A30,N4608).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG29 Collection numérique : BIPFPIG29
Description : Collection numérique : BIPFPIG29 Collection numérique : BIPFPIG29
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t51189815m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-59
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/02/2023
4608 . — 30 Année.
Journal des Annonces Judiciaires de l’Arrondissement de Brest.
Jeudi 30 Avril 1863.
ses
==
L’ARMORICAT
, Tg - —
wiee
trl
1
Journal de BBrest et dn Winistere
PRIX DES ABONNEMENTS :
Un an. Six mois. Trois mois.
Pour BREST 52 fr. 17 fr. 9 fr.
Hors BREST 56 19 10
Les Abonnements se paient d’avancé;
Parait les MARDI, JEUDI et SAMEDI.
On s’abonne : )
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A BREST, aux Bureaux du Journal, rue de la Rampe, 55;
A PARIS, chez MM. Havas, rue Jean - Jacques - Rousseau , 3;
— — LAFFITE , BULLIER et Cie, Place de la Bourse , 8 ;
— — Isidore Fontaine , rue de Trévise , 22.
PRIX DES INSERTIONS :
40 centimes la ligne dans les colonnes intérieures.
20 centimes la ligne dans le cadre des Annonces,
Les Annonces se paient suivana le nombre de lignes
dont elles Gennent la place.
Les lettres non affranchies ne seront pas reçues.
BREST, 50 AVRIL.
Corps Legislatif.
Compte rendu de la séance du 25 avril 1863.
Discussion du Budget de la Marine.
M. le comte de La Tour a la parole sur la pre
mière section : Messieurs, dit-il, j’espère rencontrer
toutes vos sympathies en venant détendre les inté
rêts de notre marine militaire.
Notre marine, grâce à la sollicitude du gouverne
ment, à laquelle le Corps législatif s'est souvent as
socié, a réalisé depuis 1857 des progrès considéra
bles. Mais depuis deux ans, un certain ralentissement
que je regrette s’est manifesté. Les progrès accom
plis par l’Angleterre pendant la même période doi
vent pourtant nous exciter à faire reprendre à nos
travaux maritimes l'essor heureux qu’ils avaient pris
depuis 1857.
Il y a que ques années, l’Angleterre s’était quelque
peu assoupie dans la conscience de sa gloire passée.
Lors de la guerre de Crimée, la vue de nos 18 vais
seaux, parmi lesquels se présentaient de si beaux
modèles, l'émut, et elle se mit à travailler avec pré
cipitation. La presse a exagéré sans doute les résul
tats que l’Angleterre a obtenus par cette activité sou
daine. Mais la vérité n’en est pas moins pleine
d'enseignemens pour nous.
L’Angleterre a fait, depuis 1857, des dépenses
excessives pour la défene de ses côtes. Elle a porté
son personnel embarqué et sa réserve active à 80,000
hommes. Son budget de la marine a été élevé de
450 millions à 300 millions ; il a été réduit, il est
vrai, il y a quelques jours, à 250 millions ; mais un
crédit spécial de 100 millions a été voté pour la
construction de navires cuirassés , et 60 millions ont
été mis à la disposition de ses constructeurs sur
cette somme, de manière que l’Angleterre peut avoir
actuellement-60 vaisseaux de bois, une quarantaine
de frégates et 4 8 navires cuirassés, dont 4 sont à flot
et 14 seront bientôt terminés.
Comme personnel, elle a 6,000 officiers , et elle
peut compter sur environ 220.000 marins disponi
bles de vingt à quarante ans. Voilà la force réelle de
la marine anglaise aujourd’hui.
Quels sont les progrès que nous avons réalisés?
En 1846, nos Chambres, par un vote unanime, dé
cidèrent que la France devait avoir 328 navires de
combat, sur lesquels 90 vaisseaux et frégates devaient
-être construits dans une courte période. L’ordon
nance de 1857 a été moins loin. D’après cette or
donnance, nous devons avoir seulement 150 navires
à vapeur de combat, devant coûter 244 millions en
quatorze années.
Sur cette somme , 47 millions par an furent fixés
pour réaliser ce but , dont 12 millions 500,000 fr.
destinés à la transformation de la flotte et 4 millions
500,000 fr. aux travaux hydrauliques. Au prix de
ces dépenses très-modérées, un progrès sérieux a été
immédiatement, obtenu.
En 4857, nous avions 41 navires de guerre à va
peur, dont 23 grands bâtimens de combat, 18 vais-
seaux et 5 frégates ; en 1861, ce nombre s’élevait
déjà à 35 vaisseaux et 18 frégates, dont une cuiras
sée, et nous avions 88 navires à vapeur. Ainsi le
progrès réalisé était représenté par 33 grands bâti-
mens de combat.
En 4 863, au contraire, et c’est sur ce point que
j’appelle toute l’attention de la Chambre, le progrès
s’est ralenti. Nous avons, il est vrai, 412 navires à
vapeur, mais seulement 36 vaisseaux, 24 frégates
ordinaires et 4 cuirassées ; en tout, 6‘grands navi
res de combat, soit 14 grands navires de combat de
plus qu’en 1861.
Pour les bâtimens cuirassés le ralentissement est
encore plus marqué. M. le général Allard nous disait
il y a deux ans que nous avions 6 frégates cuirassées
terminées et 10 sur les chantiers. Maintenant 4 seu
lement sont à flot, dont 2 sont en préparation. Il
ajoutait qu’il y avait eu chantier 1 0 navires cuirassés;
mais ils sont loin d’être prêts, puisqu’il n’en est pas
même fait mention dans les comptes-rendus qui
nous sont distribués.
Ainsi 1 Angleterre a acquis une force relativement
bien plus considérable que nous depuis 1861, et
pourquoi? D abord nos expéditif ns lointaines ont
usé des bâtimens, de sorte que notre marine n’a pas
pu conserver depuis deux ans, cette plus value de 12
millions qu’on nous signalait.
Et cependant c’est à ce moment qu’on réduit de 3
millions ce chiffre de 17 millions voté en 1857, et
qui devrait être considéré comme inviolable. Il n’y
a rien d’exagéré dans une semblable part faite dans
le budget de la marine militaire de la France. Un
grand pays comme le nôtre doit toujours être en état
de faire respecter la liberté des mers. Je demande
donc instamment que ce chiffre de 17 millions figure
intégralement dans les budgets ultérieurs.
Une première réduction de 500,000 fr. a été faite
l’année dernière; la réduction est de 2 millions
500.000 fr. cette année. Est-ce le moment de nous
arrêter dans l’œuvre de la transformation de la flotte
quand l’Angleterre consacre 400 millions à la créa
tion de sa flotte cuirassée?
D’autres réductions regrettables ont été faites sur
le chapitre de la défense des côtes , et je demande à
dire quelques mots à cet égard, bien que ces consi
dérations se rattachent au ministère de la guerre.
L’Angleterre a commencé et continue dans la
Manche des travaux considérables, et nous, dans la
Manche, noys n’avons que Cherbourg Nous y man
quons totalement d’abris, et deux ports de refuge
seraient absolument nécessaires , l’un au nord de
Cherbourg, et l’autre entre Cherbourg et Brest. Il y a
là un intérêt considérable pour la .marine militaire
et commerciale.
Au point de vue du personnel , il y a quelques
améliorations à désirer. Il ne faut pas certainement
trop s’ffrayer du nombre supérieur des marins de
l’Angleterre, qui peut s'estimer à 220.000 hommes
disponibles, de vingt à quarante ans. Mais il n’en est
pas moins vrai qu’en défalquant les non-valeurs du
chiffre de l'inscription maritime. ou arriverait à ce
résultat que le personnel disponible de notre marine
militaire ne dépasse pas 80 000 hommes.
Je sais que les navires cuirassés n’exigent pas un
personnel aussi nombreux que les navires à voiles;
mais il ne faut pas oublier que pour la navigation
lointaine on aura toujours besoin de bâtimens mixtes
qui exigent un personnel considérable.
Nous avons en ce moment 47,500 hommes à bord,
et notre réserve serait tout à-fait insuffisante en cas
de guerre. On pourrait accroître facilement cette
réserve en portant de 4 2,000 à 30.000 le contingent
que le recrutement apporte à l’armée de mer, durant
la période de sept ans -de service, en augmentant de
3 à 4,000 hommes le contingent- annuel demandé
par la marine au recrutement.
En outre, au moment du recrutement, un certain
nombre de jeunes gens qui ont déjà navigué deman-
déni à entrer dans l’armée de mer. Ils ne sont pas
admis quand ils n’ont pas une certaine taille dont le
niveau devrait être abaissé. Un jeune homme de 4.
mètre 60 centimètres n‘est-il pas capable de manier
la carabine ? Des hommes de la taille des zouaves et
des chasseurs à pied ne peuvent-ils pas faire d’excel-
lens matelots?
L’augmentation du contingent du recrutement et
cette exemption de taille permettraient d’avoir sous
la main une réserve plus considérable, et, en cas de
guerre , la marine militaire compterait toujours au
moins 100,000 combattons.
Quant au personnel des officiers, 210 officiers ont
été ajoutés récemment aux cadres. J’approuve plei
nement cette mesure ; mais , malgré celte augmen
tation, la France a cependant encore moins de 1,900
officiers en face de 6,000 officiers de la marine bri
tannique. Il y a là encore insuffisance.
Je terminerai par quelques mots sur l’administra-
tion de la marine. J’ai déjà demandé que le com
missariat reçût des améliorations indispensables ;
l’administration de la marine est en souffrance. Il
faut souvent charger de simples commis de travaux
très importans.
Il y a en outre une différence regrettable de trai
tement et de carrière entre le commissariat maritime
et l’intendance militaire. Je sais que le gouverne
ment se préoccupe de celte question, et je demande
qu’elle reçoive prochainement satisfaction.
Qu'il me soit permis, à la fin de cette législature,
dépaver un juste tribut de reconnaissance à l’armée
et à la marine. Notre marine vient d’accomplir un
fait unique dans les annales maritimes. Le transport
de plus de 30,000 hommes-par la mauvaise saison,
à travers l’Océan Atlantique, fait le plus grand hon-
neur au dévouement et à l’habileté de nos marins.
(Approbation)
Il y avait de terribles maladies-à affronter; on
était exposé à mourir obscurément loin de son pays,
et cependant je ne sache pas qu un seul officier ait
refusé l’embarquement. La France doit être fière de
posséder de tels hommes, et le Corps législatif tout
entier peut dire que nos soldats et nos marins ont
véritablement bien mérité du pays. (Marques géné
rales d’approbation.)
zV. le général Allard, président de section au
Conseil d’État , commissaire du gouvernement : Je
suis-très disposé à m’associer aux regrets exprimés
par l’honorable préopinant; je dois dire cependant
que les choses ne sont pas aussi négligées qu’il l’a
dit. M. de La Tour craint que, par la diminution des
annuités affectées à la transformation de la flotte, les
travaux n’aient été sensiblement ralentis.
Il n’en est rien ; l’annuité de 17 millions a tou
jours été servie régulièrement , et ce n’est qu’au
budget de -1864 que figurera une réduction que je
regrette aussi bien que l'honorable M. de La Tour.
Si le gouvernement s'est décidé à cette réduction ,
c’est pour obéir à des nécessités budgétaires. La ré
duction d’ailleurs n’a été que de 2 millions.
zU. le comte de La Tour : Elle est de 2 millions
530,000 fr.
M. le commissaire du gouvernement : Elle n’est
que deux millions au point de vue de la transfor
mation de la flotte ; sur la réduction de 2 millions
530,003 fr. , 500,000 fr. s’appliquent aux ports.
Quant à la défense des côtes, M. de La Tour craint
que les travaux qu’elle a nécessités n’aient été né
gligés. Qu’il me permette de le rassurer à cet égard.
Un décret du 17 août 1859 a affecté une somme de
23 millions 500,000 fr. à divers travaux que la com
mission chargée d’examiner les moyens propres à
assurer la défense des côtes avait déclarés acquis , à
savoir 344 batteries et 27 forts dansdiveres rades.
Eh bien, à l’heure qu’il est, une somme de 15 mil
lions 500,000 fr. a été dépensée, et 295 batteries et
4 8 forts sont entièrement construits ; les autres sont
plus ou moins avancés, et tout fait espérer que dans
très peu d’années ils seront terminés. C’est vous dire
que le gouvernement n’a apporté aucune négligence
dans les travaux de défense des côtes
M. de La Tour voudrait qu'il fût créé dans l’armée
navale une réserve semblable à la réserve de l’armée
de terre , et cela à l’aide d’un prélèvement de 20,000
hommes sur le recrutement. Eh bien ! si nous fai
sions ce que demande M. de La Tour , ce ne serait
plus un contingent annuel de 4 00,000 hommes que
nous aurions à vous demander, mais un contingent
de 120,000 hommes. En citant l’exemple de l’Angle
terre , M. de La Tour a oublié que l’Angleterre n'a
pas l’inscription maritime. Il est donc indispensable
qu’elle ait une réserve.
Mais la France n’est pas dans la même cas, et une
réserve pour l’armée navale n’est pas nécessaire.
M de La Tour voudrait encore que le minimum
de taille exigé chez les marins fut abaissé. Je rappel
lerai à M de La Tour que les marins fournis par
l’inscription maritime ne sont soumis à aucun rè
glement de taille. 1 La taille de I mètre 60 cent.au
moins est seulement exigée chez les hommes prove
nant du recrutement. S’ils veulent échapper a cette
condition , qu’ils devancent l’appel et demandent à
faire partie de l’inscription maritime.
En ce qui touche les améliorations que M. de La
Tour a demandées pour l’administration de la mari
ne , je suis heureux de lui apprendre que depuis
deux ans un projet de réorganisation du commissa
riat est soumis au conseil d'Amirauté , et qu’une
solution ne tardera sans doute pas à être adoptée.
M. de La Tour peut voir là la preuve que le gouver
nement s’associeraux vœux qu’il a exprimés en fa
veur de la marine. (Approbation.)
M. le vicomte de Kervèguen : Messieurs , j’ai pré-
senté à la commission du budget deux amendements:
Éun sur les chirurgiens, l’autre sur les petits em -
plovés.
Par le premier, j’ai demandé que le nombre des
chirurgiens de la marine fût augmenté. Le nombre
qui existe aujourd’hui est tout à-fail insuffisant.
La commission du budget m’a répondu qu’il avait
été augmenté il y a deux ans ; c’est vrai, on a accru
le corps des chirurgiens de 25 membres ; seulement
il a fallu en même temps organiser le service médi-
„cal de la Cochinchi ne. Ce service a exigé 40 chirur
giens. De telle sorte que, en réalité , on a diminué
le nombre des officiers de santé de 15 membres.
J'insiste donc pour que mes observations soient pri
ses en considération.
Par mon second amendement, j’ai demandé que
le budget nous fît connaître la solde réelle et exacte
de chacun des petits employés de la marine, afin de
pouvoir déterminer régulièrement la répartition des
augmentations que nous avons votées pour les petits
employés.
Jusqu’ici ces augmentations sont portées d’une
manière générale au budget comme suppléments ou
comme gratifications. Il serait mieux de les détailler
et de les introduire dans la classification régulière
des émoluments attachés à chaque grade.
En terminant , je veux exprimer la satisfaction
que j’ai éprouvée ou entendant ici M. le commissaire
du gouvernement nous annoncer pour l’administra-
lion de la marine des améliorations qui sont atlen-
dues avec impatience. Nous devons déjà des remer-
cimens à M. le ministre de la marine , nous lui en
devons de nouveaux.
M. le général Allard , commissaire du gouverne-
ment : Messieurs , le ministre de la marine s’est ap-
pliqué à remédier, autant que possible, à la situation
des chirurgiens de la marine. Leur service est péni-
== === ==
Feuilleton de l'ARMORICAIN du 30 Avril 1 86 3.
— 43 —
LA JEUNESSE
DU
BOX HENRI
ROMAN HISTORIQUE
Par M. le Vicomte PONSON DU TERRAIL.
DEUXIÈME VOLUME.
' De son côté, l'inconnu regarda Hector et lui
trouva bonne mine.
En même temps l’accent du jeune homme lui
révélait son origine.
— Allons! monsieur dit Hector, dépêchons-
nous 1
— Monsieur, dit l’inconnu en croisant le fer,
je vous renouvelle ma proposition.
— Je la refuse !
Et Hector attaqua le premier. .
Mais l’inconnu était un rude tireur : dès la
$
première passe, Hector crut retrouver celle mé
thode solide, celle main sûre qu’il avait trouvée
tout à l'heure chez le roi de Navarre.
Cependant Hector tirait fort bien ; ensuite il
avait un merveilleux sang-froid, que doublait son
humeur chagrine,
Hector, depuis qu’il savait que Sarah ne l’ai-
merait jamais, ne tenait plus à la vie.
Enfin notre héros avait, sur le terrain, une
qualité rare : il se souvenait des beaux coups
qu’il avait vu faire et osiat les essayer.
— Monsieur, reprit l’inconnu, si vous saviez
le besoin pressant que j’ai de votre cheval, vous
ne me le refuseriez pas... car...
L’inconnu termina sa phrase parune excla
mation de colère.
L’épée d’Hector l’avait effleuré en pleine poi
trine.
— Ah ! puisqu’il en est]ainsi, s’écria-t-il, je
ne vais plus vous ménager, mon jeune coq.
Et il porta un coup furieux à Hector.
Celui-ci le para à moitié, mais l’épée de l’in
connu ne l’atteignit pas moins au bras et y entra
profondément.
Hector jeta un cri, fit un bon en arrière, puis,
se souvenant de la leçon que le roi de Navarre
lui avait donnée tout à l’heure, il retomba en
garde, attaqua vivement, parvint à lier l’épée de
son adversaire tierce sur tierce, et, d’un revers
de poignet, la fit voler à dix pas en même temps
qu’il appuyait la sienne sur la poitrine de l’in-
connu,
— C’est le coup qu’on m’a montré ce soir,
dit-il.
L’inconnu se crut mort.
— Monsieur, lui dit alors Hector, vous êtes
en mon pouvoir et j’ai le droit de vous tuer.
— Tuez-moi ! dil l’inconnu froidement.
— Mais je ne le ferai pas, car je viens de
songer que, peut-être, vous n’aviez si grand
besoin de mon cheval que pour aller à un rendez-
vous d’amour ; et moi qui aime, acheva le jeune
homme en soupirant, je comprends ceschoses-là...
L’inconnu tressaillit.
— En effet, dit-il, j’allais à un rendez vous.;,
une femme m’attend.
Hector releva son épée :
— Eh bien ! monsieur, dit-il, prenez mon
cheval, je ne vous le vends pas, je vous le prête.
Vous me le renverrez demain à l’hôtellerie .du
Cheval-Rouan, rue Saint-Jacques.
— Monsieur, répondit l’inconnu, touché de
la noblesse du procédé, je n’accepterai votre che
val que si vous consentez à me tendre la main.
— Oh ! de grand cœur, monsieur...
Et Hectorprit la main de l’inconnu.
Puis il détacha le cheval de Noë du cou de
Lucifer.
Les deux animaux étaient demeurés paisibles
spectateurs du combat.
— Voila le cheval, dit Hector, sautez en
selle, monsieur, et que Dieu vous rende heu
reux...
La voix d’Hector était triste.
— Mon jeune ami, répondit l’inconnu, vous
semblez malheureux... Auriez-vous le cœur ma
lade ?
— Hélas !
— Et voire mal est-il sans remède ?
— Sans remède, monsieur.
Hector sauta en selle à son tour :
— Adieu ! monsieur, dit-il, soyez heureux .,
Et il s’éloigna au galop.
Hector, arraché par celle aventure à sa torpeur
morale, dirigea le cheval de Nue vers le Pont-
au Change, traversa la Cité et gagna l’hôtellerie
du Cheval-Rouan.
. Là il s’enquit de ses amis.
Lalire et Hogier étaient sortis sans dire où ils
al'aicnl.
Hector monta dans sa chambre, s’y enferma
et fui bientôt replongé dans son désespoir. Une
heure s’écoula, pendant laquelle il oublia l’in-
connu pour ne songer qu’à Sarah. Mais on frappa
à la porte, et ce bruit l’arracha de nouveau à sa
prostration.
— Qui est là ? demanda-t-il.
— Moi ! répondit la voix. Noë.
Hector alla ouvrir.
Noë était sur le seuil, un flambeau à la main,
el la lumière de ce flambeau tombant d’aplomb
sur Hector fit étinceler quelques goulles de sang
qui jaspaient son pourpoint de couleur grise.
Le jeune homme, on s’en souvient, avait été
légèrement blessé, si légèrement qu’il n’y avait
pas pris garde.
— Qu‘est-ce que ce sang? s’écria Noë.
— Ah ! ce"n‘est rien, dil Hector.
— Tu l’es battu ?
— Oui.
— Avec qui ?
— Avec un inconnu à qui on avait vendu mon
cheval
— Que me chantes-tu là ?
- La vérité.
•— Je sais bien qu’on l’a volé ion cheval,
mais...
Hector prit le parti de raconter à Noë son
aventure tout au long
Noë l’écoula allentivement; puis il lui
demanda le signalement exact de son inconnu.
— Ma foi ! dit Hector, il est jeune, grand,
fort beau garçon, en dépit d’une large balafre qui
lui coupe le visage en deux.
— Une balafre !
4— Oui
— A-1 il la barbe brune :
-—- Oui
— Taillée en pointe?
— Justement.
— El n‘as-tu pas remarqué, lorsqu’il parle,
un léger grasseyement dans la voix ?
— Tiens! dit Hector., c’est vrai. Tu le con—
nais donc? .
e - j
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Discussion du Budget de la Marine.
M. le comte de La Tour a la parole sur la pre
mière section : Messieurs, dit-il, j’espère rencontrer
toutes vos sympathies en venant détendre les inté
rêts de notre marine militaire.
Notre marine, grâce à la sollicitude du gouverne
ment, à laquelle le Corps législatif s'est souvent as
socié, a réalisé depuis 1857 des progrès considéra
bles. Mais depuis deux ans, un certain ralentissement
que je regrette s’est manifesté. Les progrès accom
plis par l’Angleterre pendant la même période doi
vent pourtant nous exciter à faire reprendre à nos
travaux maritimes l'essor heureux qu’ils avaient pris
depuis 1857.
Il y a que ques années, l’Angleterre s’était quelque
peu assoupie dans la conscience de sa gloire passée.
Lors de la guerre de Crimée, la vue de nos 18 vais
seaux, parmi lesquels se présentaient de si beaux
modèles, l'émut, et elle se mit à travailler avec pré
cipitation. La presse a exagéré sans doute les résul
tats que l’Angleterre a obtenus par cette activité sou
daine. Mais la vérité n’en est pas moins pleine
d'enseignemens pour nous.
L’Angleterre a fait, depuis 1857, des dépenses
excessives pour la défene de ses côtes. Elle a porté
son personnel embarqué et sa réserve active à 80,000
hommes. Son budget de la marine a été élevé de
450 millions à 300 millions ; il a été réduit, il est
vrai, il y a quelques jours, à 250 millions ; mais un
crédit spécial de 100 millions a été voté pour la
construction de navires cuirassés , et 60 millions ont
été mis à la disposition de ses constructeurs sur
cette somme, de manière que l’Angleterre peut avoir
actuellement-60 vaisseaux de bois, une quarantaine
de frégates et 4 8 navires cuirassés, dont 4 sont à flot
et 14 seront bientôt terminés.
Comme personnel, elle a 6,000 officiers , et elle
peut compter sur environ 220.000 marins disponi
bles de vingt à quarante ans. Voilà la force réelle de
la marine anglaise aujourd’hui.
Quels sont les progrès que nous avons réalisés?
En 1846, nos Chambres, par un vote unanime, dé
cidèrent que la France devait avoir 328 navires de
combat, sur lesquels 90 vaisseaux et frégates devaient
-être construits dans une courte période. L’ordon
nance de 1857 a été moins loin. D’après cette or
donnance, nous devons avoir seulement 150 navires
à vapeur de combat, devant coûter 244 millions en
quatorze années.
Sur cette somme , 47 millions par an furent fixés
pour réaliser ce but , dont 12 millions 500,000 fr.
destinés à la transformation de la flotte et 4 millions
500,000 fr. aux travaux hydrauliques. Au prix de
ces dépenses très-modérées, un progrès sérieux a été
immédiatement, obtenu.
En 4857, nous avions 41 navires de guerre à va
peur, dont 23 grands bâtimens de combat, 18 vais-
seaux et 5 frégates ; en 1861, ce nombre s’élevait
déjà à 35 vaisseaux et 18 frégates, dont une cuiras
sée, et nous avions 88 navires à vapeur. Ainsi le
progrès réalisé était représenté par 33 grands bâti-
mens de combat.
En 4 863, au contraire, et c’est sur ce point que
j’appelle toute l’attention de la Chambre, le progrès
s’est ralenti. Nous avons, il est vrai, 412 navires à
vapeur, mais seulement 36 vaisseaux, 24 frégates
ordinaires et 4 cuirassées ; en tout, 6‘grands navi
res de combat, soit 14 grands navires de combat de
plus qu’en 1861.
Pour les bâtimens cuirassés le ralentissement est
encore plus marqué. M. le général Allard nous disait
il y a deux ans que nous avions 6 frégates cuirassées
terminées et 10 sur les chantiers. Maintenant 4 seu
lement sont à flot, dont 2 sont en préparation. Il
ajoutait qu’il y avait eu chantier 1 0 navires cuirassés;
mais ils sont loin d’être prêts, puisqu’il n’en est pas
même fait mention dans les comptes-rendus qui
nous sont distribués.
Ainsi 1 Angleterre a acquis une force relativement
bien plus considérable que nous depuis 1861, et
pourquoi? D abord nos expéditif ns lointaines ont
usé des bâtimens, de sorte que notre marine n’a pas
pu conserver depuis deux ans, cette plus value de 12
millions qu’on nous signalait.
Et cependant c’est à ce moment qu’on réduit de 3
millions ce chiffre de 17 millions voté en 1857, et
qui devrait être considéré comme inviolable. Il n’y
a rien d’exagéré dans une semblable part faite dans
le budget de la marine militaire de la France. Un
grand pays comme le nôtre doit toujours être en état
de faire respecter la liberté des mers. Je demande
donc instamment que ce chiffre de 17 millions figure
intégralement dans les budgets ultérieurs.
Une première réduction de 500,000 fr. a été faite
l’année dernière; la réduction est de 2 millions
500.000 fr. cette année. Est-ce le moment de nous
arrêter dans l’œuvre de la transformation de la flotte
quand l’Angleterre consacre 400 millions à la créa
tion de sa flotte cuirassée?
D’autres réductions regrettables ont été faites sur
le chapitre de la défense des côtes , et je demande à
dire quelques mots à cet égard, bien que ces consi
dérations se rattachent au ministère de la guerre.
L’Angleterre a commencé et continue dans la
Manche des travaux considérables, et nous, dans la
Manche, noys n’avons que Cherbourg Nous y man
quons totalement d’abris, et deux ports de refuge
seraient absolument nécessaires , l’un au nord de
Cherbourg, et l’autre entre Cherbourg et Brest. Il y a
là un intérêt considérable pour la .marine militaire
et commerciale.
Au point de vue du personnel , il y a quelques
améliorations à désirer. Il ne faut pas certainement
trop s’ffrayer du nombre supérieur des marins de
l’Angleterre, qui peut s'estimer à 220.000 hommes
disponibles, de vingt à quarante ans. Mais il n’en est
pas moins vrai qu’en défalquant les non-valeurs du
chiffre de l'inscription maritime. ou arriverait à ce
résultat que le personnel disponible de notre marine
militaire ne dépasse pas 80 000 hommes.
Je sais que les navires cuirassés n’exigent pas un
personnel aussi nombreux que les navires à voiles;
mais il ne faut pas oublier que pour la navigation
lointaine on aura toujours besoin de bâtimens mixtes
qui exigent un personnel considérable.
Nous avons en ce moment 47,500 hommes à bord,
et notre réserve serait tout à-fait insuffisante en cas
de guerre. On pourrait accroître facilement cette
réserve en portant de 4 2,000 à 30.000 le contingent
que le recrutement apporte à l’armée de mer, durant
la période de sept ans -de service, en augmentant de
3 à 4,000 hommes le contingent- annuel demandé
par la marine au recrutement.
En outre, au moment du recrutement, un certain
nombre de jeunes gens qui ont déjà navigué deman-
déni à entrer dans l’armée de mer. Ils ne sont pas
admis quand ils n’ont pas une certaine taille dont le
niveau devrait être abaissé. Un jeune homme de 4.
mètre 60 centimètres n‘est-il pas capable de manier
la carabine ? Des hommes de la taille des zouaves et
des chasseurs à pied ne peuvent-ils pas faire d’excel-
lens matelots?
L’augmentation du contingent du recrutement et
cette exemption de taille permettraient d’avoir sous
la main une réserve plus considérable, et, en cas de
guerre , la marine militaire compterait toujours au
moins 100,000 combattons.
Quant au personnel des officiers, 210 officiers ont
été ajoutés récemment aux cadres. J’approuve plei
nement cette mesure ; mais , malgré celte augmen
tation, la France a cependant encore moins de 1,900
officiers en face de 6,000 officiers de la marine bri
tannique. Il y a là encore insuffisance.
Je terminerai par quelques mots sur l’administra-
tion de la marine. J’ai déjà demandé que le com
missariat reçût des améliorations indispensables ;
l’administration de la marine est en souffrance. Il
faut souvent charger de simples commis de travaux
très importans.
Il y a en outre une différence regrettable de trai
tement et de carrière entre le commissariat maritime
et l’intendance militaire. Je sais que le gouverne
ment se préoccupe de celte question, et je demande
qu’elle reçoive prochainement satisfaction.
Qu'il me soit permis, à la fin de cette législature,
dépaver un juste tribut de reconnaissance à l’armée
et à la marine. Notre marine vient d’accomplir un
fait unique dans les annales maritimes. Le transport
de plus de 30,000 hommes-par la mauvaise saison,
à travers l’Océan Atlantique, fait le plus grand hon-
neur au dévouement et à l’habileté de nos marins.
(Approbation)
Il y avait de terribles maladies-à affronter; on
était exposé à mourir obscurément loin de son pays,
et cependant je ne sache pas qu un seul officier ait
refusé l’embarquement. La France doit être fière de
posséder de tels hommes, et le Corps législatif tout
entier peut dire que nos soldats et nos marins ont
véritablement bien mérité du pays. (Marques géné
rales d’approbation.)
zV. le général Allard, président de section au
Conseil d’État , commissaire du gouvernement : Je
suis-très disposé à m’associer aux regrets exprimés
par l’honorable préopinant; je dois dire cependant
que les choses ne sont pas aussi négligées qu’il l’a
dit. M. de La Tour craint que, par la diminution des
annuités affectées à la transformation de la flotte, les
travaux n’aient été sensiblement ralentis.
Il n’en est rien ; l’annuité de 17 millions a tou
jours été servie régulièrement , et ce n’est qu’au
budget de -1864 que figurera une réduction que je
regrette aussi bien que l'honorable M. de La Tour.
Si le gouvernement s'est décidé à cette réduction ,
c’est pour obéir à des nécessités budgétaires. La ré
duction d’ailleurs n’a été que de 2 millions.
zU. le comte de La Tour : Elle est de 2 millions
530,000 fr.
M. le commissaire du gouvernement : Elle n’est
que deux millions au point de vue de la transfor
mation de la flotte ; sur la réduction de 2 millions
530,003 fr. , 500,000 fr. s’appliquent aux ports.
Quant à la défense des côtes, M. de La Tour craint
que les travaux qu’elle a nécessités n’aient été né
gligés. Qu’il me permette de le rassurer à cet égard.
Un décret du 17 août 1859 a affecté une somme de
23 millions 500,000 fr. à divers travaux que la com
mission chargée d’examiner les moyens propres à
assurer la défense des côtes avait déclarés acquis , à
savoir 344 batteries et 27 forts dansdiveres rades.
Eh bien, à l’heure qu’il est, une somme de 15 mil
lions 500,000 fr. a été dépensée, et 295 batteries et
4 8 forts sont entièrement construits ; les autres sont
plus ou moins avancés, et tout fait espérer que dans
très peu d’années ils seront terminés. C’est vous dire
que le gouvernement n’a apporté aucune négligence
dans les travaux de défense des côtes
M. de La Tour voudrait qu'il fût créé dans l’armée
navale une réserve semblable à la réserve de l’armée
de terre , et cela à l’aide d’un prélèvement de 20,000
hommes sur le recrutement. Eh bien ! si nous fai
sions ce que demande M. de La Tour , ce ne serait
plus un contingent annuel de 4 00,000 hommes que
nous aurions à vous demander, mais un contingent
de 120,000 hommes. En citant l’exemple de l’Angle
terre , M. de La Tour a oublié que l’Angleterre n'a
pas l’inscription maritime. Il est donc indispensable
qu’elle ait une réserve.
Mais la France n’est pas dans la même cas, et une
réserve pour l’armée navale n’est pas nécessaire.
M de La Tour voudrait encore que le minimum
de taille exigé chez les marins fut abaissé. Je rappel
lerai à M de La Tour que les marins fournis par
l’inscription maritime ne sont soumis à aucun rè
glement de taille. 1 La taille de I mètre 60 cent.au
moins est seulement exigée chez les hommes prove
nant du recrutement. S’ils veulent échapper a cette
condition , qu’ils devancent l’appel et demandent à
faire partie de l’inscription maritime.
En ce qui touche les améliorations que M. de La
Tour a demandées pour l’administration de la mari
ne , je suis heureux de lui apprendre que depuis
deux ans un projet de réorganisation du commissa
riat est soumis au conseil d'Amirauté , et qu’une
solution ne tardera sans doute pas à être adoptée.
M. de La Tour peut voir là la preuve que le gouver
nement s’associeraux vœux qu’il a exprimés en fa
veur de la marine. (Approbation.)
M. le vicomte de Kervèguen : Messieurs , j’ai pré-
senté à la commission du budget deux amendements:
Éun sur les chirurgiens, l’autre sur les petits em -
plovés.
Par le premier, j’ai demandé que le nombre des
chirurgiens de la marine fût augmenté. Le nombre
qui existe aujourd’hui est tout à-fail insuffisant.
La commission du budget m’a répondu qu’il avait
été augmenté il y a deux ans ; c’est vrai, on a accru
le corps des chirurgiens de 25 membres ; seulement
il a fallu en même temps organiser le service médi-
„cal de la Cochinchi ne. Ce service a exigé 40 chirur
giens. De telle sorte que, en réalité , on a diminué
le nombre des officiers de santé de 15 membres.
J'insiste donc pour que mes observations soient pri
ses en considération.
Par mon second amendement, j’ai demandé que
le budget nous fît connaître la solde réelle et exacte
de chacun des petits employés de la marine, afin de
pouvoir déterminer régulièrement la répartition des
augmentations que nous avons votées pour les petits
employés.
Jusqu’ici ces augmentations sont portées d’une
manière générale au budget comme suppléments ou
comme gratifications. Il serait mieux de les détailler
et de les introduire dans la classification régulière
des émoluments attachés à chaque grade.
En terminant , je veux exprimer la satisfaction
que j’ai éprouvée ou entendant ici M. le commissaire
du gouvernement nous annoncer pour l’administra-
lion de la marine des améliorations qui sont atlen-
dues avec impatience. Nous devons déjà des remer-
cimens à M. le ministre de la marine , nous lui en
devons de nouveaux.
M. le général Allard , commissaire du gouverne-
ment : Messieurs , le ministre de la marine s’est ap-
pliqué à remédier, autant que possible, à la situation
des chirurgiens de la marine. Leur service est péni-
== === ==
Feuilleton de l'ARMORICAIN du 30 Avril 1 86 3.
— 43 —
LA JEUNESSE
DU
BOX HENRI
ROMAN HISTORIQUE
Par M. le Vicomte PONSON DU TERRAIL.
DEUXIÈME VOLUME.
' De son côté, l'inconnu regarda Hector et lui
trouva bonne mine.
En même temps l’accent du jeune homme lui
révélait son origine.
— Allons! monsieur dit Hector, dépêchons-
nous 1
— Monsieur, dit l’inconnu en croisant le fer,
je vous renouvelle ma proposition.
— Je la refuse !
Et Hector attaqua le premier. .
Mais l’inconnu était un rude tireur : dès la
$
première passe, Hector crut retrouver celle mé
thode solide, celle main sûre qu’il avait trouvée
tout à l'heure chez le roi de Navarre.
Cependant Hector tirait fort bien ; ensuite il
avait un merveilleux sang-froid, que doublait son
humeur chagrine,
Hector, depuis qu’il savait que Sarah ne l’ai-
merait jamais, ne tenait plus à la vie.
Enfin notre héros avait, sur le terrain, une
qualité rare : il se souvenait des beaux coups
qu’il avait vu faire et osiat les essayer.
— Monsieur, reprit l’inconnu, si vous saviez
le besoin pressant que j’ai de votre cheval, vous
ne me le refuseriez pas... car...
L’inconnu termina sa phrase parune excla
mation de colère.
L’épée d’Hector l’avait effleuré en pleine poi
trine.
— Ah ! puisqu’il en est]ainsi, s’écria-t-il, je
ne vais plus vous ménager, mon jeune coq.
Et il porta un coup furieux à Hector.
Celui-ci le para à moitié, mais l’épée de l’in
connu ne l’atteignit pas moins au bras et y entra
profondément.
Hector jeta un cri, fit un bon en arrière, puis,
se souvenant de la leçon que le roi de Navarre
lui avait donnée tout à l’heure, il retomba en
garde, attaqua vivement, parvint à lier l’épée de
son adversaire tierce sur tierce, et, d’un revers
de poignet, la fit voler à dix pas en même temps
qu’il appuyait la sienne sur la poitrine de l’in-
connu,
— C’est le coup qu’on m’a montré ce soir,
dit-il.
L’inconnu se crut mort.
— Monsieur, lui dit alors Hector, vous êtes
en mon pouvoir et j’ai le droit de vous tuer.
— Tuez-moi ! dil l’inconnu froidement.
— Mais je ne le ferai pas, car je viens de
songer que, peut-être, vous n’aviez si grand
besoin de mon cheval que pour aller à un rendez-
vous d’amour ; et moi qui aime, acheva le jeune
homme en soupirant, je comprends ceschoses-là...
L’inconnu tressaillit.
— En effet, dit-il, j’allais à un rendez vous.;,
une femme m’attend.
Hector releva son épée :
— Eh bien ! monsieur, dit-il, prenez mon
cheval, je ne vous le vends pas, je vous le prête.
Vous me le renverrez demain à l’hôtellerie .du
Cheval-Rouan, rue Saint-Jacques.
— Monsieur, répondit l’inconnu, touché de
la noblesse du procédé, je n’accepterai votre che
val que si vous consentez à me tendre la main.
— Oh ! de grand cœur, monsieur...
Et Hectorprit la main de l’inconnu.
Puis il détacha le cheval de Noë du cou de
Lucifer.
Les deux animaux étaient demeurés paisibles
spectateurs du combat.
— Voila le cheval, dit Hector, sautez en
selle, monsieur, et que Dieu vous rende heu
reux...
La voix d’Hector était triste.
— Mon jeune ami, répondit l’inconnu, vous
semblez malheureux... Auriez-vous le cœur ma
lade ?
— Hélas !
— Et voire mal est-il sans remède ?
— Sans remède, monsieur.
Hector sauta en selle à son tour :
— Adieu ! monsieur, dit-il, soyez heureux .,
Et il s’éloigna au galop.
Hector, arraché par celle aventure à sa torpeur
morale, dirigea le cheval de Nue vers le Pont-
au Change, traversa la Cité et gagna l’hôtellerie
du Cheval-Rouan.
. Là il s’enquit de ses amis.
Lalire et Hogier étaient sortis sans dire où ils
al'aicnl.
Hector monta dans sa chambre, s’y enferma
et fui bientôt replongé dans son désespoir. Une
heure s’écoula, pendant laquelle il oublia l’in-
connu pour ne songer qu’à Sarah. Mais on frappa
à la porte, et ce bruit l’arracha de nouveau à sa
prostration.
— Qui est là ? demanda-t-il.
— Moi ! répondit la voix. Noë.
Hector alla ouvrir.
Noë était sur le seuil, un flambeau à la main,
el la lumière de ce flambeau tombant d’aplomb
sur Hector fit étinceler quelques goulles de sang
qui jaspaient son pourpoint de couleur grise.
Le jeune homme, on s’en souvient, avait été
légèrement blessé, si légèrement qu’il n’y avait
pas pris garde.
— Qu‘est-ce que ce sang? s’écria Noë.
— Ah ! ce"n‘est rien, dil Hector.
— Tu l’es battu ?
— Oui.
— Avec qui ?
— Avec un inconnu à qui on avait vendu mon
cheval
— Que me chantes-tu là ?
- La vérité.
•— Je sais bien qu’on l’a volé ion cheval,
mais...
Hector prit le parti de raconter à Noë son
aventure tout au long
Noë l’écoula allentivement; puis il lui
demanda le signalement exact de son inconnu.
— Ma foi ! dit Hector, il est jeune, grand,
fort beau garçon, en dépit d’une large balafre qui
lui coupe le visage en deux.
— Une balafre !
4— Oui
— A-1 il la barbe brune :
-—- Oui
— Taillée en pointe?
— Justement.
— El n‘as-tu pas remarqué, lorsqu’il parle,
un léger grasseyement dans la voix ?
— Tiens! dit Hector., c’est vrai. Tu le con—
nais donc? .
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