Titre : L'Armoricain : journal politique, commercial, maritime et littéraire ["puis" journal de Brest et du Finistère...]
Éditeur : [s.n.] (Brest)
Date d'édition : 1863-04-25
Contributeur : Bouët, Alexandre (1798-1857). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32702269v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 avril 1863 25 avril 1863
Description : 1863/04/25 (A30,N4606). 1863/04/25 (A30,N4606).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG29 Collection numérique : BIPFPIG29
Description : Collection numérique : BIPFPIG29 Collection numérique : BIPFPIG29
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t51189813s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-59
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/02/2023
4606 . — 30 Année. Journal des Annonces Judiciaires de l’Arrondissement de Drest. ( Samedi 25 Avril 1H63.
Journal dle BBrest et @Hu EAmËSLOFO.
PRIX DES ABONNEMENTS :
Un an. Six mois. Trois mois.
Pour BREST 52 fr. 17 f. 9 fr
Hors BREST. ... . 56 19 10
Les Abonnements se paient d’avance-
Paraît les MARDI, JEUDI et SAMEDI.
( A BREST, aux Bureaux du Journal, rue de la Rampe, 55;
A 01. ) A PARIS, chez MM. Havas, rue Jean - Jacques - Rousseau , 3;
VII o aDUliIlL - ) — — LAFFITE , BULLIER et Cie, Place de- la Bourse , 8 ;
/ — — Isidore Fontaine, rue de Trévise , 22.
PRIX DES INSERTIONS :
40 centimes la ligne dans les colonnes intérieures.
20 centimes la ligne dans le cadre des Annonces.
Les Annonces se paient suivant le nombre de lignes
dont elles tiennent la place.
Les lettres non affranchies ne seront pas reçues.
Bulletin Politique.
Le gouvernement paraît décidé, ce n’est pas
nous qui l'en blâmerons , à maintenir stricte
ment l’agitation électorale dans les limites de la
constitution et de la loi. Le Moniteur en fournit
une preuve par la publication de deux avertisse
ments adressés , l’un au Journal des Débats ,
l’autre au Journal des Villes et des Campagnes, à
l’occasion d’articles de MM. Prévosl-Paradol et
Hervé sur les prochaines élections. Voici les
considérants de l’arrêté en ce qui concerne le
Journal des Débats :
« Considérant que le sénalus-consulte du 17 fé-
Trier 1858 a pour unique objet d’imposer à tous les
candidats au Corps Législatif l’obliga ion du ser
ment ;
» Que ce serment, prescrit à peine de nullité de
l’élection, est ainsi conçu : « Je jure obéissance à la
» Constitution et fidélité à l'Empereur » ;
» Considerant que l’auteur de ‘article prétend
que le serment politique ne réclame d’autre enga-
ment et n’impose d’autre devoir que de ne pas en
trer dans la voie douteuse et obscure des conspira
tions et d’observer le respect des lois recommandé
par la morale à tous les bons citoyens ;
» Qu il cherche dès-lors à tromper la conscience
publique sur la portée d'un acte solennel qui forme
un lien d’honneur absolu entre celui qui le prête et
■celui qui le reçoit, entre l’Empereur et le can
didat... »
Quant au Journal des Villes et des Campagnes,
l'arrêté est expliqué ainsi ;
« Considérant que l’auteur de cet article cherche
à égarer l’opinion publique en propageant une
fausse nouvelle inventée à l’appui de manœuvres
électorales... »
La presse, tant parisienne que provinciale,
doit donc se tenir pour dit qu’il ne lui sera point
permis de changer la libre discussion en ma-
nœuvre anarchique. C’est un ennui pour les ad-
versaires de la constitution et de la dynastie ;
c'est une satisfaction pour les bons citoyens.
Les gouvernemens des Etats-Unis et de
l’Angleterre mettront tout en œuvre , sans
doute, pour éviter un conflit qui les con
duise à une déclaration de guerre : mais la
force des choses paraît, depuis quelques jours
si puissante , qu’on ne sait plus comment
s'apaisera la recrudescence de mauvais vou
loir qui anime la presse des fédéraux et celle
de la Grande-Bretagne. On n’en est pas toal-
à-fait revenu aux anxiétés causées par l’affaire
du Trent, mais on y marche avec une vitesse
qui n’est plus méconnue.
Ce n’est plus seulement à Liverpool et
dans les autres centres maritimes en relation
avec les Séparatistes , qu’un mouvement se
dessine contre le cabinet de Washington ; les
colères provoquées par la gêne industrielle
et commerciale s’étendent et gagnent déjà
tant de terrain, qu’il ne se passe plus une
seule séance sans qu’un orateur des commu
nes présente ou annonce une motion destinée
à réclamer la répression des abus de pou
voirs des capitaines de navires de blocus amé
ricains, chargés de surveiller les côtes con
fédérées : il y a peu de jours encore, lord A.
Churchell a donné avis de son intention de
demander au solliciter général si les vaisseaux
marchands naviguant entre les ports neutres
ont le droit de se défendre les armes à la
main contre les croiseurs américains. Celle
motion établit jusqu’où va, dès aujourd’hui,
l’irritation britannique.
Le Morning-Dost ajoute que l’embargo mis
sur le navire V Alexandra fait le sujet de tou
tes les conversations à Liverpool, et que si
l’incertilude continue sur ‘interprétation de
l’acte d’enrôlement , les manufacturiers, les
constructeurs et les armateurs hésiteront à
accepter des contrats, d’où naîtrait la néces
sité de mettre encore des ouvriers sans ou
vrage, ce qui augmenterait la détresse des
classes ouvrières. — On ne néglige aucun
moyen, on le voit, pour exciter l’opinion ou
l’entraîner aux mesures extrêmes.
Le Times s’élève de son côté avec une éner
gie croissante contre la faiblesse dont le Fo-
reing-Oflice ferait preuve , en admettant les
prétentions du ministre américain Adams ,
lequel délivre, à Londres, des saufs conduits
aux bâtiments anglais se rendant à Matamo-
vas, comme si le gouvernement de la reine
était désormais incapable de suffire à la pro
tection des droits de ses nationaux, et cepen
dant le ministre américain n’adoucit en rien
ses exigences. Bien mieux, V Evening-Post, de
New-York, en date du 10 avril , nous fait
part d'un bruit d’après lequel M. Seward
aurait envoyé au gouvernement anglais une
dépêche contenant de sérieuses remontrances
au sujet des bâtiments de guerre construits
pour le Sud en Angleterre , ajoutant que si
les agents fédéraux , qui sont maintenant en
Angleterre , ne réussissent pas à se rendre
acquéreurs des bâtiments destinés au Sud ,
et que s’il est permis à ces bâtiments de quit
ter les côtes britanniques, on peut s’attendre
à une rupture entre l’Angleterre et l’Améri-
que. Ces faits établis et mis en regard , sont
loin, on en conviendra, d’avoir des perspec
tives rassurantes.
Pour extrait : Le G.LLEUR.
Plusieurs journaux affectent de désigner les
candidats de l’opposition par l’expression de
candidats indépendants, comme si l’indépen
dance était exclusivement acquise aux candi
dats patronnés par .certains partis et déniée
d’avance aux candidats qui seraient agréés a
du Gouvernement. Une pareille désignation n’est |
pas seulement une intrigue électorale , elle est
une injure pour les hommes honorables qui ont
tout à la fois les sympathies du pays et la con
fiance du Gouvernement L’administralion pré
vient ces journaux qu’elle réprimera sévèrement
de pareilles manœuvres. Moniteur )
Correspondance particulière de T’ARMORICAIN,
Paris, le 23 avril 1863.
Les journaux sepréparnt àla guerre pour le triom
phe de leurs candidats aux élections prochaines et
le rejet des candidatures adverses. Quatre opinions
sont en présence, trois desquelles on aurait bien pu
s’attendre à ne voir pas reparaître : la Gazette, pour
le parti légitimiste (M. de Chambord, drapeau);
— les Débats, pour la quasi - légitimité (MM. d’Or
léans en avant) ; —le Siècle, pour la démocratie
et ses héros de 18 58 ; — la Nation , pour le gou
vernement actuel.
Remarquez que , lors même que les candidats
préférés ou proposés par les trois premières divi-
visions seraient élus , ce ne seraient que quelques
taquins de plus introduits dans la Chambre, car il
est hors de doute que la majorité sera énorme pour
le régime impérial. Si « Dieu protège la France, »
comme on disait, la France en a assez (et en a eu
bien trop) de révolutions ; ma s le temps des barri
cades est passé , ci lorsque, sous le bon prétexte
d’embellissements ou de donner de l'air dans les
infimes quartiers du vieux Paris, tant de majes
tueux boulevards sont créés avec une célérité qui
rappelle les changements de -décors à l’Opéra ,
croyez bien que ces splendides avenues sont des
voies stratégiques, terminées par un fort, avec une
caserne au milieu. Aux terribles jours de la pre-
mière révolutiou, il y avait un certain cri à Paris ;
» Fermez vos boutiques , le faubourg Saint-Antoine
se lève ! » Le faubourg si violent d’autrefois doit
rester couché à présent. Quand bien même la pen
sée d’un mouvement lui viendrait , poussé par
quelques ambitieux, — car les travailleurs, les vrais
ouvriers , ont besoin d'ordre et de stabilité bien
plus que de soi-disant libertés politiques , — il est
bloqué. Des Tuileries et de l‘Htel-de-Ville, on com
munique directement avec Vincennes, bien mieux
que ci-devant avec la Bastille.
Liberté de la presse J — Quel cheval de bataille !
Qe n’a-t-on pas dit pour et contre depuis quarante
ans ! inutile de rappeler ses tempêtes pu 1792, son
naufrage en -1805 , jusqu’à ses désordres depuis
1825. En 1818, elle était à l’eau rose comparative
ment , et ses franchises durèrent ce que vivent....
Nous avons vu et nous voyons encore , hélas ! des
avocats de renom, faisant feu des quatre pieds de
leur éloquence pour réclamer ce soi-disant palla
dium de nos franchises nationales ; d’autres cham
pions soutiennent que ceite liberté vaut à elle seule
toutes les autres , ou pour le moins y conduit. Ils
n’entendent de vrai que la presse politique , pro
clamée une seconde tribune , sous quelque forme
qu’elle se manifeste : journaux, brochures, ouvra
ges plus digérés.
La Bruyère a écrit : « Tout est dit, et l’on vient
« trop tard depuis plus de sept mille ans qu’il y a
a des hommes , et qui pensent. » — Je ne remon
terai pas si haut , afin de n’efaroucher aucun de
vos lecteurs.; je me contenterai de rappeler ce
qu’un vigoureux lutteur écrivait en 1772.
Je n’ai point de procès, et, dans ma vie obscure.
Je laisse au roi mon maître, en simple citoyen,
Le soin de son royaume où je ne prétends rien.
Assez de beaux esprits, dans leur troisième étage,
■ N’ayant pu gouverner leur femme et leur ménage, .
.Se sont mis par plaisir à régir l’univers.
Sans quitter leurs greniers, ils traversent les mers,
ils raniment l’État, le peuplent, l'enrichissent ; (sent.
Leurs marchands de papiers sont les seuls qui gémis-
Moi, j’attends dans un coin, que l'imprimeur du roi-
M’apprenne , pour dix sous, mon devoir el ma loi.
Il me semble que cette déclaration est parfzite-
ment de saison en 1863.
Mais de ce que je respecte l’Autorité dans toutes
ses prérogatives , attributions., restrictions ou eon-
cessions , permettez que je me prononce carrément
contre les licences d'une presse beaucoup trop tolé
rée, selon moi, à laquelle devrait être bien plus
sou vent appliqué l’article 287 du Code pénal ancien,
et les avertissements même ne leur sont pas adres
sés. Je veux parler de cette presse à un sou.-, qui
remonte au Journal de la Canaille des tristes jours
de 1848, aspirant à renouveler le Père Duchesne du
93, quand on le disait b... .ment en colère , et sur
tout de ces impurs et grossiers romans empruntés
aux plus mauvais détails des cours d’assises, en
feuilles au même prix ou en feuilletons illustrés,
s’il vous plaît , dont la mère ne permettra pas la
lecture a sa fille, parbleu! mais qu’elle repousse
tout d’abord , et qui ne s’adressent qu’à des files
perdues ou à d’imbéciles apprentis eu libertinage.
Sans revenir aux bergeries de l’ancien régime ,
jugées rococo par ces rudes liseurs à l’esprit fort qui
n'ont pas ouvert un Florian, voire Lafontaine ou
Rabelais , n‘est-il plus, Dieu possible, autres matiè
res à traiter en œuvres d’imagination , que les
ordures et saletés des bas-fonds de la société , rha
billées sous des noms à forme aristo , et pour
cause ? Je citerai encore La Bruyère au même livre :
« II mes t pas, si aisé de se faire un nom par un ou
vrage parfait , que d’en faire valoir un médiocre
par le nom qu’on s’est déjà acquis. » — Je n’hésile
pas à nommer MM. Dumas et Victor Hugo , et que
d’autres aspirent à marcher sur leurs faux pas !
A propos des noms et des initiales réservées à
d’aucuns, dans les comptes-rendus des audiences
judiciaires , vous avez vu que la Gazelle des Tribu
naux du 18 a désigné nominativement plusieurs des
invités à la soirée de la femme Barucci. C’est un
commencement ; espérons que la réforme s’établira.
Je risque fort , mon cher Directeur, d’être tenu
pour balourd auprès de vos lectrices, en ne traitant
dans mes lettres que de m Bières sérieuses ; je ferai
ma paix avec elles, et je m’y appliquerai. — J’étais
hier appelé en consultation pour le choix de deux,
cachemires devant faire partie d’une corbeille de
mariage., si corbeille peut se dire de plusieurs
meubles destinés aux riches ajustements d’une
femme élégante, princesse russe dans trois semai-
nes. En ma qualité de Retour de l'Inde , ce qui
n’améliore pas que les vins, il parait, je fus juge
par un conseil féminin digne d’être appelé à pro
noncer sur le choix de ces châles , et , sûr de mon
affaire, je conduisis quatre dames de haut rang, non
dans un magasin, mais dins une maison de premier
ordi e que je savais de loin et de long-temps impor
tant ici les précieux tissus de l’Inde et de la Chine,
et n ayant pas d’autre commerce. Je ne vous nom-
merai pas celle maison, parce que j’aurais l’air do
faire de la réclame, et je l’ai en horreur ; mais c’est
au co n des rues Chauchat et de Provence. Là ,
furent déployées devant noos, et à profusion , des
cachemires à étourdir vos élégantes lectrices bres-
toises, des châles dignes des trônes : un seul tou„
Feuilleton de l’ARMORICAIN du 2 5 Avril 1 863.
— 41 —
LA JEUNESSE
BU
ROI HENRI
ROMAN HISTORIQUE
Par M. le Vicomte P O N SON DU TE RR AIL.
DEUXIÈME VOLUME.
— Que par1eMu.de délire? fit Grillon qui
entendit ces mots.
El, se mettant sur son séant, il difencore :
— Ce roi, mes enfants, vous le servez déjà;
je ne le sers point encore...
— Au nom du ciel ! monseigneur le duc,
murmura Fangas si vous vous animez ainsi, voire
blessure se r’ouvrira...
Crillon sourit de nouveau.
— Vous l’entendez, messieurs, dit-il, voilà
le chirurgien qui parle... obéissons... Et en al-
tendant que le roi de France ait besoin de moi,
songeons à nous en aller un peu dans nos terres.
— A la bonne heure! dit Fangas, voilà que
monsieur le duc devient raisonnable.
— Imbécile 1
• Et si je pouvais parler à mon tour...
— Parle !
Fangas reprit :
— Voyez-vous, monseigneur, dans huit jours
Votre Seigneurie pourra se lever.
•— Tu crois?
— J’en suis sur.
— Tant mieux, harnibieu !
— Dans quinze jours, elle pourra monter en
litière.
— Ah! ah!
— Et nous nous en irons à Avignon faire
nos vendangés.
— C’est mon idée-, murmura Crillon.
On dit beaucoup de mal du Midi, voyez-
vous, on médit de celle pauvre Provence tant
qu’on peut, mais, en fin de compte, on y revient
toujours volontiers. Le mistral a du bon , mon
sieur le duc.
— Je le crois bien, dit Crillon.; c’est un pur-
gatifl. .
— Et le bon vint
— C’est un ionique.
Fangas se frotta les mains :
— Allons ! allons! dit-il, je vais inventer
quelque baume merveilleux qui vous guérira plus
vite.
Comme Fangas se réjouissait ainsi de la pers
pective d’un prochain voyage à Avignon , on
frappa légèrement à la porte.
—-Entrez! dit le duc.
Et soudain il étouffa un véritable cri de joie.
Un jeune homme que Crillon reconnut était
sur le seuil.
C’était le roi de Navarre.
— Ah ! Sire .. murmura le duc, c’est bien
le cas de dire qu’on voit la queue du loup quand
on en parle.
— Vous parliez de moi ?
— Oui, Sire.
— Eh bien ? vous me direz cela tout à l’heure.
Le roi connaissait Lahire pour l’avoir vu dans
la chambre de Noë, mais il n’avait jamais vu
Hogier.
— Messieurs, dit-il, je désire causer tête-à-
tête avec le duc.
Lahire et Hogier, dont le martial et spirituel
visage séduisit le prince, s’inclinèrent sans ré
pondre.
Puis ils sortirent.
— Va-t en pareillement, dit Henri à l’écuyer
Fangas.
Fangas obéit.
Alors Henri s’assit au chevet de Crillon et lui
parla longtemps bas à l’oreille.
Le duc écoula attentivement sans interrompre
le jeune roi.
Mais quand celui-ci eut fini, le brave duc
répondit :
— Sire, j’ai eu tout à l’heure comme une ré-
vélation de l’avenir, eldans cet avenir je me suis
vu voire serviteur.
Henri tressaillit.
— Mais alors, reprit Crillon, vous étiez roi
de France, Sire !
Un éclair brilla dans les yeux du prince.
Aujourd’hui, acheva Crillon avec sa brusque
franchise, vous me proposez de vous servir contre
Je roi de France, et je refuse !
Grillon est le soldat de la monarchie fran
çaise!,..
Henri soupira, mais il fendilla main à Crillon.
— Voilà une belle parole, duc, dil-il, et,
ventre-saint-gris ! je m’en souviendrai !
XI.
Pour deviner ce que le roi Henri de Navarre
venait proposer à Crillon, il faut nous reporter à
quelques heures en arrière et suivre le jeune
prince à Montmorency où il s’était rendu avant
d’aller voir Sarah.
Le prince, on le sait, était escorté de
Noë. Mais Noë, en montant à cheval, n’avait
pu se défendre de faire la réflexion suivante :
— Je veux que le diable m’étrangle, si je sais
ce que Henri va comploter avec son cousin le
prince de Condé !
Durant la route, le roi s’était montré taci
turne, ou bien il avait parlé de Sarah.
Mais quant au but de sa visite au prince de
Condé, il n’en avait soufflé moi.
Pendant la première heure du voyage, Noë
avait espéré que le prince lui ferait quelque con
fidence.
Mais ils 1 étaient déjà bien au-delà de Saint-
Denis que Noë n’était pas plus avancé.
Alors il perdit patience et laissa, échapper un
gros juron.
—* Plaît-il ? fil le roi.
— Oh ! ce n’est rien, dit Noë.
— Comment ! rien ?
— Je me parle à moi-même.
— Et que le dis-tu ?
— Que je suis un bélître.
— En vérité ! mon compère...
— Oui, dit Noe, car depuis quelque tem-s
Voire Majesté me traite si mal et fait si peu cas
de moi, que je ferais mieux de m’en aller...
— Où cela, Noë mon ami ?
—- Dans mes terres, Sire.
— Prends garde ! dit le roi en riant, si c’est
un voyage de santé que tu veux entreprendre et
que lu veuilles prendre de l’exercice, je le con
seille d’aller ailleurs.
— Pourquoi donc, Sire?
Parce que tes terres sont si petites que lit
en auras fait le tour en peu de temps, mon bel
ami.
Noë se mordit les lèvres.
Journal dle BBrest et @Hu EAmËSLOFO.
PRIX DES ABONNEMENTS :
Un an. Six mois. Trois mois.
Pour BREST 52 fr. 17 f. 9 fr
Hors BREST. ... . 56 19 10
Les Abonnements se paient d’avance-
Paraît les MARDI, JEUDI et SAMEDI.
( A BREST, aux Bureaux du Journal, rue de la Rampe, 55;
A 01. ) A PARIS, chez MM. Havas, rue Jean - Jacques - Rousseau , 3;
VII o aDUliIlL - ) — — LAFFITE , BULLIER et Cie, Place de- la Bourse , 8 ;
/ — — Isidore Fontaine, rue de Trévise , 22.
PRIX DES INSERTIONS :
40 centimes la ligne dans les colonnes intérieures.
20 centimes la ligne dans le cadre des Annonces.
Les Annonces se paient suivant le nombre de lignes
dont elles tiennent la place.
Les lettres non affranchies ne seront pas reçues.
Bulletin Politique.
Le gouvernement paraît décidé, ce n’est pas
nous qui l'en blâmerons , à maintenir stricte
ment l’agitation électorale dans les limites de la
constitution et de la loi. Le Moniteur en fournit
une preuve par la publication de deux avertisse
ments adressés , l’un au Journal des Débats ,
l’autre au Journal des Villes et des Campagnes, à
l’occasion d’articles de MM. Prévosl-Paradol et
Hervé sur les prochaines élections. Voici les
considérants de l’arrêté en ce qui concerne le
Journal des Débats :
« Considérant que le sénalus-consulte du 17 fé-
Trier 1858 a pour unique objet d’imposer à tous les
candidats au Corps Législatif l’obliga ion du ser
ment ;
» Que ce serment, prescrit à peine de nullité de
l’élection, est ainsi conçu : « Je jure obéissance à la
» Constitution et fidélité à l'Empereur » ;
» Considerant que l’auteur de ‘article prétend
que le serment politique ne réclame d’autre enga-
ment et n’impose d’autre devoir que de ne pas en
trer dans la voie douteuse et obscure des conspira
tions et d’observer le respect des lois recommandé
par la morale à tous les bons citoyens ;
» Qu il cherche dès-lors à tromper la conscience
publique sur la portée d'un acte solennel qui forme
un lien d’honneur absolu entre celui qui le prête et
■celui qui le reçoit, entre l’Empereur et le can
didat... »
Quant au Journal des Villes et des Campagnes,
l'arrêté est expliqué ainsi ;
« Considérant que l’auteur de cet article cherche
à égarer l’opinion publique en propageant une
fausse nouvelle inventée à l’appui de manœuvres
électorales... »
La presse, tant parisienne que provinciale,
doit donc se tenir pour dit qu’il ne lui sera point
permis de changer la libre discussion en ma-
nœuvre anarchique. C’est un ennui pour les ad-
versaires de la constitution et de la dynastie ;
c'est une satisfaction pour les bons citoyens.
Les gouvernemens des Etats-Unis et de
l’Angleterre mettront tout en œuvre , sans
doute, pour éviter un conflit qui les con
duise à une déclaration de guerre : mais la
force des choses paraît, depuis quelques jours
si puissante , qu’on ne sait plus comment
s'apaisera la recrudescence de mauvais vou
loir qui anime la presse des fédéraux et celle
de la Grande-Bretagne. On n’en est pas toal-
à-fait revenu aux anxiétés causées par l’affaire
du Trent, mais on y marche avec une vitesse
qui n’est plus méconnue.
Ce n’est plus seulement à Liverpool et
dans les autres centres maritimes en relation
avec les Séparatistes , qu’un mouvement se
dessine contre le cabinet de Washington ; les
colères provoquées par la gêne industrielle
et commerciale s’étendent et gagnent déjà
tant de terrain, qu’il ne se passe plus une
seule séance sans qu’un orateur des commu
nes présente ou annonce une motion destinée
à réclamer la répression des abus de pou
voirs des capitaines de navires de blocus amé
ricains, chargés de surveiller les côtes con
fédérées : il y a peu de jours encore, lord A.
Churchell a donné avis de son intention de
demander au solliciter général si les vaisseaux
marchands naviguant entre les ports neutres
ont le droit de se défendre les armes à la
main contre les croiseurs américains. Celle
motion établit jusqu’où va, dès aujourd’hui,
l’irritation britannique.
Le Morning-Dost ajoute que l’embargo mis
sur le navire V Alexandra fait le sujet de tou
tes les conversations à Liverpool, et que si
l’incertilude continue sur ‘interprétation de
l’acte d’enrôlement , les manufacturiers, les
constructeurs et les armateurs hésiteront à
accepter des contrats, d’où naîtrait la néces
sité de mettre encore des ouvriers sans ou
vrage, ce qui augmenterait la détresse des
classes ouvrières. — On ne néglige aucun
moyen, on le voit, pour exciter l’opinion ou
l’entraîner aux mesures extrêmes.
Le Times s’élève de son côté avec une éner
gie croissante contre la faiblesse dont le Fo-
reing-Oflice ferait preuve , en admettant les
prétentions du ministre américain Adams ,
lequel délivre, à Londres, des saufs conduits
aux bâtiments anglais se rendant à Matamo-
vas, comme si le gouvernement de la reine
était désormais incapable de suffire à la pro
tection des droits de ses nationaux, et cepen
dant le ministre américain n’adoucit en rien
ses exigences. Bien mieux, V Evening-Post, de
New-York, en date du 10 avril , nous fait
part d'un bruit d’après lequel M. Seward
aurait envoyé au gouvernement anglais une
dépêche contenant de sérieuses remontrances
au sujet des bâtiments de guerre construits
pour le Sud en Angleterre , ajoutant que si
les agents fédéraux , qui sont maintenant en
Angleterre , ne réussissent pas à se rendre
acquéreurs des bâtiments destinés au Sud ,
et que s’il est permis à ces bâtiments de quit
ter les côtes britanniques, on peut s’attendre
à une rupture entre l’Angleterre et l’Améri-
que. Ces faits établis et mis en regard , sont
loin, on en conviendra, d’avoir des perspec
tives rassurantes.
Pour extrait : Le G.LLEUR.
Plusieurs journaux affectent de désigner les
candidats de l’opposition par l’expression de
candidats indépendants, comme si l’indépen
dance était exclusivement acquise aux candi
dats patronnés par .certains partis et déniée
d’avance aux candidats qui seraient agréés a
du Gouvernement. Une pareille désignation n’est |
pas seulement une intrigue électorale , elle est
une injure pour les hommes honorables qui ont
tout à la fois les sympathies du pays et la con
fiance du Gouvernement L’administralion pré
vient ces journaux qu’elle réprimera sévèrement
de pareilles manœuvres. Moniteur )
Correspondance particulière de T’ARMORICAIN,
Paris, le 23 avril 1863.
Les journaux sepréparnt àla guerre pour le triom
phe de leurs candidats aux élections prochaines et
le rejet des candidatures adverses. Quatre opinions
sont en présence, trois desquelles on aurait bien pu
s’attendre à ne voir pas reparaître : la Gazette, pour
le parti légitimiste (M. de Chambord, drapeau);
— les Débats, pour la quasi - légitimité (MM. d’Or
léans en avant) ; —le Siècle, pour la démocratie
et ses héros de 18 58 ; — la Nation , pour le gou
vernement actuel.
Remarquez que , lors même que les candidats
préférés ou proposés par les trois premières divi-
visions seraient élus , ce ne seraient que quelques
taquins de plus introduits dans la Chambre, car il
est hors de doute que la majorité sera énorme pour
le régime impérial. Si « Dieu protège la France, »
comme on disait, la France en a assez (et en a eu
bien trop) de révolutions ; ma s le temps des barri
cades est passé , ci lorsque, sous le bon prétexte
d’embellissements ou de donner de l'air dans les
infimes quartiers du vieux Paris, tant de majes
tueux boulevards sont créés avec une célérité qui
rappelle les changements de -décors à l’Opéra ,
croyez bien que ces splendides avenues sont des
voies stratégiques, terminées par un fort, avec une
caserne au milieu. Aux terribles jours de la pre-
mière révolutiou, il y avait un certain cri à Paris ;
» Fermez vos boutiques , le faubourg Saint-Antoine
se lève ! » Le faubourg si violent d’autrefois doit
rester couché à présent. Quand bien même la pen
sée d’un mouvement lui viendrait , poussé par
quelques ambitieux, — car les travailleurs, les vrais
ouvriers , ont besoin d'ordre et de stabilité bien
plus que de soi-disant libertés politiques , — il est
bloqué. Des Tuileries et de l‘Htel-de-Ville, on com
munique directement avec Vincennes, bien mieux
que ci-devant avec la Bastille.
Liberté de la presse J — Quel cheval de bataille !
Qe n’a-t-on pas dit pour et contre depuis quarante
ans ! inutile de rappeler ses tempêtes pu 1792, son
naufrage en -1805 , jusqu’à ses désordres depuis
1825. En 1818, elle était à l’eau rose comparative
ment , et ses franchises durèrent ce que vivent....
Nous avons vu et nous voyons encore , hélas ! des
avocats de renom, faisant feu des quatre pieds de
leur éloquence pour réclamer ce soi-disant palla
dium de nos franchises nationales ; d’autres cham
pions soutiennent que ceite liberté vaut à elle seule
toutes les autres , ou pour le moins y conduit. Ils
n’entendent de vrai que la presse politique , pro
clamée une seconde tribune , sous quelque forme
qu’elle se manifeste : journaux, brochures, ouvra
ges plus digérés.
La Bruyère a écrit : « Tout est dit, et l’on vient
« trop tard depuis plus de sept mille ans qu’il y a
a des hommes , et qui pensent. » — Je ne remon
terai pas si haut , afin de n’efaroucher aucun de
vos lecteurs.; je me contenterai de rappeler ce
qu’un vigoureux lutteur écrivait en 1772.
Je n’ai point de procès, et, dans ma vie obscure.
Je laisse au roi mon maître, en simple citoyen,
Le soin de son royaume où je ne prétends rien.
Assez de beaux esprits, dans leur troisième étage,
■ N’ayant pu gouverner leur femme et leur ménage, .
.Se sont mis par plaisir à régir l’univers.
Sans quitter leurs greniers, ils traversent les mers,
ils raniment l’État, le peuplent, l'enrichissent ; (sent.
Leurs marchands de papiers sont les seuls qui gémis-
Moi, j’attends dans un coin, que l'imprimeur du roi-
M’apprenne , pour dix sous, mon devoir el ma loi.
Il me semble que cette déclaration est parfzite-
ment de saison en 1863.
Mais de ce que je respecte l’Autorité dans toutes
ses prérogatives , attributions., restrictions ou eon-
cessions , permettez que je me prononce carrément
contre les licences d'une presse beaucoup trop tolé
rée, selon moi, à laquelle devrait être bien plus
sou vent appliqué l’article 287 du Code pénal ancien,
et les avertissements même ne leur sont pas adres
sés. Je veux parler de cette presse à un sou.-, qui
remonte au Journal de la Canaille des tristes jours
de 1848, aspirant à renouveler le Père Duchesne du
93, quand on le disait b... .ment en colère , et sur
tout de ces impurs et grossiers romans empruntés
aux plus mauvais détails des cours d’assises, en
feuilles au même prix ou en feuilletons illustrés,
s’il vous plaît , dont la mère ne permettra pas la
lecture a sa fille, parbleu! mais qu’elle repousse
tout d’abord , et qui ne s’adressent qu’à des files
perdues ou à d’imbéciles apprentis eu libertinage.
Sans revenir aux bergeries de l’ancien régime ,
jugées rococo par ces rudes liseurs à l’esprit fort qui
n'ont pas ouvert un Florian, voire Lafontaine ou
Rabelais , n‘est-il plus, Dieu possible, autres matiè
res à traiter en œuvres d’imagination , que les
ordures et saletés des bas-fonds de la société , rha
billées sous des noms à forme aristo , et pour
cause ? Je citerai encore La Bruyère au même livre :
« II mes t pas, si aisé de se faire un nom par un ou
vrage parfait , que d’en faire valoir un médiocre
par le nom qu’on s’est déjà acquis. » — Je n’hésile
pas à nommer MM. Dumas et Victor Hugo , et que
d’autres aspirent à marcher sur leurs faux pas !
A propos des noms et des initiales réservées à
d’aucuns, dans les comptes-rendus des audiences
judiciaires , vous avez vu que la Gazelle des Tribu
naux du 18 a désigné nominativement plusieurs des
invités à la soirée de la femme Barucci. C’est un
commencement ; espérons que la réforme s’établira.
Je risque fort , mon cher Directeur, d’être tenu
pour balourd auprès de vos lectrices, en ne traitant
dans mes lettres que de m Bières sérieuses ; je ferai
ma paix avec elles, et je m’y appliquerai. — J’étais
hier appelé en consultation pour le choix de deux,
cachemires devant faire partie d’une corbeille de
mariage., si corbeille peut se dire de plusieurs
meubles destinés aux riches ajustements d’une
femme élégante, princesse russe dans trois semai-
nes. En ma qualité de Retour de l'Inde , ce qui
n’améliore pas que les vins, il parait, je fus juge
par un conseil féminin digne d’être appelé à pro
noncer sur le choix de ces châles , et , sûr de mon
affaire, je conduisis quatre dames de haut rang, non
dans un magasin, mais dins une maison de premier
ordi e que je savais de loin et de long-temps impor
tant ici les précieux tissus de l’Inde et de la Chine,
et n ayant pas d’autre commerce. Je ne vous nom-
merai pas celle maison, parce que j’aurais l’air do
faire de la réclame, et je l’ai en horreur ; mais c’est
au co n des rues Chauchat et de Provence. Là ,
furent déployées devant noos, et à profusion , des
cachemires à étourdir vos élégantes lectrices bres-
toises, des châles dignes des trônes : un seul tou„
Feuilleton de l’ARMORICAIN du 2 5 Avril 1 863.
— 41 —
LA JEUNESSE
BU
ROI HENRI
ROMAN HISTORIQUE
Par M. le Vicomte P O N SON DU TE RR AIL.
DEUXIÈME VOLUME.
— Que par1eMu.de délire? fit Grillon qui
entendit ces mots.
El, se mettant sur son séant, il difencore :
— Ce roi, mes enfants, vous le servez déjà;
je ne le sers point encore...
— Au nom du ciel ! monseigneur le duc,
murmura Fangas si vous vous animez ainsi, voire
blessure se r’ouvrira...
Crillon sourit de nouveau.
— Vous l’entendez, messieurs, dit-il, voilà
le chirurgien qui parle... obéissons... Et en al-
tendant que le roi de France ait besoin de moi,
songeons à nous en aller un peu dans nos terres.
— A la bonne heure! dit Fangas, voilà que
monsieur le duc devient raisonnable.
— Imbécile 1
• Et si je pouvais parler à mon tour...
— Parle !
Fangas reprit :
— Voyez-vous, monseigneur, dans huit jours
Votre Seigneurie pourra se lever.
•— Tu crois?
— J’en suis sur.
— Tant mieux, harnibieu !
— Dans quinze jours, elle pourra monter en
litière.
— Ah! ah!
— Et nous nous en irons à Avignon faire
nos vendangés.
— C’est mon idée-, murmura Crillon.
On dit beaucoup de mal du Midi, voyez-
vous, on médit de celle pauvre Provence tant
qu’on peut, mais, en fin de compte, on y revient
toujours volontiers. Le mistral a du bon , mon
sieur le duc.
— Je le crois bien, dit Crillon.; c’est un pur-
gatifl. .
— Et le bon vint
— C’est un ionique.
Fangas se frotta les mains :
— Allons ! allons! dit-il, je vais inventer
quelque baume merveilleux qui vous guérira plus
vite.
Comme Fangas se réjouissait ainsi de la pers
pective d’un prochain voyage à Avignon , on
frappa légèrement à la porte.
—-Entrez! dit le duc.
Et soudain il étouffa un véritable cri de joie.
Un jeune homme que Crillon reconnut était
sur le seuil.
C’était le roi de Navarre.
— Ah ! Sire .. murmura le duc, c’est bien
le cas de dire qu’on voit la queue du loup quand
on en parle.
— Vous parliez de moi ?
— Oui, Sire.
— Eh bien ? vous me direz cela tout à l’heure.
Le roi connaissait Lahire pour l’avoir vu dans
la chambre de Noë, mais il n’avait jamais vu
Hogier.
— Messieurs, dit-il, je désire causer tête-à-
tête avec le duc.
Lahire et Hogier, dont le martial et spirituel
visage séduisit le prince, s’inclinèrent sans ré
pondre.
Puis ils sortirent.
— Va-t en pareillement, dit Henri à l’écuyer
Fangas.
Fangas obéit.
Alors Henri s’assit au chevet de Crillon et lui
parla longtemps bas à l’oreille.
Le duc écoula attentivement sans interrompre
le jeune roi.
Mais quand celui-ci eut fini, le brave duc
répondit :
— Sire, j’ai eu tout à l’heure comme une ré-
vélation de l’avenir, eldans cet avenir je me suis
vu voire serviteur.
Henri tressaillit.
— Mais alors, reprit Crillon, vous étiez roi
de France, Sire !
Un éclair brilla dans les yeux du prince.
Aujourd’hui, acheva Crillon avec sa brusque
franchise, vous me proposez de vous servir contre
Je roi de France, et je refuse !
Grillon est le soldat de la monarchie fran
çaise!,..
Henri soupira, mais il fendilla main à Crillon.
— Voilà une belle parole, duc, dil-il, et,
ventre-saint-gris ! je m’en souviendrai !
XI.
Pour deviner ce que le roi Henri de Navarre
venait proposer à Crillon, il faut nous reporter à
quelques heures en arrière et suivre le jeune
prince à Montmorency où il s’était rendu avant
d’aller voir Sarah.
Le prince, on le sait, était escorté de
Noë. Mais Noë, en montant à cheval, n’avait
pu se défendre de faire la réflexion suivante :
— Je veux que le diable m’étrangle, si je sais
ce que Henri va comploter avec son cousin le
prince de Condé !
Durant la route, le roi s’était montré taci
turne, ou bien il avait parlé de Sarah.
Mais quant au but de sa visite au prince de
Condé, il n’en avait soufflé moi.
Pendant la première heure du voyage, Noë
avait espéré que le prince lui ferait quelque con
fidence.
Mais ils 1 étaient déjà bien au-delà de Saint-
Denis que Noë n’était pas plus avancé.
Alors il perdit patience et laissa, échapper un
gros juron.
—* Plaît-il ? fil le roi.
— Oh ! ce n’est rien, dit Noë.
— Comment ! rien ?
— Je me parle à moi-même.
— Et que le dis-tu ?
— Que je suis un bélître.
— En vérité ! mon compère...
— Oui, dit Noe, car depuis quelque tem-s
Voire Majesté me traite si mal et fait si peu cas
de moi, que je ferais mieux de m’en aller...
— Où cela, Noë mon ami ?
—- Dans mes terres, Sire.
— Prends garde ! dit le roi en riant, si c’est
un voyage de santé que tu veux entreprendre et
que lu veuilles prendre de l’exercice, je le con
seille d’aller ailleurs.
— Pourquoi donc, Sire?
Parce que tes terres sont si petites que lit
en auras fait le tour en peu de temps, mon bel
ami.
Noë se mordit les lèvres.
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