Le myrtillier commun
Dictionnaire des sciences naturelles, 1816-1845
BnF, Sciences et techniques, S-11359
Le myrtillier commun (Vaccinium myrtillus L.) appelé aussi airelle, airelle myrtille, maurette, brimbelle, raisin des bois, est une plante mellifère appartenant à la famille des Éricacées. Anciennement reconnue sous le nom de Vacciniée, elle constitue avec ses cousines la bruyère, le rhododendron, l’azalée, la gaulthérie couchée ou encore la busserole une petite famille des plantes à fleurs (ou angiosperme) dites évoluées.
Jean-Jules Beauverie, Atlas colorié de la flore alpine : Jura, Pyrénées, Alpes françaises, Alpes suisses. 1906
BNF, département Sciences et techniques, 8-S-13078
Le nom de genre Vaccinium est une transcription latine du mot grec Υάκινθος qui désigne la jacinthe à fleur violette. Il a été galvaudé suite à diverses erreurs d’interprétation, puis pérennisé par Carl von Linné en 1753 pour définir les airelles. Le nom d’espèce provient du latin médiéval myrtillus, emprunté du grec murtos : myrte (par allusion à la ressemblance avec la plante). La flore européenne comprend 13 espèces d’airelles regroupées sous le terme de Vaccinium parmi lesquelles figure le myrtillier.
Sous-arbrisseau vivace à feuilles caduques et à rameaux anguleux ailés, il peut mesurer de 20 à 60 cm. Les feuilles sont ovales-aiguës, alternes et finement dentées, les fleurs blanc-rosées sont disposées en grelots, solitaires ou regroupées par deux à l’aisselle des feuilles. Le fruit est une baie d’un noir bleuâtre, pruineuse et globuleuse. La floraison a lieu d’avril à juin, les fruits sont mûrs de juin à septembre et se ramassent traditionnellement à l’aide d’un peigne.
C’est à l’Antiquité que les premiers écrits sur le myrtillier commun apparaissent. Dans Recherches sur les plantes (Historia plantarum) rédigé entre 320 et 310 av. J.-C., Théophraste évoque les plantes du mont Ida. Il y fait allusion à l’Ampelos idaea (ἄμπελος ἡ περὶ τὴυ Ἴδηv = Vigne qui pousse aux alentours du mont Ida, Airelle à fruits noirs), soit une sorte d’arbuste aux baies noires dont les caractéristiques morphologiques se rapprochent davantage du myrtillier que de la vigne.
« La vigne » pousse dans la partie de l’Ida qu’on appelle les monts Chauves. Elle doit son aspect buissonnant à de petites tiges courtes. Ses rameaux atteignent environ vingt travers de doigt ; sur le côté s’y attachent des grains de raisin noirs, de la taille d’une fève et de saveur douce, qui renferment une sorte de pépin tendre. La feuille est arrondie, entière et petite. » (Théophraste, Recherches sur les plantes. 2, Livre III-17, 6. 1989)
Quant à la baie fraîche, elle est réputée pour sa forte teneur en vitamines A et C. Ses anthocyanosides (substances responsables de la colorations des végétaux) sont principalement recommandés pour améliorer la microcirculation dans les troubles capillaires et veineux mais aussi vantés pour développer l’acuité visuelle (notamment la vision crépusculaire). Ainsi, les baies auraient été utilisées par la Royal Air Force pendant la Seconde guerre mondiale et continuent aujourd’hui à être consommées par certains les pilotes.
Pour aller plus loin :
- J.- B. Saint-Lager , "La vigne du mont Ida et le Vaccinium", Annales de la Société botanique de Lyon, 20, 1895, p. 73-107.
- A.-L. Jaquemart, « La myrtille, un arbrisseau à ne pas perdre de vue », La Garance voyageuse, Revue du monde végétal, 40, 1997, p. 15-17.
- "Phytothérapie : les myrtilles ont-elles vraiment des bienfaits ?", article en ligne, Université Paris Cité, [s.d.].