Confinés/cloîtrés : un jésuite sur la brèche
Au-delà de nous rendre le confinement plus doux par comparaison avec la condition des moines et moniales cloîtrés, bien des chapitres de cet ouvrage de 1742, qui décrit précisément les conditions de respect de la clôture, peuvent nous faire sourire (ou bondir !) aujourd’hui.
On verra notamment que le thème de l’accès des femmes dans les monastères d’hommes et les questions que cette présence féminine accidentelle, ou délibérée, posent en droit canon, occupent pratiquement toute la table des matières consacrée aux maisons de religieux (partie I): quelles peines encourent les moines qui laissent entrer des femmes ? Est-ce péché mortel de les introduire ou de les recevoir ? Les femmes ayant pénétré sans autorisation dans un monastère d’hommes encourent-elles l’excommunication ? ...
On observera aussi que les droits de sortie des religieux et des religieuses sont sensiblement inégalitaires car là où les uns, les hommes, peuvent faire quelques entorses à la règle, les autres, les femmes, sont, elles, tenues à un respect plus strict de la clôture :
« Le Sexe étant plus fragile, les chûtes plus dangereuses, & les moindres fautes plus scandaleuses, tout demande plus de précaution & une discipline plus sévère. » (page 151)
On s’amusera également des longues dissertations du père Petitdidier dans les cas où il y a « brèche à la clôture », sujet qui, à lui seul, occupe tout de même deux bons chapitres !
On prendra ce texte comme un bel exemple de casuistique sans pour autant passer à côté de la saveur de quelques scénettes rapportées notamment dans l’article IX de la 1ère partie (page 56). Cet article, le plus accessible au lecteur contemporain, nous met en effet en présence de « Trois femmes au-dessus du commun » qui, profitant d’une porte restée ouverte, n’ont pas résisté à la curiosité de voir ce qui pouvait bien se passer dans un couvent d’hommes …