Les grands textes de philosophie du XXe siècle
Marquée par deux guerres mondiales, les totalitarismes, la Shoah et l'usage de l’arme atomique, mais aussi par le développement des sciences humaines, la période impose aux philosophes de reformuler les problèmes de la guerre, du politique, du développement des sciences et techniques.
D’origine polonaise et chimiste de formation, philosophe et historien des sciences, Emile Meyerson tâche de comprendre les principes du fonctionnement de l’esprit à partir de l'analyse des « produits de la pensée » que sont les sciences.
Maitre de conférences à l’Université de Lille en 1895 puis professeur de philosophie à l'université d'Aix-en-Provence de 1897 à 1927, philosophe de l’action et de la religion chrétienne, Maurice Blondel a influencé aussi bien des philosophes que des théologiens.
Émile Chartier, dit Alain, élève de Jules Lagneau (1851-1894), a été professeur de khâgne au Lycée Henri IV où il marqué des générations d’élèves, dont notamment Simone Weil (1909-1943), Raymond Aron (1905-1983), ou Georges Canguilhem (1904-1995). Engagé volontaire durant le premier conflit mondial, sa philosophie est une critique des pouvoirs et de la guerre. Il a rédigé de très nombreux articles dans des journaux qui commentent l’actualité (Les Propos).
Professeur au Collège de France, membre de l’Académie française (1914) et prix Nobel de littérature (1927), Bergson s’oppose au scientisme de son époque et à sa représentation mécanique de la vie de l’esprit et de l’évolution. La vie de l’esprit, qui est essentiellement durée, ne peut être saisie que par l’intuition et non par une intelligence d’ordre pratique. La philosophie de Bergson connaît un succès public dépassant le cadre de la philosophie universitaire.
Ancien élève de l’Ecole normale supérieure, enseignant à la Sorbonne de 1909 à 1939, éditeur des Œuvres complètes de Pascal, Léon Brunschvicg occupe une place importante, tant intellectuelle qu’institutionnelle, dans la philosophie française de la première moitié du siècle. Il est le fondateur, avec Xavier Léon (1868-1935) et Élie Halévy (1870-1937), de la Revue de métaphysique et de morale (1893) et de la Société de Française de Philosophie (1901). A partir de 1943, il vit sous un faux nom dans le sud de la France afin d’échapper aux persécutions antisémites. Il meurt à Aix-les-Bains en janvier 1944.
Agrégé de philosophie en 1928, Emmanuel Mounier est un philosophe engagé dans les débats intellectuels et politiques de son époque. Il est à l’origine du personnalisme, courant de pensée opposé à la fois à l’individualisme et au collectivisme. Il fonde la revue Esprit en 1932.
Ancienne élève d’Alain (1868-1951), normalienne, elle est agrégée de philosophie en 1931. Soutenant les luttes ouvrières, elle entre à l’usine en 1934 à Boulogne-Billancourt durant un an. Cette expérience la conduit à une critique du travail aliéné et de la technique. En 1936 elle s’engage durant quelques mois dans la guerre d’Espagne aux côtés de combattants anarchistes. En 1942 elle rejoint la France libre à Londres, où elle occupe un poste de rédactrice au Commissariat national à l’intérieur (CNI). Atteinte de tuberculose et sous-alimentée, elle meurt au sanatorium d'Ashford à l’âge de 34 ans.
Les œuvres de Simone Weil qui ont été publiées après sa mort ne sont pas encore tombées dans le domaine public.