Jacques-Joseph Champollion
Jacques-Joseph Champollion, dit Champollion-Figeac (1778-1867)
Il est devenu indissociable des travaux de son jeune frère Jean-François, grâce notamment à la double autobiographie écrite en 1887 par son fils, Aimé, Les deux Champollion, leur vie et leurs œuvres. Autodidacte, il s’initie aux langues orientales, à l’histoire et l’archéologie nationale, diversifiant ses approches par l’étude des archives et la paléographie comme par l’épigraphie et la numismatique. Sa facilité de plume lui permet de produire des études qu’il diffuse dans des publications et dans ses échanges épistolaires avec les grands antiquaires de l’époque, tel Aubin-Louis Millin, garde du Cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale.
Ses premiers emplois mettent à contribution ses talents d’écriture dans l’entreprise familiale, au bureau de la correspondance générale du district de Figeac ou encore au service du nouveau préfet de l’Isère et ancien membre de l’Expédition d’Egypte, Joseph Fourrier, qu’il assiste dans la rédaction de l’introduction à la Description de l’Egypte. Comme de nombreux savants de l’époque, dans le sillage de l’aventure de Bonaparte, il est fasciné par l’Egypte tout juste redécouverte, terre du Pharaon de la Bible et sujet des écrits historiques grecs comme romains. Il s’appuie sur les observations nouvellement mises à disposition et produit de nombreux mémoires sur l’Egypte ptolémaïque, sous domination grecque.
Jacques-Joseph transmet vraisemblablement ses penchants à son cadet de 12 ans qu’il prend sous sa protection en le faisant venir auprès de lui à Grenoble en 1801 et se chargeant de son éducation. Encourageant l’esprit précoce de Jean-François, il le dégage tout au long de sa vie des contraintes matérielles pour lui permettre de se consacrer à ses recherches. Leur correspondance quasi quotidienne lorsqu’ils sont éloignés montre à quel point il intervient pour le guider et l’assister. Il lui fait notamment bénéficier de son réseau de sociabilité à Grenoble comme à Paris, lui ouvrant bien des portes.
A la mort prématurée du déchiffreur en 1832, il est en poste depuis 1828 au Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque royale. Il obtient du roi Louis-Philippe l’assurance d’un geste de l’État en l’acquisition des archives scientifiques du savant, aujourd’hui conservées au Département des Manuscrits. Il assure finalement la postérité de Jean-François en publiant les ouvrages majeurs restés inédits comme une grammaire (1832-1841) et un dictionnaire (1841), voire inachevés, tels Les Monuments de l’Egypte et de la Nubie.
Plusieurs polémiques entourent la fin de carrière de Jacques-Joseph au Cabinet des manuscrits, dont l’accusation de la disparition de certains papiers de son frère ou le fait qu’il s’arroge un monopole dans l’édition posthume des manuscrits désormais propriété de l’Etat. Il quitte le Cabinet des manuscrits pour rejoindre la bibliothèque du Palais de Fontainebleau.