Maquettes de costumes

L’essentiel de la collection d’Ancien Régime (majoritairement des dessins du XVIII^e siècle) est fourni par les dessinateurs des habits des Menus-Plaisirs. Le peintre-dessinateur recevait un revenu régulier de la part de cette administration royale – dédiée aux divertissements du roi – pour les dessins de tous les costumes de scène des représentations de la Cour. Louis-René Bouquet (1717-1814) est le principal dessinateur de costumes des années 1750 jusqu’à la chute de l’Ancien Régime en 1789. Avec son atelier, il produit plusieurs centaines de dessins dont certains sont de fines aquarelles richement détaillées, tandis que d’autres révèlent la rapidité de création d’une esquisse à la ligne permettant de répondre rapidement au besoin constant de nouveaux costumes.

Au début du XIX^e siècle, les réemplois de costumes sont largement pratiqués mais disparaissent progressivement au fil du siècle avec l’affirmation du Grand Opéra. Un effet de surprise est constamment recherché, entrainant une multiplication des dessinateurs pour un même opéra. L’implication parfois jusqu’à un dessinateur par tableau crée un jeu de découverte tout au long de la représentation qui brise cependant l’unité plastique de l’ensemble. À cette époque, l’intervention de peintres reste minoritaire, même si quelques artistes comme Alexandre-Évariste Fragonard (1780-1850) sont sollicités

Il faut attendre l’arrivée de Jacques Rouché (1862-1957) à la direction de l’Opéra en 1914 pour qu’un renouveau important survienne dans la création des costumes. Plus question de fragmenter la conception des décors et des costumes. Un seul artiste est désormais le garant de l’unité plastique de chaque spectacle et Rouché ouvre l’Opéra aux dessinateurs de modes et aux peintres, que les théâtres parisiens et l’Opéra-Comique sollicitaient déjà depuis plus d’une décennie, faisant intervenir des personnalités comme Giorgio De Chirico (1888-1978) ou Jean Cocteau (1889-1963). Avec Rolf Lieberman (directeur de 1973 à 1980), le metteur en scène est désormais responsable de l’ensemble du spectacle, intégrant à son équipe des costumiers. Certains grands noms de la mode répondent parfois à l’appel de metteurs en scènes comme Christian Lacroix (né en 1951).

Les dessinateurs de costumes les plus importants pour le XIX^e siècle sont Théophile Thomas (1846-1916) et  Charles Bianchini (1860-1905). Le premier est actif entre 1877 et 1896. Il joue un rôle essentiel après l’incendie de 1887, tandis qu’il faut à nouveau produire tous les costumes du répertoire. Le second travaille à partir de la fin des années 1880, tant pour l’Opéra que pour l’Opéra-Comique.

Le XX^e siècle voit l’Opéra-Comique solliciter très tôt des dessinateurs de mode comme Jacques Doucet (1853-1929), bien avant qu’une telle pratique n’apparaisse à l’Opéra. Parmi les costumiers les plus sollicités au début du XX^e siècle, il faut citer Marcel Mültzer (1866-1937). Une partie de ses dessins est présentée dans cette section, mais une seconde, appartenant à son activité pour la maison Muelle, est réunie dans la section suivante.

Le corpus réuni met en valeur la vitalité de cette maison et permet de mieux connaître l’Opéra-Comique déjà représenté dans les fonds de la Bibliothèque-musée de l’Opéra, notamment en raison de la période de la Réunion des théâtres lyriques nationaux, administration réunissant l’Opéra et l’Opéra-Comique entre 1939 et 1978.

Jules Muelle a travaillé avec de très nombreux dessinateurs et décorateurs comme Charles Bianchini (1860-1805), René Piot (1866-1934) ou Léon Bakst (1866-1924), mais le dessinateur le plus présent dans le fonds Muelle est Marcel Mültzer (1866-1937). Ses dessins très légers associant quelques couleurs à une ligne à la plume vibrante et allant à l’essentiel sont comme des dessins de modes permettant de voyager dans les productions de l’Opéra-Comique du début du siècle.