Salon de Mme du Deffand (1740-1780)
De famille noble mais pauvre, élevée dans un couvent bénédictin, la marquise du Deffand (1697-1780) incarne le modèle libertin du XVIIIe siècle. Un mariage de raison lui permet de s’épanouir en société. C’est son amant le président Hénault, ami de la reine, qui l’introduit chez la duchesse du Maine, aux salons littéraires et aux fêtes des « grandes nuits » de Sceaux, dans le cercle des Chevaliers de la mouche à miel. Peu après la mort de son mari, Mme du Deffand ouvre un célèbre salon qui attire toute l’élite intellectuelle de l’époque : personnalités du monde des lettres, des sciences et des arts. Son intelligence et son indépendance d’esprit exercent une véritable fascination. Atteinte de cécité à cinquante-six ans, elle s’entoure de sa nièce Julie de Lespinasse, qui la quitte avec éclat en 1763 pour ouvrir son propre salon. Amie de Voltaire, avec lequel elle entretient une correspondance suivie, proche de D'Alembert, de Fontenelle, de Marivaux, de Sedaine, d’Helvétius, de l’architecte Soufflot, du sculpteur Falconet, des peintres Van Loo et Vernet, elle se moque des apparences (revendiquant de s’habiller comme une « marchande de pommes ») et porte haut l’esprit des Lumières, avec une réputation qui s’étend dans toute l’Europe. Une phrase exprime toute sa singularité : « Ce qu’on appelle aujourd’hui éloquence est devenu si odieux que j’y préférerais le langage des halles ; à force de rechercher l’esprit, on l’étouffe. »
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