La Physiocratie
Ralliés aux doctrines de François Quesnay (1694-1774), les « physiocrates » forment une des plus brillantes pléiades de penseurs du XVIIIe siècle. Leur nom provient du titre général de « Physiocratie » donné en 1768 au premier volume du recueil des écrits de Quesnay, publié par Dupont de Nemours, disciple du philosophe.
La doctrine des physiocrates peut être envisagée sous les trois angles de la philosophie, de l'économie politique et de la politique. Disons en quelques mots que le monde est gouverné par des lois physiques et morales qui sont immuables. Il appartient à l'homme, être intelligent et libre de les découvrir, de les observer ou de les violer pour son bien ou pour son mal. Le but assigné à l'exercice de ses forces intellectuelles et physiques, est l'appropriation de la matière à ses besoins, ce qui lui permet d'améliorer sa destinée. Mais il doit accomplir cette tâche conformément aux idées du juste et de l'utile. Les physiocrates partent du principe que la matérialité est le caractère fondamental de la richesse, et mesurent la valeur et l'utilité du travail par la quantité même de matière brute qu'il engendre. Cette manière de voir a pour premier effet d'exclure du domaine de l'économie politique l'innombrable quantité des services que les hommes se rendent entre eux. Les physiocrates se font donc de la valeur des choses une idée incomplète, qui les empêche de voir clair dans le phénomène de la production, d'apprécier sainement le rôle de la terre, du travail et des capitaux, et de se rendre compte de l'utilité relative et absolue de toutes les branches de l'activité humaine : industrie agricole, industrie manufacturière, industrie voiturière, industrie commerciale, y compris les nombreuses professions où les hommes fournissent et échangent du travail physique et intellectuel, c'est-à-dire des services. C'est ainsi qu'ils sont conduits à n'accorder le caractère de productivité qu'à l'industrie agricole, et à traiter de stériles les autres industries, tout en proclamant, par un accroc à leur logique et pour ne pas méconnaître la vérité qui leur apparaissait sous d'autres aspects, que l'industrie manufacturière, le commerce, et les professions libérales sont essentiellement utiles.
EN SAVOIR PLUS
> Quesnay, Physiocratie, ou Constitution naturelle du gouvernement le plus avantageux au genre humain, Leyde, Merlin, 1768
> L'économie au XVIIIe siècle