Anne-Marie Le Page appartient à la grande bourgeoisie et reçoit une éducation soignée (elle lit le grec et le latin et parle plusieurs langues étrangères). À la suite de son mariage avec Pierre-Joseph Fiquet Du Bocage, elle s’installe à Paris en 1733. En 1745, elle reçoit le prix de l’Académie de Rouen et publie ensuite régulièrement des poèmes dans le Mercure de France. Fontenelle salue son talent de poétesse, Voltaire voit en elle le pendant, littéraire, d’Émilie Du Châtelet. En 1748, Anne-Marie Du Bocage adapte en français Le Paradis perdu de Milton puis Le Temple de la renommée de Pope. Elle compose une tragédie, Les Amazones, jouée au Théâtre-français en 1749, et un poème épique, La Colombiade, en 1756, s’illustrant ainsi dans des genres littéraires traditionnellement réservés aux hommes. Qualifiée de « dixième muse », Anne-Marie Du Bocage tient rue Saint-Roch un salon dans lequel elle accueille les grands intellectuels du temps. Au cours des années 1750, elle voyage en Angleterre, en Hollande et en Italie où elle reçoit un accueil triomphal (à son retour elle publie Lettres sur l’Angleterre, la Hollande et l’Italie). Membre des académies de Padoue, des Arcades à Rome, de Bologne et de Florence, associée à celles de Rouen et Lyon, Anne-Marie Du Bocage appartient pendant près d’un demi-siècle à l’intelligentsia européenne. Ruinée à la Révolution, elle meurt en 1802. Seules ses Lettres seront rééditées au XIXe siècle.