L’homme qui rit est le dernier roman écrit par Victor Hugo en exil, et certainement le plus étrange. Bien après Cromwell (1827) et Marie Tudor (1833), mais juste après William Shakespeare (1864) et Les Travailleurs de la mer (1866), c’est encore un livre anglais puisque l’intrigue se déroule en Angleterre à la fin des Stuart, au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, moins d’un demi-siècle après la mort de Cromwell, essentiellement sous le règne de la reine Anne. Dans sa brève préface, Hugo l’annonce comme le roman de l’aristocratie, qui doit être étudiée en Angleterre (après 1688), de même que la royauté doit être étudiée en France (avant 1789) dans un roman de la monarchie qu’il n’écrira finalement pas. Le troisième terme de cette trilogie envisagée, ce sera Quatrevingt-Treize, le grand roman de la démocratie.
Foisonnant, métaphysique et picaresque, L’homme qui rit fut mal reçu mais il a fini par trouver son public. Il fascine à travers les âges les « lecteurs pensifs » pour lesquels il était écrit, romantiques ou naturalistes, surréalistes ou contemporains, philosophes ou psychanalystes, illustrateurs ou cinéastes.