La guerre au XVIIIe siècle

Guerre de Succession d’Autriche

Le XVIIIe siècle est marqué par des guerres de succession, des conflits territoriaux entre la Prusse et l’Autriche et des rivalités coloniales entre la France et l’Angleterre. Tout au long du siècle, des guerres longues se succèdent et se généralisent. Le Siècle des lumières, celui du progrès et de la raison, fut aussi un siècle sanglant, où les armes se perfectionnent et la guerre se mondialise, un siècle de massacres qui culmineront lors de la Révolution française.

Au XVIIIe siècle, l'Europe a connu 80 conflits : des conflits d'intérêts, des conflits coloniaux, des conflits dynastiques, avec des guerres de succession en Espagne (1701-1713), en Pologne (1733-1738), en Autriche (1740-1748), et cette terrible guerre de Sept Ans (1756-1763), qui fut la première guerre véritablement mondiale, où l'on s'est battu sur plusieurs fronts, en Europe, en Inde et en Amérique. C'est à ce moment que paraît Candide, en 1759, peu après le renversement des alliances qui devait mettre l'Europe à feu et à sang.
 

L'essor de la Prusse

Au début du XVIIIe siècle, la Prusse est encore un petit État, l'un des quelque trois cents qui coexistent sous l’unité de façade du Saint Empire germanique. Le roi prussien, Frédéric-Guillaume Ier (1713-1740), se consacre entièrement à fortifier et à enrichir son royaume : il réorganise son administration, économise et thésaurise, exploite ses terres en créant des villages par centaines. Posant le principe que « tous les sujets sont nés pour les armes », il crée un service militaire enrôlant des paysans, jusqu'à disposer de 83 000 soldats. Soumise à des exercices continuels, cette armée est la mieux entraînée d'Europe.

À la fin de son règne, Frédéric-Guillaume Ier laisse une consigne claire à son fils : « J'ai mis le pays et l'armée en l'état […] à vous d'acquérir les territoires. » Ce qu’allait faire le jeune et ambitieux Frédéric II. La guerre de succession d'Autriche (1740-1748) lui offre, dès son accession au trône, l'opportunité d’agrandir considérablement son royaume en conquérant une province riche et peuplée de Bohême, la Silésie, aux dépens de l’Autriche. L’impératrice Marie-Thérèse doit se résoudre à abandonner cette province, mais sans vraiment y renoncer. Le conflit reprend en 1756, déclenchant la guerre de Sept Ans.
 

Conflits autour des colonies

Au XVIIIe siècle, les colonies assurent une large part des richesses en Europe. La compétition est rude autour des possessions outre-mer. Plusieurs empires coloniaux, d’importance inégale, coexistent. Alors que l’empire portugais et l’empire espagnol sont déjà sur le déclin, l’empire britannique est en pleine expansion. La France et l’Angleterre sont rivales et se disputent la suprématie partout où la colonisation progresse, que ce soit en Amérique du Nord, pour l’embouchure du Saint-Laurent ou la Louisiane, dans les îles des tropiques ou en Inde. Tel est le contexte outre-mer que la guerre de Sept Ans allait exacerber.
 

La guerre de Sept Ans

Alors qu'en 1748 la France combattait avec la Prusse contre l'Autriche, un renversement d’alliance intervient en 1756 quand Frédéric II se rapproche de la Grande-Bretagne pour soutenir le royaume de Hanovre. La France s’allie à l’Autriche, dont elle était l’ennemi depuis deux siècles. Les Français doivent se battre sur le continent pour rendre la Silésie à l'Autriche alors que leurs intérêts sont aux colonies. La Grande-Bretagne, au contraire, s’est alliée sur le continent mais sans s’engager, pour concentrer son effort de guerre outre-mer, où elle ouvre un second front contre la France pour la déposséder de ses colonies. Écartelée entre sa vocation maritime et sa vocation continentale, prise entre deux feux, sur terre et sur mer, la France n’a pas su choisir et va perdre outre-mer sans rien gagner sur le continent.

En Europe, le petit royaume de Prusse, cerné par une formidable coalition, semblait perdu. Mais Frédéric II prend ses adversaires de court en envahissant la Saxe. Obligé de tenir tête aux armées russes, allemandes et autrichiennes, Frédéric II connaît tour à tour des victoires et des défaites. Audacieux et bon stratège, il se sort de situations les plus désespérées. Il semble de nouveau perdu quand la mort d'Élisabeth de Russie viendra le sauver : le nouveau tsar, Pierre III, admirateur de la Prusse, rappelle les armées russes. Désespérant de vaincre, la France et l'Autriche rendent les armes. Marie-Thérèse doit reconnaître à Frédéric II la possession de la Silésie.

De cette longue lutte, la Prusse sortait grandie et la France abaissée. Frédéric II devait la victoire à son génie militaire et à sa ténacité autant qu'à la médiocrité de ses adversaires, qui ne surent pas combiner leurs efforts et saisir les occasions décisives.
 

La France, grande victime de la guerre

En 1763, la fin de la guerre de Sept Ans consacre l’échec des prétentions françaises et couronne l’effort britannique : la France est évincée du continent nord-américain et perd aussi l’essentiel de ses possessions aux Indes.

Cette guerre fut désastreuse pour Louis XV, qui a sacrifié 200 000 hommes en Allemagne pour une question de Silésie qui n'intéressait pas la France. Pendant ce temps, il perdait l'Inde et le Canada, faute de troupes pour défendre ses colonies. Voltaire résume ainsi la situation : « L'État perdit la plus florissante jeunesse, plus de la moitié de l'argent comptant qui circulait dans le royaume, sa marine, son commerce, son crédit. Quelques ambitieux, pour se faire valoir et se rendre nécessaires, précipitèrent la France dans cette guerre. »

À peine terminée, la guerre devait reprendre en Pologne et en Turquie. Elle ne cessa jamais durant tout le XVIIIe siècle.
 

Sources bibliographiques :

> René Rémond, Introduction à l’histoire de notre temps. 1. L’Ancien Régime, 1750-1815, Le Seuil, 1974.
> Malet et Isaac, L'Histoire. 2. L'âge classique, 1492-1789, Hachette, 1959.

EN SAVOIR PLUS
> La guerre de succession d'Espagne (1701-1713)
> La guerre de succession d'Autriche (1740-1748)
> La guerre de Sept Ans (1756-1763)