En 1774, l’écrivain allemand Johann Wolfgang von Goethe faisait paraître un roman épistolaire qui allait avoir une influence considérable : Les Souffrances du jeune Werther. Cette histoire d'une passion impossible qui s'achève sur le suicide de l'amant transi, frappe par son réalisme poétique. Avec un sujet simple, dans le cadre assez familial de la bourgeoisie allemande, Goethe présente le désir d'aimer, sans détour philosophique ni rhétorique. Souvent mis en parallèle avec Julie ou la Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau, l'œuvre de Goethe apparaît d'une toute autre sincérité, beaucoup plus intimiste. Dès 1775, le baron Siegmund de Seckendorf entreprend une traduction en français qui paraît en 1776. L'ouvrage touche de nombreux écrivains du siècle des Lumières et inspire des adaptations théâtrales, des drames lyriques, d'autres œuvres littéraires ou des parodies. Madame de Staël ou Chateaubriand célèbrent cette œuvre avec émotion, Napoléon en emporte une édition lors de la Campagne d'Égypte. C'est un style très novateur pour l'époque et la question du suicide, dont Goethe se défend de faire l'apologie, en est un élément central.