Le philosophe Bernard de Fontenelle, neveu de Corneille, est par excellence l’homme de la transition entre le Grand Siècle et le siècle des Lumières. Poète de salon et auteur volontiers mondain, c’est aussi un savant féru de géométrie et confiant dans le progrès des sciences. Académicien consacré, il n’en est pas moins partisan des Modernes et n’hésite pas à critiquer les vérités reçues qui n’auraient pas été passées au crible du raisonnement. Pilier de l’administration de la censure royale, cet homme d’ordre mais non de rigueur montre dans son emploi une tolérance vis-à-vis des écrits indépendants qui annonce clairement les avancées des Lumières et la politique de compromis des monarchies éclairées. Fontenelle, proche de l’abbé Bignon, directeur de la Librairie du royaume, a vraisemblablement contribué à l’adoption par celui-ci des permissions tacites, ces autorisations non officielles délivrées à partir de 1709 pour couvrir la publication de textes non conformistes sans que le pouvoir royal paraisse les cautionner.