Maudire pour protéger ses livres
Grâce au mécénat de la Fondation Polonsky, 800 manuscrits médiévaux antérieurs au XIIIe siècle conservés à la BnF et à la British Library sont en cours de numérisation. Parmi eux, certains présentent d’étranges malédictions. Venez découvrir les anciens anathèmes dans Gallica !
"Hic est liber Sancti Petri Fossatensis. Si quis eum furatus fuerit, anathema sit."
"Ce livre appartient à Saint-Pierre des Fossés [aujourd’hui Saint-Maur-des-Fossés]. Si quelqu’un l’a volé, qu’il soit anathème."
Dans l’univers chrétien, un anathème (du grec anathema) est une condamnation à l'adresse d'une personne, pour un acte qui l’exclut d’une communauté. Cette réprobation énergique se retrouve également dans d'anciens manuscrits. Leur valeur spirituelle et matérielle justifiait ces mesures radicales : les anathèmes avaient pour but de protéger les livres des intentions malveillantes, des emprunts à durée indéterminée, des appropriations intempestives et des vols.
Ces malédictions sont parfois accompagnées d’ex-libris et/ou d’éléments décoratifs comme, ci-dessus, l’escarboucle de l’abbaye de Saint-Victor de Paris. Le texte nomme le propriétaire légitime du manuscrit et menace quiconque voudrait le lui soustraire, le voler, le cacher ou en effacer la marque d’appartenance (son "titre"). Les interdictions s’enrichissent parfois de condamnations sévères qui perdureront jusqu’au temps du jugement dernier.
Les anathèmes peuvent aussi être ajoutés longtemps après la production du manuscrit, comme dans cet exemple provenant de la cathédrale de Saint-Nazaire à Carcassonne.
Le programme de la Fondation Polonsky "France-Angleterre 700-1200 : manuscrits médiévaux de la Bibliothèque nationale de France et de la British Library" permet la numérisation, la restauration, le catalogage ainsi que la valorisation scientifique de manuscrits d’une valeur inestimable. Retrouvez ici tous les autres billets de la série "France-Angleterre 700-1200", et les billets dédiés au programme dans le Carnet de recherche Manuscripta !
"Ce livre appartient à Saint-Pierre des Fossés [aujourd’hui Saint-Maur-des-Fossés]. Si quelqu’un l’a volé, qu’il soit anathème."