Velpeau, l’infatigable chirurgien
Qui n’a jamais entendu parler de la bande Velpeau ? Son nom vient d’un célèbre médecin du 19e siècle qui l’a popularisée. Retour sur la brillante carrière de ce chirurgien.
Sur son lit de mort, le 24 août 1867, Alfred Velpeau aurait murmuré : « Il ne faut pas être paresseux ; travaillons toujours ». Si l’on peut douter de la véracité de cette anecdote rapportée par Ulysse Trélat, elle est cependant représentative de la personnalité du chirurgien.
Né le 18 mai 1775 à Brèches, petite commune d’Indre-et-Loire, Alfred Velpeau est fils de maréchal-ferrant, ce qui lui aurait permis d’acquérir quelques notions d’art vétérinaire. D’après Gustave Vapereau, c’est en montrant un fort intérêt pour la médecine qu’il est repéré par un voisin philanthrope qui l’envoie se former à l’hôpital de Tours en 1816. C’est là qu’il rencontre Pierre-Fidèle Bretonneau, le médecin chef de l’hôpital, avec qui il reste très lié. En témoigne le discours émouvant qu’il prononce lors des funérailles du maître en 1862.
C’est justement Bretonneau qui est, en réalité, à l’origine de la bande Velpeau. Dans sa thèse de médecine en 1815, reprenant l’idée d’un chirurgien prussien du siècle précédent, Johann Theden, il défend l’utilité d’un bandage compressif dans le traitement de plusieurs affections dont les brûlures. C’est cette idée de compression que Velpeau popularise plus tard en élargissant ses possibilités. Il diffuse si bien cette technique qu’elle lui reste associée encore aujourd’hui, le plus souvent en tant que « bande Velpeau », mais également sous le nom de « crêpe Velpeau ».
En 1820, Velpeau quitte Tours pour aller passer sa thèse de médecine à Paris. Ses premiers mois parisiens sont bien connus grâce à l’abondante correspondance qu’il a entretenue quasiment toute sa vie avec Bretonneau. Entièrement acquis aux idées de son maître dans ses jeunes années, il observe les écoles parisiennes et les élèves de la capitale avec un œil peu complaisant et juge avec sévérité tous les médecins dont il fréquente les cliniques à l’Hôtel Dieu, à la Charité, à Saint-Louis, et surtout Broussais au Val-de-Grâce.
Entre 1820 et 1825, il s’active partout : il est chef de clinique, aide d’anatomie, prosecteur, il donne des cours de physiologie, d’anatomie chirurgicale, d’accouchements et d’embryologie, ou encore de pathologie chirurgicale et de médecine opératoire. En 1823, il devient docteur en médecine, et passe avec succès l’agrégation l’année suivante.
Avec Armand Trousseau, autre élève illustre de Bretonneau, qui arrive à Paris en 1825, Velpeau forme le cœur du réseau tourangeau qui naît dans le milieu médical parisien et qui s’élargit avec l’arrivée d’autres élèves comme Pierre-Louis Cottereau, Henri Gouraud ou encore Jacques-Joseph Moreau, dit Moreau de Tours. Ce réseau tourangeau est particulièrement actif dans les Archives générales de médecine, où Velpeau publie quantité d’articles et de mémoires. Balzac y fera référence dans les Martyr ignorés, en présentant son docteur Physiodor comme « né en Touraine, à la Ville-aux-Dames ; venu à Paris avec les Velpeau, les Trousseau, etc. »
En quinze ans, Velpeau arrive au sommet de sa carrière. En 1828, il est nommé chirurgien du bureau central des hôpitaux, et il donne des cours de médecine opératoire. Dans les années 1829 à 1831, il dispense des cours de pathologie chirurgicale. Pendant plusieurs années, il tente sans succès d’obtenir une chaire d’enseignement à la Faculté, que ce soit celle de pathologie externe, de physiologie, ou de clinique obstétricale. Mais la concurrence est rude. C’est en 1834 qu’il réalise son rêve en obtenant la quatrième chaire de chirurgie clinique (à la Pitié), qu’il quitte deux ans plus tard pour la troisième chaire à la Charité. Il en reste alors titulaire pendant plus de trente ans, jusqu’à sa mort en 1867.
Dès les années 1830, il est devenu une figure incontournable du milieu médical parisien, développant une clientèle privée en parallèle de son activité hospitalière. Membre de l’Académie de médecine dès 1832, il est élu à l’Académie des sciences en 1843.
En arrivant à Paris, Velpeau s’intéresse tout d’abord beaucoup aux deux affections qui sont restées liées au nom de Bretonneau, la diphtérie et la dothinentérie (c’est-à-dire la fièvre typhoïde). Mais au fil de ses études et de ses observations à Paris, il élargit son spectre d’intérêts, comme en témoigne sa thèse de médecine qui n’est pas consacrée à un unique sujet mais à de nombreuses réflexions sur des points de doctrine médicale (fièvres, quinquina, spécificité, inflammations, teigne, compression, …). En préface de sa thèse, Velpeau ne manque pas de préciser tout ce qu’il doit à son maître, Bretonneau, indiquant que « la manière de voir émise dans cet opuscule lui appartient plus qu’à moi ».
De tous les sujets médicaux qui l'intéressent, c’est finalement la chirurgie qui l’emporte. Parmi ses innombrables travaux (mémoires, articles, traités, etc.), on peut citer ses Nouveaux éléments de médecine opératoire (1832), ou son Embryologie ou ovologie humaine contenant l’histoire descriptive et iconographique de l’œuf humain (1833) qui reprend son précédent Traité élémentaire de l’art des accouchemens (1829) ainsi que les cours d’embryologie qu’il a dispensés quelques années plus tôt. En 1833, il publie également une seconde édition très augmentée de son Traité complet d’anatomie chirurgicale, générale et topographique du corps humain, en deux volumes complétés d’un atlas de planches, qui devient un classique.
Commentaires
Merci
Bonjour,
Merci pour cette biographie plus qu'intéressante !
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