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Le traité de Versailles et les nouvelles frontières de l’Allemagne

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28 juin 2019

Le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, redéfinit une partie des frontières de l’Allemagne à l’issue de la première Guerre mondiale. Le blog de Gallica vous propose d’explorer les différentes cartes françaises et allemandes disponibles dans la bibliothèque numérique représentant ces nouvelles limites territoriales.  

Les Régions du Nord-Est de la France nouvelle et les provinces rhénanes : Conditions territoriales de l'armistice (détail)

Le traité de Versailles, conclusion de la guerre ?

Lorsque les combats de la Première Guerre Mondiale prennent fin sur le front ouest le 11 novembre 1918, une nouvelle phase du conflit débute. Le bruit des armes s’arrête et il s’agit maintenant de construire la paix. Cette situation n’est pas claire pour certains soldats qui vivent l’instant comme une pause avant la reprise toujours possible des combats. La démobilisation se fait attendre et la guerre se poursuit sur d’autres fronts. Le front ouest fait donc figure d’exception en ce qui concerne la fin pure et simple de la lutte armée.

La signature du traité de Versailles, le 28 juin 1919 met fin à cette période d’incertitude.  L’Allemagne étant désignée comme la principale responsable de l’ouverture des hostilités, le but est d’affaiblir le pays afin d’éviter un éventuel troisième conflit avec la France. Cela va prendre plusieurs formes comme l’occupation militaire, qui va porter atteinte à l’économie allemande ou encore la saisie d’une partie du matériel militaire pour freiner le développement de l’armée. Sur le terrain, cette occupation prend la forme d’un glacis protecteur et d’une zone démilitarisée, comme le montre ci-dessous ce projet français d’avant la signature du traité.
 

Les civils sont souvent les victimes de la présence militaire étrangère. Les soldats mettent à profit ce qu’ils peuvent trouver. Cela va des usines très convoitées de la Ruhr au réseau téléphonique comme l’illustre cette carte militaire française.

Les nouvelles frontières à l’Ouest.

Le traité marque donc la fin de l’Empire des Hohenzollern et en redessine les frontières. Au total, le nouveau pays perd un dixième de sa population et un septième de son ancien territoire. La reconquête de l’Alsace et de la Lorraine, principal but de guerre de la France pousse environ 300 000 Allemands sur les routes de l’exil. A l’ouest encore, les territoires d’Eupen et de Malmedy sont cédés à la Belgique.

La volonté de modifier les frontières de l’Allemagne existe avant la victoire de 1918. Cette carte ci-dessous propose un découpage du pays en provinces. Elle montre également à sa manière la violence idéologique du conflit, la Prusse étant qualifiée de « pays des Vandales ». L’association des Allemands avec ce peuple « barbare » de l’Antiquité tardive, et avec d’autres encore, trouve des formes bien plus virulentes dans les caricatures de la presse.
 

La nouvelle frontière au Nord.

Au Nord, la frontière entre le Danemark est l’Allemagne est disputée depuis la fin de la seconde guerre du Schleswig en 1864. Ce conflit intègre le duché du Schleswig à l’Allemagne alors en phase de réunification. Le Danemark n’aura de cesse de réclamer le retour du duché dans ses frontières. La défaite allemande de 1918 va rouvrir la question. Bien que les Danois n’aient pas pris part aux combats, ils invoquent les quatorze points de Wilson (dont le fameux droit des peuples à disposer d’eux-mêmes) pour demander l’organisation d’un plébiscite afin de déterminer une nouvelle frontière. Le traité de Versailles inclus cette demande et deux plébiscites, l’un au nord et l’autre au sud, sont organisés en 1920. A la suite des résultats, la nouvelle frontière danoise est établie en 1921 et est déplacée plus au sud, ce qui augmente significativement la surface du pays. Ce changement a des conséquences sur les populations locales puisqu’environ 30 000 Allemands se retrouvent au Danemark contre seulement 7 000 Danois en Allemagne.           
 

Les nouvelles frontières à l’Est.

C’est à l’Est que la question des frontières est la plus complexe. La renaissance de la Pologne, promesse des forces de l’Entente, en est la principale cause. Pour les cas les plus litigieux, un système de plébiscite est mis en place. C’est notamment le cas de la Haute-Silésie, disputée entre les deux pays. C’est en effet une région riche en mines et avec une industrie du fer développée. Une telle perte est mal vécue, d’autant qu’elle s’ajouterait à l’occupation militaire de la Ruhr. La partition est entérinée en 1921. 43% de la population et un tiers du territoire silésien intègrent alors la Pologne, dont certaines villes ayant massivement votées pour leur maintien en Allemagne. A cette perte s’ajoute celle d’une grande partie de la Prusse Occidentale. La perte de ces territoires se traduit sur les cartes par un corridor qui sépare la Prusse Orientale du reste de l’Allemagne. La Pologne dispose ainsi d’un accès à la mer.

 

Autre particularité, la création de la ville libre de Dantzig. Les Alliés souhaitent en effet que cette importante ville portuaire, à la population majoritairement Allemande, ne soit rattaché ni à l’Allemagne ni à la Pologne. Dans les faits, la situation profite davantage aux Polonais, Dantzig étant placée sous la protection de la Société des Nations (dont l’Allemagne est exclue). La Pologne bénéficie également d’accord commerciaux avantageux et d’un meilleur réseau de transport facilitant les échanges.
 

Le « diktat » de Versailles et la paix manquée.

Il est souvent dit que la Première Guerre Mondiale s’est achevée par une paix manquée. Jeter un œil à une carte de l’Allemagne dressée après la guerre permet en partie, et en partie seulement, de comprendre pourquoi. La restitution de l’Alsace et de la Lorraine à la France n’allait pas forcément de soi pour l’ensemble de la population locale. En effet, l’Empire Allemand a administré ces territoires de 1871 à 1918. Le départ a donc bien souvent été contraint plus qu’accepté. Mais c’est la création de la Pologne qui est source de ressentiment envers le « diktat » de Versailles. La reconquête des régions perdues va avoir dans la société allemande une place analogue à celle de l’Alsace-Lorraine chez les Français. Les frontières restent donc contestées comme le montre cette carte de propagande, publiée dans l’entre-deux-guerres.

Le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, que le traité de Versailles était censé empêcher, y trouve une de ses explications.    
 

Pour aller plus loin :

 

Commentaires

Soumis par F68.10 le 30/06/2019

"Mais c’est la création de la Pologne qui est source de ressentiment envers le « diktat » de Versailles."

Je crois qu'on imagine mal la place que la question polonaise a dans la géopolitique européenne, vu de France.

Déjà sous Napoléon, la question de la "nation" polonaise était vive. C'est d'ailleurs à la suite d'un jeu diplomatique avec une polonaise que Napoléon décide de partir en cacahouètes avec la Russie.

Vous le dites, la question polonaise faisait aussi l'objet du ressentiment allemand lors du diktat de Versailles.

Mentionnons encore le pacte Ribentrip-Molotov au sujet de la seconde guerre mondiale.

Et encore de nos jours, après la chute du communisme, le nationalisme polonais est vif et restera politiquement lourd de conséquences.

Bref. Pensons un peu hors de nos frontières franco-françaises. La Pologne reste un enjeu géopolitique à l'heure actuelle.

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