Les inondations de 1856, un exemple de solidarité horticole
Le secteur horticole est aujourd'hui durement éprouvé par les mesures de confinement qui empêchent l'écoulement de la production. Malheureusement pour les professionnels de l'horticulture, c'est loin d'être la première crise de leur histoire. Les dévastatrices inondations de 1856 vont susciter une forte mobilisation et diverses actions de solidarité envers les sinistrés.
À Lyon, la digue de la Tête d'Or cède et des quartiers entiers sont envahis et détruits par les eaux, comme les Brotteaux. À Avignon, une partie des remparts est emportée par les flots.
Dans la Vallée de la Loire, une première crue le 3 mai fait peu de dégâts, mais une deuxième crue, le 15 mai, puis une troisième début juin, inondent notamment les communes de Savigny-en-Véron, Avoine et Huismes, détruisant par la même occasion les récoltes et les nouvelles semences qui avaient été faites après la deuxième crue. À Orléans, les jardiniers-maraîchers du faubourg Saint-Marceau perdent tous leurs légumes. Le bilan humain est aussi terrible, plusieurs dizaines de morts sont à dénombrer à travers la France.
Dans les semaines et mois suivants, des études sont menées sur les causes des inondations, les moyens d'en empêcher le retour, mais aussi la manière de profiter de leurs avantages et de transformer les inondations en de fécondes irrigations pour l'agriculture. On réfléchit au rôle des digues et à l'influence que pourrait avoir le déboisement sur l'abondance des pluies et la variation des climats.
Les revues horticoles publient quant à elles les travaux de professionnels de l'horticulture prodiguant des conseils sur les variétés à planter ou semer sur une terre détrempée et les soins à y donner. Dans le Journal d'agriculture pratique, de jardinage et d'économie domestique de janvier-juin 1856, Louis Moll (1809-1880), professeur d'agriculture au Conservatoire national des Arts et Métiers, publie un article sur les moyens de réparer les ravages causés par les inondations, que le ministère de l'Agriculture fait tirer à part en 20 000 exemplaires afin de le diffuser auprès des sinistrés. La plantation de pommes de terre, carottes ou betteraves y est notamment recommandée.
À lire aussi sur le blog de Gallica, 23 juin 1875 : les crues catastrophiques du Midi de la France vues par la presse et Paris sous les eaux : fluctuat nec mergitur