Madeleine Françoise Basseporte, peintresse botaniste du roi
Madeleine Françoise Basseporte (1701-1780) a marqué l’illustration botanique au 18ème siècle en peignant de nombreux vélins pour la collection du roi Louis XV, dont les filles ont suivi son enseignement en la matière.
L’illustration botanique comporte de nombreuses figures féminines comme Maria Sibylla Merian en Allemagne et aux Provinces-Unies, ou Elizabeth Blackwell en Grande-Bretagne. En France, Madeleine Françoise Basseporte ne bénéficie pas d’une telle notoriété alors qu’elle a produit plusieurs centaines de planches dont certaines éditées en gravures.
Une illustratrice précoce et motivée
Madeleine Françoise Basseporte naît à Paris le 28 avril 1701, fille d’un marchand de vin ruiné et mort alors qu’elle est encore enfant. Elle suit très jeune l’enseignement de Paul Ponce Antoine Robert de Seri, peintre du cardinal de Rohan, et va copier les œuvres de la collection du cardinal à l’hôtel de Soubise. Elle convainc même sa mère de s’installer près de cet hôtel pour en avoir un accès plus facile. Elle se tourne ensuite vers les collections du Palais-Royal et commence à réaliser des pastels à la manière de Rosalba Carriera.
Diane et Endimion, Paris, 1729
Peintre(sse) des vélins du roi
Sa carrière s’oriente ensuite vers l’histoire naturelle, fournissant des planches pour le Spectacle de la nature de l’abbé Pluche en 1732. Le peintre Claude Aubriet (1665-1742) lui enseigne l’art du vélin au Jardin du roi. Elle obtient en avril 1735 la survivance de la charge de son maître comme peintre des vélins du roi et doit fournir un nombre défini de vélins par an. La collection des vélins a été créée par Gaston d’Orléans et elle est la première femme à en avoir la charge. Elle prend alors le titre de peintre ordinaire du roi pour la miniature et de peintre des plantes du Jardin royal, qu’elle conservera jusqu’à sa mort.
Madeleine Françoise Basseporte, Thalictroides / Saraceni, 18ème siècle
Pendant une quarantaine d’années elle réalise par moins de 313 vélins. Certains de ces vélins sont repris par Buc’hoz dans son Histoire universelle du règne végétal. Mais son œuvre ne se limite pas à cette collection puisqu’elle participe aussi à l’illustration du Traité des arbres fruitiers d’Henri-Louis Duhamel du Monceau, ainsi qu’au Traité de la fabrique des manœuvres pour les vaisseaux, ou l’Art de la corderie perfectionné, par le même auteur. Sa contribution comprend aussi des planches de zoologie pour le Spectacle de la nature et pour l’Histoire naturelle de Buffon.
Henri-Louis Duhamel du Monceau, Traité des arbres fruitiers, t. 2, Paris, 1768
De puissants protecteurs
Elle maîtrise plusieurs techniques de dessin (pastel, gouache sur vélin) et d’estampe (manière noire). Des orphelines l’aident dans sa tâche. Logée au Jardin du roi, elle entre en contact avec de grands personnages qui la soutiennent, à commencer par Buffon avec qui elle entretient une correspondance. Recommandée à Louis XV, celui-ci lui demande de donner des cours à ses filles. Madame de Pompadour l’aurait fait venir dans son château de Bellevue pour travailler à sa décoration. Elle forme également des artistes comme mademoiselle Pinard, Marie Catherine Biheron ou Anne Vallayer-Coster, et devient la marraine de Simone Adélaïde Vallayer, sœur de l’artiste.
Madeleine Françoise Basseporte, Canard du Nord, 18ème siècle
Sa vie s’achève en septembre 1780. Gérard Van Spaendonck – le maître de Redouté – lui succède dans la charge de peintre des vélins. Son importante production et le soutien des puissants n’ont pas empêché Françoise Madeleine Basseporte d’être éclipsée par d’autres illustrateurs. Heureusement, Gallica nous permet de feuilleter les précieux vélins transférés par la Bibliothèque nationale au Museum d’histoire naturelle en 1793 , et d’autres vélins encore conservés par la Bibliothèque nationale ou achetés depuis pour redécouvrir une des grandes illustratrices de son temps.
Pour aller plus loin
Jaussaud (Philippe), Du Jardin au Muséum en 516 biographies, Paris, Muséum national d’histoire naturelle, 2004
Jeffares (Neil), Dictionnary of Pastellists before 1800, Londres, Unicorn Press, 2006
Revue universelle des arts, t. 13, 1861, p. 139-147 sur Gallica
La sélection botanique du parcours Gallica La Nature en images
Billet rédigé dans le cadre du Forum Génération Egalité.
Voir tous les billets de la série.
Ajouter un commentaire