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Les Fables de Jean de La Fontaine sur le petit écran

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23 mars 2018

Grand classique de la récitation, les Fables de la Fontaine ont été apprises par cœur de génération en génération. Elles furent aussi l’objet de plusieurs vidéos de la télévision scolaire maintenant numérisées par Réseau Canopé, bibliothèque partenaire de Gallica.

La Fontaine I. et II. – Gérard Chouchan, 1965.

Pour l’été 2017, dans le but d’encourager la lecture personnelle des élèves, un recueil constitué de 22 Fables de la Fontaine a été remis aux élèves de classe de CM2 et ce dans trois académies. Déjà, il y a cinquante ans, le poète était mis à l’honneur par l’éducation nationale mais sur le petit écran. Cette année, à l’occasion de la commémoration du 350ème anniversaire de la publication du premier livre des fables en 1668, voyons comment le sujet a été traité par la télévision scolaire grâce aux vidéos et aux documents d’accompagnements pédagogiques des émissions, à présent disponibles sur Gallica.

"Initiation aux œuvres"

Cette série interdisciplinaire, destinée à l’époque aux élèves de cours moyen (Cycle 3 – CM1, CM2), avait pour objectif de fournir aux enseignants de la matière, un point de départ à des recherches plus poussées ou à des discussions approfondies sur des thèmes abordés en classe et dans tous les domaines de l’art : en architecture (La Renaissance : Les Châteaux de la Loire, Chambord, Fontainebleau), en peinture (Chardin, Léonard de Vinci), en musique (L’Opéra, Jean-Philippe Rameau), en théâtre (Molière) ou en littérature (Rabelais : Les Moutons de Panurge, Jean de La Fontaine).    

"Il s’agit en effet d’aborder le patrimoine commun à tous ceux qu’unit une même culture, et de trouver les mots de passe qui leur permettent de se reconnaître…", développer l’esprit critique afin de faire percevoir aux élèves certains aspects du monde qui les entoure. Le souhait d’Igor Gourine, responsable de la série était, par la diversité des œuvres proposées, d’éveiller la curiosité et la sensibilité des enfants à la culture pour les aider à se sentir concernés et leur donner le désir de s’exprimer, afin de se forger une opinion personnelle. Par l’accès aux œuvres, c’est une incitation et une motivation à l’expression qui était proposée.

Les 4 épisodes de la série dédiés aux fables de Jean de La Fontaine

Pour aborder la fable comme genre littéraire par le biais de l’œuvre de Jean de la Fontaine, le choix a été fait de dédier quatre émissions de la série "Initiation aux œuvres" à l’auteur (les trois premières sont disponibles sur Gallica). L’objectif était double : "Faire comprendre le principe de l’allégorie ou de l’apologue en montrant comment la fable, véritable transposition du réel, représente en fait l’illustration d’une série de constatations et comme le résumé d’une expérience" et "inciter les élèves à tenter eux-mêmes ce genre d’exercice sous forme de textes libres, par exemple, ou même d’improvisation orale…"

La Fontaine I. et II. – Gérard Chouchan, 1965.
 

Dans la première émission, 4 fables sont à l’honneur : Le HéronLa FilleLe Renard et la cigogneL’Ours et les deux compagnons. Chacune peut être déclinée comme une petite pièce de théâtre, le parti pris étant de rendre les textes vivants à travers différents types d’illustration : par le mime, par le mouvement de marionnettes ou encore grâce aux ombres chinoises. Ceci permet de faire percevoir aux enfants le caractère ironique des personnages et des situations. Le seul but est de s’"instruire en amusant" comme le disait Jean de La Fontaine lui-même. Comment ? En proposant des portraits animaliers facilement identifiables et transposables aux caractères des hommes dans la réalité.
L’introduction de l’émission le rappelle en reprenant les propos du fabuliste :

Enfin si dans ces vers je ne plais et n’instruis[…]. Je tâche d’y tourner le vice en ridicule faisant de cet ouvrage une ample comédie à cent actes divers et dont la scène est l’univers."

"Le Renard et la cigogne" est proposé par exemple sous la forme d’une saynète composée de deux  marionnettes (entre 9 minutes 15 et 13 minutes 26), satire de la société. Cette fable semble appartenir à tous les milieux et à toutes les époques, c’est pourquoi elle fonctionne toujours aujourd’hui. "Le Trompeur trompé" annonce une morale contre l’abus de la force et le jeu des marionnettes insiste visuellement sur la comédie qui est en train de se jouer sous les yeux du jeune téléspectateur.

L’art de "réciter"

Tu récitais, tu ne pensais pas à ce que tu disais […]."

Dans le programme intitulé "La Fontaine III.", les enfants s’exercent à dire les fables. Treize élèves pris dans trois classes différentes ont été conduits dans un studio de télévision afin de travailler quelques heures sur "Le Lion et le rat". Au-delà de la simple récitation, bien souvent mécanique et parfois même rébarbative, le but était surtout de rendre le récit dynamique, vivant et de le déclamer avec concision, vigueur et variété : "Raconter une fable au lieu de réciter […]".

La Fontaine III, Jacqueline Margueritte, 1967.

C’est l’une des intentions de cette émission, faire de l’élève l’acteur de son récit. En effet, il y a l’exercice de mémoire mais le préalable est de prendre le temps de déchiffrer le texte, pour mieux le vivre le temps de sa récitation, car le vocabulaire classique de Jean La Fontaine peut être parfois un obstacle à la compréhension de l’ensemble. L’intérêt est de l’expliciter pour en faire un véritable exercice d’expression, l’interprétation de la fable est ici au cœur du sujet.

Pour aller plus loin :  

Manuela Guillemard,
Réseau Canopé

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