L'arnica
Elle efface bleus et bosses et nous utilisons souvent des crèmes à base de cette plante, mais connaissez-vous vraiment l’Arnica montana ?
L'Arnica montana est une plante vivace: elle possède un rhizome horizontal de couleur sombre. Ses feuilles forment une rosette à sa base; sur la tige se trouve souvent une ou parfois deux ou trois feuilles opposées, de forme oblongue et lancéolée. Les feuilles et la hampe florale sont velues.
Le plus souvent, un unique capitule jaune d’or vient la couronner, rarement plus mais les fleurs sont généralement en nombre impair (3, 5 et exceptionnelement 7). La fleur est composée en périphérie de nombreux fleurons ligulés et au centre de fleurons tubulés.
La plante paraît parfois comme ébouriffée !
Comme son nom l'indique, cette plante est surtout disséminée en moyenne montagne et dans les Alpes. En effet, l'Arnica préfère l’altitude entre 600 et 2800 m. Mais on la retrouve aussi en plaine dans quelques régions françaises comme la Bourgogne. Cette plante est strictement implantée en Europe, de la Scandinavie à l’Italie.
Ses habitats de prédilection sont les pelouses, prairies, landes tourbière, forêts clairsemées. Elle se plaît sur des sols riches en humus mais non fumés, frais, maigres et acides. On la trouve sur du granite, du basalte et très rarement sur des sols calcaires.
Beaucoup de plantes ressemblent à l'Arnica, notamment les séneçons. Il ne faut notamment pas la confondre avec le Sénéçon doronic (Senecio doronicum) aux feuilles alternes qui se trouve dans les mêmes territoires et dans les Pyrénées ou l’œil de bœuf (Buphthalmum salicifolium) qui lui ressemble mais qui ne possède pas les propriétés aromatiques de l’arnica.
La plante est absente de la littérature antique car elle ne pousse pas en Grèce et est présente en Italie uniquement en haute montagne. Les propriétés anti-inflammatoires sont découvertes dès le XIIe siècle par l’abbesse bénédictine Hildegarde de Bingen, qui telle une chaman, voyait en visions et en rêves les plantes qui pouvaient soulager les malades. La plante est ensuite citée sous le nom de Arnich par Mattheus Sylvaticus (1317).
Au XVIe siècle, le médecin allemand Goettingue Franz Joël en préconise à son tour l’usage. À la même période le botaniste Tabernaemontanus indique que la plante est utilisée contre les blessures et les accidents du travail. En 1678, Johann Michael Fehr, médecin allemand, la nomme « panacée des chutes « (lapsorum panacea). Citée dans de nombreux ouvrages au XVIIIe siècle La plante devient donc rapidement un remède populaire notamment en Autriche et en Allemagne. Sa renommée n'est déjà plus à faire quand deux médecins suisses, Albrecht von Haller (1768) et Pierre Rodolphe Vicat (1776) la préconisent pour ces propriétés anti-coups et bosses.
Son succès est tel que, de nos jours, l’usage de l'Arnica en homéopathie a entraîné sa raréfaction. Sa cueillette est donc à présent réglementée.
Ses propriétés anti-inflammatoires en cas de contusions, ecchymoses, hématomes, luxations, rhumatismes, entorses, piqures d’insectes, limitent la douleur. Autrefois, on faisait macérer les fleurs dans de l’huile ou de l’eau-de-vie et ce liquide était appliqué en vigoureuses frictions sur les parties blessées du corps; parfois on frottait même directement une fleur sur la peau. L'utilisation des extraits de fleurs d'Arnica montana se fait en voie externe uniquement (pommade) mais son utilisation peut provoquer des allergies si les applications sont trop fréquentes ou trop dosées. Plante toxique, son ingestion provoque des vomissements, une perturbation du rythme cardiaque, voire une chute de la pression sanguine et est donc à éviter.
D'aucuns - comme un de ses noms vernaculaire (Tabac des Vosges) le suggère - en faisaient usage comme substitut de tabac :
Longtemps surnommé le quinquina du pauvre, il faut se rappeler que l'Arnica montana est toxique en ingestion; aussi, lors de vos prochaines promenades en montagne, veillez à ne pas cueillir cette jolie fleur jaune et à ne la consommer qu'avec les yeux !
Pour aller plus loin
Retrouvez d'autres plantes médicinales et alpines dans la sélection Botanique du parcours Gallica La Nature en images.
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