Le Petit Echo de la Mode: Un siècle de presse familiale
Le blog de Gallica et la bibliothèque Forney vous font découvrir un périodique marquant du siècle dernier, nouvellement numérisé : Le Petit Echo de la Mode.
Témoin des grandes évolutions du XXe siècle, il se distingue par la diversité des sujets traités et la beauté de ses illustrations dont les teintes pastel associées à des gravures d’une grande finesse, sont de véritables trésors qui nourrissent l’imaginaire.
L’évocation du Petit Echo de la Mode suscite encore aujourd’hui des souvenirs émus au sein des familles. Les raisons de son succès sont multiples. Sa popularité prend racine dans le lien étroit qu’il a créé avec son lectorat, sa ligne éditoriale originale, ses innovations commerciales et techniques et sa formidable capacité d’adaptation face à un siècle en pleine mutation.
Fondé par Charles Huon de Penanster, Le Petit Echo de la Mode paraît pour la première fois le 8 août 1880. Il se destine à un public féminin et familial ; il a pour ambition de guider les maîtresses de maison dans leurs tâches, de promouvoir la charité et d’assurer des missions d’éducation : il s’institue "journal de la famille".
Cependant, il se différencie des autres publications par les multiples sujets qu’il aborde, même si le thème de la mode domine. Il réussit le difficile exercice de maintenir une "rigueur d’âme en toutes circonstances" tout en s’adaptant aux évolutions de la société.
Il captive un public féminin, défend des valeurs traditionnelles, nourrit ses désirs d’évasion avec la publication hebdomadaire de roman et finit par s’ouvrir avec succès aux débats féministes en abordant la question du vote des femmes, ou leurs difficultés au travail.
Il traite également de l’éducation des enfants, suite aux lois Jules Ferry de 1881-1882 et à la loi Goblet de 1886, avec de nombreux conseils pratiques. Cette sensibilité à l’éducation se retrouve dans les publications satellites proposées plus tard par les Éditions Montsouris, éditeur du Petit Echo de la Mode : Pierrot, Lisette et Guignol sont aujourd’hui considérés comme les ancêtres de la presse jeunesse.
Attentif aux préoccupations de son lectorat, le journal l’accompagne dans les moments difficiles. Durant l’année 1914, toutes les illustrations sont dédiées aux combattants et à leur famille. Un bimensuel est même créé, en signe de solidarité. Le Petit Echo en campagne raconte la vie des poilus sur le front, soutient le moral des familles et encourage le patriotisme.
Maintenir une proximité constante avec son public a donc déterminé le succès de la publication, ainsi que sa réactivité aux événements et son caractère inventif révélé par de nombreuses idées innovantes.
La fin du XIXe siècle connaît l’éclosion des maisons de couture qui s’accompagne d’une démocratisation de l’accès aux créations, avec la naissance des grands magasins, comme le Bon marché ou la Samaritaine... Cette démocratisation est relayée par Le Petit Echo de la Mode qui propose, en 1886, des leçons de couture, et en 1893, un patron-modèle encarté gratuitement dans l’hebdomadaire. Cette amélioration va permettre de faire monter le tirage à 210 000 exemplaires.
Parallèlement, il offre la possibilité d’acheter en direct ou par correspondance des objets usuels au "Comptoir parisien" : nécessaire à couture, confection de toilette, objets de la vie quotidienne.
Dynamique et souple, il propose 3 formules d’abonnements avec une édition de base comprenant un patron découpé, un supplément littéraire, une deuxième édition avec 12 feuilles de patrons et de broderies supplémentaires et une troisième, plus chère, qui comprend une gravure coloriée au format du magazine.
Le Petit Echo de la Mode innove aussi dans ses choix techniques. La hausse des tirages en 1895 pousse Penanster à fonder sa propre imprimerie dans le XIVe arrondissement, avec la première rotative du format double colombier. Il travaille pour des clients extérieurs, notamment les Galeries Lafayette.
En 1898, les journaux ne sont plus coloriés à la main : le chef mécanicien invente une machine qui appose automatiquement les couleurs. L’aquatype, primée à l’exposition universelle de 1900, est vendue en Europe, au Japon, aux États-Unis ; elle sert à colorier les images d’Épinal.
En 1930, le journal passe aux photogravures. Il atteint son tirage record en 1950, avec 1,5 millions d’exemplaires. En 1955, il se déleste de son attribut de petit, mais adopte un petit format auquel l’avait contraint la pénurie de papier en temps de guerre. Il fait alors 52 pages, avec des photos en couleurs. Les éditions de Montsouris s’équipent ensuite de rotatives offset performantes.
Malgré cette croissance, les années 60 amorcent une période de crise. De plus en plus de foyers sont équipés de télévisions où passent les réclames. Les recettes générées par les publicités baissent de 60%. Dans un même temps, le prêt à porter a évolué, les modes se faisant plus éphémères ; la confection industrielle propose des prix accessibles et la production des ménages diminue, ce qui met les patrons-modèles en difficultés.
Pour faire face à ces difficultés, un investissement est nécessaire mais l’entreprise ne souhaite pas emprunter. En 1977, L’Écho de la Mode est racheté par le magazine Femmes d’aujourd’hui mais le déclin continue, les licenciements s’enchaînent et l’entreprise de Châtelaudren ferme en 1984.
L’ancienne imprimerie a été réhabilité en Pôle culturel et abrite, entre autres un Centre de Ressources regroupant toutes les archives du Petit Echo de la Mode et des Editions de Montsouris.
Le Petit Echo de la mode a accompagné la vie des Français pendant un siècle, en la croquant remarquablement. Il en constitue un témoignage précieux que vous pouvez maintenant explorer dans Gallica.
Bibliothèque Forney
Pour aller plus loin...
Commentaires
Ces journaux anciens sur la
Ces journaux anciens sur la mode sont de bons outils pour dater les photos de famille ! j'ai pu ainsi classer chronologiquement des photos non datée en regardant les tenues des dames ( et des hommes dans une moindre mesure).
Le Petit Echo de la Mode
Bonjour
Celui de 1929 m'enchante car il me rappelle ma grand-mère Betti (1893-1950), fille de d'un Maître Tailleur, à qui je dois de charmantes robes d'enfance créées grâce à ce journal, sa "Singer " à pédale et son goût imaginatif de la beauté et de l'élégance.
Ecrivant la chronique de mes diverses familles avec beaucoup d'illustrations, documents et photos, ce cliché sera un ajout précieux.
Merci Gallica et meilleurs voeux à tous pour les Fêtes et la nouvelle année 2020.
Erika CB
Droit
Je veux lire des livres interesantes.
Ajouter un commentaire