L’Expédition d’Égypte et la naissance de l’Institut d’Égypte
Bibliothèques d’Orient invite à la redécouverte d’un patrimoine partagé. En 1798 commence la campagne d’Égypte et sa grande expédition scientifique. L’Institut d’Égypte créé à cette occasion ouvre la voie à l’étude de l’Égypte mais aussi aux futures missions permanentes des écoles françaises à l’étranger.
Le projet est d’installer une colonie pour remplacer la perte de Saint-Domingue, de donner à la France un accès à l’Afrique et au Levant en perçant l’isthme de Suez et de supplanter ainsi la puissance britannique aux Indes.
De retour de la Campagne d’Italie, Bonaparte est élu membre de l’Institut fondé en 1795 à Paris. L’Institut recommande à ses membres de récolter des observations dans les contrées étrangères, notamment par l’expédition scientifique.
Bonaparte créé ainsi la "commission des sciences et des arts de l’armée d’Orient" pour mener à bien un inventaire du pays avant sa colonisation.
L’Institut d’Égypte est fondé le 22 août 1798 et doit en premier lieu s’occuper "du progrès et de la propagation des Lumières en Égypte".
L’Institut tiendra 62 séances pendant 3 ans, regroupant près de 160 savants. Il est aussi amené à aborder des sujets très concrets comme améliorer la cuisson du pain, construire des moulins, étudier le système judiciaire et éducatif en Égypte.
L’activité de l’Institut est conservée par les publications parues sur place, car Bonaparte a pris soin d’emporter deux imprimeries : celle de Marc Aurel et l’Imprimerie orientale et française.
Cette imprimerie bénéficie du jeu de plombs orientaux (grecs et arabes) saisis à Rome par Monge auprès de la congrégation pontificale de la Propagande. Ils vont permettre de publier des ouvrages bilingues, comme des bulletins de propagande ou des exercices pour l’apprentissage de l’arabe :
Entre les 29 août 1798 et 20 juin 1801 paraissent le Courier d’Égypte, diffusant des nouvelles choisies, destinées aux corps expéditionnaires, et du 1er octobre 1798 au 31 mars 1800, La Décade égyptienne, revue savante consacrée aux mémoires et rapports des membres de l’Institut.
On ne connaît alors qu’une Égypte mythique au travers des récits des historiens grecs et quelques récits de voyageurs. La commission va entreprendre de décrire le pays dans un esprit scientifique, dans tous les domaines, même si la postérité a surtout retenu son apport dans le domaine de l’Antiquité, au détriment d’apports conséquents dans le domaine des sciences naturelles.
Des premières fouilles sont conduites à Alexandrie et dans la région memphite. Il ne s’agit pas uniquement de découvrir des objets mais de les comprendre dans leur contexte. Pour cela un registre, sorte d’ancêtre du journal de fouilles, est mis en place.
Ces notes sont extrêmement précieuses, car pour certains sites, comme celui d’Assiout, les façades des tombeaux ont disparu et seuls les dessins de la commission en conservent.
Ces savants, pris dans un contexte militaire, ne peuvent s’attarder et dressent donc la liste des fouilles à entreprendre, comme en témoignent les articles de Joseph Fourier, futur préfet de l’Isère et informateur de premier ordre pour les deux frères Champollion.
Sur place, on pense déjà au retour et à toutes les observations dont La Décade ne suffit pas à rendre compte. Le 6 février 1802, il est arrêté que "tous les mémoires, plans, dessins et généralement tous les résultats relatifs aux sciences et arts, obtenus pendant le cours de l’expédition d’Égypte, seront publiés aux frais du gouvernement", c’est la naissance de La Description de l’Égypte.
L’histoire de l’Institut d’Égypte n’en est pas terminée pour autant. Après une reprise de travaux en 1836 "la Société égyptienne" s’établit à Alexandrie en 1859, sous le nom d’"Institut égyptien". Il prendra le nom d’Institut d’Égypte en 1918. Jomard âgé 82 ans est invité à la cérémonie d’ouverture. La plaque de l’Institut actuel, basé au Caire depuis 1880, porte la date de 1798.
Issu de la collection Patrimoines partagés, le site Bibliothèques d’Orient est une présentation de ressources choisies dans Gallica qui propose côte à côte des documents des collections de la Bibliothèque nationale de France, et d’institutions de recherche au Moyen-Orient.
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