Curiosités volcaniques en France

Le lac Pavin

Carte des Monts Dore, éditée sous le patronage du Syndicat d'initiative du Mont-Dore et du Touring-Club de France..., 1938    (lac au bas du plan, au Sud-Ouest de Besse)   

La chaîne des puys d’Auvergne, dans le Massif-Central, comporte de nombreux lacs de cratères. Celui de Pavin, situé près de Besse-et-Saint-Anastaise (autrefois Besse-en-Chandesse) dans le département du Puy de Dôme, fait partie du parc naturel des volcans d’Auvergne et plus précisément du Massif des Monts Dore. 

Besse-en-Chandesse : [dessin] / [Henri Rivière], 1921

Le lac s’est formé après une éruption d’il y a 6 900 ans environ, dans le flanc nord du Puy de Montchal. Il n’en est pas moins le plus jeune lac de cratère de France métropolitaine. A cette époque, dans sa remontée des profondeurs, la lave brûlante rencontre une nappe phréatique. L’eau vaporisée crée une pression souterraine telle que les roches de surface sont éjectées très violemment, comme un bouchon de champagne. On parle de phréatomagmatisme. Apparaît alors un maar (un cratère d’explosion), qui au fil du temps devient un lac en se remplissant d’eau.

Vue du cratère-lac Pavin et du volcan de Montchalm, près Besse,…

Le massif central de la France, 1919

Situé à 1 197 mètres d’altitude, le lac de Pavin a une forme quasi circulaire, de 800 mètres de diamètre, pour une superficie de 44 hectares et une profondeur de 92 mètres, ce qui en fait le lac de cratère le plus profond de France. Le lac Pavin est également unique par son caractère méromictique : ses eaux de surface ne se mélangent pas à celles situées en profondeur. Bien que privées d’oxygène, ces dernières développent pourtant plusieurs formes de vie, comme des bactéries ou des diatomées (micro-algues brunes constitutives du phytoplancton). De par tous ces particularismes, le lac est très étudié par les biologistes, chimistes, hydrologues et volcanologues.

Le marais salé de Saint-Nectaire

L'Auvergne thermale et pittoresque : journal des baigneurs et touristes : organe de la Section d'Auvergne du Club alpin français : revue régionale humoristique paraissant le dimanche, 19/07/1891

A  Saint-Nectaire, petite commune balnéaire du Puy-de-Dôme, de très nombreuses sources d’eaux salées émergent des fissures volcaniques du Massif Central. D’un point de vue géologique, la croûte terrestre peu épaisse de la région permet aux eaux infiltrées de se réchauffer très rapidement et de capter le gaz carbonique contenu dans le manteau terrestre. Sous l’effet de la pression de ce réchauffement et du gaz, ces eaux remontent en se chargeant de chlore et de sodium par dissolution des roches rencontrées. Ces deux éléments minéraux se combinent pour former du chlorure de sodium, c’est-à-dire du sel, dont les eaux de Saint-Nectaire sont très riches.

Troscart maritime

Atlas de poche des plantes des champs, des prairies et des bois, à l'usage des promeneurs et des excursionnistes... / texte, par R. Siélain ; aquarelles de Mlle Bissonnet,..., 1911

Plusieurs espèces de plantes dites halophiles (qui aiment le sel) se développent dans le marais, dont cinq espèces protégées (le plantain maritime, la spergulaire marginée, le troscart maritime, le glaux maritime, le jonc de Gérard), et trois espèces non protégées mais figurant sur la liste rouge régionale (le scirpe maritime, la glycérie distante, et le troscart des marais). Au cœur même du village on peut rencontrer certaines espèces, au niveau de nombreuses résurgences. En 1734, Pierre-Jean-Baptiste Chomel mentionne déjà une de ces plantes qui croît au bord d’une fontaine et « qui vient ordinairement au bord de la mer, en Irlande et dans les marais salez ».

Le marais est classé site «Natura 2000 », préservant la diversité biologique en Europe dans des habitats naturels exceptionnels, et participe à la conservation d’espèces animales ou végétales. C’est aussi une Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF). L’accès et les activités humaines (circulation, travaux agricoles, etc..) sont réglementés par Arrêté de protection préfectoral de biotope (APPB).

Le complexe volcanique du Cap d’Agde (du Mont-Saint-Loup)

Cap volcanique d’Agde

Session de la Société géologique de France à Montpellier (octobre 1868) / compte rendu par Paul de Rouville,...,1869

La chaîne des volcans d’Auvergne commence sa course avec la chaîne des Puys et se poursuit au sud par les Mont Dore, les massif du Cézallier, du Cantal, de l’Aubrac, des Causses, de l’Escandorgue, du Lodévois et du Languedoc où elle finit par plonger dans la Méditerranée au Cap d’Agde, dans le département de l’Hérault. Le complexe volcanique du Cap d’Agde témoigne d’un volcanisme du Pléistocène, débuté il y a 1,5 million d’années et qui s’est achevé il y a 750 000 ans, par l’éruption du Mont-Saint-Loup.

Mont Saint-Loup, Agde, 1823

Le complexe s’étend sur environ 15 km2 et comprend actuellement les restes de trois cônes de type strombolien dans l’arrière-pays d’Agde : le Mont saint-Loup qui culmine à 111 m actuellement, le Mont Saint-Martin (55 m) et le Petit Pioch (68 m). Le sol de la région est notamment constitué de pouzzolane, une pierre basaltique qui a la caractéristique d’être poreuse c’est-à-dire de laisser passer l’eau dans ses trous, et d'être très peu absorbante de celle-ci. De ce fait, elle trouve de nombreux domaines d’utilisation : jardinage (paillage, drainage et développement racinaire), constructions de bâtiments et de barrages (ciments à prise lente, isolation phonique et thermique), ou bien en agriculture hors sol (substrat), aquariophilie (filtres) et revêtement des routes (l’eau s’écoule et s’évacue rapidement).

Plage de la Grande Conque

Marine & Océans : enjeux et perspectives / [Association des officiers de réserve de la Marine nationale] ; [directeur gérant Alain Geiss], 01/10/2016

L’ancienne période d’éruptions à la fois marines et terrestres a créé les falaises, criques, plages et îlots de cette région volcanique au sud de la France. La plage de la grande Conque (en forme concave ou de croissant) est faite de sable noir et gris, couleur due aux restes des débris de basalte constitutif de la lave ayant forgé ces paysages. Une avancée de ces multiples coulées, l’îlot du fort de Brescou (2,72 km2), émerge en mer à 1,5 km au large du Cap d’Agde.

Prismes volcaniques du Massif Central

Prismes basaltiques
 

Géologie : Enseignement secondaire. Classe de 4e (1er cycle) (4e éd.) / par F. G. M, 1922

Lors de leur refroidissement, les laves fluides qui se solidifient lentement se contractent en créant des structures verticales, obliques, parfois horizontales, appelées prismes, colonnes prismatiques ou orgues (rappelant les tubes des orgues musicaux). Elles forment de hautes falaises appelées aussi chaussées qui se retrouvent au-dessus de plusieurs villes, comme Espaly-Saint-Marcel ou Bort-les-Orgues.

Espaly-Saint-Marcel

Orgues d’Espaly

Les entrailles de la Terre / E. Caustier, 1902

A Espaly-Saint-Marcel, dans le département de la Haute-Loire,  les cristallisations prismatiques sont issues d’une coulée de lave du Mont Denise (sommet volcanique du Velay, dans la partie nord de la chaîne du Devès). Dominant  les rives de la Borne, les orgues ont une hauteur maximale d’environ 20 mètres pour un diamètre d’environ 30 cm. Comme le montre la photo ci-dessus, les colonnes forment à la fois une haute falaise avec une disposition verticale régulière (à droite) et un amas de prismes obliques constituant un éventail situé à l’extrémité de la coulée. La lave s’est déposée puis contractée en colonnades disposées sur trois étages (visibles sur la gravure ci-dessous).

Vue des basaltes attenant la montagne de dinise [i.e. Denise] baignée par la rivière de borne [sic] qui se trouve pavée en parties par la teste de ces basaltes située a environ 300 toises des ruines du chateau d'espaly : [dessin] / Meunier fecit, 178.

Les orgues ont  été classées en 1910, par arrêté du Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-arts, parmi les sites et monuments naturels de caractère artistique.  En 1913 l’accès est mentionné comme déjà difficile. De nos jours, la végétation a formé une friche devant les orgues.

Bort-les-Orgues

Bort. – La ville et les orgues

La Revue du Touring-club de France, 01/08/1932

Situées à 789 m d'altitude et à 350 m au-dessus de la ville de Bort-les-Orgues et du confluent de la Dordogne et de la Rhue, les orgues ne sont pas formées de basalte mais de phonolite, une autre pierre magmatique. Le plateau de ces colonnades (80 à 100 m de hauteur), a une longueur d’environ 2 kilomètres et trouve son origine vers le Puy de Bort (850 m) qui est le sommet culminant de cette région. 

   Les orgues phonolitiques de Bort (Corrèze)

Le massif central de la France / Glangeaud, Philippe (1866-1930), 1919

D’un point de vue géologique, c’est au tertiaire, plus précisément à la période du miocène (– 23 à – 5,3 millions d'années) que  le Puy de Bort  déverse sa lave phonolitique, très visqueuse, dans la première vallée de la Dordogne, à l’ouest de la vallée actuelle. A cette époque, à l'emplacement de la ville de Bort, se trouve une autre montagne, en vis-à-vis du volcan et en surplomb par rapport à la première vallée de la Dordogne. La coulée de lave butte contre cette autre colline, se refroidit, se contracte et forme les colonnes prismatiques des orgues. La Dordogne, obstruée, se fraie un nouveau lit dans les terrains plus friables à l'Est et avec le temps l'érosion fait apparaître le paysage d'aujourd'hui.

Depuis le sommet du plateau de Bort, le regard se porte sur près de 80 km : le Massif du Sancy (1 886 m), l’Artense (une des cinq régions naturelles du Parc naturel régional des volcans d'Auvergne), le Massif du Cantal dont le Puy Mary (1 787 m) et le Plomb du Cantal (1 855 m). Un appel à bien d’autres balades pour découvrir le volcanisme du Massif-Central ou d'autres régions de la France.