Le trèfle
Si vous souhaitez en apprendre plus sur le trèfle, c’est votre jour de chance ! Injustement considéré comme une mauvaise herbe envahissante, il jouit toutefois d’une excellente réputation symbolique.
« Trèfle » est hérité du grec triphyllon puis du latin trifolium qui signifie trois feuilles. Ce dernier aura donné son nom au genre éponyme sous lequel se déploient une myriade d’espèces parmi lesquelles on trouve le Trifolium pratense, aussi appelé trèfle des prés, trèfle rouge ou herbe à vache.
Cette herbacée de la famille des Fabacées fleurit entre les mois de mai et d’octobre. Il est muni de trois folioles ovales-elliptiques de couleur verte ornées d’un croissant blanchâtre. Ses fleurs rose pourpré disposent chacune de cinq pétales et sont toutes regroupées en tête globuleuse de 15 à 25 mm de diamètre. Le trèfle des prés peut mesurer entre 10 et 40 cm ; ses racines verticales et épaisses font de lui une plante particulièrement vivace.
Il s’étend très volontiers dans les prairies françaises jusqu’à 2400 mètres d’altitude et préfère les milieux pluvieux et humides. Plante mellifère par excellence, le trèfle attire irrésistiblement les insectes pollinisateurs comme les bourdons et les papillons. La saveur sucrée de son nectar, appréciée des enfants, lui vaut d’ailleurs le surnom de « suçotte ».
Nicolas Robert, Trifolium Pratense Linné, XVIIe siècle, gouache sur vélin
Plante fourragère de grande valeur, le trèfle des prés est à l’origine de plusieurs variétés cultivées en abondance. En outre, il constitue un engrais parfait puisque ses racines ont la capacité de fixer l’azote de l’air et d’améliorer en cela la qualité des sols.
Le trèfle est doté par ailleurs d’une charge symbolique remarquable. Dans l’imaginaire collectif, celui-ci est associé à la chance lorsqu’on lui trouve quatre feuilles. Ce fameux porte-bonheur quadrilobe ne doit pourtant pas être confondu avec le Trifolium pratense. Le fameux trèfle irlandais, également appelé shamrock, est en effet symbolisé par l’Oxalis acetosella (petite oseille), une espèce bien distincte que l’on reconnaît facilement à ses trois folioles en forme de cœur. Selon la légende, l’oxalis aurait permis à Saint-Patrick d’expliquer le mystère de la Sainte Trinité lors de l’évangélisation de l’Irlande.
Si le trèfle des prés semble parfois concurrencé par quelques imposteurs, sa forme reste un motif ornemental particulièrement apprécié dans les marges des manuscrits, dans les sculptures des cathédrales ou dans les entrelacs des papiers peints. Au XVe siècle, il devient en Allemagne et en France l’une des quatre enseignes emblématiques au jeu de cartes. Bien que l’origine de ce dernier ne soit pas vraiment attestée, certains historiens ont vu dans le trèfle une référence à la ruralité, au fourrage et au gens de la campagne. Il se hisse enfin au sommet dans les blasons des plus grandes familles de la noblesse.
A l’instar de ses racines, le trèfle s’infiltre dans les différentes strates de notre imaginaire collectif. Plante de campagne par excellence, il ne se prive pourtant pas de goûter au prestige.
Commentaires
Avis sur la publication concernant le trèfle
Très agréable à lire, vocabulaire idoine, de la recherche dans les illustrations anciennes commentées .
Beau texte.
Quel bonheur à lire l'article sur le trèfle!
Excellent article magnifiquement illustré. Enfin sur internet une personne qui sait écrire, chose rare de nos jours.
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