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Gallica Football Club

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12 juin 2014

Au moment où débute au Brésil la 20e édition de la Coupe du monde de football, un regard dans les collections numérisées de Gallica permet d’éclairer l’histoire de ce sport et de constater que la fièvre du ballon rond ne date pas d’hier.

Match de football, Racing Club de Paris contre Olympique de Marseille, au Parc des Princes, 1933

http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/btv1b9050817q/f1.item

 

Il ne faut pas croire que ce sport consiste simplement à « donner des grands coups de pied dans le ballon et à regarder froidement où il va tomber », comme l’explique en 1906 l’encyclopédie Les Sports modernes illustrés. Encore appelé « football association » pour le différencier du « football rugby » ou du football gaélique, il connaît alors un succès  rapide, justement grâce à sa simplicité. Contrairement à leurs homologues anglais, les joueurs de football français, même célèbres, restent amateurs jusqu’en 1930. Pierre Chayriguès, gardien de but du Red Star et de l’équipe de France, refuse ainsi en 1913 une offre de contrat du club londonien Tottenham Hotspur. Cela n’empêche pas l’« amateurisme marron », où les joueurs, bien qu’officiellement amateurs, perçoivent des rémunérations importantes, comme le rappelle en 1926 un article de l’hebdomadaire Match, le « plus grand hebdomadaire sportif ».

Le football trouve parfois des débouchés inattendus : dans l’armée par exemple, où il est décrit comme « un exercice de discipline dans l'effort violent »  en 1914 dans la Revue d’infanterie. Des matchs sont organisés avec des joueurs mobilisés, même à proximité du front, où des soldats anglais sont équipés de masques à gaz pour l’occasion.

Tommies jouant au football avec des masques contre le gaz, 1916
 

Le succès populaire du football est réel : les foules se pressent aux matchs, des journaux spécialisés apparaissent dans les années 1920. L’équipe de France est très suivie, comme lors de ce match contre l’équipe anglaise à Colombes en 1913. L’équipe d’Angleterre inflige d’ailleurs des déculottées mémorables à l’équipe de France – dont des cinglants 15-0 et 12-0 en 1906 et 1908 – jusqu’à une victoire historique des Français le 5 mai 1921 au stade Pershing de Paris. « Pour la première fois, nous avons vaincu les Anglais dans leur sport national », se réjouit alors Le Petit parisien. Les performances de la sélection sont déjà très discutées, comme après cette victoire contre la Belgique en 1922. En 1933, avant un match contre la sélection autrichienne, la garde républicaine doit même disperser la foule, de nombreux spectateurs n’ayant pu entrer dans le stade.

Au niveau national, dès les années 1920, le football féminin se développe lui aussi. Côté masculin, outre la prestigieuse Coupe de France créée en 1917 et toujours disputée aujourd’hui, citons bien sûr le championnat de France professionnel, disputé pour la première fois en 1932. L’Olympique lillois, le FC Sète, l’Olympique de Marseille, le Racing Club de Paris, ou encore le Red Star, le club de Saint-Ouen fondé par Jules Rimet, comptent parmi les équipes les plus titrées de l’entre-deux-guerres.

Equipe de l’Olympique lillois, 1914
 

La Coupe du monde, regroupant les nations ayant adhéré à la Fédération internationale de football, connaît quant à elle sa première édition en 1930 en Uruguay. L’équipe de France bat d’entrée le Mexique, lors d’un match où l’ailier Lucien Laurent devient le premier buteur de l’histoire de la compétition. La couverture de l’événement reste modeste dans la presse de l’époque. Déjà, les rencontres internationales ne sont pas exemptes de tensions liées à la situation politique : le Mondial 1934, disputé dans l’Italie fasciste, est largement utilisé comme mise en scène de la puissance mussolinienne. L’équipe de France, malgré une prestation honorable, est battue d’entrée par l’Autriche par 3 buts à 2. L’édition de 1938 organisée en France, intervient en pleine guerre d’Espagne, dans un contexte faisant craindre pour la paix en Europe. L’engouement populaire est pourtant réel derrière l’équipe nationale, battue en quart de finale par l’Italie. « C’est devant 60 000 personnes – et plusieurs milliers de personnes n’avaient pu entrer dans le stade ! – que s’est déroulée cette partie », lit-on dans Le Temps du 14 juin 1938. « Déception à Colombes », titre pour sa part Le Petit Parisien. Les journaux ne sont alors pas en reste pour trouver des raisons à cette défaite.

« Roi des sports d’équipe, la balle ronde est le jeu le plus populaire de la planète », écrit Le Monde illustré en 1938. L’après 1945 allait largement confirmer ce constat.

François Michel - Département Droit, économie politique

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