En dehors de quelques volumes, dont la provenance est souvent incertaine, la plupart des livres du trésor antérieurs au XVe siècle ont disparu. Contrairement à d’autres cathédrales, les chanoines ont à plusieurs reprises (en particulier à la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle) modernisé leur trésor, en procédant à des retraits. Les livres pouvant encore servir furent transférés dans la bibliothèque capitulaire. Les autres, souvent plus anciens, furent cédés ou éliminés. C’est cependant par les manuscrits, dont plusieurs dizaines ont pu être identifiés, que l’on peut évoquer ce que fut le trésor disparu de Notre-Dame.
Parmi les plus anciens manuscrits du trésor conservés (et cités dans les inventaires) figurent deux missels : l’un exécuté en 1405-1410 et offert par le libraire OIivier de l’Empire et le chanoine et chapelain Gérard Morel, l’autre exécuté entre 1427 et 1447 pour les évêques Jacques du Chastelier et Denis du Moulin. Tous deux témoignent du luxe de la librairie parisienne du début du XVe siècle.
Missale ad usum Ecclesiae Parisiensis, Paris, vers 1405-1410. BnF, Arsenal, ms. 622 réserve, f. 138bis verso-138ter
Missale ad usum Ecclesiae Parisiensis, Paris, entre 1427 et 1447. BnF, Arsenal, ms. 621 réserve, f. 1
Le trésor n’était cependant pas le seul lieu de la cathédrale où se trouvaient des livres. Un inventaire des chapelles daté de 1417 mentionne ainsi plus d’une centaine de missels, dont quelques-uns nous sont parvenus, notamment pour la chapelle Sainte-Marie-et-Saint-Aignan. Nous ignorons cependant où étaient conservés certains missels ainsi que les bréviaires, qui n’apparaissent pas dans les inventaires, bien qu’ils soient à l’usage de la cathédrale. Tous ces livres bougeaient et pouvaient passer d’un endroit à l’autre, entrer au trésor, ou en sortir.
Des manuscrits témoignent d’un certain renouveau du trésor aux XVIIe et XVIIIe siècles, et de la persistance de la commande de manuscrits enluminés. En 1668, le chanoine Duhamel fut désigné par le chapitre pour passer la commande d’un graduel en sept majestueux volumes. Chacun mesure un peu plus de 80 centimètres de haut ! Copiés par Jean Fossard, ils ont été enluminés par Étienne Compardel et furent livrés en 1670-1671.
Graduale Ecclesiae Parisiensis, pars 3/2, Paris, 1669. BnF, Musique, RES VMA MS 1413
En 1753, le chapitre a commandé un nouvel évangéliaire et un nouvel épistolier, tous deux enluminés et dotés d’une reliure en argent doré, hélas fondue sous la Révolution. Une des originalités du premier est qu’il contient, outre de classiques et attendues scènes religieuses, des représentations du chœur de la cathédrale dans son aménagement de la fin de l’Ancien Régime et du grand ostensoir d’argent doré offert en 1708 par le chanoine Antoine de La Porte.
Liber Evangeliorum ad usum Ecclesiae metropolitanae Parisiensis, Paris, 1753. BnF, Manuscrits, Latin 9461, p. 70
Des reliures portées par les livres de Notre-Dame de Paris, il ne reste que peu de choses. Les reliures médiévales ont pour la plupart été remplacées au xviiie siècle par de sobres reliures en parchemin vert. Aucune reliure d’orfèvrerie ne nous est parvenue. On peut néanmoins signaler une série de reliures en maroquin rouge des années 1760-1770, portant au centre une plaque aux armes du chapitre (une Vierge sur des nuées, portant l’Enfant Jésus) et aux quatre coins un fer dit « au bâton de chantre ».
Ritus Domini cantoris ad usum domini de Saint Exupery praecentoris et canonici Ecclesiae, Paris, 1746 (reliure vers 1760-1770). BnF, Manuscrits, Latin 9484, plat supérieur
Pour aller plus loin :
Feuilleter l’ensemble des livres provenant de Notre-Dame de Paris, conservés à la BnF.
Jannic Durand, Anne Dion-Tenenbaum, Michèle Bimbenet-Privat et Florian Meunier (dir.), Le trésor de Notre-Dame de Paris. Des origines à Viollet-le-Duc, cat. exp., Paris : Louvre éditions / Hazan, 2023, 336 p.
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