La musique à la cathédrale Notre-Dame de Paris
À l'occasion de l'exposition du Louvre consacrée au trésor de Notre-Dame, nous évoquons aujourd'hui l'histoire de la musique et des pratiques musicales dans les murs de la cathédrale parisienne.
Joyau de l’art gothique, reconnu et admiré depuis des siècles et par-delà nos frontières, Notre-Dame de Paris a toujours été un édifice au sein duquel la musique a occupé une place prépondérante. Sous ses magnifiques voûtes, chantres et enfants de chœur ont exécuté les parties chantées de la messe et de l’office. Ainsi, leurs voix n’ont-elles cessé de résonner à travers l’immensité du chœur et de la nef. Dès les temps les plus reculés, une maîtrise, composée de chantres et de jeunes enfants, participait aux célébrations quotidiennes. Lors de grandes fêtes, la maîtrise entière pratiquait le levé de nuit afin d’aller au chœur chanter matines. Comment ne pas imaginer cet office nocturne au cours duquel chants et psalmodies s’élevaient dans cette gigantesque cathédrale à la fois obscure et glaciale. À côté de la messe et des heures canoniales, Notre-Dame a régulièrement été le lieu de cérémonies extraordinaires, comme des Te Deum, des mariages ou des funérailles de personnages importants. La gravure ci-dessous représente un Te Deum chanté dans le chœur de Notre-Dame de Paris en 1669. Ici tentures et costumes de l’époque baroque rencontrent la grandeur et la solennité empreintes de finesse de l’art gothique.
Si de nos jours, à la messe comme à l’office, les choristes ont chacun une partition en main, sous l’Ancien Régime la plupart des cathédrales possédait un lutrin sur lequel étaient posés de grands et magnifiques livres liturgiques autour duquel la maîtrise se regroupait afin de déchiffrer les mélodies à exécuter. Confectionnés pour Notre-Dame de Paris au début des années 1770, les sept volumes conservés au département de la Musique représentent un témoignage irremplaçable pour connaître cette pratique ancestrale. Ces graduels comportent le propre de la messe qui comprend l’introït, le graduel, le trait ou l’Alléluia, l’offertoire et la communion. Le texte de ces différentes parties narre soit un épisode de la vie du Christ soit l’existence et les miracles d’un saint. En effet, ces sept volumes se répartissent entre le propre du temps, qui évoque les différentes étapes de la vie de Jésus-Christ – Noël, Épiphanie, Annonciation etc. – et le sanctoral qui comporte les fêtes propres aux saints. Richement décorés et offrant une notation musicale particulièrement soignée, ces volumes contiennent des mélodies qui n’appartiennent pas au chant grégorien mais représentent une partie du plain-chant parisien.
À côté du propre noté au sein du graduel, figure l’ordinaire composé du Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus et Agnus Dei chanté indifféremment à toutes les messes. Le manuscrit VM1-395, conservé au département de la Musique, propose des ordinaires de messe de compositeurs renommés parmi lesquels André Campra (1660-1744), un temps maître de chapelle à Notre-Dame de Paris. Contrairement aux Graduels de Notre-Dame, ce manuscrit de format oblong est noté en ronde avec un texte dans une écriture cursive.
Si la maîtrise occupait une place de premier plan, l’orgue n’était pas en reste et intervenait régulièrement à la messe et à l’office. Parmi les compositions pour orgue, les messes pour orgue occupent une place de choix. Ces œuvres alternaient avec le chœur. La Messe des paroisses de François Couperin en est un exemple probant avec ses versets à la fois solennels et fervents.
Il est difficile de terminer cette évocation de la musique à Notre-Dame de Paris sans mentionner les concerts d’orgue qui les dimanches après-midi n’ont jamais cessé d’attirer une foule considérable. Titulaires mais aussi organistes venus des quatre coins du globe ont sans doute éprouvé beaucoup d’émotion en touchant les claviers de cet orgue mythique. Œuvres de Bach, de Couperin, de Vierne, de Messiaen mais aussi improvisations emplissent pour une heure durant la cathédrale dans ses moindres recoins et réjouissent mélomanes inconditionnels comme simples passants. Quelque part, ce grand orgue est une partie intangible et indissociable de l’âme de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
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