6 avril 1917 : la déclaration de guerre des États-Unis
Il y a cent deux ans, les Etats-Unis déclaraient la guerre à l'Allemagne, entrant de plein pied dans le premier conflit mondial. Le blog de Gallica vous propose une revue de presse de cet événement.
Le Congrès américain vote la déclaration de guerre à l'Allemagne le 6 avril 1917 par 82 voix contre 6. L'annonce fait l'unanimité dans la presse quotidienne, qui réserve une place centrale à l'évènement. Les 6 sénateurs qui ont voté contre sont montrés du doigt. Plus qu'une analyse politique de la situation, les journalistes relatent le développement de la journée du 6 avril au sénat américain ainsi que les réactions de l'ensemble de la classe politique et diplomatique française. En ce 978e jour de guerre, la presse quotidienne fait une place importante à deux autres évènements, à Saint-Quentin, la lutte d'artillerie sur le front de la Somme à l'Oise ainsi qu'au torpillage du "Parana" , navire brésilien, qui a entraîné la mort de plusieurs hommes. Ce torpillage rappelle qu'en février 1917 l'Allemagne décrète une guerre sous-marine à outrance. En mars de la même année, le paquebot américain "Vigilentia" est torpillé par les Allemands, tout comme l'avait été le "Lusitania" britanique en mai 1915, avec à son bord près de 200 américains. Ces évènements maritimes importants ont été décisifs pour le vote de déclaration de la guerre à l'Allemagne.
Voici une sélection commentée d'articles des journaux de l'époque consacrés à la déclaration de guerre des États-Unis qui proviennent des collections presse et périodiques de la BnF. Cet article a d'abord été publié sur le site de la Mission du Centenaire, dans le cadre d'un partenariat avec la BnF, membre fondateur du Groupement d'intérêt public "Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale". Pour chaque Une, nous vous proposons, outre le lien vers le document complet sur Gallica, un résumé d'article et une courte description du journal.
Le Sénat américain par 82 voix contre 6 vote la guerre contre l'Allemagne. Outre le déroulé des débats au Sénat américain débouchant sur le vote pour l'entrée en guerre des Etats Unis, L'Echo de Paris rapporte en page 4 les réactions de la presse française, L'Homme enchaîné, le Journal de France, L'Humanité, et de la presse étrangère, La Epoca, La Tribune de Genève, Le Genevois, La Tribune de Lausanne, le Sun mais également le Berliner Tageblatt et le Berliner Anzeiger.
Le journal : Lancé par Valentin Simond en 1884, il tarde à rencontrer le succès malgré un contenu varié traité de façon légère. Le journal mène une campagne anti-dreyfusarde : son contenu perd rapidement tout caractère grivois pour exprimer les idées de la droite nationaliste et conservatrice tout en faisant la part belle à l'actualité littéraire et artistique. Fortement patriote, le journal soutient Clemenceau durant la Conférence de paix de Versailles. En 1940, le titre se replie en zone Sud avant de se saborder en 1942.
Les Etats-Unis en guerre, par Polybe. La Une est entièrement consacrée à la déclaration de guerre des Etats-Unis à l'Allemagne et retranscrit le discours d'A. Ribot, Président du Conseil, celui de P. Deschanel, Président de la Chambre ainsi que celui A. Dubost, Président du Sénat, en réaction à cette annonce. Elle contient aussi un commentaire de "Polybe", pseudonyme de Joseph Reinach, ancien député.
Le journal : Apparu en 1826, Le Figaro renaît en 1854 avec Hippolyte de Villemessant. Le journal se caractérise par ses reportages en France et à l'étranger qui lui assurent le succès. Conservateur, le journal prend position contre Dreyfus. Il bénéficie de la collaboration de nombreuses personnalités du monde des lettres. Le journal cesse de paraître en 1942 à la suite de l'occupation allemande de la zone Sud.
Les Etats-Unis et l'Allemagne : le Sénat vote la motion. La Une fait une part relativement modeste à l'événement mais donne la réaction du Sénateur du Wisconsin, La Folette, représentant l'une des six voix contre l'entrée en guerre des Etats-Unis.
Le journal : Mensuel fondé en 1880 par les Assomptionnistes, quotidien dès 1883, La Croix adopte le style et le contenu de la presse populaire. Titre conservateur, le journal est anti-dreyfusard mais aussi antisémite puis modère peu à peu ses positions. Réfugié en zone Sud, le titre refusera de se saborder.
Une du Gaulois du 6 avril 1917.
L'Amérique entre en guerre : une journée historique, par René D'Aral, suivi du télégramme envoyé par Raymond Poincaré à Wilson.
Le journal : Créé en 1868 par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène, le titre est repris en 1882 par le monarchiste Arthur Meyer. Il devient alors un journal mondain influent parmi la noblesse et la haute bourgeoise. Boulangiste et anti-dreyfusard, le titre voit son influence s'amoindrir malgré quelques nouveautés comme une chronique sur le cinéma. Il disparaît en 1929, un an après son rachat par François Coty.
Une de L'Humanité du 6 avril 1917.
Par 82 voix contre 6 le Sénat américain a voté la résolution de guerre. La Une est entièrement consacrée à l'événement. Deuzelle écrit :
Notre grand Jaures est mort trop tôt… avec quelle joie il aurait salué l'idéal de paix internationale proclamé sur l'autre bord de l'Océan !"
Le journal : Fondé par le socialiste Jean Jaurès en décembre 1904, L'Humanité soutient les revendications ouvrières, marque son hostilité face à l'engagement français au Maroc et affiche son pacifisme. Après la mort de Jaurès, il soutient cependant le gouvernement de guerre. En 1920, à l'issue du Congrès de Tours, le journal rompt avec le réformisme pour rejoindre le communisme révolutionnaire. Le 26 août 1939, le journal sera saisi.
Une de L'Intransigeant du 6 avril 1917.
Vote de la chambre des Etats-Unis pour la guerre. La décision des Etats-Unis de prendre part à la guerre fait l'objet d' un article central à la Une du quotidien qui donne de nombreuses informations sur le déroulement des débats.
Le journal : Lancé en 1880, le journal suit les évolutions politiques de son directeur, Henri Rochefort. Successivement socialiste, boulangiste et nationaliste, le journal est anti-dreyfusard. Passé progressivement sous la direction de Léon Bailby, il maintient sa position jusqu'en 1930 avant de décliner puis de se saborder en 1940.
Le nouveau Monde contre la barbarie. Le sénat américain a voté la guerre. A Washington, le Congrès suggère de censurer les journaux allemands et autrichiens, question qui ne fera pas l'unanimité.
Le journal : Journal radical fondé en 1877 par Eugène Mayer, La Lanterne rencontre le succès grâce à ces campagnes de presse sensationnelle et soutient Boulanger. Racheté en 1895, le journal est successivement dirigé par Aristide Briand, Millerand et Viviani. Fortement anticlérical, le journal voit son influence s’éroder dans l’entre-deux-guerres.
La décision du Sénat américain. Les Etats-Unis en guerre avec l'Allemagne. A la Une, le télégramme de R. Poincaré à Wilson. La première page est entièrement consacrée à l'événement.
Le journal : Lancé en 1884 par Sam Chamberlain, il rencontre, sous la direction de Maurice Bunau-Varilla, un vif succès grâce à son ton accrocheur et original. Nationaliste et antiparlementaire, il mène de grandes campagnes contre les "affaires". Proche de l'extrême-droite, Le Matin se rallie à l'occupant en 1940 et disparaît à la Libération.
Le Sénat américain vote la guerre. Cette Une comporte le télégramme de R. Poincaré à Wilson ainsi que le discours de M. Ribot et celui de M. Deschanel, ainsi qu'un dessin humoristique de M. Sauvayre, peintre et illustrateur.
Le journal : Lancé par Moïse Millaud en 1863, le titre remporte un rapide succès grâce à son coût modique et son petit format. Plus que sur l'analyse de la vie politique, le journal mise sur le fait divers traité de manière sensationnelle. Son supplément hebdomadaire renforce sa popularité par l'emploi de couvertures illustrées. En 1937, il devient l'organe du Parti social français. Replié à Clermont-Ferrand en 1940, il sera supprimé en 1944.
Le Sénat américain vote la guerre par 82 voix contre 6. La Une fait état de la longue séance au Sénat américain : "Les six membres qui ont voté contre sont MM Lafolette, Norris, Stone, lane, Vardaman et Groma". "Votre discours a dit M. Williams à M. Lafolette est germanophile, vandalophile, antiprésidentiel, antiparlemantaire et antiaméricain". On apprend aussi que des sénateurs qui ont voté pour ont reçu des menaces de mort.
Le journal : Fondé en 1876 par Louis Andrieux, il soutient la République, la laïcisation de la société et la séparation de l'Église et de l'État. Sous la direction de Jean Dupuy, le titre adopte un ton plus modéré. Le journal connaît un fort succès grâce à la qualité et à la variété de ses articles (politique, sports, faits divers...). En 1940, le titre se repliera en zone Sud puis reviendra à Paris. Collaborationniste, il disparaîtra en 1944.
Le Sénat américain vote la guerre à la presque unanimité.
Le journal : Lancée en 1836 par Emile de Girardin, La Presse marque un tournant. La publicité permet de baisser les coûts et d'attirer un large public, par la qualité des articles du journal auquel Dumas, Gautier et Hugo collaborent. Discrédité par le faux scoop de l'atterrissage de Coli et Nungesser, le titre disparaît en 1932.
Ce billet a été publié une première fois sur le site de la Mission du Centenaire, dans le cadre d'un partenariat avec la BnF, membre fondateur du Groupement d'intérêt public "Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale".
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