De l’Angleterre à la France : voyages de manuscrits médiévaux
Grâce au mécénat de la Fondation Polonsky, 800 manuscrits médiévaux antérieurs au XIIIe siècle, conservés à la BnF et à la British Library, sont en cours de numérisation. Parmi ceux déjà consultables en ligne figurent plusieurs manuscrits anglais. Le blog Gallica vous invite à revivre l’aventure qui les a menés jusque dans les collections de la BnF.
Certains manuscrits ont, dès le Moyen Age, beaucoup voyagé, alors que d'autres sont restés dans les mêmes bibliothèques pendant plusieurs siècles, avant de rejoindre les fonds de la BnF. Prenons ici quelques exemples de manuscrits voyageurs, dont l'histoire est parfois difficile à reconstituer.
Pour comprendre le parcours de ces manuscrits, certaines indications précieuses peuvent provenir du manuscrit lui-même, soit par les matériaux et techniques, soit par les inscriptions et modifications effectuées par les propriétaires successifs. Un évangile de la première moitié du XIe siècle produit à Winchester est supposé avoir été un cadeau de la famille royale anglo-saxonne à l’abbaye de Fécamp. Les indications portées par Antonius, un scribe qui intervient sur le manuscrit durant le troisième quart du XIe siècle, ajoutent foi à cette hypothèse, et le manuscrit est probablement resté possession de l’abbaye jusqu’au XVIIe siècle. Le grand prieur Campion l’a alors vendu à Jean Bigot, dont les armoiries et l’ex-libris sont toujours visibles sur le contre-plat supérieur. Ce noble rouennais possédait un nombre important de manuscrits qui, après avoir changé de mains à plusieurs reprises, ont été acquis par la BnF.
Parfois, les indices sont plus compliqués à interpréter, comme dans le cas de ce Psautier latin-français, copié au XIIe siècle, dont le texte français a été gratté. Le manuscrit est probablement d’origine anglaise, car une série de saints anglais, inscrits de première main au calendrier, y ont été effacés. La série des saints français ajoutés au XIVe siècle, par une même main, semble indiquer que le Psautier était alors à l’usage d’une abbaye située près de Bordeaux. D’autres inscriptions plus tardives, dont vous trouverez le détail dans la notice du document, viennent encore brouiller les pistes. Une chose est sûre cependant : le manuscrit a appartenu à Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), comme le prouve la cote encore lisible sur le premier folio.
Quelques-uns de ces manuscrits ont une histoire connue, même si elle n’est pas toujours détaillée. Par exemple, un Psautier bilingue latin-français (NAL 1670) a été copié en Angleterre, peut-être à Cantorbéry, comme l’indiquent les saints du calendrier et des litanies. Il faisait partie de la collection des manuscrits de F.-W. Cosens, qui fut vendue à Londres le 25 et le 26 juillet 1890 (n° 307) ; c’est à ce moment qu’il fut acheté par Léopold Delisle pour la Bibliothèque Nationale.
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