Cet ensemble, qui a vocation à être enrichi, réunit des textes d’écrivains et de journalistes mais aussi des ouvrages rédigés par des champions en activité ou retraités au moment de leur publication. Le titre La Tête et les jambes choisi par Henri Desgrange, un ancien sportif, évoque le fait que les univers sportif et intellectuel sont loin d’être incompatibles. Ainsi, l’Union vélocipédique de France, qui publie une revue éponyme et le Bulletin officiel de l'Union vélocipédique de France, compte des écrivains comme Tristan Bernard parmi ses membres ; Émile Zola est, quant à lui, un temps membre d’honneur du Touring Club de France.
Le Véloce-sport : organe de la vélocipédie française 3 août 1893 (p. 692).
Agence Rol, 22-10-19, congrès de l'U.V.F. [Union vélocipédique de France], debout, de gauche à droite, Alfred Riguelle, René Mathis,
Van Steenbrugghe, Georges Duchesne, et assis, Louis Josset, Georges Chollet, Léon Breton, Schrader, Ernest Delamarre,
Tristan Bernard, Claude Martin, photographie, 1919.
Les ouvrages des anciens coureurs peuvent être des ouvrages historiques et techniques comme
La Vélocipédie pour tous par un vétéran, volume 2 de
L’Encyclopédie des sports. Si dans ce cas précis l’auteur est anonyme, dans la plupart des cas les sportifs ayant pris la plume se sont essayés à des récits autobiographiques et ouvrages de conseils à des aspirants coureurs cyclistes.
À titre d'exemple, avant de diriger le journal
L’Auto-Vélo et de créer le Tour de France, Henri Desgrange a « éprouvé l’irrésistible besoin » de coucher sur le papier le fruit de son expérience à travers une correspondance fictive dans
La Tête et les jambes (1897).
Le célèbre Petit-Breton a publié en 1908
Comment je cours sur la route, un texte qualifié de « traité » par Henri Desgranges, l’auteur de la préface. Le champion y évoque son hygiène de vie, ses entrainements, ses aptitudes en mécanique, sa « machine », sa tenue, ses équipements et sa technique de course. Petit-Breton est aussi l’auteur de plusieurs chroniques publiées dans l'hebdomadaire
La Vie au grand air pour le Tour de France 1909 et il participa aussi à l’écriture de
Le Cyclisme, un ouvrage rédigé par un collectif de journalistes et de champions.
Si les sportifs écrivent des autobiographies, des journalistes ont célébré les grands champions à travers des biographies comme la galerie des grandes figures cyclistes publiée en 1891 par Guy de Moncontour sous le pseudonyme E. Gendry :
Sport vélocipédique : les champions français. L’écrivain journaliste Jacques Mortane rendra hommage en 1926 à Lucien Petit-Breton, décédé pendant le premier conflit mondial,
Petit-Breton, sa vie, ses tours de France. Récits recueillis par Jacques Mortane.
Hormis les courses et les exploits sportifs, le cyclisme est aussi abordé du point de vue des loisirs comme dans Sur les routes, un article de Georges Clemenceau publié le 26 septembre 1894 dans La Dépêche de Toulouse, à une époque où il écrit pour plusieurs journaux. Celui qui sera surnommé Le Tigre évoque le cyclotourisme dans ce texte qui sera repris dans Le Grand Pan en 1896.
Les anciens coureurs et journalistes ne sont pas les seuls à écrire sur le cyclisme. La petite reine inspire de nombreux écrivains.
Certains de ces écrits relèvent de la critique littéraires ou d’ouvrages généralistes sur cette discipline. Jules Renard, par exemple, a fait la critique d’Histoire générale de la vélocipédie (1891), ouvrage de Louis Baudry de Saunier préfacé par Jean Richepin. Quant au peintre et illustrateur Frédéric Régamey, féru d’escrime et d’équitation, il a pris la plume pour des ouvrages sur ces mêmes sports mais on lui doit aussi, en 1898, Vélocipédie et automobilisme, qui traite de la pratique de la bicyclette sous de nombreux aspects son histoire, les dangers, les aspects techniques d'entretien, les règlementations, les tenues, le tourisme ...
Ancien coureur, l’écrivain Edouard de Perrodil a publié des chroniques dans la presse ainsi de nombreux récits basés sur ces voyages à bicyclette :
Vélo ! Toro ! De Paris à Madrid en bicyclette (1893),
A vol de vélo, de Paris à Vienne (1895),
A travers les cactus : traversée de l'Algérie à bicyclette (1896),
Les Briseurs de chaînes. De Paris à Milan, par la côte d'Azur et le passage des Alpes, à bicyclette (1898) et une biographie du champion Paul Guignard en 1905
Les Étoiles de la piste. Guignard, recordman de l'heure, champion d'Europe.
Georges Courteline, quant à lui, raconte dans Quand je pédalais (1897) sa première leçon en compagnie d’un des auteurs les plus férus de sports, « agrégé de vélocipède », Tristan Bernard.
La fiction doit elle aussi beaucoup au cyclisme. Parmi les auteurs qui ont intégré cette discipline à leurs récits, on compte le père d’Arsène Lupin. En effet, Maurice Leblanc, est l’auteur de
Voici des ailes un roman publié en
feuilleton en 1897 dans le
Gil Blas où deux couples se découvrent au cours d’un parcours à bicyclette sur les chemins de Bretagne et de Normandie. Leblanc a fait par ailleurs l’éloge du Tour de France
dans un article du numéro du 20 juillet 1922 du journal
L’Auto.
Alors que l’écrivain Maurice Diard narre dans la nouvelle Le Recordman (1898) une course en Bretagne dans la région de Lannion, le roman Folle des sports (1906) de Paul Féval fils témoigne de l’engouement de la gente féminine pour la vélocipédie.
Pierre Giffard, journaliste et fondateur du Journal
Le Vélo, publie dans les années 1920,
Microbe champion des sports, un roman dont le personnage principal, Microbe, participe à une course : Le Tour de France. Giffard est aussi l’auteur du texte
La Reine bicyclette publié dans
Le Supplément littéraire du
Figaro du 4 octobre 1890 où il traite notamment de l’histoire, de l’esthétique, de la pratique et de l’hygiène mais aussi de la pratique du vélocipède par les dames.
Mars illustration pour La Reine bicyclette de Pierre Giffard, dans Le Supplément littéraire du Figaro du 4 octobre 1890
Dans
Le Surmâle d’Alfred Jarry, un savant cherche à prouver grâce à une course cycliste de 10 000 milles que son invention la
perpetual-motion food peut fournir une énergie infinie.
Journaliste et fondateur de nombreuses revues dont La Vie au grand air, Pierre Lafitte a publié sous le pseudonyme Jehan de la Pédale un recueil de pièces diverses Pédalons ! : contes modernes (1892) qui rassemble dix-neuf textes dont : Caoutchouc pneumatique, Les Mollets, On ne badine pas avec le caoutchouc, Vélocipède nautique, Comme ça …, Le Truc d’Hector, Paris-Idylle-Brest.
Dans le même registre de l’humour, Alphonse Allais a intégré dans ses recueils
Amours, délices et orgues (1898) et
Pour cause de fin de bail – œuvres anthumes (1899), trois textes qui tournent autour des vélocipédistes :
Le Kangoucycle ,
Un vieux pneu et
Un bizarre accident.
Si le cyclisme intéresse de nombreux auteurs, nous terminerons par un manuscrit de Stéphane Mallarmé qui le 20 avril 1896 écrit n’avoir jamais essayé la bicyclette, sport auquel il préfère la danse.
En attendant de nouveaux titres dans ces sélections nous vous proposons de poursuivre votre lecture avec la section "Pour aller plus loin".
Pour aller plus loin
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