Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-09-02
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 septembre 1906 02 septembre 1906
Description : 1906/09/02 (A15,N5085). 1906/09/02 (A15,N5085).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/11/2014
v WBKZIEME kNNEE. - H» s» HTTm»AGES" — Le Numéro qootfdlef»(Parte ctBteairamenis» — CINQ CBOTTHES
DIMANCHE 2 SEPTEMBRE 1909
FERNAND XAO, Fondateur
REDACTION ET ADMINISTRATION : iOO, RUE RICBEUEU, PARIS Farul4leur
Prix des Abonnements
Va sa Sri mois Trmj aoi«
Seins & SEBos-ET-OisE. 20. a 10 50 5.50
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CHEZ LÀGRANGE, tERF ET C*
- 8, PLACE DE LA BoDtU
et nu je bureaux 4* «JOURNAL
lattiter les manaati-poste a U. l'Aûmtnumteufi
Anse tftfgnphique : JOURNAL - RICHELIEU - PÂFÀM
tes manuscrits non inséré» ne sont pas MMM
HISTOIRE DES PINGOUINS
JOHANNES TALPA
C'est sous la minorité du roi Gun que
robannès Taipa, religieux de Beargar-
tien, composa, dans le monastère où il
avait fait profession dès l'âge de onze
ans et dont il ne sortit, jamais un seul
Jour de sa vie, ses célèbres chroniques
latines en douze livres De Gestis Pingui-
norum.
Le monastère de Beargarden dresse
ses hautes murailles sur le sommet d'un
pic inaccessible. On n'y découvre alen-
tour que les cimes bleues QIS monts,
coupées par les nuées.
Quand il entreprit de rédiger les Gesta
pinguinorum, Johannès Talpa était déjà
Vieux. Le bon moine a pris soin de nous
en avertir dans son livre. « Ma tête a
perdu depuis longtemps, dit-il, la pa-
rure de ses boucles blondes et mon
crâne est devenu semblable à ces mi-
roirs de métal convexes, que consultent
avec tant d'étude et de soins les dames
pingouines. Ma taille, naturellement
courte, s'est, avec les aius, abrégée et
recourbée. Ma barbe blanche réchauffe
ma poitrine. »
Avec une naïveté charmante, Talpa
nous instruit de certaines circonstan-
ces de sa vie et de quelques traits de
son caractère. « Issu, nous dit-il, dune
famille noble et destiné dès l'enfance à
l'état ecclésiastique, on m'enseigna la
grammaire et la. musique. J'appris à
tire sous la discipline d'un maître, qui
s'appelait Amieus et qui eût été mieux
nommé Inimicus. Comme je ne parve-
nais pas facilement à connaître mes let-
tres, il me Fouettait de verges avec vio-
lence, en sorte que je puis dire qu'il
m'imprima l'alphabet en traits cuisants
sur les fesses. »
Ailleurs Talpa confesse son inclina-
tion naturelle à la volupté. Voici en
quels termes expressifs : (i Dans ma jeu-
nesse, l'ardeur de mes sens était telle
que, sous l'ombre des bois, j'éprouvais ;
le sentiment de bouillir dans une mar-
tnite plutôt que de respirer l'air frais.
Je fuyais les femmes. En vain ! puisqu'il
suffisait d'une sonnette ou d'une bou-
teille pour me les représenter. »
Tandis qu'il rédigeait sa chronique,
une guerre effroyable, à la fois étrangère
et -'civile, désolait la terre pingouine. Les
soldats de Crucha, venus pour défendre
le monastère de Beargarden contre les
barbares marsouins, s'y établirent forte-
ment. Afin de le rendre inexpugnable,
ils percèrent des meurtrières dans les
Jnurs et. enlevèrent de l'église la toiture
de plomb pour^BB^Iàir^ des balles .de
fronde. Ils daas
tes tours et les cloîtres, de grands feux
auxquels ils rôtissaient des bœufs en-
tiers, embrochés aux sapins antiques de
la montagne ; et, réunis autour des
flammes, dans la fumée chargée d'une
bdeur de résine et de graisse, ils défon-
laient les tonneaux de vin et de cer-
ivoise. Leurs chants, leurs blasphèmes
et le bruit de leurs querelles couvraient
le son des cloches matinales.
j Enfin, les Marsouins, ayant franchi
les défilés, mirent le siège autour du
monastère. C'étaient des guerriers du
Hord, vêtus et armés de cuivre. Ils ap-
puyaient aux parois du rocher des
échelles de cent cinquante toises qui,
Sans l'ombre et l'orage, se rompaient
sous le poids des corps et des armes et
tépi&îMaierit des grappes d'hommes dans
les ravins et les fondrières.; Ton enten-
dait, au milieu des ténèbres, descendre
un' long hurlement, et l'assaut recom-
mençait. Les Pingouins versaient des
ruisseaux de poix ardente sur les assail-
lants qui flambaient comme des tor-
ches. Soixante fois, les Marsouins fu-
riéux tentèrent l'escalade, et ils furent
soixante fois repoussés.
Il y avait dix mois qu'ils assiégeaient
le monastère quand, le saint, jour de
l'Epiphanie, un pâtre de la vallée leur
enseigna un sentier caché par lequel ils
gravirent la montagne, pénétrèrent par
les caves dans l'abb'aye, se répandirent
dans les cloîtres, dans les cuisines, dans
l'église, dans les salles capitulaires,
dans la librairie, dans la buanderie,
dans les cellules, dans les réfectoires,
dans les dortoirs, incendièrent les bâti-
pients, tuèrent et violèrent sans égard à
l'âge ni au sexe. Les gens d'armes pin.
gôuuis, Drusquement réveillés, cou-
raient aux armes. Dans leur trouble
ils se frappaient les uns les autres, tan-
* dis que les Marsouins se disputaient en-
tre e.ux, à coups de hache, les vases sa-
crés, les encensoirs, les chandeliers, les
dalmatiques, les croix d'or et de pierre-
ries.
L'air était changé d'une âcre odeur de
chair grillée ; le,s cris de mort et les gé-
missements élevaient dans les flam-
mes, et, sur J# bord des toits croulants,
des mômes par milliers couraient com-
me des fourmis et tombaient dans la
vallée. Cependant, Johannès Talpa écri-
vait, sa chronique. Les soldats de Cru-
clra, s'était retirés à la hâte, bouchèrent
avec des quartiers de rochers toutes les
issues dïi monastère, afin d'enfermer les
Marsouins dans les bâtiments incen-
diés. E.i, pour écraser l'ennemi sous 1 e-
bouteïnent des pierres de taille et des
pans» de murs, ils se servirent comme
de béliers'des troncs des plus vieux chê-
nes Les charpentes embrasées- s'effon-
dnaient avec un bruit de tonnerre et les
arceaux sublimes des nefs s'écroulaient
sous le choc des arbres géants, balan-
ces par six cents hommes ensemble
Bientôt, il ne resta plus de la riche et
vaste abbaye que la cellule de Johannès
falpa, suspendue par un merveilleux
hasard, aux débris d'un pignon fumant.
Le vieux chroniqueur écrivait encore.
'Cf.\tte admirable contention d'esprit
peut toutefois sembler excessive chez
un annaliste qui s'applique à rapporter
les faits accomplis de son temps. Mais,
si distrait et détaché qu'on soit des cho-
ses environnantes, on en ressent l'in-
fluence. J'ai consulté le manuscrit de
Johannès Talpa, à Oxford, dans la bi-
bliothèque de l'Académie Rabelais dont
tai l'hon'neur d'être membre. C'est un
Ganuscrit. sur parchemin de 628 feuil-
lets. L'écriture en est extrêmement con-
fuse. Les lettres, loin de suivre une li-
gne droite, s'échappent dans toutes les
directions, se heurtent et tombent les
unes sur les autres dans un désordre
ou, pour mieux dire, dans un tumulte
affreux. Elles àqrït si mal formées qu'il
est la plupart du temps impossible non
seulement de les reconnaître, mais mê-
me de les distinguer des pâtés d'encre
qui y sont abondamment, mêlés. Ces
pages inestimables se ressentent en
cela des troubles au milieu desquels
elles ont été tracées. La lecture en est
difficile. Au contraire, le style du reli-
gieux de Beargarden ne porte la mar-
que d'aucune émotion. Le ton des Gesta
Pinguinorum ne s'écarte jamais de la
simplicité. La narration y est rapide et
d'une concision qui va parfois jusqu'à
la sécheresse; Les réflexions sont rares
et en général judicieuses.
ANATOLE FRANCE.
LIRE EN 2* PAGE
PIERRE TISSERAND
LE NOUVEAU ROMAN
DE
3MEme Q7. rb IV 1
EN RUSSIE
le Ignorai Trépot disoratig2
SAINT-PÉTERSBOURG, le 1ER septembre.
(Par dépêche de notre correspondant
particulier.) - Je reçois l'écho d'une
très importante nouvelle qui sera, m'as-
sure-t-on, officielle demain mais que je
ne puis, ce soir, vous transmettre que
sous réserves. Il ne s'agit, en effet, ni
plus ni moins que de la disgrâce du gé-
néral Trépof. Voici ce qu'on raconte :
Le Général THEPOF
Depuis plusieurs jours, l'empereur
Nicolas manifestait une grande froideur
envers le général Trépof, lui conseillant
d'aller dans un pays étranger soigner
ses nerfs malades. Le général ne com-
prenait pas ou plutôt faisait semblant de
ne pas comprendre.
Or, ce matin, l'empereur lui aurait
déclaré qu'il avait l'intention formelle
de se passer de, ses services tout en le
remerciant de ses services passés.
C'était la mise à la retraite catégori-
que.
Le fait est-il sûr? Je le crois, sans
pouvoir l'affirmer. Le remplaçant du
général Trépof serait déjà désigné - ce
serait le général Kleighels ou le général
Karangosof, gouverneur d'Odessa. Le
général Kleighels, qui sut s'attirer les
sympathies de tous comme grand-maî-
tre de la police à Saint-Pétersbourg a
été reçu ce matin à Peterhof.
Robert Gaillard.
Carnet d'un Sauvage
Est-il vrai qu'il soit question de suppri-
mer (que ne supprime-t-on pas ?) ce qu'on
appelle à Paris les petites voitures, autre-
ment dit ces marchands des quatre-sai-
sons, qui ont l'autorisation de brouetter à
travers la ville des fruits et des légumes
avec d'ailleurs quasi impossibilité de les
vendre puisque, dès qu'ils font mille de s'ar-
rêter, ces agents surgissent, qui les prient
de circuler? Cette prière accompagnée d'in-
jures et de gourmades, ainsi que l'exigent
les règlements. D'où H suit que les malheu-
reux sont obligés défaire leur commerce en
.trottinant comme les tailleurs dansants de
Molière et que si l'on en aperçoit un de sa
fenêtre, on n'a pas le temps de descendre
son escalier qu'il a disparu.
Si l'on moleste ces pauvres gens, et si
Ton songe à les renvoyer tout à fait, c'est
dans l'intérêt des commerçants établis, qui
nous disent, non sans raison : « Du moment
où vous me, faites payer de grosses paten-
tes, vous n'avez pas le droit de me fourrer
des concurrents sous mon nez. »
Er, voilà comment, grâce à notre système
dépJorable d'impôts et à notre excès de ré-
glementations, on va, peut-être, être obligé,
demain, d'empêcher de pauvres diables de
gagner leur vie honnêtement.
Si, en effet, nous jouissions de la liberté,
c'est-à-dire si je pouvais' rne promener e.
vendre ce qu'il mepJaH, où il me plaît, les
commerçants n'auraient pas le plus peUt
mot à dire, puisqu'avant de s'établir ils au-
raient vu qu'il ne dépendait de ncr.~nnnp. f~
faciliter ou de contrarier leurs affaires. Au
contraire, du moment où il y a autorisation
je ne vois pas ce qu'on peut leur répondre
quand ils disent à l'Etat ; « Vous ne sauriez
à la fois me demander de l'argent, et me pri.
ver des moyens de me le procurer. »
Ce qui me force à répéter pour la trois-
millième fois, que, lorsqu'on veut trouver la
cause de toutes nos misères, de même qu'on
disait autrefois : Cherchez la femme, on
peut dire aujourd'hui : Cherchez l'impôt.
Quand donc les petits comprendront-ils
qu'ils sont les premières victimes des con-
tributions prélevées sur les gros, et ne croi-
ifont-ils plus aux fallacieuses. nrotne.!n'! do
:Oèux qui leur persuadent qu'on les dégrève
alors .qu'on en grève d'autres ? Pauvres
moutons, tant qu'on tondra, c'est tous qui
serez tonduaJ.
k Henry MareL
LA CHALEUR
Pourquoi nous avons si chaud — Ce qu'en
pense M Jaubert — Les étés excesssifs.
Quand cela finira-t-il *?
Pourquoi fait-il si chaud ? Et le retour de
chaleur que nous subissons, depuis quelques
jours, est-Il une chose exceptionnelle à cette
époque de l'année ?
Telles sont les deux questions que nous
avons posées, hier soir, à M. Jaubert, le
très distingué directeur de l'Observatoire
municipal.
— Il fait chaud, nous a répondu M. Jau-
bert, c'est très vrai, et le beau temps actuel
qui nous vaut cette température durera au-
tant que les hautes pressions qui nous vien-
nent du Sud-Est, et qui s'étendent, aujour-
d'hui, sur tout le Nord-Ouest de l'Europe.
Il fait donc chaud à Paris, comme il fait
chaud sur tout le littoral, à Londres et sur
toute l'Angleterre.
- Maintenant, ajoute M. Jaubert, peut-on
dire qu'il fera demain aussi chaud qu'hier
et aujourd'hui ? Oui, sans doute, parce qu'il
n'y a pas, en ce moment, un signe météoro-
logique quelconque qui nous annonce une
perturbation prochaine. Actuellement, nous
sommes dans un état stagnant ; mais un si-
gne perturbateur peut se produire, sans
qu'on puisse le prévoir à vingt-quatre heu-
res près, de sorte qu'il est impossible de
prédire, avec certitude, quel temps il fera
après-demain. 1
Quant à la seconde de nos questions, M
Jaubert nous assure que la température ac-
tuelle n'a rien d'exceptionnel.
La chaleur est un peu anormale pourra
saison, voilà tout.Il a fait hier 32°7, et avant-
hier 33°. A quelques dixièmes près, c'est la
même température depuis quelques jours.
On a déjà vn tete-av. mffiygTàtxW, - -
Le nombre de jours où il a fait plus dè 30°
n'a été que de cinq dans le mois qui vient de
finir, alors qu'on en a enregistré neuf en
1899, et dix consécutifs en 187G.
Les jours de chaleur excessive ne sont
pas, d'ailleurs, toujours limités à la période
que nous venons de traverser : le 27 septem-
bre 1895, le thermomètre a dépassé 300.
Si nous examinons les données météorolo-
giques observées depuis 1699, nous comptons
quarante-six années ayant eu un maximum
absolu supérieur à 30 degrés. 'Ces années à
température extrême ne sont pas réparties
de façon régulière. Si nous divisons l'espace
de temps dont nous possédons les observa-
tions en périodes de trente années, nous
voyons que tandis que la période de 1761 à
1790 a compté 15 années à maxima supérieur
à l'année 1892, par exemple, qui fut de 29°,
la période trentenaire de 1699 à 1730 n'en a
compté que 3.
De 1699 à 1730, la moyenne des maxima
fut de 80p4 avec trois années maxima. De
1731 à 1760, il y eut onze années maxima
avec une moyenne de 34°2 ; de 1761 à 1790, il
y eut treize années maxima avec une tempé-
rature moyenne de 34°9 ; de 1791 à 1820, il y
eut six années maxima avec une tempéra-
ture de 32°3 ; de 1821 à 1850, la moyenne de
température maxima fut de 33°, et il y eut
cinq années très chaudes de 1851 à 1880 ; il
y en eut sept avec une moyenne de maxima
absolu atteignant 33°2. ,"
Noua entrons dans la septième période :
elle n'est pas pleine, elle échappe donc à cette
statistique.
Les maxima ne se produisent pas toujours
à la même époque. MM. Marie et Davy ont
fait un travail qui porte sur ce que nous sa-
vons des températures sur 147 ans. C'est le
mois de juillet qui présente le plus souvent le
maximum annuel. Août vient ensuite, puis
juin, puis suivent, de très loin, septembre
et mai. Une année même, le maximum s'est-
présenté en avril. Voici cette répartition. Les
maxima annuels furent atteints en :
Avril 1 fois
Mai. 2 —
Juin. 20 —
Juillet. 75 —
Août. 45 —
Septembre 3 —
La température présente, contre laquelle
nous poussons tant de lamentations, est si
peu anormale que nous allons la rencontrer
dépassée sensiblement aux dates ci-après,
et précisément dans le mois d'août :
En aollt1738 on arriva à. 36 degrés 9
- 1763 .,. 36 - 2
1765 ni - 3
- 1769 .,..;.;-. 36 .9
- 1800 35 - 5
- 1802 36 - A
— 1826 36 - 2
>- 1832 35 - »
- 1842 - 36 - 7
1846 .m. 34 — S
- 1857 36 - 2
1863 ,.h. 35 - fi
— 1873 37 - 2
- 1815 33 - 9
Enfin, voici les températures les plus hau-
tes qu'on ait relevées au Bureau météorolo-
gique de Paris depuis 1878, époque de sa
création :
20 juillet 1879. 29 degrés 5
3-août. 1879 31 — 9
26 mai 1880.,. 32 -
3 août 1880 31 — »
3 septembre 1880.:. 30 — »
19 juillet 1881 .,. 38 - 4
5 août 1881 31 - 5
12 aoüll882.,. 31 - 5
2 juillet 1883 30 - 3
13 juillet 1884 33 - 8
2 août 18S4 33 - 8
10 août 1885 31 - 5
21 juillet 1886 31 - li
JO aOUL 1S86 31 —' 4
31 aoftf. 1886 31 — 4
Ier septembre 1886 33 - »
4 juillet 1887 32 - 3
7 août 1887 33 - 2
3 juin 1888 .,. 30 - 5
11 août 1888 34 - 5
7 juin 1889 30 - 1
2 septembre 1889 30 - 3
1er aoüt 1890 32 - 6
3 août 1891 31 — 7
T mai M8& fiionnelleDoeot
chaud. Quant au 19 juillet 1881, il n'eut pas
de précédent, et jamais depuis le thermomè-
tre ne monta aussi haut.
Tout ceci est dit en manière de rafraîchis-
sement. Ça ne fait pas baisser la tempéra-
ture, mais ça apprend aux personnes qui
croient à quelque cataclysme solaire que
rien n'est moins normal que la chaleur su-
bie
On a voulu voir aussi dans cette recru-
descence de chaleur une répercussion de la
Il vague de chaleur» qui a sévi cette année
sur l'Amérique du Nord. C'est aller bien
loin sans doute chercher des causes hypo-
thétiques à la température que nous subis-
sons.
M. Jaubert nous disait, à ce propos, qu'un
de nos confrères était venu lui demander,
vers la fin d'avril, si un très fort -brouillard
qui s'est produit à cette époque sur Paris
était dû. au tremblement de terre de San-
Francisco l
Il a fait chaud à New-York, comme à peu
près tous les ans à pareille époque, et si la
chaleur y est accablante, c'est parce qu'elle
est plus humide.
Nous ressentons généralement cette im-
pression à Paris, tandis que dans le Midi,
et surtout en Algérie, on supporte beaucoup
mieux des températures plus élevées, parce
que l'état hygrométrique de l'air est diffé-
rent. Une grosse chaleur sèche est évidem-
ment moins désagréable qu'une températu-
ré moindre, mais plus humide.
Il n'en est pas moins vrai qu'on a beau-
coup souffert de la. chaleur, ces jours-ci, à
Pans.
A l'élévation du thermomètre se sont ajou-
tées d'autres causes, qui ont rendu le sé-
jour de la capitale, très pénible. L'insuffisan-
ce d'arrosage des voies publiques a, notam-
ment, augmenté la poussière nocive qui se
mêle aux brouillards du soir. Il y a là un
réel danger de contamination dont l'admi-
nistration ne semble pas se préoccuper.
Comme toujours, on a eu à enregistrer de
nombreux cas d'insolation et les hôpitaux
ont reçu un nombre inaccoutumé de ma-
lades.
Espérons que septembre va nous ramener
une température plus clémente et que nous
n'aurons pas à constater une augmentation
de criminalité causée par les excitations cé-
rébrales résultant de la chaleur.—SALAGNAC.
13,500 kilomètres en 30 jours
à 70 kilomètres à l'heure
1 Le mécanicien DVTEMPLE
La 50 chevaux Panhard et Levassor photographiée à un de Ses retours de la côte normande
La 50 chevaux Panhard et Levassor qui
transportait le Journal: de Paris à Trou ville,
revenant chaque soir à Paris, vient d'ache-
ver, ce malin, son trentième jour de ser-
vice.
ji nous paraît plus que juste, il nous
paraît nécessaire, ne fùt-ce que dans l'inté-
rêt général de l'industrie, de signaler ce qu a
pU faire une voiture automobile en service
régulier.
En un mois, une voiture automobile, en
l'espèce une 50 chevaux Panhard et Levas-
sor, menée par un seul mécanicien, M. Du-
temple, vient de faire le tiers du tour de la
terre, 13,500 kilom., à une vitesse moyenne
d'environ 70 kilomètres à l'heure.
Il ne s'agit pas ici de performances fan-
taisistes. Il s'agissait d'assurer chaque jour
le service du Journal, et il n'y a pas eu un
seul contrôleur, il y en eut 10,000, ce sont
les 10,000 Parisiens en villégiature sur 'a
côte normande et que, chaque matin, avant
sept heures, a tirés de leur lit le cri: (ctPe-
mandez le Journal ! »
Chaque jour, les Parisiens, ve!1!? midi, ont
vu revenir la « .voiture fantûine » ainsi qu'on
l'avait surnommée dans le quartier de l'a-
venue de la Grande-Armée et qui, pendant
30 jours, a passé, ironique dans sa régula-
jrité d'horloge.
Celle voiture n'est, iamais arrivée à Trou-
ville, malgré les quelques crevaisons, après
llh, 15 du matin, et elle est souvent arrivée
à 6. h. 30. Avec une régularité sur laquelle
les plus optimistes n'auraient pu compter,
elle a couvert ses 450 kilomètres par jour,
soit 250 lt l'aller, par Lisieux et Trouville
jusqu'à Cabourg, et ses 200 au retour, et
chaque jour elle était à Paris avant une
heure de l'après-midi.
La 50 chevaux Panhard et Levassor, con-
duite par M. Dutemple, a donc effectué, con-
trôlée par 10,000 personnes, pendant tout le
mois d'août, la plus formidable épreuve
d'enduranerf qu'ait, jamais eu à subir une
voiture — et j'ajouterai volontiers un con-
ducteur — et elle l'a fait aveo un poids et
une allure de course qui décuplent la va-
leur de l'effort produit. -
Le Journal, au nom de ses lecteurs qui
ont bénéficie de ce tour de force, adresse à
la maison Panhard et Levassor l'expression
de son admiration et de sa gratitude.
Il nous a paru que c'était là une date à
fixer dans l'histoire de notre industrie.
Treize mille cinq cents kilomètres en 30
jours, à 70 à l'heure. Nous demandons har-
diment : Quel est l'engin,, fût-ce une locomo-
tive, qui peut présenter un tel bilan.
C'est en France, par une grande maison
française et pour un journal français que
ce tour de force aura été exécuté.
01 DRAME A IIIERLAIEJ
Une Russe tire a table d'hôte sur an
Français
BERNE, 1w septembre. — Pendant le dîner
de table
de table d'hôte, dans un hôtel d'Interlaken,
une jeune dame russe a tiré plusieurs coups
de revolver sur un Français, dont la profes-
sion n'est pas exactement étaBlie. Celui-ci a
succombé une heure après avoir été blessé.
La meurtrière a été arrêtée ; elle paraît
âgée de vingt-deux ans et est mariée ; son
mari -était en excursion à la Wengernalp et
doit rentrer ce soir.
Dans son interrogatoire, elle a déclaré
qu'elle avait été chargée de-tuer M. Dourno-
wo, ancien ministre russe.
Le Français qui venait ainsi d'être tué est
M. Charles Muller, rentier à Paris, âgé de
soixante-treize ans.
M. Muller, depuis plusieurs années, se
rendait à Interlaken, où il était arrivé le
14 août, accompagné de son fils et d'une
gouvernante.
La meurtrière de M. Muller était arrivée
depuis quatre jours, en compagnie d'un in-
connu, et ils s'étaient inscrits sous le nom
de M. et Mme Stafford.
M. Stafford est parti hier pour faire, a-t-il
déclaré, une excursion dans les montagnes.
Le crime cause une profonde émotion
dans la colonie étrangère.
LES CONTES DU "J0UWAL"
paraissent en tête de notre troisième
page. — Lire aujourd'hui r
LES EAUX
tAt
MICHEL PROVINS
ECHOS
L
e repos hebdomadaire à l'étranger.
Au moment où va être appliquée la
loi sur le repos hebdomadaire, il est intéres-
sant de rappeler comment se comporte à cet
égard la législation de nos voisins dans les
pays où ce principe est adopté.
Le repos dominical a été étendu à tous les
cantons suisses par la loi du 23 mars 1877
qui, toutefois, prévoyait d\4»Sfz nombreuses
exceptions pour les.adultes» •
En Allemagne",'repos dominical -est de-
venu obligatoiff pour les ouvriers, depuis la
loi du Ier juin 189^1 ; la même loi statue qua
les employé? de coinmerce devront être libreâ
certains jour*» de fêtes et ne pourront p?s
travailler les autres dimanches plus de cinq
heures. 'Mais cette coutume était déjà entrée
auparavant dans les mœurs : une enquête
préliminaire avait, en effet, établi que le re-
pos hebdomadaire existait dans trente ou
quarante pour cent des fabriques et usine'
industrielles,' et dans cinquante-sept potT cent
des maisons de commerce.
La loi autrichienne du 16 janvier 18/35 a
pris module sur ht législation allemande rie
travail du dimanche-est interdit dans les fa-
briques et limité à six heures dans les maga-
sins. :
Quant à l'Angleterre, tout le monde sait
avec quelle sévérité le repos dominical y est
observé. - - »
Par contre, de nombreuses nations n'ont
encore édicté aucune prescription à ce- sujet.
L
e « Pavillon de Beltlevue » n'est pas.seu-
lement un restaurant estival fort à la
mode depuis quelques années, c'est aussi ur
charmant.hôtel dont. la vogue est amplement
justifiée par sa situation privilégiée au som-
met des riants coteaux de' Meudon.
Relevé sur la dernière jpage du registre du
« Pavillon de Bellevue » : Comte de la
Baume Pluvinel, comte de la Morinière de
la Rochecantin, M. Lochwood, Mme Pereira
de Silva, comte Lugarra^a, vicomte de Pe-
Ioux! M. et Mrtie Andersoin. M. et Mme Thu.
bron, M. Hufef, etc.
L
a constipation la plus; rebelle est immé-
'diatement soulagée et* rapidement guérie
en prenant-le soir, avant dîner, un ou deux
Grains de Vals qui rétablissent le fonction-
nement normal de la digestion.
J
amais septembre ne débuta., à Cabourg,
sous de plus radieux auspices, et jamais,
a pareille époque. MM. L. Bertrand et 1" abrc
n'eurent à enregistrer autant d'arrivées. C'est
à ce point que les aimables directeurs du
Grand-Hôtel ont dû louer force villas et
agrandir leur fameux restaurant pour arrj.
ver à satisfaire tout le mondfe.
,';, ': LE CRIME DE SACLAY ï *
On soupçonne Vassassin
1 .,:: d'avoir eu des complices
Ge que l'on dit à Bièvres. — Ijéon Béreau n'attrait pu
transporter seul le cadavre aux étangs de Saclay.
Les gardes doublées à la prison de VersaiUes.
Le récit détaillé des aveux de l'assassin
de Marie Cnson a provoqué parmi l'intéres-
sante et laborieuse population de Bièvres,
un profond sentiment de tristesse : la famille
Béreau, comme je vous l'ai dit, ne compte
que des sympathies dans toute la région et
pour plus d'un, ce grand gardon taillé en
hercule, qui s'est laissé aller à tuer une fem-
me, ripostant à un iéger coup d'ombrelle par
detix coups de revolver, devait obéir à une
sorte de suggestion, d'obsession que l'on
cherche maintenant à percer.
Car Léon Béreau na point voulu tranir
son secret ; il a refusé et refuse encore de
désigner à la justice cette mystérieuse per-
sonne, qui correspondait également avec lui
à la poste restante de -Bièvres et sous d'au-
tres initiales: ,
— Ce secret, a-t-il dit. nettement, on ne le
saura jamais. Je l'emporterai dans la
tombe !
Mais on ne croit point àu 3ftaj?quçt de v «r*
sailles que le meurtrier de Marie Crison
persistera dans sa détermination. Au début
de l'information judiciaire, dès que les pre-
miers soupçons se tournèrent contre lui,
Léon Béreau sf montrait inébranlable et
farouche, et finalement, devant l'évidence
des faits, devant les preuves irréfutables
qui l'accablaient, il finit, sous-le poids du
remords et du repentir, par confesser son
crime atroce au juge d'instruction.
C'est pourquoi M. Frédin poursuit, plus
activement que jamais ses recherches, pour
arriver à éclaircir complètement ce mys-1;
tère, dont les grandes lignes sont mainte-
nant connues.
H reste, on le conçoit, à élucider certaines
quêtions fort importantes que lès déclara-
tions de l'assassin de Marie Crison n'ont pas,
suffisamment mis en lumière.
Le crime n'a-t-il pas été prémédité de lan-
gue main par Léon Béreau ? ,", ':' ,
Comment l'assassin a-t-il pu transporter
le cadavre de Bièvres à Saclay, tout seul,
en se servant d'uooméchantebrouette,.sans'
être rencontré ?
Qu'a-t-il fait du porte-monnaie de la vic-
time?
Sur ce dernier point, Béreau a fait hier &
ses gardiens une déclaration impartante,
qu'il avait .oublié, a^Hl dit,- de transmettr
la Veillé ah juge.
Le lendemain du crime, il éhU, allé voir
son oncle à Marcoussis, profitant de I?» jour-
née du dimanche ; il partit à bicyclette, em-
portant le porte-monnaie de sa victime, qu'il
jeta dans une côté, sur saÉlroite, après avoir
dépassé Gif.
Les inspecteurs de la* Sûreté sont partis
aussitôt vérifier ce détail et commencer des
recherches sur la route de Marcoussis.
Certaines personnes que j'ai vues à Biè.
vres, ne s'expliqu rit. 1--i- cornwcnl 1 enl
Béreau a pu commettre son crime tout seul :
elles n'admettent pas davantage la version
d'après laquelle il a transporté le cadavre
en brouette à Saclay. -
Elles font remarquer que l'assassin a dû
traverser tout le village avec cette brouette
dont l'essieu criait affreusement, descendre
la côte qui mène au passage à niveau, re-
monter la longue côte de la route de Gif,
L'exploitation agricole de M. Béreau : 1. La
grange où Marie Crison a été tuée. - 2. Le
champ dans lequel l'assassin avait enterré tous
les objets àppartettant à sa victime. — 3. 'Wn.
Scène de la perquisition. -- (Instantané pris au
moment où l'inspecteur de la Sûreté LebPond
découvrait le fil de fer galvanisé identique à
celui qui ligottait le cadavre de Saclay.)
(Instantanés du Joumaïi
prendre ensuite à Denirée de Saclay la routa
qui. va au. Christ de Saclay, traverser Je
hameau de ce nom et revenir en ^arrière
1,200. mètres jusqu'à, la chaussée do l'Etanif,
soit au total -six kilomètres' sur une routa
fréquentée pair tes maraîchers et. les bra.
conniers 'h la vefl-le de l'ouverture ; enfilai
par les gardes-chasse.
* i t l
MARIE CniSON
- (Dernière pùolôsTaphte de la vletlma)
Tandis que coupant à travers champs par
des u chemins de terre » en se dirigeant à I?
ferme de Villefa-s, le fort de Villeras et les
Etangs, il n'avait que trois kilomètres et
demi, mais ce chemin était praticable seule-
ment en voiture.
Si l'on, ajoute que le corps de la vienne
pesait près de 70 kilos, qu'il était «hargj
d'un poids dé fils de fer, on a peine, en
effet, à se -figurer le trajet indiqué par Bu-
reau.
Enfin, y a-î-il préméditati
DIMANCHE 2 SEPTEMBRE 1909
FERNAND XAO, Fondateur
REDACTION ET ADMINISTRATION : iOO, RUE RICBEUEU, PARIS Farul4leur
Prix des Abonnements
Va sa Sri mois Trmj aoi«
Seins & SEBos-ET-OisE. 20. a 10 50 5.50
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CHEZ LÀGRANGE, tERF ET C*
- 8, PLACE DE LA BoDtU
et nu je bureaux 4* «JOURNAL
lattiter les manaati-poste a U. l'Aûmtnumteufi
Anse tftfgnphique : JOURNAL - RICHELIEU - PÂFÀM
tes manuscrits non inséré» ne sont pas MMM
HISTOIRE DES PINGOUINS
JOHANNES TALPA
C'est sous la minorité du roi Gun que
robannès Taipa, religieux de Beargar-
tien, composa, dans le monastère où il
avait fait profession dès l'âge de onze
ans et dont il ne sortit, jamais un seul
Jour de sa vie, ses célèbres chroniques
latines en douze livres De Gestis Pingui-
norum.
Le monastère de Beargarden dresse
ses hautes murailles sur le sommet d'un
pic inaccessible. On n'y découvre alen-
tour que les cimes bleues QIS monts,
coupées par les nuées.
Quand il entreprit de rédiger les Gesta
pinguinorum, Johannès Talpa était déjà
Vieux. Le bon moine a pris soin de nous
en avertir dans son livre. « Ma tête a
perdu depuis longtemps, dit-il, la pa-
rure de ses boucles blondes et mon
crâne est devenu semblable à ces mi-
roirs de métal convexes, que consultent
avec tant d'étude et de soins les dames
pingouines. Ma taille, naturellement
courte, s'est, avec les aius, abrégée et
recourbée. Ma barbe blanche réchauffe
ma poitrine. »
Avec une naïveté charmante, Talpa
nous instruit de certaines circonstan-
ces de sa vie et de quelques traits de
son caractère. « Issu, nous dit-il, dune
famille noble et destiné dès l'enfance à
l'état ecclésiastique, on m'enseigna la
grammaire et la. musique. J'appris à
tire sous la discipline d'un maître, qui
s'appelait Amieus et qui eût été mieux
nommé Inimicus. Comme je ne parve-
nais pas facilement à connaître mes let-
tres, il me Fouettait de verges avec vio-
lence, en sorte que je puis dire qu'il
m'imprima l'alphabet en traits cuisants
sur les fesses. »
Ailleurs Talpa confesse son inclina-
tion naturelle à la volupté. Voici en
quels termes expressifs : (i Dans ma jeu-
nesse, l'ardeur de mes sens était telle
que, sous l'ombre des bois, j'éprouvais ;
le sentiment de bouillir dans une mar-
tnite plutôt que de respirer l'air frais.
Je fuyais les femmes. En vain ! puisqu'il
suffisait d'une sonnette ou d'une bou-
teille pour me les représenter. »
Tandis qu'il rédigeait sa chronique,
une guerre effroyable, à la fois étrangère
et -'civile, désolait la terre pingouine. Les
soldats de Crucha, venus pour défendre
le monastère de Beargarden contre les
barbares marsouins, s'y établirent forte-
ment. Afin de le rendre inexpugnable,
ils percèrent des meurtrières dans les
Jnurs et. enlevèrent de l'église la toiture
de plomb pour^BB^Iàir^ des balles .de
fronde. Ils daas
tes tours et les cloîtres, de grands feux
auxquels ils rôtissaient des bœufs en-
tiers, embrochés aux sapins antiques de
la montagne ; et, réunis autour des
flammes, dans la fumée chargée d'une
bdeur de résine et de graisse, ils défon-
laient les tonneaux de vin et de cer-
ivoise. Leurs chants, leurs blasphèmes
et le bruit de leurs querelles couvraient
le son des cloches matinales.
j Enfin, les Marsouins, ayant franchi
les défilés, mirent le siège autour du
monastère. C'étaient des guerriers du
Hord, vêtus et armés de cuivre. Ils ap-
puyaient aux parois du rocher des
échelles de cent cinquante toises qui,
Sans l'ombre et l'orage, se rompaient
sous le poids des corps et des armes et
tépi&îMaierit des grappes d'hommes dans
les ravins et les fondrières.; Ton enten-
dait, au milieu des ténèbres, descendre
un' long hurlement, et l'assaut recom-
mençait. Les Pingouins versaient des
ruisseaux de poix ardente sur les assail-
lants qui flambaient comme des tor-
ches. Soixante fois, les Marsouins fu-
riéux tentèrent l'escalade, et ils furent
soixante fois repoussés.
Il y avait dix mois qu'ils assiégeaient
le monastère quand, le saint, jour de
l'Epiphanie, un pâtre de la vallée leur
enseigna un sentier caché par lequel ils
gravirent la montagne, pénétrèrent par
les caves dans l'abb'aye, se répandirent
dans les cloîtres, dans les cuisines, dans
l'église, dans les salles capitulaires,
dans la librairie, dans la buanderie,
dans les cellules, dans les réfectoires,
dans les dortoirs, incendièrent les bâti-
pients, tuèrent et violèrent sans égard à
l'âge ni au sexe. Les gens d'armes pin.
gôuuis, Drusquement réveillés, cou-
raient aux armes. Dans leur trouble
ils se frappaient les uns les autres, tan-
* dis que les Marsouins se disputaient en-
tre e.ux, à coups de hache, les vases sa-
crés, les encensoirs, les chandeliers, les
dalmatiques, les croix d'or et de pierre-
ries.
L'air était changé d'une âcre odeur de
chair grillée ; le,s cris de mort et les gé-
missements élevaient dans les flam-
mes, et, sur J# bord des toits croulants,
des mômes par milliers couraient com-
me des fourmis et tombaient dans la
vallée. Cependant, Johannès Talpa écri-
vait, sa chronique. Les soldats de Cru-
clra, s'était retirés à la hâte, bouchèrent
avec des quartiers de rochers toutes les
issues dïi monastère, afin d'enfermer les
Marsouins dans les bâtiments incen-
diés. E.i, pour écraser l'ennemi sous 1 e-
bouteïnent des pierres de taille et des
pans» de murs, ils se servirent comme
de béliers'des troncs des plus vieux chê-
nes Les charpentes embrasées- s'effon-
dnaient avec un bruit de tonnerre et les
arceaux sublimes des nefs s'écroulaient
sous le choc des arbres géants, balan-
ces par six cents hommes ensemble
Bientôt, il ne resta plus de la riche et
vaste abbaye que la cellule de Johannès
falpa, suspendue par un merveilleux
hasard, aux débris d'un pignon fumant.
Le vieux chroniqueur écrivait encore.
'Cf.\tte admirable contention d'esprit
peut toutefois sembler excessive chez
un annaliste qui s'applique à rapporter
les faits accomplis de son temps. Mais,
si distrait et détaché qu'on soit des cho-
ses environnantes, on en ressent l'in-
fluence. J'ai consulté le manuscrit de
Johannès Talpa, à Oxford, dans la bi-
bliothèque de l'Académie Rabelais dont
tai l'hon'neur d'être membre. C'est un
Ganuscrit. sur parchemin de 628 feuil-
lets. L'écriture en est extrêmement con-
fuse. Les lettres, loin de suivre une li-
gne droite, s'échappent dans toutes les
directions, se heurtent et tombent les
unes sur les autres dans un désordre
ou, pour mieux dire, dans un tumulte
affreux. Elles àqrït si mal formées qu'il
est la plupart du temps impossible non
seulement de les reconnaître, mais mê-
me de les distinguer des pâtés d'encre
qui y sont abondamment, mêlés. Ces
pages inestimables se ressentent en
cela des troubles au milieu desquels
elles ont été tracées. La lecture en est
difficile. Au contraire, le style du reli-
gieux de Beargarden ne porte la mar-
que d'aucune émotion. Le ton des Gesta
Pinguinorum ne s'écarte jamais de la
simplicité. La narration y est rapide et
d'une concision qui va parfois jusqu'à
la sécheresse; Les réflexions sont rares
et en général judicieuses.
ANATOLE FRANCE.
LIRE EN 2* PAGE
PIERRE TISSERAND
LE NOUVEAU ROMAN
DE
3MEme Q7. rb IV 1
EN RUSSIE
le Ignorai Trépot disoratig2
SAINT-PÉTERSBOURG, le 1ER septembre.
(Par dépêche de notre correspondant
particulier.) - Je reçois l'écho d'une
très importante nouvelle qui sera, m'as-
sure-t-on, officielle demain mais que je
ne puis, ce soir, vous transmettre que
sous réserves. Il ne s'agit, en effet, ni
plus ni moins que de la disgrâce du gé-
néral Trépof. Voici ce qu'on raconte :
Le Général THEPOF
Depuis plusieurs jours, l'empereur
Nicolas manifestait une grande froideur
envers le général Trépof, lui conseillant
d'aller dans un pays étranger soigner
ses nerfs malades. Le général ne com-
prenait pas ou plutôt faisait semblant de
ne pas comprendre.
Or, ce matin, l'empereur lui aurait
déclaré qu'il avait l'intention formelle
de se passer de, ses services tout en le
remerciant de ses services passés.
C'était la mise à la retraite catégori-
que.
Le fait est-il sûr? Je le crois, sans
pouvoir l'affirmer. Le remplaçant du
général Trépof serait déjà désigné - ce
serait le général Kleighels ou le général
Karangosof, gouverneur d'Odessa. Le
général Kleighels, qui sut s'attirer les
sympathies de tous comme grand-maî-
tre de la police à Saint-Pétersbourg a
été reçu ce matin à Peterhof.
Robert Gaillard.
Carnet d'un Sauvage
Est-il vrai qu'il soit question de suppri-
mer (que ne supprime-t-on pas ?) ce qu'on
appelle à Paris les petites voitures, autre-
ment dit ces marchands des quatre-sai-
sons, qui ont l'autorisation de brouetter à
travers la ville des fruits et des légumes
avec d'ailleurs quasi impossibilité de les
vendre puisque, dès qu'ils font mille de s'ar-
rêter, ces agents surgissent, qui les prient
de circuler? Cette prière accompagnée d'in-
jures et de gourmades, ainsi que l'exigent
les règlements. D'où H suit que les malheu-
reux sont obligés défaire leur commerce en
.trottinant comme les tailleurs dansants de
Molière et que si l'on en aperçoit un de sa
fenêtre, on n'a pas le temps de descendre
son escalier qu'il a disparu.
Si l'on moleste ces pauvres gens, et si
Ton songe à les renvoyer tout à fait, c'est
dans l'intérêt des commerçants établis, qui
nous disent, non sans raison : « Du moment
où vous me, faites payer de grosses paten-
tes, vous n'avez pas le droit de me fourrer
des concurrents sous mon nez. »
Er, voilà comment, grâce à notre système
dépJorable d'impôts et à notre excès de ré-
glementations, on va, peut-être, être obligé,
demain, d'empêcher de pauvres diables de
gagner leur vie honnêtement.
Si, en effet, nous jouissions de la liberté,
c'est-à-dire si je pouvais' rne promener e.
vendre ce qu'il mepJaH, où il me plaît, les
commerçants n'auraient pas le plus peUt
mot à dire, puisqu'avant de s'établir ils au-
raient vu qu'il ne dépendait de ncr.~nnnp. f~
faciliter ou de contrarier leurs affaires. Au
contraire, du moment où il y a autorisation
je ne vois pas ce qu'on peut leur répondre
quand ils disent à l'Etat ; « Vous ne sauriez
à la fois me demander de l'argent, et me pri.
ver des moyens de me le procurer. »
Ce qui me force à répéter pour la trois-
millième fois, que, lorsqu'on veut trouver la
cause de toutes nos misères, de même qu'on
disait autrefois : Cherchez la femme, on
peut dire aujourd'hui : Cherchez l'impôt.
Quand donc les petits comprendront-ils
qu'ils sont les premières victimes des con-
tributions prélevées sur les gros, et ne croi-
ifont-ils plus aux fallacieuses. nrotne.!n'! do
:Oèux qui leur persuadent qu'on les dégrève
alors .qu'on en grève d'autres ? Pauvres
moutons, tant qu'on tondra, c'est tous qui
serez tonduaJ.
k Henry MareL
LA CHALEUR
Pourquoi nous avons si chaud — Ce qu'en
pense M Jaubert — Les étés excesssifs.
Quand cela finira-t-il *?
Pourquoi fait-il si chaud ? Et le retour de
chaleur que nous subissons, depuis quelques
jours, est-Il une chose exceptionnelle à cette
époque de l'année ?
Telles sont les deux questions que nous
avons posées, hier soir, à M. Jaubert, le
très distingué directeur de l'Observatoire
municipal.
— Il fait chaud, nous a répondu M. Jau-
bert, c'est très vrai, et le beau temps actuel
qui nous vaut cette température durera au-
tant que les hautes pressions qui nous vien-
nent du Sud-Est, et qui s'étendent, aujour-
d'hui, sur tout le Nord-Ouest de l'Europe.
Il fait donc chaud à Paris, comme il fait
chaud sur tout le littoral, à Londres et sur
toute l'Angleterre.
- Maintenant, ajoute M. Jaubert, peut-on
dire qu'il fera demain aussi chaud qu'hier
et aujourd'hui ? Oui, sans doute, parce qu'il
n'y a pas, en ce moment, un signe météoro-
logique quelconque qui nous annonce une
perturbation prochaine. Actuellement, nous
sommes dans un état stagnant ; mais un si-
gne perturbateur peut se produire, sans
qu'on puisse le prévoir à vingt-quatre heu-
res près, de sorte qu'il est impossible de
prédire, avec certitude, quel temps il fera
après-demain. 1
Quant à la seconde de nos questions, M
Jaubert nous assure que la température ac-
tuelle n'a rien d'exceptionnel.
La chaleur est un peu anormale pourra
saison, voilà tout.Il a fait hier 32°7, et avant-
hier 33°. A quelques dixièmes près, c'est la
même température depuis quelques jours.
On a déjà vn tete-av. mffiygTàtxW, - -
Le nombre de jours où il a fait plus dè 30°
n'a été que de cinq dans le mois qui vient de
finir, alors qu'on en a enregistré neuf en
1899, et dix consécutifs en 187G.
Les jours de chaleur excessive ne sont
pas, d'ailleurs, toujours limités à la période
que nous venons de traverser : le 27 septem-
bre 1895, le thermomètre a dépassé 300.
Si nous examinons les données météorolo-
giques observées depuis 1699, nous comptons
quarante-six années ayant eu un maximum
absolu supérieur à 30 degrés. 'Ces années à
température extrême ne sont pas réparties
de façon régulière. Si nous divisons l'espace
de temps dont nous possédons les observa-
tions en périodes de trente années, nous
voyons que tandis que la période de 1761 à
1790 a compté 15 années à maxima supérieur
à l'année 1892, par exemple, qui fut de 29°,
la période trentenaire de 1699 à 1730 n'en a
compté que 3.
De 1699 à 1730, la moyenne des maxima
fut de 80p4 avec trois années maxima. De
1731 à 1760, il y eut onze années maxima
avec une moyenne de 34°2 ; de 1761 à 1790, il
y eut treize années maxima avec une tempé-
rature moyenne de 34°9 ; de 1791 à 1820, il y
eut six années maxima avec une tempéra-
ture de 32°3 ; de 1821 à 1850, la moyenne de
température maxima fut de 33°, et il y eut
cinq années très chaudes de 1851 à 1880 ; il
y en eut sept avec une moyenne de maxima
absolu atteignant 33°2. ,"
Noua entrons dans la septième période :
elle n'est pas pleine, elle échappe donc à cette
statistique.
Les maxima ne se produisent pas toujours
à la même époque. MM. Marie et Davy ont
fait un travail qui porte sur ce que nous sa-
vons des températures sur 147 ans. C'est le
mois de juillet qui présente le plus souvent le
maximum annuel. Août vient ensuite, puis
juin, puis suivent, de très loin, septembre
et mai. Une année même, le maximum s'est-
présenté en avril. Voici cette répartition. Les
maxima annuels furent atteints en :
Avril 1 fois
Mai. 2 —
Juin. 20 —
Juillet. 75 —
Août. 45 —
Septembre 3 —
La température présente, contre laquelle
nous poussons tant de lamentations, est si
peu anormale que nous allons la rencontrer
dépassée sensiblement aux dates ci-après,
et précisément dans le mois d'août :
En aollt1738 on arriva à. 36 degrés 9
- 1763 .,. 36 - 2
1765 ni - 3
- 1769 .,..;.;-. 36 .9
- 1800 35 - 5
- 1802 36 - A
— 1826 36 - 2
>- 1832 35 - »
- 1842 - 36 - 7
1846 .m. 34 — S
- 1857 36 - 2
1863 ,.h. 35 - fi
— 1873 37 - 2
- 1815 33 - 9
Enfin, voici les températures les plus hau-
tes qu'on ait relevées au Bureau météorolo-
gique de Paris depuis 1878, époque de sa
création :
20 juillet 1879. 29 degrés 5
3-août. 1879 31 — 9
26 mai 1880.,. 32 -
3 août 1880 31 — »
3 septembre 1880.:. 30 — »
19 juillet 1881 .,. 38 - 4
5 août 1881 31 - 5
12 aoüll882.,. 31 - 5
2 juillet 1883 30 - 3
13 juillet 1884 33 - 8
2 août 18S4 33 - 8
10 août 1885 31 - 5
21 juillet 1886 31 - li
JO aOUL 1S86 31 —' 4
31 aoftf. 1886 31 — 4
Ier septembre 1886 33 - »
4 juillet 1887 32 - 3
7 août 1887 33 - 2
3 juin 1888 .,. 30 - 5
11 août 1888 34 - 5
7 juin 1889 30 - 1
2 septembre 1889 30 - 3
1er aoüt 1890 32 - 6
3 août 1891 31 — 7
T mai M8& fiionnelleDoeot
chaud. Quant au 19 juillet 1881, il n'eut pas
de précédent, et jamais depuis le thermomè-
tre ne monta aussi haut.
Tout ceci est dit en manière de rafraîchis-
sement. Ça ne fait pas baisser la tempéra-
ture, mais ça apprend aux personnes qui
croient à quelque cataclysme solaire que
rien n'est moins normal que la chaleur su-
bie
On a voulu voir aussi dans cette recru-
descence de chaleur une répercussion de la
Il vague de chaleur» qui a sévi cette année
sur l'Amérique du Nord. C'est aller bien
loin sans doute chercher des causes hypo-
thétiques à la température que nous subis-
sons.
M. Jaubert nous disait, à ce propos, qu'un
de nos confrères était venu lui demander,
vers la fin d'avril, si un très fort -brouillard
qui s'est produit à cette époque sur Paris
était dû. au tremblement de terre de San-
Francisco l
Il a fait chaud à New-York, comme à peu
près tous les ans à pareille époque, et si la
chaleur y est accablante, c'est parce qu'elle
est plus humide.
Nous ressentons généralement cette im-
pression à Paris, tandis que dans le Midi,
et surtout en Algérie, on supporte beaucoup
mieux des températures plus élevées, parce
que l'état hygrométrique de l'air est diffé-
rent. Une grosse chaleur sèche est évidem-
ment moins désagréable qu'une températu-
ré moindre, mais plus humide.
Il n'en est pas moins vrai qu'on a beau-
coup souffert de la. chaleur, ces jours-ci, à
Pans.
A l'élévation du thermomètre se sont ajou-
tées d'autres causes, qui ont rendu le sé-
jour de la capitale, très pénible. L'insuffisan-
ce d'arrosage des voies publiques a, notam-
ment, augmenté la poussière nocive qui se
mêle aux brouillards du soir. Il y a là un
réel danger de contamination dont l'admi-
nistration ne semble pas se préoccuper.
Comme toujours, on a eu à enregistrer de
nombreux cas d'insolation et les hôpitaux
ont reçu un nombre inaccoutumé de ma-
lades.
Espérons que septembre va nous ramener
une température plus clémente et que nous
n'aurons pas à constater une augmentation
de criminalité causée par les excitations cé-
rébrales résultant de la chaleur.—SALAGNAC.
13,500 kilomètres en 30 jours
à 70 kilomètres à l'heure
1 Le mécanicien DVTEMPLE
La 50 chevaux Panhard et Levassor photographiée à un de Ses retours de la côte normande
La 50 chevaux Panhard et Levassor qui
transportait le Journal: de Paris à Trou ville,
revenant chaque soir à Paris, vient d'ache-
ver, ce malin, son trentième jour de ser-
vice.
ji nous paraît plus que juste, il nous
paraît nécessaire, ne fùt-ce que dans l'inté-
rêt général de l'industrie, de signaler ce qu a
pU faire une voiture automobile en service
régulier.
En un mois, une voiture automobile, en
l'espèce une 50 chevaux Panhard et Levas-
sor, menée par un seul mécanicien, M. Du-
temple, vient de faire le tiers du tour de la
terre, 13,500 kilom., à une vitesse moyenne
d'environ 70 kilomètres à l'heure.
Il ne s'agit pas ici de performances fan-
taisistes. Il s'agissait d'assurer chaque jour
le service du Journal, et il n'y a pas eu un
seul contrôleur, il y en eut 10,000, ce sont
les 10,000 Parisiens en villégiature sur 'a
côte normande et que, chaque matin, avant
sept heures, a tirés de leur lit le cri: (ctPe-
mandez le Journal ! »
Chaque jour, les Parisiens, ve!1!? midi, ont
vu revenir la « .voiture fantûine » ainsi qu'on
l'avait surnommée dans le quartier de l'a-
venue de la Grande-Armée et qui, pendant
30 jours, a passé, ironique dans sa régula-
jrité d'horloge.
Celle voiture n'est, iamais arrivée à Trou-
ville, malgré les quelques crevaisons, après
llh, 15 du matin, et elle est souvent arrivée
à 6. h. 30. Avec une régularité sur laquelle
les plus optimistes n'auraient pu compter,
elle a couvert ses 450 kilomètres par jour,
soit 250 lt l'aller, par Lisieux et Trouville
jusqu'à Cabourg, et ses 200 au retour, et
chaque jour elle était à Paris avant une
heure de l'après-midi.
La 50 chevaux Panhard et Levassor, con-
duite par M. Dutemple, a donc effectué, con-
trôlée par 10,000 personnes, pendant tout le
mois d'août, la plus formidable épreuve
d'enduranerf qu'ait, jamais eu à subir une
voiture — et j'ajouterai volontiers un con-
ducteur — et elle l'a fait aveo un poids et
une allure de course qui décuplent la va-
leur de l'effort produit. -
Le Journal, au nom de ses lecteurs qui
ont bénéficie de ce tour de force, adresse à
la maison Panhard et Levassor l'expression
de son admiration et de sa gratitude.
Il nous a paru que c'était là une date à
fixer dans l'histoire de notre industrie.
Treize mille cinq cents kilomètres en 30
jours, à 70 à l'heure. Nous demandons har-
diment : Quel est l'engin,, fût-ce une locomo-
tive, qui peut présenter un tel bilan.
C'est en France, par une grande maison
française et pour un journal français que
ce tour de force aura été exécuté.
01 DRAME A IIIERLAIEJ
Une Russe tire a table d'hôte sur an
Français
BERNE, 1w septembre. — Pendant le dîner
de table
de table d'hôte, dans un hôtel d'Interlaken,
une jeune dame russe a tiré plusieurs coups
de revolver sur un Français, dont la profes-
sion n'est pas exactement étaBlie. Celui-ci a
succombé une heure après avoir été blessé.
La meurtrière a été arrêtée ; elle paraît
âgée de vingt-deux ans et est mariée ; son
mari -était en excursion à la Wengernalp et
doit rentrer ce soir.
Dans son interrogatoire, elle a déclaré
qu'elle avait été chargée de-tuer M. Dourno-
wo, ancien ministre russe.
Le Français qui venait ainsi d'être tué est
M. Charles Muller, rentier à Paris, âgé de
soixante-treize ans.
M. Muller, depuis plusieurs années, se
rendait à Interlaken, où il était arrivé le
14 août, accompagné de son fils et d'une
gouvernante.
La meurtrière de M. Muller était arrivée
depuis quatre jours, en compagnie d'un in-
connu, et ils s'étaient inscrits sous le nom
de M. et Mme Stafford.
M. Stafford est parti hier pour faire, a-t-il
déclaré, une excursion dans les montagnes.
Le crime cause une profonde émotion
dans la colonie étrangère.
LES CONTES DU "J0UWAL"
paraissent en tête de notre troisième
page. — Lire aujourd'hui r
LES EAUX
tAt
MICHEL PROVINS
ECHOS
L
e repos hebdomadaire à l'étranger.
Au moment où va être appliquée la
loi sur le repos hebdomadaire, il est intéres-
sant de rappeler comment se comporte à cet
égard la législation de nos voisins dans les
pays où ce principe est adopté.
Le repos dominical a été étendu à tous les
cantons suisses par la loi du 23 mars 1877
qui, toutefois, prévoyait d\4»Sfz nombreuses
exceptions pour les.adultes» •
En Allemagne",'repos dominical -est de-
venu obligatoiff pour les ouvriers, depuis la
loi du Ier juin 189^1 ; la même loi statue qua
les employé? de coinmerce devront être libreâ
certains jour*» de fêtes et ne pourront p?s
travailler les autres dimanches plus de cinq
heures. 'Mais cette coutume était déjà entrée
auparavant dans les mœurs : une enquête
préliminaire avait, en effet, établi que le re-
pos hebdomadaire existait dans trente ou
quarante pour cent des fabriques et usine'
industrielles,' et dans cinquante-sept potT cent
des maisons de commerce.
La loi autrichienne du 16 janvier 18/35 a
pris module sur ht législation allemande rie
travail du dimanche-est interdit dans les fa-
briques et limité à six heures dans les maga-
sins. :
Quant à l'Angleterre, tout le monde sait
avec quelle sévérité le repos dominical y est
observé. - - »
Par contre, de nombreuses nations n'ont
encore édicté aucune prescription à ce- sujet.
L
e « Pavillon de Beltlevue » n'est pas.seu-
lement un restaurant estival fort à la
mode depuis quelques années, c'est aussi ur
charmant.hôtel dont. la vogue est amplement
justifiée par sa situation privilégiée au som-
met des riants coteaux de' Meudon.
Relevé sur la dernière jpage du registre du
« Pavillon de Bellevue » : Comte de la
Baume Pluvinel, comte de la Morinière de
la Rochecantin, M. Lochwood, Mme Pereira
de Silva, comte Lugarra^a, vicomte de Pe-
Ioux! M. et Mrtie Andersoin. M. et Mme Thu.
bron, M. Hufef, etc.
L
a constipation la plus; rebelle est immé-
'diatement soulagée et* rapidement guérie
en prenant-le soir, avant dîner, un ou deux
Grains de Vals qui rétablissent le fonction-
nement normal de la digestion.
J
amais septembre ne débuta., à Cabourg,
sous de plus radieux auspices, et jamais,
a pareille époque. MM. L. Bertrand et 1" abrc
n'eurent à enregistrer autant d'arrivées. C'est
à ce point que les aimables directeurs du
Grand-Hôtel ont dû louer force villas et
agrandir leur fameux restaurant pour arrj.
ver à satisfaire tout le mondfe.
,';, ': LE CRIME DE SACLAY ï *
On soupçonne Vassassin
1 .,:: d'avoir eu des complices
Ge que l'on dit à Bièvres. — Ijéon Béreau n'attrait pu
transporter seul le cadavre aux étangs de Saclay.
Les gardes doublées à la prison de VersaiUes.
Le récit détaillé des aveux de l'assassin
de Marie Cnson a provoqué parmi l'intéres-
sante et laborieuse population de Bièvres,
un profond sentiment de tristesse : la famille
Béreau, comme je vous l'ai dit, ne compte
que des sympathies dans toute la région et
pour plus d'un, ce grand gardon taillé en
hercule, qui s'est laissé aller à tuer une fem-
me, ripostant à un iéger coup d'ombrelle par
detix coups de revolver, devait obéir à une
sorte de suggestion, d'obsession que l'on
cherche maintenant à percer.
Car Léon Béreau na point voulu tranir
son secret ; il a refusé et refuse encore de
désigner à la justice cette mystérieuse per-
sonne, qui correspondait également avec lui
à la poste restante de -Bièvres et sous d'au-
tres initiales: ,
— Ce secret, a-t-il dit. nettement, on ne le
saura jamais. Je l'emporterai dans la
tombe !
Mais on ne croit point àu 3ftaj?quçt de v «r*
sailles que le meurtrier de Marie Crison
persistera dans sa détermination. Au début
de l'information judiciaire, dès que les pre-
miers soupçons se tournèrent contre lui,
Léon Béreau sf montrait inébranlable et
farouche, et finalement, devant l'évidence
des faits, devant les preuves irréfutables
qui l'accablaient, il finit, sous-le poids du
remords et du repentir, par confesser son
crime atroce au juge d'instruction.
C'est pourquoi M. Frédin poursuit, plus
activement que jamais ses recherches, pour
arriver à éclaircir complètement ce mys-1;
tère, dont les grandes lignes sont mainte-
nant connues.
H reste, on le conçoit, à élucider certaines
quêtions fort importantes que lès déclara-
tions de l'assassin de Marie Crison n'ont pas,
suffisamment mis en lumière.
Le crime n'a-t-il pas été prémédité de lan-
gue main par Léon Béreau ? ,", ':' ,
Comment l'assassin a-t-il pu transporter
le cadavre de Bièvres à Saclay, tout seul,
en se servant d'uooméchantebrouette,.sans'
être rencontré ?
Qu'a-t-il fait du porte-monnaie de la vic-
time?
Sur ce dernier point, Béreau a fait hier &
ses gardiens une déclaration impartante,
qu'il avait .oublié, a^Hl dit,- de transmettr
la Veillé ah juge.
Le lendemain du crime, il éhU, allé voir
son oncle à Marcoussis, profitant de I?» jour-
née du dimanche ; il partit à bicyclette, em-
portant le porte-monnaie de sa victime, qu'il
jeta dans une côté, sur saÉlroite, après avoir
dépassé Gif.
Les inspecteurs de la* Sûreté sont partis
aussitôt vérifier ce détail et commencer des
recherches sur la route de Marcoussis.
Certaines personnes que j'ai vues à Biè.
vres, ne s'expliqu rit. 1--i- cornwcnl 1 enl
Béreau a pu commettre son crime tout seul :
elles n'admettent pas davantage la version
d'après laquelle il a transporté le cadavre
en brouette à Saclay. -
Elles font remarquer que l'assassin a dû
traverser tout le village avec cette brouette
dont l'essieu criait affreusement, descendre
la côte qui mène au passage à niveau, re-
monter la longue côte de la route de Gif,
L'exploitation agricole de M. Béreau : 1. La
grange où Marie Crison a été tuée. - 2. Le
champ dans lequel l'assassin avait enterré tous
les objets àppartettant à sa victime. — 3. 'Wn.
Scène de la perquisition. -- (Instantané pris au
moment où l'inspecteur de la Sûreté LebPond
découvrait le fil de fer galvanisé identique à
celui qui ligottait le cadavre de Saclay.)
(Instantanés du Joumaïi
prendre ensuite à Denirée de Saclay la routa
qui. va au. Christ de Saclay, traverser Je
hameau de ce nom et revenir en ^arrière
1,200. mètres jusqu'à, la chaussée do l'Etanif,
soit au total -six kilomètres' sur une routa
fréquentée pair tes maraîchers et. les bra.
conniers 'h la vefl-le de l'ouverture ; enfilai
par les gardes-chasse.
* i t l
MARIE CniSON
- (Dernière pùolôsTaphte de la vletlma)
Tandis que coupant à travers champs par
des u chemins de terre » en se dirigeant à I?
ferme de Villefa-s, le fort de Villeras et les
Etangs, il n'avait que trois kilomètres et
demi, mais ce chemin était praticable seule-
ment en voiture.
Si l'on, ajoute que le corps de la vienne
pesait près de 70 kilos, qu'il était «hargj
d'un poids dé fils de fer, on a peine, en
effet, à se -figurer le trajet indiqué par Bu-
reau.
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