Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-04-30
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 avril 1906 30 avril 1906
Description : 1906/04/30 (A15,N4960). 1906/04/30 (A15,N4960).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7625756r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2014
QUINZIEME ANNEE. — W 4960
■ • M
HUrr PAGES - Le Wuaéro quMidieo (Paris et Dëparteœe&t«) — CINQ CENTIMÎ^
LUNDI 30 A VIOL i906.
1!tDACpON BT ADMINIST;nATIO¡V :100, nUB lU~HBLlBU, PAlU' FERNJND XAV> Fondateur,
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LE SUFFRAGE
DES FEMMES
j
Les murs de Paris, diaprés d affiches,
jne sont pas jolis, jolis, en ce moment.
NOItf,e consolation est de penser que la
province n'est pasN mieux partagée et
que la Profession de foi y .sévit, du Nord
iau-Midi et de l'Est à l'Ouest. -
Si l'a plus brève est encore la meil-
leure, je distinguerai, entre toutes, celle
qu'un groupe de propagande : La Soli-
darité des femmes, a fait placarder par
ges adhérentes elles-mêmes, salissant
l'occasion de proclamer, à peu de frais,
leurs revendications.
En voici la teneur :
LA FEMME DOIT VOTER
ELLE SUBIT LES LOIS ET LES IMPOTS
Nous voulons le suffrage universel
< Et non le suffrage unisexuel
Je ne surprendrai sans doute per-
sonne en ajoutant que cette affiche pro-
voque beaucoup plus le rire que la ré-
flexion, chez les passants qui La lisent.
Il en fut toujours ainsi et le même
phénomène se produit ailleurs que chez
nous. Ces jours damiers encore, M. Keir
Hardie's proposait à la Chambre des
Communes une motion reconnaissant à
-la femme anglaise le droit aui vote. Maie
tandis que la discussion s'engageait, les
spectatrices garnissant la tribune qui
leur est réservée, manifestèrent leur
opinion avec une véhémence telle que
le président dût, ordonner leur expul-
.ion.
Elles furent bientôt sui• vi. es, d aille-urs,
par les députés, qui se séparèrent sans
donner une conclusion au débat.
Et cela non plus n'étonnera pas.
Victor Hugo fêtait point bon pro-
phète quand il disait* dans le fort beau
discoure qu'il prononça à Jersey, il y à
Quelque cinquante ans, SUT la tombe de
'Louise Julien, proscrite comme lui :
¡'( Le dix-huitième siècle a proclamé lé
idroit de l'homme, le dix-neuvième pro-
clamera le droit de la femme ; mais il
$aut l'avouer, nous ne noua sommes
,¡Joint hâtés. et, à l'instant où je paTle,
au point même ou le progrès est parve-
nu, parmi les républicains, parmi les
démocrates les plus vrais et les plus
purs, bien des esprits excellents hésitent
encore à admettra dans l'homme et dans
la femme, l'égalité de l'âme humaine,
let par conséquent l'assimilation, sinon
l'identité complète, des droits civiques.»
On hésite toujours, et le dix-neuvième
siècle s'est achevé âans réaliser l'œuvre
d'émancipation que le poète appelait de
•es vœux. - - •
j Assurément, les conquis du fémi-
nisme, depuis un demi-siècle,,, ne tjQ&t
point à dédaigner, encore que la plu-
part de ces conquêtes soient surtout pro-
fitables aux classes déjà privilégiées ;
mais au Congrès international de 1900,
le; rapporteur, M. Viviani, traduisait
Néanmoins un sentiment répandu, lors-
qu'il disait : « Toutes les lois que nous
pourrons proposer seront vaines si pour
accroître et défendre ces lois, les fem-
mes ne sont pas armées, du buLletin de
vote. Jusque-là, elles n'obtiendront de la
générosité des hommes, de leur esprit
ide justice ou de leur amour du para-
doxe, que des réformes partielles, quel-
ques menues modifications au Code ci-
vil ou au Code de commerce. Car les
législateurs font les lois pour -ceux qui
font les législateurs. »
A dire vrpi, l'agitation en faveur du
suffrage universel, qu'entretient aujour-
d'huiMa' Solidarité des femmes, paraît
bièfl pâle et bien tiède à côté du mou-
vement de 1848 vers le même but.
C'est, d'ailleurs, ce qui autorisait
Proudhon à dire que l'influence fémi-
nine avait été une des pertes de la Ré-
publique tombée éh quenouille. Mais on
sait de quels $entimé.nts peu tendres
était animé le grand critique social à
l'endroit du sexe faible et l'ardeur qu'il
la mise à démontrer son infériorité phy-
sique, intellectuelle ét morale.
| Ménagère, ou courtisane, est pourtant
une p'Foposftiori que l'on n'ose plus sou-
tenir à une époque où près de dix mil-
lions de femmes, en Europe, gagnent
teur vie ! La question, pour celles-là, ou-
vrières, employées, est d'améliorer le
w-rt auque.1 elles sont assujetties, en
idehors du dilemme posé par Proudihon.
Obtiendroni-eides ce résultat sans entrer
dans les conseils publics, sans avoir
♦réellement voix au chapitre ? Certains
en doutent, et ont peut-être raison d'en
tiouter. Les arguments de Proudhon ne
Sont pas tous sans valeur, mais ceux de
'John Stuart Mill, qui accorde aux fem-
mes le droit de suffrage, ne sont pas
non plus à mépriser. Je crois même
que, des deux philosophes, c'est Stuart
Mill qui s'est bonifié, comme un vin gé-
néreux, en vieillissant.
J'ai passe dernièrement une excellen-
te soirée à paperasser. Le hasard fit
tomber sous ma main un dossier bourré
'de vieux journaux et de vieux placards
relatifs précisément. à l'action politique
jdes- femmes en 1848. Ah! celles-là n'y
allaient pas par quatre chemins^ et se
souciaient peu de paraître ridicules 1 Du
moment qu'un régime électoral était
institué, elles prétendaient en jouir.
Elles disaient ce que disent à présent
encore leurs successeurs : Puisque la
femme paie l'impôt et subit la loi, n'est-
U pa-S juste qu'elle puisse choisir ceux
qui votent la loi et l'impôt ? Pas de de-
voirs sans droits. Ses devoirs à ¡re,mplir
envers la patrie lui confèrent donc im-
plicitement des droits. Elle veut les
exercer. Si, par ses qualités d'intelli-
gence, d'ordre, de fermeté, elle se mon-
tre souvent, dans le ménage, supérieure
,1 son mari, .pourquoi accorder à celui-
ci un privilège civique renversant les
rôles ?
Une petite phalange de femmes zé-
lées propage ces idées par le journal et
par la paro!le. C'est Pauline Roland, qui
a fait partie, avec Pierre-Leroux, de la.
Commnauté de Boussac, c'est Allix
Bourgeois, professeur d'histoire natu-
relle, c'est Eugénie Niboyet, directrice
de La Voix des Femme st c'est Jeanne
Deroin, institutrice, déléguée de l'Asso-
ciation des lin gères, c'est Louise N-j-
caud, gérante de rAssociation des bIlan-
chisseuses, qui réclament le. droit élec-
toral pour les femmes.
D'autres feuilles : La Politique des
Femmes, qui n'eut que deux numérds,
et L'Opinion des Femmes, qui en eut
six, appuient cette revendication, à tra-
vers les sarcasmes, les injures et les
risées.
L'Opinion des Femmes, qu'inspire
Jeanne Deroin, publie la pétition au peu-
ple de cette petite femme maigre, pâle
et fervente,, qui va prêcher d'exemple en
posant sa candidature à la représenta-
tion nationale.
« Citoyens, dit-elle aux électeurs de
la Seine, je me présente à vos suffrages
par dévouement pour la consécration
d'un grand principe, l'égalité civile et
politique des deux sexes.
» Une assemblée législative entière-
ment composée d'hommes est aussi in-
compétente pour faire les lois qui régis-'
sent une société composée d'hommes et
de femmes, 'que le serait une assemblée
composée de privilégiés pour discuter
les intérêts des travailleurs, ou une asr
semblée de capitalistes pour soutenir
l'honneur du pays. »
On la conspue, on la met en chanson
sous ce titre : U Emancipation de ces da-
me,s, et en revue de ClairviJle., Duma-
noir et Labiche : Exposition des produits
de la République, sous le nom de Jeanne
Bédouin. - ;.-, i—'
Presque tous les bureaux, estimant sa
candidature inconstitutionnelle, refusent
de la poser. Dans les réunions publi-
ques, elle ne peut pas davantage se faire
entendre. Et les femmes, cependant,
avaient leurs clubs; le Club des femmes
notamment, qui fut ouvert le li mai
1848, boulevard Bonne-Nouvelle, se tint
ensuite Chaussée-d'Àntin, au manège
Fitte, et vint mourir, au *bout de quel-
ques séances tumultueuses, passage
Jouffroy.
Le droit d'entrée était plus élevé pour
les hommes que pour les femmes, mais
ceux-ci, qui ne venaient généralement
que pour organiser le tapage, en avaient
pour leur argent.
Des neuf cents membres de la Consti-
tuante, deux seulement, «Victor Considé-
rant, dans le Comité, et Pierre Leroux,
à la tribune, se déclarèrent partisans du
droit électoral pour les femmes. Ils eu-
rent aussi leur petit succès de rire, mais
on écouta sérieusement Athanase Coque-
rel, auteur du projet d'exclusion, qui
devint loi.
J'ai lu attentivement les six numéros
de L'Opinion des Femmes, où Jeanne
Deroin, Eugénie Niboyet et leurs ému-
les exposent leur..programme, et je. le
trouve beaucoup moins sot que les plai-
sauteries qu'il essuya. Mais le gain de
Getfce4ee&j f»> eét pou r moi, dans
la collaboration précieuse qu'apporta au
journal. Jean Macé, oui, l'auteur de
l'Histoire d'une bouchée de pain !
Partisan, lui aussi, du droit de suffra-
ge pour les femmes, il n'écrivit à Jeanne
Deroin pas moins de quatre longues let-
tres qui sont des' chefs-d'œuvre de bon
sens et de-finesse narquoise. Combien
je regrette que la place me manque pour
les analyser.! Mais je recommande aux
fureteurs la deuxième, qui répond à l'ob-
jection majeure : la destination suprême
dé la femme est d'élever ses enfants.
Est-ce que la femme riche nourrit,
berce,, lave les siens ? dit Jean Macé. Est-
ce que son amour pour eux va jusqu'à la
détourner de ses plaisirs, de ses devoirs
mondains? Et, quand ils sont au collège,
est-ce qu'elle s'en occupe à toute heure ?
Ni plus ni moins que le père. Alors ?
Quant à la femme pauvre, qui travaille
dehors, du matin au soir, ni plus ni
moins que le mari, que devient son rôle
sacré, et l'enfant, objet de votre sollici-
tude. qu'en faites-vous, pendant ce
temps-là ?
Mais il faut lire le morceau tout entier.
Il ne prouve pas que les femmes ont rai-
son de vouloir voter ; il prouve seule-
ment qu'elles n'ont pas tort de demander
les motifs sincères de leur exclusion.
'- ", LUCIEN DESCAVES.
, VOIR EN 5* PAGE : * V
LE SALON CES ARTISTES FRANÇAIS
par AiboviFLAMEHT
Carnet d'un Sauvage
Ceux qui sont curieux de statistique pas-
seront un bon moment en lisant le compte
rendu des travaux de la Chambre.
Ils y verront, entre autres choses intéres-
santes, que la dernière Chambre a été sai-
sie, par l'initiative du gouvernement, de
1,123 projetside loi ; par l'initiative du Sé-
nat, de 86 propositions de loi ; par l'initia-
tive de ses membres, de 1,222 propositions
de loi, ce qui fait un total de 2,431.
Si l'honorable M. Piot a raison de gémir
sur le manque d'empressement que nous
mettons en France, à. augmenter le nombre
de nos successeurs, il lui serait, difficile de
se livrer aux mômes lamentations relative-
ment à nos lois. Il est possible que dans un
siècle la population de la France ait décru
au point que nos arrièré-petits-fils ne seront
plus qu'une poignée. Mais, la quantité des
lois ayant subi une, progression constante,
il y en aura alors à peu près autant que (i'n-
dividlls. Chacun aura la sienne.
, Nous sommes un pays législatif par ex-
cellence. Cela tient, à l'atavisme, et nous
vient des Romains. Sur.toutes choses, gran-
des pu petites, nous faisons des lois. Rien
na prouve mieux: que,cet amour immodéré
de la législation combien nous sommes pro-
pres à être gouvernés et administrés, et
combien par conséquent nous sommes éloi-
gnés des théories de l'anarchie.
Plus nous progressons, plus nous nous
écartons de ta bonne abbaye de Thélème,
ô mon vieux Rabelais ; de cette douce ab-
baye, au fronton de laquelle étaient écrits
ces mots : « Fais ce que voudras. » Aucun
de nous ne fait ce qu'il veut. Tous font oe
que veut la majorité, c'est-à-dire la moitié
plus un.
Jamais il ne serait venu à l'idée des an-
ciens d'établi^ à l'état permanent,. une as-
semblée chargée de rédiger toujours, tou-
jours de nouvelles lois, comme, un boulan-
ger est chargé quotidiennement de fabri.
quer ; toujours, toujours de nouveau pain,
avec cette différence que le pain consommé
est remplacé, tandis que la loi ancienne
continue à sévir avec la loi nouvelle. Les
anciens se contentaient des lois qu'ils
avaient, au moins pour un bout de temps.
Le progrès pour nous, c'est la réglemen-
tation ; et nous ne serons heureux que lors-
que tous nos pas, tous nos vœux, toutes nos
pensées, tous nos actes seront dirigés selon
la formule. Enfin, crierons-nous, nous som-
mes libres ! 1
Henry Maret.
ÉCHOS
L
e Président de la République et Mme
F allières ont visité, hier après-midi, à
.deux heures, au Grand Palais, le Salon des
Artistes français. >
Le Président était accompagné par M. Jean
Lanes, secrétaire général de l'Elysée, et par
le commandant Lasson. Il a été reçu, à sa des-
cente de voiture, par MM. Briand, ministre
de l'instruction publique et des beaux-arts ;
Dujairdin-Beaumetz, sous-secrétaire d'Etat ;
Poincaré, ministre des finances ; Lépine pré-
fet de police ;. de Selves, préfet de la Seine ;
Chauta.td, président du Conseil municipal ;
Autrand, secrétaire général, etc.
Une gerbe de fleurs a été offerte - à Mme
F allières, a».npai du Comité de 3a Société des
Artistes français, dont M. Tony Robert-
Fleury, président, a fait au Président de la
République les honneurs de l'Exposition.
Le Président et Mme Fallières, resDectueu.
sement salués par les invités de la Société des
Artistes français et par la foule des curieux
qui stationnait au dehors^ ont quitté le Grand
Palais à qtra&e heures pour rentrer à l'Ely-
sée. - !
L
e préfet de police a reçu ce matin la dé-
pêche Suivante, expédiée de Herne
(Westphalie) :
Tous les sauveteurs aUemands de Goarrières, réu-
nis ce soir, apprennent la nouvelle heureuse que
tous nos chers camarades, les pompiers de Paris,
sont revenus en bonne santé à Paris.
Nos sincères félicitations à leurs chefs et aux
pompiers de Paris. Nous vidons nos verres à la
santé et à la prospérité de ces courageux et glorieux
fils de France. Vivent Les vaillants pompiers de
Paris et honneur à ces soldats de France! -
THEODORE WEIL.
Le préfet de police a répandu par la dé-
pêche suivante à M. Théodore Weil, à Herne
(Westphalie) :
Je remercie les sauveteur allemands de Courriô-
res du cordial souvenir qu'ils adressent à leurs
émules les pompiers de Paris. C'est un témoignage
du lien puissant qui unit les braves gens de tous
les I)a $.
AUSSÏ. -dans un même sentiment de solidarité et
d'estime, suis-je l'interprète autorisé de tous les
hommes placés sous mes ordres en vous renvoyant
du même coeur le» «owha+te -s* ee~disa»t avoo
eux « Virent les vouants sauveteurs aL'cmaaids : »
LEPINE.
L
e roi de Suède a assisté hier àpres-rnim
à la réunion donnée par la Société d'En-
couragement sur lnippodrome oe Long.
champs. Le souverain, qui est arrivé avant la
deuxième course, a suivi avec un vif intérêt
■ ♦
,
Le roi OSCAR, aux courses de Longchamps.,
dans la tribune officielle
Les épreuves des Poules d'essai et du prix
Rainbow. Le public des sportsmen qui, mal-
gré l'incertitude du temps, se pressait, nom-
breux, au pesage, comme, d'ailleurs, dans les
autres enceintes, lui a fait un accueil discrète'
ment sympathique.
Oscar II a quitté l'hippodrome avant la
sixième course, enchanté du beau spectacle
sportif qui venait de lui être offert.
c
omma on le supposait, les bruits relatifs
à la disparition de consul de France à
S an-Francisco sont inexacts ; le ministère des
affaires étrangères a reçu hier matin un télé-
gramme signé de M. Peretti de La Rocca.
Le cc Dunkerque », qui a transporté à Cuxhaven les survivants' de la catastrophe du bateau-
école « De-Smet-de-Naeyer M. — Le capital 'AI Fourcaolt, qui commandait lo navire, et qui
-! a trouyé la mort dans kt naufrage.
La Journée du fer Mai
LES MESURES D'ORME DÉFINITIVES
UNE NOUVELLE TENTATIVE SUR L'OUEST
Toutes les troupes de renfort sont arrivées et ont été
réparties à Paris et dans la banlieue. — La Pré-
fecture de police prend ses derrières dispo-
sitions., - Deux arrestations.
*
A la Galerie des Machines. — Les troupes de cavalerie au cantonnement.
La force armée occupe Paris. Dans tou-
tes les gares, on ne voit que képis et que
panteûons rouges, et, à travers les cris stri-
dents dle locomotives, on n'entend retentir
dans fes salles d'attente que le bruit des
éneroiis. Et .es troupes arrivent toujours.
Aux gares du Nord et de l'Est, de vastes
hangars ont été aménagés pour recevoir plu-
sieurs compagnies de fantassins. Depuis
hi^r, è to gara <~JpsL„Ba.UgP.Oligs- sont descen-
dus 7,583 hommes et lot) chevaux -cr-offl-;.
ciers et 30 voitures. Eh voici le ùciail : de
Vitré - xêua le 70e de ligne ; de Bernay,
le 24e : de Gafflon, le 28e : de Lisieux, le 118e;
d'Evreux, le 28e ; de Rennes, le 41e ; ue Saint-
Lô, le 136e; de Saint-Malô, le 47e ; de Caen
et Falaise, Je 5e ; de Saint-Brieuc, le 71e; de
Guingamp, le 4S..
A la Manufacture des Tabacs, sont logés
deux escadrons du 5e hussards, de J.\ancy,
et deux escadrons 8e dragons, de Lune-
ville.. • , __,
Dans le dixième arronaissemeni, • pxe-
cautions' militaires sont très grandes, la
Bourse du Travail et le Tivoli-Vauxhall,
sièges d'agitation révolutionnaire, se trou-
vant ûaieis cette partie de Pans.
Dans la caserne du Prince-Eugene, sont
les 67e, 770 et 906 régiments d'infanterie.
D'autres troupes sont installées dans les
édifices publics \-sponible.s. Mais les offi-
ciers seuls logeront chez, les habitants.
Les troupes seront lib$?s aujourd'hui jus-
qu'à ce soir neuf heures: Ensuite, eues se-
ront consignées jusqu'à nouvel olte.
Lo camp de la Galerie des Machines
L'aspect de la Galerie des Machines a
vraiment un éclat guerrier.
Ce n'est pas aussi pittoresque qu'un camp
avec ses tentes, mais le tableau est impres-
sionnant tout de même dans la fine atmos-
phère du jour atténué par les innombrables
vitres. L'incessant va-et-vient des troupes
soulève la poussière qui monte, estompait
les arêtes trop vives de la construction de
fer et mettant iout à son pian. ;
Le 2e, d'infanterie occupe le pourtour ; dans
la grande piste, s'alignent transversalement,
à la corde, les chevaux de la csivalere. Les
escadrons se croisent, allant - i abreuvoir
ou en revenant.
A la vue de la. « botte » prochaine, les hen-
nissements se font joyeux, car l'étape a été
longue ; rien de la journée de huit heures.
Déjà rasés de. frais et cirés, en bonnet de
police, les officiers s'installent ou font porter
leur cantine dans lés quartiers voisins.
quelle extraordinaire diversité de tenue 1
Veston de cuir, paletots de demi-saison, ca-
pote noire, crinTeenne gris-bleu, manteau à
pèlerine. Il y en a pour tous les goûts, sauf
pour celui de l'« ordonnance ». \lUfm\(; aux
bottes et jambières, -c'est le chaos 1
N'importe, ils sont gentils et crânes, nos
cavaliers, et c'est l'avis du public qui, nom-
breux, profite des moindres fentes des palis-
sades ou de l'entrebâillement des portes pour
« regarder
Et les troupes arrivent toujours. La foule
sympathique et curieuse qui stationne aux
abords du Champ de Mars attend les 16 es-
cadrons et les 2,400. fantassins, qui man-
quent encore à l'appel et vont venir sous le
hall du monument.de fer, prendre les places
qui leur ont etéTCservées.
Au surplus, tout le quartier de l'Ecole-
Militaire semble être en armes ; l'élément
civii disparaît absolument, fondu dans la
masse de troupes d'é foutes, sortes qui y cir-
culent.
Consignes données , ---' -,
Elles sont inflexibles. Les Parisiens qui
viennent & la Galerie des Machines rçcJac
mer%m parent ou un ami se voient écartés.
On ne laisse pas sortir isolément les hom-
mes, des régiments non consignés. Ils ont
dû, hier, former des groupes de cinq ou six
et ne point se séparer, au cours de leurs pro-
menades dans Paris.:
Les régiments de cavalerie seront consi-
gnés une heure chacun durant la journée
d'aujourd'hui, et toute la journée du 1er Mai.
Demain, le service des postes de la gar-
nison de Paris sera 'pris par les troupes ve-
nues de province, avant huit heures du ma-
tin et relevé le lendemain à midi.
Il n'y aura pas de corvée en dehors des
cantonnements. La soupe du matin sera
mangée avant huit heures et les soldats se-
ront porteurs de deux repas froids et de
deux jours de vivres de réserve.
Tous les quartiers seront consignés dès le
réveil et jusqu'à nouvel ordre ; les portes
fermées et les rondes et visites de postes
suspendues.
L'entrée des Invalides, du musée, du tom-
beau et de la chapelle sera, interdite le
1er Mai. interdite le
Des locaux spéciaux ont été aménagés à
la caserne Dupleix. à la Galerie des Machi-
nes et à l'Ecole Militaire et dans les autres
quartiers, pour recevoir les individus arrê.
tés dans la journée. -
Des mitrailleuses ?
Le bruit s'étant répandu que des mitrail-
leuses étaient arrivées à la caserne du Chà-
teau-d'Eau, nous avons essayé d'obtenir con-
firmation de cette nouvelle..
Les officiers que nous avons vus ont for.
mellement refusé de nous répondre.'
Toutefois, après l'enquête très sérieuse
que nous atvons menée, nous pouvons affir-
mer que, jusqu'à présent, aucune mitrailleu-
se n'est arrivée a la caserne du Château-
d'Eau.
En arrivera-t-il d'ici après-demain ? C'est
possible, mais cela ne parait pas probable,
si nous en croyons les personnes bien infor-
mées.
Les réquisitions -
D'autre part, on a commencé, hier, dans
le dixième - arrondissement, à. opérer des ré-
quisitions pour le logement des officiers.
Les hommes de troupes
A partir de demain, les hommes couche-
ront dans les postes qui seront installés
par les soins de la Place, et selon les ordres
donnes par M. Lépine. La désignation de
ces postes n'est pas encore connue et ne
sera certainement pas divulguée à l'avance.
Les effectifs
L'ensemble des forces s'ajoutant à la gar-
nison de Paris, qui comprend d'habitude,
on le sait, 20,000 hommes, est donc de 28,000
hommes, dont 8.000 appartiennent aux trou-
pes de Vincennes, Versailles et Saint-Denis,
et J5,000 fantassins et 5,000 cavaliers venus
de divers points de province.
La cavalerie est cantonnée à la Galerie des
Machines, à la Manufacture des tabacs, à
l'Ecole militaire et à la caserne Dupleix.
Les dragons de Joigny, de Provins, de
Melun et de Fontainebleau ont été casernés
a Versailles.
En banlieue
Là, comme dans Tarie, les troupes abon-
dent. Dans la bsinlieue Est, des ordres très
sévères ont. été donnés': à partir de ce soir,
à neuf heures, tous les hommes de la gar-
nison de v miennes seront consignés jus-
'qu'à nouvel ordre ; seuls pourront sortir du
fort, dont * les portes seront' fermées le
1er Mai, les secrétaires, fourriers, vague-
mestres, etc. que leurs fonctions j-ournaliè-
res appellent en ville. Ces hommes devront
cependant emporter deux repas froids et
rester en permanence dans les bureaux qui
leur sont affectés.
A Neuilly, hier, dans la* matinée, une
IÈ grande partie du 110® régiment d'infanterie,
en garnison à Courbevoie, et du Ce cuiras-
skis, de Tours, sont arrivés.
Ils sont logés à la mairie et chez l'habitant.
Ils ont été requis sur la demande de la com-
mune.
En Seine-et-Oise, des mesures sévères ont
été prises en vue' du 1er Mai : tous les ponts
et ouvrages d'art des voies ferrées "Sont gar-
dées par la troupe ; de plus, des patrouilles
de gendarmerie circulent le long des voies.
Le préfet a fait, hier, une. tournée en au-
tomobile à travers le département, afin de
s'assurer que les mesures étaient bien exé-
cutées.
Tous les dépôts d'explosifs et tous les ,ou.
vrages de la défense de Paris sont surveil-
lés de près depuis hier ; les sentinelles ont
été doublées et ont reçu des paquets de car
touches. ■ ;
LES MESURES D'ORDRE
L'organisation formidable du service d'or<
dre s'est poursuivie, depuis vingt-quatre
heures, avec méthode et prévoyance; et,
bien que la préfecture de police garde à ce
sujet le secret le plus absolu, nous pouvons
dire que rien n'a été négligé-pour Assurer
la tranquillité à. Paris, le jour du 1er Mai.
Dans les différents services municipaux
on a pris de minutieuses précautions. C'est
ainsi que dans le service des eaux, l'ingé..
nieur en chef, M. Colmet d'Aage, a. décidé/
d'accord avec M. Lépine, de faire garder
les usines élévatoires, les bassins de réserJ
ve et de filtration, les aqueducs.
Dans les égouts, chaque escalier ouvert
sur la voie publique sera surveillé de finté"
rieur. Pour la voirie, on achève hâtivement
les travaux de réfection de chaussées, d4
trottoirs ou de pavages qui peuvent êtrtf
terminés. Les autres chantiers, et notant-''
ment ceux du Métropolitain, seront déban
rassés des outils et matériaux qui les eh",
combrent et occupés par des portes militai
res. Au surplus, pour éviter l'encombrement
de la voie publique, M. Lépine a invité la
plupart des grandes maisons de Paris à. né
point faire de livraisons dans l'après-midi.
A l'Assistance publique, M. Mesureur a
pria ses dispositions pour pourvoir au rem-
placement immédiat des infirmiers et infir-
mières qui. ne seraient pas à leur poste to
matin du lw Mai.
Dans les écoles de Paris
A la demande d'un certain nombre de p&«
rents, ie concours pour les bourses de Chap-
tal, qui devait avoir lieu à l'hôtel des exa-
mens, rue Mabillon, le 1er 'M'Û, a été remis
au lendemain.
D'autre part, les écoles de la Ville de Pa-
ris seront ouvertes le 1er Mai, mais il ne
sera tenu aucun compte sur les notes de
l'absence des enfants que leurs parents au*
i ont cru devoir garder auprès d'eux.
*
A la Préfecture de la Seine
Il est inexact que le préfet de la Seine ah
écrit aux directeurs de l'administration de
la Seine, pour les prier d'aviser leur per-
sonnel qu'il devait se rendre à ses bureaut
le 1er Mai comme à l'ordinaire. Le préfet dé
la Seine n'a jamais pensé qu'il fût néces-
saire de'faire une telle recommandation. Le
personnel employé et ouvrier devra consi."
dérer le 1er Mai comme un jour ordinaire.
Toutefois, afin d'éviter toute défection •
certains chefs, dans le service desquels tra-
vaillent des ouvriefs. ont prévenu ceux-^
des risquer qu'ils encourraient en se mêlant
à des manifestation. - ,
Les Musées et les Salo&s
-!;es' musées nationaux seront fermas k
1er Mai.
M. Tony Roberl-Fleury, président de la
Société des artistes français, et M. Roll,
président de la Société nationale des beaux.
arts, ont décidé de laisser ouverts les Sali
Ions, le 1er Niai - -
Le Grand Palais sera d'ailleurs gardé pào
des soldats.
Ici et la
La plupart des commerçants ont décidé de
fermer leurs magasins, toute la journée du
1er Mai. Dans le quartier de Vaugirard, on
cite des patrons qui ont imposé à leurs em-
ployés huit jours de chômage forcé, sous
forme de congé.
Dans cette même zone et dans les Quar-
tiers voisins, ravis de la plupart des four-
nisseurs ordinaires est que les plus grandes •
provisions faites sont pouir le pain. Certain
nes familles ont pris, hier matin, plus du
triple de leur achat habituel ; d'autres enfin
ont acheté force brocs, cruches et autres ré* f
cipients, qu'ils ont remplis d'eau, dans lr
crainte des ruptures de conduites.
Les commissaires de police convoqués
Les commissaires de police des dix pra,
ftiiers arrondissements de Paris sont con<
voqués, aujourd'hui, à quatre hoort'.$, che?
le préfet de police. On ne sait si c'est peut
prendre des mesures en vue de troubles
probables, ou pour procéder à de nouvelle#,
perquisitions.
UNE NOUVELLE TENTATIYE
t , SUR L'OUEST -
C'est décidément sur les lignes du réseau
de l'Ouest, et plus particulièrement -entra
les stations d'Argenteuil et de Pontoise, que
semble se porter l'effort des partisans da
la propagande par la bônibe de dynanr-^
ou la pince qui provoque les déraillement
La garde du pont de la voie ferrée, d Asntètcs
Après l'affaire du viaduc, dont nous avons
longuement parlé, après la tentative de. la.
gaî'e d'Epluchés,, ymc\, que l'on signale, en
effet, une nouvelle incursion des malfai-
teurs aux environs de là gare d'Argenteuil.
- La voiture mystérieuse
Vers deux heures dii matin, le soldat
Léon Alexandre, du 1190 de ligne, engagé
volontaire, était de faction au « pont de
pierre » -' exacLemellt au, kilomètre 8,355 ;
la voie ferrée passe en cet endroit au-des-
sus de la routé nationale numéro 33, entre
Argenteuil et Paris, — lorsqu'il aperçut une
voiture légère, genre boghei, aux roues
caoutchoutées, venant de la direction de Co-
lombes, et qui s'arrêta sous la voûte du
pont
Le jeune soldat n'avait prêté qu'une auten.
tion vague à cet incident, lorsqu'un bruit de
pesées, suivi d'autres bruits die pierres quE
l'on remuait, lui ût ouvrir l'œil davantage.,
■ • M
HUrr PAGES - Le Wuaéro quMidieo (Paris et Dëparteœe&t«) — CINQ CENTIMÎ^
LUNDI 30 A VIOL i906.
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Adresser les mandats-poste à M. l'Administrateur
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Lu manuscrit» non insérés ne sont pas rendus
LE SUFFRAGE
DES FEMMES
j
Les murs de Paris, diaprés d affiches,
jne sont pas jolis, jolis, en ce moment.
NOItf,e consolation est de penser que la
province n'est pasN mieux partagée et
que la Profession de foi y .sévit, du Nord
iau-Midi et de l'Est à l'Ouest. -
Si l'a plus brève est encore la meil-
leure, je distinguerai, entre toutes, celle
qu'un groupe de propagande : La Soli-
darité des femmes, a fait placarder par
ges adhérentes elles-mêmes, salissant
l'occasion de proclamer, à peu de frais,
leurs revendications.
En voici la teneur :
LA FEMME DOIT VOTER
ELLE SUBIT LES LOIS ET LES IMPOTS
Nous voulons le suffrage universel
< Et non le suffrage unisexuel
Je ne surprendrai sans doute per-
sonne en ajoutant que cette affiche pro-
voque beaucoup plus le rire que la ré-
flexion, chez les passants qui La lisent.
Il en fut toujours ainsi et le même
phénomène se produit ailleurs que chez
nous. Ces jours damiers encore, M. Keir
Hardie's proposait à la Chambre des
Communes une motion reconnaissant à
-la femme anglaise le droit aui vote. Maie
tandis que la discussion s'engageait, les
spectatrices garnissant la tribune qui
leur est réservée, manifestèrent leur
opinion avec une véhémence telle que
le président dût, ordonner leur expul-
.ion.
Elles furent bientôt sui• vi. es, d aille-urs,
par les députés, qui se séparèrent sans
donner une conclusion au débat.
Et cela non plus n'étonnera pas.
Victor Hugo fêtait point bon pro-
phète quand il disait* dans le fort beau
discoure qu'il prononça à Jersey, il y à
Quelque cinquante ans, SUT la tombe de
'Louise Julien, proscrite comme lui :
¡'( Le dix-huitième siècle a proclamé lé
idroit de l'homme, le dix-neuvième pro-
clamera le droit de la femme ; mais il
$aut l'avouer, nous ne noua sommes
,¡Joint hâtés. et, à l'instant où je paTle,
au point même ou le progrès est parve-
nu, parmi les républicains, parmi les
démocrates les plus vrais et les plus
purs, bien des esprits excellents hésitent
encore à admettra dans l'homme et dans
la femme, l'égalité de l'âme humaine,
let par conséquent l'assimilation, sinon
l'identité complète, des droits civiques.»
On hésite toujours, et le dix-neuvième
siècle s'est achevé âans réaliser l'œuvre
d'émancipation que le poète appelait de
•es vœux. - - •
j Assurément, les conquis du fémi-
nisme, depuis un demi-siècle,,, ne tjQ&t
point à dédaigner, encore que la plu-
part de ces conquêtes soient surtout pro-
fitables aux classes déjà privilégiées ;
mais au Congrès international de 1900,
le; rapporteur, M. Viviani, traduisait
Néanmoins un sentiment répandu, lors-
qu'il disait : « Toutes les lois que nous
pourrons proposer seront vaines si pour
accroître et défendre ces lois, les fem-
mes ne sont pas armées, du buLletin de
vote. Jusque-là, elles n'obtiendront de la
générosité des hommes, de leur esprit
ide justice ou de leur amour du para-
doxe, que des réformes partielles, quel-
ques menues modifications au Code ci-
vil ou au Code de commerce. Car les
législateurs font les lois pour -ceux qui
font les législateurs. »
A dire vrpi, l'agitation en faveur du
suffrage universel, qu'entretient aujour-
d'huiMa' Solidarité des femmes, paraît
bièfl pâle et bien tiède à côté du mou-
vement de 1848 vers le même but.
C'est, d'ailleurs, ce qui autorisait
Proudhon à dire que l'influence fémi-
nine avait été une des pertes de la Ré-
publique tombée éh quenouille. Mais on
sait de quels $entimé.nts peu tendres
était animé le grand critique social à
l'endroit du sexe faible et l'ardeur qu'il
la mise à démontrer son infériorité phy-
sique, intellectuelle ét morale.
| Ménagère, ou courtisane, est pourtant
une p'Foposftiori que l'on n'ose plus sou-
tenir à une époque où près de dix mil-
lions de femmes, en Europe, gagnent
teur vie ! La question, pour celles-là, ou-
vrières, employées, est d'améliorer le
w-rt auque.1 elles sont assujetties, en
idehors du dilemme posé par Proudihon.
Obtiendroni-eides ce résultat sans entrer
dans les conseils publics, sans avoir
♦réellement voix au chapitre ? Certains
en doutent, et ont peut-être raison d'en
tiouter. Les arguments de Proudhon ne
Sont pas tous sans valeur, mais ceux de
'John Stuart Mill, qui accorde aux fem-
mes le droit de suffrage, ne sont pas
non plus à mépriser. Je crois même
que, des deux philosophes, c'est Stuart
Mill qui s'est bonifié, comme un vin gé-
néreux, en vieillissant.
J'ai passe dernièrement une excellen-
te soirée à paperasser. Le hasard fit
tomber sous ma main un dossier bourré
'de vieux journaux et de vieux placards
relatifs précisément. à l'action politique
jdes- femmes en 1848. Ah! celles-là n'y
allaient pas par quatre chemins^ et se
souciaient peu de paraître ridicules 1 Du
moment qu'un régime électoral était
institué, elles prétendaient en jouir.
Elles disaient ce que disent à présent
encore leurs successeurs : Puisque la
femme paie l'impôt et subit la loi, n'est-
U pa-S juste qu'elle puisse choisir ceux
qui votent la loi et l'impôt ? Pas de de-
voirs sans droits. Ses devoirs à ¡re,mplir
envers la patrie lui confèrent donc im-
plicitement des droits. Elle veut les
exercer. Si, par ses qualités d'intelli-
gence, d'ordre, de fermeté, elle se mon-
tre souvent, dans le ménage, supérieure
,1 son mari, .pourquoi accorder à celui-
ci un privilège civique renversant les
rôles ?
Une petite phalange de femmes zé-
lées propage ces idées par le journal et
par la paro!le. C'est Pauline Roland, qui
a fait partie, avec Pierre-Leroux, de la.
Commnauté de Boussac, c'est Allix
Bourgeois, professeur d'histoire natu-
relle, c'est Eugénie Niboyet, directrice
de La Voix des Femme st c'est Jeanne
Deroin, institutrice, déléguée de l'Asso-
ciation des lin gères, c'est Louise N-j-
caud, gérante de rAssociation des bIlan-
chisseuses, qui réclament le. droit élec-
toral pour les femmes.
D'autres feuilles : La Politique des
Femmes, qui n'eut que deux numérds,
et L'Opinion des Femmes, qui en eut
six, appuient cette revendication, à tra-
vers les sarcasmes, les injures et les
risées.
L'Opinion des Femmes, qu'inspire
Jeanne Deroin, publie la pétition au peu-
ple de cette petite femme maigre, pâle
et fervente,, qui va prêcher d'exemple en
posant sa candidature à la représenta-
tion nationale.
« Citoyens, dit-elle aux électeurs de
la Seine, je me présente à vos suffrages
par dévouement pour la consécration
d'un grand principe, l'égalité civile et
politique des deux sexes.
» Une assemblée législative entière-
ment composée d'hommes est aussi in-
compétente pour faire les lois qui régis-'
sent une société composée d'hommes et
de femmes, 'que le serait une assemblée
composée de privilégiés pour discuter
les intérêts des travailleurs, ou une asr
semblée de capitalistes pour soutenir
l'honneur du pays. »
On la conspue, on la met en chanson
sous ce titre : U Emancipation de ces da-
me,s, et en revue de ClairviJle., Duma-
noir et Labiche : Exposition des produits
de la République, sous le nom de Jeanne
Bédouin. - ;.-, i—'
Presque tous les bureaux, estimant sa
candidature inconstitutionnelle, refusent
de la poser. Dans les réunions publi-
ques, elle ne peut pas davantage se faire
entendre. Et les femmes, cependant,
avaient leurs clubs; le Club des femmes
notamment, qui fut ouvert le li mai
1848, boulevard Bonne-Nouvelle, se tint
ensuite Chaussée-d'Àntin, au manège
Fitte, et vint mourir, au *bout de quel-
ques séances tumultueuses, passage
Jouffroy.
Le droit d'entrée était plus élevé pour
les hommes que pour les femmes, mais
ceux-ci, qui ne venaient généralement
que pour organiser le tapage, en avaient
pour leur argent.
Des neuf cents membres de la Consti-
tuante, deux seulement, «Victor Considé-
rant, dans le Comité, et Pierre Leroux,
à la tribune, se déclarèrent partisans du
droit électoral pour les femmes. Ils eu-
rent aussi leur petit succès de rire, mais
on écouta sérieusement Athanase Coque-
rel, auteur du projet d'exclusion, qui
devint loi.
J'ai lu attentivement les six numéros
de L'Opinion des Femmes, où Jeanne
Deroin, Eugénie Niboyet et leurs ému-
les exposent leur..programme, et je. le
trouve beaucoup moins sot que les plai-
sauteries qu'il essuya. Mais le gain de
Getfce4ee&j f»> eét pou r moi, dans
la collaboration précieuse qu'apporta au
journal. Jean Macé, oui, l'auteur de
l'Histoire d'une bouchée de pain !
Partisan, lui aussi, du droit de suffra-
ge pour les femmes, il n'écrivit à Jeanne
Deroin pas moins de quatre longues let-
tres qui sont des' chefs-d'œuvre de bon
sens et de-finesse narquoise. Combien
je regrette que la place me manque pour
les analyser.! Mais je recommande aux
fureteurs la deuxième, qui répond à l'ob-
jection majeure : la destination suprême
dé la femme est d'élever ses enfants.
Est-ce que la femme riche nourrit,
berce,, lave les siens ? dit Jean Macé. Est-
ce que son amour pour eux va jusqu'à la
détourner de ses plaisirs, de ses devoirs
mondains? Et, quand ils sont au collège,
est-ce qu'elle s'en occupe à toute heure ?
Ni plus ni moins que le père. Alors ?
Quant à la femme pauvre, qui travaille
dehors, du matin au soir, ni plus ni
moins que le mari, que devient son rôle
sacré, et l'enfant, objet de votre sollici-
tude. qu'en faites-vous, pendant ce
temps-là ?
Mais il faut lire le morceau tout entier.
Il ne prouve pas que les femmes ont rai-
son de vouloir voter ; il prouve seule-
ment qu'elles n'ont pas tort de demander
les motifs sincères de leur exclusion.
'- ", LUCIEN DESCAVES.
, VOIR EN 5* PAGE : * V
LE SALON CES ARTISTES FRANÇAIS
par AiboviFLAMEHT
Carnet d'un Sauvage
Ceux qui sont curieux de statistique pas-
seront un bon moment en lisant le compte
rendu des travaux de la Chambre.
Ils y verront, entre autres choses intéres-
santes, que la dernière Chambre a été sai-
sie, par l'initiative du gouvernement, de
1,123 projetside loi ; par l'initiative du Sé-
nat, de 86 propositions de loi ; par l'initia-
tive de ses membres, de 1,222 propositions
de loi, ce qui fait un total de 2,431.
Si l'honorable M. Piot a raison de gémir
sur le manque d'empressement que nous
mettons en France, à. augmenter le nombre
de nos successeurs, il lui serait, difficile de
se livrer aux mômes lamentations relative-
ment à nos lois. Il est possible que dans un
siècle la population de la France ait décru
au point que nos arrièré-petits-fils ne seront
plus qu'une poignée. Mais, la quantité des
lois ayant subi une, progression constante,
il y en aura alors à peu près autant que (i'n-
dividlls. Chacun aura la sienne.
, Nous sommes un pays législatif par ex-
cellence. Cela tient, à l'atavisme, et nous
vient des Romains. Sur.toutes choses, gran-
des pu petites, nous faisons des lois. Rien
na prouve mieux: que,cet amour immodéré
de la législation combien nous sommes pro-
pres à être gouvernés et administrés, et
combien par conséquent nous sommes éloi-
gnés des théories de l'anarchie.
Plus nous progressons, plus nous nous
écartons de ta bonne abbaye de Thélème,
ô mon vieux Rabelais ; de cette douce ab-
baye, au fronton de laquelle étaient écrits
ces mots : « Fais ce que voudras. » Aucun
de nous ne fait ce qu'il veut. Tous font oe
que veut la majorité, c'est-à-dire la moitié
plus un.
Jamais il ne serait venu à l'idée des an-
ciens d'établi^ à l'état permanent,. une as-
semblée chargée de rédiger toujours, tou-
jours de nouvelles lois, comme, un boulan-
ger est chargé quotidiennement de fabri.
quer ; toujours, toujours de nouveau pain,
avec cette différence que le pain consommé
est remplacé, tandis que la loi ancienne
continue à sévir avec la loi nouvelle. Les
anciens se contentaient des lois qu'ils
avaient, au moins pour un bout de temps.
Le progrès pour nous, c'est la réglemen-
tation ; et nous ne serons heureux que lors-
que tous nos pas, tous nos vœux, toutes nos
pensées, tous nos actes seront dirigés selon
la formule. Enfin, crierons-nous, nous som-
mes libres ! 1
Henry Maret.
ÉCHOS
L
e Président de la République et Mme
F allières ont visité, hier après-midi, à
.deux heures, au Grand Palais, le Salon des
Artistes français. >
Le Président était accompagné par M. Jean
Lanes, secrétaire général de l'Elysée, et par
le commandant Lasson. Il a été reçu, à sa des-
cente de voiture, par MM. Briand, ministre
de l'instruction publique et des beaux-arts ;
Dujairdin-Beaumetz, sous-secrétaire d'Etat ;
Poincaré, ministre des finances ; Lépine pré-
fet de police ;. de Selves, préfet de la Seine ;
Chauta.td, président du Conseil municipal ;
Autrand, secrétaire général, etc.
Une gerbe de fleurs a été offerte - à Mme
F allières, a».npai du Comité de 3a Société des
Artistes français, dont M. Tony Robert-
Fleury, président, a fait au Président de la
République les honneurs de l'Exposition.
Le Président et Mme Fallières, resDectueu.
sement salués par les invités de la Société des
Artistes français et par la foule des curieux
qui stationnait au dehors^ ont quitté le Grand
Palais à qtra&e heures pour rentrer à l'Ely-
sée. - !
L
e préfet de police a reçu ce matin la dé-
pêche Suivante, expédiée de Herne
(Westphalie) :
Tous les sauveteurs aUemands de Goarrières, réu-
nis ce soir, apprennent la nouvelle heureuse que
tous nos chers camarades, les pompiers de Paris,
sont revenus en bonne santé à Paris.
Nos sincères félicitations à leurs chefs et aux
pompiers de Paris. Nous vidons nos verres à la
santé et à la prospérité de ces courageux et glorieux
fils de France. Vivent Les vaillants pompiers de
Paris et honneur à ces soldats de France! -
THEODORE WEIL.
Le préfet de police a répandu par la dé-
pêche suivante à M. Théodore Weil, à Herne
(Westphalie) :
Je remercie les sauveteur allemands de Courriô-
res du cordial souvenir qu'ils adressent à leurs
émules les pompiers de Paris. C'est un témoignage
du lien puissant qui unit les braves gens de tous
les I)a $.
AUSSÏ. -dans un même sentiment de solidarité et
d'estime, suis-je l'interprète autorisé de tous les
hommes placés sous mes ordres en vous renvoyant
du même coeur le» «owha+te -s* ee~disa»t avoo
eux « Virent les vouants sauveteurs aL'cmaaids : »
LEPINE.
L
e roi de Suède a assisté hier àpres-rnim
à la réunion donnée par la Société d'En-
couragement sur lnippodrome oe Long.
champs. Le souverain, qui est arrivé avant la
deuxième course, a suivi avec un vif intérêt
■ ♦
,
Le roi OSCAR, aux courses de Longchamps.,
dans la tribune officielle
Les épreuves des Poules d'essai et du prix
Rainbow. Le public des sportsmen qui, mal-
gré l'incertitude du temps, se pressait, nom-
breux, au pesage, comme, d'ailleurs, dans les
autres enceintes, lui a fait un accueil discrète'
ment sympathique.
Oscar II a quitté l'hippodrome avant la
sixième course, enchanté du beau spectacle
sportif qui venait de lui être offert.
c
omma on le supposait, les bruits relatifs
à la disparition de consul de France à
S an-Francisco sont inexacts ; le ministère des
affaires étrangères a reçu hier matin un télé-
gramme signé de M. Peretti de La Rocca.
Le cc Dunkerque », qui a transporté à Cuxhaven les survivants' de la catastrophe du bateau-
école « De-Smet-de-Naeyer M. — Le capital 'AI Fourcaolt, qui commandait lo navire, et qui
-! a trouyé la mort dans kt naufrage.
La Journée du fer Mai
LES MESURES D'ORME DÉFINITIVES
UNE NOUVELLE TENTATIVE SUR L'OUEST
Toutes les troupes de renfort sont arrivées et ont été
réparties à Paris et dans la banlieue. — La Pré-
fecture de police prend ses derrières dispo-
sitions., - Deux arrestations.
*
A la Galerie des Machines. — Les troupes de cavalerie au cantonnement.
La force armée occupe Paris. Dans tou-
tes les gares, on ne voit que képis et que
panteûons rouges, et, à travers les cris stri-
dents dle locomotives, on n'entend retentir
dans fes salles d'attente que le bruit des
éneroiis. Et .es troupes arrivent toujours.
Aux gares du Nord et de l'Est, de vastes
hangars ont été aménagés pour recevoir plu-
sieurs compagnies de fantassins. Depuis
hi^r, è to gara <~JpsL„Ba.UgP.Oligs- sont descen-
dus 7,583 hommes et lot) chevaux -cr-offl-;.
ciers et 30 voitures. Eh voici le ùciail : de
Vitré - xêua le 70e de ligne ; de Bernay,
le 24e : de Gafflon, le 28e : de Lisieux, le 118e;
d'Evreux, le 28e ; de Rennes, le 41e ; ue Saint-
Lô, le 136e; de Saint-Malô, le 47e ; de Caen
et Falaise, Je 5e ; de Saint-Brieuc, le 71e; de
Guingamp, le 4S..
A la Manufacture des Tabacs, sont logés
deux escadrons du 5e hussards, de J.\ancy,
et deux escadrons 8e dragons, de Lune-
ville.. • , __,
Dans le dixième arronaissemeni, • pxe-
cautions' militaires sont très grandes, la
Bourse du Travail et le Tivoli-Vauxhall,
sièges d'agitation révolutionnaire, se trou-
vant ûaieis cette partie de Pans.
Dans la caserne du Prince-Eugene, sont
les 67e, 770 et 906 régiments d'infanterie.
D'autres troupes sont installées dans les
édifices publics \-sponible.s. Mais les offi-
ciers seuls logeront chez, les habitants.
Les troupes seront lib$?s aujourd'hui jus-
qu'à ce soir neuf heures: Ensuite, eues se-
ront consignées jusqu'à nouvel olte.
Lo camp de la Galerie des Machines
L'aspect de la Galerie des Machines a
vraiment un éclat guerrier.
Ce n'est pas aussi pittoresque qu'un camp
avec ses tentes, mais le tableau est impres-
sionnant tout de même dans la fine atmos-
phère du jour atténué par les innombrables
vitres. L'incessant va-et-vient des troupes
soulève la poussière qui monte, estompait
les arêtes trop vives de la construction de
fer et mettant iout à son pian. ;
Le 2e, d'infanterie occupe le pourtour ; dans
la grande piste, s'alignent transversalement,
à la corde, les chevaux de la csivalere. Les
escadrons se croisent, allant - i abreuvoir
ou en revenant.
A la vue de la. « botte » prochaine, les hen-
nissements se font joyeux, car l'étape a été
longue ; rien de la journée de huit heures.
Déjà rasés de. frais et cirés, en bonnet de
police, les officiers s'installent ou font porter
leur cantine dans lés quartiers voisins.
quelle extraordinaire diversité de tenue 1
Veston de cuir, paletots de demi-saison, ca-
pote noire, crinTeenne gris-bleu, manteau à
pèlerine. Il y en a pour tous les goûts, sauf
pour celui de l'« ordonnance ». \lUfm\(; aux
bottes et jambières, -c'est le chaos 1
N'importe, ils sont gentils et crânes, nos
cavaliers, et c'est l'avis du public qui, nom-
breux, profite des moindres fentes des palis-
sades ou de l'entrebâillement des portes pour
« regarder
Et les troupes arrivent toujours. La foule
sympathique et curieuse qui stationne aux
abords du Champ de Mars attend les 16 es-
cadrons et les 2,400. fantassins, qui man-
quent encore à l'appel et vont venir sous le
hall du monument.de fer, prendre les places
qui leur ont etéTCservées.
Au surplus, tout le quartier de l'Ecole-
Militaire semble être en armes ; l'élément
civii disparaît absolument, fondu dans la
masse de troupes d'é foutes, sortes qui y cir-
culent.
Consignes données , ---' -,
Elles sont inflexibles. Les Parisiens qui
viennent & la Galerie des Machines rçcJac
mer%m parent ou un ami se voient écartés.
On ne laisse pas sortir isolément les hom-
mes, des régiments non consignés. Ils ont
dû, hier, former des groupes de cinq ou six
et ne point se séparer, au cours de leurs pro-
menades dans Paris.:
Les régiments de cavalerie seront consi-
gnés une heure chacun durant la journée
d'aujourd'hui, et toute la journée du 1er Mai.
Demain, le service des postes de la gar-
nison de Paris sera 'pris par les troupes ve-
nues de province, avant huit heures du ma-
tin et relevé le lendemain à midi.
Il n'y aura pas de corvée en dehors des
cantonnements. La soupe du matin sera
mangée avant huit heures et les soldats se-
ront porteurs de deux repas froids et de
deux jours de vivres de réserve.
Tous les quartiers seront consignés dès le
réveil et jusqu'à nouvel ordre ; les portes
fermées et les rondes et visites de postes
suspendues.
L'entrée des Invalides, du musée, du tom-
beau et de la chapelle sera, interdite le
1er Mai. interdite le
Des locaux spéciaux ont été aménagés à
la caserne Dupleix. à la Galerie des Machi-
nes et à l'Ecole Militaire et dans les autres
quartiers, pour recevoir les individus arrê.
tés dans la journée. -
Des mitrailleuses ?
Le bruit s'étant répandu que des mitrail-
leuses étaient arrivées à la caserne du Chà-
teau-d'Eau, nous avons essayé d'obtenir con-
firmation de cette nouvelle..
Les officiers que nous avons vus ont for.
mellement refusé de nous répondre.'
Toutefois, après l'enquête très sérieuse
que nous atvons menée, nous pouvons affir-
mer que, jusqu'à présent, aucune mitrailleu-
se n'est arrivée a la caserne du Château-
d'Eau.
En arrivera-t-il d'ici après-demain ? C'est
possible, mais cela ne parait pas probable,
si nous en croyons les personnes bien infor-
mées.
Les réquisitions -
D'autre part, on a commencé, hier, dans
le dixième - arrondissement, à. opérer des ré-
quisitions pour le logement des officiers.
Les hommes de troupes
A partir de demain, les hommes couche-
ront dans les postes qui seront installés
par les soins de la Place, et selon les ordres
donnes par M. Lépine. La désignation de
ces postes n'est pas encore connue et ne
sera certainement pas divulguée à l'avance.
Les effectifs
L'ensemble des forces s'ajoutant à la gar-
nison de Paris, qui comprend d'habitude,
on le sait, 20,000 hommes, est donc de 28,000
hommes, dont 8.000 appartiennent aux trou-
pes de Vincennes, Versailles et Saint-Denis,
et J5,000 fantassins et 5,000 cavaliers venus
de divers points de province.
La cavalerie est cantonnée à la Galerie des
Machines, à la Manufacture des tabacs, à
l'Ecole militaire et à la caserne Dupleix.
Les dragons de Joigny, de Provins, de
Melun et de Fontainebleau ont été casernés
a Versailles.
En banlieue
Là, comme dans Tarie, les troupes abon-
dent. Dans la bsinlieue Est, des ordres très
sévères ont. été donnés': à partir de ce soir,
à neuf heures, tous les hommes de la gar-
nison de v miennes seront consignés jus-
'qu'à nouvel ordre ; seuls pourront sortir du
fort, dont * les portes seront' fermées le
1er Mai, les secrétaires, fourriers, vague-
mestres, etc. que leurs fonctions j-ournaliè-
res appellent en ville. Ces hommes devront
cependant emporter deux repas froids et
rester en permanence dans les bureaux qui
leur sont affectés.
A Neuilly, hier, dans la* matinée, une
IÈ grande partie du 110® régiment d'infanterie,
en garnison à Courbevoie, et du Ce cuiras-
skis, de Tours, sont arrivés.
Ils sont logés à la mairie et chez l'habitant.
Ils ont été requis sur la demande de la com-
mune.
En Seine-et-Oise, des mesures sévères ont
été prises en vue' du 1er Mai : tous les ponts
et ouvrages d'art des voies ferrées "Sont gar-
dées par la troupe ; de plus, des patrouilles
de gendarmerie circulent le long des voies.
Le préfet a fait, hier, une. tournée en au-
tomobile à travers le département, afin de
s'assurer que les mesures étaient bien exé-
cutées.
Tous les dépôts d'explosifs et tous les ,ou.
vrages de la défense de Paris sont surveil-
lés de près depuis hier ; les sentinelles ont
été doublées et ont reçu des paquets de car
touches. ■ ;
LES MESURES D'ORDRE
L'organisation formidable du service d'or<
dre s'est poursuivie, depuis vingt-quatre
heures, avec méthode et prévoyance; et,
bien que la préfecture de police garde à ce
sujet le secret le plus absolu, nous pouvons
dire que rien n'a été négligé-pour Assurer
la tranquillité à. Paris, le jour du 1er Mai.
Dans les différents services municipaux
on a pris de minutieuses précautions. C'est
ainsi que dans le service des eaux, l'ingé..
nieur en chef, M. Colmet d'Aage, a. décidé/
d'accord avec M. Lépine, de faire garder
les usines élévatoires, les bassins de réserJ
ve et de filtration, les aqueducs.
Dans les égouts, chaque escalier ouvert
sur la voie publique sera surveillé de finté"
rieur. Pour la voirie, on achève hâtivement
les travaux de réfection de chaussées, d4
trottoirs ou de pavages qui peuvent êtrtf
terminés. Les autres chantiers, et notant-''
ment ceux du Métropolitain, seront déban
rassés des outils et matériaux qui les eh",
combrent et occupés par des portes militai
res. Au surplus, pour éviter l'encombrement
de la voie publique, M. Lépine a invité la
plupart des grandes maisons de Paris à. né
point faire de livraisons dans l'après-midi.
A l'Assistance publique, M. Mesureur a
pria ses dispositions pour pourvoir au rem-
placement immédiat des infirmiers et infir-
mières qui. ne seraient pas à leur poste to
matin du lw Mai.
Dans les écoles de Paris
A la demande d'un certain nombre de p&«
rents, ie concours pour les bourses de Chap-
tal, qui devait avoir lieu à l'hôtel des exa-
mens, rue Mabillon, le 1er 'M'Û, a été remis
au lendemain.
D'autre part, les écoles de la Ville de Pa-
ris seront ouvertes le 1er Mai, mais il ne
sera tenu aucun compte sur les notes de
l'absence des enfants que leurs parents au*
i ont cru devoir garder auprès d'eux.
*
A la Préfecture de la Seine
Il est inexact que le préfet de la Seine ah
écrit aux directeurs de l'administration de
la Seine, pour les prier d'aviser leur per-
sonnel qu'il devait se rendre à ses bureaut
le 1er Mai comme à l'ordinaire. Le préfet dé
la Seine n'a jamais pensé qu'il fût néces-
saire de'faire une telle recommandation. Le
personnel employé et ouvrier devra consi."
dérer le 1er Mai comme un jour ordinaire.
Toutefois, afin d'éviter toute défection •
certains chefs, dans le service desquels tra-
vaillent des ouvriefs. ont prévenu ceux-^
des risquer qu'ils encourraient en se mêlant
à des manifestation. - ,
Les Musées et les Salo&s
-!;es' musées nationaux seront fermas k
1er Mai.
M. Tony Roberl-Fleury, président de la
Société des artistes français, et M. Roll,
président de la Société nationale des beaux.
arts, ont décidé de laisser ouverts les Sali
Ions, le 1er Niai - -
Le Grand Palais sera d'ailleurs gardé pào
des soldats.
Ici et la
La plupart des commerçants ont décidé de
fermer leurs magasins, toute la journée du
1er Mai. Dans le quartier de Vaugirard, on
cite des patrons qui ont imposé à leurs em-
ployés huit jours de chômage forcé, sous
forme de congé.
Dans cette même zone et dans les Quar-
tiers voisins, ravis de la plupart des four-
nisseurs ordinaires est que les plus grandes •
provisions faites sont pouir le pain. Certain
nes familles ont pris, hier matin, plus du
triple de leur achat habituel ; d'autres enfin
ont acheté force brocs, cruches et autres ré* f
cipients, qu'ils ont remplis d'eau, dans lr
crainte des ruptures de conduites.
Les commissaires de police convoqués
Les commissaires de police des dix pra,
ftiiers arrondissements de Paris sont con<
voqués, aujourd'hui, à quatre hoort'.$, che?
le préfet de police. On ne sait si c'est peut
prendre des mesures en vue de troubles
probables, ou pour procéder à de nouvelle#,
perquisitions.
UNE NOUVELLE TENTATIYE
t , SUR L'OUEST -
C'est décidément sur les lignes du réseau
de l'Ouest, et plus particulièrement -entra
les stations d'Argenteuil et de Pontoise, que
semble se porter l'effort des partisans da
la propagande par la bônibe de dynanr-^
ou la pince qui provoque les déraillement
La garde du pont de la voie ferrée, d Asntètcs
Après l'affaire du viaduc, dont nous avons
longuement parlé, après la tentative de. la.
gaî'e d'Epluchés,, ymc\, que l'on signale, en
effet, une nouvelle incursion des malfai-
teurs aux environs de là gare d'Argenteuil.
- La voiture mystérieuse
Vers deux heures dii matin, le soldat
Léon Alexandre, du 1190 de ligne, engagé
volontaire, était de faction au « pont de
pierre » -' exacLemellt au, kilomètre 8,355 ;
la voie ferrée passe en cet endroit au-des-
sus de la routé nationale numéro 33, entre
Argenteuil et Paris, — lorsqu'il aperçut une
voiture légère, genre boghei, aux roues
caoutchoutées, venant de la direction de Co-
lombes, et qui s'arrêta sous la voûte du
pont
Le jeune soldat n'avait prêté qu'une auten.
tion vague à cet incident, lorsqu'un bruit de
pesées, suivi d'autres bruits die pierres quE
l'on remuait, lui ût ouvrir l'œil davantage.,
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