Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-04-15
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 avril 1906 15 avril 1906
Description : 1906/04/15 (A15,N4945). 1906/04/15 (A15,N4945).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76257419
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2014
QUINZIEME ANNEE. — N° 4945
HUIT PAGES --M% Le Numéro quotidien (Paris et Départements) — CINQ CENTIMES
DINIAN,'CHF, AVRIL 1906
FERNAND XX U, Tondaient
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VIOLETTE ET MKB3 :..
flEURS D ÉLECTIOH
'Il ne s'agit point loi de chanter la
féerie du printemps ni de préparer les
tectrices du Journal aux joies délicieu-
ses de l'Exposition d'horticulture, ni de
célébrer l'ouverture du Salon de la So-
ciété nationale qui chaque année mé-
nagé la complicité de la plus délicate
éiégance féminine- aux succès de son
vernis-sage. Il ne s'agit ni de natures
mortes, ni de randonnées aux champs,
ni de falbalas, ni de joyaux fleuris, mais
'de politique. Les violettes et les narcis-
ses représentent, en effet, les deux par-
tis qui, en ce moment, se disputent, à
Suffolk, les suffrages des électeurs.
Ces deux jolies fleurs n'étaient-elles
pas les seuls emblèmes dignes des char-
mants adversaires lady Mary Hamilton
et miss Pearson. Celle-ci est la femme
du candidat libéral. Celle-là est la fian-
cée du candidat conservateur lord
Graham. Lady Mary a choisi la violette
pour fleur de sa croisade et parcourt le
pays avec une automobile toute fleurie
de violettes ; l'autre, redoutant Les pan-
nes, a gardé la Victoria pour plate-
forme mais est escortée d'un escadron
ailé de jeunes filles cyclistes dont les
guidons garnis de datlodils (narcisses)
donnent aux villageois l'illusion que
leurs prairies se mettent à couriT les
routes..
Le fiancé d'un côté et le mari de L „au-
tre attendent en une douce quiétude
t'issue de ce très noble et très généreux
concours.
La fiancée de lord uraiiaiu i puuvaiu
moins faire que de mener la lutte. C'est
elle, en effet, qui a imposé à celui-ci
l'obligation de se présenter. Combien sa
conduite jest louable ! L'une de nos pou-
pées ambitieuses de France n'aurait pas
manqué de signifier avant d'accorder sa
main qu'elle entendait épouser un
homme politique, un homme pouvant
prétendre aux honneurs du pouvoir. Et
ayant ainsi jeté au tumulte des flots
l'anneau de fiançailles, elle aurait re-
gardé du rivage le malheureux candidat
plonger et se débattre. Lady Mary Ha-
milton, l'une des femmes les plus ri-
ches du royaume, a courageusement ac-
cepta la responsabilité de sa décision.
Instruite, éloquente, elle s'est hardi-
ment soumise aux dures conditions de
la vie politique. Elle saura par elle-mê-
me ce que coûte la conquête ambitieuse
des situations publiques et, si son mari
entre au Parlement, elle comprendra
que le succès ne dépend pas toujours
de l'effortp^onn-el. Elle connaîtra, en
outre, les problèmes de la vie parlemen-
taire, elle s'intéressera aux débats des
Communes et ne posera pas à son-mari
tes questions niaises et décourageantes
que posent aux hommes les femmes qui
veulent de bonne volonté les mettre sur
un sujet famiLier.
Waiâ aoïnbi^n;-j'admire aussi la vail-
lance de Mrs Peàrson qui n'a point lais-
sé son époux se démener contre la dan-
gereuse puissance d'une femme et a con-
senti à opposer à l'adversaire sa propre
séduction. Elle aura fort à faire. Le pres-
tige de la fiancée est supérieur à celui de
Sa femme-.déjà en possession de mari.
Les paysans du comté de Suffolk ont
placé à l'entrée de la place où se tien-
nent les meetings de grandes pancartes
portant ces mots : « Suffolk conserva-
teur veut faire un cadeau de mariage à
tady Marv Hiamilton en nommant son
marquis (her marquis). »
Le narcisse a donc à lutter contre la
gêneuse impulsion des électeurs qui
voient sous la violette une idylle amou-
reuse.
Ces préoccupations resteront îori
étrangères à la campagne électorale
qui commence de ce côté-ci du détroit.
Les murs de la ville et des villages,
les poteaux télégraphiques, et même les
arbres des routes vont recevoir, hélas. !
l'attristante illustration des affiches des
candidats. Telle est la réplique que l'hu-
manité tapageuse oppose aux gracieuses
et exquises harmonies de la nature.
Quand les femmes se mêleront ouver-
tement à nos luttes/elles y apporteront,
je pense, Leur élégance.. Alors disparaî-
tront les désaccords de nos couleurs et
du, printemps. Ce ne sera point une
compensation négligeable aux petits en-
nuis qu'éprouveront les hommes dans le
trouble de leurs habitudes. « Où est
Madame ? demandera Monsieur en ren-
trant. — Monsieur, répondra, la bonne,
Madame vient d'être appelée à la per-
manence du Comité afin d'y rédiger une
réponse à la dernière affiche de nos ad-
versaires. Monsieur ne la connaît peut-
être pas. Mais Monsieur partagera sans
doute l'indignation de Madame quand il
saura qu'on accuse Madame de s'être
débarrassée de son petit dernier en le
vouant aux caprices de l'air dans la na-
celle d'un ballon non dirigeable. Ma-
dame pense répondre à cette accusation
ridicule par l'envoi à chaque électeur
d'une photographie en couleurs de Ba-
by, dont l'existence actuelle'sera cons-
tatée et certifiée par M. le maire. »
Attendons ces temps heureux où nous
verrons l'œillet, lutter avec la jacinthe,
te lilas avec la giroflée, et, dans l'ordre
réaliste, le topinambour avec la pomme
de terre.
Il est réservé aux femmes d'introduire
dans la bataille politique ces procédés
nouveaux propres à la moraliser. Elles
seules sont capables d'associer ainsi à
leur propre cause la cause du bon goût
et de la vérité.
On aurait tort de chercher dans ces
appréciations un trait d'ironie ou un
grain de scepticisme. Etant de ceux qui
s'attachent surtout à l'observation des;
faits, j'aperçois dans ces manifestations
féminines en Angleterre autre chose
qu'une originalité excessive. La campa-
gne électorale de Suffolk n'aurait d'au-
tre importance que. celle d'uri fait-divers
amusant si elle révélait, seulement l'an-
tagonisme de deux femmes et l'opposi-
tion de deux fleurs. Mais elle est la
moindre des épisodes d'une lutte géné-
rale où les femmes ont joué un rôle pr-é-
nondérant. ,
Pour le mieux faire comprendre, je vais
reproduire ici la conversation que j'ai
eue, l'un de ces jours derniers, avec
l'une des adeptes du Working womens
political and social union. Cette Asso-
ciation, dont le titre définit bien le pro-
gramme (mot à mot : l'Union politique
et sociale des femmes travailleuses), a
acquis au cours des dernières années
une puissance, considérable. Elle se re-
crute dans tout le monde du travail an-
glais, parmi les ouvrières comme parmi
cotte classe, si .nombreuse chez nos voi-
sins de femmes instruites et sans fortu-
ne qui gagnent leur vie sans le secours
de personne. — Mon interlocutrice, lady
Jenny R., a pris part elle-même à la
lutte "électorale d'où le parti Libéral, est
sorti victorieux.
— Vous voici, dis-je, madame, heu-
reus.e sans doute des résultats qu'a ob-
tenus la propagande de votre Ligue.
— Sans doute, le succès des libéraux
est dû en grande partie à l'intervention
des femmes dans Les élections. Mais
vous auriez tort de croire que les libé-
raux seuls ont été engagés pas nos ef-
forts. En réalité, plus çLe quatre cents
des membres de la nouvelle Chambre
se sont engagés à voter le bill accor-
dant au.*femmes le droit de suffrage.
— Cependant n'est-ii pas dans le ca-
ractère même du parti libéral d'accueil-
lir les revendications nouvelles du peu-
ple ? Et votre Union, si je ne me trompe,
est très populaire?
— Veru oood ! Nous avons, en effet,
visé particulièrement le parti libéral. En
tout pays, c'est le parti avancé qui est
le moins armé pour résister à la poussée
des .idées nouvelles. Les réunions des
libéraux ont été pour nous très fructueu-
ses. Les femmes y assistaient en très
grand nombre et, bien encadrées par
quelques-uns de nos orateurs, elles in-
terpellaient les candidats.' Si ceux-ci
voulaient se dérober, elles les interrom-
paient et rendaient impossible la conti-
nuation du meeting.
— C'est fort- bien, dis-je. Vous avez
fait là de la politique de ménage. Fais
ce que je veux, ou tu n'auras pas à dî-
ner. Naturellement, le candidat préfé-
rait céder et garder l'assiette au beurre.
— Sans doute, mais nous ne nous fai-
sons pas dHllusion sur la sincérité d'un
acquiescement ainsi donné. Nous sa-
vons très bien cRie nos élus feront de
leur mieux pour esquiver leurs engage-
ments. Libéraux et conservateurs
se mettront tacitement, d'accord pour
nous. comment dites-vous cela en bon
français?. pour nous « rouler ».
— Nulle délicatesse de la langue fran-
çaise ne vous est étrangère. Vous n'a-
vez hésité sur le mot que pour lui don-
ner toute sa valeur.
— AU Tight 1. Mais nous ne nous
:làiSS«NW-ÎHï4wW^ =». Notre, agita-
tion n'est encore qu'à ses débuts. Notre
nombre s'accroît sans cesse et nous
avons à notre tête des femmes supérieu-
res, telle que miss Pankhurst, la fille
du célèbre docteur Pankhurst. Notre
Union n'est, du reste, pas la seule As-
sociation de femmes qui travaillent
pour nos droits. Vous avez sails doute,
entendu parler de la Womens libéral Fé-
deration; qui joue dans le parti libéral
le rôle que" détient la Primerosa League
dans le parti conservateur. Lii bien ! elle
a 'à sa tête une femme admirable par
l'intelligence et le cœur, lady Carlisl.
Lady Carlisl apporte 4 notre cause toute
l'autorité de ',sa Ligué et, de plus, une
force qui domine toutes les autres, un
désintéressement absolu. C'est une
grande dame qui n'a rien à demander à
personne, nul droit à réclamer pour soi,
mais qui lutte pour les. miséreuses,
pour l'immense troupeau des oppri-
mées. Mais vous souriez. Vous voilà
bien, monsieur le Français. Comme
tous les porte-culotte de votre pays,
vous ne pouvez longtemps garder votre
sérieux en parlant du droit politique des
femmes.
— Non, non, fis-je, ne vous mépre-
nez pas. Je vous ai écoutée avec le plus
vif intérêt. Seulement, à la fin. de votre
petit discours, tandis que vous vous ani-
mi,ez, alors que vous alliez donner l'as-
saut à la forteresse des lois masculines,
il me venait une idée amusante.. De
l'histoire de votre pays, il se dégage une
grande loi politique. C'est que le parti
libéral promet Les t'étonnes et que les
conservateurs les réalisent. Et je pensais
que ce serait en somme un spectacle cu-
rieux que de voir le gouvernement de
la vieille Angleterre livré aux femmes
par les conservateurs.
- PIERRE BAUDIN.
LE FORT fiS BEffl-AMRAN
Le colon Martin tient toujours en échec
la force publique
ALGER, 14 avril. (Par dépêche de notre cor-
respondant particulier.) — Malgré un grand
déploiement de force publique et en dépit
d'injonctions réitéras, Martin, le colon qui,
à Beni-Amran, a transforme sa ferme en for-
teresse, persiste à refuser de se rendre.
Cette situation est cause d'un curieux état
d'esprit chez les indigènes, qui comprennent
difficilement qu'un simple fermier tienne en
échec toute une brigade de gendarmerie, des
troupes et une nuée de fonctionnaires.
Le bruit court avec persistance que Mar-
tin a miné sa maison et s'apprête à là. faire
sauter si on tente d'approcher. Ce matin, un
inuigène, passant à proximité de la pro-
priété, fut interpellé par Martin, qui lui re-
mit pour l'autorité un message ainsi libellé :
A Monsieur le général en 6tiel comman-
dant les forces de terre et de mer de-
vant la citadelle de Beni-Amtan,
J'ai l'honneur de vous prévenir que je mange-
rais les tiges de mes bottes plutôt, que de me
rendre. Vous pouvez vous attendre à de san-
glants combats avant de pénétrer dans mon
camp.
Actuellement, la propriété de Martin est
surveillée par cinq postes de gendarmes dis-
i-séminés dans la forêt.
Dans la soirée d'hier, Martin, dont on sui-
vait les mouvements avec une lorgnette,
installa autour de son habitation quatorze
détonateurs reliés par un fil de fer, puis se
cpuclia sur un sanapé qu'il avait installé au
milieu d'un jardin. Il est abondamment
pourvu de vivres et a dans une cave cent
hectos de vin. Si Martin ne se rend pas cette
nuit, des troupes seront amenées qui cerne-
ront la propriété, et, comme il est impossible
d'approcher sans risquer plusieurs vies hu-
mames hunaison sera bombardée.
-
AU PIED DU VESUVE
Les trains commencent à circuler de nocr-
veau dans la campagne vésuvienne et
portent aux sinistrés vivres et
secours
NAPLES, 14 avril. (Par dépêche de notre
correspondant particulier.) — Nous tou-
chons vraisemblablement à la fin du cata-
clysme qui vient d'ébranler si douloureuse-
ment la région vésuvienne. La montagne in-
fernale est tranquille maintenant ; le redou-
table Titan caché dans ses flancs gronde
-encore un peu, mais il ne crache plus ses
épouvantables bombes et sa grêle meur-
trière de lapilli; Il se borne à lancer dans
les airs d'énormes bouffées de cendres qui
n'encapuchonnent que d'un voile léger les
orifices de sa demeure.
Naples va reprendre peu à peu sa vie nor-
male. Il faut bien le dire, d'ailleurs, le dé-
sastre, à Naples même et dans les commu-
nes vésuviennes, a été fortement augmenté
par la panique, qui a réuni des bandes af-
folées autour d'images pieuses, panique qui
paralysait les populations dans des démons-
trations désordonnées, pendant que la cen-
dre effondrait des toits, pendant que le sable
et les pierres ensevelissaient des centaines
de victimes dans les églises. Si, au lieu
d'imiter les femmes qui, en ces dramatiques
journées, étaient excusables-de compter uni-
quement sur les litanies et les lamentations,
sur des statues de saintes' et sur un miracle
pour Mettre fin au cataclysme, les hom-
mes avaient eu le courage de nettoyer les
toits et de faire évacuer les endroits les plus
exposés aux pluies de cendres et de pierres,
styles hommes n'avaient pas donné Fexem-
ple de la peur et de l'inertie, les victimes
eussent été certainement moins nombreu-
ses. •
Les trains ont pu être remis en circulation
jusqu'à Ottajano,avec tout le matériel né-
cessaire et de grandes quantités de pain que
lès soldats distribuent dans les diverses ga-
res. Ces trains ont apporté également dans
chaque localité le matériel de la Croix-Rouge
nécessaire aux blessés de San-Giuseppe et
d'Ottagano.
Les dommages causés par l'éruption appa-
raissent maintenant dans toute leur étendue.
Ce qui frappe le plus le spectateur,
c'est la nouvelle silhouette du Vésuve, qui a
tout à fait perdu son ancienne couleur et son
ancienne forme. Le volcan a perdû son cône;
celui-ci ressemble maintenant à un chapeau
d.5 gendarme, et il est comme tronqué. Ce-
pendant, il est toujours surmonté de son ma-
gnifique panache, qui a deux ou trois fois la
Hauteur même du volcan. Il est ainsi dominé
par un ciel noir, qui semble annoncer l'orage.
L'HyÎFITON DU VESUVE. — L'église d'Ottajano. — Fouilles opérées dane les décom- .1
bres dans le but de rechercher les cadâvres.
ECHOS
D
ans les milieux politiques français, on
n'a pas jusqu'ici la confirmation de la
nouvelle donnée par un de nos confrères, et
d'après laquelle Edouard VII serait sur le
point de se rendre à Saint-Pétersbourg.
L E
Î président Roosevelt offrira le 23 avril,
à la Maison Blanche, un grand dîner en
l'honneur de l'amiral Campion et des officiers
de l'escadre française. -
M.
Clémentel, député, maire de Riom, ayant
obtenu de la Ville de Paris quelle re-
mît à Riom la statue du général Desaix, éri-
gée précédemment place Dauphine, le trans-
port du monument aura lieu par les soins de
! Automobile Club d'Auvergne,- le jeudi 19
avril.
u
ne curieuse brochure traitant de la neu-
rasthénie, l'anémie cérébrale, faibles-
ses, etc., et donnant les moyens de se guérir
en huit jours, est envoyée gratis et franco, sur
demande adressée Pharmacie Vidai, 8, rue
Molière, à Paris.
I.
es personnes désireuses de se rendre
- fin résultat des drains de Vah
dans le traitement de la constipation recevront
gratis et franco une boîte échantillon sur deo..
mande adressée 86, Bd Port-Royal, à Paris.
A'
ujourd'hui, jouf de Pâques, jour de re-
pos et jour de joie, toute la jeunesse ne
manquera pas de demander aux parents, heu-
reux de la satisfaire, de passer quelques heu-
res récréatives en se rendant à la première
des cinq grandes matinées que le Cirque Mé-
tropole va donner à l'occasion des vacances
pascales, et les petites mains vont pouvoir
applaudir le célèbre Karl Reinsch: écuyer de
S. M. l'empereur d'Autriche; la belle Ka-
minska, les extraordinaires Rixfords, Picciuti,
le roi des jockeys; l'incomparable pléiade de
clowns qui font de l'hippodrome de l'avenue
de La Motte-Picquet l'un des lieux de specta-
cle les plus divertissants de la capitale.
u
ne des joies de Pâques est d'aller se pro-
mener vers la banlieue, mais pas'-trop
loin encore. C'est pourquoi on s arrête par tra-
dition porte de Saint-Cloud, chez Cabanie, où
l'on a bon souper, bon gîte, et du champagn^
de Lizeuil qui accompagne si bien le reste.
u
n numéro entièrement consacré à. Eugène
Carrière sera publié par la revue L'A,-
tiste ; ce numéro exceptionnel contiendra douze
splendides hors-texte et sera vendu trois francs.
Un supplément sera réservé au Salon. Des
œuvres de Carrière inédites, telles que les por-
traits de Daudet et de Goncourt, seront repro-
duites dans ce numéro, dont le tirage sera
limité au nombre des souscripteurs; les abonc
nés le recevront gratuitement.
Rappelonç que l'abonnement à TJArtiste
(douze francs, douze numéros), est remboursé
pa,r des primes d'une valeur de cinquante'
francs. Leis abonnés inscrits avant le 20 avril
participent: pendant un an aux tirages de'la
Loterie de la Presse. Administration de VAr-
tiste. 80, rue Taitbout, Paris.
p
âqfues! un mot qui résonne joyeusement
aux oreilles des enfants, car il évoque à
leur esprit une série de fêtes charmantes. Aussi
Bcstock, qui donne ses dernières représenta-
tions avant son départ pour l'Amérique, a-t-il
décidé de célébrer cettè date heureuse en of-
frant aux familles des matinées spéciales agré-
mentées d'attractions inédites, aujourd'hui, de-
main, mardi, mercredi et jeudi.. Les petits
Parisiens ne laisseront pas partir Bans
aller une fois de plus applaudir les divers
numéros du merveilleux programme actuel,
sans oublier Myaki, dont les leçons de jiu-
jitsu constituent un enseignement ai utile, en
même temps qu'un spectacle passionnant.
Ce soir a lieu le match sensationnel' de
Gambier contre Myaki.
JOINVILLE.
Carnet d'un Sauvage
Les personnes qui S'étonnent de voir les
militaires se mettre aussi aisément au cou-
rant de la tâche des facteurs, auraient été
bien autrement stupéfaites, si elles avaient
vu, dans un département que je n'ai pas be-
soin de nommer, mais qu'il me suffit d'indi-
quer comme étant entouré u eau, un brave
facteur rural qui ne savait ni, lire, ni écrire.
Votts me demanderez comment il s'y pre-
nait pour distribuer les lettres. Rien n'était
plus simple. Il ouvrait sa boîte devant les
gens, qui y prenaient ce qui était à leur
adresse. C'est même ce procédé qui fit dé-
couvrir son insuffisance, attendu qu'un jour,
comme un habitant qui puisait prenait cinq
ou six plis, notre facteur se fâcha, et lui cria
qu'il en emportait trop, et qu'il fallait en
laisser pour les autres.
Ce joli spécimen du favoritisme électoral
eut son pendant dans un autre pays, où, me
trouvant dans un café, en mal d'élection, je
fis demander le tambour de ville. On ma
présenta un homme qui baragouinait des
sons étranges et n'entendait rien de ce qu'on
lui disait. •
— iMais il est sourd ? m'écriai-je.
— Il est mieux que cela, me répondit-on
avec sérénité. C'est un pauvre diable sans
ressources. Il est sourd et muet. Nous en
avons fait un crieur public 1
On conviendra que cet emploi. était pour
lui plus difficile à tenir que celui de facteur
pour un militaire. Il s'en acquittait pourtant
tant bien que mal.
Ceci -soit dit pour démontrer combien on a
tort de. se croire indispensable dans ce mon-
de, et comme il sied d'y regarder à plu-
sieurs fois avant de sacrifier une place, que
tant d'autres sont prêts, à occuper. Je suis
sûr que les facteurs qui viennent d'être ré-
voqués avaient longtemps sollicité leur ad-
mission avant de l'obtenir. Les Voilà au-
jourd'hui bien avancés. Que vont-ils deve-
nir
Ces sont, de braves gens, j'en suis-sûr, et
Îéur4 réclamations étaient sans doute fort
légitimes. Mais quoi ? Ils n'empêcheront ja-
mais je public de se faite ce raisonnement :
pourquoi réclamer avec tant d'instan-
ces une place que voua trouver abomina-
ble dès\qu'on vous l'a accordée?
Henry Maret,
0
Voir en 3* page :
L'INSPIRATION
eu CABAN S ACHE
EfRIOWE TttE
> 1 ST-G(IUIH-fN-Un
Sur le point d'être abandonnée par son
amant, une hôtelière le surprend au
lit pendant son sommeil lui tire
onze coups de revolver dans
la tête
Un violent coup de cloche faisait tressau-
ter, à minuit, le planton de garde; à la ca-
serne des gendarmes de Saint-Germain-en-
Laye, rue cie Paris.
Une femme de taille moyenne, brune,
assez jolie, aux yeux clairs, dont les vête-
ments et les mains étaient noyés de sang
se présentait à lui.
— Arrêtez-moi. Je viens me livrer. Je
suis une grande criminelle; j'ai tué mqn
amant. 04, je l'ai tué. Il est bien mort.
Et; ceci dit, la femme entra.
Le gendarme éveilla aussitôtiie capitaine
Mercier, qui interrogea la nocturne visi-
teuse , -
C'était une hôtelière-logeuse, Mme Yvonne
Martin, née Travoëz, originaire de la Bre-
tagne et établie au numéro 3, de la. rue du
Vieux-Marché, à Saint-Germain-en-Laye.,
En instance de divorce avec son mari, qui
réside actuellement à Bordeaux, Mme Mar-
tin, après avoir été cuisinière dans une ho-
norable famUle de Monlesson, s'était amassé
qùelques miniers de francs'd'économies, qui
lui avaient permis de reprendre un jpelit
fonds de marchand do vins, rue( du Marché,
au Vésinet.. • •
Les adorateurs affluèrent : Mme Martin,
qui n'avait-pas été heureuse avec son mari,
cacha son paasé. et pensa que tout en lais-
sant se poursuivre l'interminable procédure
de l'instance en divorce, elle aurait le temps
de choisir parmi ses assidus un homme, qui
saurait lui rendre la vie agréable.
Un beau parleur, Armand Binet, âgé de
quarante ans, taillé en. hercule, le visage
barré d'une grosse moustache brune, fut
l'heureux élu de la marchande de vins.,
Il possédait une petite boutique de cordon-
nier-au numéro 15 de la rue .Latérale,' où il
s'était fixé en venant de Bougival, abandon-
nant là,, une jeune ouvrière avec deux en-
fants.
• Le cordonnier et la marchande de vins se
mirent en ménage et comme cette naison fai-
sait « jaser » dans le pays, Mme Martin, qui
possédait encore quatre ou cinq mille francs
d'économies, suivit Binet à Saint-Germain
en-Laye, ou ils reprirent, voici exactement
six mois, l'exploitation d'un hôtel, 3, rue (hy
Vieux-Marché, à l'enseigne bien connue du
« Canpn Rayé ».
Des âmes charitables avaient cru bon d'a-
vertir Mme Martin.
— Prenez garde : Binet est un volage, un
« cœur d'artichaut », il n'en veut qu'à votre
argent.
— Non, avait répondu Yvonne la Bre-
tonne, non, j'ai la plus grande confiance en
rïKm&u'ieutfU- ei'ûuia,. s'A ..en..était plus tard
comme vous dites, je saurais me venger.
La vengeance
La scène épouvantabLe que nous allons
narrer se passa safts -témoin, ^et c'est de là
bouche môme de la jeune femme criminelle
que l'on tient les détails de cette sanglante
tragédie. •
— Ecoutez, dit la femme Martin au capi-
taine Mercier, je regrette bien sincèrement
ce que j'ai fait, iaais quand vous saurez
toute la vérité, vous comprendrez pourquoi
j'ai agi ainsi.
Les premiers débuts de notre liaison lu-
rent ni gais "ni tristes. J'avais de l'argent.
Tandis que je m'occupais fidèlement de mes
fonctions, à l'hôtel et dans la boutique,
Binet se contentait d'aller chercher le pois-
son chaque matin aux .Halles. Véritable
désœuvré, n'ayant jamais pris la peine de
s'occuper de sa boutique de cordonnier, qui
est toujours fermée, au Vésinet, il se laissait
vivre. et me trompait outrageusement. Je
ne tardais pas à m'apercevoir que l'ardente
flamme de son amour baissait à mesure que
mes économies, si péniblement amassées,
s'en-allaient au. gré de ses fantaisies. Bi-
net se montrait chaque jour de plus en plus
indifférent, me parlant avec dédain, me bru-
talisant presque. A la fin, les querelles
étaient devenues si fréquentes que nous ne
pouvions plus nous trouver une demi-heure
ensemble..
Vers huit heures du soir, après avoir prid
notre dîner, lui dsaiis le débit, moi dans ta
cuisine, Binet manifesta l'intention d'aller
se coucher- •
- Tu ne, m'embrasses pas ? lui deman-
dai-jé. ,
— Non. J'en ai assez de cette existence,
me répondit-il ; ton divorce ne u marche paso
plus ndus tLlIo ns, moins nous nous enfen-
dons ; je sens que bientôt tout sera fini en-
tre noua.
A neuf heures, poursuit la femme Martin,
je montais me coucher à mon tour. Binet ne
dormait-pàs.
,..,. Embrasse-mpi, insistai-je pour • la se-
conde fois. -<.
— ion,, non, ;mÍHe lois non: je tai dit
que « tout était fini
Et. sur -ces dernier, mots, prdfïoncé^ avec
colère, Je misérahlerne tourua le dos.
Lentement, je me déshabillai et. me cou-
chai sans bruit à son >côté. XI me fut impos-
sible de Jermer l'ceil, En une demi-heure^ je
me remémorai tous les actes de ma -vimon enfance, là-bas, en Bretagnc. le-; pre-
mières années de mon mariage avec Mar-
tin, les belles promesses vite envolées, lés
amertumes et les déceptkns. Un voile rou-
ge passa dans: mes yeua.
Binet, maintenant, sommeillait l'âme Iran,,
quille, comme si aucun remords ne contrM-
riait ses réves.,.,Qui il rivait à l'autre pour
laquelle il niè délaissait.,.
- un revolver bull-dog que je -m'étais' pro- *
curé jadis pour me garder contre les ana-
ques des malfaiteurs était là, à portée de ma
main, dans le tiroir de la commode, et, a
coté, une boîte de cartouches.
'Je me levai sans bruit,'et, après avoir al.
lumé: faiblement la lampe, en m'assurant
que mon amant ne s'était pas éveillé, je ve.
nai me recoucher, après avoir glissé I arme
sous morii oreiller.
Longtemps j'hésitai encore : Binet dor-
mait toujours, il ronflait même, lorsque je
pris la résolution suprême dassouvir ma
vengeance. M'étant agenouillée sur le lit,
je saisis le revolver, puis Visant bien-a. la
tempe gauche, je fis feu, coup sur coup; lo-
geant les six balles dans le crâne -de nia
victime.
Binei, frappé à mort, se leva, les yeux ha-
gards ; je le vois encore, inondé de sang, es-
sayant de se lever, tendant les bras en
avant.
Il n'en eut ni le temps ni la force ; à peine
murarura-t-il faiblement, à deux reprises:
« A. moi ! A m.,. » Mais les mots' s arrêtè-
rent dans sa gorge et il s'abattit au pied du
lit. -
Comme la mort ne venait pas assez vite,
je rechargeai mon revolver et le tirai en-
core cinq balles dans la tête. de mon amant,
qui, cette fois, resta immobile sur le car.
reau. ,
- Après cette déposition, la femme Martin
fut prise d'une violente cri^e de larmes et
manifesta un profond repeptir, disant à plu*
sieurs reprises qu'elle regrettait ce qu'elle
avait Yail.
,
Accompagné de M. Càrrette, commissaire
de police de Saint-Germain, le capitaine Mer-
cier, procéda aux constatations rue du
Vieux-Marché et trouva en effet le cadavre
defeinet, baignant dans une flaque de sang,
au .pied du bit; comme l'avait laissé la fem-
me Martin.
A la Morgue du - iiouveau cimet-ief e, M. le
docteur Lauth, médecin légiste, -.etRmina les
plaies horribles de. la victime, complètement
défigurée, et retrouva effectivement jes tra-
ces des onze ballea.
Durant une grande partie de la matinée,
une foule, considérable n'a cessé de ^tatjon-
ner devant l'hôtel dû « Canon Rayé », où
M. Carre-tte avait dû établir un service d'or-
dre. -
Dans l'après-midi, la femme Martin a éié
dirigée sur la prison de Versailles- — An-
THUR DUPIN. :, '•
LA GRÈVE DES FACTEURS
L'INCIDENT TOUCHE A SA FIN
La plupart des facteurs ont réintégré les bureaux
et la grève est considérée comme terminée
La grève n'engendre pas la mélancolie. — Cet instantané représente un groupe de fac-
teurs Grévistes buvant à la continuation de la grève, aux environs du Tivoli-Vauxhall.
Le vote de la « grève générale IJ, obtenu
péniblement à la fin du meeting de l'autre
nuit au Tiyoli-Vauxhall, n'a trouvé aucun
écho parmi le nombreux personnelle. l'ad-
ministration des postes. De l'avis ues plus
autorisés, cette grève des facteurs d'impri-
més en est il son déclin, pour les autres elle
est virtuellement terminée.
A ce sujet, M. Joyeux, directeur général
des postes, faisait, hier, cette intéressante
déclaration :
Nombre de grévistes, qui n'avaient pas
été révoqués, se sont empressés de repren-
dre'leur service à la première heure ; on en
a compté 48 à la recette principale ; 50 à la
recette du dix-huitième arrondissement.
Les facteups-réleveurs, qui, les. premiers,
avaient organisé le mouvement, rentrent
également un à un.
Sur 25 commis surnuméraires en grève,
13 sont rentrés.
Si la grève générale n'avait pas été votée,
l'autre nuit, le travail aurait repris complé-
tement.
D'ailleurs, à dire vrai, le mouvement des
grévistes n'a jamais été d'une gravité ex-
ceptionnelle ; c'est ainsi que l'administra-
tion des postes comprend, entre agents et
sous-agents, près de 13,000 employés ; or, il
n'y a jamais eu que 2,000 grévistes ; actuel-
lement, ils sont encore 1,200.
Il convient de dire, d'ailleurs, que le Co-
mité de l'Association générale des agents
s'est prononcé çontre la. grève, se séparant
ainsi du secrétaire général de ce groupe
ment, M. Subra, et de son collègue, M.
Vallé. •
Les membres dissidents de TAsiSociatiot
HUIT PAGES --M% Le Numéro quotidien (Paris et Départements) — CINQ CENTIMES
DINIAN,'CHF, AVRIL 1906
FERNAND XX U, Tondaient
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Adresser les mandats-poste & M. l'Administrateur
Adresse télégraphique : JOURNAL - RICHELIEU - PARIS.
JolI mamucrUl non insérés nt. sont pas rendm
VIOLETTE ET MKB3 :..
flEURS D ÉLECTIOH
'Il ne s'agit point loi de chanter la
féerie du printemps ni de préparer les
tectrices du Journal aux joies délicieu-
ses de l'Exposition d'horticulture, ni de
célébrer l'ouverture du Salon de la So-
ciété nationale qui chaque année mé-
nagé la complicité de la plus délicate
éiégance féminine- aux succès de son
vernis-sage. Il ne s'agit ni de natures
mortes, ni de randonnées aux champs,
ni de falbalas, ni de joyaux fleuris, mais
'de politique. Les violettes et les narcis-
ses représentent, en effet, les deux par-
tis qui, en ce moment, se disputent, à
Suffolk, les suffrages des électeurs.
Ces deux jolies fleurs n'étaient-elles
pas les seuls emblèmes dignes des char-
mants adversaires lady Mary Hamilton
et miss Pearson. Celle-ci est la femme
du candidat libéral. Celle-là est la fian-
cée du candidat conservateur lord
Graham. Lady Mary a choisi la violette
pour fleur de sa croisade et parcourt le
pays avec une automobile toute fleurie
de violettes ; l'autre, redoutant Les pan-
nes, a gardé la Victoria pour plate-
forme mais est escortée d'un escadron
ailé de jeunes filles cyclistes dont les
guidons garnis de datlodils (narcisses)
donnent aux villageois l'illusion que
leurs prairies se mettent à couriT les
routes..
Le fiancé d'un côté et le mari de L „au-
tre attendent en une douce quiétude
t'issue de ce très noble et très généreux
concours.
La fiancée de lord uraiiaiu i puuvaiu
moins faire que de mener la lutte. C'est
elle, en effet, qui a imposé à celui-ci
l'obligation de se présenter. Combien sa
conduite jest louable ! L'une de nos pou-
pées ambitieuses de France n'aurait pas
manqué de signifier avant d'accorder sa
main qu'elle entendait épouser un
homme politique, un homme pouvant
prétendre aux honneurs du pouvoir. Et
ayant ainsi jeté au tumulte des flots
l'anneau de fiançailles, elle aurait re-
gardé du rivage le malheureux candidat
plonger et se débattre. Lady Mary Ha-
milton, l'une des femmes les plus ri-
ches du royaume, a courageusement ac-
cepta la responsabilité de sa décision.
Instruite, éloquente, elle s'est hardi-
ment soumise aux dures conditions de
la vie politique. Elle saura par elle-mê-
me ce que coûte la conquête ambitieuse
des situations publiques et, si son mari
entre au Parlement, elle comprendra
que le succès ne dépend pas toujours
de l'effortp^onn-el. Elle connaîtra, en
outre, les problèmes de la vie parlemen-
taire, elle s'intéressera aux débats des
Communes et ne posera pas à son-mari
tes questions niaises et décourageantes
que posent aux hommes les femmes qui
veulent de bonne volonté les mettre sur
un sujet famiLier.
Waiâ aoïnbi^n;-j'admire aussi la vail-
lance de Mrs Peàrson qui n'a point lais-
sé son époux se démener contre la dan-
gereuse puissance d'une femme et a con-
senti à opposer à l'adversaire sa propre
séduction. Elle aura fort à faire. Le pres-
tige de la fiancée est supérieur à celui de
Sa femme-.déjà en possession de mari.
Les paysans du comté de Suffolk ont
placé à l'entrée de la place où se tien-
nent les meetings de grandes pancartes
portant ces mots : « Suffolk conserva-
teur veut faire un cadeau de mariage à
tady Marv Hiamilton en nommant son
marquis (her marquis). »
Le narcisse a donc à lutter contre la
gêneuse impulsion des électeurs qui
voient sous la violette une idylle amou-
reuse.
Ces préoccupations resteront îori
étrangères à la campagne électorale
qui commence de ce côté-ci du détroit.
Les murs de la ville et des villages,
les poteaux télégraphiques, et même les
arbres des routes vont recevoir, hélas. !
l'attristante illustration des affiches des
candidats. Telle est la réplique que l'hu-
manité tapageuse oppose aux gracieuses
et exquises harmonies de la nature.
Quand les femmes se mêleront ouver-
tement à nos luttes/elles y apporteront,
je pense, Leur élégance.. Alors disparaî-
tront les désaccords de nos couleurs et
du, printemps. Ce ne sera point une
compensation négligeable aux petits en-
nuis qu'éprouveront les hommes dans le
trouble de leurs habitudes. « Où est
Madame ? demandera Monsieur en ren-
trant. — Monsieur, répondra, la bonne,
Madame vient d'être appelée à la per-
manence du Comité afin d'y rédiger une
réponse à la dernière affiche de nos ad-
versaires. Monsieur ne la connaît peut-
être pas. Mais Monsieur partagera sans
doute l'indignation de Madame quand il
saura qu'on accuse Madame de s'être
débarrassée de son petit dernier en le
vouant aux caprices de l'air dans la na-
celle d'un ballon non dirigeable. Ma-
dame pense répondre à cette accusation
ridicule par l'envoi à chaque électeur
d'une photographie en couleurs de Ba-
by, dont l'existence actuelle'sera cons-
tatée et certifiée par M. le maire. »
Attendons ces temps heureux où nous
verrons l'œillet, lutter avec la jacinthe,
te lilas avec la giroflée, et, dans l'ordre
réaliste, le topinambour avec la pomme
de terre.
Il est réservé aux femmes d'introduire
dans la bataille politique ces procédés
nouveaux propres à la moraliser. Elles
seules sont capables d'associer ainsi à
leur propre cause la cause du bon goût
et de la vérité.
On aurait tort de chercher dans ces
appréciations un trait d'ironie ou un
grain de scepticisme. Etant de ceux qui
s'attachent surtout à l'observation des;
faits, j'aperçois dans ces manifestations
féminines en Angleterre autre chose
qu'une originalité excessive. La campa-
gne électorale de Suffolk n'aurait d'au-
tre importance que. celle d'uri fait-divers
amusant si elle révélait, seulement l'an-
tagonisme de deux femmes et l'opposi-
tion de deux fleurs. Mais elle est la
moindre des épisodes d'une lutte géné-
rale où les femmes ont joué un rôle pr-é-
nondérant. ,
Pour le mieux faire comprendre, je vais
reproduire ici la conversation que j'ai
eue, l'un de ces jours derniers, avec
l'une des adeptes du Working womens
political and social union. Cette Asso-
ciation, dont le titre définit bien le pro-
gramme (mot à mot : l'Union politique
et sociale des femmes travailleuses), a
acquis au cours des dernières années
une puissance, considérable. Elle se re-
crute dans tout le monde du travail an-
glais, parmi les ouvrières comme parmi
cotte classe, si .nombreuse chez nos voi-
sins de femmes instruites et sans fortu-
ne qui gagnent leur vie sans le secours
de personne. — Mon interlocutrice, lady
Jenny R., a pris part elle-même à la
lutte "électorale d'où le parti Libéral, est
sorti victorieux.
— Vous voici, dis-je, madame, heu-
reus.e sans doute des résultats qu'a ob-
tenus la propagande de votre Ligue.
— Sans doute, le succès des libéraux
est dû en grande partie à l'intervention
des femmes dans Les élections. Mais
vous auriez tort de croire que les libé-
raux seuls ont été engagés pas nos ef-
forts. En réalité, plus çLe quatre cents
des membres de la nouvelle Chambre
se sont engagés à voter le bill accor-
dant au.*femmes le droit de suffrage.
— Cependant n'est-ii pas dans le ca-
ractère même du parti libéral d'accueil-
lir les revendications nouvelles du peu-
ple ? Et votre Union, si je ne me trompe,
est très populaire?
— Veru oood ! Nous avons, en effet,
visé particulièrement le parti libéral. En
tout pays, c'est le parti avancé qui est
le moins armé pour résister à la poussée
des .idées nouvelles. Les réunions des
libéraux ont été pour nous très fructueu-
ses. Les femmes y assistaient en très
grand nombre et, bien encadrées par
quelques-uns de nos orateurs, elles in-
terpellaient les candidats.' Si ceux-ci
voulaient se dérober, elles les interrom-
paient et rendaient impossible la conti-
nuation du meeting.
— C'est fort- bien, dis-je. Vous avez
fait là de la politique de ménage. Fais
ce que je veux, ou tu n'auras pas à dî-
ner. Naturellement, le candidat préfé-
rait céder et garder l'assiette au beurre.
— Sans doute, mais nous ne nous fai-
sons pas dHllusion sur la sincérité d'un
acquiescement ainsi donné. Nous sa-
vons très bien cRie nos élus feront de
leur mieux pour esquiver leurs engage-
ments. Libéraux et conservateurs
se mettront tacitement, d'accord pour
nous. comment dites-vous cela en bon
français?. pour nous « rouler ».
— Nulle délicatesse de la langue fran-
çaise ne vous est étrangère. Vous n'a-
vez hésité sur le mot que pour lui don-
ner toute sa valeur.
— AU Tight 1. Mais nous ne nous
:làiSS«NW-ÎHï4wW^ =». Notre, agita-
tion n'est encore qu'à ses débuts. Notre
nombre s'accroît sans cesse et nous
avons à notre tête des femmes supérieu-
res, telle que miss Pankhurst, la fille
du célèbre docteur Pankhurst. Notre
Union n'est, du reste, pas la seule As-
sociation de femmes qui travaillent
pour nos droits. Vous avez sails doute,
entendu parler de la Womens libéral Fé-
deration; qui joue dans le parti libéral
le rôle que" détient la Primerosa League
dans le parti conservateur. Lii bien ! elle
a 'à sa tête une femme admirable par
l'intelligence et le cœur, lady Carlisl.
Lady Carlisl apporte 4 notre cause toute
l'autorité de ',sa Ligué et, de plus, une
force qui domine toutes les autres, un
désintéressement absolu. C'est une
grande dame qui n'a rien à demander à
personne, nul droit à réclamer pour soi,
mais qui lutte pour les. miséreuses,
pour l'immense troupeau des oppri-
mées. Mais vous souriez. Vous voilà
bien, monsieur le Français. Comme
tous les porte-culotte de votre pays,
vous ne pouvez longtemps garder votre
sérieux en parlant du droit politique des
femmes.
— Non, non, fis-je, ne vous mépre-
nez pas. Je vous ai écoutée avec le plus
vif intérêt. Seulement, à la fin. de votre
petit discours, tandis que vous vous ani-
mi,ez, alors que vous alliez donner l'as-
saut à la forteresse des lois masculines,
il me venait une idée amusante.. De
l'histoire de votre pays, il se dégage une
grande loi politique. C'est que le parti
libéral promet Les t'étonnes et que les
conservateurs les réalisent. Et je pensais
que ce serait en somme un spectacle cu-
rieux que de voir le gouvernement de
la vieille Angleterre livré aux femmes
par les conservateurs.
- PIERRE BAUDIN.
LE FORT fiS BEffl-AMRAN
Le colon Martin tient toujours en échec
la force publique
ALGER, 14 avril. (Par dépêche de notre cor-
respondant particulier.) — Malgré un grand
déploiement de force publique et en dépit
d'injonctions réitéras, Martin, le colon qui,
à Beni-Amran, a transforme sa ferme en for-
teresse, persiste à refuser de se rendre.
Cette situation est cause d'un curieux état
d'esprit chez les indigènes, qui comprennent
difficilement qu'un simple fermier tienne en
échec toute une brigade de gendarmerie, des
troupes et une nuée de fonctionnaires.
Le bruit court avec persistance que Mar-
tin a miné sa maison et s'apprête à là. faire
sauter si on tente d'approcher. Ce matin, un
inuigène, passant à proximité de la pro-
priété, fut interpellé par Martin, qui lui re-
mit pour l'autorité un message ainsi libellé :
A Monsieur le général en 6tiel comman-
dant les forces de terre et de mer de-
vant la citadelle de Beni-Amtan,
J'ai l'honneur de vous prévenir que je mange-
rais les tiges de mes bottes plutôt, que de me
rendre. Vous pouvez vous attendre à de san-
glants combats avant de pénétrer dans mon
camp.
Actuellement, la propriété de Martin est
surveillée par cinq postes de gendarmes dis-
i-séminés dans la forêt.
Dans la soirée d'hier, Martin, dont on sui-
vait les mouvements avec une lorgnette,
installa autour de son habitation quatorze
détonateurs reliés par un fil de fer, puis se
cpuclia sur un sanapé qu'il avait installé au
milieu d'un jardin. Il est abondamment
pourvu de vivres et a dans une cave cent
hectos de vin. Si Martin ne se rend pas cette
nuit, des troupes seront amenées qui cerne-
ront la propriété, et, comme il est impossible
d'approcher sans risquer plusieurs vies hu-
mames hunaison sera bombardée.
-
AU PIED DU VESUVE
Les trains commencent à circuler de nocr-
veau dans la campagne vésuvienne et
portent aux sinistrés vivres et
secours
NAPLES, 14 avril. (Par dépêche de notre
correspondant particulier.) — Nous tou-
chons vraisemblablement à la fin du cata-
clysme qui vient d'ébranler si douloureuse-
ment la région vésuvienne. La montagne in-
fernale est tranquille maintenant ; le redou-
table Titan caché dans ses flancs gronde
-encore un peu, mais il ne crache plus ses
épouvantables bombes et sa grêle meur-
trière de lapilli; Il se borne à lancer dans
les airs d'énormes bouffées de cendres qui
n'encapuchonnent que d'un voile léger les
orifices de sa demeure.
Naples va reprendre peu à peu sa vie nor-
male. Il faut bien le dire, d'ailleurs, le dé-
sastre, à Naples même et dans les commu-
nes vésuviennes, a été fortement augmenté
par la panique, qui a réuni des bandes af-
folées autour d'images pieuses, panique qui
paralysait les populations dans des démons-
trations désordonnées, pendant que la cen-
dre effondrait des toits, pendant que le sable
et les pierres ensevelissaient des centaines
de victimes dans les églises. Si, au lieu
d'imiter les femmes qui, en ces dramatiques
journées, étaient excusables-de compter uni-
quement sur les litanies et les lamentations,
sur des statues de saintes' et sur un miracle
pour Mettre fin au cataclysme, les hom-
mes avaient eu le courage de nettoyer les
toits et de faire évacuer les endroits les plus
exposés aux pluies de cendres et de pierres,
styles hommes n'avaient pas donné Fexem-
ple de la peur et de l'inertie, les victimes
eussent été certainement moins nombreu-
ses. •
Les trains ont pu être remis en circulation
jusqu'à Ottajano,avec tout le matériel né-
cessaire et de grandes quantités de pain que
lès soldats distribuent dans les diverses ga-
res. Ces trains ont apporté également dans
chaque localité le matériel de la Croix-Rouge
nécessaire aux blessés de San-Giuseppe et
d'Ottagano.
Les dommages causés par l'éruption appa-
raissent maintenant dans toute leur étendue.
Ce qui frappe le plus le spectateur,
c'est la nouvelle silhouette du Vésuve, qui a
tout à fait perdu son ancienne couleur et son
ancienne forme. Le volcan a perdû son cône;
celui-ci ressemble maintenant à un chapeau
d.5 gendarme, et il est comme tronqué. Ce-
pendant, il est toujours surmonté de son ma-
gnifique panache, qui a deux ou trois fois la
Hauteur même du volcan. Il est ainsi dominé
par un ciel noir, qui semble annoncer l'orage.
L'HyÎFITON DU VESUVE. — L'église d'Ottajano. — Fouilles opérées dane les décom- .1
bres dans le but de rechercher les cadâvres.
ECHOS
D
ans les milieux politiques français, on
n'a pas jusqu'ici la confirmation de la
nouvelle donnée par un de nos confrères, et
d'après laquelle Edouard VII serait sur le
point de se rendre à Saint-Pétersbourg.
L E
Î président Roosevelt offrira le 23 avril,
à la Maison Blanche, un grand dîner en
l'honneur de l'amiral Campion et des officiers
de l'escadre française. -
M.
Clémentel, député, maire de Riom, ayant
obtenu de la Ville de Paris quelle re-
mît à Riom la statue du général Desaix, éri-
gée précédemment place Dauphine, le trans-
port du monument aura lieu par les soins de
! Automobile Club d'Auvergne,- le jeudi 19
avril.
u
ne curieuse brochure traitant de la neu-
rasthénie, l'anémie cérébrale, faibles-
ses, etc., et donnant les moyens de se guérir
en huit jours, est envoyée gratis et franco, sur
demande adressée Pharmacie Vidai, 8, rue
Molière, à Paris.
I.
es personnes désireuses de se rendre
- fin résultat des drains de Vah
dans le traitement de la constipation recevront
gratis et franco une boîte échantillon sur deo..
mande adressée 86, Bd Port-Royal, à Paris.
A'
ujourd'hui, jouf de Pâques, jour de re-
pos et jour de joie, toute la jeunesse ne
manquera pas de demander aux parents, heu-
reux de la satisfaire, de passer quelques heu-
res récréatives en se rendant à la première
des cinq grandes matinées que le Cirque Mé-
tropole va donner à l'occasion des vacances
pascales, et les petites mains vont pouvoir
applaudir le célèbre Karl Reinsch: écuyer de
S. M. l'empereur d'Autriche; la belle Ka-
minska, les extraordinaires Rixfords, Picciuti,
le roi des jockeys; l'incomparable pléiade de
clowns qui font de l'hippodrome de l'avenue
de La Motte-Picquet l'un des lieux de specta-
cle les plus divertissants de la capitale.
u
ne des joies de Pâques est d'aller se pro-
mener vers la banlieue, mais pas'-trop
loin encore. C'est pourquoi on s arrête par tra-
dition porte de Saint-Cloud, chez Cabanie, où
l'on a bon souper, bon gîte, et du champagn^
de Lizeuil qui accompagne si bien le reste.
u
n numéro entièrement consacré à. Eugène
Carrière sera publié par la revue L'A,-
tiste ; ce numéro exceptionnel contiendra douze
splendides hors-texte et sera vendu trois francs.
Un supplément sera réservé au Salon. Des
œuvres de Carrière inédites, telles que les por-
traits de Daudet et de Goncourt, seront repro-
duites dans ce numéro, dont le tirage sera
limité au nombre des souscripteurs; les abonc
nés le recevront gratuitement.
Rappelonç que l'abonnement à TJArtiste
(douze francs, douze numéros), est remboursé
pa,r des primes d'une valeur de cinquante'
francs. Leis abonnés inscrits avant le 20 avril
participent: pendant un an aux tirages de'la
Loterie de la Presse. Administration de VAr-
tiste. 80, rue Taitbout, Paris.
p
âqfues! un mot qui résonne joyeusement
aux oreilles des enfants, car il évoque à
leur esprit une série de fêtes charmantes. Aussi
Bcstock, qui donne ses dernières représenta-
tions avant son départ pour l'Amérique, a-t-il
décidé de célébrer cettè date heureuse en of-
frant aux familles des matinées spéciales agré-
mentées d'attractions inédites, aujourd'hui, de-
main, mardi, mercredi et jeudi.. Les petits
Parisiens ne laisseront pas partir Bans
aller une fois de plus applaudir les divers
numéros du merveilleux programme actuel,
sans oublier Myaki, dont les leçons de jiu-
jitsu constituent un enseignement ai utile, en
même temps qu'un spectacle passionnant.
Ce soir a lieu le match sensationnel' de
Gambier contre Myaki.
JOINVILLE.
Carnet d'un Sauvage
Les personnes qui S'étonnent de voir les
militaires se mettre aussi aisément au cou-
rant de la tâche des facteurs, auraient été
bien autrement stupéfaites, si elles avaient
vu, dans un département que je n'ai pas be-
soin de nommer, mais qu'il me suffit d'indi-
quer comme étant entouré u eau, un brave
facteur rural qui ne savait ni, lire, ni écrire.
Votts me demanderez comment il s'y pre-
nait pour distribuer les lettres. Rien n'était
plus simple. Il ouvrait sa boîte devant les
gens, qui y prenaient ce qui était à leur
adresse. C'est même ce procédé qui fit dé-
couvrir son insuffisance, attendu qu'un jour,
comme un habitant qui puisait prenait cinq
ou six plis, notre facteur se fâcha, et lui cria
qu'il en emportait trop, et qu'il fallait en
laisser pour les autres.
Ce joli spécimen du favoritisme électoral
eut son pendant dans un autre pays, où, me
trouvant dans un café, en mal d'élection, je
fis demander le tambour de ville. On ma
présenta un homme qui baragouinait des
sons étranges et n'entendait rien de ce qu'on
lui disait. •
— iMais il est sourd ? m'écriai-je.
— Il est mieux que cela, me répondit-on
avec sérénité. C'est un pauvre diable sans
ressources. Il est sourd et muet. Nous en
avons fait un crieur public 1
On conviendra que cet emploi. était pour
lui plus difficile à tenir que celui de facteur
pour un militaire. Il s'en acquittait pourtant
tant bien que mal.
Ceci -soit dit pour démontrer combien on a
tort de. se croire indispensable dans ce mon-
de, et comme il sied d'y regarder à plu-
sieurs fois avant de sacrifier une place, que
tant d'autres sont prêts, à occuper. Je suis
sûr que les facteurs qui viennent d'être ré-
voqués avaient longtemps sollicité leur ad-
mission avant de l'obtenir. Les Voilà au-
jourd'hui bien avancés. Que vont-ils deve-
nir
Ces sont, de braves gens, j'en suis-sûr, et
Îéur4 réclamations étaient sans doute fort
légitimes. Mais quoi ? Ils n'empêcheront ja-
mais je public de se faite ce raisonnement :
pourquoi réclamer avec tant d'instan-
ces une place que voua trouver abomina-
ble dès\qu'on vous l'a accordée?
Henry Maret,
0
Voir en 3* page :
L'INSPIRATION
eu CABAN S ACHE
EfRIOWE TttE
> 1 ST-G(IUIH-fN-Un
Sur le point d'être abandonnée par son
amant, une hôtelière le surprend au
lit pendant son sommeil lui tire
onze coups de revolver dans
la tête
Un violent coup de cloche faisait tressau-
ter, à minuit, le planton de garde; à la ca-
serne des gendarmes de Saint-Germain-en-
Laye, rue cie Paris.
Une femme de taille moyenne, brune,
assez jolie, aux yeux clairs, dont les vête-
ments et les mains étaient noyés de sang
se présentait à lui.
— Arrêtez-moi. Je viens me livrer. Je
suis une grande criminelle; j'ai tué mqn
amant. 04, je l'ai tué. Il est bien mort.
Et; ceci dit, la femme entra.
Le gendarme éveilla aussitôtiie capitaine
Mercier, qui interrogea la nocturne visi-
teuse , -
C'était une hôtelière-logeuse, Mme Yvonne
Martin, née Travoëz, originaire de la Bre-
tagne et établie au numéro 3, de la. rue du
Vieux-Marché, à Saint-Germain-en-Laye.,
En instance de divorce avec son mari, qui
réside actuellement à Bordeaux, Mme Mar-
tin, après avoir été cuisinière dans une ho-
norable famUle de Monlesson, s'était amassé
qùelques miniers de francs'd'économies, qui
lui avaient permis de reprendre un jpelit
fonds de marchand do vins, rue( du Marché,
au Vésinet.. • •
Les adorateurs affluèrent : Mme Martin,
qui n'avait-pas été heureuse avec son mari,
cacha son paasé. et pensa que tout en lais-
sant se poursuivre l'interminable procédure
de l'instance en divorce, elle aurait le temps
de choisir parmi ses assidus un homme, qui
saurait lui rendre la vie agréable.
Un beau parleur, Armand Binet, âgé de
quarante ans, taillé en. hercule, le visage
barré d'une grosse moustache brune, fut
l'heureux élu de la marchande de vins.,
Il possédait une petite boutique de cordon-
nier-au numéro 15 de la rue .Latérale,' où il
s'était fixé en venant de Bougival, abandon-
nant là,, une jeune ouvrière avec deux en-
fants.
• Le cordonnier et la marchande de vins se
mirent en ménage et comme cette naison fai-
sait « jaser » dans le pays, Mme Martin, qui
possédait encore quatre ou cinq mille francs
d'économies, suivit Binet à Saint-Germain
en-Laye, ou ils reprirent, voici exactement
six mois, l'exploitation d'un hôtel, 3, rue (hy
Vieux-Marché, à l'enseigne bien connue du
« Canpn Rayé ».
Des âmes charitables avaient cru bon d'a-
vertir Mme Martin.
— Prenez garde : Binet est un volage, un
« cœur d'artichaut », il n'en veut qu'à votre
argent.
— Non, avait répondu Yvonne la Bre-
tonne, non, j'ai la plus grande confiance en
rïKm&u'ieutfU- ei'ûuia,. s'A ..en..était plus tard
comme vous dites, je saurais me venger.
La vengeance
La scène épouvantabLe que nous allons
narrer se passa safts -témoin, ^et c'est de là
bouche môme de la jeune femme criminelle
que l'on tient les détails de cette sanglante
tragédie. •
— Ecoutez, dit la femme Martin au capi-
taine Mercier, je regrette bien sincèrement
ce que j'ai fait, iaais quand vous saurez
toute la vérité, vous comprendrez pourquoi
j'ai agi ainsi.
Les premiers débuts de notre liaison lu-
rent ni gais "ni tristes. J'avais de l'argent.
Tandis que je m'occupais fidèlement de mes
fonctions, à l'hôtel et dans la boutique,
Binet se contentait d'aller chercher le pois-
son chaque matin aux .Halles. Véritable
désœuvré, n'ayant jamais pris la peine de
s'occuper de sa boutique de cordonnier, qui
est toujours fermée, au Vésinet, il se laissait
vivre. et me trompait outrageusement. Je
ne tardais pas à m'apercevoir que l'ardente
flamme de son amour baissait à mesure que
mes économies, si péniblement amassées,
s'en-allaient au. gré de ses fantaisies. Bi-
net se montrait chaque jour de plus en plus
indifférent, me parlant avec dédain, me bru-
talisant presque. A la fin, les querelles
étaient devenues si fréquentes que nous ne
pouvions plus nous trouver une demi-heure
ensemble..
Vers huit heures du soir, après avoir prid
notre dîner, lui dsaiis le débit, moi dans ta
cuisine, Binet manifesta l'intention d'aller
se coucher- •
- Tu ne, m'embrasses pas ? lui deman-
dai-jé. ,
— Non. J'en ai assez de cette existence,
me répondit-il ; ton divorce ne u marche paso
plus ndus tLlIo ns, moins nous nous enfen-
dons ; je sens que bientôt tout sera fini en-
tre noua.
A neuf heures, poursuit la femme Martin,
je montais me coucher à mon tour. Binet ne
dormait-pàs.
,..,. Embrasse-mpi, insistai-je pour • la se-
conde fois. -<.
— ion,, non, ;mÍHe lois non: je tai dit
que « tout était fini
Et. sur -ces dernier, mots, prdfïoncé^ avec
colère, Je misérahlerne tourua le dos.
Lentement, je me déshabillai et. me cou-
chai sans bruit à son >côté. XI me fut impos-
sible de Jermer l'ceil, En une demi-heure^ je
me remémorai tous les actes de ma -vimon enfance, là-bas, en Bretagnc. le-; pre-
mières années de mon mariage avec Mar-
tin, les belles promesses vite envolées, lés
amertumes et les déceptkns. Un voile rou-
ge passa dans: mes yeua.
Binet, maintenant, sommeillait l'âme Iran,,
quille, comme si aucun remords ne contrM-
riait ses réves.,.,Qui il rivait à l'autre pour
laquelle il niè délaissait.,.
- un revolver bull-dog que je -m'étais' pro- *
curé jadis pour me garder contre les ana-
ques des malfaiteurs était là, à portée de ma
main, dans le tiroir de la commode, et, a
coté, une boîte de cartouches.
'Je me levai sans bruit,'et, après avoir al.
lumé: faiblement la lampe, en m'assurant
que mon amant ne s'était pas éveillé, je ve.
nai me recoucher, après avoir glissé I arme
sous morii oreiller.
Longtemps j'hésitai encore : Binet dor-
mait toujours, il ronflait même, lorsque je
pris la résolution suprême dassouvir ma
vengeance. M'étant agenouillée sur le lit,
je saisis le revolver, puis Visant bien-a. la
tempe gauche, je fis feu, coup sur coup; lo-
geant les six balles dans le crâne -de nia
victime.
Binei, frappé à mort, se leva, les yeux ha-
gards ; je le vois encore, inondé de sang, es-
sayant de se lever, tendant les bras en
avant.
Il n'en eut ni le temps ni la force ; à peine
murarura-t-il faiblement, à deux reprises:
« A. moi ! A m.,. » Mais les mots' s arrêtè-
rent dans sa gorge et il s'abattit au pied du
lit. -
Comme la mort ne venait pas assez vite,
je rechargeai mon revolver et le tirai en-
core cinq balles dans la tête. de mon amant,
qui, cette fois, resta immobile sur le car.
reau. ,
- Après cette déposition, la femme Martin
fut prise d'une violente cri^e de larmes et
manifesta un profond repeptir, disant à plu*
sieurs reprises qu'elle regrettait ce qu'elle
avait Yail.
,
Accompagné de M. Càrrette, commissaire
de police de Saint-Germain, le capitaine Mer-
cier, procéda aux constatations rue du
Vieux-Marché et trouva en effet le cadavre
defeinet, baignant dans une flaque de sang,
au .pied du bit; comme l'avait laissé la fem-
me Martin.
A la Morgue du - iiouveau cimet-ief e, M. le
docteur Lauth, médecin légiste, -.etRmina les
plaies horribles de. la victime, complètement
défigurée, et retrouva effectivement jes tra-
ces des onze ballea.
Durant une grande partie de la matinée,
une foule, considérable n'a cessé de ^tatjon-
ner devant l'hôtel dû « Canon Rayé », où
M. Carre-tte avait dû établir un service d'or-
dre. -
Dans l'après-midi, la femme Martin a éié
dirigée sur la prison de Versailles- — An-
THUR DUPIN. :, '•
LA GRÈVE DES FACTEURS
L'INCIDENT TOUCHE A SA FIN
La plupart des facteurs ont réintégré les bureaux
et la grève est considérée comme terminée
La grève n'engendre pas la mélancolie. — Cet instantané représente un groupe de fac-
teurs Grévistes buvant à la continuation de la grève, aux environs du Tivoli-Vauxhall.
Le vote de la « grève générale IJ, obtenu
péniblement à la fin du meeting de l'autre
nuit au Tiyoli-Vauxhall, n'a trouvé aucun
écho parmi le nombreux personnelle. l'ad-
ministration des postes. De l'avis ues plus
autorisés, cette grève des facteurs d'impri-
més en est il son déclin, pour les autres elle
est virtuellement terminée.
A ce sujet, M. Joyeux, directeur général
des postes, faisait, hier, cette intéressante
déclaration :
Nombre de grévistes, qui n'avaient pas
été révoqués, se sont empressés de repren-
dre'leur service à la première heure ; on en
a compté 48 à la recette principale ; 50 à la
recette du dix-huitième arrondissement.
Les facteups-réleveurs, qui, les. premiers,
avaient organisé le mouvement, rentrent
également un à un.
Sur 25 commis surnuméraires en grève,
13 sont rentrés.
Si la grève générale n'avait pas été votée,
l'autre nuit, le travail aurait repris complé-
tement.
D'ailleurs, à dire vrai, le mouvement des
grévistes n'a jamais été d'une gravité ex-
ceptionnelle ; c'est ainsi que l'administra-
tion des postes comprend, entre agents et
sous-agents, près de 13,000 employés ; or, il
n'y a jamais eu que 2,000 grévistes ; actuel-
lement, ils sont encore 1,200.
Il convient de dire, d'ailleurs, que le Co-
mité de l'Association générale des agents
s'est prononcé çontre la. grève, se séparant
ainsi du secrétaire général de ce groupe
ment, M. Subra, et de son collègue, M.
Vallé. •
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