Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1916-03-31
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 mars 1916 31 mars 1916
Description : 1916/03/31 (N14130,A39). 1916/03/31 (N14130,A39).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75205108
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/07/2012
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5cent Le Numéro
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18 fr. 9 fr. 4 50 1 sa
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Union Postale
36 fr. 18 fr. Osa*'
L'Internationale
ET LA
Sozial-Démocratie
La création, au Reichstag', d'une .frac-
membres grlu-~ip
tion de dix-huit membres groupés sous
l'êtiquette « Union socialiste des tra-
vailleurs » rend quelques espérances
aux internationalistes qui n'en, avaient
plus. Il faut s'attendre sous peu à une
nouvelle conférence de Zimmerwald.
Faut-il idire que les ponts, coupés de-
puis le 4 août 1914 entre les socialistes
« alliés » et les socialistes teutons ne
seront pas aisément reconstruits, même
a l'aide de la Soz ialdemokratie des tra-
vailleurs ? Le député socialiste belge
Jules Destrée a déclaré qu'il reculerait
d'horreur devant les mains des « kama-
rades » d'outre-Rhin,teintes du sang in-
nocent de ses compatriotes ; nous ver-
rons s'il y aura des sociahstes anglais
ou français pour qui la tache rouge sera
lavée par Haase et ses disciples
Les démonstrations de Liebknecht,
de Ledebour et d'autres — nous ne
l'oublierons jamais — ne se sont pas
produites à l'heure même où les puis-
santes organisations ouvrières de l'Al-
lemagne pouvaient élever la voix con-
tré le crime en préparation ; le lleiclis-
ta'g. fut unanime pour voter les crédits
de guerre, c'est-à-dire le moyen de l'a-
gression. Les protestataires agissent
lorsque le mauvais coup - aiboutit à l'é-
chec, lorsque le peuple lui-même est
écœuré par la série ininterrompue des
déception. C'est au vingtième mois de
la lutte qu'une minorité se détache des
socialistes assassins de la Germanie.
rM est le fait incontestable et signifi-
catif.
L'acte de Haase est sans doute d'une
grande habileté, mais il ne peut guère
influencer que la politique intérieure
de l'Empire : encore qu'il ait eu sans
doute le but de renouer sur le dos du
capital maudit les liens de-l'Internatio-
nale.
Les « minoritaires » de la Sozialdemo-
kratie ont. compris qu'ils couraient le
risque d'entendre proclamer demain la
banqueroute de leur parti, s'ils ne pre-
naient pas des assurances contre la ré-
probation d'un peuple exaspéré par
l'insuccès. Le socialisme en Allemagne
ii'luit le gage de la paix ; on Ilui eût par-
donné d'accepter la guerre avec les
compensations magnifiques de la vic-
foire, mais la défaite rendait inexcusa-
ble et sans pardon sa grande trahison.
A l'heure terrible du règlement des
comptes, les Liebknecht, les Haase et
une vingtaine d'autres pourront, à la
faveur du discours de leur président,
plaider devant leurs collèges électoraux
les circonstances atténuantes. Tout
porte à croire qu'ils gagneront leur
cause .et constitueront, selon la pro-
phétie de Bebe3, une force démocrati-
que renforcée, contre l'impérialisme
battu.
Mais les Alliés ?. Pourront-ils re-
tomber dans les erreurs passées ? M.
Pierre Renaudel accepterait peut-être
que demain le pacifisme — article d'ex-
portation pour la Sozialdemokratie —
revienne en France dans le but perfide
de nous désarmer encore avant une
nouvelle agression, mais la masse des
travailleurs français qui ont discuté
avec les Boches, dans les tranchées, à
coups de grenades, ne seront pas d'ac-
cord avec ceux qui 'traitent les rapports
franco-allemands dans la quiétude du
Palais-Bourbon ou dans les bureaux de
la toujours reconnaissante Humanité.
Il ne nous convient pas de nous li-
vrer à ce jeu de dupes, où l'on vit des
socialistes allemands se faire les four-
riers des hordes impériales. La confé-
rence de Berne, où les Boches fei-
gnaient de jeter les assises du temple
de la Paix, précéda de peu l'entrée en
campagne de Guillaume II. Voilà ce
.craie" se diront les Français, des Anglais,
fcs Russes, fussent-ils socialistes, s'ils
voient jamais se tendre vers eux les
mains sanglantes des « kamarades »
du kaiser.
..- + ab rç
C'EST LA FAUTE A LUTHER
M. Henri Massis, chez qui la haine de
tout ce qui n'est pas catholique enlève
tout souci de justice, vient d'établir quelle
était la cause de la guerre. Pour lui, c'est
Luther, « fondateur du protestantisme,
qui porte toute la responsabilité de l'af-
freux cataclysme présent ».
Il était de bon ton, jadis. d'accuser les
philosophes français die tous les malheurs
survenus. C'était la faute à Voltaire, ou à
Rousseau. On lies maudissait dians toutes
les calamités, et les prêtres, du haut de
leur chaire, les anathématisait.
D'après M. Massis, Louvain a été in-cen-
dié Reims bombardé, Ypres détruit, c'est
Luthe:- qui l'a voutu et, pour le iproUIVer, le
jeune disciple de Maurice Barrés cite l'a-
pôtre protestant : II J'appelle de mes vœux
le jour où tous les monastères seront arra-
chés, détruits, abolis.. » si vous n'étiez pas
de mauvaise foi, je vous dirais, Massis :
te Vous savez pertinemment quels étaient
ces monastères sur lesquels Luther appe-
lait la foudre divine et quelle était la vie
de débauche qu'on y menait alors.
« Vous avez pu faire la comparaison,
vous qui connaissez si bien, pour les avoir
fréquentes, les monastères d'aujourd'hui.
« Le arguments que vous avez donnés
au « Comité catholique de propagande »
sur Luther sont bien misérables. On sent
qu'ils sorit trop empruntés à messieurs les
Pètres Jésuites.
Les mailles
du filet
:—; 1..
Ou il est prouvé, par un document officiel,
que l'Allemagne, en 1915, a expédié de
Bordeaux des marchandise pour,
le Brésil.
Dans notre numéro de dimanche, nous
avons montré comment des marchandises
interdites à d'exportation pouvaient sortir du
Havre par trois bateaux dont nous do-
nions les noms et gagner l'Allemagne par
la Hollande. Voici un autre fait qui en dit
long sur les (1 fuitees du- blocus ». Il nous
est révélé par le « Diario Official » du Bré-
sil en date du 1.1 février 1910. A la page
2.052, on peut lire un rapport du consul ge-
néral du Brésil à Hambourg, rapport ayant
trait aux marchandises emportées d Allema-
gne au Brésil pendant le deuxième trimes.-
tre 1915.
Voioi comment s'exprime.. en portugais,
bien entendu, l'honorable consul général :
Pour les différents ports brésiliens furent lé-
galisées dans le consulat général du Brésil à
Hambourg à peine à 130 fa/îtaires
Avant la guerre, quatre ou cinq mille factures
étaient légalisées.
Les marohandises correspondanib à ces factu-
res avaient le poids brut totail de 1 million
164.830 kilogrammes €? La valeur en marks de
580.680.
Ces marchandises ne sont pas parties direc-
tement de ce port pour le Brésil, mais en tran-
sit par d'autres pays étrangers.
Et voici Le tableau des marchandises
transportées pour le compte de l'Allema-
£ £ niff :
Du Danemark. 5.290k.
De France (Bordeus, c'ost-à^dire Bor-
tleaux) 2;10 k.
De Hoililande k.
D'Italie .,., 14.620k.
Do Norvège ÎS'a?!) k
lk Suède. 107.480 k.
N'est-il pas curieux, ce « document offi-
ciel ", qui établit sans contestation possi-
ble, qu'en avril-mai-juin 1915, l'Allemagne
a expédié de « Bordeus ln (France) 210 kilos
de marchandises pour le Brésil
Ce qui serait encore plus curieux, ce se-
rait de connaître le nom du « transitaire
bordelais ë) qui, la France étant en guerre
avec l'Allemagne, a pu faire cette expédi-
tion pour le compte de Guillaume II !
La douane de Bordeaux fournira certaine-
ment ce renseignement à la commission des
douanes die la Chambre qui doit être curieu-
se d'établir Les responsaibilités.
, > (
Le gouverneur He Paris
Nous avions voulu donner hier une non-
velle qui était connue dans tout Paris, la
nomination du général Dubail au gouver-
nement militaire de Paris en remplacement
du général Maunoury. La censure s'y op-
posa et nous nous inclinâmes. Ce matin
la nouvelle s'étalait en première page de
l'Echo de Paris. Renseignements pris au-
près de M. Jules Gauthier en personne,
il paraît que l'Echo de Paris avait été in-
vité à « échopper » cette information,
mais qu'il n'a pas déféré aux désirs de la
Censure. On ne lui en a pas tenu rigueur..
C'est fort bien.
— > < ——————
La Sozial-Démocratie allemande
La scission était inévitable
Bâle, W mars. — Le journal « Welt am
Montag » estime que la véritable raison
de la scission survenue dans ,la fraction
social-démocrate provient uniquement d'u-
ne divergence de vues au sujet des causes
de- la guerre. « Cette scisision, dit le jour-
nal, était inévitable, attendu que seule la
majorité avait le droit, qui était refusé à
la minorité, d'exprimer sa manière de voir
à ce sujet, m-ais cette minorité est ferme-
ment persuadée que, très prochainement,
elle gagnera à sa cause un grand nombre
de membres qui font en ce moment en-
core partie de la majorité.
En attendant, la fraction social-démo-
crate vient d'adresser un appel au parU
pour le faire juge de l'incident.
Genève, 30 mars. — Le « Vorwaerts «
annonce qu'à d'unanimité moins six voix,
le comité du parli~iocial-dômocrate _a_ dé-
cidé d'adresser un appel au parti tout en-
tier. Dans cet appel, ia politique des ddx-
huit députés social-démocrates de la mino-
rité est fortement blâmée comme ayant
pour but de provoquer une scission. La
fin de l'appel est ainsi conçue : ;
« Socialistes et femmes socialistes, votre
devoir sacré est de défendre l'organisation
social-démocrate contre la ruine. Défendez
le parti l Fermez les rangs ! »
La minorité proteste énergiquement
dans le « Vorwaerts » contre la manière
dont la majorité cherche à garder l'unité.
« La discipline n'est pas atteinte »,
dit Bernstein
Genève. 29 mars. — Le député socialiste
Bernstein, partisan de M. Haase, a déclaré
à un collaborateur d'à la « Gazette' popu-
laire de Berlin » qu'il regretta ia scission
des socialistes au point de vue de la soli-
darité, mais il ne croit pas que les effets
en seront nuisibles ; les deux groupes
poursuivront leur chemin l'un à côté de
l'autre, en évitant de s'attaquer.
Plus tard, on s'entendra, même dans les
questions impartantes de tactique parle-
mentaire.
Les deux groupes sa retrouveront plus
tard, 'car la séparation n'est pas telle
qu'un accord ne règne pas dians la plupart
des questions de détail.
M. Bernstein a insisté sur le fait que
l'attitude des partisans de M. Haase n'est
aucunement une violation de là discipline.
— : ( -,
Les envois de cbarbon anglais en France
Londres, 29 mars. — Répondiant à une
question. M. Pretyman, secrétaire parle-
mentaire du ministère du commerce, dit que,
pendant le trimestre finissant le 31 janvier,
le nombre et la nationalité des vapeurs qui
ont pris des charbons destinés aux ports
français a été :
Pour Candiff, Barry et Pojarth, de 267
norvégiens, 175 français et 92 d'autres na-
tionalités ou neutres, et 70 anglais.
Pour Newport : 93 norvégiens, 63 anglais,
39 français et 23 d'autres nationalités.
Pour Swansea 257 norvégiens, 92 fran-
cais, 9G anglais et 11 autres.
- LES BATAILLES DE VERDUN -
— > ..a < :—
Contre-Offensive française réussie
- .- Offensive allemande brisée
1
C'est une très intéressante et très sug-
gestive opération que celle. qui permit à
nos troupes de reprendre, par un hardi
coup de main, la corne sud-est du bois
d'Avocoùrt, que les Allemands avaient oc-
cupé le 20 dernier. — Ces derniers firent
naguère grand brriit, à propos de ce suc-
cés, dont devait dépendre, disait-ils, le
sort des villages de Béthincourt et de Ma-
lancourt, qui seraient désormais écrasés
sous leurs feux croisés. — De fait, la po-
sition présentait une certaine, importance.
Nous avons indiqué, en effet, à plusieurs
reprises, que nos positions avancées dans
ce secteur formaient un saillant assez dif-
ficile à défendre, pour que l'on ait envi-
sagé la nécessité de le rectifier. Or, à la
hauteur de la cote 304, ce saillant était
lui-même étranglé par la pénetration d'un
contre-sailtant formé par le bois d'Avo-
court. — Cest contre la corne, naturelle-
ment très gênante. de celui-ci, que le com-
mandement, profitant dw désarroi dans le-
quel l'échec de sa précédente tentative
avait jété l'ennemi décida de lancer une
contre-attaque, qui se déclancha hier ma-
tin, vers les huit heures. Avec un magni-
fique entrain, nos troupes refoulèrent, sur
une profondeur de trois cents mètres, l'en-
nemi qui n'opposa, semble-t-il, qu'une as-
sez faible résistance, et s'emparèrent par
surcroît d'un ouvrage important, dit « Ré-
duit d'Avocourt », qui domine la route de
Malancourt à Avocourt, au sud de laquelle
il est situé.
Après avoir appelé en renfort une bri-
gade fraîche. les Allemands revinrent à la
charge ; mais, malgré l'acharnement de
leur effort, ils furent repoussés, eprouvè-
rent de grosses perteset laissèrent entre
nos mains des prisonniers.
Malgré l'importance de ropération,
l'état-major ennemi qui, depuis quelque
temps fait preuve d'une distraction sin-
gulière, l'a totalement oubliée au moment
de rédiger le communiqué. Il était, à la
vérité. absorbé par la préoccupation de
maquiller en succès l'échec qu'il avait subi
dans la même journée, dans une attaque
lancée avec de gros effectifs contre le vil-
lage et la région de Malancourt.
L'assaillant réussi à la vérité, à s'em-
parer d'un ouvrage situé au nord, et qui,
n'ayant aucune importance stratégique, fut
facilement abandonné, et de deux maisons ;
mais il ne put aller plus loin. Il faut re-
marquer, que ce village forme poste avan-
ce en dehors de nos lignes, el que, l eus-
sions-nous entièrement perdu, sa perte ne
présenterait pas de gros inconvénients. —
A ne considérer que le terrain gagné, il
n'y aurait là pour l'ennemi qu'un demi-
succès ; mais, si ton tient compte de l'im-
puissance dans laquelle il s'est trouvé d'al-
ler plus loin, et du prix auquel il a payé
son avance. on doit admettre qu'il y a là
un échec marqué. Cependant, il chante
victoire. Quand on n'a pas ce que l'on
veut, il faut se contenter de ce que l'on a.
En résumé, la journée d'hier peut être
marquée d'une pierre blanche. Nous avons
pu constater encore une fois que, de jour
en iour l'ennemi perdait de son mordant
dans l'attaque et de son énergie dans la
résistance. - Si l'on songe, que c'est là
le développement de la formidable offen-
sive contre Verdun, on peut mesurer le
chemin parcouru en sens inverse par les
deux adversaires.
605e JOUR DE LA GUERRE
«——><»■ ■
COMMUNIQUÉS OFFICIELS
y, BH
29 mars, vingt-trois heures.
Entre Oise et Aisne notre artillerie a dispersé des convois importants au nord-est de
Moulin-sous-Touvent.
En Argonne, nous avons fait sauter une mine au nord du Four-de-Paris. L'explosion a
détruit un poste de grenadiers et un abri et bouleversé un ouvrage ennemi. Notre artil-
lerie lourde a dirigé de nombreux tirs sur le bois de Malancourt-Avocourt pendant les
contre-attaques exécutées par les Allemands sur le secteur voisin.
A l'ouest de la Meuse le bombardement a continué avec violence au cours de la jour-
née depuis Avocourt jusqu'à Béthincourt. Trois contre-attaques successives effectuées
par l'ennemi sur les positions enlevées par nous ce matin dans le bois d'Avocourt ont
été complètement repoussées. Au cours d'une attaque à gros effectifs dirigés sur le vil-
lage de Malancourt, les Allemands ont pu prendre pied dans un ouvrage avancé situé
au nord' de Malancourt et s'emparer de deux maisons du village ; toutes leurs tenta-
tives pour pousser plus loin ont été enrayées par nos feux. Quelques rafales d'artillerie
à l'est de la Meuse et en Woêvre jusqu'aux Eparges.
Dans les Vosges nous avons bombardé les organisations allemandes de Stossvihr et
de Münster.
30 mars, quinze heures.
Au sud de la Somme, à la faveur d'un violent bombardement, l'ennemi a pénétré
dans un élément avancé de notre ligne à l'ouest de Vermandovilers (nord de Chaulnes).
Notre contre-attaque l'en a rejeté aussitôt après.
A l'ouest de la Meuse, les Allemands ont contre-attaqué à plusieurs reprises au cours
de la nuit nos positions du bois d'Avocourt. Tous les assauts ont été repoussés par nos
tirs de barrage, nos feux de mitrailleuses et d'infanterie qui ont causés de grands
ravages dans les rangs ennemis, notamment devant le « Réduit d'Avocourt ». où les
Allemands ont laissé des monceaux de cadavres. Aucune tentative nouvelle dans la ré-
gion de Malancourt.
A l'est de la Meuse et en Woêvre, bombardement intermittent.
Les Allemands ont lancé dans la Meuse, au nord de Saint-Mihiel, un grand nom-
bre de mines flottantes qui n'ont fait aucun déaât.
En Lorraine, activité de notre artillerie entre Domèvre et Bréménil,
Sur le reste du front, aucun événement important à signaler.
Dans la journée du 29, une de nos escadrilles de bombardement a lancé quinze
obus de gros calibre sur la gare de Metz-Sablons et cinq sur la gare de Pagny-sur-
Moselle.
Dans la nuit du 29 au 30, deux de nos avions ont bombardé la gare de Maiziè-
res-lcs-Metz
La reprise du bois d'Avocourt
—
Du « Daily Mail n :
* « Les communiqués français d'hier mon-
trent que la reprise de l'activité dlans la val-
lée de la Meuse, est à l'avantage dies troupes
du général Pétain. Les attaques allemandes
n'ont pas pu atteindre au degré de violence
qui les avaient caractérisées dans les jour-
nées maintenant historiques de Douaumont
et die Vaux. Quand d'ennemi lança d y a un
mois les masses grises de ses soldats con-
tre les escarpements rocheux de ces posi-
lions, il combattait avec le. vieux courage
prussien, et seule l'inébranlable intrépidité
de l'infanterie française fut capable de les
tenir en échec..
« Mardi dans l'après-midi, après huit
jours d'une accalmie relative, qui a permis
aux Allemands d'amener des trouipes fraî-
ches et de l'artillerie, ceux-ci se sont lancés
à l'assaut de la cote 287 et de la cote 304.
L'offensive était menée ipar une division de
Wurtembergeois et de Bavarois qui avan-
cèrent en formation serrée, épaiules contre
épaules. Les assaillants étaient convaincus
que six jours d'un infernal bombardement
avaient complètement démoralisé les défen-
seurs de la position et qu"ils marchaient à
une victoire finale. Une fois de plus-ils tu-
rent cruellement désillusionnés.
(c Aussitôt que les Allemands apparurent
en terrain découvert, un feu meurtrier partit
des tranchées françaises. Les fusils, les rii-
trailleuses et .les 75 vomirent des torrents de
métal et firent des hécatombes dans les
rangs ennemis. Les troupes du kronprnz
revinrent à la charge, à plusieurs reprises,
mais ne réussirent qu'à grossir les tas de
cadavres et de blessés qui encombraient le
terrain. Finalement, les Allemands firent
halte et durent se replier bon gré, mail gré.
« Aucune 'tentative ne fut faite pour re-
nouveler l'attaque pendant la nuit et quand
le jour tparut ce fut alors les Français qui
prirent l'initiative. Pendant six heures, leurs,
batteries firent rage sur les lignes .alleman-
des dans le bois d'Avocourt et quand l'in-
fanterie s'avança, elle se trouva en présen-
ce d'un ennemi ébranlé et-démoralisé. Par
bonds successifs, elle le repoussa à environ
300 mètres dans le -bois d'Avocourt. Su.rgis-
sant autour du blockhauss connu sous ! lé
nom de réduit d'Avocourt, elle le prit d'as-
saut, tuant à la baîonnette tous les Alle-
mands qui s'y trouvaient.
« Les braves soldats du général Pétain
n'avaient pas le temps de reprendre haleine
qu'une brigade allemande fondit sur eux
dans une contre-attaque. Mais l'esprit com-
batif des Français était surexcité, et plutôt
que d'abandonner la position qu'ils avaient
prise, ils se seraient laissés tuer jusqu'au
dernier. Malgré des assauts répétés, les
Allemands sont incapables de reprendre un
pouoe de terrain (perdu par eux. »
• — -.- < ——————————
Les mécomptes allemands
Un de nos confrères de la presse suédoi-
se a. reçu les déclarations intéressantes
qu'on va lire d'une personnalité Scandinave
de la haute finance: retour de Berlin, et
dont l'échec des Allemands devant Verdun
a modifié l'opinion sur l'issue de la ba-
taille.
Cette personnalité a entendu un des plus
hauts fonctionnaires de la Wilhelmstrasse
dire après le voyage de M. Briand en l'ta-
lie :
« Evidemment, ce voyage est important,
a M. Briand est un et rude jouteur », avec
« lequel nous devons compter. Il est cer-
« tain que son audacieuse décision de res-
a ter à Salonique a changé la situation en
« Orient et a mis du beurre dans la soupe
a de l'Entente e.
a Maintenant, le premier ministre fran-
« çais essaye d'amener les coalisés à Paris
« pour prendre la direction de la guerre
«contre nous. C'est un rêve. Trop d'égoïs-
« mes divisent les Alliés pour qu'ils se met-
« tent d'accord, même « jsous la houlette
« fleurie de M. Briand ».
« Du reste, nous ne leur en laisserons
« pas le temps, car cette conférence n'au-
« ra pas lieu. D'ici là, la France aura reçu
a un choc sous lequel elle chancellera. At-
« tendez quelques jours, et vous verrez,
« Le moral français est affaibli, les hom-
a: mes politiques, sont divisés. A la Cham-
« bre et au Sénat, il y a des personna-
« lités, « importantes », qui n'attendent
« qu'une occasion pour renverser le minis-
« tère actuel. Au premier succès de l'ar-
« mée allemande, il sera par terre, et ce
« sera bientôt, croyez-moi »
Dernière Heure
CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres se sont réunis ce matin en
Conseil à l'Elysée, sous Ta présidence de
M. Raymond Poincaré.
Ils se sont entretenus de la situation di-
plomatique, militaire et navale.
Le président de la République, sur la
proposition du ministre die la guerre, a
signé un décret aux termes duquel le, gé-
néral de division. Dubail est nommé, gou-
verneur militaire de Paris et commandant
des armées de Paris, en remplacement du
général Maunoury, relevé sur sa demande
pour raisons de santé.
—————————— ) -. ,
LE MORATORIUM DES LOYERS
;
Le ministre de la justice vient de sou-
mettre au président de la République un
décret modifant celui du 28 décembre 1915
relatif au moratorium des loyers.
Le nouveau décret sé borne, en principe,
à prolonger pour trois nouveaux mois l'ef-
fet des dispositions prises le 28 décem-
bre dernier. -
Voici les principales modifications ap-
portées par le nouveau décret :
En vertu de l'article 1° du décret du 28
décembre 1915, les militaires réformés
pour blessures ou maladies contractées à
la guerre, conservent, pour une période de
six mois, à dater de leur mise en réforme,
le bénéfice du moratorium de plein droit
applicable aux citoyens présents sous les
drapeaux.
Il a paru indispensable de dire que si,
à l'expiration de ce délai, ils relèvent du
droit commun, ils ne sont pas légalement
obligés de satisfaire aux réclamations du
propriétaire qui exigerait d'eux brusque-
ment tout l'arriéré des loyers échus pen-
dant la période de leur incorporation.
Ils continueront donc à jouir du mora-
torium des mobilisés pour les termes cor-
respondants au temps qu'ils ont passé au
service du pays.
Certains propriétaires ont élevé des ré-
clamations légitimes contre leurs locatai-
res mobilisés qui. ayant sous-loué, tou-
chaient le prix de leur sous-location sans
cesser de leur opposer le moratorium.
Contre cet abus scandaleux, l'autorité ré-
glementaire est désarmée — on ne sau-
rait par voie de décret modifier l'article 4
de la loi du 5 août 1914 qui interdit toute
instance et toute mesure d'exécution à
l'égard des mobilisés, mais il n'est pas in-
terdit aux propriétaires, sous réserve de
l'appréciation souveraine des tribunaux, de
chercher dans les règles de droit commun
et notamment dans l'article 1753 du Code
civil, le moyen d'obtenir une part de sa-
tisfaction légitime en intentant s'ils le iu-
gent convenable, une action directe contre
le sous-locataire.
) — -.- ( ——————————
Prochaine session des Conseils généraux
Prochaine session des conseils généraux
La prochaine session des conseils géné-
traux devant s'ouvrir, prchainement, le
ministre de la guerre a fait parvenir aux
autorités militaires sous ses ordres un té-
légramme-circulaire les priant de donner
les instructions nécessaires pour que les
conseillers généraux actuellement mobili-
sés puissent être, si toutefois les nécessi-
tés au service le permettent, envoyés en
permission afin die pouvoir assister aux
séances.
————————— ) «
L'OFFENSIVE RUSSE
m campagne de printemps
Les échecs allemands devant Riga
Londres, 29 mars. — On télégraphie die
Petrograd au « Morning Post » que le plan
allemand vise à la capture die Riga, mais
les Russes continuent à tf:nir dans le sec-
teur tout entier de ce front, sans permettre
nulle part à l'ennemi d'avancer. L'offensive
alemandle contre Dvinsk est fortement me-
nacée par les formidables coups quo lui por-
tent les forces russes placées au nord et au
sud de ce secteur.
Les renforts déversés en masse par tes
Allemands pour assurer la défense de leurs
positions à l'ouest du lac Narotch ont ame-
né un combat acharné ; les Russes progres-
sant néanmoins dans leur attaque.
On télégraphie, d'autre part, de Petro-
grad au « Times x, que la campagne de prin-
temps sur le front nord commencera proba-
blement à prendre toute son importance dès
que le dégel permettra la navigation dans le
golfe de Riga, c'est-à-dire vers la fin du
mois d'avril. On prévoit qu'à ce moment le
général Hindenburg aura été renforcé par
l'envoi de fortes réserves et de canons de
gros caJibros. On pense, d'autre part, que
dans la prochaine offensive, la flotte alle-
mande jouera, un rôle important.
<=.————————— ) -.- - < -
A SALONIQUE
Les avions boches font une nouvelle
tentative
Salonique, 20 mars. — Aujourd'hui, une
escadrille aérienne allemande a été aper-
çue au-dessus de Serres, dans la direction
de Salonique'.
Les avions français, avertis, prirent leur
vol, mais l'escadrille ennemie changea de
direction, lança quelques bombes sur Or-
phaneos sans occasionner de dégâts et re-
gagna la frontière par des chemins détour-
nés.
) {
EN ROUMANIE
4» 11
Une assemblée populaire
Bâle, 30 mare. — Le « Nouveau Journal
de Vienne » annonce que M. Filipesco orga-
nise à Bucarest une grande assemblée po-
pulaire qui aura li<*i dimanche prochain et
au cours de laquelle il rendra compte de
son voyage en Russie.
Les Roumains molestés en Autriche
Bale, 30 mars. — Le journal la « Rouma-
nie » publie dans son dernier numéro un
article d'une violence extrême contre les
mesurée vexatoires dont les sujets roumains
sont actuellement l'objet en Autriche-Hon-
grie
- LES LOIS ET LA VIE SOCIALE
LE METIER DE NOURRICE
est=il
une profession ItolfL
Une accoucheuse dfe Longjumeau — qui
a amené plus de jumeaux au monde, longs
ou courts, que de rentes dans sa beurse —
me communique unie pièce de la préfeotura
de Seine-et-Oise qui ne manque pas do
saveur.
Depuis que les bureaucrates existent, ils
ont eu soin de régater l'humanité par leurs
fantaisies délicieuses — mais celle-ci, vrai-
ment, mérité mieux qu'un sourire : il faut
la savourer.
Nous avons tous vu. sur les bancs des
squares, die superbes nourrices tendant
« libéralement » leur sein gonflé die lait à
de non moins suiperbes bébés. Il est fort
possible — et du reste légitime — que nous
nous soyons attardés avec attendrissement
devamt le spectacle de cette « libéralité n
professionnelle. Mais de là à considérer le
métier de nourrice comme une profession
libérale — surtout s'il s'agit de nourrice
sèche et d'accoucheuse exerçant ces occu-
pations nécessairement — il y avait jus-
qu'ici pour nous un abîme infranchissa-
ble.
Mais cet abîme a été franchi.
Pas par nous, évidemment ; - mais
par uni bureaucrate de la susdite préfec-
ture; A COOIP sûr, ce doit être un poète.
Mme L., née en 1857, accoucheuse-
nourrice, ayant cru, dès le début de l'ap-
plication des retraites ouvrières devoir ver-
ser pour ses vieux jours, - Versa jusqu'à
naguère ; son argent, péniblement épar-
gné, fut accepté et la vaillante ouvrière de
la repopulation espérait naïvement tour
cher sa retraite :
« C'est avec un certain soulagement que
je voyais, m'écrit-elle, venir mon droit à
la retraite, car, pfyur qui n'a rien. si peu
que ce soit, c'est encore un avantage. Ot
Mais elle comptait sans les définitions.
La préfecture d'e Seine-et-Oise le lud fit
bien voir en lui adressant la réponse que
voici, par l'intermédiaire du maire :
cc Comme suite aux notes échangées au
sujet de l'assurée L. Françoise, inscrite
sur la liste d'assurance ifacultative en qua-
lité de nourrice, etc. M. le maire de
Longjumeau est prié de vouloir bien rayée
cette assurée comme exerçant une profes-
sion libérale et die lui en donner avis. »
Mme L. Françoise, accoucheuse-nour-
rice, et toutes celles qui se trouvent dans
son cas (elles sont nombreuses, paraît-il),
seront très flattées d'apprendre qu'ailes
exercent une profession libérale ; elles
marcheront désormais de pair avec lea
médecins, et ceux-ci, le cas édhéant, n'hé-
siteront pas à leur donner un coup de
main pour les aider à. essuyer les mou-
tands trop. libéraux. Mais une petite re-
traite ferait mieux leur affaire.
Mme L., n'en croyant pas ses yeux. a
relu le texte de la loi et a cru y voir que
les petits patrons, etc., seront admis à bé-
néficier de cette 'loi jusqu'à concurrence
de 3,000 francs de rapport. (c Mais, dit-elle,
monsieur, elles sont rares. les sages-fem.
mes qui gagnent cette somme ! Aux an-
nées les .plus florissantes, je n'ai jamais
fait plus de soixante-quinze accouchements
par an, ce qui fait, en comptant large-
ment. 1,500 francs ; en ajoutant les con-
sultations, qui sont rares à la campagne.
on arrive à un total de 1,700 francs en-
viron.
D'autre part. depuis une dizaine d'an-
nées, la natalité baisse considérablement,
et les médecins, ayant un luxe de plus en
plus grand, ne diéidaignent pas d'accouches
— en sorte que de soixante-quinze. les ac-
couchements sont tombés à vingt-trois
pour une année. Ce fait est contrôlable à
la mairie. Je perds, par suite d'e la vacci-
nation gratuite confiée aux médecins, une
centaine de francs par an
cc Voilà la brillante situation d'une ac-
coucheuse-nourrice, à qui l'on refuse le bé-
néfice de la retraite ouvrière. Et croyez
bien que je ne suis pas la seule. »
Et la pauvre femme ajoute que depuis la
guerre, c'est bien pire. Pius du tout (ou si
peu !) d'accouchements, et te peu qu'il y a
se fait pour le bureau de bienfaisance.
« La sage-femme est sacrifiée )l, conclut-
elle.
Je le croirais volontiers en lisant dans
sa lettre qu'elle a dû vendre des meubles
et qu'elle est réduite à ramasser du bois
mort sur les routes. Evidemment, Diogène
était encore moins exigeant et se chauf-
fait. sans bois, au seuil d'un tonneau vide,
au soleil Mais c'était un sage-homme e!
non une sage-femme.
J'avoue cependant que ce qui rn-a le
plus affligé dans la plainte de cebte dame.
c'est le cri que voici :
« Peut-on s'étonner, après cela, die la fa-
cilité avec laquelle « certaines » se livrent
à l'avortement ?. u
Oui, madame, on peut, on doit,
tout, s'en étonner, — car cela n'est jamais
digne d'une femme, et j'espère bien que
vous n'êtes pas de celles qui provoquen
de ces étonements-là : vous êtes une sage
femme qui veut être une lern^# sage
Mais ce dont je ne m'étonne pas, c'est (1
votre requête.
Elle me parait légitime. Et il est plu
qu'étrange qu'on ait mis tant d'années <•
s'apercevoir que vous exercez une prof es
sion libérale. On vous dit encore, il esi
vrai, que vous ne prenez pas. de « pension
naires », dans la note de la Préfecture
tandis que vous, vous dites que vous en
prenez s'il s'en' présente. Evidemment
avant que vous les preniez, il faut qu'on
vous en présente, et le bureaucrate se fi
gure peut-être que les jumeaux courent le
long des rues à Longjumeau. Mais vous
n'auriez pas de pensionnaire que vous n'en
seriez pas moins une accoucheuse-nour-
rice en puissance et que, si c'est là uno
profession libérale, elle mérita bien la pe-
tite libéralité de la loi.
Louis Roya
"> -( — •-
Les colis postaux militaires
Les colis postaux adressés àjdâs militai-
res en France, dont rrudhenun:emeonr.&Valt
été provisoirement suspendu à partir dit
1er mars dernier, seront à nouveau accep-
tés dans les conditions habituelles, a -da-
ter du 1er avril prochain par les dépôts,
le bureau central des colis postaux
res et lets différentiels' aidirmaistratà^î
chemins de dur
feu% N*»méf»o -
~S~~eTtOM et ■AB^f«>ÂTRATIO*
24, Û9îiiôV«"
TELEPHONE : GUTENBERG
01-99
43-93 toikatm
«UBUGSS Muasse»
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EDITION DU SOIR
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«SB? * VENDREDI 31 MARS 1911,
5cent Le Numéro
ABONNEMENTS .r
w» fraie dans tous les bwWB de pe*
1AN 6 MOS 8 MOIS 1 MOIS
18 fr. 9 fr. 4 50 1 sa
<.. Etranger
Union Postale
36 fr. 18 fr. Osa*'
L'Internationale
ET LA
Sozial-Démocratie
La création, au Reichstag', d'une .frac-
membres grlu-~ip
tion de dix-huit membres groupés sous
l'êtiquette « Union socialiste des tra-
vailleurs » rend quelques espérances
aux internationalistes qui n'en, avaient
plus. Il faut s'attendre sous peu à une
nouvelle conférence de Zimmerwald.
Faut-il idire que les ponts, coupés de-
puis le 4 août 1914 entre les socialistes
« alliés » et les socialistes teutons ne
seront pas aisément reconstruits, même
a l'aide de la Soz ialdemokratie des tra-
vailleurs ? Le député socialiste belge
Jules Destrée a déclaré qu'il reculerait
d'horreur devant les mains des « kama-
rades » d'outre-Rhin,teintes du sang in-
nocent de ses compatriotes ; nous ver-
rons s'il y aura des sociahstes anglais
ou français pour qui la tache rouge sera
lavée par Haase et ses disciples
Les démonstrations de Liebknecht,
de Ledebour et d'autres — nous ne
l'oublierons jamais — ne se sont pas
produites à l'heure même où les puis-
santes organisations ouvrières de l'Al-
lemagne pouvaient élever la voix con-
tré le crime en préparation ; le lleiclis-
ta'g. fut unanime pour voter les crédits
de guerre, c'est-à-dire le moyen de l'a-
gression. Les protestataires agissent
lorsque le mauvais coup - aiboutit à l'é-
chec, lorsque le peuple lui-même est
écœuré par la série ininterrompue des
déception. C'est au vingtième mois de
la lutte qu'une minorité se détache des
socialistes assassins de la Germanie.
rM est le fait incontestable et signifi-
catif.
L'acte de Haase est sans doute d'une
grande habileté, mais il ne peut guère
influencer que la politique intérieure
de l'Empire : encore qu'il ait eu sans
doute le but de renouer sur le dos du
capital maudit les liens de-l'Internatio-
nale.
Les « minoritaires » de la Sozialdemo-
kratie ont. compris qu'ils couraient le
risque d'entendre proclamer demain la
banqueroute de leur parti, s'ils ne pre-
naient pas des assurances contre la ré-
probation d'un peuple exaspéré par
l'insuccès. Le socialisme en Allemagne
ii'luit le gage de la paix ; on Ilui eût par-
donné d'accepter la guerre avec les
compensations magnifiques de la vic-
foire, mais la défaite rendait inexcusa-
ble et sans pardon sa grande trahison.
A l'heure terrible du règlement des
comptes, les Liebknecht, les Haase et
une vingtaine d'autres pourront, à la
faveur du discours de leur président,
plaider devant leurs collèges électoraux
les circonstances atténuantes. Tout
porte à croire qu'ils gagneront leur
cause .et constitueront, selon la pro-
phétie de Bebe3, une force démocrati-
que renforcée, contre l'impérialisme
battu.
Mais les Alliés ?. Pourront-ils re-
tomber dans les erreurs passées ? M.
Pierre Renaudel accepterait peut-être
que demain le pacifisme — article d'ex-
portation pour la Sozialdemokratie —
revienne en France dans le but perfide
de nous désarmer encore avant une
nouvelle agression, mais la masse des
travailleurs français qui ont discuté
avec les Boches, dans les tranchées, à
coups de grenades, ne seront pas d'ac-
cord avec ceux qui 'traitent les rapports
franco-allemands dans la quiétude du
Palais-Bourbon ou dans les bureaux de
la toujours reconnaissante Humanité.
Il ne nous convient pas de nous li-
vrer à ce jeu de dupes, où l'on vit des
socialistes allemands se faire les four-
riers des hordes impériales. La confé-
rence de Berne, où les Boches fei-
gnaient de jeter les assises du temple
de la Paix, précéda de peu l'entrée en
campagne de Guillaume II. Voilà ce
.craie" se diront les Français, des Anglais,
fcs Russes, fussent-ils socialistes, s'ils
voient jamais se tendre vers eux les
mains sanglantes des « kamarades »
du kaiser.
..- + ab rç
C'EST LA FAUTE A LUTHER
M. Henri Massis, chez qui la haine de
tout ce qui n'est pas catholique enlève
tout souci de justice, vient d'établir quelle
était la cause de la guerre. Pour lui, c'est
Luther, « fondateur du protestantisme,
qui porte toute la responsabilité de l'af-
freux cataclysme présent ».
Il était de bon ton, jadis. d'accuser les
philosophes français die tous les malheurs
survenus. C'était la faute à Voltaire, ou à
Rousseau. On lies maudissait dians toutes
les calamités, et les prêtres, du haut de
leur chaire, les anathématisait.
D'après M. Massis, Louvain a été in-cen-
dié Reims bombardé, Ypres détruit, c'est
Luthe:- qui l'a voutu et, pour le iproUIVer, le
jeune disciple de Maurice Barrés cite l'a-
pôtre protestant : II J'appelle de mes vœux
le jour où tous les monastères seront arra-
chés, détruits, abolis.. » si vous n'étiez pas
de mauvaise foi, je vous dirais, Massis :
te Vous savez pertinemment quels étaient
ces monastères sur lesquels Luther appe-
lait la foudre divine et quelle était la vie
de débauche qu'on y menait alors.
« Vous avez pu faire la comparaison,
vous qui connaissez si bien, pour les avoir
fréquentes, les monastères d'aujourd'hui.
« Le arguments que vous avez donnés
au « Comité catholique de propagande »
sur Luther sont bien misérables. On sent
qu'ils sorit trop empruntés à messieurs les
Pètres Jésuites.
Les mailles
du filet
:—; 1..
Ou il est prouvé, par un document officiel,
que l'Allemagne, en 1915, a expédié de
Bordeaux des marchandise pour,
le Brésil.
Dans notre numéro de dimanche, nous
avons montré comment des marchandises
interdites à d'exportation pouvaient sortir du
Havre par trois bateaux dont nous do-
nions les noms et gagner l'Allemagne par
la Hollande. Voici un autre fait qui en dit
long sur les (1 fuitees du- blocus ». Il nous
est révélé par le « Diario Official » du Bré-
sil en date du 1.1 février 1910. A la page
2.052, on peut lire un rapport du consul ge-
néral du Brésil à Hambourg, rapport ayant
trait aux marchandises emportées d Allema-
gne au Brésil pendant le deuxième trimes.-
tre 1915.
Voioi comment s'exprime.. en portugais,
bien entendu, l'honorable consul général :
Pour les différents ports brésiliens furent lé-
galisées dans le consulat général du Brésil à
Hambourg à peine à 130 fa/îtaires
Avant la guerre, quatre ou cinq mille factures
étaient légalisées.
Les marohandises correspondanib à ces factu-
res avaient le poids brut totail de 1 million
164.830 kilogrammes €? La valeur en marks de
580.680.
Ces marchandises ne sont pas parties direc-
tement de ce port pour le Brésil, mais en tran-
sit par d'autres pays étrangers.
Et voici Le tableau des marchandises
transportées pour le compte de l'Allema-
£ £ niff :
Du Danemark. 5.290k.
De France (Bordeus, c'ost-à^dire Bor-
tleaux) 2;10 k.
De Hoililande k.
D'Italie .,., 14.620k.
Do Norvège ÎS'a?!) k
lk Suède. 107.480 k.
N'est-il pas curieux, ce « document offi-
ciel ", qui établit sans contestation possi-
ble, qu'en avril-mai-juin 1915, l'Allemagne
a expédié de « Bordeus ln (France) 210 kilos
de marchandises pour le Brésil
Ce qui serait encore plus curieux, ce se-
rait de connaître le nom du « transitaire
bordelais ë) qui, la France étant en guerre
avec l'Allemagne, a pu faire cette expédi-
tion pour le compte de Guillaume II !
La douane de Bordeaux fournira certaine-
ment ce renseignement à la commission des
douanes die la Chambre qui doit être curieu-
se d'établir Les responsaibilités.
, > (
Le gouverneur He Paris
Nous avions voulu donner hier une non-
velle qui était connue dans tout Paris, la
nomination du général Dubail au gouver-
nement militaire de Paris en remplacement
du général Maunoury. La censure s'y op-
posa et nous nous inclinâmes. Ce matin
la nouvelle s'étalait en première page de
l'Echo de Paris. Renseignements pris au-
près de M. Jules Gauthier en personne,
il paraît que l'Echo de Paris avait été in-
vité à « échopper » cette information,
mais qu'il n'a pas déféré aux désirs de la
Censure. On ne lui en a pas tenu rigueur..
C'est fort bien.
— > < ——————
La Sozial-Démocratie allemande
La scission était inévitable
Bâle, W mars. — Le journal « Welt am
Montag » estime que la véritable raison
de la scission survenue dans ,la fraction
social-démocrate provient uniquement d'u-
ne divergence de vues au sujet des causes
de- la guerre. « Cette scisision, dit le jour-
nal, était inévitable, attendu que seule la
majorité avait le droit, qui était refusé à
la minorité, d'exprimer sa manière de voir
à ce sujet, m-ais cette minorité est ferme-
ment persuadée que, très prochainement,
elle gagnera à sa cause un grand nombre
de membres qui font en ce moment en-
core partie de la majorité.
En attendant, la fraction social-démo-
crate vient d'adresser un appel au parU
pour le faire juge de l'incident.
Genève, 30 mars. — Le « Vorwaerts «
annonce qu'à d'unanimité moins six voix,
le comité du parli~iocial-dômocrate _a_ dé-
cidé d'adresser un appel au parti tout en-
tier. Dans cet appel, ia politique des ddx-
huit députés social-démocrates de la mino-
rité est fortement blâmée comme ayant
pour but de provoquer une scission. La
fin de l'appel est ainsi conçue : ;
« Socialistes et femmes socialistes, votre
devoir sacré est de défendre l'organisation
social-démocrate contre la ruine. Défendez
le parti l Fermez les rangs ! »
La minorité proteste énergiquement
dans le « Vorwaerts » contre la manière
dont la majorité cherche à garder l'unité.
« La discipline n'est pas atteinte »,
dit Bernstein
Genève. 29 mars. — Le député socialiste
Bernstein, partisan de M. Haase, a déclaré
à un collaborateur d'à la « Gazette' popu-
laire de Berlin » qu'il regretta ia scission
des socialistes au point de vue de la soli-
darité, mais il ne croit pas que les effets
en seront nuisibles ; les deux groupes
poursuivront leur chemin l'un à côté de
l'autre, en évitant de s'attaquer.
Plus tard, on s'entendra, même dans les
questions impartantes de tactique parle-
mentaire.
Les deux groupes sa retrouveront plus
tard, 'car la séparation n'est pas telle
qu'un accord ne règne pas dians la plupart
des questions de détail.
M. Bernstein a insisté sur le fait que
l'attitude des partisans de M. Haase n'est
aucunement une violation de là discipline.
— : ( -,
Les envois de cbarbon anglais en France
Londres, 29 mars. — Répondiant à une
question. M. Pretyman, secrétaire parle-
mentaire du ministère du commerce, dit que,
pendant le trimestre finissant le 31 janvier,
le nombre et la nationalité des vapeurs qui
ont pris des charbons destinés aux ports
français a été :
Pour Candiff, Barry et Pojarth, de 267
norvégiens, 175 français et 92 d'autres na-
tionalités ou neutres, et 70 anglais.
Pour Newport : 93 norvégiens, 63 anglais,
39 français et 23 d'autres nationalités.
Pour Swansea 257 norvégiens, 92 fran-
cais, 9G anglais et 11 autres.
- LES BATAILLES DE VERDUN -
— > ..a < :—
Contre-Offensive française réussie
- .- Offensive allemande brisée
1
C'est une très intéressante et très sug-
gestive opération que celle. qui permit à
nos troupes de reprendre, par un hardi
coup de main, la corne sud-est du bois
d'Avocoùrt, que les Allemands avaient oc-
cupé le 20 dernier. — Ces derniers firent
naguère grand brriit, à propos de ce suc-
cés, dont devait dépendre, disait-ils, le
sort des villages de Béthincourt et de Ma-
lancourt, qui seraient désormais écrasés
sous leurs feux croisés. — De fait, la po-
sition présentait une certaine, importance.
Nous avons indiqué, en effet, à plusieurs
reprises, que nos positions avancées dans
ce secteur formaient un saillant assez dif-
ficile à défendre, pour que l'on ait envi-
sagé la nécessité de le rectifier. Or, à la
hauteur de la cote 304, ce saillant était
lui-même étranglé par la pénetration d'un
contre-sailtant formé par le bois d'Avo-
court. — Cest contre la corne, naturelle-
ment très gênante. de celui-ci, que le com-
mandement, profitant dw désarroi dans le-
quel l'échec de sa précédente tentative
avait jété l'ennemi décida de lancer une
contre-attaque, qui se déclancha hier ma-
tin, vers les huit heures. Avec un magni-
fique entrain, nos troupes refoulèrent, sur
une profondeur de trois cents mètres, l'en-
nemi qui n'opposa, semble-t-il, qu'une as-
sez faible résistance, et s'emparèrent par
surcroît d'un ouvrage important, dit « Ré-
duit d'Avocourt », qui domine la route de
Malancourt à Avocourt, au sud de laquelle
il est situé.
Après avoir appelé en renfort une bri-
gade fraîche. les Allemands revinrent à la
charge ; mais, malgré l'acharnement de
leur effort, ils furent repoussés, eprouvè-
rent de grosses perteset laissèrent entre
nos mains des prisonniers.
Malgré l'importance de ropération,
l'état-major ennemi qui, depuis quelque
temps fait preuve d'une distraction sin-
gulière, l'a totalement oubliée au moment
de rédiger le communiqué. Il était, à la
vérité. absorbé par la préoccupation de
maquiller en succès l'échec qu'il avait subi
dans la même journée, dans une attaque
lancée avec de gros effectifs contre le vil-
lage et la région de Malancourt.
L'assaillant réussi à la vérité, à s'em-
parer d'un ouvrage situé au nord, et qui,
n'ayant aucune importance stratégique, fut
facilement abandonné, et de deux maisons ;
mais il ne put aller plus loin. Il faut re-
marquer, que ce village forme poste avan-
ce en dehors de nos lignes, el que, l eus-
sions-nous entièrement perdu, sa perte ne
présenterait pas de gros inconvénients. —
A ne considérer que le terrain gagné, il
n'y aurait là pour l'ennemi qu'un demi-
succès ; mais, si ton tient compte de l'im-
puissance dans laquelle il s'est trouvé d'al-
ler plus loin, et du prix auquel il a payé
son avance. on doit admettre qu'il y a là
un échec marqué. Cependant, il chante
victoire. Quand on n'a pas ce que l'on
veut, il faut se contenter de ce que l'on a.
En résumé, la journée d'hier peut être
marquée d'une pierre blanche. Nous avons
pu constater encore une fois que, de jour
en iour l'ennemi perdait de son mordant
dans l'attaque et de son énergie dans la
résistance. - Si l'on songe, que c'est là
le développement de la formidable offen-
sive contre Verdun, on peut mesurer le
chemin parcouru en sens inverse par les
deux adversaires.
605e JOUR DE LA GUERRE
«——><»■ ■
COMMUNIQUÉS OFFICIELS
y, BH
29 mars, vingt-trois heures.
Entre Oise et Aisne notre artillerie a dispersé des convois importants au nord-est de
Moulin-sous-Touvent.
En Argonne, nous avons fait sauter une mine au nord du Four-de-Paris. L'explosion a
détruit un poste de grenadiers et un abri et bouleversé un ouvrage ennemi. Notre artil-
lerie lourde a dirigé de nombreux tirs sur le bois de Malancourt-Avocourt pendant les
contre-attaques exécutées par les Allemands sur le secteur voisin.
A l'ouest de la Meuse le bombardement a continué avec violence au cours de la jour-
née depuis Avocourt jusqu'à Béthincourt. Trois contre-attaques successives effectuées
par l'ennemi sur les positions enlevées par nous ce matin dans le bois d'Avocourt ont
été complètement repoussées. Au cours d'une attaque à gros effectifs dirigés sur le vil-
lage de Malancourt, les Allemands ont pu prendre pied dans un ouvrage avancé situé
au nord' de Malancourt et s'emparer de deux maisons du village ; toutes leurs tenta-
tives pour pousser plus loin ont été enrayées par nos feux. Quelques rafales d'artillerie
à l'est de la Meuse et en Woêvre jusqu'aux Eparges.
Dans les Vosges nous avons bombardé les organisations allemandes de Stossvihr et
de Münster.
30 mars, quinze heures.
Au sud de la Somme, à la faveur d'un violent bombardement, l'ennemi a pénétré
dans un élément avancé de notre ligne à l'ouest de Vermandovilers (nord de Chaulnes).
Notre contre-attaque l'en a rejeté aussitôt après.
A l'ouest de la Meuse, les Allemands ont contre-attaqué à plusieurs reprises au cours
de la nuit nos positions du bois d'Avocourt. Tous les assauts ont été repoussés par nos
tirs de barrage, nos feux de mitrailleuses et d'infanterie qui ont causés de grands
ravages dans les rangs ennemis, notamment devant le « Réduit d'Avocourt ». où les
Allemands ont laissé des monceaux de cadavres. Aucune tentative nouvelle dans la ré-
gion de Malancourt.
A l'est de la Meuse et en Woêvre, bombardement intermittent.
Les Allemands ont lancé dans la Meuse, au nord de Saint-Mihiel, un grand nom-
bre de mines flottantes qui n'ont fait aucun déaât.
En Lorraine, activité de notre artillerie entre Domèvre et Bréménil,
Sur le reste du front, aucun événement important à signaler.
Dans la journée du 29, une de nos escadrilles de bombardement a lancé quinze
obus de gros calibre sur la gare de Metz-Sablons et cinq sur la gare de Pagny-sur-
Moselle.
Dans la nuit du 29 au 30, deux de nos avions ont bombardé la gare de Maiziè-
res-lcs-Metz
La reprise du bois d'Avocourt
—
Du « Daily Mail n :
* « Les communiqués français d'hier mon-
trent que la reprise de l'activité dlans la val-
lée de la Meuse, est à l'avantage dies troupes
du général Pétain. Les attaques allemandes
n'ont pas pu atteindre au degré de violence
qui les avaient caractérisées dans les jour-
nées maintenant historiques de Douaumont
et die Vaux. Quand d'ennemi lança d y a un
mois les masses grises de ses soldats con-
tre les escarpements rocheux de ces posi-
lions, il combattait avec le. vieux courage
prussien, et seule l'inébranlable intrépidité
de l'infanterie française fut capable de les
tenir en échec..
« Mardi dans l'après-midi, après huit
jours d'une accalmie relative, qui a permis
aux Allemands d'amener des trouipes fraî-
ches et de l'artillerie, ceux-ci se sont lancés
à l'assaut de la cote 287 et de la cote 304.
L'offensive était menée ipar une division de
Wurtembergeois et de Bavarois qui avan-
cèrent en formation serrée, épaiules contre
épaules. Les assaillants étaient convaincus
que six jours d'un infernal bombardement
avaient complètement démoralisé les défen-
seurs de la position et qu"ils marchaient à
une victoire finale. Une fois de plus-ils tu-
rent cruellement désillusionnés.
(c Aussitôt que les Allemands apparurent
en terrain découvert, un feu meurtrier partit
des tranchées françaises. Les fusils, les rii-
trailleuses et .les 75 vomirent des torrents de
métal et firent des hécatombes dans les
rangs ennemis. Les troupes du kronprnz
revinrent à la charge, à plusieurs reprises,
mais ne réussirent qu'à grossir les tas de
cadavres et de blessés qui encombraient le
terrain. Finalement, les Allemands firent
halte et durent se replier bon gré, mail gré.
« Aucune 'tentative ne fut faite pour re-
nouveler l'attaque pendant la nuit et quand
le jour tparut ce fut alors les Français qui
prirent l'initiative. Pendant six heures, leurs,
batteries firent rage sur les lignes .alleman-
des dans le bois d'Avocourt et quand l'in-
fanterie s'avança, elle se trouva en présen-
ce d'un ennemi ébranlé et-démoralisé. Par
bonds successifs, elle le repoussa à environ
300 mètres dans le -bois d'Avocourt. Su.rgis-
sant autour du blockhauss connu sous ! lé
nom de réduit d'Avocourt, elle le prit d'as-
saut, tuant à la baîonnette tous les Alle-
mands qui s'y trouvaient.
« Les braves soldats du général Pétain
n'avaient pas le temps de reprendre haleine
qu'une brigade allemande fondit sur eux
dans une contre-attaque. Mais l'esprit com-
batif des Français était surexcité, et plutôt
que d'abandonner la position qu'ils avaient
prise, ils se seraient laissés tuer jusqu'au
dernier. Malgré des assauts répétés, les
Allemands sont incapables de reprendre un
pouoe de terrain (perdu par eux. »
• — -.- < ——————————
Les mécomptes allemands
Un de nos confrères de la presse suédoi-
se a. reçu les déclarations intéressantes
qu'on va lire d'une personnalité Scandinave
de la haute finance: retour de Berlin, et
dont l'échec des Allemands devant Verdun
a modifié l'opinion sur l'issue de la ba-
taille.
Cette personnalité a entendu un des plus
hauts fonctionnaires de la Wilhelmstrasse
dire après le voyage de M. Briand en l'ta-
lie :
« Evidemment, ce voyage est important,
a M. Briand est un et rude jouteur », avec
« lequel nous devons compter. Il est cer-
« tain que son audacieuse décision de res-
a ter à Salonique a changé la situation en
« Orient et a mis du beurre dans la soupe
a de l'Entente e.
a Maintenant, le premier ministre fran-
« çais essaye d'amener les coalisés à Paris
« pour prendre la direction de la guerre
«contre nous. C'est un rêve. Trop d'égoïs-
« mes divisent les Alliés pour qu'ils se met-
« tent d'accord, même « jsous la houlette
« fleurie de M. Briand ».
« Du reste, nous ne leur en laisserons
« pas le temps, car cette conférence n'au-
« ra pas lieu. D'ici là, la France aura reçu
a un choc sous lequel elle chancellera. At-
« tendez quelques jours, et vous verrez,
« Le moral français est affaibli, les hom-
a: mes politiques, sont divisés. A la Cham-
« bre et au Sénat, il y a des personna-
« lités, « importantes », qui n'attendent
« qu'une occasion pour renverser le minis-
« tère actuel. Au premier succès de l'ar-
« mée allemande, il sera par terre, et ce
« sera bientôt, croyez-moi »
Dernière Heure
CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres se sont réunis ce matin en
Conseil à l'Elysée, sous Ta présidence de
M. Raymond Poincaré.
Ils se sont entretenus de la situation di-
plomatique, militaire et navale.
Le président de la République, sur la
proposition du ministre die la guerre, a
signé un décret aux termes duquel le, gé-
néral de division. Dubail est nommé, gou-
verneur militaire de Paris et commandant
des armées de Paris, en remplacement du
général Maunoury, relevé sur sa demande
pour raisons de santé.
—————————— ) -. ,
LE MORATORIUM DES LOYERS
;
Le ministre de la justice vient de sou-
mettre au président de la République un
décret modifant celui du 28 décembre 1915
relatif au moratorium des loyers.
Le nouveau décret sé borne, en principe,
à prolonger pour trois nouveaux mois l'ef-
fet des dispositions prises le 28 décem-
bre dernier. -
Voici les principales modifications ap-
portées par le nouveau décret :
En vertu de l'article 1° du décret du 28
décembre 1915, les militaires réformés
pour blessures ou maladies contractées à
la guerre, conservent, pour une période de
six mois, à dater de leur mise en réforme,
le bénéfice du moratorium de plein droit
applicable aux citoyens présents sous les
drapeaux.
Il a paru indispensable de dire que si,
à l'expiration de ce délai, ils relèvent du
droit commun, ils ne sont pas légalement
obligés de satisfaire aux réclamations du
propriétaire qui exigerait d'eux brusque-
ment tout l'arriéré des loyers échus pen-
dant la période de leur incorporation.
Ils continueront donc à jouir du mora-
torium des mobilisés pour les termes cor-
respondants au temps qu'ils ont passé au
service du pays.
Certains propriétaires ont élevé des ré-
clamations légitimes contre leurs locatai-
res mobilisés qui. ayant sous-loué, tou-
chaient le prix de leur sous-location sans
cesser de leur opposer le moratorium.
Contre cet abus scandaleux, l'autorité ré-
glementaire est désarmée — on ne sau-
rait par voie de décret modifier l'article 4
de la loi du 5 août 1914 qui interdit toute
instance et toute mesure d'exécution à
l'égard des mobilisés, mais il n'est pas in-
terdit aux propriétaires, sous réserve de
l'appréciation souveraine des tribunaux, de
chercher dans les règles de droit commun
et notamment dans l'article 1753 du Code
civil, le moyen d'obtenir une part de sa-
tisfaction légitime en intentant s'ils le iu-
gent convenable, une action directe contre
le sous-locataire.
) — -.- ( ——————————
Prochaine session des Conseils généraux
Prochaine session des conseils généraux
La prochaine session des conseils géné-
traux devant s'ouvrir, prchainement, le
ministre de la guerre a fait parvenir aux
autorités militaires sous ses ordres un té-
légramme-circulaire les priant de donner
les instructions nécessaires pour que les
conseillers généraux actuellement mobili-
sés puissent être, si toutefois les nécessi-
tés au service le permettent, envoyés en
permission afin die pouvoir assister aux
séances.
————————— ) «
L'OFFENSIVE RUSSE
m campagne de printemps
Les échecs allemands devant Riga
Londres, 29 mars. — On télégraphie die
Petrograd au « Morning Post » que le plan
allemand vise à la capture die Riga, mais
les Russes continuent à tf:nir dans le sec-
teur tout entier de ce front, sans permettre
nulle part à l'ennemi d'avancer. L'offensive
alemandle contre Dvinsk est fortement me-
nacée par les formidables coups quo lui por-
tent les forces russes placées au nord et au
sud de ce secteur.
Les renforts déversés en masse par tes
Allemands pour assurer la défense de leurs
positions à l'ouest du lac Narotch ont ame-
né un combat acharné ; les Russes progres-
sant néanmoins dans leur attaque.
On télégraphie, d'autre part, de Petro-
grad au « Times x, que la campagne de prin-
temps sur le front nord commencera proba-
blement à prendre toute son importance dès
que le dégel permettra la navigation dans le
golfe de Riga, c'est-à-dire vers la fin du
mois d'avril. On prévoit qu'à ce moment le
général Hindenburg aura été renforcé par
l'envoi de fortes réserves et de canons de
gros caJibros. On pense, d'autre part, que
dans la prochaine offensive, la flotte alle-
mande jouera, un rôle important.
<=.————————— ) -.- - < -
A SALONIQUE
Les avions boches font une nouvelle
tentative
Salonique, 20 mars. — Aujourd'hui, une
escadrille aérienne allemande a été aper-
çue au-dessus de Serres, dans la direction
de Salonique'.
Les avions français, avertis, prirent leur
vol, mais l'escadrille ennemie changea de
direction, lança quelques bombes sur Or-
phaneos sans occasionner de dégâts et re-
gagna la frontière par des chemins détour-
nés.
) {
EN ROUMANIE
4» 11
Une assemblée populaire
Bâle, 30 mare. — Le « Nouveau Journal
de Vienne » annonce que M. Filipesco orga-
nise à Bucarest une grande assemblée po-
pulaire qui aura li<*i dimanche prochain et
au cours de laquelle il rendra compte de
son voyage en Russie.
Les Roumains molestés en Autriche
Bale, 30 mars. — Le journal la « Rouma-
nie » publie dans son dernier numéro un
article d'une violence extrême contre les
mesurée vexatoires dont les sujets roumains
sont actuellement l'objet en Autriche-Hon-
grie
- LES LOIS ET LA VIE SOCIALE
LE METIER DE NOURRICE
est=il
une profession ItolfL
Une accoucheuse dfe Longjumeau — qui
a amené plus de jumeaux au monde, longs
ou courts, que de rentes dans sa beurse —
me communique unie pièce de la préfeotura
de Seine-et-Oise qui ne manque pas do
saveur.
Depuis que les bureaucrates existent, ils
ont eu soin de régater l'humanité par leurs
fantaisies délicieuses — mais celle-ci, vrai-
ment, mérité mieux qu'un sourire : il faut
la savourer.
Nous avons tous vu. sur les bancs des
squares, die superbes nourrices tendant
« libéralement » leur sein gonflé die lait à
de non moins suiperbes bébés. Il est fort
possible — et du reste légitime — que nous
nous soyons attardés avec attendrissement
devamt le spectacle de cette « libéralité n
professionnelle. Mais de là à considérer le
métier de nourrice comme une profession
libérale — surtout s'il s'agit de nourrice
sèche et d'accoucheuse exerçant ces occu-
pations nécessairement — il y avait jus-
qu'ici pour nous un abîme infranchissa-
ble.
Mais cet abîme a été franchi.
Pas par nous, évidemment ; - mais
par uni bureaucrate de la susdite préfec-
ture; A COOIP sûr, ce doit être un poète.
Mme L., née en 1857, accoucheuse-
nourrice, ayant cru, dès le début de l'ap-
plication des retraites ouvrières devoir ver-
ser pour ses vieux jours, - Versa jusqu'à
naguère ; son argent, péniblement épar-
gné, fut accepté et la vaillante ouvrière de
la repopulation espérait naïvement tour
cher sa retraite :
« C'est avec un certain soulagement que
je voyais, m'écrit-elle, venir mon droit à
la retraite, car, pfyur qui n'a rien. si peu
que ce soit, c'est encore un avantage. Ot
Mais elle comptait sans les définitions.
La préfecture d'e Seine-et-Oise le lud fit
bien voir en lui adressant la réponse que
voici, par l'intermédiaire du maire :
cc Comme suite aux notes échangées au
sujet de l'assurée L. Françoise, inscrite
sur la liste d'assurance ifacultative en qua-
lité de nourrice, etc. M. le maire de
Longjumeau est prié de vouloir bien rayée
cette assurée comme exerçant une profes-
sion libérale et die lui en donner avis. »
Mme L. Françoise, accoucheuse-nour-
rice, et toutes celles qui se trouvent dans
son cas (elles sont nombreuses, paraît-il),
seront très flattées d'apprendre qu'ailes
exercent une profession libérale ; elles
marcheront désormais de pair avec lea
médecins, et ceux-ci, le cas édhéant, n'hé-
siteront pas à leur donner un coup de
main pour les aider à. essuyer les mou-
tands trop. libéraux. Mais une petite re-
traite ferait mieux leur affaire.
Mme L., n'en croyant pas ses yeux. a
relu le texte de la loi et a cru y voir que
les petits patrons, etc., seront admis à bé-
néficier de cette 'loi jusqu'à concurrence
de 3,000 francs de rapport. (c Mais, dit-elle,
monsieur, elles sont rares. les sages-fem.
mes qui gagnent cette somme ! Aux an-
nées les .plus florissantes, je n'ai jamais
fait plus de soixante-quinze accouchements
par an, ce qui fait, en comptant large-
ment. 1,500 francs ; en ajoutant les con-
sultations, qui sont rares à la campagne.
on arrive à un total de 1,700 francs en-
viron.
D'autre part. depuis une dizaine d'an-
nées, la natalité baisse considérablement,
et les médecins, ayant un luxe de plus en
plus grand, ne diéidaignent pas d'accouches
— en sorte que de soixante-quinze. les ac-
couchements sont tombés à vingt-trois
pour une année. Ce fait est contrôlable à
la mairie. Je perds, par suite d'e la vacci-
nation gratuite confiée aux médecins, une
centaine de francs par an
cc Voilà la brillante situation d'une ac-
coucheuse-nourrice, à qui l'on refuse le bé-
néfice de la retraite ouvrière. Et croyez
bien que je ne suis pas la seule. »
Et la pauvre femme ajoute que depuis la
guerre, c'est bien pire. Pius du tout (ou si
peu !) d'accouchements, et te peu qu'il y a
se fait pour le bureau de bienfaisance.
« La sage-femme est sacrifiée )l, conclut-
elle.
Je le croirais volontiers en lisant dans
sa lettre qu'elle a dû vendre des meubles
et qu'elle est réduite à ramasser du bois
mort sur les routes. Evidemment, Diogène
était encore moins exigeant et se chauf-
fait. sans bois, au seuil d'un tonneau vide,
au soleil Mais c'était un sage-homme e!
non une sage-femme.
J'avoue cependant que ce qui rn-a le
plus affligé dans la plainte de cebte dame.
c'est le cri que voici :
« Peut-on s'étonner, après cela, die la fa-
cilité avec laquelle « certaines » se livrent
à l'avortement ?. u
Oui, madame, on peut, on doit,
tout, s'en étonner, — car cela n'est jamais
digne d'une femme, et j'espère bien que
vous n'êtes pas de celles qui provoquen
de ces étonements-là : vous êtes une sage
femme qui veut être une lern^# sage
Mais ce dont je ne m'étonne pas, c'est (1
votre requête.
Elle me parait légitime. Et il est plu
qu'étrange qu'on ait mis tant d'années <•
s'apercevoir que vous exercez une prof es
sion libérale. On vous dit encore, il esi
vrai, que vous ne prenez pas. de « pension
naires », dans la note de la Préfecture
tandis que vous, vous dites que vous en
prenez s'il s'en' présente. Evidemment
avant que vous les preniez, il faut qu'on
vous en présente, et le bureaucrate se fi
gure peut-être que les jumeaux courent le
long des rues à Longjumeau. Mais vous
n'auriez pas de pensionnaire que vous n'en
seriez pas moins une accoucheuse-nour-
rice en puissance et que, si c'est là uno
profession libérale, elle mérita bien la pe-
tite libéralité de la loi.
Louis Roya
"> -( — •-
Les colis postaux militaires
Les colis postaux adressés àjdâs militai-
res en France, dont rrudhenun:emeonr.&Valt
été provisoirement suspendu à partir dit
1er mars dernier, seront à nouveau accep-
tés dans les conditions habituelles, a -da-
ter du 1er avril prochain par les dépôts,
le bureau central des colis postaux
res et lets différentiels' aidirmaistratà^î
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