Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-01-02
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 86207 Nombre total de vues : 86207
Description : 02 janvier 1878 02 janvier 1878
Description : 1878/01/02 (N256,A2). 1878/01/02 (N256,A2).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7504634q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
a--- Lanterne
ADMINISTRATION, REDACTION ET ANNONCES
A PARIS
S — Bue Coq-Héron — 5
AboMectMts : Paris
TROIS MOI8. 6 FRi
SIX KOIS. 10 FR.
UN AN 20 FRtf
JOURNAL POLITIQUE
QUOTIDIEN
UN NUMÉRO : 5 CENTIMES
Abonnements : Départements
TROIS MOIS.,.. 8FR.
six 15 FR.
USAS 30 FK.
DEUXIÈME AIDmE. — NUMÉRO 256
Mercredi 2 janvier 1878 (12 nivôse an 86)
RÉSULTATS
Au commencement de l'année 1877, M.
Jules Simon était le chef parlementaire
du gouvernement français. Il succédait,
comme ministre de l'intérieur, à M. de
Marcère, à qui la Chambre reprochait une
excessive indulgence à l'égard des fonc-
tionnaires de l'ordre moral, et comme
président du conseil, à M. Dufaure, que
la majorité des députés avait fini par
trouver un peu trop réactionnaires.
Voici arrivée la fin de l'année 1877.
Qui est président du conseil ? Le même
M. Dufaure. Qui est ministre de l'inté-
rieur? Le même M. de Marcère.
Qui se douterait, en constatant ce résul-
tat, que l'année 1877 a vu éclore un formi-
dable complot contre la République, que
ce complot a échoué , que l'ancienne
Chambre dissoute a été réélue, que le
pouvoir personnel a été vaincu, en un
mot, que la République a subi un assaut
formidable et qu'elle en a triomphé?
Qui se douterait que la France républi-
caine a eu à lutter, six mois durant, con-
tre une invasion de monarchistes décidés
à aller jusqu'au bout, qu'elle a repoussé
cette invasion et qu'elle a repris, à force
de fermeté et d'énergie, la libre disposition
de ses destinées ?
Qui se douterait que le régime parlemen-
taire et républicain a remporté, après un
effort mémorable, une victoire qu'on pré-
tend décisive, qu'un coup d'Etat a été sur
le. point d'être mis à exécution, qu'une
révolution a été un instant imminente,
enfin que la coalition des trois partis mo-
narchistes unis sous la direction du cléri-
calisme a été refoulée, dispersée, écrasée ?
On dit que les résultats, en politique,
doivent s'incarner dans des hommes, en
attendant qu'ils se réalisent dans les insti-
tutions. Cela est vrai, jamais résultats
n'ont été moins visibles, moins tangibles
que ceux qu'a produits la crise du 16 mai,
terminée par les élections du 14 octobre
et la constitution du ministère du 14 dé-
cembre.
La prépondérance de l'autorité du Par-
lement sur le pouvoir personnel est, dit-
on, désormais assurée. Le maintien à la
présidence de la République de M. de Mac
Mahon ne jure-t-il pas avec cette affirma-
don'? Quand de téls efforts ont dû être
faits, quand le succès a été si difficile à
conquérir, ne convenait-il pas d'affirmer
l'effort et le succès par un changement
plus accentué dans le personnel gouverne-
mental ?
Nous ne voulons pas nier la victoire
remportée; mais nous avons bien le droit
de constater que le parti républicain, s'il
a triomphé, s'est bien gardé d'en avoir
l'air, et ses chefs officiels ont tout fait
pour rendre la victoire discrète et comme
invisible.
M. de Marcère et M. Dufaure sont mi-
nistres à la fin de l'année t877, comme ils
l'étaient peu de jours avant t la fin de l'an-
née 1876. M. de Mac Mahon est président
de la République comme il l'était il y a un
an. Etait-ce bien pour assurer à ces mes-
sieurs l'inamovibilité de leurs fonctions
que le pays a résisté avec un si bel entrain
aux tentatives de corruption et de pression
qui ont été pratiquées sur lui ? Etait-ce
bien pour revenir à l'état de choses anté-
rieur au 1" janvier 1877, que la France
a souffert et lutté, comme elle a souffert et
lutté depuis le 16 mai jusqu'au 14 dé-
cembre ?
Les hommes criminels qui ont tenté de
violenter la volonté du pays sont-ils pu-
nis ? Sont-ils seulement accusés et mena-
cés ? Non. On s'est contenté de les ren-
voyer, et ils en sont quittes pour s'en
aller voyager à l'étranger et se reposer de
leurs fatigues en préparant de nouveaux
complots.
Qu'y a-t-il donc de changé ? Dans la
forme, rien. Dans le fond, on l'ignore.
Un message est intervenu, net, précis,
solennel, plein de promesses, mais qui a
le malheur d'être révocable à volonté
comme les messages qui l'ont précédé et
susceptible d'être contredit par un autre
message, qui pourrait n'être ni moins net,
ni moins précis, ni moins solennel, mais
qui serait conçu en sens inverse.
Il faudra beaucoup d'allocutions minis-
térielles, beaucoup de mouvements pré-
fectoraux et autres, beaucoup d'actes de
bonne et solide politique républicaine
pour dissiper les défiances qu'entretient
dans l'opinion publique l'inanité appa.-
rente des résultats obtenus, et pour faire
que la France s'habitue à croire enfin à sa
victoire.
L'année 1877 a été l'année de la lutte;
l'année 1878 aura à traduire dans les
faits l'affirmation de la victoire.
SIGISMOND LACROIX.
Trois journaux qui signent leurs arti-
cles d'une étoile nous contestent le droit
de signer les nôtres d'une lanterne.
Les industriels qui nous font ce repro-
che — car nous ne croyons pas qu'aucun
journaliste ait songé à nous le faire -
sont ceux qui, sans droit ni raison, se sont
emparés-uqe première fois d'un titre qui
nous appartenait légitimement.
Bien qu'un jnsèment nous eût donné
gain de cause, r-"~ leur avons abandonné
ce titre, qui n,- -f duré longtemps en-
tre leurs mains ..-.
Aujourd'hui, prétention est plus
étrange encore ; ce qu'ils nous contestent,
c'est le titre que nous portons, le nom qui
depuis un an s'imprime en tête de notre
feuille, c'est notre signature.
Sous cette signature, qui est nôtre, ce
n'est pas telle ou telle personnalité qui se
cache, c'est le journal la Lanterne, qui
couvre de son titre des articles dont la
pensée est sa pensée, dont la politique est
sa politique. C'est le journal qui met son
nom au bas des articles qu'il fait siens.
Le titre, le nom, la signature de la Lan-
terne appartiennent à la Lanterne; elle
en use comme il lui convient, et personne
qu'elle n'a le droit d'en user.
Il n'y a donc ici ni « plagiat », ni « pira-
terie » littéraire ; et qu'il s'agisse de con-
trats ou de loyauté, la Lanterne, plus
heureuse que d'autres, n'a point failli.
——————— ♦ ————————
Le mouvement sous-préfectoral qui a
paru hier à 1 "Officiel comprend 264 nomi-
nations. Plusieurs' choix sont heureux,
mais nous trouvons le mouvement insuf-
fisant. Pas un sous-préfet du 16 mai ne
doit rester en fonction et près de 100 ne
sont pas atteints par ce mouvement.
Quatre nominations de préfets figurent
également à Y Officiel, parmi lesquelles celle
de M. Assiot, nommé préfet de l'Aveyron.
Nous félicitons M. de Marcère de cet acte
de justice, M. Assiot, préfet du Gers,
ayant été un des premiers destitués le
16 mai.
LE COUP D'ÉTAT MANQUÉ
X
La fameuse note si impatiemment atten-
tue a enfin paru à l'Officiel. Elle ne satisfera
personne, comme on va pouvoir en juger :
Divers journaux ayant publié des versions
erronées sur les événements qui ont amené
l'incident de Limoges, l'autorité militaire croit
devoir rétablir les faits.
Dans toutes les grandes villes, et à Paris
en particulier, des mesures sont prises de tout
temps pour que l'armée soit toujours à même
de faire respecter l'ordre public. A cet effet,
des instructions offlcielfes font connaître pour
chaque corps de troupes le rôle à remplir, la
place à occuper et les dispositions à prendre en
cas de troubles.
Ces mesures préventives ont paru insuffi-
santes au moment où, par suite du départ de
la classe de 1872 des troupes de la garnison de
Paris, l'effectif des troupes de cette garnison se
trouva considérablement réduit. Par suite, le.
ministre de la guerre fit établir à la date du
14 novembre un projet dans le but d'appeler
au besoin à Paris, en cas de désordre, un cet-
tain nombre de régiments destinés à assurerv
la tranquillité publique.
Les instructions données à cette occasion
indiquaient aux commandants de corps d'armés
les dispositions à prendre en vue de l'envoi de
ces régiments, mais en même temps elles in*
sistaient sur ce point que ces troupes ne se-
raient appelées que dans le cas t où l'ordre pu-
blic et les lois que l'armée est chargée de faire
respecter, seraient menacés. »
Pour éviter toute interprétation flcheuse.'
ne pas Inquiéter l'opinion publique, le secret
le plus absolu était recommandé aux comman-
dants de corps d'armée, et ces instructions leur
furent portées par des officiers.
Le 8 décembre, sur les observations présen*
tées par quelques commandants de corps. d'ar«
mée dont le territoire se serait trouvé trop dk.
garni, des modifications furent apportées au
projet précédemment établi.
Ces modifications, qui ne changeaient rien
aux instructions déjà données, ne portaient que
sur la désignation des corps de troupes appe*
lés éventuellement à marcher.
C'est ainsi qu'un des régiments d'infanterie;
de Limoges fut compris dans cette nouvelle
désignation. Par suite, le général commandant
le 12* corps d armée fut amené à notifier l'ordre
officiel qui réglait les dispositions à prendre à
Limoges en cas de troubles.
A cette occasion, un officier général, inter
prêtant mal les instructions qui lui étaient
données et qui se rapportaient uniquement
a des mesures de prévoyance, eut le tort de lea
transformer en mesures d'exécution que rien
ne justifiait. Devant les ordres formels donnée
par cet officier général, le colonel du 14* de lk
gne avait réuni immédiatement ses officier*,
pour leur transmettre les instructions qu'il
avait reçues; c'est dans cette réunion que se
produisit en présence de tout le corps d'bmciert
un acte d'indiscipline des plus graves.
Le ministre de la guerre, en apprenant ces
faits dès son entrée en fonction, s'est empres-
sé d'Ouvrir une enquête à la suite de laquelle
il a mis en disponibilité l'officier généNddont
il s agit et provoqué la mise en non-activité
par retrait d'emploi de l'officier supérieur
qui s'était rendu coupable de l'acte d'indisci.
pline.
Que veulent dire toutes ces phrases plus:
ou moins alambiquées ?
En somme cette note, qui ne signifie rien
rend plus grande encore la nécessité d'une in*
ferpellation aussitôt la rentrée de la chambre.
Chacun sait aujourd'hui qu'on a coarplou
un attentat contre la souveraineté nationale -
il faut que la plus grande lumière soit por.
tée sur toutes ces machinations, et que iu*
tice soit faite. ,.,-;
; »
M. Yves Guyot, conseiller municipal sor-
tant a adressé au comité républicain radical
du s. arrondissement la lettre suivante
A M. Ratier, ancien représentant du pluple,
président du comité,
Paris, le 26 décembre 1877.
Monsieur le président,
Je remercie le comité radical du 38 arrondisse
1 FEUILLETON DU 2 JANVIER
48
LA
HilSU H Mil
PREMIÈRE PARTIE
LA FAMILLE DU MAGISTRAT
IX
T..pete. intestines
(Suite)
J'ai été un père juste et bienveillant; je
ne veux pas devenir un père faible. Lorsque
ma fille a refusé, l'an passé, un parti que
j'avais encouragé, je me suis résigné, j'ai
laissé toute liberté a ses idées. à ses pré-
ventions.
J'en ai été mal récompensé. On a conclu
de là que ma volonté était sans poids et tout
a marché au rebours de la raison, jusqu'aux
plus fatals résultats.
Il n'en sera plus ainsi.
Je viens donc vous annoncer, ma mère, et
vous, ma fille, que j'ai arrêté les bases de ce
mariage, et que j'entends qu'il ait lieu dans
les délais les plus courts. Si vous trouvez
une seule objection juste et valable, parlez.
— En vérité, monsieur, dit Mme Dampier,
ceci est presque sans exemple, et je suis con-
fondue.
— Permettez, ce sont là des paroles et non
des raisons. Vous, Alice, que dites-vous ?
Alice était restée jusque-là anéantie et
comme étrangère à ce qui se passait. Ainsi
interpellée, elle se redressa lentement :
— Je dis, mon père, qu'il me semble rê-
ver, et j'attends qu'on me réveille. Moi,
ainsi traitée? livrée à ce fat ridicule, qu'une
femme sans pudeur ose venir réclamer ici
comme son bien et sa propriété !
Ah ! mon père, vous parlez de votre carac-
tère, de votre dignité. quelle idée avez-
vous donc de la mienne?. Vous vous êtes
trompé, je ne suis pas si pressée de me ma-
rier que j'aie besoin de disputer à Mme Mor-
taurne son amant !
Vous m'excuserez donc, mais je ne saurais
faire honneur à une parole donnée en dehors
de moi et malgré moi.
— Ah ! c'est ainsi ! s'écria le président, la
révolte est complète. Je vous dis, moi, que
vous épouserez M. Agénor, parce que cela
est sage et que je le veux.
— Je vous en supplie, mon père, n'insistez
pas, dit la jeune fille avec beaucoup de res-
pect, mais avec une sensible énergie ; vous
m'obligeriez à vous désobéir et j'en serais
éternellement désespérée.
— Vous ne me connaissez pas encore ; et
s'il faut vous traîner devant le magistrat et
devant le prêtre, je vous y traînerai.
— Il n'en sera pas besoin ; je marcherai
jusqu'à eux ; mais retenez bien cette parole :
aucune puissance humaine ne m'obligera à
prononcer le consentement sacramentel, et
nous verrons si quelqu'un me déclarera
mariée quand devant la loi et devant Dieu
j'aurai déclaré que je n'entends pas l'être.
— Vous oseriez ?.
Mais, lisant dans son attitude et dans son
regard son invincible décision :
— Vous vous abusez sur vos droits, dit-il.
et, pour châtier tant d'audace, la loi en ac-
corde aussi de formels aux pères de famille.
Demain, mademoiselle, vous entrerez au
couvent des Carmélites.
Alice s'inclina et répondit avec une grande
douceur :
— Comme il vous plaira, mon père.
Mme Dampier se rapprocha d'elle, l'em-
brassa avec tendresse et lui dit :
— Tu n'iras pas seule, mon enfant.
— Que signifie ?. demanda le président.
— Je n'ai plus rien à faire chez vous, mon-
sieur, du moment que ma petite-fille en est
bannie.
Ah ! j'ai compris votre pensée : vous vou-
lez régner ici ; eh bien, régnez à votre gré.
Demeurez-y seul avec votre conscience;
en présence de vous-même.
-Ma mère!. ma mère!. s'écria-t.il
sourdement.
Elle vint lentement jusqu'A' son oreille et
ajouta de manière à nétre entendue que de
lui seul, mais d'un accent qui le flt pâlir :
- Oui, j'étais devenue votre inquiétude
votre remords vivant; reprenez votre traA.
quillité, je ne vous gênerai plus.
- Grand mère, dIt à son tour Alice émue *
à l'oreille de l'aïeule, et mon
- Oh ! celui-là, s'écria M. I)ampier, saigr
sissant ce mot, il a été la source de ce cUaor-
dre, il en portera la peine.
X
Ha ami Méeolkan.
La nouvelle de l'entrée de Mlle Dampie:
aux Carmélites éclata bruyamment dans la
société de X., avant Illême qu'Alice oùt
quitté l'hôtel de son père
Mais l'explication arriva toute seul, e, le
bruit ayant circulé non moins rapidement d7a
refus essuyé par Atrénor^Tw ^PMement du
pier, en conclut-on, n'vait de go(tt que pour
la retraite; elle cédait à Ulle Vocaiiouar.r'
rêtée.
OCTAVE FÉRi.
(A suivre.)
ADMINISTRATION, REDACTION ET ANNONCES
A PARIS
S — Bue Coq-Héron — 5
AboMectMts : Paris
TROIS MOI8. 6 FRi
SIX KOIS. 10 FR.
UN AN 20 FRtf
JOURNAL POLITIQUE
QUOTIDIEN
UN NUMÉRO : 5 CENTIMES
Abonnements : Départements
TROIS MOIS.,.. 8FR.
six 15 FR.
USAS 30 FK.
DEUXIÈME AIDmE. — NUMÉRO 256
Mercredi 2 janvier 1878 (12 nivôse an 86)
RÉSULTATS
Au commencement de l'année 1877, M.
Jules Simon était le chef parlementaire
du gouvernement français. Il succédait,
comme ministre de l'intérieur, à M. de
Marcère, à qui la Chambre reprochait une
excessive indulgence à l'égard des fonc-
tionnaires de l'ordre moral, et comme
président du conseil, à M. Dufaure, que
la majorité des députés avait fini par
trouver un peu trop réactionnaires.
Voici arrivée la fin de l'année 1877.
Qui est président du conseil ? Le même
M. Dufaure. Qui est ministre de l'inté-
rieur? Le même M. de Marcère.
Qui se douterait, en constatant ce résul-
tat, que l'année 1877 a vu éclore un formi-
dable complot contre la République, que
ce complot a échoué , que l'ancienne
Chambre dissoute a été réélue, que le
pouvoir personnel a été vaincu, en un
mot, que la République a subi un assaut
formidable et qu'elle en a triomphé?
Qui se douterait que la France républi-
caine a eu à lutter, six mois durant, con-
tre une invasion de monarchistes décidés
à aller jusqu'au bout, qu'elle a repoussé
cette invasion et qu'elle a repris, à force
de fermeté et d'énergie, la libre disposition
de ses destinées ?
Qui se douterait que le régime parlemen-
taire et républicain a remporté, après un
effort mémorable, une victoire qu'on pré-
tend décisive, qu'un coup d'Etat a été sur
le. point d'être mis à exécution, qu'une
révolution a été un instant imminente,
enfin que la coalition des trois partis mo-
narchistes unis sous la direction du cléri-
calisme a été refoulée, dispersée, écrasée ?
On dit que les résultats, en politique,
doivent s'incarner dans des hommes, en
attendant qu'ils se réalisent dans les insti-
tutions. Cela est vrai, jamais résultats
n'ont été moins visibles, moins tangibles
que ceux qu'a produits la crise du 16 mai,
terminée par les élections du 14 octobre
et la constitution du ministère du 14 dé-
cembre.
La prépondérance de l'autorité du Par-
lement sur le pouvoir personnel est, dit-
on, désormais assurée. Le maintien à la
présidence de la République de M. de Mac
Mahon ne jure-t-il pas avec cette affirma-
don'? Quand de téls efforts ont dû être
faits, quand le succès a été si difficile à
conquérir, ne convenait-il pas d'affirmer
l'effort et le succès par un changement
plus accentué dans le personnel gouverne-
mental ?
Nous ne voulons pas nier la victoire
remportée; mais nous avons bien le droit
de constater que le parti républicain, s'il
a triomphé, s'est bien gardé d'en avoir
l'air, et ses chefs officiels ont tout fait
pour rendre la victoire discrète et comme
invisible.
M. de Marcère et M. Dufaure sont mi-
nistres à la fin de l'année t877, comme ils
l'étaient peu de jours avant t la fin de l'an-
née 1876. M. de Mac Mahon est président
de la République comme il l'était il y a un
an. Etait-ce bien pour assurer à ces mes-
sieurs l'inamovibilité de leurs fonctions
que le pays a résisté avec un si bel entrain
aux tentatives de corruption et de pression
qui ont été pratiquées sur lui ? Etait-ce
bien pour revenir à l'état de choses anté-
rieur au 1" janvier 1877, que la France
a souffert et lutté, comme elle a souffert et
lutté depuis le 16 mai jusqu'au 14 dé-
cembre ?
Les hommes criminels qui ont tenté de
violenter la volonté du pays sont-ils pu-
nis ? Sont-ils seulement accusés et mena-
cés ? Non. On s'est contenté de les ren-
voyer, et ils en sont quittes pour s'en
aller voyager à l'étranger et se reposer de
leurs fatigues en préparant de nouveaux
complots.
Qu'y a-t-il donc de changé ? Dans la
forme, rien. Dans le fond, on l'ignore.
Un message est intervenu, net, précis,
solennel, plein de promesses, mais qui a
le malheur d'être révocable à volonté
comme les messages qui l'ont précédé et
susceptible d'être contredit par un autre
message, qui pourrait n'être ni moins net,
ni moins précis, ni moins solennel, mais
qui serait conçu en sens inverse.
Il faudra beaucoup d'allocutions minis-
térielles, beaucoup de mouvements pré-
fectoraux et autres, beaucoup d'actes de
bonne et solide politique républicaine
pour dissiper les défiances qu'entretient
dans l'opinion publique l'inanité appa.-
rente des résultats obtenus, et pour faire
que la France s'habitue à croire enfin à sa
victoire.
L'année 1877 a été l'année de la lutte;
l'année 1878 aura à traduire dans les
faits l'affirmation de la victoire.
SIGISMOND LACROIX.
Trois journaux qui signent leurs arti-
cles d'une étoile nous contestent le droit
de signer les nôtres d'une lanterne.
Les industriels qui nous font ce repro-
che — car nous ne croyons pas qu'aucun
journaliste ait songé à nous le faire -
sont ceux qui, sans droit ni raison, se sont
emparés-uqe première fois d'un titre qui
nous appartenait légitimement.
Bien qu'un jnsèment nous eût donné
gain de cause, r-"~ leur avons abandonné
ce titre, qui n,- -f duré longtemps en-
tre leurs mains ..-.
Aujourd'hui, prétention est plus
étrange encore ; ce qu'ils nous contestent,
c'est le titre que nous portons, le nom qui
depuis un an s'imprime en tête de notre
feuille, c'est notre signature.
Sous cette signature, qui est nôtre, ce
n'est pas telle ou telle personnalité qui se
cache, c'est le journal la Lanterne, qui
couvre de son titre des articles dont la
pensée est sa pensée, dont la politique est
sa politique. C'est le journal qui met son
nom au bas des articles qu'il fait siens.
Le titre, le nom, la signature de la Lan-
terne appartiennent à la Lanterne; elle
en use comme il lui convient, et personne
qu'elle n'a le droit d'en user.
Il n'y a donc ici ni « plagiat », ni « pira-
terie » littéraire ; et qu'il s'agisse de con-
trats ou de loyauté, la Lanterne, plus
heureuse que d'autres, n'a point failli.
——————— ♦ ————————
Le mouvement sous-préfectoral qui a
paru hier à 1 "Officiel comprend 264 nomi-
nations. Plusieurs' choix sont heureux,
mais nous trouvons le mouvement insuf-
fisant. Pas un sous-préfet du 16 mai ne
doit rester en fonction et près de 100 ne
sont pas atteints par ce mouvement.
Quatre nominations de préfets figurent
également à Y Officiel, parmi lesquelles celle
de M. Assiot, nommé préfet de l'Aveyron.
Nous félicitons M. de Marcère de cet acte
de justice, M. Assiot, préfet du Gers,
ayant été un des premiers destitués le
16 mai.
LE COUP D'ÉTAT MANQUÉ
X
La fameuse note si impatiemment atten-
tue a enfin paru à l'Officiel. Elle ne satisfera
personne, comme on va pouvoir en juger :
Divers journaux ayant publié des versions
erronées sur les événements qui ont amené
l'incident de Limoges, l'autorité militaire croit
devoir rétablir les faits.
Dans toutes les grandes villes, et à Paris
en particulier, des mesures sont prises de tout
temps pour que l'armée soit toujours à même
de faire respecter l'ordre public. A cet effet,
des instructions offlcielfes font connaître pour
chaque corps de troupes le rôle à remplir, la
place à occuper et les dispositions à prendre en
cas de troubles.
Ces mesures préventives ont paru insuffi-
santes au moment où, par suite du départ de
la classe de 1872 des troupes de la garnison de
Paris, l'effectif des troupes de cette garnison se
trouva considérablement réduit. Par suite, le.
ministre de la guerre fit établir à la date du
14 novembre un projet dans le but d'appeler
au besoin à Paris, en cas de désordre, un cet-
tain nombre de régiments destinés à assurerv
la tranquillité publique.
Les instructions données à cette occasion
indiquaient aux commandants de corps d'armés
les dispositions à prendre en vue de l'envoi de
ces régiments, mais en même temps elles in*
sistaient sur ce point que ces troupes ne se-
raient appelées que dans le cas t où l'ordre pu-
blic et les lois que l'armée est chargée de faire
respecter, seraient menacés. »
Pour éviter toute interprétation flcheuse.'
ne pas Inquiéter l'opinion publique, le secret
le plus absolu était recommandé aux comman-
dants de corps d'armée, et ces instructions leur
furent portées par des officiers.
Le 8 décembre, sur les observations présen*
tées par quelques commandants de corps. d'ar«
mée dont le territoire se serait trouvé trop dk.
garni, des modifications furent apportées au
projet précédemment établi.
Ces modifications, qui ne changeaient rien
aux instructions déjà données, ne portaient que
sur la désignation des corps de troupes appe*
lés éventuellement à marcher.
C'est ainsi qu'un des régiments d'infanterie;
de Limoges fut compris dans cette nouvelle
désignation. Par suite, le général commandant
le 12* corps d armée fut amené à notifier l'ordre
officiel qui réglait les dispositions à prendre à
Limoges en cas de troubles.
A cette occasion, un officier général, inter
prêtant mal les instructions qui lui étaient
données et qui se rapportaient uniquement
a des mesures de prévoyance, eut le tort de lea
transformer en mesures d'exécution que rien
ne justifiait. Devant les ordres formels donnée
par cet officier général, le colonel du 14* de lk
gne avait réuni immédiatement ses officier*,
pour leur transmettre les instructions qu'il
avait reçues; c'est dans cette réunion que se
produisit en présence de tout le corps d'bmciert
un acte d'indiscipline des plus graves.
Le ministre de la guerre, en apprenant ces
faits dès son entrée en fonction, s'est empres-
sé d'Ouvrir une enquête à la suite de laquelle
il a mis en disponibilité l'officier généNddont
il s agit et provoqué la mise en non-activité
par retrait d'emploi de l'officier supérieur
qui s'était rendu coupable de l'acte d'indisci.
pline.
Que veulent dire toutes ces phrases plus:
ou moins alambiquées ?
En somme cette note, qui ne signifie rien
rend plus grande encore la nécessité d'une in*
ferpellation aussitôt la rentrée de la chambre.
Chacun sait aujourd'hui qu'on a coarplou
un attentat contre la souveraineté nationale -
il faut que la plus grande lumière soit por.
tée sur toutes ces machinations, et que iu*
tice soit faite. ,.,-;
; »
M. Yves Guyot, conseiller municipal sor-
tant a adressé au comité républicain radical
du s. arrondissement la lettre suivante
A M. Ratier, ancien représentant du pluple,
président du comité,
Paris, le 26 décembre 1877.
Monsieur le président,
Je remercie le comité radical du 38 arrondisse
1 FEUILLETON DU 2 JANVIER
48
LA
HilSU H Mil
PREMIÈRE PARTIE
LA FAMILLE DU MAGISTRAT
IX
T..pete. intestines
(Suite)
J'ai été un père juste et bienveillant; je
ne veux pas devenir un père faible. Lorsque
ma fille a refusé, l'an passé, un parti que
j'avais encouragé, je me suis résigné, j'ai
laissé toute liberté a ses idées. à ses pré-
ventions.
J'en ai été mal récompensé. On a conclu
de là que ma volonté était sans poids et tout
a marché au rebours de la raison, jusqu'aux
plus fatals résultats.
Il n'en sera plus ainsi.
Je viens donc vous annoncer, ma mère, et
vous, ma fille, que j'ai arrêté les bases de ce
mariage, et que j'entends qu'il ait lieu dans
les délais les plus courts. Si vous trouvez
une seule objection juste et valable, parlez.
— En vérité, monsieur, dit Mme Dampier,
ceci est presque sans exemple, et je suis con-
fondue.
— Permettez, ce sont là des paroles et non
des raisons. Vous, Alice, que dites-vous ?
Alice était restée jusque-là anéantie et
comme étrangère à ce qui se passait. Ainsi
interpellée, elle se redressa lentement :
— Je dis, mon père, qu'il me semble rê-
ver, et j'attends qu'on me réveille. Moi,
ainsi traitée? livrée à ce fat ridicule, qu'une
femme sans pudeur ose venir réclamer ici
comme son bien et sa propriété !
Ah ! mon père, vous parlez de votre carac-
tère, de votre dignité. quelle idée avez-
vous donc de la mienne?. Vous vous êtes
trompé, je ne suis pas si pressée de me ma-
rier que j'aie besoin de disputer à Mme Mor-
taurne son amant !
Vous m'excuserez donc, mais je ne saurais
faire honneur à une parole donnée en dehors
de moi et malgré moi.
— Ah ! c'est ainsi ! s'écria le président, la
révolte est complète. Je vous dis, moi, que
vous épouserez M. Agénor, parce que cela
est sage et que je le veux.
— Je vous en supplie, mon père, n'insistez
pas, dit la jeune fille avec beaucoup de res-
pect, mais avec une sensible énergie ; vous
m'obligeriez à vous désobéir et j'en serais
éternellement désespérée.
— Vous ne me connaissez pas encore ; et
s'il faut vous traîner devant le magistrat et
devant le prêtre, je vous y traînerai.
— Il n'en sera pas besoin ; je marcherai
jusqu'à eux ; mais retenez bien cette parole :
aucune puissance humaine ne m'obligera à
prononcer le consentement sacramentel, et
nous verrons si quelqu'un me déclarera
mariée quand devant la loi et devant Dieu
j'aurai déclaré que je n'entends pas l'être.
— Vous oseriez ?.
Mais, lisant dans son attitude et dans son
regard son invincible décision :
— Vous vous abusez sur vos droits, dit-il.
et, pour châtier tant d'audace, la loi en ac-
corde aussi de formels aux pères de famille.
Demain, mademoiselle, vous entrerez au
couvent des Carmélites.
Alice s'inclina et répondit avec une grande
douceur :
— Comme il vous plaira, mon père.
Mme Dampier se rapprocha d'elle, l'em-
brassa avec tendresse et lui dit :
— Tu n'iras pas seule, mon enfant.
— Que signifie ?. demanda le président.
— Je n'ai plus rien à faire chez vous, mon-
sieur, du moment que ma petite-fille en est
bannie.
Ah ! j'ai compris votre pensée : vous vou-
lez régner ici ; eh bien, régnez à votre gré.
Demeurez-y seul avec votre conscience;
en présence de vous-même.
-Ma mère!. ma mère!. s'écria-t.il
sourdement.
Elle vint lentement jusqu'A' son oreille et
ajouta de manière à nétre entendue que de
lui seul, mais d'un accent qui le flt pâlir :
- Oui, j'étais devenue votre inquiétude
votre remords vivant; reprenez votre traA.
quillité, je ne vous gênerai plus.
- Grand mère, dIt à son tour Alice émue *
à l'oreille de l'aïeule, et mon
- Oh ! celui-là, s'écria M. I)ampier, saigr
sissant ce mot, il a été la source de ce cUaor-
dre, il en portera la peine.
X
Ha ami Méeolkan.
La nouvelle de l'entrée de Mlle Dampie:
aux Carmélites éclata bruyamment dans la
société de X., avant Illême qu'Alice oùt
quitté l'hôtel de son père
Mais l'explication arriva toute seul, e, le
bruit ayant circulé non moins rapidement d7a
refus essuyé par Atrénor^Tw ^PMement du
pier, en conclut-on, n'vait de go(tt que pour
la retraite; elle cédait à Ulle Vocaiiouar.r'
rêtée.
OCTAVE FÉRi.
(A suivre.)
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