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- RÉÉDITIONS
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- ETUDES
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- BIBLIOGRAPHIE
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- .......... Page(s) .......... 100
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LUBERON(*)
Je te vois sous le signe de novembre, voué au Sagittaire, entre les
splendeurs de l'automne et les premières bises de l'hiver.
Tu es le pays des présences. Dans tes vallons, sur tes hauteurs, les
signaux de la mort ne manquent point. Souviens-toi !... champ
abandonné de Bonnieux, nécropole de Buoux taillée dans le silex, calme
cimetière de Pradines et, campées sous leurs trois cyprès, toutes ces
tombes que tu as dispersées dans la campagne.
Mais tu n'es point pays funèbre. En toi ne disparaît personne.
Le fruit est mûr, l'olive tombe, l'olivier continue à vivre. Tu gardes
tout.
Un soir que j'étais arrêté au bord de la Durance, près de
Meyrargues, tu m'es apparu. Je ne t'avais jamais rencontré jusqu'alors.
Je te voyais au loin comme une muraille grisâtre et par endroits bleutée.
Parfois tes masses me paraissaient se modeler sur les formes d'un corps
allongé au-delà du fleuve, parfois tu prenais le pli d'une pensée
humaine.
Tes lignes s'accordaient avec quelque dessein de la Sagesse et
livraient soit des élans justes, soit des volumes pleins. Ton secret restait
contenu ; je ne le voyais point ; je le pressentais. Tu n'étais plus une
montagne, mais une puissante arrière-pensée qui barrait l'horizon du
côté des Alpes. Cependant le peu que tu m'accordais de la confidence
eût suffi à troubler ma méditation. Tu proposais aux mouvements de
mon esprit des itinéraires moraux apparemment faciles ; mais tu
m'offrais aussi avec une insistance grandissante l'obsession de l'autre
versant et l'attrait des quartiers invisibles. La hantise de cet au-delà qui
se cache juste derrière les crêtes, depuis lors a troublé toute ma vie.
Tu ne disperses pas l'esprit ; tu le concentres. Plus que par
l'émotion banale ou quelque pittoresque, dès que tu es en vue, fût-ce à
vingt lieues, tu nous attires sous des déplacements de forces
magnétiques. En toi, les mouvements de l'âme croisent les mouvements
de la matière.
Tu es lieu limité, compact. On te comprend et pourtant tu
échappes. Les beautés que tu accordes au visible, pour éloquentes
qu'elles soient, traduisent imparfaitement de mystérieuses formes
mentales. Quelqu'un que personne n'a jamais vu, mais que je pressens,
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Je te vois sous le signe de novembre, voué au Sagittaire, entre les
splendeurs de l'automne et les premières bises de l'hiver.
Tu es le pays des présences. Dans tes vallons, sur tes hauteurs, les
signaux de la mort ne manquent point. Souviens-toi !... champ
abandonné de Bonnieux, nécropole de Buoux taillée dans le silex, calme
cimetière de Pradines et, campées sous leurs trois cyprès, toutes ces
tombes que tu as dispersées dans la campagne.
Mais tu n'es point pays funèbre. En toi ne disparaît personne.
Le fruit est mûr, l'olive tombe, l'olivier continue à vivre. Tu gardes
tout.
Un soir que j'étais arrêté au bord de la Durance, près de
Meyrargues, tu m'es apparu. Je ne t'avais jamais rencontré jusqu'alors.
Je te voyais au loin comme une muraille grisâtre et par endroits bleutée.
Parfois tes masses me paraissaient se modeler sur les formes d'un corps
allongé au-delà du fleuve, parfois tu prenais le pli d'une pensée
humaine.
Tes lignes s'accordaient avec quelque dessein de la Sagesse et
livraient soit des élans justes, soit des volumes pleins. Ton secret restait
contenu ; je ne le voyais point ; je le pressentais. Tu n'étais plus une
montagne, mais une puissante arrière-pensée qui barrait l'horizon du
côté des Alpes. Cependant le peu que tu m'accordais de la confidence
eût suffi à troubler ma méditation. Tu proposais aux mouvements de
mon esprit des itinéraires moraux apparemment faciles ; mais tu
m'offrais aussi avec une insistance grandissante l'obsession de l'autre
versant et l'attrait des quartiers invisibles. La hantise de cet au-delà qui
se cache juste derrière les crêtes, depuis lors a troublé toute ma vie.
Tu ne disperses pas l'esprit ; tu le concentres. Plus que par
l'émotion banale ou quelque pittoresque, dès que tu es en vue, fût-ce à
vingt lieues, tu nous attires sous des déplacements de forces
magnétiques. En toi, les mouvements de l'âme croisent les mouvements
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Tu es lieu limité, compact. On te comprend et pourtant tu
échappes. Les beautés que tu accordes au visible, pour éloquentes
qu'elles soient, traduisent imparfaitement de mystérieuses formes
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