Presse et revues
720 pages
Titre : La Mode : revue des modes, galerie de moeurs, album des salons
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1850-10-05
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Lautour-Mézeray, Charles (1801-1861). Directeur de publication
Contributeur : Dufougerais, Alfred Xavier de La Douëpe (1804-1874). Directeur de publication
Contributeur : Mennechet, Édouard (1794-1845). Directeur de publication
Contributeur : Walsh, Édouard (Vicomte). Directeur de publication
Contributeur : Nettement, Alfred (1805-1869). Directeur de publication
Contributeur : Voillet de Saint-Philibert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32817434b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 octobre 1850 05 octobre 1850
Description : 1850/10/05 (A22). 1850/10/05 (A22).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k96194229
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-LC14-15
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/12/2015
LA MODE. 654
Noël fut le cri de nos aïeux. Lorsqu'un souverain entrait dans sa bonne
ville de Paris; lorsqu'il préludait à son règne par des largesses; lorsqu'à
Reims, pendant la solennité du sacre, la liberté était rendue à des milliers
d'oiseaux, une clameur générale retentissait : Noël! Noël! tel était l'élan
de l'enthousiasme qui animait la foule.
Cela ne valait-il pas bien les hurlements farouches de la Marseillais?
et de la Carmagnole !
Qu'on ne s'y trompe pas, il n'y a , pour une nation, de véritable force
que celle qui est cimentée sur la foi, et c'est le seul accord de l'Eglise et
de la Royauté qui fit la France ce qu'elle fut dans l'Europe.
Laissez-nous donc, sophistes et prédicants de déisme, laissez-nous re-
dire au fond de nos cœurs ce cri de Noël que la foule a désappris en
même temps qu'elle oubliait les précieuses traditions de la simplicité et de
la discipline.
Nos provinces, moins avancées en voltairianisme que la capitale , et où
tant de bons esprits ne se révoltent nullement à l'idée de célébrer le di-
manche, nos provinces ont gardé le culte de Noël, et sauvé , pour ainsi
dire , du naufrage révolutionnaire quelques usages aussi touchants que
poétiques. Qu'on nous permette d'en citer un exemple, celui des calenos
de la Provence. La veille de Noël, tous les parents se réunissent chez le
plus âgé d'entre eux pour assister à un repas. Le doyen de la famille
prend par la main l'enfant le plus jeune et le conduit à la porte de la mai-
son, où l'on a déposé une grosse bûche d'olivier , — le calignaou. L'en-
fant fait trois libations sur cette bûche, avec du vin, en prononçant ces
paroles : « Soyons joyeux, Dieu nous rend joyeux. Le feu caché vient,
» tout bien vient ; Dieu nous fasse la grâce de voir l'an qui vient ; si nous
» ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins. » — Le verre
dont l'enfant s'est servi passe à la ronde; puis l'enfant soulève une ex-
trémité de la bûche pendant que le vieillard la saisit par l'autre bout, et
on la place sur le foyer. Lorsqu'on a mis la table des calenos , le même
enfant bénit aussi la table. Cette fête , vraiment patriarcale , a pour ré-
sultat presque infaillible de faire cesser la mésintelligence dans les familles
en réunissant au banquet annuel ceux mêmes que les intérêts humains
avaient le plus divisés.
Maintenant transportez-vous par la pensée hors de France. Partout
vous trouverez, et peut-être encore à un plus haut degré, cette ferveur
pour Noël.
L'Angleterre est singulièrement attachée à son Christmas et l'on a
pu lire dans les Contes, dus à l'ingénieux Dickens, tout ce qui se fait d
Noël fut le cri de nos aïeux. Lorsqu'un souverain entrait dans sa bonne
ville de Paris; lorsqu'il préludait à son règne par des largesses; lorsqu'à
Reims, pendant la solennité du sacre, la liberté était rendue à des milliers
d'oiseaux, une clameur générale retentissait : Noël! Noël! tel était l'élan
de l'enthousiasme qui animait la foule.
Cela ne valait-il pas bien les hurlements farouches de la Marseillais?
et de la Carmagnole !
Qu'on ne s'y trompe pas, il n'y a , pour une nation, de véritable force
que celle qui est cimentée sur la foi, et c'est le seul accord de l'Eglise et
de la Royauté qui fit la France ce qu'elle fut dans l'Europe.
Laissez-nous donc, sophistes et prédicants de déisme, laissez-nous re-
dire au fond de nos cœurs ce cri de Noël que la foule a désappris en
même temps qu'elle oubliait les précieuses traditions de la simplicité et de
la discipline.
Nos provinces, moins avancées en voltairianisme que la capitale , et où
tant de bons esprits ne se révoltent nullement à l'idée de célébrer le di-
manche, nos provinces ont gardé le culte de Noël, et sauvé , pour ainsi
dire , du naufrage révolutionnaire quelques usages aussi touchants que
poétiques. Qu'on nous permette d'en citer un exemple, celui des calenos
de la Provence. La veille de Noël, tous les parents se réunissent chez le
plus âgé d'entre eux pour assister à un repas. Le doyen de la famille
prend par la main l'enfant le plus jeune et le conduit à la porte de la mai-
son, où l'on a déposé une grosse bûche d'olivier , — le calignaou. L'en-
fant fait trois libations sur cette bûche, avec du vin, en prononçant ces
paroles : « Soyons joyeux, Dieu nous rend joyeux. Le feu caché vient,
» tout bien vient ; Dieu nous fasse la grâce de voir l'an qui vient ; si nous
» ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins. » — Le verre
dont l'enfant s'est servi passe à la ronde; puis l'enfant soulève une ex-
trémité de la bûche pendant que le vieillard la saisit par l'autre bout, et
on la place sur le foyer. Lorsqu'on a mis la table des calenos , le même
enfant bénit aussi la table. Cette fête , vraiment patriarcale , a pour ré-
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Maintenant transportez-vous par la pensée hors de France. Partout
vous trouverez, et peut-être encore à un plus haut degré, cette ferveur
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