Titre : Benjamin : le premier grand hebdomadaire français pour la jeunesse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-04-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344457597
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 avril 1931 09 avril 1931
Description : 1931/04/09. 1931/04/09.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9114074w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Z-3479
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/09/2020
12
B e n j a m
*n
chocolat — nous avons eu le plaisir
d’interviewer devant .le microphone,
M. Cauct.ard, chef de service à la
•célèbre chocolaterie Suchard.
M. Cauchard a bien voulu nous don
ner des, détails — fort goûtés de nos
auditeurs — sur la préparation des fê
tes dé Pâques dans la florissante in
dustrie du chocolat, nous lui renou
velons tous nos remerciements.
Noiis remercions également notre
ami, M. J.-P. Pinchon, qui nous a
aidé à réaliser d'une ' manière si
amusante, le conooürs radiophonique
des cris d’animaux.
Nous nous excusons auprès de nos
auditeurs d’avoir tant ri, mais l’as
pect du studio de la Tour Eiffel
« travesti » en cour de ferme était à
pe moment vraiment irrésistible...
Sôngez que nous avions avec nous,
dans le studio, un chien, une pinta
de... et l’irrésistible M. Pinchon dans
ses étonnant.--, imitations du cochon
et du mouton.
Les résultats de notre Concours des
Cris d’animaux paraîtront jeudi pro
chain.
BENJAMINE ET BENJAMIN... SANS ÉCOLE
Monsieur Bonjour
prend ses vacances»
Mes chers amis, cette semaine,
vous trouverez seulement ici le court
billet de votre ami Bonjour.
J’ai pensé que j’avais bien le
dioit, moi aussi, de prendre quel
ques jours de vacances, comme vous
tous — et, ma foi, j’ai donné cam
pa à nies douze secrétaires et enlevé
mes lunettes et j’ai laissé tout votre
courrier a en souffrance b — comme
on dit à la Poste.
Que ferez-vous de vos vacances 1
En tout cas, je vous les souhaite
heureuses — et ensoleillées.
Et, tenez, pour que vous ne me
fassiez pas de reproches, voici ‘■rata
Hou, le laid !
A N va plaider à Paris un procès
^ d’héritage qui passerait bien
inaperçu si ce n’était 1 'héritage
d'un homme qui eut naguère une
.bizarre célébrité.
Paul Dosseret, en effet, dont on
se dispute une succession de deux
millions, se montrait dans les foi-,
res sous le nom moins gracieux de
« l’homme à la tête de veau ».
Il était si laid qu’on payait dix
centimes, deux sous, pour le voir
de près.
Et comme son métier n’était pas
fatigant, il avait occupé ses loisirs
.à des petites inventions mécaniques
qui lui rapportèrent de jolies som
mes.
Phénomème par nature, inven
teur par goût, P a homme à la tête
dé veau » laissa donc deux millions
à ses héritiers. S’ils ne sont pas
ingrats, ils mettront sa photogra
phie sur leur cheminée — avec une
petite branche de persil sous le ca
dre,,*
Carnets de timbres
A u lieu de perdre votre temps à
acheter des timbres au détail,
achetez donc un carnet de timbres,
ïi permet d’éviter les attentes répé
tées aux guichets postaux et il per
met d’avoir sous la main des tim
bres en bon état, prêts à l’èmploi.
Appartements à louer
/~ 1 e n’est pas à Paris, bien enten-
du, c’est à New-York. On va
en effet y construire en plein centre
quatre gratte-ciel colossaux, aux
quels on donnera le nom de Radio-
City.
Ces bâtiments, qui pourront abri
ter 50.000 personnes, auront 68
étages,— avec ascenseur, je sup
pose.
Leurs habitants seront grâce à
des systèmes -spéciaux, isolés du
bruit, de la poussière et même du
mauvais temps, car une lumière
solaire synthétique remplacera pour
eux, pendant la mauvaise saison,
les rayons du soleil.
On a déjà commandé pour leur
Construction, 125.000 tonnes d’a
cier et 1.200 kilomètres de poutres
métalliques.
Si le coeur vous en dit, louez un
appartement à Radio-City..,
Ü
Fin d’un ancêtre
L e plus ancien périodique de
France a cessé de paraître.
Sans doute ne le lisiez-vous pas —
moi non plus, d’ailleurs —/car c’é
tait un journal plutôt sévère.
Le Bulletin des Lois pourtant —
c’était son titre — imprimé par
l’Etat et qui publiait tous les dé
crets et toutes les lois votés par le
Parlement, le Bulletin des . Lois
avait été fondé le 14 frimaire
An II — à savoir en 1794.
17.94, ça ne nous rajeunit pas —-
et un journal qui a 137 ans d’exis
tence, cela mérite, qu’on eu parle,
lorsqu’il vient à disparaître. •;:
Ah! quand Benjamin aura 137
ans —- le numéro de Benjamin du
9 août 20.68!..,
Une, deux, une deux...
L a commission chargée par l’Aca
démie de l’enquête sur le sur
menage scolaire vient de prendre
une mesure salutaire.
Rassurez-vous, benjamins stu
dieux, ce n’est pas de vous octroyer
trois- mois supplémentaires de va
cances. Non, c’est; tout simplement
d’organiser dans les collèges et
lveées des séances matinales de
culture physique.
Ainsi donc l’an prochain, cent
(l’entre vous qui sont pensionnaires
dans quelque « bahut », au lieu
dé passer tout d’un coup, tout'fris
sonnants et mal réveillés du dortoir
à la salle d’étude, au saut du lit,
devront faire en mesure quelques
tiactions des bras, flexions du bus
te et autres exercices réchauf
fants...
Les beaux réveils qu’on aura ain
si, qu’en pensez-vous? et comme
on aura plus de cœur à « potasser »
la leçon — ou à avaler son café
chaud !
Monsieur BAVARD.
« bons mots » appropriés que je re
trouve dans ma poche.
Celui-ci, vous pourrez le dire si
vous allez aux champs. C’est' Jean
ne Colombier, de Paris, qui me
l’envoie.
Dans une classe de petits, le maî
tre interroge :
« Savèz-voüs comment on appelle
la inaman d’un agneau 1 .
Et le petit Pierre répond :
Et, si vous allez au cinéma, ce
lui-ci, de Robert Gégou, du Havre :
En classe de géographie, André
est devant la carte muette. La maî
tresse dit :
« Qu’y a-t-il à l’est de la Fran
ce ?
— L’Allemagne, l’Alsace, la Lor
raine...
— Bon, et ici, à l’ouest ?
— A l’ouest, rien de nouveau,
madame, répond machinalement
André.
Enfin, si vous allez voir vos amis
Fratellini au cirque, vous pourrez
leur raçonter celui-ci, de Ginette
Collet, d’Arconville :
— Henriette, dites-moi les diffé
rentes sortes de trapèzes que vous
connaissez ?
— Le trapèze rectangle, le tra
pèze... le trapèze., le trapèze...
— Eh bien ?
— Le trapèze volant, madame...
Et pendant vos loisirs, n'Oubliez
pas de m’écrire et de m’envoyer
tous les échos des lycées et bons
mots entendus en classe que vous
pourrez.
Vous savez que je les publie tous
s’ils sont bons, que je les paye
0 fr. 60 la ligne — et que je suis
toujours heureux d’en recevoir et
d’être votre ami.
J Vf.
BONJOUR.
LE CARNET
DE BENJAMIN
..<& nouveaux benjamins
sont nés !...
(Insertion gratuite pour nos abonnés.
5 francs la ligne pour les non-abonnés j
— MM. Hector, Elisabeth, Jean de
Galard ont la' joie de vous annoncer
la naissance de leur : petite ■ sœur
Laure-Françoisc-Raymonde. — Paris,
le 29 mars 1931.
— MM. Xavier, Claude, Guy et Mlle
Marie-Cécïl- Oury sont heureux de
vous apprendre la naissance de leur
petit frère ,1 tain. — Tours, le 23 mars.
Votre petit frère est né. Votre petite
sœur sait déjà dire « Maman » et fait ses
dents, et c’est, une joie pour toute la fa
mille de suivre les ébats de ces nouveaux
benjamins qui emplissent le foyer de
leur chère présence.
Naturellement, vous formez des vœux
pour que le futur compagnon de vos Jeux
grandisse en santé et en telle humeur, et
vous ne manquerez pas de faire tout ce
qui est en votre pouvoir pour aider votre
souhait à se réaliser.
Voici, un utile conseil : Dites à votre
maman de lire le journal, qui est . écrit
tout exprès pour etle et auquel, certai
nement, elle apportera un vif intérêt •;
« Maman », 3ô. rqe des Jeûneurs, se fera
un plaisir de lui envoyer un spécimen
gratuit si elle, en fait , la deifiamde de la
1 part de « Benjamin» .
SCNjAMiN
HiSToiftÉ
L»e Canard de L»uigi, ou...
►une aventure de Pâques en 179©
— lllllllllllllllllgr
Bans la riante vallée qui s’étend
entre les petite villages de Vieo et
de Mo.ndovi, au pied de l’Apennin,
nui canard n’était plus célèbre que
Casimir ; on pouvait même affirmer
sans crainte de se tromper, que,
dans tous les Etats du roi de Sar
daigne, a aurait été difficile de trou
ver son pareil !
Casimir était apprivoisé comme un
Le soldat regardait le canard
de Luigi avec convoitise
véritable chien, Casimir ne quittait
pas d'une semelle son jeune maître
Luigi, comme l’appelaient. les gens
de la vallée., Louis, comme le nom-
maient. ses parents, des Français éta
blis fermiers dans le pays depuis peu
d’années.
Casimir — quand ■ le petit Luigi
jouait sur son. flutiau U pleut, ber.
gère ! — Casimir dansait, aussi gra
cieusement que peut danser un ca
nard, c’est-à-dire en se dandinant
d’une patte sur l’auire et en battant
des ailes, et, quand on l'applaudis
sait, il avait.une façon de remercier
bien à lui, dodelinant gravement de
la tète, et, ma parole, clignant de
l’fèid 1
Aussi, vous devez penser, combien
l’heureux petit Luigi, alors âgé de
dix ans, était fier de posséder ce
canard-phénomène !
En cette semaine de Pâques 1796.
les deux amis, connue à l'accoutu
mée, étaient sortis de bon matin et
semblaient peu se soucier des bruits
qii», cïréûlai.tm cfôpuis pluaiuUTS.l
jours 1. , •
Que ne disait-on pas ?
Ün colporteur traversant Vico avait
raconté que' les Français, au lieu de
continuer à faire la petite guerre
dans les Alpes, contre les Autrichiens
et leuré alliés sardes, avaient tourné
le redoutable massif au point où les
Alpes rejoignent l’Apennin, et que,
au moment où leurs ennemis les at
tendaient le moins ils les avaient
fortement bousculés, du côté de Mon-
tenotte, à quelques lieues à peine
de Vico I
C’était pour cela, sans doute, que,
pendant quelques jours, les paisibles
habitants de la vallée avaient-en
tendu des grondements lointains, le
canon; mais, depuis une semaine,
— depuis le 15 avril, et l’on était
dans la matinée du 22, — tout sem
blait être rentré dans le calme.
Luigi et son fidèle Casimir se pro
menaient donc bien tranquillement,
quand ils eurent soudain la sur
prise d'entendre, pour la première
fois de leur vie, des roulements de
tambour I et bientôt d’apercevoir les
tambours eux-mêmes, précédant une
foule de soldats vêtus d'habits bleus
élimés et rapiécés, coiffés de bicor
nes noirs tout déteints n’ayant pour
tout ornement qu’une cocarde bleu,
blanc, rouge, chaussés polir la plu
part de simples sabots les autres de
souliers d'où sortaient leurs orteils.
Les baïonnettes briHaiëm au soleil,
les drapeaux claquaient au vent.
Luigi eut d'abord l’idée de s’enfuir,
et Casimir l’aurait certainement
suivi, mais il vit bien que ces soldats
— il y en avait de plus en plus, il
en surgissait de partout — ne lui
voulaient aucun mal — et il resta,
curieux de voir le défilé 1
Naturellement, Casimir fit la même
chose que lui 1
Tout à coup, au moment où l’en
fant s’y attendait le moins, un grand
gaillard Sortit rapidement du rang
où ; il était, en serre-file, et, prompt
comme l’éclair,, s'empara dé Casimir,
qui eut à peine le temps d’émettre
un faible « coin-coin » avant que
son ravisseur lui eût tordu le cou
et l’eut enfoui dans sa giberne I
Luigi — ou Louis, comme vous
voudrez — resta tout d’abord cloué
sur place par l’effroi, la stupeur et
l’indignation ; puis il prit le parti
fie courir de toutes ses forces après
le maraudeur, criant et pleurant :
« Mon canard, monsieur le soldat, je
vous en prie, rendez-moi mon ca
nard 1 »
L’autre avait repris sa plane près
de ses camarades et se contenta de
répondre en ricânam :
— Allons, gamin, la paix ! Dis-toi
que ton canard améliorera ce soir
l’ordinaire de la 3 e du 2 1 pas vrai,
caporal ?
— Rends-lui plutôt son canard, ré
pliqua le caporal en haussant les
épaules ; c’est pas le moment dé cha.
parder des volailles !
— Sans compter, dit un autre, que
tu serais sûr de ton affaire si le gé
néral Sérurier apprenait la chose I
il ne plaisante pas, « le vieux » 1
— C’est vrai, reprit le caporal, que
ses ordres son. formels 1 II ne
veut pâs qu’on pille l’habitant ; faut
signaler tout pillard, et si j'étais mé
chant !...
— Oui, mais tu n’es pas méchant,
caporal, tu ne voudrais pas faire
arriver des « ennuis » à un ancien!
fit l’homme qui avait enlevé - Casi
mir, et quels ennuis! Je connais le
tarif : douze balles dans le corps !
La colonne s’éloignait â grands
pas, et Luigi comprit qu’il. n’avait
plus rien à attendra et qu’il ne re
verrait jamais sou compagnon.
Cependant, dans son chagrin,..une
lueur, auisxraversa pespm.■— ; »
.Il îâllait avertir le général;:/ puis
qu’il: venait d’:enteii;dre : dire qüe' de
dernier ' avait... interdit m pillage.
L’enfant ne balança pas une mi
nute, et courut derrière les régiments
qui continuaient 'à défiler, pour tâ
cher de joindre ce fameux général.
A mesure qu’il avançait, il voyait
les rangs des .soldats se resserrer ;
quant aux tambours, qui, jusqu’alors
n'avaient roulé que pour scander la
marche, ils se mirelit à battre une
charge furieuse.
Louis, tout à. son cher Casimir,
s’aperçut néanmoins qu’én face de
lui les collines de Mondovi se gar
nissaient d’autres soldats — des Sar
des, cette fois — qui, comme les
Français, se formèrent en ordre de
bataille.
Si peu versé que fût l’enfant dans
les choses militaires, il comprit que
les deux croupes allaient en venir
aux mains, et il ne savait plus ce
qu’il deva;'. faire : fuir, se cacher ou
continuer à, chercher le général, qui
devait sans doute avoir d’autres pré
occupations que d’écouter ses doléan
ces, quand il entendit murmurer au
tour de lui : « Attention, les gars,
voilà le général, cela va chauffer ! ►
Luigi leva machinalement les yeux
.et aperçut, monté sur un haut che
val, un grand vieillard à cheveux
flancs, escorté dé nombreux officiers
empanachés de plumes tricolores"’!
C’était Sérurier, le doyen des gé
néraux de l’a’-mée d’Italie, connna»
dant de l'avant-garde.
i Le vieux », comme on l'appelajt
cette , époque . où les généra^
n’avaient pas même trente ans J!»
il en avait cinquante-quatre !), V(
liait jeter un coup d’œil sur ses ri
giments avant d’engager le conibai
L’air à la fois distant et sévère i
parcourait le front des troupes.
scrutant d’un œil inquisiteur les pn
sionomies de ses soldats ; soudait
il arrêta net son cheval devant )
ravisseur de Casimir, désignant jj
doigt la giberne où ôtait enfer^
l’infortuné palmipède.
Cette giberne était, en effet, agjjj,
de soubresauts singuliers,
Casimir, comme tous les canard
avait la vie extrêmement dure, a
dans sa précipitation le fantassin t
l'avait étranglé qu’a moitié : il cou
mençait à reprendre « ses esprits,
— Que signifie î interrogea brlé,
vement Sérurier.
- Je vais vous expliquer, citoya
iêral, bredouilla l’autre, d’autam
général, nreaouitia l'autre, d'autan
plus décontenancé qu’à la même $î
coude des i coin-coin » sonore
s’échappèrent de la giberne.
— Pas besoin d’explications, on
vre-moi ce sac !
Aussitôt cit que fait, et Casimir
ressuscité, s’envola sans demande;
son reste, près de Louis,' qui s’étaii
vivement approché.
Sérurier dit simplement au maran
deur :
Ton nom î
— Loringois, dit . La Tulipe, di
Musoius Scaevola, répondit le pan
vre diable, dix ans de service, troi;
campagnes, blessé deux fois ! ~
— C’est bien, tu est un brave, t;
commanderas le feu toi-même 1
Les choses se gâtaient tout à fai!
mais Louis avait bon cœur,' et ni
demandait, d’ailleurs, rien d’aute
qüe de récupérer son canard.
— Grâce, grâce, monsieur le gène
•vT
V-L'l'ATé Vvyvv
Ce canard est à moi, Monsieur
le général
ral, balbutia-t-il, je ne veux pas 'P
ce soldat meure à cause de moi !
Sérurier hésitait ; Luigi continus
— Monsieur le général c’est le
avril, aujourd’hui, c’est jour de Pà
ques ; faites-moi un cadeau en m’i
cordant la grâce que jo vous de
mande !
— C’est bon,. fit Sérurier, pass-
pour cette fois, qu’il n’y revient
plus ; nous allons, du reste, . avoii
autre chose à faire !
Et, tirant, son épée, il commanda
charge, galopant tout seul en ava®
de son armée, sans plus s’occuper di
Louis et de Casimir
C’est .ainsi que le jour de Pâques
22 avril 1796 — ou pour parler connue
les soldai de Sérurier, le 1 er floréal
an IV, les Français remportèrent U
brillante victoire de Mondovi et q®
Louis eût comme cadeau de ' Pâqïi®
ja joie d’avoir sauvé la vie d’ ul
homme... et d'être rentré en poses
sion de son cher canard, qu’il aval
cru perdre à jamais !
Laurent BRUNE
ftCOUTt)
-/3k
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W WM h * W
j.p.P
Une histoire qui vient i Sftésal
Un grand ami de Benjamin et
des Luuveteaux, M. Filleul de Pé-
tigny, m’a raconté, il n’y a pas
bien longtemps, une histoire qui
yfent du Sénégal.
Je vais à mon tour essayer de
vous la redire aussi bien que pos
sible.
LA HYÈNE TOMBÉE DANS UN PUITS
JJn jour ou plutôt une nuit, la
hyène errait à L'aventure à la re
cherche d une proie dont elle put
assouvir son furieux apprétit. Elle
eut la malchance de se laisser
choir dans un puits. L'endroit était
désert,. nul être vivant, homme ou
bête ne passait en ce lieu qu'à de
rares intervalles. Notre hyène
avait bien des chances d'y demeu
rer longtemps.
Par bonheur cependant pour, cl-
le, vint à passer non loin de ce
puits la vache, laquelle comme
l'on sait. est une bonne créature.
La hyène Ventendant venir fit en
tendre des plaintes, l'appelant à
son secours.
La vache, émue de pitié, et
oubliant qu'elle allait porter se
cours à un animal cruel et sans
foi. tourna alors son arrière-train
vers l'orifice du puits, s'accroupis
sant de façon à y laisser pendre
sa queue.
La hyène put s'en saisir et l'ef
fort que la vache fit en se relevant
la tira du puits.
Elle aurait dû en remercier sa
libératrice. Mais point.
Elle fit min e de vouloir s'élan
cer sur la vache.
Celle-ci s'était reculée.
— Est-ce là, lui dit-elle, le re
merciement de vous avoir sauvé
la vie ?
— Assurément, je te dois la vie
mais, aussi je meurs de faim tu.
m'es,une prqjs facile; je veux en
profiler.
Vint à passer un lièvre.
— Soit, dit la vache, résignée à
son sort. Je dois subir la loi du
plus fort ; mais au moins ne me
sera-t-il permis de prendre un dé
fenseur pour plaider ma cause.
On fit avancer le lièvre et on
lui. soumit le litige.
— Volontiers, dit-il, je me ferai
juge en cette occasion, mais au
moins me faudrait-il connaître
comment les choses se sont pas
sées. Vous allez donc les rënouve-
lerdevant moi. La hyène va redes
cendre au fond du puits et y gé
mir ainsi qu'elle faisait ; la va
che va venir et passer auprès.
Elle s'accroupira et fera pendre
sa queue de façon à sortir la hyè
ne du puits.
\
Ainsi fut-il fait. La hyène redes
cendit dans le puits, renouvela ses
plaintes et ses appels. Seulement,
la vache poursuivit spn chemin,
non sans avoir remercié vivement
le biëvvè.
Et la hyène péril, victime de ses
noirs instincts. Ne trouvez-vous
pas. après tout, qu'elle n'a eu que
ce qu'elle méritait ?
LE VIEUX LOUP GRIS.
LES
LETTRES
SCOUTES
Ecrivez, chers benjamins, & Subtil », à BENJAMIN, 73 boulevard
de Clichy, Paris-IX’ ; il sera heurCux de
répondre à vos questions comme à celles-ci,
que lui ont posées quelques benjamins î
Quelles différences y a-t-il entre
les mouvements d’Eclaireurs ?
Paul Leroy — Neuilly.
Au point de vue « technique
scoute » il n’y a aucune différen
ce (sauf quelques détails). Les pro
grammes sont pratiquement les
mêmes chez les E. U. F.', les E. de
F., les S. de F.
Les différences sont les suivan
tes ; Les Eclaireurs de France
(8. rue Bossuet, à Paris) sont
laïques, c’est-à-dire qu’ils ne s'oc
cupent pas de religion. Chacun
peut avoir la religion qui lui plaît
(ou ne pas . en avoir).
Les Scouts de France (66 ter, rue
Saint-Didier, à Paris; forment une
fédération catholique. Les Troupes
et les Meutes sont rattachées
à une paroisse et l’action religieu
se est assurée par un aumônier
ecclésiastique scout.
Les Éclaireurs Unionistes de
France (94, rue Saint-Lazare* .à
Paris) acceptent tous les garçons
qui promettent, de « servir Dieu »
— quelle que soit leur religion.
Ils sont dirigés par des éduca
teurs protestants, mais chacun
reste libre.
Enfin, les Eclaireurs Israélites
groupent les garçons de cette re
ligion qüi désirent se retrouver en
tre eux.
. De . cette façon, chacun peut
trouver un Mouvement qui lui
plaise.
Comment rendre rigides les bords
de son chapeau ?
(Lionel Rey — Montauban).
C'est là. une grave question... et
qui angoisse un grand nombre de
Scouts et d’Eclaireurs !
Le meilleur moyen est de passer
une solution de gomme-laque fon
due dans de l’alcool.
Vous'passez cela sur le bord.
Vous laissez sécher bien à plat
et le feutre devient rigide.
Un autre procédé consiste à re
passer les bords du chapeau en
interposant, un linge humide en
tre le feutre et le fer chaud. Lais
ser le chapeau sécher et refroidir
bien à plat.
On vous conseillera peut-être de
faire tremper votre chapeau dans
un bain d’eau sucrée et. de le lais
ser sécher ensuite. C’est en effet
un solution', mais, pas quand le
temps est à la pluie. Car le résul
tat est alors déplorabl.a comme
vous pouvez penser,,
Comment repérer le temps qs’ 1
va faire demain
Nous voici à la saison des cafflP 1
ou des grandes sorties et il iœP°j
te de pouvoir déterminer avecei
que précision le temps probable "
lendemain ou de l’après-midi-
Observons donc les animaux.
les oiseaux volent bas (surtout
hirondelles) vous savez, je pe D ‘ e
que c’est un signe certain de pl u!î
De même si les moutons se se, ( .
rent les uns contre les autres^ ■
tournant leur queue du côté d 01
vient le vent. De même aussi si
poissons rasent la 'surface
l’eau.
Voyons les plantes maintenâ 11 !,
quand il n’y a pas de rosée le.®"
tin, ou que le liseron se pencï {
pluie 'prochaine. Au contraire,
la rosée est abondante, c’est s#
de beau temps.
Le ciel donne aussi de bonnes
dications ; arc-en-ciel visible le 1 »
tin, lune grande et rouge à
lever, étoiles scintillantes, halo <
tour de la lune, le 6oleil rouge
matin et jaune le soir sont au®
de signes de pluie.
Un brouillard. lourd le uia^
des nuages légers et indécis, le.
leil rose le soir indiquent' le ®
temps.
Enfin, la pluie est aussi anu°J
cëe par la fumée rabattue vers
si»
sol, le lointain très visible, I e ^
d’ouest, les.cordres placées ‘, eI
térieur se tendant, tandis ( I U ),
général. le. .v-ênt d’.est. présage -
beau temps.
B e n j a m
*n
chocolat — nous avons eu le plaisir
d’interviewer devant .le microphone,
M. Cauct.ard, chef de service à la
•célèbre chocolaterie Suchard.
M. Cauchard a bien voulu nous don
ner des, détails — fort goûtés de nos
auditeurs — sur la préparation des fê
tes dé Pâques dans la florissante in
dustrie du chocolat, nous lui renou
velons tous nos remerciements.
Noiis remercions également notre
ami, M. J.-P. Pinchon, qui nous a
aidé à réaliser d'une ' manière si
amusante, le conooürs radiophonique
des cris d’animaux.
Nous nous excusons auprès de nos
auditeurs d’avoir tant ri, mais l’as
pect du studio de la Tour Eiffel
« travesti » en cour de ferme était à
pe moment vraiment irrésistible...
Sôngez que nous avions avec nous,
dans le studio, un chien, une pinta
de... et l’irrésistible M. Pinchon dans
ses étonnant.--, imitations du cochon
et du mouton.
Les résultats de notre Concours des
Cris d’animaux paraîtront jeudi pro
chain.
BENJAMINE ET BENJAMIN... SANS ÉCOLE
Monsieur Bonjour
prend ses vacances»
Mes chers amis, cette semaine,
vous trouverez seulement ici le court
billet de votre ami Bonjour.
J’ai pensé que j’avais bien le
dioit, moi aussi, de prendre quel
ques jours de vacances, comme vous
tous — et, ma foi, j’ai donné cam
pa à nies douze secrétaires et enlevé
mes lunettes et j’ai laissé tout votre
courrier a en souffrance b — comme
on dit à la Poste.
Que ferez-vous de vos vacances 1
En tout cas, je vous les souhaite
heureuses — et ensoleillées.
Et, tenez, pour que vous ne me
fassiez pas de reproches, voici ‘■rata
Hou, le laid !
A N va plaider à Paris un procès
^ d’héritage qui passerait bien
inaperçu si ce n’était 1 'héritage
d'un homme qui eut naguère une
.bizarre célébrité.
Paul Dosseret, en effet, dont on
se dispute une succession de deux
millions, se montrait dans les foi-,
res sous le nom moins gracieux de
« l’homme à la tête de veau ».
Il était si laid qu’on payait dix
centimes, deux sous, pour le voir
de près.
Et comme son métier n’était pas
fatigant, il avait occupé ses loisirs
.à des petites inventions mécaniques
qui lui rapportèrent de jolies som
mes.
Phénomème par nature, inven
teur par goût, P a homme à la tête
dé veau » laissa donc deux millions
à ses héritiers. S’ils ne sont pas
ingrats, ils mettront sa photogra
phie sur leur cheminée — avec une
petite branche de persil sous le ca
dre,,*
Carnets de timbres
A u lieu de perdre votre temps à
acheter des timbres au détail,
achetez donc un carnet de timbres,
ïi permet d’éviter les attentes répé
tées aux guichets postaux et il per
met d’avoir sous la main des tim
bres en bon état, prêts à l’èmploi.
Appartements à louer
/~ 1 e n’est pas à Paris, bien enten-
du, c’est à New-York. On va
en effet y construire en plein centre
quatre gratte-ciel colossaux, aux
quels on donnera le nom de Radio-
City.
Ces bâtiments, qui pourront abri
ter 50.000 personnes, auront 68
étages,— avec ascenseur, je sup
pose.
Leurs habitants seront grâce à
des systèmes -spéciaux, isolés du
bruit, de la poussière et même du
mauvais temps, car une lumière
solaire synthétique remplacera pour
eux, pendant la mauvaise saison,
les rayons du soleil.
On a déjà commandé pour leur
Construction, 125.000 tonnes d’a
cier et 1.200 kilomètres de poutres
métalliques.
Si le coeur vous en dit, louez un
appartement à Radio-City..,
Ü
Fin d’un ancêtre
L e plus ancien périodique de
France a cessé de paraître.
Sans doute ne le lisiez-vous pas —
moi non plus, d’ailleurs —/car c’é
tait un journal plutôt sévère.
Le Bulletin des Lois pourtant —
c’était son titre — imprimé par
l’Etat et qui publiait tous les dé
crets et toutes les lois votés par le
Parlement, le Bulletin des . Lois
avait été fondé le 14 frimaire
An II — à savoir en 1794.
17.94, ça ne nous rajeunit pas —-
et un journal qui a 137 ans d’exis
tence, cela mérite, qu’on eu parle,
lorsqu’il vient à disparaître. •;:
Ah! quand Benjamin aura 137
ans —- le numéro de Benjamin du
9 août 20.68!..,
Une, deux, une deux...
L a commission chargée par l’Aca
démie de l’enquête sur le sur
menage scolaire vient de prendre
une mesure salutaire.
Rassurez-vous, benjamins stu
dieux, ce n’est pas de vous octroyer
trois- mois supplémentaires de va
cances. Non, c’est; tout simplement
d’organiser dans les collèges et
lveées des séances matinales de
culture physique.
Ainsi donc l’an prochain, cent
(l’entre vous qui sont pensionnaires
dans quelque « bahut », au lieu
dé passer tout d’un coup, tout'fris
sonnants et mal réveillés du dortoir
à la salle d’étude, au saut du lit,
devront faire en mesure quelques
tiactions des bras, flexions du bus
te et autres exercices réchauf
fants...
Les beaux réveils qu’on aura ain
si, qu’en pensez-vous? et comme
on aura plus de cœur à « potasser »
la leçon — ou à avaler son café
chaud !
Monsieur BAVARD.
« bons mots » appropriés que je re
trouve dans ma poche.
Celui-ci, vous pourrez le dire si
vous allez aux champs. C’est' Jean
ne Colombier, de Paris, qui me
l’envoie.
Dans une classe de petits, le maî
tre interroge :
« Savèz-voüs comment on appelle
la inaman d’un agneau 1 .
Et le petit Pierre répond :
lui-ci, de Robert Gégou, du Havre :
En classe de géographie, André
est devant la carte muette. La maî
tresse dit :
« Qu’y a-t-il à l’est de la Fran
ce ?
— L’Allemagne, l’Alsace, la Lor
raine...
— Bon, et ici, à l’ouest ?
— A l’ouest, rien de nouveau,
madame, répond machinalement
André.
Enfin, si vous allez voir vos amis
Fratellini au cirque, vous pourrez
leur raçonter celui-ci, de Ginette
Collet, d’Arconville :
— Henriette, dites-moi les diffé
rentes sortes de trapèzes que vous
connaissez ?
— Le trapèze rectangle, le tra
pèze... le trapèze., le trapèze...
— Eh bien ?
— Le trapèze volant, madame...
Et pendant vos loisirs, n'Oubliez
pas de m’écrire et de m’envoyer
tous les échos des lycées et bons
mots entendus en classe que vous
pourrez.
Vous savez que je les publie tous
s’ils sont bons, que je les paye
0 fr. 60 la ligne — et que je suis
toujours heureux d’en recevoir et
d’être votre ami.
J Vf.
BONJOUR.
LE CARNET
DE BENJAMIN
..<& nouveaux benjamins
sont nés !...
(Insertion gratuite pour nos abonnés.
5 francs la ligne pour les non-abonnés j
— MM. Hector, Elisabeth, Jean de
Galard ont la' joie de vous annoncer
la naissance de leur : petite ■ sœur
Laure-Françoisc-Raymonde. — Paris,
le 29 mars 1931.
— MM. Xavier, Claude, Guy et Mlle
Marie-Cécïl- Oury sont heureux de
vous apprendre la naissance de leur
petit frère ,1 tain. — Tours, le 23 mars.
Votre petit frère est né. Votre petite
sœur sait déjà dire « Maman » et fait ses
dents, et c’est, une joie pour toute la fa
mille de suivre les ébats de ces nouveaux
benjamins qui emplissent le foyer de
leur chère présence.
Naturellement, vous formez des vœux
pour que le futur compagnon de vos Jeux
grandisse en santé et en telle humeur, et
vous ne manquerez pas de faire tout ce
qui est en votre pouvoir pour aider votre
souhait à se réaliser.
Voici, un utile conseil : Dites à votre
maman de lire le journal, qui est . écrit
tout exprès pour etle et auquel, certai
nement, elle apportera un vif intérêt •;
« Maman », 3ô. rqe des Jeûneurs, se fera
un plaisir de lui envoyer un spécimen
gratuit si elle, en fait , la deifiamde de la
1 part de « Benjamin» .
SCNjAMiN
HiSToiftÉ
L»e Canard de L»uigi, ou...
►une aventure de Pâques en 179©
— lllllllllllllllllgr
Bans la riante vallée qui s’étend
entre les petite villages de Vieo et
de Mo.ndovi, au pied de l’Apennin,
nui canard n’était plus célèbre que
Casimir ; on pouvait même affirmer
sans crainte de se tromper, que,
dans tous les Etats du roi de Sar
daigne, a aurait été difficile de trou
ver son pareil !
Casimir était apprivoisé comme un
Le soldat regardait le canard
de Luigi avec convoitise
véritable chien, Casimir ne quittait
pas d'une semelle son jeune maître
Luigi, comme l’appelaient. les gens
de la vallée., Louis, comme le nom-
maient. ses parents, des Français éta
blis fermiers dans le pays depuis peu
d’années.
Casimir — quand ■ le petit Luigi
jouait sur son. flutiau U pleut, ber.
gère ! — Casimir dansait, aussi gra
cieusement que peut danser un ca
nard, c’est-à-dire en se dandinant
d’une patte sur l’auire et en battant
des ailes, et, quand on l'applaudis
sait, il avait.une façon de remercier
bien à lui, dodelinant gravement de
la tète, et, ma parole, clignant de
l’fèid 1
Aussi, vous devez penser, combien
l’heureux petit Luigi, alors âgé de
dix ans, était fier de posséder ce
canard-phénomène !
En cette semaine de Pâques 1796.
les deux amis, connue à l'accoutu
mée, étaient sortis de bon matin et
semblaient peu se soucier des bruits
qii», cïréûlai.tm cfôpuis pluaiuUTS.l
jours 1. , •
Que ne disait-on pas ?
Ün colporteur traversant Vico avait
raconté que' les Français, au lieu de
continuer à faire la petite guerre
dans les Alpes, contre les Autrichiens
et leuré alliés sardes, avaient tourné
le redoutable massif au point où les
Alpes rejoignent l’Apennin, et que,
au moment où leurs ennemis les at
tendaient le moins ils les avaient
fortement bousculés, du côté de Mon-
tenotte, à quelques lieues à peine
de Vico I
C’était pour cela, sans doute, que,
pendant quelques jours, les paisibles
habitants de la vallée avaient-en
tendu des grondements lointains, le
canon; mais, depuis une semaine,
— depuis le 15 avril, et l’on était
dans la matinée du 22, — tout sem
blait être rentré dans le calme.
Luigi et son fidèle Casimir se pro
menaient donc bien tranquillement,
quand ils eurent soudain la sur
prise d'entendre, pour la première
fois de leur vie, des roulements de
tambour I et bientôt d’apercevoir les
tambours eux-mêmes, précédant une
foule de soldats vêtus d'habits bleus
élimés et rapiécés, coiffés de bicor
nes noirs tout déteints n’ayant pour
tout ornement qu’une cocarde bleu,
blanc, rouge, chaussés polir la plu
part de simples sabots les autres de
souliers d'où sortaient leurs orteils.
Les baïonnettes briHaiëm au soleil,
les drapeaux claquaient au vent.
Luigi eut d'abord l’idée de s’enfuir,
et Casimir l’aurait certainement
suivi, mais il vit bien que ces soldats
— il y en avait de plus en plus, il
en surgissait de partout — ne lui
voulaient aucun mal — et il resta,
curieux de voir le défilé 1
Naturellement, Casimir fit la même
chose que lui 1
Tout à coup, au moment où l’en
fant s’y attendait le moins, un grand
gaillard Sortit rapidement du rang
où ; il était, en serre-file, et, prompt
comme l’éclair,, s'empara dé Casimir,
qui eut à peine le temps d’émettre
un faible « coin-coin » avant que
son ravisseur lui eût tordu le cou
et l’eut enfoui dans sa giberne I
Luigi — ou Louis, comme vous
voudrez — resta tout d’abord cloué
sur place par l’effroi, la stupeur et
l’indignation ; puis il prit le parti
fie courir de toutes ses forces après
le maraudeur, criant et pleurant :
« Mon canard, monsieur le soldat, je
vous en prie, rendez-moi mon ca
nard 1 »
L’autre avait repris sa plane près
de ses camarades et se contenta de
répondre en ricânam :
— Allons, gamin, la paix ! Dis-toi
que ton canard améliorera ce soir
l’ordinaire de la 3 e du 2 1 pas vrai,
caporal ?
— Rends-lui plutôt son canard, ré
pliqua le caporal en haussant les
épaules ; c’est pas le moment dé cha.
parder des volailles !
— Sans compter, dit un autre, que
tu serais sûr de ton affaire si le gé
néral Sérurier apprenait la chose I
il ne plaisante pas, « le vieux » 1
— C’est vrai, reprit le caporal, que
ses ordres son. formels 1 II ne
veut pâs qu’on pille l’habitant ; faut
signaler tout pillard, et si j'étais mé
chant !...
— Oui, mais tu n’es pas méchant,
caporal, tu ne voudrais pas faire
arriver des « ennuis » à un ancien!
fit l’homme qui avait enlevé - Casi
mir, et quels ennuis! Je connais le
tarif : douze balles dans le corps !
La colonne s’éloignait â grands
pas, et Luigi comprit qu’il. n’avait
plus rien à attendra et qu’il ne re
verrait jamais sou compagnon.
Cependant, dans son chagrin,..une
lueur, auisxraversa pespm.■— ; »
.Il îâllait avertir le général;:/ puis
qu’il: venait d’:enteii;dre : dire qüe' de
dernier ' avait... interdit m pillage.
L’enfant ne balança pas une mi
nute, et courut derrière les régiments
qui continuaient 'à défiler, pour tâ
cher de joindre ce fameux général.
A mesure qu’il avançait, il voyait
les rangs des .soldats se resserrer ;
quant aux tambours, qui, jusqu’alors
n'avaient roulé que pour scander la
marche, ils se mirelit à battre une
charge furieuse.
Louis, tout à. son cher Casimir,
s’aperçut néanmoins qu’én face de
lui les collines de Mondovi se gar
nissaient d’autres soldats — des Sar
des, cette fois — qui, comme les
Français, se formèrent en ordre de
bataille.
Si peu versé que fût l’enfant dans
les choses militaires, il comprit que
les deux croupes allaient en venir
aux mains, et il ne savait plus ce
qu’il deva;'. faire : fuir, se cacher ou
continuer à, chercher le général, qui
devait sans doute avoir d’autres pré
occupations que d’écouter ses doléan
ces, quand il entendit murmurer au
tour de lui : « Attention, les gars,
voilà le général, cela va chauffer ! ►
Luigi leva machinalement les yeux
.et aperçut, monté sur un haut che
val, un grand vieillard à cheveux
flancs, escorté dé nombreux officiers
empanachés de plumes tricolores"’!
C’était Sérurier, le doyen des gé
néraux de l’a’-mée d’Italie, connna»
dant de l'avant-garde.
i Le vieux », comme on l'appelajt
cette , époque . où les généra^
n’avaient pas même trente ans J!»
il en avait cinquante-quatre !), V(
liait jeter un coup d’œil sur ses ri
giments avant d’engager le conibai
L’air à la fois distant et sévère i
parcourait le front des troupes.
scrutant d’un œil inquisiteur les pn
sionomies de ses soldats ; soudait
il arrêta net son cheval devant )
ravisseur de Casimir, désignant jj
doigt la giberne où ôtait enfer^
l’infortuné palmipède.
Cette giberne était, en effet, agjjj,
de soubresauts singuliers,
Casimir, comme tous les canard
avait la vie extrêmement dure, a
dans sa précipitation le fantassin t
l'avait étranglé qu’a moitié : il cou
mençait à reprendre « ses esprits,
— Que signifie î interrogea brlé,
vement Sérurier.
- Je vais vous expliquer, citoya
iêral, bredouilla l’autre, d’autam
général, nreaouitia l'autre, d'autan
plus décontenancé qu’à la même $î
coude des i coin-coin » sonore
s’échappèrent de la giberne.
— Pas besoin d’explications, on
vre-moi ce sac !
Aussitôt cit que fait, et Casimir
ressuscité, s’envola sans demande;
son reste, près de Louis,' qui s’étaii
vivement approché.
Sérurier dit simplement au maran
deur :
Ton nom î
— Loringois, dit . La Tulipe, di
Musoius Scaevola, répondit le pan
vre diable, dix ans de service, troi;
campagnes, blessé deux fois ! ~
— C’est bien, tu est un brave, t;
commanderas le feu toi-même 1
Les choses se gâtaient tout à fai!
mais Louis avait bon cœur,' et ni
demandait, d’ailleurs, rien d’aute
qüe de récupérer son canard.
— Grâce, grâce, monsieur le gène
•vT
V-L'l'ATé Vvyvv
Ce canard est à moi, Monsieur
le général
ral, balbutia-t-il, je ne veux pas 'P
ce soldat meure à cause de moi !
Sérurier hésitait ; Luigi continus
— Monsieur le général c’est le
avril, aujourd’hui, c’est jour de Pà
ques ; faites-moi un cadeau en m’i
cordant la grâce que jo vous de
mande !
— C’est bon,. fit Sérurier, pass-
pour cette fois, qu’il n’y revient
plus ; nous allons, du reste, . avoii
autre chose à faire !
Et, tirant, son épée, il commanda
charge, galopant tout seul en ava®
de son armée, sans plus s’occuper di
Louis et de Casimir
C’est .ainsi que le jour de Pâques
22 avril 1796 — ou pour parler connue
les soldai de Sérurier, le 1 er floréal
an IV, les Français remportèrent U
brillante victoire de Mondovi et q®
Louis eût comme cadeau de ' Pâqïi®
ja joie d’avoir sauvé la vie d’ ul
homme... et d'être rentré en poses
sion de son cher canard, qu’il aval
cru perdre à jamais !
Laurent BRUNE
ftCOUTt)
-/3k
\'MH WM
W WM h * W
j.p.P
Une histoire qui vient i Sftésal
Un grand ami de Benjamin et
des Luuveteaux, M. Filleul de Pé-
tigny, m’a raconté, il n’y a pas
bien longtemps, une histoire qui
yfent du Sénégal.
Je vais à mon tour essayer de
vous la redire aussi bien que pos
sible.
LA HYÈNE TOMBÉE DANS UN PUITS
JJn jour ou plutôt une nuit, la
hyène errait à L'aventure à la re
cherche d une proie dont elle put
assouvir son furieux apprétit. Elle
eut la malchance de se laisser
choir dans un puits. L'endroit était
désert,. nul être vivant, homme ou
bête ne passait en ce lieu qu'à de
rares intervalles. Notre hyène
avait bien des chances d'y demeu
rer longtemps.
Par bonheur cependant pour, cl-
le, vint à passer non loin de ce
puits la vache, laquelle comme
l'on sait. est une bonne créature.
La hyène Ventendant venir fit en
tendre des plaintes, l'appelant à
son secours.
La vache, émue de pitié, et
oubliant qu'elle allait porter se
cours à un animal cruel et sans
foi. tourna alors son arrière-train
vers l'orifice du puits, s'accroupis
sant de façon à y laisser pendre
sa queue.
La hyène put s'en saisir et l'ef
fort que la vache fit en se relevant
la tira du puits.
Elle aurait dû en remercier sa
libératrice. Mais point.
Elle fit min e de vouloir s'élan
cer sur la vache.
Celle-ci s'était reculée.
— Est-ce là, lui dit-elle, le re
merciement de vous avoir sauvé
la vie ?
— Assurément, je te dois la vie
mais, aussi je meurs de faim tu.
m'es,une prqjs facile; je veux en
profiler.
Vint à passer un lièvre.
— Soit, dit la vache, résignée à
son sort. Je dois subir la loi du
plus fort ; mais au moins ne me
sera-t-il permis de prendre un dé
fenseur pour plaider ma cause.
On fit avancer le lièvre et on
lui. soumit le litige.
— Volontiers, dit-il, je me ferai
juge en cette occasion, mais au
moins me faudrait-il connaître
comment les choses se sont pas
sées. Vous allez donc les rënouve-
lerdevant moi. La hyène va redes
cendre au fond du puits et y gé
mir ainsi qu'elle faisait ; la va
che va venir et passer auprès.
Elle s'accroupira et fera pendre
sa queue de façon à sortir la hyè
ne du puits.
\
Ainsi fut-il fait. La hyène redes
cendit dans le puits, renouvela ses
plaintes et ses appels. Seulement,
la vache poursuivit spn chemin,
non sans avoir remercié vivement
le biëvvè.
Et la hyène péril, victime de ses
noirs instincts. Ne trouvez-vous
pas. après tout, qu'elle n'a eu que
ce qu'elle méritait ?
LE VIEUX LOUP GRIS.
LES
LETTRES
SCOUTES
Ecrivez, chers benjamins, &
de Clichy, Paris-IX’ ; il sera heurCux de
répondre à vos questions comme à celles-ci,
que lui ont posées quelques benjamins î
Quelles différences y a-t-il entre
les mouvements d’Eclaireurs ?
Paul Leroy — Neuilly.
Au point de vue « technique
scoute » il n’y a aucune différen
ce (sauf quelques détails). Les pro
grammes sont pratiquement les
mêmes chez les E. U. F.', les E. de
F., les S. de F.
Les différences sont les suivan
tes ; Les Eclaireurs de France
(8. rue Bossuet, à Paris) sont
laïques, c’est-à-dire qu’ils ne s'oc
cupent pas de religion. Chacun
peut avoir la religion qui lui plaît
(ou ne pas . en avoir).
Les Scouts de France (66 ter, rue
Saint-Didier, à Paris; forment une
fédération catholique. Les Troupes
et les Meutes sont rattachées
à une paroisse et l’action religieu
se est assurée par un aumônier
ecclésiastique scout.
Les Éclaireurs Unionistes de
France (94, rue Saint-Lazare* .à
Paris) acceptent tous les garçons
qui promettent, de « servir Dieu »
— quelle que soit leur religion.
Ils sont dirigés par des éduca
teurs protestants, mais chacun
reste libre.
Enfin, les Eclaireurs Israélites
groupent les garçons de cette re
ligion qüi désirent se retrouver en
tre eux.
. De . cette façon, chacun peut
trouver un Mouvement qui lui
plaise.
Comment rendre rigides les bords
de son chapeau ?
(Lionel Rey — Montauban).
C'est là. une grave question... et
qui angoisse un grand nombre de
Scouts et d’Eclaireurs !
Le meilleur moyen est de passer
une solution de gomme-laque fon
due dans de l’alcool.
Vous'passez cela sur le bord.
Vous laissez sécher bien à plat
et le feutre devient rigide.
Un autre procédé consiste à re
passer les bords du chapeau en
interposant, un linge humide en
tre le feutre et le fer chaud. Lais
ser le chapeau sécher et refroidir
bien à plat.
On vous conseillera peut-être de
faire tremper votre chapeau dans
un bain d’eau sucrée et. de le lais
ser sécher ensuite. C’est en effet
un solution', mais, pas quand le
temps est à la pluie. Car le résul
tat est alors déplorabl.a comme
vous pouvez penser,,
Comment repérer le temps qs’ 1
va faire demain
Nous voici à la saison des cafflP 1
ou des grandes sorties et il iœP°j
te de pouvoir déterminer avec
que précision le temps probable "
lendemain ou de l’après-midi-
Observons donc les animaux.
les oiseaux volent bas (surtout
hirondelles) vous savez, je pe D ‘ e
que c’est un signe certain de pl u!î
De même si les moutons se se, ( .
rent les uns contre les autres^ ■
tournant leur queue du côté d 01
vient le vent. De même aussi si
poissons rasent la 'surface
l’eau.
Voyons les plantes maintenâ 11 !,
quand il n’y a pas de rosée le.®"
tin, ou que le liseron se pencï {
pluie 'prochaine. Au contraire,
la rosée est abondante, c’est s#
de beau temps.
Le ciel donne aussi de bonnes
dications ; arc-en-ciel visible le 1 »
tin, lune grande et rouge à
lever, étoiles scintillantes, halo <
tour de la lune, le 6oleil rouge
matin et jaune le soir sont au®
de signes de pluie.
Un brouillard. lourd le uia^
des nuages légers et indécis, le.
leil rose le soir indiquent' le ®
temps.
Enfin, la pluie est aussi anu°J
cëe par la fumée rabattue vers
si»
sol, le lointain très visible, I e ^
d’ouest, les.cordres placées ‘, eI
térieur se tendant, tandis ( I U ),
général. le. .v-ênt d’.est. présage -
beau temps.
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