h07 EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867. /,0g
Japonais la palme de l'incrustation on com-
prend que, récoltant une gomme exception-
nelle, ils vernissent supérieurement la laque
de leurs ustensiles; mais leur incrustation
comme leur peinture sur porcelaine est une
habileté de main; or la main asiatique, du
moins celle de la Chine et du Japon, surpasse
en adresse la main européenne; elle seule,
grâce à la patience de l'ouvrier qui la guide,
peut produire ces merveilles de sculpture sur
bois, cette ciselure en dentelle de la nacre de
perle, de l'ivoire des métaux, ces brillantes
incrustations qui font de leurs meubles, de
leurs ustensiles de ménage autant d'admira-
bles mosaïques.
« L'ouvrier européen, calculant le temps et
le profit, ne saurait s'astreindre à ce supplice
de la perfection dans les détails, à ce brio, à
ce fini, à ce léché qu'un Chinois ou un Japo-
nais accroupis pendant des semaines atteignent
facilement; aussi nos produits paraissent-ils
ternes et comme décolorés lorsqu'on vient de
voir ceux de l'extrême Orient, qui semblent
avoir été faits d'or, de diamants et de rayons
par d'industrieux génies, par d'habiles fées.
« Les étoffes japonaises sont très-belles
rien de plus riche; la soie, l'or et l'argent y
sont prodigués, mais elles ont l'immense su-
périorité sur les étoffes de la Turquie et de
l'Asie Mineure d'être ornementées de dessins
réellement artistiques, de dessins que nos
manufacturiers seront bien aise de reproduire
et que nos dames seront enchantées de porter.
Nous avons constaté, en examinant les étoffes
japonaises, que nous avions emprunté aux
sujets du Taïcoun la mode de soutacher les
vêtements de dames avec des perles de verre
noires, blanches ou de couleur. Ne soyons
donc pas si fiers de nous-mêmes, et ne traitons
pas de barbares des peuples auxquels nous
empruntons sans en rien dire l'enjolivement
de nos costumes féminins.
« Les armes blanches du Japon sont fort
belles et d'un acier très-fin. Cette fabrication
doit être dans cf nays une grosse industrie,
si nous en jugeons toutefois par le soldat qui
s'en va-t-en guerre exposé dans la grande ga-
lerie des machines. Ce costume appartient,
dit-on, au gouverneur des îles Liou-Kiou et ne
vaut pas moins de cent mille francs! Indé-
yvu
pendamment des armes défensives, masque
d'ébène, casque, plastron, ce soldat est armé
de quatre sabres en sautoir, de plusieurs arcs, j
d'une quantité considérable de flèches, di> {
poignards de criss et de trois fusils, c'est-à-dire
la charge de trois hommes et de quoi en ar- |
mer dix. Tout cela lui laisse-t-il la faculté
d'être brave?. C'est ce que nous ne saurions |
dire. 1
« Les instruments de musique sont nom- |
breux, malheureusement nous ne possédons |
aucun renseignement sur leurs noms et leur |
emploi. |
«Mais ce que nous recommandons particu- f
lièrement dans l'exposition japonaise, c'est |
d'abord une très-belle collection d'histoire na- |
turelle, c'est ensuite de nombreux échappions |
des productions agricoles alimentaire. ci'yst |
enfin de très-beaux spécimens des oduits f
minéralogiques dans lesquels le quaru hyalin, j
le cuivre et surtout la houille occupent le 1
premier rang. g
« Comme la Chine, le Japon a voulu aussi 1
avoir dans le parc son exposition; le bâtiment 1
japonais contient une série de costumes dont
on a affublé quelques mannequins plus ou
moins laids mais ce que nous avons trouvé
de plus intéressant dans ce pavillon, ce sont
de vraies Japonaises, qui, comme les Égyptiens
de l'Okel, se livraient à différents travaux. Ces
femmes sont peut-être bien dans leur pays
des types de beauté? Personnellement, sauf à
être taxé de mauvais goût, nous ne sommes
nullement disposé à leur accorder la pomme
de Pâris. Seulement nous reconnaîtrons que
l'intelligence brille dans leurs yeux en cou-
lisse, et qu'elles n'ont pas cet air d'indolence
qui caractérise les Chinoises et la plupart des
femmes de l'extrême Orient.
« L'exposition japonaise nous fera rêver
longtemps! Elle est de nature à réduire sé-
rieusement nos prétentions artistiques. »
Oui, le Japon a bien des secrets à nous ap-
prendre
Le royaume de Siam est borné au nord par 1
les principautés de Lao, tributaires d'Ava ou
de Chine, à l'est par le royaume d'Annam, au 1.,
sud par le golfe de Siam, la mer de Chine et
les petits États malais d'Ahang et Penak, à
