Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1905-12-31
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 décembre 1905 31 décembre 1905
Description : 1905/12/31 (A14,N4840). 1905/12/31 (A14,N4840).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76278485
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/11/2014
TOATORZÎEMË ANNEE. — N* 4840 HUIT PAGES — Le Numéro quotidien (Parte et Départanenm — CWQ CfiffTIMES
DIMANCHE 31 DECEMBRE i905'
Prix des Abonnements
11 Va aa Six moiI Trois lIGiI
Sêmi a Saww OISE. 20. t i050 5.50
DTFMÎUIIFW ET ALGÉRIE. 24. » 12. » - Q. »
SMCBI (Utmom POSTAIS) 35. » ta.. tO.
TELEPHONE
IhumoN. 102-96 1 Bioiemit.. 103-IOt -
ADmmsTiuLYiojf 101-95
XA£/f Fondateur
REDACTION ET ADMINISTRATION : fOO, RUE RICHELIEU, PARIS ," .FERNAND XAU, Fondateur
Annonces, Réclames ,êi Faits Divers
CHEZ LAGRANGE, CERF El* C*
8, P14CE DE LA BOURSE
et aux bureaux au JOURNAL
AâTeacT les mandais-poste d M. l'Administrâtes*
ISknse télégraphique : JOURNAL - RICHTRI.TEP - PARIS
Les manuscrits nota insérts ne sont pas rendus
ÊTRENNES
Est-ce intention ? Est-ce coïncidence 2
Cette semaine det jouets et de joie pour
es petits, entre Noël et le premier jour
de la nouvelle année, est le moment qu'a
choisi M. Chaumié pour donner. une
pensée à ceux qui ne reçoivent rien de
leurs parents, pas même un nom, aux
abandonnés qui pourraient dire, avec
beaucoup plus de raisons que Chateau-
briand : « Le jour où ma mère m'infli-
gea la vie. »
Le directeur de l'Assistance publique
s'étant légitimement plaint des licences
que prennent les officiers de l'état civil,
avec les enfants trouvés dont la loi or-
donne l'inscription sur les registres, M.
Chaumié a rappelé aux premiers les dis-
positions de l'article 58 du Code civil et
..aussi une circulaire ministérielle âgée
tfe 94 ans.
En conséquence, les officiers de l'état
iïlvils sont invités à donner aussi bien
aux enfants nés de parents inconnus
Qu'aux enfants trouvés, plusieurs pré-
noms et un nom patronymique.
« II. ne faut jamais perdre de vue,
ajoute M. Chaumié, que ces noms sont
susceptibles d'être portés par plusieurs
générations. Il convient donc de les choi-
sir de telle sorte qu'ils ne-puissent être
pour leurs titulaires une cause;de diffi-
cultés, de déboires ou d'ennuis. , -
? Les noms ne devront donc ni évo-
luer l'origine dé l'enfant, ai appartenir
Il une famille de la commune, ni pouvoIr
fetre confondus avec un prénom, ni atti-
fer l'attention par leur bizarrerie, ni
prêter au ridicule. »
Voilà d'excellentes recommandations,
lies enfants trouvés sont suffisamment
déshérités pour que l'on n'ajoute pas à
leur infortune en s'égayant à leurs dé-
pens; et le petit jeu des surnoms est
Bssfez répande en outre, aujourd'hui,
pdur que les employés facétieux s'y li-
webt ailleurs que dans le bureau des
naissances. :.'
Aux yeux des enfants assistés, la cir-
culaire du ministre de la justice peut
donc passer pour des étrennes. Triste
cadeau 1 Mais le meilleur, garde des
sceaux du monde ne peut donner que
ce qu'il a." •
L'officier de l'état civil étant, en réa-
lité, le parrain des enfants trouvés, c'est
bien le moins qu'il leur accorde cinq
minutes de sollicitude. Il ne peut la leur
témoigner qu'en choisissant avec tact le
nom patronymique auquel toute leur
existence sera li£e. Cela ne demande
pas, de la part du parrain, un grand
effort d'imagination. Il n'a qu'à cher-
cher dans le calendrier les pr%bnï^ dont
l'usage comme nom patronymiQue est le
plus fréquent, tels Martine Benoît Mi-
ehel, Guillaume, Denis, germain, Rémi,
Mathieu, Richard, Vincent, Bernard,
Lambert, etc. C'est un second prénom
accolé au premier qui constitue à l'état
civil de l'abandonné sa physionomie ori-
ginale.
Mais l'acte de naissance devant men-
tionner encore l'endroit précis où le nou-
veauté a été découvert, ainsi que toutes
lies circonstances de la découverte, il
arrivait souvent que l'employé s'inspi-
rait de ces indications pour donner à
enfant un nom de fantaisie, celui, par
exemple, de la rue dans laquelle on l'a-
vait trouvé. François, ramassé dans une
plaine, au bord de la route, et appelé
E e Champi, recueilli rue Tiquetonne ou
arda. Poliveau, à Paris, pouvait s'appeler
Crânera Tiquetonne, o»'- ftonçote itote»
seasu.
Cette latitude laissée au parrain d'oc-
- casion avait ses inconvénieDts, que mon-
Ire bien une anecdote Céltmredans les
annales de l'Assistance publique.
Il y avait une fois, dans rihfanterie,
un sergent qui portait le nom glorieux;
d'un maréchal de France .1 sous, Napo-
léon Ier. On était persuadé,..aù. réeiineàt,
que le modeste sergent descendait de
I illustre maréchal, et celui-là avait fini
par partager cette conviction. Aussi, li-
• béré du service ttiilitairër tf'etdrïl rien
de plus pre'ssé que de se renseigner à
fond sur ses prétendus parents, qu'il
gavait jamais connus.
Il demanda donc à l'Assistance publi-
que communication de son certificat d'o-
tigine. On appelle ainsi un extrait des
Registres donnant aux: enfants tout ce
qu'on sait des circonstances qui ont ea-
feouré leur abandon.
Le sergent tomba de toute la hauteur
le soh rêve. On lui apprit qu'il était le
pis naturel d'une pierreuse, enfant, trou-
vée elle-même dans la rue. à laquelle
frvait été donné le nom du maréchal de
France ! eertainçment
Celui-ci ne s'attendait certainement pas
ce que l'on convertît sa gloire en cette
Monnaie de baptême 1 ," ; ?
En même temps que M. Ghaumîé pen-
sait aux enfants trouvés, aux enfants
&ans nom, une femme s'intéressait aux
mères que leur détresse peut conduire
aux pires extrémités.
Car ce n'est pas d'un cœur léger, j'ai-
me à le croire, que la plupart d'entre
elles s'acheminent, teur enfant dans les
bras pour la dernière fois, vers l'hospice
de la rue Denfert-Rochereau. Lasciate
ogni speranta 1 Elles laissent à la porte
toute espérance Vde revoir le petit être
qu elles viennent confier l'Assistance
publique, souvent pour qu'il ne meure
pas de faim à leur sein tari, à leur foyer
désert. Elles sont averties : elles ignore-
ront le lieu de séjour de l'enfant aban-
donné ; elles ne communiqueront plus
avec lui, même indirectement ; tous les
irois mois seulement, elles pourront sa-
voir s'il est vivant ou mort.
Une mère à qui l'on énumère les con-
séquences de sa résolution et qui, néan-
moins, y persévère, est-il spectacle plus
épouvantable ? Ne condamner pas, ce-
pendant, cette malheureuse sans l'en-
tendre, car après l'avoir entendue, ce
n'est pas souvent elle que vous voudriez
frapper, ce n'est point contre elle que
vous vous sentez soulevé d'indignation
et de révolte.
Oh ! je sais bien.!, ifes OEuvres qui se
donnent.la mission de remédier au sort
lamentable des mères indigentes, ces
Oeuvres sont légion 1 Mais justement
parce qu'elles sont légion, lorsqu'une
mère est dans l'embarras, elle ne sait
à quelle porte sonner, car. chaque OEu-
vre a sa spécialité, qui exclut les autres.
C'est ainsi, malheureusement. La tare
secrète des Œuvres de bienfaisance pri-
vée, même les plus méritoires, c'est la
jalousie qui - règne entre elles. Nul ne
fera le bien, hormis nous et nos dames
patronnesses ! Le subside qui va à d'au-
tres entreprises que la nôtre nous est
volé. La mère et l'enfant nous appar-
tiennent et n'appartiennent qu'à nous.
Combien d'OEuvres échangent, au lieu
de bons offices, du papiér timbré! Je
possède à cet égard, je vous prie de le
croire, des renseignements édifiants. Ils
décourageraient de la charité, si le de-
voir humain ne surmontait pas toutes
les mesquineries et toutes les faiblesses.
Il y a déjà longtemps que M. Paul
Strauss réclame l'institution d'une Mai-
son de Tenfance, d'unindicateur de bien-
faisance à la disposition permanente des
mères affolées ou simplement inquiètes.
A plusieurs reprises, je me suis joint
à M. Strauss, j'ai fait campagne avec lui
en .faveur de cette fondation, dont la
nécessité m'est démontrée tous les jours
par les:lettries que je reçois, parles ques-
tions qui me sont posées et auxquelles
je ne puis pas toujours répondre, perdu
que je suis moi-même dans la forêt des
OEuvres !
H y a bien un ofâce central des insti-
tutions charitables, mais M. Strauss a
raison de dire que son action est trop
étendue, que son domaine est trop vaste.
Un office plus modeste manquait, un
office centralisant simplement, et c'est
encore assez, les Œuvres protectrices
de la mère et de l'enfant, établissant et
assurant le contact entre elles, remé-
diant à la' séparation et à l'émiettem&nt
des efforts, au gaspillage de l'argent.
Au mois de juin dernier, une femme
dévouée, Mme Mongin des Plag". a en-
trepris de combler cette lacune en ou-
vrant, 6, rue de l'Abbé-Grégoire, la Mau
son de la Mère, c'est-à-dire la Perma-
nence que M. Strauss, moi et bien d'au-
tres, nous appelions de tous nos vœux.
Aux moments les plus critiques et les
plus décisifs de la maternité, la femme
est accueillie, réconfortée, conseillée,
rue de l'Abbé-Grégoire. La future mère
y trouve le gîte et la nourriture, en at-
tendant son admission dans les asiles
spéciaux. Toutes les démarches qu'elle
ne saurait faire, par ignorance ou par
lassitude, on les fait à sa place. A toute
femme sortant de la Maternité et se
trouvant sans domicile, Mme Mongin
des Plas donne l'hospitalité complète et
gratuite pendant six semaines et l'aide
ensuite à continuer l'allaitement. Enfin,
grôee à- son-burefau de- enseignements
pratiques, là Maison dirige Chaque dé-
detresse vers secours qu'elle a.tietîd et
sert d'intermédiaire entre elle et lui.
Et cela peut aussi, dans une certaine
mesure, faire, au regard des malheu-
reux, figure d'étrennes.
LUCIEN DESCAVSS
Carnet d'un Sauvage
hies réflexions sur l'hygiène me valent
aussi d'assez nombreuses lettres, qui prou-
vent combien la question est intéressante.
Il en est qui m'approuvent et qui trou-
vent qu'en effet nous devenons d'une lâ-
cheté désespérante; l'un d'eux m'affirme
même que je lui ai fait du bien, en lui ren-
dait un peu du courage qu'il avait perdu.
En revanche, il en. est d'autres qui vou-
draient toi^ours plus d'hygiène, et plus
d':Ë~-<~~!'ë.'
Mon &ie% moi, je ne demande pas inieux ;
mais- je ne çepais pas fâché qu'on commen-
çât par me définir l'hygiène.
L'hygiène, cela paraît consister aujour-
d'hui principalement à vous enrhumer.
Attraper' des pleurésies, des fluxions de
poitrine, des rhumatismes, des douleurs de
3enis ou d'oreilles, cela, c'est hygiénique.
Dans ce but, on vous ouvre dans tous les
théâtres une abondance de courants d'air,
qui vous font étemuer pendant toute la du-
rêedu spectacle. Il arrive fréquemment que
vous rentrez chez vous en toussant ; et l'on
apprend de temps en temps le décès d'un
amateur ou d'un critique, qui se sont mis
au lit avec une bronchite infectieuse. Mais
ils n'ont aucune réclamation à faire. On les
a, parait-il, protégés contre un incendie.
L'incendie se produit une fois tous les
cent cinquante ans, et tue quarante person-
-Des,; les jmàlàdies de poitrine se produisent
tous les jours, est tuent bon an mal an des
milliers de chrétiens; mais cela ne lait
rien. Les précautions ne se prennent qUe
contre l'incendie.
L'hygiène vous poursuit dans les restau-
rants, ofy des gens très fins ont imaginé des
manivelles, qui, pendant que vous avez très
chaud, ge mettent à tourner, et à vous four-
nir un ù>urta'.lon glacé, qui vous envoie sur
la nuque dams les jambes toutes sortes
de petite Wrets de vent, auxquels le tempé-
rament lé plus robuste ne saurait résister.
D vouLS/prend des frissons, et vous digérez
avec \a: fièvre. C'est de l'hygiène.
Aile? donc vous plaindre ! On vous ré-
pondra qu'un air pur est nécessaire à vo-
tre gfanté ; et, si vous mourez, vous vous
consolerez en pensant qu'il vaut mieux mou-
rir en se conformant aux règles hygiéni-
ques, que continuer à vivre en s'en passant.
Henry Muet.
ÉTlmES A TOUS lOS LECTEURS
NOTRE CALENDRIER 1906
Nous aurons le plaisir d'offrir gratui-
tement à tous nos lecteurs (abonnés et
acheteurs au numéro), avec notre nu-
méro du 1*1 janvier, un très joli calen-
drier artistique en couleurs, illustré de
magnifiques gravures d'après Boucher:
« le Billet Doux », « l'Agréable Leçon »,
« les Douceurs de VEté », « lès Sabots »,
« les Amours pastorales », et portant
dans les angles, les quatre charmants
médaillons des Saisons également d'a-
près fioucher.
Nous prions nos lecteurs au numéro
de le réclamer à tous nos dépositaires,
sous-dépositaires et vendeurs avec le
numéro duté du 4" janvier.
w
ÉCHOS
M
Georges Trouille ministre du ccrn-
mem; de l'industrie, des postes et des
télégraphes, a. décidé qu'il n'y aurait pas de
réception au ministère du commerce, à roccar
sion de la.' nouvelle année.
A
la demande de Mme Loubet, le préfet de
police a prorogé jusqu'à dimanche soir,
7 janvier, la tolérance accordée aux tenanciers
des petites baraques, à l'occasion des fêtes du
Jour de l'An.
A
l'occasion des fêtes du Jour de F An, les
ministères et administrations publiques
relevant de l'Etat seront fermés jusqu'au 2
janvier Inclusivement, sauf en ce qui concerne
les services directement en contact avec le pu-
blic.
E
xceptionnellement, il sera fait aujour-
d'hui dimanche, 31 décembre, une troi-
sième levée dans tous les bureaux de dépôt
du service des colis postaux de Paris pour
Paris.
Les colis postaux compris dans cette levée
seront distribués dans la matinée du 1" jan-
vier.
p
our le 150e anniversaire de sa création, la
maison Corcellet, 18, avenue de l'Opéra,
offre, du 1er au 7 janvier, un cadeau peu banal
à tout acheteur de 500 grammes de café. C'est*
une superbe estampe, reproduction exacte de
son enseigne « Au Gourmand », le tableau cé-
lèbre de Boilly (édition-de l'Atelier d'art).
v
oulez-vous un conseil au moment du Jour
de l'An? Visitez le Palais de la Fleur,
110, boulevard Saint-Gennain, que le distin-
gué fleuriste Augustin vient de transformer
en un véritable décor floral. Il offre, cette
année, à sa clientèle, des milliers de ravis-
santes corbeilles artistement fleuries, des ger-
bes de très belles fleurs, et des plantes vertes
les plus ralès, à des prix accessibles à toutes
les bouxsesi,
L
e procès en divorce qui devait mettre aux
prises, dans les premiers jours du mois
prochain, la princesse Louise, fille aînée du
roi des Belges, et satu mari, le prince Philippe
de Cobourg, ne comportera pas les révélations
graves qu?on prévoyait, un accord étant inter-
venu entre les parties.
Après de longs et laborieux pourparlers qui
se sont poursuivis tant à Paris qu'à Bruxelles,
un accord est intervenu, que l'un des manda-
taires de la princesse Louise a signé provisoi-
rement, vendredi soir, et que le docteur Bach-
rach, après l'avoir signé également, va empor-
ter à Vienne pour le soumettre au prince.
Par cet accord, Philippe de Cobourg recon-
naît, d'après le rapport des médecins experts,
que là princesse jouit de la plénitude de ses
facultés ^mentales. Les deux parties .^enga,-
gent à ne pas faire usage des pièces quelles
comptaient produire à l'appui de leurs griefs
et même à les détruire, et ne motiver leur ins-
tance en divorce devant le tribunal de Gotha
que sur l'incompatibilité d'humeur. Enfin, la
princesse reçoit un apanage pécuniaire plus
important que la pension qui lui était servie
à titre provisoire.
M" Schwartz est parti, vendredi soir, pour
Vienne, emportant copie de l'acte et les docu-
ments araseaces.
LES ANTIMILITARISTES ';
LE VERDICT rend-u~ de
On trouvera plus loin le compte rendu de
la dernière audience de la Cour d'assises.
Après une demi-heure de délibération, la
Cour a prononcé les condamnations sui-
vantes :
Gustave Hervé, quatre ans de prison ;
Cibot, Vigo, dit Almereyda, et Yvetot, trois
ans de prison chacun ;
Grandidier, deux ans de prison ;
Bousquet, Garnery et .Coulais, quinze mois
de prison chacun ;
Urbain Gohier, Desplanques, Camu, Le
Guéry,' Laporte, Baudin, Pataud, Bosche,
Bontempi, Nicolet, Le Blavec, Castagué, Du-
béros, Merle, Mouton, Froutier et Goulet,
chacun un an de prison et 100 francs d'a-
mende ;
Quant au jeune Berseau, auquel le jury a
accordé le bénéfice des circonstances atté-
nuantes, il s'entend condamner à la peine
de six mois de prison.
A peine l'audience est-elle levée que les
accusés crient : « Vive la Commune ! » et
entonnent le chant de Y internationale. Mais
leur manifestation prend aussitôt fin par
l'arrivée des gardes municipaux, qui font
évacuer la salle d'audience.
L'Empoisonneuse du Havre
Information judiciaire. — Autopsie de
la petite victime. — La criminelle
, J ,r.eirouvêe.
* LE HAVRE, 30 décembre. (De noire corres-
pondant particulier.) — MM. Jaequot, juge
d'instruction, Démangent, substitut de M. le
procureur de la République, et le docteur
Lausiès, médecin légiste, se sont rendus,
hier, au domicile de. M. René Gaillard ; ils
ont longuement perquisitionne dans les ap-
partements et ont saisi une certaine quan-
tité de fioles. Dans l'une se trouvaient en-
core quelques gou ttes « d'un collyre de cou-
leur absolument semblable à celle des déjec-
tions des petites victimes, et que l'on sup-
pose être de l'extrait, de jusquiame mélange
avec du sulfate de zinc. Cette bouteille était
paraît-il, dans raprè-midi de jeudi, aux
trois quarts pleine, et la solution avait été
achetée le 18 courant chez M..lorel, phar-
macien, 258, route Nationale, à Graville-
Sainte-Honorine, pour le traitement de maux
d'veux. • ,
Les magistrats ont ensuite longuemeni in-
terrogé la petite Madeleine, qui, encore sous
le coup d'une émotion bien légitime, n'a mal-
heureusement pu fournir des renseigne-
ments utiles à la justice.
En examinant le cadavre du jeune Pierre,
M. le docteur Lausiès a constaté que l'enfant
avait les lèvres complètement noires. Il n'y
atait plus de doute à avoir : le pauvre petit
avait absorbé un caustique violent. Le corps
a-été atrtrrpsté cet après-midi.
Mme Duclion-Dorjs, qui était partie pour
Paris hier matin, âpres avoir passé la nuit
à l'hôtel du. Débarcadère, s'est arrêtée à
Rouen, où elle est restée toute la journée,
et elle est revenue au Havre, chez un de ses
parents, M. Hutter, qui l'a conduite au ca-
binet du juge d'instruction. Elle a été inter-
rogée par ce magistrat. Mme Duchon s'est
fortement défendue d'avoir empoisonné ses
petits-enfants, qu'elle aimait beaucoup, dit-
elle. Elle a été écrouéffcè-soif. à la raison
d'arrêt. ,:, • » < '?
,,,ú
LE RÉVEIL DE LA CHINE
Les premières grandes manœuvres chinoises. - OrcallisatioD
d'une force nationale.
Officiers chinois avant la réforme de l'armée. — La nouvelle armée chinoise. — Le
Au centre, le colonel chinois qui assistait, l'an- nouvel uai^ forme~des officiers d'in-
née dernière, aux manœuvres de l'armée iran- ianterie.
çaise.
PÉKIN, 14 novembre. (Par lettre de notre
correspondant particulier.) — La Chine
vient, pour la première fois depuis quatre
dynasties, de se réveiller de
Nous avons pu assister à une de ces mani-
festations militaires qu'on n'oublie pas, et
qui marquent une ère nouvelle dans l'his-
toire d'un peuple.
En moins de trois ans. la Chine a réussi
à se reconstituer une année, à mettre sur
pied une force de 100,000 hommes admira-
blement armés et disciplinés.
C'est dans la vallée du Yang-Tsé, berceau
de la race jaune, que très rapidement, sous
l'intelligente direction du vieux Tchang-
Che-Tong, ont pris naissance ces trou-
pes, entièrement armées et équipées à l'eu-
ropéenne. Ce mouvement de réformes mili-
taires a rapidement gagné les provinces du
nord ; Yuen-Che-Kai, vice-roi du Tcbe-Li,
jeune, énergique, h'à pas voulu rester en
retard. Grâce à son esprit d'initiative, â-aa
persévérance, il a pu, comme Tcliang-Ch©-
Tons!, relever le métier militaire dans raS.,
prit des classes dirigeantes. « H ao jcn ptjrw
tang ping hao lie pou ta ting » (Un homnie
honnête ne se fait pas soldat, de même que
du bon fer ne sert pas à faire- des clous),
tel est le dicton populaire qui a traduit de
tous temps le mépris du Céleste pour tout
ce qui portait. le sabre, et c'est contre cette
opinion que Yuen-Che-Kai a eu à lutter, et
c'est elle qu'il a fini par vaincre.
On eonnaît la récente création, à Pékin,
du Lien-Ping-Tch'ou (bureau d'état-major).
Ce nouveau ministère, car, en réalité, c'est
un ministère de la guerre, est placé soqs la
direction de trois hauts commissaires, Siu-
Che-Tch'ang, Lie-Leang et Yoen-Che-Kai.
Tous « self made men » arrivés avant qua-
rante ans aux plus hautes dignités, ayant
su s'imposer par leurs talents, non seule-
ment à la cour, mais aux populations, ils
ont, en moins d'un mois., réussi à tirer du
bas de laiife populaire des sommes colossa-
les. Ils ont ainsi constitué un budget de
guerre qui a permis, en peu de temps, de
mettre sur pied l'armée que noua avons vu
évoluer dans les pîaia * de Ho-Kien-Fou.
Nous ne raconterons pas par le détail ces
manœuvres, fort intéressantes, du reste, où
l'attaque de la capitale par une armée euro-
péenne a été savamment arrêtée. Si les mê-
mes. mouvements avaient été exécutés dans
la réalité, le corps ennemi aurait été non
seulement cerné, mais absolument anéantL
Nous signalerons la parfaite organisation
du service médical, qui a pu, en un temps
minime, évacuer avec ses brancardiers une
division entière qui, dans le thème des ma-
nœuvres, était destinée à être sacrifiée pour
permette d'effectuer un mouvement tour-
nant. *
La batterie de canons Canet, récemment !
achetée au Creusot et à titre d'essai par
Yuen-Che-Kai, a provoqué l'admiration non
dissimulée de tous les attachés militaires
étrangers. Il est à présent très sérieusement
question de doter l'armée chinoise de ce
merveilleux engin et d'abandonner définiti-
vement le Krupp, dont le mécanisme com-
pliqué et la difficulté de mise au point ont
été suntsamment démontrés.
Cette triarchie militaire dont nous avons
parlé plus haut est, chose curieuse, com-
posée non d'officiers, mais de mandarins ci-
vils qui comptent parmi les plus fins pin-
ceaux de l'empire. Ces trois hommes, pa-
triotes sincères, pour bien montrer que,
seule, une armée forte peut défendre l'an-
tique patrimoine de 4a civilisation chinoise,
n'ont pas hésité à abandonner la robe pom-
peuse du mandarin pour revêtir l'uniforme
étriqué de -l'officier moderne.
Ils viennent de faire accepter par le trône
un projet de fondation d'école militaire où
seront versés tous les fils de la noblesse,
princes du sang, ducs et fils des grands di-
gnitaires. C'est la, en continuant à s'inspi.
rer des principes du Grand Sage, que la
jeune aristocratie chinoise, pénétrée des de-
voirs qui lui incombent, apprendra à con-
duire les armées futures qui doivent, dans
l'esprit chinois, rendre au Céleste-Empire la
suprématie qu'il a eue sous, les Djeugiskan
et les Koubilai.
LA REVOLUTION RUSSE
LA DÉTENTE S'ACCENTUE
L'ordre semble rétabli à Moscou., - La grève tire à sa fin a
Saint-Pétersbourg et dans le Sud. — L'effervescence
à Tver et en Pologne. - Attetitat contre un
train militaire. i r 1l
DANS LES PROVINCES BALTIQUES. — 1. Hôtel de Ville de RIGa. — i. Le château de KreuI-
bourg, sur la Duna, qui a été pillé et incendié. — 3. Le château de Kokenhumn, oir s'est
réfugié le comité révolutionnaire. — 4. Grand Théâtre de Riga.. 1 ., .1 .1
SAINT-PÉTERSBOURG, le 30 décembre.
(Par dépêche de notre envoyé spécial.)
- La démission du ministre de la jus-
tice, M. le sénateur Manoukhine, que je
vous faisais pressentir, il y a quelques
jours,. est maintenant officielle. Ce fonc-
tionnaire avait été très vivement attaqué
au Congrès des zemstvos. Il subit la
retraite ordinaire au conseil de l'Em-
pire. Son successeur est le sénateur
Akhimoff.
Saint-Pétersbourg demeure calme.
L'Union des ingénieurs publie un appel
aux artistes de tous les 'théâtres^ leur
conseillant de faire grève, les conviant à
prendre part aux deuils qui frappent
toute la flussie, invoquant le devoir
d'honnêtes gens et de citoyens. Comme
la saison bat son plein et que les .théâ-
tres font tous d'excellentes affaires, il
est peu probable que cet appel soit bien
accueilli.
Une mesure plus grave est la circu-
laire que vient de lancer le ministre des
voies et communications. Elle avise les
employés de chemins de fer que, comme
fonctionnaires de l'Etat, il leur est for-
mellement interdit de faire partie de
Syndicats, sous peine de révocation im-
médiate et de trois mois d'emprisonne-
ment.
La grève est presque terminée. On es-
time que lundi le travail sera complète-
ment repris. Au surplus, ia température
conseille la reprise du travail. Il est peu
agréable de rester à la porte des usines,
par un froid de 18 degrés au-dessous de
zéro. Les usines de Wassiii-Ostroff ont
donné l'exemple de la reprise du tra-
vail. Tout ce quartier est dans le calme
le plus complet. Les usines PoutilotI ont
renvoyé un certain nombre d'ouvriers,
en portant sur leur livret : « Renvoyé
pour refus de travail, à telle date.» On
dit que ces usines fermeront complète-
ment à la fin de l'année.
A MOSCOU
Les nouvelles de Moscou confirment
le rétablissement de l'ordre. Les ouvriers
se sont rendus, hier, en grande partie,
et ont livré leurs armes. Tous les corps
de métiers ont repris le travail. Toutes
les barricades ont été enlevées, sauf
trois si fortement établies qu'il faudra
recourir à la dynamite pour les détruire.
De nombreuses arrestations ont été opé-
rées, parmi lesquelles celles de plusieurs
ingénieurs.
11 ne reste plus que trois groupes de
révolutionnaires armés qui n'ont pu
s'entendre avec les autorités sur les con-
ditions de la capitulation., Ces révolu-
tionnaires réclamaient une amnistie
complète. Ils se sont barricadés dans
des maisons. Aux dernières nouvelles,
on assure que ces maisons auraient été
enlevées par les troupes. ,
Il semble que le nombre des insurgés
combattants n'ait jamais dépassé cinq
mille. Mais pendant la lutte, de nom-
breux vagabonds ont pillé et dévalisé
les appartements d'autres quartiers, pro-
voquant une panique générale. Les ré-
volutionnaires se sont livrés dans les
quartiers de l'Ouest h d'odieux sévices
sur les agents de police et les gardiens
de prisons.
La brigade de cavalerie du Daghestan,
envoyée comme renfort, ne paraît pas
avoir eu besoin d'intervenir. Mais le ré-
giment Séménovski a pris part à la lutte
en dispersant à la baïonnette les insur-
gés qui entouraient la gare Nicolas. La
conduite de toutes les troupes montre
qu'elles sont demeurées résolument fidè-
les au gouvernement.
EN PROVINCE
Les nouvelles de province, sans être
complètement bonnes, sont cependant
plus rassurantes. A Kief, la reprise du
travail est générale.
Quatre-vingts agitateurs ont été arrè-
tés.. On a découvert des dépôts d'armes.
Le transport des voyageurs est rétabli
sur tout le réseau du Sud-Ouest. On pro-
cède à la réorganisation du service des
marchandises.
La grève est également terminée à
Odessa. Les tramways circulent, mais
par mesure 4e précaution, ils sont en-
core escortés militairement. Les fabri-
ques, les banques, les magasins et lea
autres établissements sont rouverts.
Tous les services ; télégraphes, télépho.
nes, postes, gaz,- électricité fonction-
nent normalement. La navigation re-
prend.
L'état de siège a étéw proclamé à Ba-
rassovitchi, dans le gouvernement da
Minsk-Mais les troupes ont pu rétablir
l'ordre sans aucune effusion de sang*
La situation la plus sérieuse est à
Tver, où les chemins de fer, les lignes
télégraphiques et téléphcmiquës Ont été
si -gravement endommagées que leur
réorganisation demandera plusieurs
jours. L'œuvre de détérioration par les
grévistes n'a pu être arrêtée que pai
renvoi de deux compagnies de soldai
avec des mitrailleuses, qui ont tuéunt
trentaine d'hommes.
Quinze mille ouvriers des manutactu.
res Morozoff sont en grève. Bien qu'ils
n'aient provoqué aucun désordre, la po-
pulation est très inquiète et les autori-
tés demandent à Saint Péterèbourg l'en.
voi de renforts.
Une certaine détente s'est produite
dans les provinces baltiques. Les lignes
de chemins de fer de Mitau à Wiudaq
et de Mitau à Riga fonctionnent. La yoiç
ferrée entre Ldbau et Mitau a été gra.
vement étldomtbagêe. et '-la eommuftica- ,
tion de ces deux Villes est précaire.
Beaucoup d'usines sont contraintes au;
chômage par l'épuisement des matfèrea
premières.. ,
Le bruit court, qu'un grave aceidenfi
de chemin de fer. s'est produit près de
Svzrane. La culée d'un pont aurait
sauté au moment du passage d'un train*
Il y aurait de nombreuses victime
EN POLOGNE
Aucune modification sensible 46 la qtq
tuation. La majorité de la population, est
hostile à 1 grève. Mais to&t ch$me à
Varsovie pai, .crainte des.excèdes' gré-
vistes. Les trains de la ligne* de Vienne
ne circulent que de jour pour éviter les
agressioiie nocturnes. Les-socialistes ont
tenté, -hier soir^ d'élever des barricades
, dans trois nies. Ils ont été dispersés par,
1 "infanterie, qui a tiré pîuàieûissalvea. Il
n'y a eu que deux blessés. 1
On signale quelques incidents da Ùlê
me tvxire à Lodz.', Deux- coups de fei
ayant, été Urés d'une fenêtre stif des go
saques qui passaient, ceux-ci ont péjoé
tré dans fla maison, ont tué trois nabi
tants et en ont blessé quatre. Dé non
breuses arrestations- et perquisitions 01
été opérées ces jours demies »,
Robert Gaillard.
, LA LOI DE SEPARATION
LES SIENS CULIOtl,
Un règlement d'administration publiqtt*
Le Journal officiel puhLie, ce matin, le ctécrtl
ci-dessous, rendu sur le rapport' du ministre de
l'instruction publique, des beauî-urts et des cale
tes, et portant règlement, d'administration publio
que, en ce qui concerna l'inventaire prescrit pst
rarticle 3 de la loi du 9 déoemtone 1905, sur 11
séparation des Eglises et de l'Etat : , , ,.fP
Article premier. — Le directeur g~
des domaines désigne les agents chan
dans chaque département, de rinvenUiûA
prescrit par l'article 3 de la loi du 9 diéeerM
bre 1905. -' -' l,
S'il y a lieu, il comtnissioiine des ôgenl
auxiliaires, lesquels sont choisis exclusive
ment parmi les fonctionnaires appat-tena.
aux services de l'administration des final
ces déterminés par arrêté ministériel. I
Art 2. — Le directeur des domaines
département, après s'être conoerté avec
préfet, fixe les jour et heure de Tôt J vertu
des opérations et il en avise, au moyen d'v.
notification faite par les saine du préf.
dans la forme administrative et cinq jw-,
au moins à l'avance, savoir :
1° Pour les fabriques des églises M c.
pelles paroissiales, et pour - les miNtaes
riales ou succursales. le curé ou desaçrv
DIMANCHE 31 DECEMBRE i905'
Prix des Abonnements
11 Va aa Six moiI Trois lIGiI
Sêmi a Saww OISE. 20. t i050 5.50
DTFMÎUIIFW ET ALGÉRIE. 24. » 12. » - Q. »
SMCBI (Utmom POSTAIS) 35. » ta.. tO.
TELEPHONE
IhumoN. 102-96 1 Bioiemit.. 103-IOt -
ADmmsTiuLYiojf 101-95
XA£/f Fondateur
REDACTION ET ADMINISTRATION : fOO, RUE RICHELIEU, PARIS ," .FERNAND XAU, Fondateur
Annonces, Réclames ,êi Faits Divers
CHEZ LAGRANGE, CERF El* C*
8, P14CE DE LA BOURSE
et aux bureaux au JOURNAL
AâTeacT les mandais-poste d M. l'Administrâtes*
ISknse télégraphique : JOURNAL - RICHTRI.TEP - PARIS
Les manuscrits nota insérts ne sont pas rendus
ÊTRENNES
Est-ce intention ? Est-ce coïncidence 2
Cette semaine det jouets et de joie pour
es petits, entre Noël et le premier jour
de la nouvelle année, est le moment qu'a
choisi M. Chaumié pour donner. une
pensée à ceux qui ne reçoivent rien de
leurs parents, pas même un nom, aux
abandonnés qui pourraient dire, avec
beaucoup plus de raisons que Chateau-
briand : « Le jour où ma mère m'infli-
gea la vie. »
Le directeur de l'Assistance publique
s'étant légitimement plaint des licences
que prennent les officiers de l'état civil,
avec les enfants trouvés dont la loi or-
donne l'inscription sur les registres, M.
Chaumié a rappelé aux premiers les dis-
positions de l'article 58 du Code civil et
..aussi une circulaire ministérielle âgée
tfe 94 ans.
En conséquence, les officiers de l'état
iïlvils sont invités à donner aussi bien
aux enfants nés de parents inconnus
Qu'aux enfants trouvés, plusieurs pré-
noms et un nom patronymique.
« II. ne faut jamais perdre de vue,
ajoute M. Chaumié, que ces noms sont
susceptibles d'être portés par plusieurs
générations. Il convient donc de les choi-
sir de telle sorte qu'ils ne-puissent être
pour leurs titulaires une cause;de diffi-
cultés, de déboires ou d'ennuis. , -
? Les noms ne devront donc ni évo-
luer l'origine dé l'enfant, ai appartenir
Il une famille de la commune, ni pouvoIr
fetre confondus avec un prénom, ni atti-
fer l'attention par leur bizarrerie, ni
prêter au ridicule. »
Voilà d'excellentes recommandations,
lies enfants trouvés sont suffisamment
déshérités pour que l'on n'ajoute pas à
leur infortune en s'égayant à leurs dé-
pens; et le petit jeu des surnoms est
Bssfez répande en outre, aujourd'hui,
pdur que les employés facétieux s'y li-
webt ailleurs que dans le bureau des
naissances. :.'
Aux yeux des enfants assistés, la cir-
culaire du ministre de la justice peut
donc passer pour des étrennes. Triste
cadeau 1 Mais le meilleur, garde des
sceaux du monde ne peut donner que
ce qu'il a." •
L'officier de l'état civil étant, en réa-
lité, le parrain des enfants trouvés, c'est
bien le moins qu'il leur accorde cinq
minutes de sollicitude. Il ne peut la leur
témoigner qu'en choisissant avec tact le
nom patronymique auquel toute leur
existence sera li£e. Cela ne demande
pas, de la part du parrain, un grand
effort d'imagination. Il n'a qu'à cher-
cher dans le calendrier les pr%bnï^ dont
l'usage comme nom patronymiQue est le
plus fréquent, tels Martine Benoît Mi-
ehel, Guillaume, Denis, germain, Rémi,
Mathieu, Richard, Vincent, Bernard,
Lambert, etc. C'est un second prénom
accolé au premier qui constitue à l'état
civil de l'abandonné sa physionomie ori-
ginale.
Mais l'acte de naissance devant men-
tionner encore l'endroit précis où le nou-
veauté a été découvert, ainsi que toutes
lies circonstances de la découverte, il
arrivait souvent que l'employé s'inspi-
rait de ces indications pour donner à
enfant un nom de fantaisie, celui, par
exemple, de la rue dans laquelle on l'a-
vait trouvé. François, ramassé dans une
plaine, au bord de la route, et appelé
E e Champi, recueilli rue Tiquetonne ou
arda. Poliveau, à Paris, pouvait s'appeler
Crânera Tiquetonne, o»'- ftonçote itote»
seasu.
Cette latitude laissée au parrain d'oc-
- casion avait ses inconvénieDts, que mon-
Ire bien une anecdote Céltmredans les
annales de l'Assistance publique.
Il y avait une fois, dans rihfanterie,
un sergent qui portait le nom glorieux;
d'un maréchal de France .1 sous, Napo-
léon Ier. On était persuadé,..aù. réeiineàt,
que le modeste sergent descendait de
I illustre maréchal, et celui-là avait fini
par partager cette conviction. Aussi, li-
• béré du service ttiilitairër tf'etdrïl rien
de plus pre'ssé que de se renseigner à
fond sur ses prétendus parents, qu'il
gavait jamais connus.
Il demanda donc à l'Assistance publi-
que communication de son certificat d'o-
tigine. On appelle ainsi un extrait des
Registres donnant aux: enfants tout ce
qu'on sait des circonstances qui ont ea-
feouré leur abandon.
Le sergent tomba de toute la hauteur
le soh rêve. On lui apprit qu'il était le
pis naturel d'une pierreuse, enfant, trou-
vée elle-même dans la rue. à laquelle
frvait été donné le nom du maréchal de
France ! eertainçment
Celui-ci ne s'attendait certainement pas
ce que l'on convertît sa gloire en cette
Monnaie de baptême 1 ," ; ?
En même temps que M. Ghaumîé pen-
sait aux enfants trouvés, aux enfants
&ans nom, une femme s'intéressait aux
mères que leur détresse peut conduire
aux pires extrémités.
Car ce n'est pas d'un cœur léger, j'ai-
me à le croire, que la plupart d'entre
elles s'acheminent, teur enfant dans les
bras pour la dernière fois, vers l'hospice
de la rue Denfert-Rochereau. Lasciate
ogni speranta 1 Elles laissent à la porte
toute espérance Vde revoir le petit être
qu elles viennent confier l'Assistance
publique, souvent pour qu'il ne meure
pas de faim à leur sein tari, à leur foyer
désert. Elles sont averties : elles ignore-
ront le lieu de séjour de l'enfant aban-
donné ; elles ne communiqueront plus
avec lui, même indirectement ; tous les
irois mois seulement, elles pourront sa-
voir s'il est vivant ou mort.
Une mère à qui l'on énumère les con-
séquences de sa résolution et qui, néan-
moins, y persévère, est-il spectacle plus
épouvantable ? Ne condamner pas, ce-
pendant, cette malheureuse sans l'en-
tendre, car après l'avoir entendue, ce
n'est pas souvent elle que vous voudriez
frapper, ce n'est point contre elle que
vous vous sentez soulevé d'indignation
et de révolte.
Oh ! je sais bien.!, ifes OEuvres qui se
donnent.la mission de remédier au sort
lamentable des mères indigentes, ces
Oeuvres sont légion 1 Mais justement
parce qu'elles sont légion, lorsqu'une
mère est dans l'embarras, elle ne sait
à quelle porte sonner, car. chaque OEu-
vre a sa spécialité, qui exclut les autres.
C'est ainsi, malheureusement. La tare
secrète des Œuvres de bienfaisance pri-
vée, même les plus méritoires, c'est la
jalousie qui - règne entre elles. Nul ne
fera le bien, hormis nous et nos dames
patronnesses ! Le subside qui va à d'au-
tres entreprises que la nôtre nous est
volé. La mère et l'enfant nous appar-
tiennent et n'appartiennent qu'à nous.
Combien d'OEuvres échangent, au lieu
de bons offices, du papiér timbré! Je
possède à cet égard, je vous prie de le
croire, des renseignements édifiants. Ils
décourageraient de la charité, si le de-
voir humain ne surmontait pas toutes
les mesquineries et toutes les faiblesses.
Il y a déjà longtemps que M. Paul
Strauss réclame l'institution d'une Mai-
son de Tenfance, d'unindicateur de bien-
faisance à la disposition permanente des
mères affolées ou simplement inquiètes.
A plusieurs reprises, je me suis joint
à M. Strauss, j'ai fait campagne avec lui
en .faveur de cette fondation, dont la
nécessité m'est démontrée tous les jours
par les:lettries que je reçois, parles ques-
tions qui me sont posées et auxquelles
je ne puis pas toujours répondre, perdu
que je suis moi-même dans la forêt des
OEuvres !
H y a bien un ofâce central des insti-
tutions charitables, mais M. Strauss a
raison de dire que son action est trop
étendue, que son domaine est trop vaste.
Un office plus modeste manquait, un
office centralisant simplement, et c'est
encore assez, les Œuvres protectrices
de la mère et de l'enfant, établissant et
assurant le contact entre elles, remé-
diant à la' séparation et à l'émiettem&nt
des efforts, au gaspillage de l'argent.
Au mois de juin dernier, une femme
dévouée, Mme Mongin des Plag". a en-
trepris de combler cette lacune en ou-
vrant, 6, rue de l'Abbé-Grégoire, la Mau
son de la Mère, c'est-à-dire la Perma-
nence que M. Strauss, moi et bien d'au-
tres, nous appelions de tous nos vœux.
Aux moments les plus critiques et les
plus décisifs de la maternité, la femme
est accueillie, réconfortée, conseillée,
rue de l'Abbé-Grégoire. La future mère
y trouve le gîte et la nourriture, en at-
tendant son admission dans les asiles
spéciaux. Toutes les démarches qu'elle
ne saurait faire, par ignorance ou par
lassitude, on les fait à sa place. A toute
femme sortant de la Maternité et se
trouvant sans domicile, Mme Mongin
des Plas donne l'hospitalité complète et
gratuite pendant six semaines et l'aide
ensuite à continuer l'allaitement. Enfin,
grôee à- son-burefau de- enseignements
pratiques, là Maison dirige Chaque dé-
detresse vers secours qu'elle a.tietîd et
sert d'intermédiaire entre elle et lui.
Et cela peut aussi, dans une certaine
mesure, faire, au regard des malheu-
reux, figure d'étrennes.
LUCIEN DESCAVSS
Carnet d'un Sauvage
hies réflexions sur l'hygiène me valent
aussi d'assez nombreuses lettres, qui prou-
vent combien la question est intéressante.
Il en est qui m'approuvent et qui trou-
vent qu'en effet nous devenons d'une lâ-
cheté désespérante; l'un d'eux m'affirme
même que je lui ai fait du bien, en lui ren-
dait un peu du courage qu'il avait perdu.
En revanche, il en. est d'autres qui vou-
draient toi^ours plus d'hygiène, et plus
d':Ë~-<~~!'ë.'
Mon &ie% moi, je ne demande pas inieux ;
mais- je ne çepais pas fâché qu'on commen-
çât par me définir l'hygiène.
L'hygiène, cela paraît consister aujour-
d'hui principalement à vous enrhumer.
Attraper' des pleurésies, des fluxions de
poitrine, des rhumatismes, des douleurs de
3enis ou d'oreilles, cela, c'est hygiénique.
Dans ce but, on vous ouvre dans tous les
théâtres une abondance de courants d'air,
qui vous font étemuer pendant toute la du-
rêedu spectacle. Il arrive fréquemment que
vous rentrez chez vous en toussant ; et l'on
apprend de temps en temps le décès d'un
amateur ou d'un critique, qui se sont mis
au lit avec une bronchite infectieuse. Mais
ils n'ont aucune réclamation à faire. On les
a, parait-il, protégés contre un incendie.
L'incendie se produit une fois tous les
cent cinquante ans, et tue quarante person-
-Des,; les jmàlàdies de poitrine se produisent
tous les jours, est tuent bon an mal an des
milliers de chrétiens; mais cela ne lait
rien. Les précautions ne se prennent qUe
contre l'incendie.
L'hygiène vous poursuit dans les restau-
rants, ofy des gens très fins ont imaginé des
manivelles, qui, pendant que vous avez très
chaud, ge mettent à tourner, et à vous four-
nir un ù>urta'.lon glacé, qui vous envoie sur
la nuque dams les jambes toutes sortes
de petite Wrets de vent, auxquels le tempé-
rament lé plus robuste ne saurait résister.
D vouLS/prend des frissons, et vous digérez
avec \a: fièvre. C'est de l'hygiène.
Aile? donc vous plaindre ! On vous ré-
pondra qu'un air pur est nécessaire à vo-
tre gfanté ; et, si vous mourez, vous vous
consolerez en pensant qu'il vaut mieux mou-
rir en se conformant aux règles hygiéni-
ques, que continuer à vivre en s'en passant.
Henry Muet.
ÉTlmES A TOUS lOS LECTEURS
NOTRE CALENDRIER 1906
Nous aurons le plaisir d'offrir gratui-
tement à tous nos lecteurs (abonnés et
acheteurs au numéro), avec notre nu-
méro du 1*1 janvier, un très joli calen-
drier artistique en couleurs, illustré de
magnifiques gravures d'après Boucher:
« le Billet Doux », « l'Agréable Leçon »,
« les Douceurs de VEté », « lès Sabots »,
« les Amours pastorales », et portant
dans les angles, les quatre charmants
médaillons des Saisons également d'a-
près fioucher.
Nous prions nos lecteurs au numéro
de le réclamer à tous nos dépositaires,
sous-dépositaires et vendeurs avec le
numéro duté du 4" janvier.
w
ÉCHOS
M
Georges Trouille ministre du ccrn-
mem; de l'industrie, des postes et des
télégraphes, a. décidé qu'il n'y aurait pas de
réception au ministère du commerce, à roccar
sion de la.' nouvelle année.
A
la demande de Mme Loubet, le préfet de
police a prorogé jusqu'à dimanche soir,
7 janvier, la tolérance accordée aux tenanciers
des petites baraques, à l'occasion des fêtes du
Jour de l'An.
A
l'occasion des fêtes du Jour de F An, les
ministères et administrations publiques
relevant de l'Etat seront fermés jusqu'au 2
janvier Inclusivement, sauf en ce qui concerne
les services directement en contact avec le pu-
blic.
E
xceptionnellement, il sera fait aujour-
d'hui dimanche, 31 décembre, une troi-
sième levée dans tous les bureaux de dépôt
du service des colis postaux de Paris pour
Paris.
Les colis postaux compris dans cette levée
seront distribués dans la matinée du 1" jan-
vier.
p
our le 150e anniversaire de sa création, la
maison Corcellet, 18, avenue de l'Opéra,
offre, du 1er au 7 janvier, un cadeau peu banal
à tout acheteur de 500 grammes de café. C'est*
une superbe estampe, reproduction exacte de
son enseigne « Au Gourmand », le tableau cé-
lèbre de Boilly (édition-de l'Atelier d'art).
v
oulez-vous un conseil au moment du Jour
de l'An? Visitez le Palais de la Fleur,
110, boulevard Saint-Gennain, que le distin-
gué fleuriste Augustin vient de transformer
en un véritable décor floral. Il offre, cette
année, à sa clientèle, des milliers de ravis-
santes corbeilles artistement fleuries, des ger-
bes de très belles fleurs, et des plantes vertes
les plus ralès, à des prix accessibles à toutes
les bouxsesi,
L
e procès en divorce qui devait mettre aux
prises, dans les premiers jours du mois
prochain, la princesse Louise, fille aînée du
roi des Belges, et satu mari, le prince Philippe
de Cobourg, ne comportera pas les révélations
graves qu?on prévoyait, un accord étant inter-
venu entre les parties.
Après de longs et laborieux pourparlers qui
se sont poursuivis tant à Paris qu'à Bruxelles,
un accord est intervenu, que l'un des manda-
taires de la princesse Louise a signé provisoi-
rement, vendredi soir, et que le docteur Bach-
rach, après l'avoir signé également, va empor-
ter à Vienne pour le soumettre au prince.
Par cet accord, Philippe de Cobourg recon-
naît, d'après le rapport des médecins experts,
que là princesse jouit de la plénitude de ses
facultés ^mentales. Les deux parties .^enga,-
gent à ne pas faire usage des pièces quelles
comptaient produire à l'appui de leurs griefs
et même à les détruire, et ne motiver leur ins-
tance en divorce devant le tribunal de Gotha
que sur l'incompatibilité d'humeur. Enfin, la
princesse reçoit un apanage pécuniaire plus
important que la pension qui lui était servie
à titre provisoire.
M" Schwartz est parti, vendredi soir, pour
Vienne, emportant copie de l'acte et les docu-
ments araseaces.
LES ANTIMILITARISTES ';
LE VERDICT rend-u~ de
On trouvera plus loin le compte rendu de
la dernière audience de la Cour d'assises.
Après une demi-heure de délibération, la
Cour a prononcé les condamnations sui-
vantes :
Gustave Hervé, quatre ans de prison ;
Cibot, Vigo, dit Almereyda, et Yvetot, trois
ans de prison chacun ;
Grandidier, deux ans de prison ;
Bousquet, Garnery et .Coulais, quinze mois
de prison chacun ;
Urbain Gohier, Desplanques, Camu, Le
Guéry,' Laporte, Baudin, Pataud, Bosche,
Bontempi, Nicolet, Le Blavec, Castagué, Du-
béros, Merle, Mouton, Froutier et Goulet,
chacun un an de prison et 100 francs d'a-
mende ;
Quant au jeune Berseau, auquel le jury a
accordé le bénéfice des circonstances atté-
nuantes, il s'entend condamner à la peine
de six mois de prison.
A peine l'audience est-elle levée que les
accusés crient : « Vive la Commune ! » et
entonnent le chant de Y internationale. Mais
leur manifestation prend aussitôt fin par
l'arrivée des gardes municipaux, qui font
évacuer la salle d'audience.
L'Empoisonneuse du Havre
Information judiciaire. — Autopsie de
la petite victime. — La criminelle
, J ,r.eirouvêe.
* LE HAVRE, 30 décembre. (De noire corres-
pondant particulier.) — MM. Jaequot, juge
d'instruction, Démangent, substitut de M. le
procureur de la République, et le docteur
Lausiès, médecin légiste, se sont rendus,
hier, au domicile de. M. René Gaillard ; ils
ont longuement perquisitionne dans les ap-
partements et ont saisi une certaine quan-
tité de fioles. Dans l'une se trouvaient en-
core quelques gou ttes « d'un collyre de cou-
leur absolument semblable à celle des déjec-
tions des petites victimes, et que l'on sup-
pose être de l'extrait, de jusquiame mélange
avec du sulfate de zinc. Cette bouteille était
paraît-il, dans raprè-midi de jeudi, aux
trois quarts pleine, et la solution avait été
achetée le 18 courant chez M..lorel, phar-
macien, 258, route Nationale, à Graville-
Sainte-Honorine, pour le traitement de maux
d'veux. • ,
Les magistrats ont ensuite longuemeni in-
terrogé la petite Madeleine, qui, encore sous
le coup d'une émotion bien légitime, n'a mal-
heureusement pu fournir des renseigne-
ments utiles à la justice.
En examinant le cadavre du jeune Pierre,
M. le docteur Lausiès a constaté que l'enfant
avait les lèvres complètement noires. Il n'y
atait plus de doute à avoir : le pauvre petit
avait absorbé un caustique violent. Le corps
a-été atrtrrpsté cet après-midi.
Mme Duclion-Dorjs, qui était partie pour
Paris hier matin, âpres avoir passé la nuit
à l'hôtel du. Débarcadère, s'est arrêtée à
Rouen, où elle est restée toute la journée,
et elle est revenue au Havre, chez un de ses
parents, M. Hutter, qui l'a conduite au ca-
binet du juge d'instruction. Elle a été inter-
rogée par ce magistrat. Mme Duchon s'est
fortement défendue d'avoir empoisonné ses
petits-enfants, qu'elle aimait beaucoup, dit-
elle. Elle a été écrouéffcè-soif. à la raison
d'arrêt. ,:, • » < '?
,,,ú
LE RÉVEIL DE LA CHINE
Les premières grandes manœuvres chinoises. - OrcallisatioD
d'une force nationale.
Officiers chinois avant la réforme de l'armée. — La nouvelle armée chinoise. — Le
Au centre, le colonel chinois qui assistait, l'an- nouvel uai^ forme~des officiers d'in-
née dernière, aux manœuvres de l'armée iran- ianterie.
çaise.
PÉKIN, 14 novembre. (Par lettre de notre
correspondant particulier.) — La Chine
vient, pour la première fois depuis quatre
dynasties, de se réveiller de
Nous avons pu assister à une de ces mani-
festations militaires qu'on n'oublie pas, et
qui marquent une ère nouvelle dans l'his-
toire d'un peuple.
En moins de trois ans. la Chine a réussi
à se reconstituer une année, à mettre sur
pied une force de 100,000 hommes admira-
blement armés et disciplinés.
C'est dans la vallée du Yang-Tsé, berceau
de la race jaune, que très rapidement, sous
l'intelligente direction du vieux Tchang-
Che-Tong, ont pris naissance ces trou-
pes, entièrement armées et équipées à l'eu-
ropéenne. Ce mouvement de réformes mili-
taires a rapidement gagné les provinces du
nord ; Yuen-Che-Kai, vice-roi du Tcbe-Li,
jeune, énergique, h'à pas voulu rester en
retard. Grâce à son esprit d'initiative, â-aa
persévérance, il a pu, comme Tcliang-Ch©-
Tons!, relever le métier militaire dans raS.,
prit des classes dirigeantes. « H ao jcn ptjrw
tang ping hao lie pou ta ting » (Un homnie
honnête ne se fait pas soldat, de même que
du bon fer ne sert pas à faire- des clous),
tel est le dicton populaire qui a traduit de
tous temps le mépris du Céleste pour tout
ce qui portait. le sabre, et c'est contre cette
opinion que Yuen-Che-Kai a eu à lutter, et
c'est elle qu'il a fini par vaincre.
On eonnaît la récente création, à Pékin,
du Lien-Ping-Tch'ou (bureau d'état-major).
Ce nouveau ministère, car, en réalité, c'est
un ministère de la guerre, est placé soqs la
direction de trois hauts commissaires, Siu-
Che-Tch'ang, Lie-Leang et Yoen-Che-Kai.
Tous « self made men » arrivés avant qua-
rante ans aux plus hautes dignités, ayant
su s'imposer par leurs talents, non seule-
ment à la cour, mais aux populations, ils
ont, en moins d'un mois., réussi à tirer du
bas de laiife populaire des sommes colossa-
les. Ils ont ainsi constitué un budget de
guerre qui a permis, en peu de temps, de
mettre sur pied l'armée que noua avons vu
évoluer dans les pîaia * de Ho-Kien-Fou.
Nous ne raconterons pas par le détail ces
manœuvres, fort intéressantes, du reste, où
l'attaque de la capitale par une armée euro-
péenne a été savamment arrêtée. Si les mê-
mes. mouvements avaient été exécutés dans
la réalité, le corps ennemi aurait été non
seulement cerné, mais absolument anéantL
Nous signalerons la parfaite organisation
du service médical, qui a pu, en un temps
minime, évacuer avec ses brancardiers une
division entière qui, dans le thème des ma-
nœuvres, était destinée à être sacrifiée pour
permette d'effectuer un mouvement tour-
nant. *
La batterie de canons Canet, récemment !
achetée au Creusot et à titre d'essai par
Yuen-Che-Kai, a provoqué l'admiration non
dissimulée de tous les attachés militaires
étrangers. Il est à présent très sérieusement
question de doter l'armée chinoise de ce
merveilleux engin et d'abandonner définiti-
vement le Krupp, dont le mécanisme com-
pliqué et la difficulté de mise au point ont
été suntsamment démontrés.
Cette triarchie militaire dont nous avons
parlé plus haut est, chose curieuse, com-
posée non d'officiers, mais de mandarins ci-
vils qui comptent parmi les plus fins pin-
ceaux de l'empire. Ces trois hommes, pa-
triotes sincères, pour bien montrer que,
seule, une armée forte peut défendre l'an-
tique patrimoine de 4a civilisation chinoise,
n'ont pas hésité à abandonner la robe pom-
peuse du mandarin pour revêtir l'uniforme
étriqué de -l'officier moderne.
Ils viennent de faire accepter par le trône
un projet de fondation d'école militaire où
seront versés tous les fils de la noblesse,
princes du sang, ducs et fils des grands di-
gnitaires. C'est la, en continuant à s'inspi.
rer des principes du Grand Sage, que la
jeune aristocratie chinoise, pénétrée des de-
voirs qui lui incombent, apprendra à con-
duire les armées futures qui doivent, dans
l'esprit chinois, rendre au Céleste-Empire la
suprématie qu'il a eue sous, les Djeugiskan
et les Koubilai.
LA REVOLUTION RUSSE
LA DÉTENTE S'ACCENTUE
L'ordre semble rétabli à Moscou., - La grève tire à sa fin a
Saint-Pétersbourg et dans le Sud. — L'effervescence
à Tver et en Pologne. - Attetitat contre un
train militaire. i r 1l
DANS LES PROVINCES BALTIQUES. — 1. Hôtel de Ville de RIGa. — i. Le château de KreuI-
bourg, sur la Duna, qui a été pillé et incendié. — 3. Le château de Kokenhumn, oir s'est
réfugié le comité révolutionnaire. — 4. Grand Théâtre de Riga.. 1 ., .1 .1
SAINT-PÉTERSBOURG, le 30 décembre.
(Par dépêche de notre envoyé spécial.)
- La démission du ministre de la jus-
tice, M. le sénateur Manoukhine, que je
vous faisais pressentir, il y a quelques
jours,. est maintenant officielle. Ce fonc-
tionnaire avait été très vivement attaqué
au Congrès des zemstvos. Il subit la
retraite ordinaire au conseil de l'Em-
pire. Son successeur est le sénateur
Akhimoff.
Saint-Pétersbourg demeure calme.
L'Union des ingénieurs publie un appel
aux artistes de tous les 'théâtres^ leur
conseillant de faire grève, les conviant à
prendre part aux deuils qui frappent
toute la flussie, invoquant le devoir
d'honnêtes gens et de citoyens. Comme
la saison bat son plein et que les .théâ-
tres font tous d'excellentes affaires, il
est peu probable que cet appel soit bien
accueilli.
Une mesure plus grave est la circu-
laire que vient de lancer le ministre des
voies et communications. Elle avise les
employés de chemins de fer que, comme
fonctionnaires de l'Etat, il leur est for-
mellement interdit de faire partie de
Syndicats, sous peine de révocation im-
médiate et de trois mois d'emprisonne-
ment.
La grève est presque terminée. On es-
time que lundi le travail sera complète-
ment repris. Au surplus, ia température
conseille la reprise du travail. Il est peu
agréable de rester à la porte des usines,
par un froid de 18 degrés au-dessous de
zéro. Les usines de Wassiii-Ostroff ont
donné l'exemple de la reprise du tra-
vail. Tout ce quartier est dans le calme
le plus complet. Les usines PoutilotI ont
renvoyé un certain nombre d'ouvriers,
en portant sur leur livret : « Renvoyé
pour refus de travail, à telle date.» On
dit que ces usines fermeront complète-
ment à la fin de l'année.
A MOSCOU
Les nouvelles de Moscou confirment
le rétablissement de l'ordre. Les ouvriers
se sont rendus, hier, en grande partie,
et ont livré leurs armes. Tous les corps
de métiers ont repris le travail. Toutes
les barricades ont été enlevées, sauf
trois si fortement établies qu'il faudra
recourir à la dynamite pour les détruire.
De nombreuses arrestations ont été opé-
rées, parmi lesquelles celles de plusieurs
ingénieurs.
11 ne reste plus que trois groupes de
révolutionnaires armés qui n'ont pu
s'entendre avec les autorités sur les con-
ditions de la capitulation., Ces révolu-
tionnaires réclamaient une amnistie
complète. Ils se sont barricadés dans
des maisons. Aux dernières nouvelles,
on assure que ces maisons auraient été
enlevées par les troupes. ,
Il semble que le nombre des insurgés
combattants n'ait jamais dépassé cinq
mille. Mais pendant la lutte, de nom-
breux vagabonds ont pillé et dévalisé
les appartements d'autres quartiers, pro-
voquant une panique générale. Les ré-
volutionnaires se sont livrés dans les
quartiers de l'Ouest h d'odieux sévices
sur les agents de police et les gardiens
de prisons.
La brigade de cavalerie du Daghestan,
envoyée comme renfort, ne paraît pas
avoir eu besoin d'intervenir. Mais le ré-
giment Séménovski a pris part à la lutte
en dispersant à la baïonnette les insur-
gés qui entouraient la gare Nicolas. La
conduite de toutes les troupes montre
qu'elles sont demeurées résolument fidè-
les au gouvernement.
EN PROVINCE
Les nouvelles de province, sans être
complètement bonnes, sont cependant
plus rassurantes. A Kief, la reprise du
travail est générale.
Quatre-vingts agitateurs ont été arrè-
tés.. On a découvert des dépôts d'armes.
Le transport des voyageurs est rétabli
sur tout le réseau du Sud-Ouest. On pro-
cède à la réorganisation du service des
marchandises.
La grève est également terminée à
Odessa. Les tramways circulent, mais
par mesure 4e précaution, ils sont en-
core escortés militairement. Les fabri-
ques, les banques, les magasins et lea
autres établissements sont rouverts.
Tous les services ; télégraphes, télépho.
nes, postes, gaz,- électricité fonction-
nent normalement. La navigation re-
prend.
L'état de siège a étéw proclamé à Ba-
rassovitchi, dans le gouvernement da
Minsk-Mais les troupes ont pu rétablir
l'ordre sans aucune effusion de sang*
La situation la plus sérieuse est à
Tver, où les chemins de fer, les lignes
télégraphiques et téléphcmiquës Ont été
si -gravement endommagées que leur
réorganisation demandera plusieurs
jours. L'œuvre de détérioration par les
grévistes n'a pu être arrêtée que pai
renvoi de deux compagnies de soldai
avec des mitrailleuses, qui ont tuéunt
trentaine d'hommes.
Quinze mille ouvriers des manutactu.
res Morozoff sont en grève. Bien qu'ils
n'aient provoqué aucun désordre, la po-
pulation est très inquiète et les autori-
tés demandent à Saint Péterèbourg l'en.
voi de renforts.
Une certaine détente s'est produite
dans les provinces baltiques. Les lignes
de chemins de fer de Mitau à Wiudaq
et de Mitau à Riga fonctionnent. La yoiç
ferrée entre Ldbau et Mitau a été gra.
vement étldomtbagêe. et '-la eommuftica- ,
tion de ces deux Villes est précaire.
Beaucoup d'usines sont contraintes au;
chômage par l'épuisement des matfèrea
premières.. ,
Le bruit court, qu'un grave aceidenfi
de chemin de fer. s'est produit près de
Svzrane. La culée d'un pont aurait
sauté au moment du passage d'un train*
Il y aurait de nombreuses victime
EN POLOGNE
Aucune modification sensible 46 la qtq
tuation. La majorité de la population, est
hostile à 1 grève. Mais to&t ch$me à
Varsovie pai, .crainte des.excèdes' gré-
vistes. Les trains de la ligne* de Vienne
ne circulent que de jour pour éviter les
agressioiie nocturnes. Les-socialistes ont
tenté, -hier soir^ d'élever des barricades
, dans trois nies. Ils ont été dispersés par,
1 "infanterie, qui a tiré pîuàieûissalvea. Il
n'y a eu que deux blessés. 1
On signale quelques incidents da Ùlê
me tvxire à Lodz.', Deux- coups de fei
ayant, été Urés d'une fenêtre stif des go
saques qui passaient, ceux-ci ont péjoé
tré dans fla maison, ont tué trois nabi
tants et en ont blessé quatre. Dé non
breuses arrestations- et perquisitions 01
été opérées ces jours demies »,
Robert Gaillard.
, LA LOI DE SEPARATION
LES SIENS CULIOtl,
Un règlement d'administration publiqtt*
Le Journal officiel puhLie, ce matin, le ctécrtl
ci-dessous, rendu sur le rapport' du ministre de
l'instruction publique, des beauî-urts et des cale
tes, et portant règlement, d'administration publio
que, en ce qui concerna l'inventaire prescrit pst
rarticle 3 de la loi du 9 déoemtone 1905, sur 11
séparation des Eglises et de l'Etat : , , ,.fP
Article premier. — Le directeur g~
des domaines désigne les agents chan
dans chaque département, de rinvenUiûA
prescrit par l'article 3 de la loi du 9 diéeerM
bre 1905. -' -' l,
S'il y a lieu, il comtnissioiine des ôgenl
auxiliaires, lesquels sont choisis exclusive
ment parmi les fonctionnaires appat-tena.
aux services de l'administration des final
ces déterminés par arrêté ministériel. I
Art 2. — Le directeur des domaines
département, après s'être conoerté avec
préfet, fixe les jour et heure de Tôt J vertu
des opérations et il en avise, au moyen d'v.
notification faite par les saine du préf.
dans la forme administrative et cinq jw-,
au moins à l'avance, savoir :
1° Pour les fabriques des églises M c.
pelles paroissiales, et pour - les miNtaes
riales ou succursales. le curé ou desaçrv
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.73%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.73%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"
- Auteurs similaires Xau Fernand Xau Fernand /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Xau Fernand" or dc.contributor adj "Xau Fernand")Letellier Henri Letellier Henri /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Letellier Henri" or dc.contributor adj "Letellier Henri")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k76278485/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k76278485/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k76278485/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k76278485/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k76278485
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k76278485
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k76278485/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest