Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1916-12-26
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 décembre 1916 26 décembre 1916
Description : 1916/12/26 (N14400,A40). 1916/12/26 (N14400,A40).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/07/2012
by ANNEE. - No 14.400.
S*8* Le Numéro
REDACTION et ADMINISTRATION
24, Boulevard Poissonnière, Paris (9*)
aESSE TÉLÉGRAPHIQUE: LANTERNE-PARIS
TÉLÉPHONE : GUTENBERG
01-99
43-93 (après misuit)
fUDUCiîÊ ANNONCES :
24, Boulevard Poissonnière
EDITION DU _h SOtef
Directeur-Rédacteur en Chef ; FÊLIX HUAUTFORT
IJÀR DI 26 DECEMBRE 1916
5 Le Numéro
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1 AN 6 MOIS iHOi
Paris
et Départements
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La Note suisse
-..-
Voici la Suisse, qui à son tour, en
une note amicale, bimide, embarrassée,
modeste, s'associe a la démarche faite
par les Etats-Unis, ou, plus exactement,
se borne à l'appuyer, car elle ne de-
manda pas aux alliés de lui faire con-
naître leurs buts de guerre, et, souhaite
seulement que la paix soit prochaine.
De, cette note, il faut surtout retenir,
qu'elle a été précédée de pourparlers
entre les gouvernements des deux Ré-
publiques, et que ces pourparlers re-
montent à cinq semaines, ce qui exclut
tout rapprochement entre la. manifesta-
tion dies neutres et la manœuvre alle-
mande. Nous étions déjà sûrs. qu'il ne
pouvait exister aucune entente entre
les deux nations amies et l'Allemagne ;
mais il n'est pas mauvais d'en être plus
sûrs.
Ceci constaté, répétons, que les neu-
tres ne font qu'usen d'un droit, que nous
avons nous-mêmes reconnu, lors des
conventions de la Haye, et dont l'exer-
cice ne soumit, -dès lors, nous porter
ombrage.
Que si nous allons a,u fond des cho-
ses, nous apercevons sans peine les mo-
tifs qui font agir les intervenants. C'est
d'abord le préjudice économique, tem-
péré il est vrai par quelques avantages,
que la guerre leur occasionne, et aussi
la crainte d'être entraînés eux-mêmes
dans cette guerre. M. Lansing l'a très
nettement dit pour les Etats-Unis, et
cette menace est plus redoutable encore
pour la Suisse, bien que prenant un au-
tre aspect.
On a, ces jours "derniers, envisagé
dans les journaux français l'hypothèse
d'une violation de la frontière helvéti-
que par l'armée allemande ; et cette
perspective doit hanter l'esprit de nos
amis Suisses, qui naturellement dési-
rent fort être débarrassés de ce cauche-
ma.r.
Pour la Suisse, il y a encore autre cho-
se. « Elle serait, nous dit la note, heu-
« reuse de pouvoir, même dans la plus
« modeste mesure, travailler au rappro-
« chement des Nations en guerre et à
« l'établissement d'une paix durable. »
Comment serait-elle susceptible de
coopérer à ce rapproche ment ? — Il y
a pour cela plusieurs moyens, mais ce-
lui qu'on aperçoit le mieux, c'est qu'elle
pourrait offrir l'hospitalité au Grand
Congrès, qui terminera la guerre ; et
cette perspective ne va pas sans quelque
profit.
Au fond, je suis convaincu que le gou-
vernement des Etats-Unis, non plus que
celui de la République Helvétique, ne
se font que fort peu d'illusions sur les
chances actuelles de leur démarche. Ils
ont surtout voulu prendre rang et date ;
et leurs notes, sans doute, tendent prin-
cipalement à prévenir les belligérants
que, lorsque le moment sera venu de
songer à la paix, ils sont à leur dispo-
sition pour les aider à la réaliser. C'est
dans ce sens qu'il faut interpréter leur
offre, et la retenir.
Cette offre n'a rien qui doive nous
émouvoir, car elle ne modifie nullement
une situation, qui se présente sous l'as-
pect le plus clair que l'on puisse ima-
giner. — L'Allemagne, pour des raisons
qu'il est facile de deviner, a proposé la
paix, une paix qui serait une paix alle-
mande. C'est à elle de dire à quelles con-
ditions elle la propose, et c'est à elle
d'abord que doit s'adresser la question
posée par les neutres. — Le jour, où des
circonstances prochaines nous permet-
tront de décider une paix, qui sera une
paix de réparation, de logique et de jus-
tice, nous nous expliquerons clairement
et loyalement. Jusque là, à quoi bon ?
• : ( ,
QU'EN PENSE-T-ON A KIEUTHAL?
Nous avons signalé l'étonnante pétition
qui circule dans les milieux catholiques à
j'adresse de N.-D. de Pontmain pour sup-
plier la Vierge de nous donner la paix avant
le i, janvier 1917. -
Les calotins qui font circuler cette feuille
s'appuient sur le fait que te 17 ja.nvier 1871
la Vierge Marie apparaissait à Pontmain
et annonçait la fin de la guerre de 70.
Aujourd'hui, la « Croix » bat le rappel
en faveur de cette requête et dit :
Signalons les pétitions et prions avec fer-
veur. N'oublions pas que tout est possible à
Dieu, qu'à toulo heure peut intervenir tel ou
tel événement qui précipiterait décisivement la
guerre, et enfin qu'un tel acte de foi sera cer-
tainement récompensé, sous une forme quelcon-
que, par la bonté divine.
Par quelle curieuse Hallucination les ton-
surés s'imaginent-ils que ce qu'ils' préten-
dent s'être passé en 1871 doit se répéter en
1917 ? Et pourquoi pas 1918 ou 19 ?
Madame de Thèbes prédit l'avenir avec
plus ou moins de bonheur. Les catholiques
l'ont mieux, ils prétendent influer sur le
sort des armes au moyen d'un certain nom
bre d'incantations, de prières et de signa-
tures !
Pendant les périodes de sécheresse les
sorciers indiens impJorent leurs dieux et
réclamentt la pluie en dansant un cancan
sacré : les sorciers de la « Croix » rempor-
teront sans doute le même genre die succès.
Et .puis, à en croire le chanoine Franc,
c'est un placement très sûr : si l'on n'ob-
tient pas la fin die la guerre, on sera quand
même récompensé.
Est-ce que ces gens-là espèrent voir la
guierre se terminer comme en 71, qu'ils
suipplient leur Vierge de Pontmain d'ac-
complir le même miracle ? Singulier patrio-
tisme, et bizarre façon pour une Vierge de
récompenser le zèle de ses adorateurs par
une défaite !
Au fond, ces signatures et ces pétitions en
faveur de la paix ne sont peut-être pas des-
tinées à N.-D. de Pontmain. Qu'en pense-
t-on à Kienthal ?
LA NOTE AMÉRICAINE
* 1
*
deflllemalne
Zuriche, 25 décentre. — D'après les Der-
nières Nouvelles de Munich, les Empires
centraux répondront à la note Wilson dès
que la Quadruple Entente aura fait connal-
tre ses intentions au sujet des offres de
paix de l'Allemagne.
La presse ennemie
Zurich, 25 décembre. — La presse alle-
mande continue à commenter la note amé-
ricaine sans changer toutefois d'opinion,
c'est-à-dire que la presse est partagée en
deux camps : les conservateurs qui sont
contre la note et la presse gouvernemen-
tale soutenue par la presse socialiste qui
déclare que la discussion est possible
Quant à la presse socialiste, elle salue
iB.\Tl8'C une grande joie la note de Wilson. Le
Vorwaerts estime que cette note constitue
irai second acte positif en faveur de la paix.
« Les négociations au sujet de la paix ne
s'arrêteront plus et elles vont prendre une
forme concrète. La démarche américaine
me peut être contraire à nos intérêts. »
Bâle, 25 décembre. - La Gazette. Popu-
laire de Cologne écrit :
« La Quadruple Entente va, certaine
ment, se servir de la note Wilson pour
tenter de connaître les intentions de l'Alle-
magne et pour mener contre nous une vi-
goureuse propagande. Si les conditions de
;paix allemande, en effet, sont celles que le
peuple désire, il est évident que nos enne-
mis se réjouiront dès qu'ils connaîtront
notre programme. Ils s'en serviront pour
rompre les négociations, d'abord, et pour
travailler l'opinion publique chez les meu-
rtres, en suite. La Quadruple Entente ne
pouvait souhaiter un plus puissant moyen,
(pour développer sa propagande. »
Le Lokal Anzeiger publie un article qui
semble émaner de la Wilhemstrasse, dont
voici la teneur :
« Dans toute la note, il n'y a pas une
parole qui laisse soupçonnée une partialité
quelconque en faveur de l'un. ou l'autre des
belligérants. Il n'y a donc aucune raison
pour interpréter l'acte de Wilson comme
un acte hostile. A bien examiner le prési-
dent des Etats-Unis ne semble pas vouloir-
autre chose que ce que désirent les Etats
centraux et ce qu'ils ont proposé par leur
Offre de paix, mais pour arriver à un Ibut
(identique, il emploie une autre méthode et
nous devons étudier si cette -méthode est
admissible pour nous. Un accord est plus
facile semble-t-il entré le point de vue alle-
ment et le point de vue de Wilson qu'entre
celui de Lloyd George et .\VilSOH. Pour cette
raison. les chances d'aboutir à un résultat
pratique sont très minimes. Walson échoue-
ra certainement devant les sentiments guer-
riers de l'Angleterre. »
A Vienne
Berne, 25 décembre. — La Gazette de
Francfort écrit que la note de M. Wilson a
causé, à Vienne, une très vive surprise.
La réponse autrichienne
Lausanne, 25 décembre. — D'après le
Nouveau Journal de Stuttgart, la première
tâche qui s imposera au nouveau ministre
des Affaires étrangères d'Autriche sera la
réponse à faire à la note de M. Wilson.
Le droit commun- pour tous
r, On compte 14.438 curés, appartenant AU
SERVICE ARME et qui sont encore em-
ployés dans les formations sanitaires alors
que tous les Français, depuis les bleuets de
la classe 1917 jusqu'aux vieux territoriaux
font leur Devoir, dans les tranchées, face à
l'ennemi.
Les curés, sac au dos ! -
Les troubles d'Athènes
Ile de Syra.. au sud-est du Pirée. — La.
situation grecque ne s'améliore pas. Il ne
suffit pas que le gouvernement ait accepté
les conditions des Alliés, il faut savoir com-
ment et jusqu'à quel point il Les interprète.
Or, rien n'indique que le transfert des trou-
pes en Péloponèse se soit effectué comme
il est convenu.
La presse offîcielle objecte que ce trans-
fert ne saurait avoir lieu tant que les Alliés
n'auront pas garapti le gouvernement con-
tre les révolutionnaires. Les révolutionnai-
res, ce sont les vénizélistes, et parmi des
épithètes les plus amènes adressées à M.
Venizelos. figurent celles « d'abominable
Crétois » et de « Satan de Salonique ».
Le débarquement des vénizélistes à Syra
et des Français à Zante a porté à son com-
ble lia rage du parti royaliste. Le gouver-
nement ne reste pas en arrière ; pas plus
tard que lundi soir il envoyait au ministre
d'Angleterre une furibonde protestation
contre l'occupation des iles. Constantin
compte évidemment sur la patience des
Alliés.
Les preuves de l'acharnement avec lequel
on poursuit les vénizélistes abondent. On
cite, par exemple, le cas de Grégorin Poli-
zois, employé du « British Shopping Coaitrol
Office. réfugié aujourdMi-ui à bord d'un cui-
rassé. au Pirée. Arrêté le 2 décembre, il
fut livré à une douzaine de soldats qui agi-
tèrent suavement devant, lui la question die
savoir s'ils le fusilleraient ou s'ils le pré-
cipiteraient du haut de l'Acropole. Une
lueur de pitié les ayant touchés, ils se bor-
nèrent à l'incarcérer dans la Chambre des
députés transformée en prison. Délesté de
tau tson argent, il y fut enfermé dans une
cellule de dix-huit mètres carrés, avec quan-
tité d'autres prisonniers, sans nourriture
ni boisson. Parmi ces mailheureux, se trou-
vaient le maire d'Athènes et le directeur de
l' « Hestia ». Douze jours après, Polijois fut
amené devant un magistrat qui lui dit :
« N'acceptez plus d'emploi chez les Alliés,
sinon on vous rompra les os. »
Quatre professeurs de l'Université qui
avaient écrit au roi, lui demandant de se
joindre aux Alliés. sont en prison, et accu-
sés de crime de lèse-majesté.
En résumé, quiconque a été au service des
Alliés devient suspect.
Le sort des vénizélistes
D'après une dépêche die l'agence Router,
le gouvernement d'Athènes dément catégo-
riquement que des Vénizélistes aient été fu-
sillés en prison. Le gouvernement du roi re-
connaît que du 1er au 20 décembre, 268 ve-
nizélistes ont été arrêtés ; 9J sont relâchés;
118 sont retenus en prison pour passer de-
vant les tribunaux ; 2 ont été envoyés à la
Cour correctionnelle et 50 sont jugés pour
ip moment
LA SITUATION MILITAIRE
La résistance russe en Roumanie
■ - » » » - ■ «
Les Russes tiennent toujours en avant de la ligne
Rimnicu-Sarat-Braïla; ils obtiennent des succès sur
le front moldave; Situation obscure en Dobroudja.
Sur le front britannique, des raids quoti-
diens, qui valent à nos alliés quelques suc-
cès locaux, et des bombardements parfois
assez violents, mais intermittents, entre-
tiennent une. certaine activité, mais sans
qu'on voie se dessiner aucune opération
d'envergure. De notre côté, on ne signale
que des actions d'artillerie sur la rive droi-
te de la Meuse, des deux côtés de l'Avre,
qui passe à Roye, ainsi que dans le secteur
de Canny-su-Matz, à l'ouest de Lassigny.
L'ennemi, au moment où les alliés discu-
tent les termes de la réponse à faire à sa
manœuvre diplomatique, enténd-t-il nous
rappeler qu'il est à cent kilomètres de Pa-
ris ? Nous ne l'oublions pas, et c'est préci-
sément cette pensée qui inspirera, en la cir-
constance, notre attitude. A citer, pour mé-
moire, un coup de mains allemand facile-
ment repeussé en Champagne, à l'ouest
d'Auberives. En somme, la situation reste
une situation d'attente : et il n'en saurait
être autrement, alors que nous apprenons
que le général Nivelle, qui vient de prendre
son commandement, a conféré pour la pre-
mière fois avec le nouveau ministre de la
guerre, arrivé depuis la veille à Paris..
En Roumanie, les Russes tiennent tou-
jours en avant de la ligne de Rimnicu-Sa-
rat à Braïla. Ils subissent cependant des
a.ssauls qui semblent augmenter d'inten-
sité; mais leur situation n'est pas inquié-
tante, parce que, quoi qu'il advienne, ils ont
derrière eux, même avant d'arriver à la
ligne du Serelh, d'autres positions sur les-
quelles ils pourraient tenir.
Sur la frontière moldave, et en territoire
hongrois, ils ont remporté un succès impor-
tant, au nord de la vallée de l'Uzul, affluent
du Trotus, où ils ont enlevé d'assaut, après
une lutte acharnée, une série de hauteurs.
Plus au sud, ils résistent avec succès aux
tentatives de l'ennemi, qui cherche à des-
cendre le long du Sereth, afin de tourner
les positions russes.
En Dobroudja, la situation reste extrême-
ment obscure. Nos alliés se sont retirés
dans la partie nord-ouest de la région, dans
une boucle fermée par le Danube. Ont-ils
pu ou pourront-ils franchir celui-ci du côté
de Braïla ou de Galatz ? Il est permis de
l'espérer ; et alors ils seraient à l'abri, car
ils pourraient assez facilement défendre
l'accès du fleuve. Braïla est toujours mena-
cée, mais on annonce que les stocks de blé
qui s'y trouvaient ont pu être enivrés:
Les Allemands affirment que, par suita
de l'occupation de Tulcéa, ils tiennent
sous leur feu, à droite et à gauche de la
ville, la rive nord du Danube, c'est-à-dire,
sans doute, du bras sud, car, avant d'at-
teindre Tulcéa, le Danube se divise en deux
parties. Se proposenl-t-ils de franchir ces
deux bras pour s'emparer d'Ismaïl qui se
trouve en lace de Tulcéa, de l'autre côté du
fleuve, et pénétrer dans la Bessarabie rus-
se ? Si une telle entreprise n'est pas rigou-
reusement impossible, elle est peu vraisem-
blable, car elle serait singulièrement ha-
sardeuse.
872e JOUR DE LA GUERRE
Communiqués
officiels
DU LUNDI 25 DECEMBRE 1916
FRANÇAIS
14 heures. — Au sud de l'Avre, un coup
de main ennemi sur un de nos petits pos-
tes au nord-est de Canny a été repoussé
à la grenade.
Dans la région de Roye, un de nos déta-
chements a pénétré, près de la route d'A-
miens. dans une tranchée allemande dont
les occupants se sont enfuis après avoir
subi des pertes.
Sur la rive droite de la Meuse, l'activité
de l'artillerie fut maintenue assez vive dans
la région Louvemont les Chambrettes.
Nuit calme partout ailleurs.
—————— ——————
ARMEE SERBE
24 décembre. — Hier, combats locaux,
sans grande activité, sur le front serbe.
f - - -..- a = J
L'espionnage en Suède
Milan, 25 décembre. - Les Etats Scan-
dinaves sont infestes d'espions allemands.
D'après une correspondance de Stockholm,
le gouvernement suédois particulièrement a
dû prendre de sévères mesures en vue d'ar-
rêter les agissements d'individus suspects
chargés de surveiller le mouvement des na-
vires et le trafic des marchandises comme
d'organiser la contrebande.
Soutenus par le représentant allemand,
ces agents créent aux autorités toutes sor-
tes de difficultés, d'autant plus qu'ils trou-
vent des complicités dans les éléments ger-
manophiles du pays.
:—
Les transports en Italie
Londres, 25 décembre. — On mande de
Rome au Times que sur les ordres du Mi-
nistre des Transports tous les vapeurs die
commerce italiens devront mettre leur ton-
nage à la disposition de l'Etat pour le trans-
port des marchandises strictement néces--
saires aux besoins du pays. Il en résulte
que le transport pour le compte des parti-
culiers sera réduit à sa plus simoLft exprès
sionr.
Le cabinet autrichien
Démission du comte Tisza ?
Zurich, 25 décembre. — La Gazette de
Francfort estime que la démission du baron
Burian est une conséquence de la nomina-
tion de M. Clam-Martinic comme président
du conseil, car le baron Burian avait une
politique entièrement opposée à celle du
nouveau Premier ministre.
D'après le même journal, on prévoit que
d'autres demissions se produiront dans le
cabinet, aussitôt après -le couronnement de
l'empereur. On parle notamment de la Te..
traite du comte Tisza.
Déclaration du président du Conseil
Zurich, 25 décembre. — On mande de
Vienne au Berliner Tagblatt que le comte
Clam-Martinic a, dans un discours, déclaré
qu'if ne développera pas de programme
Politique et qu'il maintiendra la politique
du baron Durian sans rien y changer. Il
a dit également qu'il était entièrement d'ac-
cord avec l'offre de paix de la Quadruple
Alliance.
- ) - -+- - (
L'armée roumaine réorganisée
Rome, 24 décembre. — Les critiques mi-
Maires se demandent quelle peut être la
force actuelle de l'armée roumaine. La
Stampa estime que si la retraite peut s'ef-
fectuer sans trop de petes jusqu'au Sereth,
les troupes roumaines réorganisées à l'a-
bri du froinit russe pourront encore consti-
tuer une masse de 300.000 hommes dont
150.000 de troupes régulières bden encadrées
et bien approvisionnées.
————————— _4
Le tonnage des sous-marins
D'après des rapports allemands, la ma-
rine impériale aurait fait constiuire des
sous-marins de. 4 ou 5.000 tonnes qui pré-
sentent, malgré l'augmentation de leur
puissance et de leur rayon d'action, cer-
tains inconvénients. Leur gros tonnage oc-
casionnera, à la surface de l'eau, un re-
mous appréciable qui permettra aux inn-
vires ennemis de suivre la marche du sous-
marin par temps calme et de le guetter
lors de son émersion. Pour éviter cette cir-
constance, qui le handicape sérieusement,
le sous-marin devrait naviguer à une gran-
de profondeur où l'attendent d'autres diffi-
cultés.
Les canons montés sur les sous-marins
n'ont pas jusqu'à présent dépasé le calibre
120 mm. On parle de mettre en construction
des submersibles capables de recevoir des
pièces de 305 et même de 380 mm. La réa-
lisation de cette idée ne parait pas imprati-
cable.
L'ACTUALITÉ ÉCONOMIQUE
■ aie ■ :
La Renaissance du Jouet
• »
L'exposition du pavillon de Marsan. - La contribution de nos
Artistes. L'utilisation de la main-d'oeuvre des Mutilés.
Avant ÎU guerre, les fabriques de Nu-
remberg. de Sonnenberg et de Furth four-
nissait à la France plus de la moitié de sa
consommation. Aussi, s'est-il produit une
sorte de « crise du jouet » crise prévue d'ail-
leurs, puisque les grands magasins, qui,
d'ordinaire, ne passent leurs commandes
qu'au mois de juillet, se sont préoccupés dès
janvier 1916 de leurs approvisionnements
pour les prochaines étrennes.
En raison des difficultés inhérentes à la
période actuelle, on n'a pu combler qu'im-
parfaitement Je vide laissé par l'absence des
jouets allemands dons les vitrines, et il en
est résulté une augmentation assez consi-
dérable des prix de vente. -
Le jouet français est mieux fait, mieux
fini que le jouet boche, mais il coûte plus
cher. On ne trouve plus le jouet à treize
sous : il vaut maintenant 1 fr. 45. Celui de
dix-neuf sous coûte 1 fr. 65. Les poupées
qu'autrefois l'on payait 2 fr. 95 valent au-
jourd'hui 5 et 6 francs.
Les fabricants déclarent eux-mêmes que
le prix du jouet a presque doublé depuis
deux ans.
Pourquoi ?
D'abord parce que la main-d'œuvre coûte
plus cher en raison de sa rareté. Ensuite,
parce que la crise du charbon est ressentie
par touteis les industries ; Des manufactu-
riers de têtes de poupées en porcelaine de
Limoges et de Boulogne-sur-Mer se deman-
dent s'ils ne vont pas être obligés de cesser
leur fabrication.
Les jouets allemands avaient envahi le
marché français à un -tel point qu'ils figu-
raient encore, l'année dernière, en pleine
guerre. dlans quatre-vingt-sept baraques des
boulevards que l'on s'est d'ailleurs empres-
sé de faire fermer.
Vers une rénovation.
L'Union centrale des Arts décoratifs a
tenté de réveiller les énergies assoupies en
organisant une exposition de jouets artis-
tiques au Pavillon de Marsan, et les promo-
teurs de l'entreprise ont rencontré, soit par-
mi le grand public, soit parmi les fabricants
un réel encouragement à leurs efforts ten-
dus vers unie rénovation du jouet français.
Les magasins du « Printemps » ont fait
dessiner par Carlègle et Hellé des soldats
de bois qui sont tout à fait charmants, bien
que leur prix soit modique. Les animaux
d'étoffe d'après les modèles de Benjamin
Rabier sont également d'un prix très abor-
dable et sont, eux, de vrais jouets.
L'exposition du Pavillon de Marsan a te-
nu à 'présenter des suijets artistiques, et il
faut admirer l'heureux choix des sujets qui
se prêtent le mieux à l'interprétation de
l'artiste. Nous voyons surtout des mobiliers
de poupées ou de chambres d'enfants, des
animaux en peluche, en carton ou en bois,
des personnages découpés, des fermes et
des villages, des poupées enfin de toutes
les tailles et ipour tous les goûts. A signa-
ler notamment les têtes die poupées mo-
delées par Mme Noufflard et qui ont une
apparence de vie totalement absents des
visages souriants et joufflus des banales fi-
gurines de Nuremberg.
L'Union centrale des Ar!s décoratifs nous
présente surtout des projets individuels qui
ne demandent qu'à être édités en grand
nombre d'exemplaires. Pour les poupées,
par exemple. le prix de revient die la pre-
mière douzaine est évidemment coûteux,
alors que ce prix serait abaissé dans des
proportions très considérables si cette pou-
pée était reproduite par centaines.
Prenez, par exemple, ces deux bébés si-
gnés Lepape. Ce sont deux objets adorables.
Mais il faudrait trouver un capitaliste qui
fabrique en grand ces jouets. On peut en
dire autant des personnages en bois découpé
de Mlle Adour ou de ceux de Mlle Branly.
Mlle Vérita, elle, s'est adressée à l' « Om-
nium », après avoir établi un type de pou-
pée d'étoffe, et on trouve maintenant ses
modèles, en très grand nombre, dans tous
les grands magasins à des prix très bas.
Ce que veut l'enfant.
Il y a cependant au Pavillon de Marsan
des sujets qui sont condamnés à rester tou-
jours à l'état d'exemplaires uniques. Cer-
taines poupées d'étoffe, par exemple, aux
types savamment étudiés, aux costumes
d'une richesse inouïe, sont de véritables
statuettes. Mais ce sont là des poupées pour
grandes personnes, des objets d'art et non
plus des jouets. QueUe est la maman assez
folle pour acheter le groupe de Mme Swiecz-
ka, « Pelléas et Mélisande », pour la baga-
telle de trois cents francs ?
Les fabricants de jouets ne songeront ja-
mais à reproduire des sujets de ce genre,
même à des prix plus abordables. Ce serait
aller au-devant d'un échec certain, faute
d'ignorer les éléments de la psychologie
enfantine.
Ces éléments, on les acquiert très facile-
ment en écoutant les réflexions des enfants
devant les stands du Pavillon de Marsan.
Le plus gros succès est remporté par les
jouets à figurines nombreuses que l'on peut
déplacer et combiner, par des ameublements
de poupées où il y a des « choses vraies »,
des pendules qui marchent et des portes
d'armoires, qui s'ouivrent.
Quant aux animaux, il faut que leurs for-
mes soient simples et les couleurs vives.
Entre un canard, par exemple, bariolé de
rouge, de violet et de vert, et le même ani-
mal peint en gris, l'enfant va tout droit
vers le plus chatoyant.
Le but principal des fabricants français
doit donc être de réduire le prix de revient,
puisque les modèles sont assez nombreux et
intéressants.
Jouets et Œuvres de Guerre.
On a songé à remédier à la crise de la
main-d'oeuvre en fournissant du travail aux
victimes de la guerre.
Les meilleurs résultats dans ce domaine
ont été obtenus par l'Atelier des Soldats
mutilés de la guerre (avenue Montespan,
4, Paris).
Fondé par le sculpteur Le Bourgeois et
ses collaborateurs, l'aJ-ehiteetie-décorateuir
Racin, et le bon peintre Jaulmes, l'Atelier,
sous la conduite de M. F. Carnot, prési-
dent de l'U. C. A. D., poursuit-deux buts :
venir en aide aux mutilés de la guerre et
les associer à une oeuvre nationale : l'ex-
pansion, économique du pays.
Les mutilés sont présentés par la « Fédé-
ration Nationale •<) et l' « Aide Immédiat »,
deux ((II":!'(''1 nui assurent à 1-emrs -prnjégés
ln' ,-.,1;" de 'f f-r..RO wr jour pendant t1
période de l'apprentissage. L'atelier leur
alloue pour sa. part 1 fr. 50. Ainsi l'ouvrier
sans connaissances spéciales débute à 5
francs par jour. L'apprentissage dure en
moyenne deux semaines, après quoi le gain
journalier des mutilés travaillant aux piè-
ces s'élève à 8, 10 et même 12 francs. -
Ainsi, « l'Atelier des Mutilés » n'est pas
une œuvre de bienfaisance. C'est une or-
ganisation industrielle qui emploie actuel-
lement une cinquantaine d'ouvriers.
M. Lebourgeois, qui nous a fait visiter
ses ateliers, se déclare enchanté du zèle et
de l'habileté déployés par ses ouvriers.
lous s'intéressent à leur travail et l'élimi-
nation des mauvais éléments est extrême-
ment faible. Mieux, en tenant ses employés
au courant de la marche de l'entreprise
M. Lebourgeois est arrivé à faire accepter)
sans aucune observation une réduction de
salaire par les ouvriers les plus habiles —
certains gagnaient jusqu'à 14 francs par
jour au profil de leurs camarades et dans,
le but d'abaisser Je prix de revient. ;
Les promoteurs de J'oeuvre espèrent
abaisser encore le prix de leurs jouets,
prix déjà très minime. Ainsi l'industrie
irançaise pourra lutter après la guerre con-
tre l'organisation allemande.
Nous avons visité les ateliers de l'avenue
Montespan. Tous les ouvriers sont muti-
lés et c'esl une chose admirable que de voir
avec quelle dextérité des boiteux, des am-
putés d'un bras ou d'une jambe, accomplis-
sent leur travail. Et il n'y a pas un ontiJ;r
pas une machine qui ne soit un instrument
d'ouvrier normal.
Les créateurs ont trouvé un cycle de ma-
nipulation qui permet au mutilé de se ser-
vir très rapidement des outils ordinaires.
Les jouets sont découpés à la scie à ruban,
ou tournés, collés, peints au pochoir ou au
pinceau selon des modèles entièrement éta.
vUs." .,
Les résultats 1
Voyons maintenant les résultats. Au point
de vue artistique, les jouets de l'Atelier des
mutilés sont évidemment ce qi e nous
avons vu de mieux. Chevaux, éléphants
aux caparaçons de couleurs vives, cygnes,
canards, lapins, poules, ameublements pour
chambres d'enfante, tout est d'un goût
parfait. Et œs créations diffèrent totale-
ment de touit ce que l'on a fait jusqu'à, pré-
sent. Us semblent échappés d'un ballet rus-
se ou d'un conle des Mille et une Nuits.
Les couleurs, d'une richesse inouie, écla-
tent comme en un décor de Bakst. Les elé.
pliants, par exemple, sont des merveilles.
Les perroquets d'un effet décoratif étonnant.
Au point de vue financier enfin, l'entre-
prise marohe à souhait et ne peut suffire
aux commandes. On a exporté à New-York
et dans l'Amérique du Sud pour plus de
25.000 francs de jouets. 1.\
D'ailleurs, une grosse société a été
constituée et les ateliers vont s'agrandir
considérablement. La plupart des mutilés
actuellement rééduqués à l'avenue Montes-
pan seront chargés plus tard de diriger les
premiers pas de leurs nouveaux camara-
des Ils formeront tes contremaîtres et les
chefs de fabrication des nouveaux at?I'ier<
L'industrie du jouet français est donc en
bonne voie. Il faut tendre encore vers un
abaissement du prix de revient. Et à prix
égal, nous serons surs de vaincre après la
guerre le jouet allemand, car nous aurons
pour nous une force inexploitée encore :
l'art français lui-même, de grâce et de réa-
lisme, parfois de ~hardasse, et suriout un
art ou l'on aurait peine à trouver une seule
faute de goût.
C. M.
~— < —— 1
LA CRISE DES TRANSPORTS
Les déclarations de M. Herriof
nf.—— ,
Bordeaux, 24 décembre. - M. Herriof
ministre des travaux publics, accompagné
de MM. ~Claveille, sous-s eten^é taire d'Etat
aux transports ; Changueraud, directeur do
la navigation et des routes des directeurs
des compagnies des chemms de fer d'u. Midi
et d'Orléans, et cfe M. Rimbert, chef de son
cabinet, est arrivé aujourd'hui à Bordeaux.
M. Herriot s'est informé des raisons pour
lesquelles le port de Bordeaux est encom-
bre et a étudié les moyens pratiques *oour
le diégager au pJus tôt
Dans l'après-midi, M. Herriot s'est rendu
à Pauillac, où il a visité un bateau en dé-
chargement, puis il a été reçu 'à la cham-
bre de commerce.
M. Ilenriot a fait les déclajiations* sui-
vantes :
« La jonction de tous les ministères, en
vue d'une action unique, qui est à la base
de la réorganisation du cabinet, nous aidera
puissamment à remédier à la crise dont
souffrent nos grands ports.
« D'abord nous avons supprimé la fixité
de la taxe d'affrètement qui gênait les im-
portations. Nc-ua avons aussi établi, d'ac-
cord avec l'Angleterre, un projet de tracta-
tion, concernant ~l'affrèchement qui, lorsqu'il
sera appliqué, — dans quelques jours —
facilitera les apports.
« L'unification dea différentes flottes mar-
chandes des alliés ftsl sur Je point d'être
résolue. Un système de protection de ces
flottes va être appliqué 'incessamment,
« Par ailleurs, vingt "mWe wagons nou-
veaux vont être mis en service et la pro-
duction du matériel ïwatoH activement
poussée. Enfin, nous préparons une réorga-
nisation du statut de nos ports, qui pour-
ront désormais travailler ensemble plus
étroitement. P ~'us
Il J'ai la plus absolue confiance dans le
dénouement de la crise des transports ef
dans l'avenir. »
———————— ) -.- - ( ————————
LA CRISE DU CHARBON !
La réduction de l'éclairage ,
Le ministre de i'interieur a communiqué
hier soir la note suivante :
M. Mailvy, ministre de l lntôrieur. a réglé
aujourd'hui les conditions dans lesquelles
seront étendues pour les familles nombreu-
ses les tempéraments qui ont été prévus
dans l'application des dispositions d,". l'or-
donnance du 11 décèmbre sur la restruction
de la consommation
En sus de ta ~consol '! de gaz au-te-
S*8* Le Numéro
REDACTION et ADMINISTRATION
24, Boulevard Poissonnière, Paris (9*)
aESSE TÉLÉGRAPHIQUE: LANTERNE-PARIS
TÉLÉPHONE : GUTENBERG
01-99
43-93 (après misuit)
fUDUCiîÊ ANNONCES :
24, Boulevard Poissonnière
EDITION DU _h SOtef
Directeur-Rédacteur en Chef ; FÊLIX HUAUTFORT
IJÀR DI 26 DECEMBRE 1916
5 Le Numéro
ABONNEMENTS
sans frais dans tous les bureaux de poste
1 AN 6 MOIS iHOi
Paris
et Départements
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i
Etranger
Union Postale
38fr. 18fr a » 9 aj
La Note suisse
-..-
Voici la Suisse, qui à son tour, en
une note amicale, bimide, embarrassée,
modeste, s'associe a la démarche faite
par les Etats-Unis, ou, plus exactement,
se borne à l'appuyer, car elle ne de-
manda pas aux alliés de lui faire con-
naître leurs buts de guerre, et, souhaite
seulement que la paix soit prochaine.
De, cette note, il faut surtout retenir,
qu'elle a été précédée de pourparlers
entre les gouvernements des deux Ré-
publiques, et que ces pourparlers re-
montent à cinq semaines, ce qui exclut
tout rapprochement entre la. manifesta-
tion dies neutres et la manœuvre alle-
mande. Nous étions déjà sûrs. qu'il ne
pouvait exister aucune entente entre
les deux nations amies et l'Allemagne ;
mais il n'est pas mauvais d'en être plus
sûrs.
Ceci constaté, répétons, que les neu-
tres ne font qu'usen d'un droit, que nous
avons nous-mêmes reconnu, lors des
conventions de la Haye, et dont l'exer-
cice ne soumit, -dès lors, nous porter
ombrage.
Que si nous allons a,u fond des cho-
ses, nous apercevons sans peine les mo-
tifs qui font agir les intervenants. C'est
d'abord le préjudice économique, tem-
péré il est vrai par quelques avantages,
que la guerre leur occasionne, et aussi
la crainte d'être entraînés eux-mêmes
dans cette guerre. M. Lansing l'a très
nettement dit pour les Etats-Unis, et
cette menace est plus redoutable encore
pour la Suisse, bien que prenant un au-
tre aspect.
On a, ces jours "derniers, envisagé
dans les journaux français l'hypothèse
d'une violation de la frontière helvéti-
que par l'armée allemande ; et cette
perspective doit hanter l'esprit de nos
amis Suisses, qui naturellement dési-
rent fort être débarrassés de ce cauche-
ma.r.
Pour la Suisse, il y a encore autre cho-
se. « Elle serait, nous dit la note, heu-
« reuse de pouvoir, même dans la plus
« modeste mesure, travailler au rappro-
« chement des Nations en guerre et à
« l'établissement d'une paix durable. »
Comment serait-elle susceptible de
coopérer à ce rapproche ment ? — Il y
a pour cela plusieurs moyens, mais ce-
lui qu'on aperçoit le mieux, c'est qu'elle
pourrait offrir l'hospitalité au Grand
Congrès, qui terminera la guerre ; et
cette perspective ne va pas sans quelque
profit.
Au fond, je suis convaincu que le gou-
vernement des Etats-Unis, non plus que
celui de la République Helvétique, ne
se font que fort peu d'illusions sur les
chances actuelles de leur démarche. Ils
ont surtout voulu prendre rang et date ;
et leurs notes, sans doute, tendent prin-
cipalement à prévenir les belligérants
que, lorsque le moment sera venu de
songer à la paix, ils sont à leur dispo-
sition pour les aider à la réaliser. C'est
dans ce sens qu'il faut interpréter leur
offre, et la retenir.
Cette offre n'a rien qui doive nous
émouvoir, car elle ne modifie nullement
une situation, qui se présente sous l'as-
pect le plus clair que l'on puisse ima-
giner. — L'Allemagne, pour des raisons
qu'il est facile de deviner, a proposé la
paix, une paix qui serait une paix alle-
mande. C'est à elle de dire à quelles con-
ditions elle la propose, et c'est à elle
d'abord que doit s'adresser la question
posée par les neutres. — Le jour, où des
circonstances prochaines nous permet-
tront de décider une paix, qui sera une
paix de réparation, de logique et de jus-
tice, nous nous expliquerons clairement
et loyalement. Jusque là, à quoi bon ?
• : ( ,
QU'EN PENSE-T-ON A KIEUTHAL?
Nous avons signalé l'étonnante pétition
qui circule dans les milieux catholiques à
j'adresse de N.-D. de Pontmain pour sup-
plier la Vierge de nous donner la paix avant
le i, janvier 1917. -
Les calotins qui font circuler cette feuille
s'appuient sur le fait que te 17 ja.nvier 1871
la Vierge Marie apparaissait à Pontmain
et annonçait la fin de la guerre de 70.
Aujourd'hui, la « Croix » bat le rappel
en faveur de cette requête et dit :
Signalons les pétitions et prions avec fer-
veur. N'oublions pas que tout est possible à
Dieu, qu'à toulo heure peut intervenir tel ou
tel événement qui précipiterait décisivement la
guerre, et enfin qu'un tel acte de foi sera cer-
tainement récompensé, sous une forme quelcon-
que, par la bonté divine.
Par quelle curieuse Hallucination les ton-
surés s'imaginent-ils que ce qu'ils' préten-
dent s'être passé en 1871 doit se répéter en
1917 ? Et pourquoi pas 1918 ou 19 ?
Madame de Thèbes prédit l'avenir avec
plus ou moins de bonheur. Les catholiques
l'ont mieux, ils prétendent influer sur le
sort des armes au moyen d'un certain nom
bre d'incantations, de prières et de signa-
tures !
Pendant les périodes de sécheresse les
sorciers indiens impJorent leurs dieux et
réclamentt la pluie en dansant un cancan
sacré : les sorciers de la « Croix » rempor-
teront sans doute le même genre die succès.
Et .puis, à en croire le chanoine Franc,
c'est un placement très sûr : si l'on n'ob-
tient pas la fin die la guerre, on sera quand
même récompensé.
Est-ce que ces gens-là espèrent voir la
guierre se terminer comme en 71, qu'ils
suipplient leur Vierge de Pontmain d'ac-
complir le même miracle ? Singulier patrio-
tisme, et bizarre façon pour une Vierge de
récompenser le zèle de ses adorateurs par
une défaite !
Au fond, ces signatures et ces pétitions en
faveur de la paix ne sont peut-être pas des-
tinées à N.-D. de Pontmain. Qu'en pense-
t-on à Kienthal ?
LA NOTE AMÉRICAINE
* 1
*
deflllemalne
Zuriche, 25 décentre. — D'après les Der-
nières Nouvelles de Munich, les Empires
centraux répondront à la note Wilson dès
que la Quadruple Entente aura fait connal-
tre ses intentions au sujet des offres de
paix de l'Allemagne.
La presse ennemie
Zurich, 25 décembre. — La presse alle-
mande continue à commenter la note amé-
ricaine sans changer toutefois d'opinion,
c'est-à-dire que la presse est partagée en
deux camps : les conservateurs qui sont
contre la note et la presse gouvernemen-
tale soutenue par la presse socialiste qui
déclare que la discussion est possible
Quant à la presse socialiste, elle salue
iB.\Tl8'C une grande joie la note de Wilson. Le
Vorwaerts estime que cette note constitue
irai second acte positif en faveur de la paix.
« Les négociations au sujet de la paix ne
s'arrêteront plus et elles vont prendre une
forme concrète. La démarche américaine
me peut être contraire à nos intérêts. »
Bâle, 25 décembre. - La Gazette. Popu-
laire de Cologne écrit :
« La Quadruple Entente va, certaine
ment, se servir de la note Wilson pour
tenter de connaître les intentions de l'Alle-
magne et pour mener contre nous une vi-
goureuse propagande. Si les conditions de
;paix allemande, en effet, sont celles que le
peuple désire, il est évident que nos enne-
mis se réjouiront dès qu'ils connaîtront
notre programme. Ils s'en serviront pour
rompre les négociations, d'abord, et pour
travailler l'opinion publique chez les meu-
rtres, en suite. La Quadruple Entente ne
pouvait souhaiter un plus puissant moyen,
(pour développer sa propagande. »
Le Lokal Anzeiger publie un article qui
semble émaner de la Wilhemstrasse, dont
voici la teneur :
« Dans toute la note, il n'y a pas une
parole qui laisse soupçonnée une partialité
quelconque en faveur de l'un. ou l'autre des
belligérants. Il n'y a donc aucune raison
pour interpréter l'acte de Wilson comme
un acte hostile. A bien examiner le prési-
dent des Etats-Unis ne semble pas vouloir-
autre chose que ce que désirent les Etats
centraux et ce qu'ils ont proposé par leur
Offre de paix, mais pour arriver à un Ibut
(identique, il emploie une autre méthode et
nous devons étudier si cette -méthode est
admissible pour nous. Un accord est plus
facile semble-t-il entré le point de vue alle-
ment et le point de vue de Wilson qu'entre
celui de Lloyd George et .\VilSOH. Pour cette
raison. les chances d'aboutir à un résultat
pratique sont très minimes. Walson échoue-
ra certainement devant les sentiments guer-
riers de l'Angleterre. »
A Vienne
Berne, 25 décembre. — La Gazette de
Francfort écrit que la note de M. Wilson a
causé, à Vienne, une très vive surprise.
La réponse autrichienne
Lausanne, 25 décembre. — D'après le
Nouveau Journal de Stuttgart, la première
tâche qui s imposera au nouveau ministre
des Affaires étrangères d'Autriche sera la
réponse à faire à la note de M. Wilson.
Le droit commun- pour tous
r, On compte 14.438 curés, appartenant AU
SERVICE ARME et qui sont encore em-
ployés dans les formations sanitaires alors
que tous les Français, depuis les bleuets de
la classe 1917 jusqu'aux vieux territoriaux
font leur Devoir, dans les tranchées, face à
l'ennemi.
Les curés, sac au dos ! -
Les troubles d'Athènes
Ile de Syra.. au sud-est du Pirée. — La.
situation grecque ne s'améliore pas. Il ne
suffit pas que le gouvernement ait accepté
les conditions des Alliés, il faut savoir com-
ment et jusqu'à quel point il Les interprète.
Or, rien n'indique que le transfert des trou-
pes en Péloponèse se soit effectué comme
il est convenu.
La presse offîcielle objecte que ce trans-
fert ne saurait avoir lieu tant que les Alliés
n'auront pas garapti le gouvernement con-
tre les révolutionnaires. Les révolutionnai-
res, ce sont les vénizélistes, et parmi des
épithètes les plus amènes adressées à M.
Venizelos. figurent celles « d'abominable
Crétois » et de « Satan de Salonique ».
Le débarquement des vénizélistes à Syra
et des Français à Zante a porté à son com-
ble lia rage du parti royaliste. Le gouver-
nement ne reste pas en arrière ; pas plus
tard que lundi soir il envoyait au ministre
d'Angleterre une furibonde protestation
contre l'occupation des iles. Constantin
compte évidemment sur la patience des
Alliés.
Les preuves de l'acharnement avec lequel
on poursuit les vénizélistes abondent. On
cite, par exemple, le cas de Grégorin Poli-
zois, employé du « British Shopping Coaitrol
Office. réfugié aujourdMi-ui à bord d'un cui-
rassé. au Pirée. Arrêté le 2 décembre, il
fut livré à une douzaine de soldats qui agi-
tèrent suavement devant, lui la question die
savoir s'ils le fusilleraient ou s'ils le pré-
cipiteraient du haut de l'Acropole. Une
lueur de pitié les ayant touchés, ils se bor-
nèrent à l'incarcérer dans la Chambre des
députés transformée en prison. Délesté de
tau tson argent, il y fut enfermé dans une
cellule de dix-huit mètres carrés, avec quan-
tité d'autres prisonniers, sans nourriture
ni boisson. Parmi ces mailheureux, se trou-
vaient le maire d'Athènes et le directeur de
l' « Hestia ». Douze jours après, Polijois fut
amené devant un magistrat qui lui dit :
« N'acceptez plus d'emploi chez les Alliés,
sinon on vous rompra les os. »
Quatre professeurs de l'Université qui
avaient écrit au roi, lui demandant de se
joindre aux Alliés. sont en prison, et accu-
sés de crime de lèse-majesté.
En résumé, quiconque a été au service des
Alliés devient suspect.
Le sort des vénizélistes
D'après une dépêche die l'agence Router,
le gouvernement d'Athènes dément catégo-
riquement que des Vénizélistes aient été fu-
sillés en prison. Le gouvernement du roi re-
connaît que du 1er au 20 décembre, 268 ve-
nizélistes ont été arrêtés ; 9J sont relâchés;
118 sont retenus en prison pour passer de-
vant les tribunaux ; 2 ont été envoyés à la
Cour correctionnelle et 50 sont jugés pour
ip moment
LA SITUATION MILITAIRE
La résistance russe en Roumanie
■ - » » » - ■ «
Les Russes tiennent toujours en avant de la ligne
Rimnicu-Sarat-Braïla; ils obtiennent des succès sur
le front moldave; Situation obscure en Dobroudja.
Sur le front britannique, des raids quoti-
diens, qui valent à nos alliés quelques suc-
cès locaux, et des bombardements parfois
assez violents, mais intermittents, entre-
tiennent une. certaine activité, mais sans
qu'on voie se dessiner aucune opération
d'envergure. De notre côté, on ne signale
que des actions d'artillerie sur la rive droi-
te de la Meuse, des deux côtés de l'Avre,
qui passe à Roye, ainsi que dans le secteur
de Canny-su-Matz, à l'ouest de Lassigny.
L'ennemi, au moment où les alliés discu-
tent les termes de la réponse à faire à sa
manœuvre diplomatique, enténd-t-il nous
rappeler qu'il est à cent kilomètres de Pa-
ris ? Nous ne l'oublions pas, et c'est préci-
sément cette pensée qui inspirera, en la cir-
constance, notre attitude. A citer, pour mé-
moire, un coup de mains allemand facile-
ment repeussé en Champagne, à l'ouest
d'Auberives. En somme, la situation reste
une situation d'attente : et il n'en saurait
être autrement, alors que nous apprenons
que le général Nivelle, qui vient de prendre
son commandement, a conféré pour la pre-
mière fois avec le nouveau ministre de la
guerre, arrivé depuis la veille à Paris..
En Roumanie, les Russes tiennent tou-
jours en avant de la ligne de Rimnicu-Sa-
rat à Braïla. Ils subissent cependant des
a.ssauls qui semblent augmenter d'inten-
sité; mais leur situation n'est pas inquié-
tante, parce que, quoi qu'il advienne, ils ont
derrière eux, même avant d'arriver à la
ligne du Serelh, d'autres positions sur les-
quelles ils pourraient tenir.
Sur la frontière moldave, et en territoire
hongrois, ils ont remporté un succès impor-
tant, au nord de la vallée de l'Uzul, affluent
du Trotus, où ils ont enlevé d'assaut, après
une lutte acharnée, une série de hauteurs.
Plus au sud, ils résistent avec succès aux
tentatives de l'ennemi, qui cherche à des-
cendre le long du Sereth, afin de tourner
les positions russes.
En Dobroudja, la situation reste extrême-
ment obscure. Nos alliés se sont retirés
dans la partie nord-ouest de la région, dans
une boucle fermée par le Danube. Ont-ils
pu ou pourront-ils franchir celui-ci du côté
de Braïla ou de Galatz ? Il est permis de
l'espérer ; et alors ils seraient à l'abri, car
ils pourraient assez facilement défendre
l'accès du fleuve. Braïla est toujours mena-
cée, mais on annonce que les stocks de blé
qui s'y trouvaient ont pu être enivrés:
Les Allemands affirment que, par suita
de l'occupation de Tulcéa, ils tiennent
sous leur feu, à droite et à gauche de la
ville, la rive nord du Danube, c'est-à-dire,
sans doute, du bras sud, car, avant d'at-
teindre Tulcéa, le Danube se divise en deux
parties. Se proposenl-t-ils de franchir ces
deux bras pour s'emparer d'Ismaïl qui se
trouve en lace de Tulcéa, de l'autre côté du
fleuve, et pénétrer dans la Bessarabie rus-
se ? Si une telle entreprise n'est pas rigou-
reusement impossible, elle est peu vraisem-
blable, car elle serait singulièrement ha-
sardeuse.
872e JOUR DE LA GUERRE
Communiqués
officiels
DU LUNDI 25 DECEMBRE 1916
FRANÇAIS
14 heures. — Au sud de l'Avre, un coup
de main ennemi sur un de nos petits pos-
tes au nord-est de Canny a été repoussé
à la grenade.
Dans la région de Roye, un de nos déta-
chements a pénétré, près de la route d'A-
miens. dans une tranchée allemande dont
les occupants se sont enfuis après avoir
subi des pertes.
Sur la rive droite de la Meuse, l'activité
de l'artillerie fut maintenue assez vive dans
la région Louvemont les Chambrettes.
Nuit calme partout ailleurs.
—————— ——————
ARMEE SERBE
24 décembre. — Hier, combats locaux,
sans grande activité, sur le front serbe.
f - - -..- a = J
L'espionnage en Suède
Milan, 25 décembre. - Les Etats Scan-
dinaves sont infestes d'espions allemands.
D'après une correspondance de Stockholm,
le gouvernement suédois particulièrement a
dû prendre de sévères mesures en vue d'ar-
rêter les agissements d'individus suspects
chargés de surveiller le mouvement des na-
vires et le trafic des marchandises comme
d'organiser la contrebande.
Soutenus par le représentant allemand,
ces agents créent aux autorités toutes sor-
tes de difficultés, d'autant plus qu'ils trou-
vent des complicités dans les éléments ger-
manophiles du pays.
:—
Les transports en Italie
Londres, 25 décembre. — On mande de
Rome au Times que sur les ordres du Mi-
nistre des Transports tous les vapeurs die
commerce italiens devront mettre leur ton-
nage à la disposition de l'Etat pour le trans-
port des marchandises strictement néces--
saires aux besoins du pays. Il en résulte
que le transport pour le compte des parti-
culiers sera réduit à sa plus simoLft exprès
sionr.
Le cabinet autrichien
Démission du comte Tisza ?
Zurich, 25 décembre. — La Gazette de
Francfort estime que la démission du baron
Burian est une conséquence de la nomina-
tion de M. Clam-Martinic comme président
du conseil, car le baron Burian avait une
politique entièrement opposée à celle du
nouveau Premier ministre.
D'après le même journal, on prévoit que
d'autres demissions se produiront dans le
cabinet, aussitôt après -le couronnement de
l'empereur. On parle notamment de la Te..
traite du comte Tisza.
Déclaration du président du Conseil
Zurich, 25 décembre. — On mande de
Vienne au Berliner Tagblatt que le comte
Clam-Martinic a, dans un discours, déclaré
qu'if ne développera pas de programme
Politique et qu'il maintiendra la politique
du baron Durian sans rien y changer. Il
a dit également qu'il était entièrement d'ac-
cord avec l'offre de paix de la Quadruple
Alliance.
- ) - -+- - (
L'armée roumaine réorganisée
Rome, 24 décembre. — Les critiques mi-
Maires se demandent quelle peut être la
force actuelle de l'armée roumaine. La
Stampa estime que si la retraite peut s'ef-
fectuer sans trop de petes jusqu'au Sereth,
les troupes roumaines réorganisées à l'a-
bri du froinit russe pourront encore consti-
tuer une masse de 300.000 hommes dont
150.000 de troupes régulières bden encadrées
et bien approvisionnées.
————————— _4
Le tonnage des sous-marins
D'après des rapports allemands, la ma-
rine impériale aurait fait constiuire des
sous-marins de. 4 ou 5.000 tonnes qui pré-
sentent, malgré l'augmentation de leur
puissance et de leur rayon d'action, cer-
tains inconvénients. Leur gros tonnage oc-
casionnera, à la surface de l'eau, un re-
mous appréciable qui permettra aux inn-
vires ennemis de suivre la marche du sous-
marin par temps calme et de le guetter
lors de son émersion. Pour éviter cette cir-
constance, qui le handicape sérieusement,
le sous-marin devrait naviguer à une gran-
de profondeur où l'attendent d'autres diffi-
cultés.
Les canons montés sur les sous-marins
n'ont pas jusqu'à présent dépasé le calibre
120 mm. On parle de mettre en construction
des submersibles capables de recevoir des
pièces de 305 et même de 380 mm. La réa-
lisation de cette idée ne parait pas imprati-
cable.
L'ACTUALITÉ ÉCONOMIQUE
■ aie ■ :
La Renaissance du Jouet
• »
L'exposition du pavillon de Marsan. - La contribution de nos
Artistes. L'utilisation de la main-d'oeuvre des Mutilés.
Avant ÎU guerre, les fabriques de Nu-
remberg. de Sonnenberg et de Furth four-
nissait à la France plus de la moitié de sa
consommation. Aussi, s'est-il produit une
sorte de « crise du jouet » crise prévue d'ail-
leurs, puisque les grands magasins, qui,
d'ordinaire, ne passent leurs commandes
qu'au mois de juillet, se sont préoccupés dès
janvier 1916 de leurs approvisionnements
pour les prochaines étrennes.
En raison des difficultés inhérentes à la
période actuelle, on n'a pu combler qu'im-
parfaitement Je vide laissé par l'absence des
jouets allemands dons les vitrines, et il en
est résulté une augmentation assez consi-
dérable des prix de vente. -
Le jouet français est mieux fait, mieux
fini que le jouet boche, mais il coûte plus
cher. On ne trouve plus le jouet à treize
sous : il vaut maintenant 1 fr. 45. Celui de
dix-neuf sous coûte 1 fr. 65. Les poupées
qu'autrefois l'on payait 2 fr. 95 valent au-
jourd'hui 5 et 6 francs.
Les fabricants déclarent eux-mêmes que
le prix du jouet a presque doublé depuis
deux ans.
Pourquoi ?
D'abord parce que la main-d'œuvre coûte
plus cher en raison de sa rareté. Ensuite,
parce que la crise du charbon est ressentie
par touteis les industries ; Des manufactu-
riers de têtes de poupées en porcelaine de
Limoges et de Boulogne-sur-Mer se deman-
dent s'ils ne vont pas être obligés de cesser
leur fabrication.
Les jouets allemands avaient envahi le
marché français à un -tel point qu'ils figu-
raient encore, l'année dernière, en pleine
guerre. dlans quatre-vingt-sept baraques des
boulevards que l'on s'est d'ailleurs empres-
sé de faire fermer.
Vers une rénovation.
L'Union centrale des Arts décoratifs a
tenté de réveiller les énergies assoupies en
organisant une exposition de jouets artis-
tiques au Pavillon de Marsan, et les promo-
teurs de l'entreprise ont rencontré, soit par-
mi le grand public, soit parmi les fabricants
un réel encouragement à leurs efforts ten-
dus vers unie rénovation du jouet français.
Les magasins du « Printemps » ont fait
dessiner par Carlègle et Hellé des soldats
de bois qui sont tout à fait charmants, bien
que leur prix soit modique. Les animaux
d'étoffe d'après les modèles de Benjamin
Rabier sont également d'un prix très abor-
dable et sont, eux, de vrais jouets.
L'exposition du Pavillon de Marsan a te-
nu à 'présenter des suijets artistiques, et il
faut admirer l'heureux choix des sujets qui
se prêtent le mieux à l'interprétation de
l'artiste. Nous voyons surtout des mobiliers
de poupées ou de chambres d'enfants, des
animaux en peluche, en carton ou en bois,
des personnages découpés, des fermes et
des villages, des poupées enfin de toutes
les tailles et ipour tous les goûts. A signa-
ler notamment les têtes die poupées mo-
delées par Mme Noufflard et qui ont une
apparence de vie totalement absents des
visages souriants et joufflus des banales fi-
gurines de Nuremberg.
L'Union centrale des Ar!s décoratifs nous
présente surtout des projets individuels qui
ne demandent qu'à être édités en grand
nombre d'exemplaires. Pour les poupées,
par exemple. le prix de revient die la pre-
mière douzaine est évidemment coûteux,
alors que ce prix serait abaissé dans des
proportions très considérables si cette pou-
pée était reproduite par centaines.
Prenez, par exemple, ces deux bébés si-
gnés Lepape. Ce sont deux objets adorables.
Mais il faudrait trouver un capitaliste qui
fabrique en grand ces jouets. On peut en
dire autant des personnages en bois découpé
de Mlle Adour ou de ceux de Mlle Branly.
Mlle Vérita, elle, s'est adressée à l' « Om-
nium », après avoir établi un type de pou-
pée d'étoffe, et on trouve maintenant ses
modèles, en très grand nombre, dans tous
les grands magasins à des prix très bas.
Ce que veut l'enfant.
Il y a cependant au Pavillon de Marsan
des sujets qui sont condamnés à rester tou-
jours à l'état d'exemplaires uniques. Cer-
taines poupées d'étoffe, par exemple, aux
types savamment étudiés, aux costumes
d'une richesse inouïe, sont de véritables
statuettes. Mais ce sont là des poupées pour
grandes personnes, des objets d'art et non
plus des jouets. QueUe est la maman assez
folle pour acheter le groupe de Mme Swiecz-
ka, « Pelléas et Mélisande », pour la baga-
telle de trois cents francs ?
Les fabricants de jouets ne songeront ja-
mais à reproduire des sujets de ce genre,
même à des prix plus abordables. Ce serait
aller au-devant d'un échec certain, faute
d'ignorer les éléments de la psychologie
enfantine.
Ces éléments, on les acquiert très facile-
ment en écoutant les réflexions des enfants
devant les stands du Pavillon de Marsan.
Le plus gros succès est remporté par les
jouets à figurines nombreuses que l'on peut
déplacer et combiner, par des ameublements
de poupées où il y a des « choses vraies »,
des pendules qui marchent et des portes
d'armoires, qui s'ouivrent.
Quant aux animaux, il faut que leurs for-
mes soient simples et les couleurs vives.
Entre un canard, par exemple, bariolé de
rouge, de violet et de vert, et le même ani-
mal peint en gris, l'enfant va tout droit
vers le plus chatoyant.
Le but principal des fabricants français
doit donc être de réduire le prix de revient,
puisque les modèles sont assez nombreux et
intéressants.
Jouets et Œuvres de Guerre.
On a songé à remédier à la crise de la
main-d'oeuvre en fournissant du travail aux
victimes de la guerre.
Les meilleurs résultats dans ce domaine
ont été obtenus par l'Atelier des Soldats
mutilés de la guerre (avenue Montespan,
4, Paris).
Fondé par le sculpteur Le Bourgeois et
ses collaborateurs, l'aJ-ehiteetie-décorateuir
Racin, et le bon peintre Jaulmes, l'Atelier,
sous la conduite de M. F. Carnot, prési-
dent de l'U. C. A. D., poursuit-deux buts :
venir en aide aux mutilés de la guerre et
les associer à une oeuvre nationale : l'ex-
pansion, économique du pays.
Les mutilés sont présentés par la « Fédé-
ration Nationale •<) et l' « Aide Immédiat »,
deux ((II":!'(''1 nui assurent à 1-emrs -prnjégés
ln' ,-.,1;" de 'f f-r..RO wr jour pendant t1
période de l'apprentissage. L'atelier leur
alloue pour sa. part 1 fr. 50. Ainsi l'ouvrier
sans connaissances spéciales débute à 5
francs par jour. L'apprentissage dure en
moyenne deux semaines, après quoi le gain
journalier des mutilés travaillant aux piè-
ces s'élève à 8, 10 et même 12 francs. -
Ainsi, « l'Atelier des Mutilés » n'est pas
une œuvre de bienfaisance. C'est une or-
ganisation industrielle qui emploie actuel-
lement une cinquantaine d'ouvriers.
M. Lebourgeois, qui nous a fait visiter
ses ateliers, se déclare enchanté du zèle et
de l'habileté déployés par ses ouvriers.
lous s'intéressent à leur travail et l'élimi-
nation des mauvais éléments est extrême-
ment faible. Mieux, en tenant ses employés
au courant de la marche de l'entreprise
M. Lebourgeois est arrivé à faire accepter)
sans aucune observation une réduction de
salaire par les ouvriers les plus habiles —
certains gagnaient jusqu'à 14 francs par
jour au profil de leurs camarades et dans,
le but d'abaisser Je prix de revient. ;
Les promoteurs de J'oeuvre espèrent
abaisser encore le prix de leurs jouets,
prix déjà très minime. Ainsi l'industrie
irançaise pourra lutter après la guerre con-
tre l'organisation allemande.
Nous avons visité les ateliers de l'avenue
Montespan. Tous les ouvriers sont muti-
lés et c'esl une chose admirable que de voir
avec quelle dextérité des boiteux, des am-
putés d'un bras ou d'une jambe, accomplis-
sent leur travail. Et il n'y a pas un ontiJ;r
pas une machine qui ne soit un instrument
d'ouvrier normal.
Les créateurs ont trouvé un cycle de ma-
nipulation qui permet au mutilé de se ser-
vir très rapidement des outils ordinaires.
Les jouets sont découpés à la scie à ruban,
ou tournés, collés, peints au pochoir ou au
pinceau selon des modèles entièrement éta.
vUs." .,
Les résultats 1
Voyons maintenant les résultats. Au point
de vue artistique, les jouets de l'Atelier des
mutilés sont évidemment ce qi e nous
avons vu de mieux. Chevaux, éléphants
aux caparaçons de couleurs vives, cygnes,
canards, lapins, poules, ameublements pour
chambres d'enfante, tout est d'un goût
parfait. Et œs créations diffèrent totale-
ment de touit ce que l'on a fait jusqu'à, pré-
sent. Us semblent échappés d'un ballet rus-
se ou d'un conle des Mille et une Nuits.
Les couleurs, d'une richesse inouie, écla-
tent comme en un décor de Bakst. Les elé.
pliants, par exemple, sont des merveilles.
Les perroquets d'un effet décoratif étonnant.
Au point de vue financier enfin, l'entre-
prise marohe à souhait et ne peut suffire
aux commandes. On a exporté à New-York
et dans l'Amérique du Sud pour plus de
25.000 francs de jouets. 1.\
D'ailleurs, une grosse société a été
constituée et les ateliers vont s'agrandir
considérablement. La plupart des mutilés
actuellement rééduqués à l'avenue Montes-
pan seront chargés plus tard de diriger les
premiers pas de leurs nouveaux camara-
des Ils formeront tes contremaîtres et les
chefs de fabrication des nouveaux at?I'ier<
L'industrie du jouet français est donc en
bonne voie. Il faut tendre encore vers un
abaissement du prix de revient. Et à prix
égal, nous serons surs de vaincre après la
guerre le jouet allemand, car nous aurons
pour nous une force inexploitée encore :
l'art français lui-même, de grâce et de réa-
lisme, parfois de ~hardasse, et suriout un
art ou l'on aurait peine à trouver une seule
faute de goût.
C. M.
~— < —— 1
LA CRISE DES TRANSPORTS
Les déclarations de M. Herriof
nf.—— ,
Bordeaux, 24 décembre. - M. Herriof
ministre des travaux publics, accompagné
de MM. ~Claveille, sous-s eten^é taire d'Etat
aux transports ; Changueraud, directeur do
la navigation et des routes des directeurs
des compagnies des chemms de fer d'u. Midi
et d'Orléans, et cfe M. Rimbert, chef de son
cabinet, est arrivé aujourd'hui à Bordeaux.
M. Herriot s'est informé des raisons pour
lesquelles le port de Bordeaux est encom-
bre et a étudié les moyens pratiques *oour
le diégager au pJus tôt
Dans l'après-midi, M. Herriot s'est rendu
à Pauillac, où il a visité un bateau en dé-
chargement, puis il a été reçu 'à la cham-
bre de commerce.
M. Ilenriot a fait les déclajiations* sui-
vantes :
« La jonction de tous les ministères, en
vue d'une action unique, qui est à la base
de la réorganisation du cabinet, nous aidera
puissamment à remédier à la crise dont
souffrent nos grands ports.
« D'abord nous avons supprimé la fixité
de la taxe d'affrètement qui gênait les im-
portations. Nc-ua avons aussi établi, d'ac-
cord avec l'Angleterre, un projet de tracta-
tion, concernant ~l'affrèchement qui, lorsqu'il
sera appliqué, — dans quelques jours —
facilitera les apports.
« L'unification dea différentes flottes mar-
chandes des alliés ftsl sur Je point d'être
résolue. Un système de protection de ces
flottes va être appliqué 'incessamment,
« Par ailleurs, vingt "mWe wagons nou-
veaux vont être mis en service et la pro-
duction du matériel ïwatoH activement
poussée. Enfin, nous préparons une réorga-
nisation du statut de nos ports, qui pour-
ront désormais travailler ensemble plus
étroitement. P ~'us
Il J'ai la plus absolue confiance dans le
dénouement de la crise des transports ef
dans l'avenir. »
———————— ) -.- - ( ————————
LA CRISE DU CHARBON !
La réduction de l'éclairage ,
Le ministre de i'interieur a communiqué
hier soir la note suivante :
M. Mailvy, ministre de l lntôrieur. a réglé
aujourd'hui les conditions dans lesquelles
seront étendues pour les familles nombreu-
ses les tempéraments qui ont été prévus
dans l'application des dispositions d,". l'or-
donnance du 11 décèmbre sur la restruction
de la consommation
En sus de ta ~consol '! de gaz au-te-
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