Titre : Floréal : l'hebdomadaire illustré du monde du travail / directeur Paul-Boncour ; éditeur-fondateur Aristide Quillet
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-09-18
Contributeur : Quillet, Aristide (1880-1955). Éditeur scientifique
Contributeur : Jean-Lorris (1879-1932). Éditeur scientifique
Contributeur : Paul-Boncour, Joseph (1873-1972). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32776014f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5091 Nombre total de vues : 5091
Description : 18 septembre 1920 18 septembre 1920
Description : 1920/09/18 (N33,T2). 1920/09/18 (N33,T2).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62811276
Source : CODHOS / OURS, 2012-81221
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
ANATOLE FRANCE
Un libre esprit de la lignée de3 indisciplinés et des incrédules.. Palen
« de ce paganisme admirable, qui exige que 1 on vive sa vie avant tout. »
« de ï~, Pa gam
RÉMY DE GOURMONT.
(Promenades littéraires.)
à Je me souviens d'une des premières visites que je fis
a Anatole France.
tr Il habitait une petite maison qu'il avait, à la longue,
transformée en musée où l'art décoratif du xve et du
"VIe siècle prédominait. Depuis, les architectes ont
substitué à cette retraite, à l'intérieur de laquelle la
lumière ne passait que difficilement à travers les vi-
aux, une maison moderne, mais simple, dont le
dedans est, cette fois, noyé par la lumière qui pénètre
e tous côtés.
d Je revois la chambre avec son lit à colonnes, ceinturé
dans le haut d'un bandeau du xvie siècle.
r Un tableau de Lagrenée représentant une jeune
emme au torse nu, portant un carquois qu'attachait
: ruban bleu ; ailleurs une vue de Venise par Longhi ;
et sur la cheminée, une petite tête sculptée, rapportée
r® Naples ou des environs, et ramassée, si j'ai bonne
Mémoire, dans les gravats d'une maison en ruines.
—De tous les pays qu'Anatole France a parcourus et
n je l'ai entendu parler, je crois que celui pour le-
quel son attachement le plus vif est l'Italie et qu'il ne
re aucune ville à Rome.
Mais peut-être n'existe-t-il pas homme au monde
?Ux Puisse regarder Rome du point de vue où la regarde
ét son gré Anatole France. Sa mémoire m'a toujours
2 lonné. Elle le sert aujourd'hui aussi fidèlement
4U u y a vingt années. Or, il a successivement passé
Par tous les points auxquels tant d'auteurs anciens et
modernes, qui ont parlé, de la « Ville Eternelle », se
sont successivement placés ! Et ce que chacun de ces
g^vains en a dit de plus original, Anatole France le
g
Je me souviens d'une époque où il faisait en Italie
les voyage presque chaque année. De près ou de loin,
Gia oullles que poursuivait, là-bas, le commandeur
Q? ^como Boni, son ami, le passionnaient.
w 11 jour, la nouvelle arriva qu'on venait de décou-
r, Près du Corso Umberto Ier, l'emplacement d'un
jutel de la Paix, l'Ara Pacis Augustes et j'entends
re Anatole France :
— Cet « autel de la Paix », ne peut pas nous appa-
raître comme ayant été seulement l'expression d'un
désir ou d'une idée d'Auguste; j'y vois le signe très
certain de l'amour des Romains pour la paix.
< Ils avaient sur la guerre des idées peu belliqueuses,
et c'était moins la volonté de commander à tant de
peuples qui leur mettait les armes à la main que le
désir de se procurer des terres. Ces citoyens étaient
des propriétaires-nés. Ils aimaient le sol. Et cela
depuis toujours. Est-ce que le premier étendard de
la ville ne fut pas une botte de paille ? Rappelez-vous
aussi en quelle vénération ils tenaient le laboureur
et combien souvent, dans leurs écrits, ils associaient
à l'épée le soc de la charrue I
« J'imagine aisément avec quel enthousiasme ils
durent, sous Auguste, accueillir la paix renaissante
et l'idée de la glorifier par l'édification d'un autel de
la paix ! »
C'est ce que dit Cinna, s'adressant à Auguste :
Sous vous l'Etat n'est plus en pillage aux armées ;
Les portes de Janus par vos mains sont fermées,
Ce que sous ses Consuls ou n'a vu qu'une fois
Et qu'a fait voir comme eux le second de nos rois.
Un grand nombre d'écrivains ont consacré leur
temps et leurs efforts à l'étude de l'histoire de Rome
et de l'empire romain ; il semble qu'Anatole France
ait, en se promenant, ramassé toute leur science
et davantage. Rien n'est plus étonnant que l'aisance
et la sûreté avec lesquelles il évoque les ouvrages
des commentateurs, et les textes originaux.
Dans cet ordre d'idées, il faut lire, dans un des
volumes de la Vie Littéraire, une étude sur Gaston
Boissier, que suit immédiatement une autre étude
sur l'empereur Julien. Avec quelle justesse Anatole
France parle de l'historien du monde romain, histo-
rien que précède toujours l'humaniste! Et comme lui-
même se révèle à nous, en toute occasion !
Au temps où il écrivait ces pages de critique lit-
téraire, il n'était pas moins décidé qu'à présent ;
mais il avait déjà certaine façon polie et malicieuse
de glisser d'un air de rien, certaines vérités.
Parlant de Gaston Boissier :
Sans lui donner toujours raison, dit-il, je le trouve toujours
raisonnable, et la grande marque qu'il est un historien honnête
homme, c'est qu'on s'en veut presque à soi-mlme de n'être pas
toujours de son avis. Je ne puis m empêcher, pourtant, de trouver
qu'il est trop indulgent pour Constantin, bien qu'il le soit moins
que M. le duc de Broglie. Au contraire, il m'a semblé dur pour
Julien. C'est un sujet sur lequel je ne puis trop m'étendre.
J'y reviendrai, car il me tient au cœur.
La semaine suivante, il
y revient et cette étude
sur l'Empereur Julien con-
tient toute une série de
traits qui sont parmi ceux
qui caractérisent le mieux
le génie de l'auteur de l'Ile
des Pingouins.
Il y a tout d'abord le
portrait même de Julien.
Portrait qui n'a rien d'un
dessin appliqué, qui n'est
point d'une seule partie ;
qui ne livre pas au regard
son sujet d'un seul coup.
Anatole France aime con-
ter et le portrait de Julien
— 757;—
Un libre esprit de la lignée de3 indisciplinés et des incrédules.. Palen
« de ce paganisme admirable, qui exige que 1 on vive sa vie avant tout. »
« de ï~, Pa gam
RÉMY DE GOURMONT.
(Promenades littéraires.)
à Je me souviens d'une des premières visites que je fis
a Anatole France.
tr Il habitait une petite maison qu'il avait, à la longue,
transformée en musée où l'art décoratif du xve et du
"VIe siècle prédominait. Depuis, les architectes ont
substitué à cette retraite, à l'intérieur de laquelle la
lumière ne passait que difficilement à travers les vi-
aux, une maison moderne, mais simple, dont le
dedans est, cette fois, noyé par la lumière qui pénètre
e tous côtés.
d Je revois la chambre avec son lit à colonnes, ceinturé
dans le haut d'un bandeau du xvie siècle.
r Un tableau de Lagrenée représentant une jeune
emme au torse nu, portant un carquois qu'attachait
: ruban bleu ; ailleurs une vue de Venise par Longhi ;
et sur la cheminée, une petite tête sculptée, rapportée
r® Naples ou des environs, et ramassée, si j'ai bonne
Mémoire, dans les gravats d'une maison en ruines.
—De tous les pays qu'Anatole France a parcourus et
n je l'ai entendu parler, je crois que celui pour le-
quel son attachement le plus vif est l'Italie et qu'il ne
re aucune ville à Rome.
Mais peut-être n'existe-t-il pas homme au monde
?Ux Puisse regarder Rome du point de vue où la regarde
ét son gré Anatole France. Sa mémoire m'a toujours
2 lonné. Elle le sert aujourd'hui aussi fidèlement
4U u y a vingt années. Or, il a successivement passé
Par tous les points auxquels tant d'auteurs anciens et
modernes, qui ont parlé, de la « Ville Eternelle », se
sont successivement placés ! Et ce que chacun de ces
g^vains en a dit de plus original, Anatole France le
g
Je me souviens d'une époque où il faisait en Italie
les voyage presque chaque année. De près ou de loin,
Gia oullles que poursuivait, là-bas, le commandeur
Q? ^como Boni, son ami, le passionnaient.
w 11 jour, la nouvelle arriva qu'on venait de décou-
r, Près du Corso Umberto Ier, l'emplacement d'un
jutel de la Paix, l'Ara Pacis Augustes et j'entends
re Anatole France :
— Cet « autel de la Paix », ne peut pas nous appa-
raître comme ayant été seulement l'expression d'un
désir ou d'une idée d'Auguste; j'y vois le signe très
certain de l'amour des Romains pour la paix.
< Ils avaient sur la guerre des idées peu belliqueuses,
et c'était moins la volonté de commander à tant de
peuples qui leur mettait les armes à la main que le
désir de se procurer des terres. Ces citoyens étaient
des propriétaires-nés. Ils aimaient le sol. Et cela
depuis toujours. Est-ce que le premier étendard de
la ville ne fut pas une botte de paille ? Rappelez-vous
aussi en quelle vénération ils tenaient le laboureur
et combien souvent, dans leurs écrits, ils associaient
à l'épée le soc de la charrue I
« J'imagine aisément avec quel enthousiasme ils
durent, sous Auguste, accueillir la paix renaissante
et l'idée de la glorifier par l'édification d'un autel de
la paix ! »
C'est ce que dit Cinna, s'adressant à Auguste :
Sous vous l'Etat n'est plus en pillage aux armées ;
Les portes de Janus par vos mains sont fermées,
Ce que sous ses Consuls ou n'a vu qu'une fois
Et qu'a fait voir comme eux le second de nos rois.
Un grand nombre d'écrivains ont consacré leur
temps et leurs efforts à l'étude de l'histoire de Rome
et de l'empire romain ; il semble qu'Anatole France
ait, en se promenant, ramassé toute leur science
et davantage. Rien n'est plus étonnant que l'aisance
et la sûreté avec lesquelles il évoque les ouvrages
des commentateurs, et les textes originaux.
Dans cet ordre d'idées, il faut lire, dans un des
volumes de la Vie Littéraire, une étude sur Gaston
Boissier, que suit immédiatement une autre étude
sur l'empereur Julien. Avec quelle justesse Anatole
France parle de l'historien du monde romain, histo-
rien que précède toujours l'humaniste! Et comme lui-
même se révèle à nous, en toute occasion !
Au temps où il écrivait ces pages de critique lit-
téraire, il n'était pas moins décidé qu'à présent ;
mais il avait déjà certaine façon polie et malicieuse
de glisser d'un air de rien, certaines vérités.
Parlant de Gaston Boissier :
Sans lui donner toujours raison, dit-il, je le trouve toujours
raisonnable, et la grande marque qu'il est un historien honnête
homme, c'est qu'on s'en veut presque à soi-mlme de n'être pas
toujours de son avis. Je ne puis m empêcher, pourtant, de trouver
qu'il est trop indulgent pour Constantin, bien qu'il le soit moins
que M. le duc de Broglie. Au contraire, il m'a semblé dur pour
Julien. C'est un sujet sur lequel je ne puis trop m'étendre.
J'y reviendrai, car il me tient au cœur.
La semaine suivante, il
y revient et cette étude
sur l'Empereur Julien con-
tient toute une série de
traits qui sont parmi ceux
qui caractérisent le mieux
le génie de l'auteur de l'Ile
des Pingouins.
Il y a tout d'abord le
portrait même de Julien.
Portrait qui n'a rien d'un
dessin appliqué, qui n'est
point d'une seule partie ;
qui ne livre pas au regard
son sujet d'un seul coup.
Anatole France aime con-
ter et le portrait de Julien
— 757;—
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Auteurs similaires Quillet Aristide Quillet Aristide /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Quillet Aristide" or dc.contributor adj "Quillet Aristide")Jean Lorris Jean Lorris /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Jean Lorris" or dc.contributor adj "Jean Lorris") Paul Boncour Joseph Paul Boncour Joseph /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Paul Boncour Joseph" or dc.contributor adj "Paul Boncour Joseph")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 5/24
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k62811276/f5.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k62811276/f5.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k62811276/f5.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k62811276/f5.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k62811276
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k62811276
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k62811276/f5.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest