Titre : Floréal : l'hebdomadaire illustré du monde du travail / directeur Paul-Boncour ; éditeur-fondateur Aristide Quillet
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-08-28
Contributeur : Quillet, Aristide (1880-1955). Éditeur scientifique
Contributeur : Jean-Lorris (1879-1932). Éditeur scientifique
Contributeur : Paul-Boncour, Joseph (1873-1972). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32776014f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 août 1920 28 août 1920
Description : 1920/08/28 (N30,T2). 1920/08/28 (N30,T2).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6281124z
Source : CODHOS / OURS, 2012-81221
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/11/2012
1 LA RÉFORME
DE L'ÉDUCATION NATIONALE
Depuis qu'en 1918, l'Association des Compagnons
a fait paraître ses deux volumes sur l'Université Nou-
velle et la Réorganisation de l'Enseignement, dont
l'une des idées essentielles est la création de l'École
Unique, nombreux sont les groupements qui ont émis
des projets de réforme de l'éducation nationale. Dans
son numéro du 10 mars 1920, la Revue du Mois, a donné
a ses lecteurs la primeur des rapports présentés à
1 Assemblée générale de la Fédération des Anciens
Combattants de l'Enseignement public, rapports qui
contiennent tout un plan de réforme de l'enseignement
primaire et secondaire. Dans sa séance du 10 juin, la
Chambre des députés a écouté avec un intérêt pas-
sionné le discours de M. Herriot, rapporteur du budget
de l'Instruction publique, discours qui constitue un
vaste programme de réformes.
Nous voudrions simplement, en nous inspirant des
idées développées jusqu'ici dans les groupements
auxquels nous faisions allusion et dans le discours
de M. Herriot, fixer la position de la question pour les
lecteurs de Floréal, qui savent combien le Monde du
Travail s'intéresse à la réforme de l'Enseignement
national, puisque le Conseil économique du Travail
étudie, lui aussi, les diverses modalités d'une réorga-
nasation de l'Université.
Le premier principe posé est celui de l'École Unique.
M. Herriot, avec sa maîtrise habituelle, en universi-
taire avisé et en démocrate sincère, a montré que la
République a trois catégories d'enfance : « Nous avons
présentement trois jeunesses, ou tout au moins trois
enfances ; nous avons d'abord l'enfance éduquée sous
la protection de la loi dans les établissements pri-
maires privés ; nous avons ensuite l'enfance qui est
éduquée dans les écoles primaires publiques ; nous
avons, enfin, l'enfance que l'Etat élève dans les classes
primaires des lycées. Mais, s'il demeure des écoles
Primaires privées, comment, du point de vue répu-
blicain, démocratique, pouvons-nous justifier ce fait
que nous-mêmes, dans notre Enseignement d'Etat,
nous avons encore deux enfances ? Comment, au sein
même de l'Université française, continuons-nous à
séparer l'enfant du pauvre que nous envoyons à
l'école primaire publique du village ou du quartier, et
l'enfant du riche pour qui vous maintenez les classes
dites classes primaires de l'enseignement secondaire ? »
M. Herriot admet donc l'Ecole Unique, seule
capable de supprimer la distinction néfaste entre en-
fants riches et enfants pauvres, en futurs citoyens de
première zone et de deuxième zone, suivant qu'ils
auront suivi les cours de l'école primaire ou les cours
des lycées.
Comme l'a ditsi excellemment M. Ferdinand Buisson,
dans une conférence faite à la Ligue de l'Enseignement,
les droits de l'homme impliquent, tout d'abord, les
droits de l'enfant. Tous les enfants ont les mêmes
droits au développement intégral de leurs facultés
Physiques et intellectuelles. Donc, école primaire
unique, obligatoire et gratuite. M. Herriot admet en
outre, dans son projet de réformes, la prolongation de
« scolarité jusqu'à quatorze ans, alors que l'organi-
sation actuelle laisse l'enfant abandonné à lui-même
a treize ans au plus.
SI le principe de l'École Unique jusqu'à quatorze ans
'PQ]Patt admis par presque tous les auteurs de projets
de réforme de l'Enseignement, il n'en est pas de même
no ^?onoPole de l'Enseignement. Les Compagnons sont
partisans d'une coopération de l'Enseignement libre
-et de l'Enseignement de l'Etat, alors que la Fédération
des Anciens Combattants de l'Enseignement public
est d'avis d'établir le monopole de l'Enseignement, qui
est un service d'Etat. La Fédération estime que si
l'on accepte l'Ecole Unique sans créer le monopole, on
ne supprimera pas les privilèges de classe, les enfants
riches allant à l'école privée où ils recevront une édu-
cation de classe et non une éducation démocratique.
La Fédération souhaite que tous les enfants, jusqu'à
quatorze ans, subissent la même empreinte ineffaçable.
Le deuxième principe est qu'après l'école primaire
unique, vienne l'école secondaire accessible par sélec-
tion à ceux qui sont capables d'en tirer profit. M. Her-
riot admet la gratuité de l'enseignement secondaire,
seulement pour l'internat. Les Compagnons et la
Fédération des Anciens Combattants de l'Enseigne-
ment public veulent le lycée gratuit avec l'accession
du primaire au secondaire, et du secondaire au supé-
rieur, par des examens. Actuellement, seuls les fils de
bourgeois, à quelques rares exceptions près pour un
petit nombre de boursiers, peuvent entrer dans un
lycée. Avec le lycée gratuit et réservé à ceux qui
auront satisfait à un examen, l'entrée au lycée sera,
suivant l'expression de M. Ferdinand Buisson, un
titre de noblesse pour le petit bourgeois aussi bien que
pour l'enfant du peuple. M. Herriot est nettement de
cet avis : « Je suis nettement partisan, dit-il, de l'appli-
cation à l'Enseignement dans toute sa sévérité, de la
théorie de la sélection. Je déclare à mon tour que plus
un peuple est libre, plus il a voulu abolir les barrières
de naissance, plus il veut réduire les barrières de for-
tune, plus il doit fonder son instruction publique sur
une sélection rigoureuse et vigoureuse. Je ne veux
aucune concession à l'esprit de paresse et de moindre
effort. Je ne veux sacrifier, en aucun cas, un sujet
d'élite au sujet médiocre, sous la réserve que le béné-
fice de cette sélection sera assuré aux enfants du peu-
ple les plus modestes. C'est dans cette association de
deux idées : égalité des classes devant l'instruction
et sélection par le mérite, que je vois la formule d'ave-
nir de notre démocratie et de notre Enseignement. »
Tels sont les deux principes essentiels envisagés
pour une réforme de l'Enseignement: Ecole unique et
gratuite à tous les degrés de l'Enseignement, avec sé-
lection par voie d'examens pour l'accession à l'ensei-
gnement secondaire et à l'enseignement supérieur.
Comment seront répartis ces trois enseignements ?
Seule, la Fédération des Anciens Combattants de l'En-
seignement public a donné, à ce sujet, des projets
complets que nous allons résumer..
I. ENSEIGNEMENT PRIMAIRE.
Jusqu'à six ans. — Admission des enfants dans les
écoles maternelles (crèches, jardins d'enfants, dispen-
saires pour soins médicaux).
De six à douze ans. — Enseignement primaire élé-
mentaire sanctionné par le certificat d'études pri-
maires, conférant les droits politiques à l'homme et
à la femme. Sans ce certificat, aucun droit politique.
De douze à quatorze ans. — Recherche des aptitudes
dans la première année, avec accès à l'enseignement
secondaire, adaptation professionnelle dans la seconde
année.
Les enfants qui, âgés de quatorze ans, ne seront pas
jugés aptes à entrer dans l'enseignement secondaire,
deviennent des apprentis, obligés de suivre_un cours
pratique ou professionnel correspondant à leur métier.
Ces cours sont sanctionnés par un diplôme de perfec-
tionnement.
- 685 -
DE L'ÉDUCATION NATIONALE
Depuis qu'en 1918, l'Association des Compagnons
a fait paraître ses deux volumes sur l'Université Nou-
velle et la Réorganisation de l'Enseignement, dont
l'une des idées essentielles est la création de l'École
Unique, nombreux sont les groupements qui ont émis
des projets de réforme de l'éducation nationale. Dans
son numéro du 10 mars 1920, la Revue du Mois, a donné
a ses lecteurs la primeur des rapports présentés à
1 Assemblée générale de la Fédération des Anciens
Combattants de l'Enseignement public, rapports qui
contiennent tout un plan de réforme de l'enseignement
primaire et secondaire. Dans sa séance du 10 juin, la
Chambre des députés a écouté avec un intérêt pas-
sionné le discours de M. Herriot, rapporteur du budget
de l'Instruction publique, discours qui constitue un
vaste programme de réformes.
Nous voudrions simplement, en nous inspirant des
idées développées jusqu'ici dans les groupements
auxquels nous faisions allusion et dans le discours
de M. Herriot, fixer la position de la question pour les
lecteurs de Floréal, qui savent combien le Monde du
Travail s'intéresse à la réforme de l'Enseignement
national, puisque le Conseil économique du Travail
étudie, lui aussi, les diverses modalités d'une réorga-
nasation de l'Université.
Le premier principe posé est celui de l'École Unique.
M. Herriot, avec sa maîtrise habituelle, en universi-
taire avisé et en démocrate sincère, a montré que la
République a trois catégories d'enfance : « Nous avons
présentement trois jeunesses, ou tout au moins trois
enfances ; nous avons d'abord l'enfance éduquée sous
la protection de la loi dans les établissements pri-
maires privés ; nous avons ensuite l'enfance qui est
éduquée dans les écoles primaires publiques ; nous
avons, enfin, l'enfance que l'Etat élève dans les classes
primaires des lycées. Mais, s'il demeure des écoles
Primaires privées, comment, du point de vue répu-
blicain, démocratique, pouvons-nous justifier ce fait
que nous-mêmes, dans notre Enseignement d'Etat,
nous avons encore deux enfances ? Comment, au sein
même de l'Université française, continuons-nous à
séparer l'enfant du pauvre que nous envoyons à
l'école primaire publique du village ou du quartier, et
l'enfant du riche pour qui vous maintenez les classes
dites classes primaires de l'enseignement secondaire ? »
M. Herriot admet donc l'Ecole Unique, seule
capable de supprimer la distinction néfaste entre en-
fants riches et enfants pauvres, en futurs citoyens de
première zone et de deuxième zone, suivant qu'ils
auront suivi les cours de l'école primaire ou les cours
des lycées.
Comme l'a ditsi excellemment M. Ferdinand Buisson,
dans une conférence faite à la Ligue de l'Enseignement,
les droits de l'homme impliquent, tout d'abord, les
droits de l'enfant. Tous les enfants ont les mêmes
droits au développement intégral de leurs facultés
Physiques et intellectuelles. Donc, école primaire
unique, obligatoire et gratuite. M. Herriot admet en
outre, dans son projet de réformes, la prolongation de
« scolarité jusqu'à quatorze ans, alors que l'organi-
sation actuelle laisse l'enfant abandonné à lui-même
a treize ans au plus.
SI le principe de l'École Unique jusqu'à quatorze ans
'PQ]Patt admis par presque tous les auteurs de projets
de réforme de l'Enseignement, il n'en est pas de même
no ^?onoPole de l'Enseignement. Les Compagnons sont
partisans d'une coopération de l'Enseignement libre
-et de l'Enseignement de l'Etat, alors que la Fédération
des Anciens Combattants de l'Enseignement public
est d'avis d'établir le monopole de l'Enseignement, qui
est un service d'Etat. La Fédération estime que si
l'on accepte l'Ecole Unique sans créer le monopole, on
ne supprimera pas les privilèges de classe, les enfants
riches allant à l'école privée où ils recevront une édu-
cation de classe et non une éducation démocratique.
La Fédération souhaite que tous les enfants, jusqu'à
quatorze ans, subissent la même empreinte ineffaçable.
Le deuxième principe est qu'après l'école primaire
unique, vienne l'école secondaire accessible par sélec-
tion à ceux qui sont capables d'en tirer profit. M. Her-
riot admet la gratuité de l'enseignement secondaire,
seulement pour l'internat. Les Compagnons et la
Fédération des Anciens Combattants de l'Enseigne-
ment public veulent le lycée gratuit avec l'accession
du primaire au secondaire, et du secondaire au supé-
rieur, par des examens. Actuellement, seuls les fils de
bourgeois, à quelques rares exceptions près pour un
petit nombre de boursiers, peuvent entrer dans un
lycée. Avec le lycée gratuit et réservé à ceux qui
auront satisfait à un examen, l'entrée au lycée sera,
suivant l'expression de M. Ferdinand Buisson, un
titre de noblesse pour le petit bourgeois aussi bien que
pour l'enfant du peuple. M. Herriot est nettement de
cet avis : « Je suis nettement partisan, dit-il, de l'appli-
cation à l'Enseignement dans toute sa sévérité, de la
théorie de la sélection. Je déclare à mon tour que plus
un peuple est libre, plus il a voulu abolir les barrières
de naissance, plus il veut réduire les barrières de for-
tune, plus il doit fonder son instruction publique sur
une sélection rigoureuse et vigoureuse. Je ne veux
aucune concession à l'esprit de paresse et de moindre
effort. Je ne veux sacrifier, en aucun cas, un sujet
d'élite au sujet médiocre, sous la réserve que le béné-
fice de cette sélection sera assuré aux enfants du peu-
ple les plus modestes. C'est dans cette association de
deux idées : égalité des classes devant l'instruction
et sélection par le mérite, que je vois la formule d'ave-
nir de notre démocratie et de notre Enseignement. »
Tels sont les deux principes essentiels envisagés
pour une réforme de l'Enseignement: Ecole unique et
gratuite à tous les degrés de l'Enseignement, avec sé-
lection par voie d'examens pour l'accession à l'ensei-
gnement secondaire et à l'enseignement supérieur.
Comment seront répartis ces trois enseignements ?
Seule, la Fédération des Anciens Combattants de l'En-
seignement public a donné, à ce sujet, des projets
complets que nous allons résumer..
I. ENSEIGNEMENT PRIMAIRE.
Jusqu'à six ans. — Admission des enfants dans les
écoles maternelles (crèches, jardins d'enfants, dispen-
saires pour soins médicaux).
De six à douze ans. — Enseignement primaire élé-
mentaire sanctionné par le certificat d'études pri-
maires, conférant les droits politiques à l'homme et
à la femme. Sans ce certificat, aucun droit politique.
De douze à quatorze ans. — Recherche des aptitudes
dans la première année, avec accès à l'enseignement
secondaire, adaptation professionnelle dans la seconde
année.
Les enfants qui, âgés de quatorze ans, ne seront pas
jugés aptes à entrer dans l'enseignement secondaire,
deviennent des apprentis, obligés de suivre_un cours
pratique ou professionnel correspondant à leur métier.
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