Titre : Floréal : l'hebdomadaire illustré du monde du travail / directeur Paul-Boncour ; éditeur-fondateur Aristide Quillet
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-08-21
Contributeur : Quillet, Aristide (1880-1955). Éditeur scientifique
Contributeur : Jean-Lorris (1879-1932). Éditeur scientifique
Contributeur : Paul-Boncour, Joseph (1873-1972). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32776014f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5091 Nombre total de vues : 5091
Description : 21 août 1920 21 août 1920
Description : 1920/08/21 (N29,T2). 1920/08/21 (N29,T2).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6281123j
Source : CODHOS / OURS, 2012-81221
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
L'INSTALLATION DU BUREAU
INTERNATIONAL DU TRAVAIL, A GENÈVE
Le fait que Genève fut désignée par les fondateurs
de la Ligue des Nations pour être le siège de cette
Ligue ne fut pas pour peu de chose dans le résultat
aftirmatif du scrutin populaire du 12 mai en Suisse.
On avait très bien compris que si, se tenant obstiné-
ment à sa politique séculaire de neutralité absolue, la
Confédération Helvétique demeurait à l'écart des
pays affiliés à la Société des Nations, l'installation du
siège central de cette Société à Genève deviendrait
quelque peu paradoxale, d'autant plus que Bruxelles
s'était mise sur les rangs, et pouvait voir dans son
choix une sorte de compensation pour les maux souf-
ferts durant la guerre.
Or, il se produisit ce fait, assez inattendu, qu'après
que le vote populaire eut ratifié l'adhésion à la Ligue,
déjà annoncée par le Conseil fédéral suisse, la ques-
tion du siège central parut être remise sur le tapis.
En effet, la prochaine réunion générale de la Société
des Nations fut annoncée comme devant avoir lieu
à Bruxelles. Ce n'était qu'une très vague indication,
qui ne semblait pas, à première vue, devoir infirmer
la décision initiale prise à Paris. Elle suffit, cependant,
pour faire prendre ombrage à quelques milieux gene-
vois, et même les cercles fédéraux s'émurent, si bien
qu'une démarche fut résolue auprès du Comité direc-
teur. de la Ligue, pour le pressentir sur ses intentions.
Il faut reconnaître que si ces bruits concernant un
changement dans le siège futur de la Ligue n'eurent
Pas grande consistance, les démentis furent tout aussi
peu nets. Et cela suffit pour inquiéter le commerce
genevois. Je dis bien le commerce. En effet, les gens
qui, dans un but idéaliste, s'intéressent à la Ligue
sont une infime minorité auprès de ceux qui espèrent
tirer un bénéfice économique de la présence de ses
bureaux dans la cité de Calvin.
Ce fut donc avec un véritable soulagement que,
dans ces milieux commerciaux et industriels surtout,
on apprit, ces jours derniers, que, dans une séance,
tenue à Gênes, du Conseil d'administration du Bureau
international du Travail, on avait résolu d'installer
immédiatement les services de ce bureau à Genève.
Le délégué belge déclara n'avoir aucune opposition
a formuler à ce sujet.
Par le fait de cette installation, la question n'est
pas entièrement résolue. Mais le Bureau international
du Travail étant un des rouages de la Ligue des
Nations, il semble tout au moins probable qu'on
tienne à ce que les deux administrations aient leur
siège dans un même centre. C'est ainsi, du moins,
qu'on interprète à Genève la résolution prise à
Gênes.
C'est dans le vaste bâtiment de l'ancienne Insti-
tution Thudichum : la Châtelaine, sur la route de
Varembé à Prégny, à un quart d'heure de Genève,
que vont s'installer ces services, placés sous la direc-
tion de M. Albert Thomas.
La Châtelaine servait d'abri, jusqu'à ces derniers
j. ours, à un Internat de jeunes gens. M. Charles
Ihudichum était venu d'Allemagne en Suisse,
vers 1852. Il eut l'idée d'y créer une Institution dans
le genre de celle qu'y dirigea autrefois Rodolphe
lopffer, le joyeux auteur des Nouvelles Genevoises
et des Voyages en Zig-Zag.
1 M. Thudichum s'installa d'abord à Châtelaine, sur
la route de Meyrin. Bientôt, le nombre des élèves
augmentant, il ne disposa plus d'assez de place, et il
fit l'acquisition d'un grand terrain, dans la commune
de Prégny. Il y fit construire une sorte de vaste
caserne, comptant 160 chambres.
Le site est ravissant. On y jouit d'une vue superbe,
d'un côté, sur le Salève, les vallées de Bonneville et
de Samoëns, et le massif du Mont-Blanc, de l'autre
sur la ligne calme du Jura. Tout autour, foisonnent
les souvenirs historiques. C'est d'abord, sur la route
de Genève à Lausanne, l'ancienne hôtellerie d'An-
gleterre, où logèrent, au commencement duxixe siècle,
Byron, Chateaubriand, Mme de Staël, et aussi des
têtes couronnées : l'impératrice Joséphine, la reine
Hortense, etc.
Plus loin, à côté du chemin de l'Impératrice, c'est
la belle campagne où Joséphine demeura quelque
temps. D'un côté, c'est la magnifique villa Rothschild,
avec un parc, créé comme par un coup de baguette
magique, il y a vingt-cinq ans environ, au milieu des
vignes où le phylloxera commençait à exercer ses
ravages. De l'autre, c'est la superbe propriété de
Varembé, avec le musée de l'Ariana, où M. Gustave
Revilliot groupa des collections variées de faïences
et d'œuvres d'art de toute nature, et qu'à sa mort,
il légua à la ville de Genève.
Tout près de la Châtelaine, une propriété plus
modeste porte le nom d'Ile Calvin. Une tradition,
qui ne paraît pas en accord absolu avec la vérité
historique, veut que le grand réformateur passât là
ses rares vacances.
Plus en arrière, en descendant vers Ferney, c'est le
château de Tournay, que Voltaire habita, avant de
s'installer dans la petite ville du département de
l'Ain dont il fit, pendant de longues années, un des
centres intellectuels de l'Europe, aux approches de la
Révolution française.
Le pensionnat Thudichum, grâce à une large pu-
blicité, connut une renommée universelle. Il s'ali-
mentait surtout dans les milieux sud-américains. Les
jeunes gens y étaient fort bien logés. Ils s'y livraient
à toutes sortes de divertissements sportifs. Et si le
reste des études manquait quelque peu de profondeur,
il y apprenaient au moins le français, tout en dé-
pensant allègrement l'argent de leurs parents.
Cependant, la construction du grand bâtiment avait
exigé force capitaux, et on assure que M. Thudichum
père et fils ne s'enrichirent guère, bien que le prix de
la pension y fût fort élevé.
La guerre fut un coup fatal pour toutes les Insti-
tutions similaires qui foisonnaient en Suisse. Tout
d'abord, les jeunes gens appartenant aux pays belli-
gérants quittèrent le pays. Puis, en présence des
difficultés du ravitaillement, et dans l'impossibilité
presque absolue de recevoir leurs subsides venus des
pays lointains, ce fut le tour des Américains du Sud.
A un moment donné, la Châtelaine, — dont le nom
rappelait le pensionnat primitif de la route de Meyrino,
ferma ses portes. Elle les avait modestement rouvertes
depuis peu, lorsque M. Albert Thomas vint à Genève,
chercher un abri pour les services du Bureau inter-
national du Travail. La situation de la Châtelaine
devait lui sourire d'emblée. Actuellement, on procède
à quelques modifications intérieures, et d'ici un mois,
, l'installation se fera, à la grande satisfaction de ceux
qui, de la future installation à Genève de la Ligue
des Nations, attendent une source de prospérité
nouvelle.
(Voir illustration au Bloc-Noles.)
P. DE SPENGLER.
— 66f) —
INTERNATIONAL DU TRAVAIL, A GENÈVE
Le fait que Genève fut désignée par les fondateurs
de la Ligue des Nations pour être le siège de cette
Ligue ne fut pas pour peu de chose dans le résultat
aftirmatif du scrutin populaire du 12 mai en Suisse.
On avait très bien compris que si, se tenant obstiné-
ment à sa politique séculaire de neutralité absolue, la
Confédération Helvétique demeurait à l'écart des
pays affiliés à la Société des Nations, l'installation du
siège central de cette Société à Genève deviendrait
quelque peu paradoxale, d'autant plus que Bruxelles
s'était mise sur les rangs, et pouvait voir dans son
choix une sorte de compensation pour les maux souf-
ferts durant la guerre.
Or, il se produisit ce fait, assez inattendu, qu'après
que le vote populaire eut ratifié l'adhésion à la Ligue,
déjà annoncée par le Conseil fédéral suisse, la ques-
tion du siège central parut être remise sur le tapis.
En effet, la prochaine réunion générale de la Société
des Nations fut annoncée comme devant avoir lieu
à Bruxelles. Ce n'était qu'une très vague indication,
qui ne semblait pas, à première vue, devoir infirmer
la décision initiale prise à Paris. Elle suffit, cependant,
pour faire prendre ombrage à quelques milieux gene-
vois, et même les cercles fédéraux s'émurent, si bien
qu'une démarche fut résolue auprès du Comité direc-
teur. de la Ligue, pour le pressentir sur ses intentions.
Il faut reconnaître que si ces bruits concernant un
changement dans le siège futur de la Ligue n'eurent
Pas grande consistance, les démentis furent tout aussi
peu nets. Et cela suffit pour inquiéter le commerce
genevois. Je dis bien le commerce. En effet, les gens
qui, dans un but idéaliste, s'intéressent à la Ligue
sont une infime minorité auprès de ceux qui espèrent
tirer un bénéfice économique de la présence de ses
bureaux dans la cité de Calvin.
Ce fut donc avec un véritable soulagement que,
dans ces milieux commerciaux et industriels surtout,
on apprit, ces jours derniers, que, dans une séance,
tenue à Gênes, du Conseil d'administration du Bureau
international du Travail, on avait résolu d'installer
immédiatement les services de ce bureau à Genève.
Le délégué belge déclara n'avoir aucune opposition
a formuler à ce sujet.
Par le fait de cette installation, la question n'est
pas entièrement résolue. Mais le Bureau international
du Travail étant un des rouages de la Ligue des
Nations, il semble tout au moins probable qu'on
tienne à ce que les deux administrations aient leur
siège dans un même centre. C'est ainsi, du moins,
qu'on interprète à Genève la résolution prise à
Gênes.
C'est dans le vaste bâtiment de l'ancienne Insti-
tution Thudichum : la Châtelaine, sur la route de
Varembé à Prégny, à un quart d'heure de Genève,
que vont s'installer ces services, placés sous la direc-
tion de M. Albert Thomas.
La Châtelaine servait d'abri, jusqu'à ces derniers
j. ours, à un Internat de jeunes gens. M. Charles
Ihudichum était venu d'Allemagne en Suisse,
vers 1852. Il eut l'idée d'y créer une Institution dans
le genre de celle qu'y dirigea autrefois Rodolphe
lopffer, le joyeux auteur des Nouvelles Genevoises
et des Voyages en Zig-Zag.
1 M. Thudichum s'installa d'abord à Châtelaine, sur
la route de Meyrin. Bientôt, le nombre des élèves
augmentant, il ne disposa plus d'assez de place, et il
fit l'acquisition d'un grand terrain, dans la commune
de Prégny. Il y fit construire une sorte de vaste
caserne, comptant 160 chambres.
Le site est ravissant. On y jouit d'une vue superbe,
d'un côté, sur le Salève, les vallées de Bonneville et
de Samoëns, et le massif du Mont-Blanc, de l'autre
sur la ligne calme du Jura. Tout autour, foisonnent
les souvenirs historiques. C'est d'abord, sur la route
de Genève à Lausanne, l'ancienne hôtellerie d'An-
gleterre, où logèrent, au commencement duxixe siècle,
Byron, Chateaubriand, Mme de Staël, et aussi des
têtes couronnées : l'impératrice Joséphine, la reine
Hortense, etc.
Plus loin, à côté du chemin de l'Impératrice, c'est
la belle campagne où Joséphine demeura quelque
temps. D'un côté, c'est la magnifique villa Rothschild,
avec un parc, créé comme par un coup de baguette
magique, il y a vingt-cinq ans environ, au milieu des
vignes où le phylloxera commençait à exercer ses
ravages. De l'autre, c'est la superbe propriété de
Varembé, avec le musée de l'Ariana, où M. Gustave
Revilliot groupa des collections variées de faïences
et d'œuvres d'art de toute nature, et qu'à sa mort,
il légua à la ville de Genève.
Tout près de la Châtelaine, une propriété plus
modeste porte le nom d'Ile Calvin. Une tradition,
qui ne paraît pas en accord absolu avec la vérité
historique, veut que le grand réformateur passât là
ses rares vacances.
Plus en arrière, en descendant vers Ferney, c'est le
château de Tournay, que Voltaire habita, avant de
s'installer dans la petite ville du département de
l'Ain dont il fit, pendant de longues années, un des
centres intellectuels de l'Europe, aux approches de la
Révolution française.
Le pensionnat Thudichum, grâce à une large pu-
blicité, connut une renommée universelle. Il s'ali-
mentait surtout dans les milieux sud-américains. Les
jeunes gens y étaient fort bien logés. Ils s'y livraient
à toutes sortes de divertissements sportifs. Et si le
reste des études manquait quelque peu de profondeur,
il y apprenaient au moins le français, tout en dé-
pensant allègrement l'argent de leurs parents.
Cependant, la construction du grand bâtiment avait
exigé force capitaux, et on assure que M. Thudichum
père et fils ne s'enrichirent guère, bien que le prix de
la pension y fût fort élevé.
La guerre fut un coup fatal pour toutes les Insti-
tutions similaires qui foisonnaient en Suisse. Tout
d'abord, les jeunes gens appartenant aux pays belli-
gérants quittèrent le pays. Puis, en présence des
difficultés du ravitaillement, et dans l'impossibilité
presque absolue de recevoir leurs subsides venus des
pays lointains, ce fut le tour des Américains du Sud.
A un moment donné, la Châtelaine, — dont le nom
rappelait le pensionnat primitif de la route de Meyrino,
ferma ses portes. Elle les avait modestement rouvertes
depuis peu, lorsque M. Albert Thomas vint à Genève,
chercher un abri pour les services du Bureau inter-
national du Travail. La situation de la Châtelaine
devait lui sourire d'emblée. Actuellement, on procède
à quelques modifications intérieures, et d'ici un mois,
, l'installation se fera, à la grande satisfaction de ceux
qui, de la future installation à Genève de la Ligue
des Nations, attendent une source de prospérité
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